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lieux communs (et autres fadaises)

1 octobre 2010

oukha

AMORE
de Luca Guadagnino

Je ne savais pas trop, en y  allant... Le peu que j'en avais lu me donnait (un peu) envie mais... Comme le film passait pile poil à la bonne heure, on y est allé. Et j'étais drôlement (ce n'est peut-être pas le mot juste) content de l'avoir vu, en sortant de la salle, deux heures plus tard.
Soit une famille italienne (très) friquée, réunie autour du patriarche, le jour de son anniversaire. (Après un très beau générique enneigé, noir et blanc ou presque, on n'est pas sûr mais c'est très agréable, avec les aussi joliettes circonvolutions musicales de John Adams (que j'ai d'ailleurs pris pour Phil Glass). Le vieux barbu passe la main et confie la direction de ses affaires à son fils et un de ses petits-fils. Repas de (grande) famille en grandes pompes, argenterie, petits plats dans les grands voire très grands, loufiats, robes de soirée, nappe amidonnée, rien n'y manque...
Ding dong. Arrive à la porte un beau ténébreux porteur d'un gâteau pour le fils en question, qu'il vient de battre à la course (on ne parle que de ça, à table.) Il s'appelle Antonio, il est cuisinier, il est brun et barbu, ritalissimo, et va mettre un sacré bazar dans les histoires de la famille...
Et notamment celles d'Emma, femme et  mère des deux hommes qui  viennent d'être choisis par le patriarche pour sa succession, et accessoirement d'une fille, dont elle ne va d'ailleurs pas tarder à apprendre qu'elle aime une autre femme, et non le bellâtre que son père souhaiterait la voir épouser...
Non, ne racontons pas tout, laissons au spectatore (on dit comme ça en italien ?) le plaisir de la découverte des "trois actes" successifs de cette histoire somme toute banale (Emma maîtresse de maison / Emma maîtresse d'Antonio / Emma -plus du tout-  maîtresse de la situation) mais filmée avec ampleur, panache et démesure.
Pour rester dans le champ lexical, nous parlerons de maestria.
Le film est très brillant, épicurien, sensuel, sensoriel, et la façon de filmer du réalisateur à l'avenant. Qu'il s'agisse de déguster un plat d'écrevisses ou de faire l'amour dans la campagne estivale, par les images, la musique, le montage, la construction des plans, tout concourt à en mettre plein la vue du spectateur. Une virtuosité indéniable du filmage, qui pourrait presque faire courir le risque de parfois virer un poil à l'excessif. (Certains diront qu'ici tout est trop.) Et de sombrer dans le ridicule ? Disons qu'on serait toujours sur le fil. Et que la musique de John Adams (que j'ai, personnellement, plutôt beaucoup aimé) n'aide pas vraiment le film à rester raisonnable.
Il s'agit donc d'excès, mais comme dit le proverbe, ça n'est pas forcément nuisible ni déplaisant. Au contraire. Le ton et le traitement m'ont fait penser au film de Bellochio sorti l'an dernier (et dont j'ai malheureusement oublié le titre.) Ou, peut-être, forcément que les histoires des malheurs des riches ont besoin d'être encore magnifiées par cette emphase, cette démesure. En tout cas, moi, je me suis laissé avoir, et ce d'un bout à l'autre (les deux heures du film passent comme un TGV, à toute allure et avec grand fracas, et comme on est tout au bord du quai, ça décoiffe.) Puisqu'on est dans les analogies, la situation de départ présente aussi quelques amusantes similitudes avec Le premier qui l'a dit, de Ferzan Oztepek  (la grande famille, le textile au lieu de la pasta, la passation de pouvoir, le fils chéri...) avec peut-être, justement -je prêche pour ma paroisse- une ébauche de piste de sous-texte gay, non ? (quand vous aurez vu le film, on en reparle...)
Bon, évidemment, je ne peux pas ne pas parler de Tilda Swinton, et joindre ma modeste voix au concert de louanges. Oui oui je le confirme, elle est vraiment excellente; étrange et excellente, comme d'hab'  (mais bon euh c'est vrai je l'avoue -rose aux joues- euh j'avais le regard pas mal fixé sur le jeune cuistot barbu, et ne pouvais que me féliciter des choix d'Emma (le personnage joué par Tilda), tout en l'incitant à y aller franco (ça met quand même du temps à se décanter, toute cette histoire!) pour conclure...)
La fin est survoltée, mais vaut elle aussi le déplacement (dans chacune des parties le ton et la manière de filmer auront varié) En même temps prévisible et pourtant fascinante (même la musique passe à la vitesse supérieure). Le réalisateur paraphe avec brio cette histoire que d'aucuns trouveront simple, et le dernier regard échangé entre mère et fille justifierait à lui seul le torrent d'émotions qui ne manquera pas alors de submerger le spectateur.
Et tout ça pour une soupe de poisson. Au bouillon transparent certes, mais tout de même...

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28 septembre 2010

elle est bien bonne

Rachida Dati dit "fellation" à la place d"inflation", dimanche, sur Canal, et personne n'en parle ?
Bizarre bizarre...

En rangeant mon ordi, j'ai retrouvé ma première bannière pour ce blog. Je la remets illico, parce que c'est "vraiment moi"...

Le mardi soir, c'est bien, mais pas tout à fait autant que le vendredi soir...

25 septembre 2010

dis-le moi au creux de l'oreille

MIEL
de Semih Kapanoglu

(tiens tiens, encore question de miel... cf post précédent)

Du même monsieur qui avait fait Yumurta (Oeuf), que j'avais beaucoup aimé, et qui fait partie de la même trilogie, (dont le dernier-quoique central- volet s'intitule MILK (pourquoi avoir traduit l'un et pas l'autre ? Mystère...). Trilogie à l'envers, car celui qui était un adulte dans Yumurta est ici un enfant dans Miel (et sera un ado dans Milk...)
En parlant des titres, justement, c'est pas souvent qu'un réalisateur peut se vanter d'avoir réussi à mettre ses trois films sur la table dans un même plan, et c'est pourtant bien le cas ici!
Un film sur l'enfance, autour d'un enfant, mais pas forcément  destiné à un jeune public. Qui risquerait de s'y ennuyer un poil et de s'y perdre un chouïa. (Comme dans Yumurta, on navigue souvent à vue entre rêve et réalité, et ce n'est pas forcément évident de rendre à chacun ce qui lui revient.) C'est très beau mais c'est très lent (Dominique m'a dit en ricanant, à la sortie, "ça n'est pas aussi lent qu'Oncle Boonmee..." mais je n'étais pas tout à fait d'accord, j'y reviendrai peut-être...) Comme Yumurta, le film commence par un rêve, qui, comme dans Yumurta concerne la mort d'un parent (ici la visualisant, là la métaphorisant) on sait donc à quoi s'attendre.

Le jeune Yusuf, qui ne peut s'empêcher de bégayer quand on lui demande de lire à l'école (alors qu'il le fait sans problème chez lui) entretient un lien très fort avec son papa Yakup (un joli papa turc, barbu, et qui est plus est avec un bonnet -allez savoir pourquoi mais j'ai toujours craqué sur les mecs avec un  bonnet...-) sympathique papa, et qui plus est apiculteur. (mais dont on sait presque tout de suite qu'il va mourir.) Un lien qu'on pourrait qualifier de complice.
Ils ont ensemble une relation chuchotée (ceci évitant à Yusuf de bégayer), et rien que ça c'est superbe à regarder. Comme le papa est apiculteur (et que visiblement, en Turquie, les ruches sont dans les arbres) on est très souvent dans la forêt (et ça aussi c'est superbe à regarder) où tous les deux y vont gaiement gambadant. Les arbres sont superbes, et superbement filmés (Apitchouneeeet...) On les voit aussi bien qu'on les entend bouger, on devient aussi attentif et émerveillé que Yusuf en train d'admirer son papa...

Le film est, le plus souvent, à hauteur d'enfant, avec les objets autour desquels se cristallisent les petits événements qui constituent une journée (le verre de lait du petit-déj', le livre de lecture, le grelot, le bateau en bois, l'enfumoir...) avec les sentiments et les sensations qu'y s'y rapportent. Car chaque enfant est véritablement une éponge à sensations, qu'on absorbe et qu'on restitue continuellement, comme on respire. Et le spectateur est d'autant plus attentif que le jeune acteur qui interprète Yusuf est vraiment extraordinaire. L'équivalent au masculin de ce qu'avait pu être Ana Torrent dans Cria cuervos (ce qui n'est pas de ma part un mince compliment, ceux qui me connaissent pourront témoigner!) Il est perpétuellement juste, touchant, frémissant, limpide, obscur, attachant, simple, évident, attendrissant, etc. On vit, d'autant plus fort, le film à travers lui.

La disparition du père n'est pas une mince affaire, (qui n'est pourtant pas ici, paradoxalement, un ressort dramatique, puisque dès les premières minutes, comme je l'ai déjà dit, on le sait.)  Elle sera pourtant, d'abord dans l'attente, dans l'espoir , plus tard sur le versant opposé, le déclenchement de "quelque chose" le passage de relais vers une autre étape de la vie du gamin. Et si  le réalisateur abandonne ainsi Yusuf en pleine nuit au milieu de la forêt (ne serait-ce pas une scène quasi équivalente qui a lieu presque à la fin de Yumurta ?) rien n'est définitivement perdu, et surtout pas l'espoir.

Et ce n'est que rétrospectivement qu'on réalise que Semih Kapanoglu nous a raconté tout ça de la façon la plus nue qui soit au cinéma (c'est à dire sans aucune musique) et l'on n'en est alors que plus admiratif. Peu de personnages (on a surtout le triangle familial que viennent "équilibrer" les scènes d'école, avec juste, vers la fin, une étonnante scène de foule. Beaucoup de gens, musique, grands espace et brume tout en haut...) Et le contrepoint perpétuel de la nature, de la forêt.
Un très beau film (qui viendrait aussi prendre sa place dans la famille des "films doux", non ?)

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25 septembre 2010

tamarin et miel

Uncle_Boonmee

ONCLE BOONMEE
d'Apichatpong Weerasethakul

Je n'ai pas pu m'en empêcher, et je suis retourné le voir, à l'avant-première de mardi soir. Je voulais ne pas en perdre une miette. A la sortie de la projection de presse, j'avais entendu un critique dire "c'est encore mieux la deuxième fois...". Je confirme. De savoir à l'avance là ou Apitchounet va nous entraîner, d'essayer de deviner les "coutures", de savourer l'ambiance sonore amniotiquement apaisante, de tenter de sérier les choses (là c'est en vrai, là c'est un souvenir, là c'est une vie antérieure, là c'est une légende, là c'est je ne sais pas...) pas d'essayer de comprendre à toute force ni d'intellectualiser, non, juste se laisser porter,  prendre place, accepter le jeu...
Dériver
(Il y avait, à côté de moi, une dame, qui, visiblement ne partageait pas mon enthousiasme et dont l'agitation croissante m'a presque un peu gâché mon plaisir (à la fin, elle était occupée à ôter, en les grattouillant, les bouloches de son pull, qu'elle jetait ensuite négligemment devant elle. j'ai failli lui dire "Mais sortez donc!" lorsqu'elle s'est enfin décidée à le faire, cette cruchasse ( juste deux minutes avant la fin du film.)

Je n'en perdais donc, effectivement, néanmoins pas une miette, les conditions de projection étaient top (le Plazza Victor Hugo à Besançon, pour ne pas le nommer) et je savourais les moments successifs (le buffle, les fantômes, les tamariniers, la dialyse, la grotte, le moine, le karaoké), en réalisant que ces personnages de grands singes noirs aux yeux rouges, qui avaient pu, à la première vision, me sembler presque un poil too much, étaient devenus un des éléments les plus importants pour moi dans cette histoire, (et sans doute l'unique "point commun" à plusieurs parties).
C'est vrai que le film est lent, et que certaines séquences, filmées par d'autres, eussent sans doute perdu leur charisme. Justement, on est là, on prend son temps on se laisse aller...

"Paisible" le mot est dit, et fut répété par plusieurs spectateurs et critiques, d'ailleurs.
Je pus donc vérifier que, contrairement à ce que je pensais, je n'avais -pratiquement- rien perdu du tout, (car c'est un film qui porte à la rêverie, et auquel il est quasiment impossible d'être attentif complètement, tout le temps...) et que, contrairement aussi à ce que je croyais, il n'y avait aucune "couture" entre la plupart des scènes qui sont juste, comme on dit (j'espère que je ne me plante pas) "montées cut".
Et que, si l'élément de surprise ne jouait plus (même si j'ai raté l'apparition du fantôme de l'épouse), la fascination , elle, jouait toujours à plein. J'avais le coeur qui battait, j'étais souvent béat, avec un léger sourire un peu bête me retroussant les commissures.J'étais bien. J'aime la jungle chez Apitchounet.
Comme si j'étais, (oui je sais, c'est stupide) amoureux de ce film, en quelque sorte, et sans parvenir du tout à l'expliciter ou le rationaliser. Les raisons de, je veux dire.

J'ai fini par y revenir, une troisième fois (hier), car il était programmé -par nos soins- dans le bôô cinéma. Et, oui, comme un fiancé, j'étais impatient que les lumières s'éteignent, que l'horrible musique de la salle s'arrête, que le buffle fasse son apparition... Et, dès que ça s'est produit, j'étais à nouveau dans le même état : bien. Même si les conditions de projection m'ont semblé, cette fois, être les moins bonnes des trois fois. Pas à la hauteur. Pourtant l'écran est gigantesque, mais, peut-être à cause de, le film m'est apparu, (certaines séquences tout du moins), pas net, voire quasiment flou (les scènes d'intérieur surtout, ce qui est tout de même un peu dommage). Et je pense que la barre noire en dessous de l'écran n'était pas indispensable (d'ailleurs était-il normal que les têtes tout en haut soient plusieurs fois carrément coupées ?), et même la bande-son m'a semblé beaucoup moins enveloppante (j'avais pourtant pris soin de nous installer (j'étais avec Emma) au centre de la salle... Pour profiter au maximum.
Pourtant je ne me suis même pas levé pour aller ronchonner, tant pis me suis-je dit en me faisant une raison (et surtout, je  crois que je n'avais pas envie de me heurter aux sarcasmes du projectionniste, aussi irascible que caractériel, qui m'auraient sans doute gâché mon plaisir doux et sorti manu militari de cet état bienheureux...)
Et bien, figurez-vous que, même à la troisième vison, c'est kif-kif. Autant de plaisir, et même redécouvrir de nouveaux bonheurs supplémentaires (ou qu'on avait oubliés) : L'eau à la fin de la scène de la princesse, les gens sous les moustiquaires, les quelques mots de français sous les tamariniers, la lune dans le feuillage) ajoutés à ceux que je connaissais déjà et que j'attendais donc : la scène d'ouverture, l'arrivée des fantômes (j'ai été très attentif à l'apparition de l'épouse, même si je n'arrive plus à me souvenir exactement quand /comment disparaît le fils.

Et mes copains aux yeux rouges, dont j'apprécie la pose et peut-être, surtout le silence. Singes attentifs, empathiques quasiment.

Oh que tout ça est bienfaisant.

Jusqu'à la scène de l'enterrement (c''est joli toutes ces guirlandes) le film suit une trajectoire plutôt rectiligne, relativement (je devrais mettre des ") facile à suivre (hormis les zigzags narratifs penseront certains du buffle et de la princesse) jusqu'à cette intrigante scène finale (les personnages dans la chambre, regardant la télévision) et son étrange, aussi soudaine qu'inexplicable, duplication. Comme si, semblait nous dire le réalisateur, oui oui on peut tout à fait être ici et là en même temps, ou, mieux encore, en train de faire quelque chose et de se regarder en train de le faire.
Et une chansonnette guillerette  pour terminer (une de celles du dentiste-chanteur de Syndromes and a century, celui justement qui était amoureux du moinillon ?)
Pour arriver tout à la fin du générique et y découvrir, comme a dit Nicolas, "que, même là, il y a des fantômes..."
C'est peut-être ça finalement qui me plait tant dans ce film, cette façon complètement dédramatisée d'évoquer, justement, les fantômes. (comme à la fin de Madame Muir, non ?)
Peace and love, quoi (et éternité, surement aussi...)
Accepter la mort avec sérénité, même si on a des regrets. Et que la vie continue pour les autres...

(et, dans le noir, une créature silencieuse aux yeux rouges qui vous contemple...)

23 septembre 2010

trop de crocodiles

HAPPY FEW
de Antony Cordier

(Message personnel pour Zabetta : dsl, mais j'ai beaucoup aimé!)
Antony Cordier, je l'avais déjà aimé au temps de
Douches froides, et là, je l'aime toujours, en dépit (ou peut-être justement à cause) de la volée de bois vert critique qu'il a -assez injustement trouve-je- reçue pour ce film.
Quatre adultes (deux couples), qui soudain se
partagent. Quatre acteurs superbes et habités (Elodie Bouchez, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Rochdy Zem) visiblement très investis dans le projet.
Beaucoup d'affect(s) qui circule(nt).
Love streams disait Cassavettes (que le film n'évoque absolument pas). Histoire de peau, de désir, d'attente, de plaisir, avec un léger voile d'inquiétude, quand on pense soudain à l'autre, qui au même moment est aussi avec l'autre, dans un jeu de miroir et de symétrie. Comme des ados, on se touche, on rigole, on part en vacances, on se chicane on s'embrouille. Si tant est que le sérieux, le conformisme et la normalité soient l'apanage des adultes. Une histoire irréaliste ont dit certains.Peut-être.  M'en fous. A l'époque (il y a très longtemps, la plupart d'entre vous n'étaient quasiment pas né(e)s, Pourquoi pas! de Coline Serreau m'avait fait un peu le même effet. Un genre de nouvelle proposition amoureuse.  En tant que vieux célibataire j'ai vécu ça comme quelque chose de très exotique et d'infiniment touchant. (Plutôt que troublant.) Et la question "Peut-on aimer deux personnes à la fois ?"  m'a rappelé des choses.
Même si le film n'est pas exempt de défauts, en raison même de ses partis-pris (Pourquoi trois voix-off sur quatre ? Pourquoi ces gens ne bossent-ils jamais ou presque ?
Pourquoi , soudain, les filles et pas les garçons ? Pourquoi ça se finit comme ça ? pourquoi c'est cul et pourtant on ne voit rien ? ) il est pourtant terriblement séduisant, par la force sans doute de ses quatre -quasi uniques- protagonistes. Particulièrement les filles (Marina Foïs et Elodie Bouchez sont, décidément, plus que parfaites.)
Chipotons... Pour que le film fonctionne encore mieux, il eut fallu que chacun des deux couples fût, au départ, davantage caractérisé (ça démarre très très v
ite...) Telle que, la situation  oblige parfois (oui oui, je suis vieux et j'ai le cerveau ramolli...) à se demander "et ces deux-là ils étaient ensemble au début ?", tant un couple filmé avec enfants dans une voiture semble, par définition, naturel.
Mais j'aime beaucoup, justement, le naturel et la simplicité de la mise en place des choses, où il ne serait au départ question que de faire l'amour, que la règle soit qu'il n'y ait justement pas de règle, et que c'est lorsqu'on commence à penser et à se poser des questions que ça va commencer à se gâter...
Quand à la pirouette finale, c'est rien de dire qu'elle m'a déçu... mais bon, c'est la vie, au cinéma aussi (surtout!)
Question subsidiaire : Qu'est-ce qui est écrit sur Nicolas Duvauchelle ?
(dont, oui oui tu avais raison Zabetta on n'aperçoit hélas guère plus qu'une demi zigounette...)


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22 septembre 2010

higas

On va encore dire que j'ai l'esprit mal tourné, mais quand je vois ces deux superbes figues, rondes, lourdes, veloutées, dont le forme et l'arrondi conviennent parfaitement au creux de la main, dont la provenance est qui plus est spécifiée "de Turquie", posées chacune sur son petit papier imprimé "Mustafa", j'ai, comme qui dirait les pensées qui dérivent, et une douceur langueur m'envahit...

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(Smiley avec les joues roses...)

20 septembre 2010

je n'ai d'yeux que pour toi

DES HOMMES ET DES DIEUX
de Xavier Beauvois

Il est vraiment très fort, Xavier Beauvois... J'allais voir son film  dans un état d'esprit un peu méfiant : louages unanimes, bondieuseries, etc. Ma copine Dominique m'avait dit "tu verras, il y a une très belle scène..." Je l'ai donc cherchée. Puis trouvée, assez rapidement. Et c'est alors que, la suivante... "Non, ça doit être celle-là" me suis-je dit... puis la suivante : "non, non, plutôt celle-là..." Et ainsi de suite. Jusqu'au bout.
J'avançais dans le film de Xavier Beauvois  comme dans un escalier du beau, du touchant, ou plutôt comme  on traverserait une suite de pièces (il n'y a pas, de  notion d'augmentation, pas de hiérarchie -un peu comme chez les moines, chacun a une (sa) place à tenir-, on reste ici sur un niveau constant). C'est vraiment très fort. En dépeignant le quotidien de ce groupe d'hommes, entre le mystique et le prosaïque, la foi et le labeur, le religieux et le politique, le dehors et le dedans, Xavier Beauvois met en place une chronique infiniment juste, simple et touchante. Oui, ce ne sont que des hommes, avant tout, avec leurs doutes,  leurs faiblesses. Et c'est bien cette condition humaine qui fait toute la force du film. quand elle est comme prise en étau entre, d'un côté, l'ascèse et la spiritualité, et de l'autre, et les contingences terrestres (la colonisation, la violence, la guerre...).
UN film hybride, entre l'icône et le tract ronéotypé.
Ce monde a priori clos qui s'entr'ouvre sur l'extérieur (les soins médicaux, la participation à la vie du village) va devoir se positionner , prendre parti, face à la politique, l'absurdité des conflits, l'aveuglement des parties en présence. et faire des choix. Partir ou rester. Mais pourquoi (et pour quoi) ?
Des hommes qui chantent, des hommes qui travaillent, des hommes qui écoutent de la musique sur un radio-cassette en buvant du vin rouge, des hommes qui jardinent, des hommes qui regardent passer les hélicoptères, des hommes qui marchent dans la neige...
Des hommes qui parlent aussi. Les scènes de discussions et d'échanges entre les moines, où chacun est amené à exprimer ses opinions, ses choix, sont très fortes, et toutes celles avec ce zigoto sourcilleusement débordant de Michael Lonsdale sont parfaites, qu'il parle d'amour avec une jouvencelle ou qu'il coupe court à une discussion par un "laissez passer l'homme libre..."
Il y a dans chacune des scènes, tour à tour, quelque chose d'émouvant, de poignant, que ce soit dans la douceur (Lambert Wilson s'occupant de Lonsdale endormi avec la sollicitude d'une mère, le plat de frites, le dernier repas), la violence (l'irruption des rebelles le soir de Noël) ou les deux à la fois (les hommes qui chantent et l'hélicoptère).
C'est -paradoxalement ?- encore un film doux (Apitchounet, quand tu nous tiens...), qui parle aussi d'hommes, de foi, de choix et de mort... (même si pas du tout dans le même registre), et incontestablement efficace (il suffisait d'écouter le silence -religieux...- dans la salle, quand les lumières se sont rallumées à la fin du générique) sans effets, sans artifices (le seul petit bémol que j'y mettrais serait peut-être l'interprétation un peu excessivement habitée de Lambert Wilson : bien sûr c'est lui le moine-en-chef, l'intello, celui qui étudie les textes sacrés (qu'ils soient catholiques ou musulmans), mais le personnage frôle souvent la pose messianique, tandis que les autres, justement sont avant tout des hommes...), avec un travail sur la lumière absolument superbe.
Un beau moment de cinéma.
Simplement, justement....

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19 septembre 2010

a-dé-mé-chi

THE HOUSEMAID
de Im-Sang-Soo

Une jeune fille "gentille" (oui, comme quand on dit "elle est gentille...") entre dans une maison très bourge comme bonne. Elle se fait quasi illico engrosser par le patron, souhaite garder le bébé, et c'est là que les ennuis commencent... "A-dé-mé-chi" c'est ainsi que lui définit son travail la vieille bonne-en-chef qui régente la maison depuis des lustres : affreux, dégoûtant, méprisable, chiant. Tout est dit.
Des rapports sociaux (" Témoigner du respect prouve qu'on est supérieur." lui dit la petite fille de la maison), du mépris des maîtres pour leurs domestiques, malgré l'apparente politesse affichée ("Qui c'est ? C'est personne..."), de l'argent comme moyen de tout arranger, de la perversité des belles-mères (et des belles-filles aussi), de la veûlerie des maris, et de la noirceur des films coréens en général (et de celui-ci en particulier).
Mis à part le coq de cette basse-cour familiale, le film est essentiellement un film de femmes. Euny, la jeunette. Sa patronne, la mère de sa patronne, la fille de sa patronne, la vieille gouvernante, et la copine d'Euny. Qui dit femmes entre elles... (non non ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit hihi) dit combat de polochons en sous-vêtements vacheries, mots cassants, sous-entendus  paires de gifles et vengeances mangées comme des plats froids.
La jeune fille arrive dans cette grande maison et ouvre ses grands yeux candide, telle une Alice au pays des Bourges, mais l'espace qui n'était au début que luxe calme et volupté (et harmonie noire et blanche)  va devenir progressivement un univers de plus en plus hostile, de plus en plus étouffant (d'autant plus que des cadrages sophistiqués et des mouvements d'appareil chiadés idem fabriquent une curieuse mais fascinante grammaire visuelle et topologique où tout peut -littéralement- basculer à chaque instan.)
Le film qui avait démarré quasiment avec la rigueur et l'esprit d'un documentaire (les cinq premières minutes sont à cet égard exemplaires : quelle richesse, quel foisonnement, chaque plan semble presque receler  trop d'informations, d'autant plus qu'on ne sait pas alors où le réalisateur veut véritablement nous emmener...) évolue ensuite vers le thriller vénéneux, avant que de finir en apothéose  -le mot n'est peut-être pas idéalement choisi- à la démesure quasi-horrifique, puis sur une petite note ambigüe (on ne serait pas très loin alors du cinéma fantastique.
D'Im sang-Soo, j'avais précédemment beaucoup aimé le President's last bang -même si je n'avais pas vraiment tout compris-, qui possédait d'ailleurs, déjà, cette même façon particulière de filmer, avec une prédilection pour les plans en plongée, ce que, si j'ose dire, ne fait que confirmer celui-ci, qui va le mettre parfaitement en pratique, et à deux fois encore.
Un film très noir, très fort, avec des personnages bien posés (celui de la vieille gouvernante étant probablement le plus riche, parce que celui doté de la plus intéressante évolution. C'est elle qui changera le plus radicalement entre le début et et la fin du film.Quoique la jeûnette...
Bref, un film aussi élégant qu'amer. Il serait peut-être intéressant de fouiner pour dénicher l'original de 1960 dont il est le remake.

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17 septembre 2010

faire le point

j'aurais pu aussi intituler ça "garder le cap". Métaphores maritimes, comme s'il y avait, ces temps-ci un peu de tangage, un peu de roulis... Pas la grosse grosse tempête, non, juste des coups d'embruns, ça et là, qui me laissent parfois un peu désemparé...

Depuis que j'ai déménagé, et que je suis dans cette nouvelle maison (que j'aime vraiment, dans la quelle je me sens bien, comme si elle avait été faite pour moi), je devrais en principe me sentir comme le plus heureux des hommes... Et bien non, pas vraiment, comme dit Marie, "ça ne marche pas comme ça..."
Je me sens d'autant plus heureux dans mes murs, que, paradoxalement, il me paraît, par contraste, que rien d'autre ne va... En dehors d'ici, je veux dire. Hors les murs.
Le recommençage au travail (ce qui aurait dû être, d'ailleurs, ma dernière année mais passons, ou mon ulcère va se rouvrir) ne s'est pas passé comme sur des roulettes (mais ça je le savais, je l'appréhendais, je le craignais, et les choses n'ont fait grosso modo que confirmer mes appréhensions) oui oui, je sais, c'est juste le démarrage qui est difficile, tous les ans je me le dis et me le répète, j'y pense et puis j'oublie...
C'est vrai que j'ai le déstabilisage facile (non je n'ai pas vraiment le pied marin) et que j'ai souvent tendance à faire une montagne d'une taupinière (ou un tempête dans un verre d'eau, pour filer les métaphores marines...) Peut-être faut-il juste que j'arrive à me sortir de ma position "vacances" et passer en position "travail"...
On/off

12 septembre 2010

micro 83

*
Quand on trouve trop de films très bien, c'est comme quand on se rappelle trop de ses rêves,
c'est que le virtuel devient (trop) prépondérant

*
Au feu rouge, un arbre m'envoie une de ses feuilles dans la figure, par la vitre ouverte

*
"la pop, c'est trop sucré, comme un chocolat chaud..."

*

le cake aux restes et la tarte à ce qu'il y a

*

"laisser la souche sécher"

*

Le roi entre dans l'arène
le père entre dans la mer
et l'oncle entre dans la tente...
(et le sanglier entre dans l'allée ?)

*

une grosse pompière véhémente

*

j'attends toujours les fleurs bleues

*

les grandes manifs (comme "les grandes marées")

*

écouter vraiment très fort Tombé pour la France, dans la voiture,
et avoir soudain les larmes aux yeux

*

une bourrine

*

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