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lieux communs (et autres fadaises)
14 octobre 2023

diamonds (are a girl's best friends)

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DERNIERE NUIT A MILAN
de Andrea di Stefano

Deuxième film de la DSI. Un polar urbain nocturne et fiévreux (les trois adjectifs vont bien ensemble), avec le viril Pierfrancesco Favino. (clic clic Zabetta). Un polar avec des flics (des intègres et des corrompus), des asiatiques ("très fourbes et très cruels" hihi mais le plus souvent impassibles comme il se doit), des diamants, des gros flingues qui font du bruit, des morts accidentelles dont certaines génèrent beaucoup de chagrin, et d'autres moins), et bien sûr un salopard de traître (comme dans les vieux films de Brian de Palma, c'est, bien sûr spoil l'ami proche mais bon ça le spectateur le moins fut-fut' l'aura déjà compris dès le départ, hein...).
Un bon polar, classique, "sévèrement burné", avec -j'aime toujours bien ça- la même chronologie revécue de deux façons différentes, avec unité de temps et de lieu (c'est dit dans le titre français, tandis que le titre original est volontairement plus ambigu : "ULTIMA NOTTE DI AMORE" ne voulant pas vraiment dire comme on pourrait le croire Dernière nuit d'amour, puisque Amore c'est le nom de notre bo gosse de flic... Donc dès le titre on est sur une fausse piste, comme on le sera plusieurs fois pendant le film).
Beau travail, belle musique aussi, et beau mâle rital (qui plus le le plus honnête de la bande (et le plus gentil aussi)... enfin, jusqu'à un certain point!)

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Amore et son pote...

13 octobre 2023

pancréas

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LE COLIBRI
de Francesca Archibugi

Il y a un truc que je déteste en général dans les films, c'est les scènes genre "vingt ans plus tard...", quand les personnages vieillissent, mais continuent d'être incarnés par les mêmes acteurs. Hélas, la dernière séquence du COLIBRI est de cet acabit. c'est un festival de prothèses de maquillages et de perruques (lol il n'y a que Nanni Moretti qui reste inchangé! ), et, vu le thème de la scène, j'ai trouvé ça particulièrement obscène.
Le film est long (2h08) raconte l'histoire d'un homme (et de sa famille) sur une quarantaine d'années, d'une façon un peu embrouillée (nombreux allers / retours temporels) et aurait pu se dispenser de cet appendice appareillé et affligeant... L'homme au centre du récit s'appelle Marco, et est interprété par Piefrancesco Favino (bo mâle rital - qui est à la Settimana Italiana ce que Ricardo Darin est à la Semaine Latino : un incontournable- qui fait se pâmer certaines de mes amies, n'est-il pas, Zabettina ?), qui passera sa vie entre son épouse, une blonde hôtesse de l'air aussi balkanique que volcanique (et un peu bipolaire aussi), et sa maîtresse platonique, la petite  voisine française qu'il aime depuis qu'ils étaient adolescents, mais avec qui l'adultère ne sera jamais consommé (platonique on vous a dit, ho, vous savez lire ?), interprétée par Bérénice Béjo (que j'ai trouvée très bien). Qui dit famille dit enfants, puis petits-enfants, dit scènes de ménages, maladies, décès (là on a le catalogue complet : vieillesse, suicide, accident, mort assistée). Et tout ça présenté un peu en vrac, comme un jeu de cartes qu'on aurait énergiquement battues et qu'on dévoilerait d'un coup, en arc-de-cercle. (D'ailleurs, les cartes, justement, il en sera beaucoup question puisque Marco est un joueur de poker invétéré...). Les Monthy Python ont fait La vie de Brian, Bruno Dumont celle de Jésus, eh bien nous on a celle de Marco, pour le meilleur et pour le pire.
Le pire, je l'ai déjà évoqué ; le meilleur (car bon tout n'est pas complètement à foutre à la poubelle) c'est en particulier un personnage dont je n'ai pas encore parlé, Daniele Carradori, le psy de l'épouse de Marco, qui va  rencontrer notre héros en consultation (Marco est médecin) pour le prévenir du danger qu'il court. Cet homme est interprété par Nanni Moretti, et c'est vraiment un très grand plaisir de le retrouver ici, dans un personnage finalement très... morettien! On se raccroche à lui, et il réussit même à sauver plusieurs scènes!
Le film nous offre aussi de jolies et fréquentes scènes de plage et de mer (dont une où j'ai eu le plaisir d'entendre IL Y A, de Vanessa Paradis) mais bon c'est dommage de sortir de la salle en restant sur cette scène vraiment effarante...

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12 octobre 2023

"circoncire le pape" ?

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L'ENLEVEMENT
de Marco Bellocchio
(sortie le 1er novembre 2023)

Premier film de notre DSI ( Decima Settima Italiana), et première avant-première...
Le pitch n'en est pas forcément affriolant (surtout en ce qui me concerne : un enfant est enlevé à sa famille juive parce qu'il a été baptisé en cachette, et est donc catholique, et voilà même que le pape en fait une affaire personnelle et son enfant chéri...) et sa famille veut tout faire pour le récupérer...), mais tous ceux qui l'avaient vu à Cââânnes étaient unanimes... Grand film, qu'ils disaient.
Le tout début le confirme un peu, (le "pas très affriolant") et puis enfin le film prend son essor (j'étais encore impressionné par l'homme-oiseau du film précédent) flop flop déploie ses ailes -de géant- et va vous en mettre plein les yeux et les oreilles, et ne plus vous lâcher jusqu'à la toute fin.
Une mise en scène grandiose, sublime, jusqu'à la démesure, parfaitement adaptée à la pompe au décorum aux ors à la magnificence (et au m'as-tu-vu) des rites et rituels de la religion catholique, pour une histoire -je le répète- dont le sujet ne m'intéresse pas vraiment (catho ou pas catho ?) mais dont le traitement ensuite me passionne, et me laisse souvent avec les yeux écarquillés (et les oreilles aussi, d'ailleurs!) comme un gamin émerveillé.
J'ai -encore une fois - un peu regretté mes lacunes historiques, concernant celle -l'histoire- de l'Italie (comme ce sera un peu plus tard le cas, mais j'anticipe, avec la CHRONIQUE DES PAUVRES AMANTS).
Ce qui est sûr c'est que la religion catho, d'un bout à l'autre, en prend pour son grade, et c'est très bien, avec surtout un chef de l'inquisition glaçant (qu'on croirait dessiné par Gotlib pour Notre Dame de Paris), et surtout, surtout, un pape encore plus angoissant (dont on s'inquièterait de la santé mentale, tant il a des allures de psychopape, pardonc, de psychopathe...) Et le réalisateur a l'intelligence de pousser le bouchon jusqu'au bout, jusqu'à la dernière scène où le jeune homme (c'est celui qui a été enlevé au début) revient au chevet de sa mère mourante, et, alors qu'on pense qu'il va implorer son pardon, tente une dernière fois de la baptiser... Aaargh! Catho un jour, catho toujours...
Bref un film à grand spectacle, brillant, bluffant, bref parfait pour une soirée d'ouverture (d'ailleurs, la cinquantaine de personnes présentes semblait plutôt enchantée).

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11 octobre 2023

"je vais demander ma mut'..."

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LE REGNE ANIMAL
de Thomas Cailley

On l'avait demandé dans notre prog, mais le bôô cinéma l'a eu en sortie nationale, et comme c'était notre SETTIMANA ITALIANA, on n'a pas eu d'"autre" film hélas...
J'avais beaucoup aimé le film précédent de Thomas Cailley (LES COMBATTANTS, en 2014, le post est ) qui n'est pas sans présenter quelques points communs avec celui-ci (la pugnacité, la forêt, l'armée, la peur de la "fin du monde", et même les animaux!), et celui-ci j'y suis donc allé dès la première séance dans le bôô cinéma...
Romain Duris (qui vieillit décidément très bien) en papa et Paul Kirchner (qui a toute la vie devant lui mais qui explose déjà les compteurs, souvenez-vous du LYCÉEN de Christophe Honoré) en fiston sont en voiture dans un embouteillage et commencent à se prendre de bec -pour une histoire de rendez-vous semble-t-il- , QUAND SOUDAIN, d'une ambulance immobilisée un peu plus loin dans la file d'attente commencent à retentir des coups violents, avant que la vitre arrière ne vole en éclat, laissant s'échapper un... un quoi déjà ? un homme avec des ailes ?, coupant court net à la dispute familiale. On se calme illico et on remonte dans la voiture.
Le rendez-vous était chez une doctoresse (et on a le coeur tout tirebouchonné de joie de voir qu'elle est incarnée par la divine Nathalie Richard, mais on le savait déjà parce qu'on avait bien vu la bande-annonce) avec qui tous les deux vont s'entretenir de Lana, épouse de l'un et mère du second, qui souffre d'une affection mystérieuse (Lana qu'on entrapercevra un peu plus tard, fugacement), qui elle aussi est devenue une "créature" (et est en train de se métamorphoser en animal...) dont on va beaucoup parler pendant tout le reste du film.
Elle va être transférée dans un autre centre thérapeutique, dans le sud de la France, mieux adapté à son état, et voici donc père et fils qui font leurs bagages pour rester plus près d'elle. Sauf que le camion qui transportait les "créatures" a eu un accident et que tous ses passagers se sont enfuis. Dans la forêt (forêt magnifique, et magnifiquement filmée) toute proche. Le père a pris un nouveau job, le fils est dans une nouvelle classe, avec des nouveaux congénères, tous deux s'adaptent à leur nouvel espace de vie, mais en continuant de chercher Lana...
On le sait, de tout temps, dans les contes de quand on était tout petit, la forêt a jours été -par définition- un lieu magique... Et l'adolescent va vite le découvrir... C'est d'autant plus impressionnant que le reste du film est traité de façon extrêmement "réaliste". Avec, ponctuellement, ça et là, des apparitions de mutants (comme celle, très réussie, dans le supermarché, qui permet à nos héros de faire la connaissance d'un adjudant très mimi, incarné par la toujours aussi impressionnante -et juste- Adèle Exarchopoulos). Le traitement m'a fait un peu penser au TEDDY des frères Boukherma, (avec Anthony Bajon en loup-garou, je dis ça je dis rien hein...), avec ce mélange réussi  de chronique "villageoise" et de fantastique (avec, encore une fois, l'orée de la forêt comme frontière...)
On sait que l'adolescence est le cadre (le temps) d'importantes transformations, et le jeune garçon va en faire -doublement- l'expérience... ("en faire les frais" serait tout aussi juste.)
Il y a les gens "normaux", qui vivent leur vie "normale", et, juste à côté les "autres", retournés, malgré eux, à la vie sauvage, au sein de cette forêt qui devient le refuge idéal pour les uns le lieu de toutes les peurs pour les autres...
Emile va y passer de plus en plus de temps, et réussir à sympathiser avec une créature fascinante, l'homme-oiseau entrevu au tout début du film (incarné par un Tom Mercier en état de grâce, qui justifie à lui seul le fait de voir le film).
Et je m'arrêterai là de raconter le film.
Sachez juste qu'il m'a beaucoup, beaucoup impressionné. (D'autant plus que j'avais, tout au bout de mon rang, une voisine un peu étrange, qui parlait toute seule, ricanait dans les moments inquiétants, et commentait l'action en prenant de temps en temps les personnages à parti). Je l'ai même soupçonnée un instant d'être une de ces "créatures"...)
Le film cartonne, et c'est tant mieux, il le mérite. Le réalisateur s'est assez longuement exprimé sur sa volonté -tenue- de ne pas user d'effets numériques, mais de "trucs" réels, bricolés avec les moyens du bord (maquillages, prothèses) afin de préserver jusqu'au bout l'humanité de toutes ses créatures.
Et le film n'en est que plus fort. Et devient politique (comme l'était déjà LES COMBATTANTS) et -hélas ?- très actuel de par les multiples thématiques (sociétales et personnelles) qu'il aborde.

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fils et père

9 octobre 2023

ce matin un lapin...

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COUP DE CHANCE
de Woody Allen

Alors ce Woody Allen franco-français, il est comment, hein ? Même si Woody a gardé la même typographie pour les titres et le même style musical pour l'habillage (je dois dire que j'ai trouvé cette fois la musique particulièrement envahissante), on se retrouve en terrain de connaissance(s) mais pas tout à fait, puisqu'on est à Paris (et qu'on y restera la majeure partie du film, sauf les week-ends à la campagne...), dans des petits appartements tout simples de 10 000m2 (ça aussi c'est agaçant, hein, mais c'est finalement comme dans Columbo, les meurtres c'est toujours l'affaire des riches...).
Une blondinette (Lou de Lââge, très bien), mariée -et semble-t-il heureuse en ménage- à un richissime -mais mystérieux- homme d'affaires (Melvil Poupaud va nous faire ça très bien...), rencontre par hasard dans la rue un jeune homme qu'elle a connu à l'école -à New-York, quand même- des années plus tôt (Niels Schneider, très bien) qui lui avoue qu'à l'époque il était amoureux d'elle et qu'il n'a jamais osé lui dire... Et voilà qu'il se rapprochent insensiblement, jusqu'à ce que, ouiiiiii un baiser dans les escaliers et crac! l'adultère est consommé... Ménage à trois donc (avec l'accent new-yorkais) et tempête sous un crâne (celui de la jeune fille) : tromper son mari plus que parfait et plus qu'amoureux ?
Jusque là, on a suivi d'un peu loin cette bluette avec des couleurs plus automnales tu meurs, sans véritablement d'intérêt, quand, soudain, voilà que le mari (placer là un rire sardonique à la Vincent Price) nous confime qu'il n'est qu'un faux gentil (Melvil Poupaud est délicieux d'excès de machiavélisme dans les plans fixes que lui organise le réalisateur) - on avait quand même quelques doutes à son sujet- et va s'employer à régler le problème de l'adultère à se façon (adultère qui lui a été confirmé par le détective privé qu'il à engagé -Grégory Gadebois, dont jamais on ne se le lassera...-)
Un personnage va donc disparaître, et c'est un autre personnage, la belle-mère (incarnée par une Valérie Lemercier parfaite), qui va mener l'enquête à propos de celui envers lequel elle a commencé à avoir des doutes...)
Et tout se finira dans les bois, avec cette omniprésente lumière automnale qui n'en finit pas de nimber, lors d'une scène où on comprendra pour le film s'appelle ainsi...
Où tout serait, en fin de compte, bien qui finit bien...
La boucle est bouclée, le film est terminé, on a passé un moment sympathique et voilà...

(On a pensé à MATCH POINT, à MEURTRES MYSTERIEUX A MANHATTAn...)

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8 octobre 2023

l'homme de marbre

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LE PROCES GOLDMAN
de Cédric Khan

Un film magistral, il n'y a pas à tortiller. Passionnant -et complexe- dès sa scène d'ouverture. (Tout de suite on est sous son emprise, en ne pouvant s'empêcher de se dire combien tout ça est bien fait...). Venant peu de temps après ANATOMIE D'UNE CHUTE, voici encore un film "de procès" (et on se prend à lui souhaiter la même carrière faramineuse...). Un film de procès de A jusqu'à Z, de l'audition des témoins jusqu'au verdict.
Un film très dense, qui ne sortira pratiquement pas de l'enceinte du tribunal (ou de ses environs immédiats) et qui pourtant vous prend aux tripes sans jamais desserrer la force de son étreinte...
J'avoue que je ne connaissais que de nom Pierre Goldman (au moment du -second- procès narré par le film, j'étais "à la campagne" sans radio ni journaux ni télé, autant dire que je n'en ai rien su...), une affaire qui avait pourtant été pas mal médiatisée, et re, après l'assassinat du même en 1979, jamais élucidé, comme nous le rappelle le carton final.
Pour tout dire, en voyant le film, je ne savais même pas quelle allait être l'issue du procès!
Deux personnages (et, surtout les acteurs qui les incarnent) dominent : Pierre Goldman, l'accusé, (Arie Worthaler, magistral) et Georges Kiejman (un de ses trois avocats, celui qui plaidera en dernier (Arthur Harari, déjà très aimé comme cinéaste, et que je découvre ici comme acteur, et même, excellent acteur).
Il est question de Pierre Goldman, bien sûr, de la France des années 70, de politique, de "gauchisme", de racisme et d'antisémitisme. Le personnage de Goldman est complexe, comme le sont les enjeux de cette histoire, fascinant, et face à lui, nous, spectateurs, sommes mis à la place des jurés (mais sans avoir comme eux la possibilité de parole).

(ce post n'était pas destiné à être publié dans cet état, puisqu'il n'était pas terminé... mais bon les dieux des Limbes en ont décidé autrement...)

Je voulais juste rajouter que j'avais énormément apprécié de revoir, dans le rôle du père de Pierre Goldman, Jerzy Radziwilowicz, (qui incarnait L'HOMME DE MARBRE, d'Andrzej Wajda, en 1977, que je n'ai reconnu qu'au générique) ce qui à mon avis ne doit absolument rien au hasard.

 

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7 octobre 2023

monsieur pons

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LE GANG DES BOIS DU TEMPLE
de Rabah Ameur-Zaïmèche

J'avais déjà vu le film en avant-première en nov/dec dernier (Festival Entrevues)où RZA est (enfin) venu, tout à la fin (contrairement à ce qui avait été annoncé) présenter ce film, avec une cohorte impressionnante (ils étaient au moins vingt sur scène) de membres de l'équipe du film... (Principalement des couilles, d'ailleurs, me semble-t-il). Car (comme beaucoup de films de RZA, LE GANG DES BOIS DU TEMPLES est un film de couilles. Viril, quoi. Un groupe de potes monte un casse dont ils pensent qu'il a été parfait. ils sont tous habitants de la même cité, et côtoient tous les jours Mr Pons, qui habite au même endroit qu'eux, et vient de perdre sa mère (le film débute quasiment par la scène d'enterrement). Ils le côtoient en bonne intelligence (on n'est pas dans LA HAINE ni dans LES MISERABLES), partagent des bons moments. j'avais deux mots en tête pendant la projection : humanité et fraternité, qui constituent les clés de voûte du cinéma de RZA (que j'aime tant). Les lascars ont réussi leur coup, ils sont riches, se pensent invulnérables... La suite leur prouvera que non.
Après l'avoir vu à Belfort, nous avions tous pensé plus ou moins la même chose : c'était bien, mais ça n'était pas son meilleur... Et là, à le revoir dans le bôô cinéma, dans cette salle 12 pleine à craquer (je plaisante, nous étions 3, et j'en étais malade), j'ai revu mon jugement. A la hausse. RZA aime les gens, et ça transparaît dans sa façon de les filmer, de raconter leur histoire. LE GANG DES BOIS DU TEMPLE peut apparaître comme un film hybride : polar , néo-polar ? film noir ? chronique sociétale ? Mais à la fin, on est terrassés, et on reste sur son siège jusqu'à la toute fin du générique...
Restera une séquence superbe (musicale) de boîte de nuit, où Sofiane Saïdi mixe, où on voit se déhancher ce grand escogriffe de Rodolphe Burger, où le prince s'éclate, et où des décisions radicales sont prises... Un grand et beau moment de cinéma.
Et c'est fort comme le film se termine, quasiment au même endroit où il a commencé. Dans la paix, on va dire, après être passé par une multiplicité d'états intermédiaires.
Mais je ne peux pas terminer ce post sans livrer un extrait de l'article de Luc Chessel, dans Libé :

"Toute l’histoire sera racontée, c’est promis, avec ses péripéties. Mais à la manière propre du film, de son auteur, de la bande d’acteurs (des hommes, surtout, beaucoup et comme toujours. C’est son univers, masculin pas mascu, ce qu’il préfère filmer – sauf Marie Loustalot, en femme de braqueur inquiète) qui autour de lui s’affaire et se mobilise. Manière qui atteint ici une transparence très limpide : donner à la séquence, à chaque fois, le bon flottement qui lui convient, la place (espace et temps) pour se délayer, se laisser voler un peu de simple présence, de libre parole, de chorégraphie spontanée. En sortant du film, on se souvient de la mythique chanteuse bretonne Annkrist qui chante longuement le texte perçant de la Beauté du jour à l’enterrement de la mère de M. Pons, des dialogues absolument tendres fusant entre les sept malfrats, héros et antihéros prolétaires, radieux parce qu’aimés par le film, et aimés autant que les ciels, les enfants, les nuages, les feux des voitures dans la nuit, les espoirs et les désespoirs, les destins possibles et impossibles, les cités réelles et imaginaires, tout ce qui les environne et qui passe dans les mailles du Gang des Bois du Temple. Ce film est comme un hold-up délicat, comme une lutte à mort câline, comme une tragédie qui y croirait encore, dur comme fer, rien que pour venger ses personnages, et tous ceux pour lesquels ils se tiennent en riant, tous ceux pour lesquels ils tombent."

article que je trouve particulièrement in the mood avec le film...

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4 octobre 2023

la grande bouffe

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LES PETITES MARGUERITES
de Vera Chytilova

Dernier film de notre (divine) programmation pour PLAY IT AGAIN!, un film que je ne connaissais que de nom, via Malou qui m'en avait parlé il y a quelques dizaines d'années (même si elle me soutient que non non elle n'a jamais vu ce film). Un film... libre (comme la figuration et les radicaux du même nom). Un film tchécoslovaque de 1966 (deux raisons d'être intrigué, dont le prénom des héroïnes, Marie 1 et Marie 2, est, m'apprend allocinoche, une référence au BRIGITTE ET BRIGITTE, de Luc moullet, sorti en france la même année.
Un film hybride, en noir & blanc et en couleurs, d'animation et de prise de vues réelles, avec une inventivité, un humour, une ironie constants d'un bout à l'autre, depuis le générique de début jusqu'au bout du générique de fin.
Un film, donc, plein à ras-bord (et qui dit très plein dit parfois trop-plein, avec par exemple une longue séquence avec beaucoup (vraiment beaucoup) de nourriture gâchée qui finit par tourner presque votimitive).
Un film extrêmement travaillé, tant pour l'image (les accumulations font parfois presque mal aux yeux) que pour le son. Comme un gigantesque collage.
Un film insolent, où deux godelurettes sèment leur zizanie face à des vieux barbeaux, et, d'une façon plus générale, au "vieux monde" qu'elles entendent bien dépoussiérer et faire voler en miettes.
Un film... printanier, "révolutionnaire", trépidant, parfois exténuant.
On n'était que 2 à la salle 1 à la séance de 13h40 (et j'ai quand même réussi à m'endormir presque tout au début (mais pas la faute du film, juste celle des plutôt mauvaises nuits précédentes) mais pas très longtemps, et puis ça n'avait pas vraiment d'importance... un film qui a presque 60 ans mais qui porte encore beau, sans conteste.
Un joyeux (et historique) foutoir

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3 octobre 2023

taper sur les tuyaux

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CLUNY BROWN
de Ernst Lubitsch

Oups! et encore un que j'ai oublié de chroniquer ! (quelle tête de linotte) Une jolie "vraie séance" (= au moins 12 spectateurs) dans la salle 1 (plus petite tu meurs). Il faut dire qu'avaec la programmation imbécile du programmateur, la pauvre Cluny ne passait que 2 fois (oui c'est ridicule) alors que sa copine Jeanne  (Dielman) , qui dure pourtant plus de trois heures, avait eu droit à 3!
Un Lubitsch que je ne connaissais pas (le dernier, semble-t-il) auquel Hervé tenait particulièrement (mais bon Hervé tient particulièrement à TOUS les Lubitsch, et il a bien raison...)
Ce Lubitsch-là, si je l'ai trouvé plaisant, me semble toutefois moins parfait que ses oeuvres majeures auxquelles je voue un amours immodéré (SERENADE A TROIS, TO BE OR NOT TO  BE, NINOTCHKA, notamment - mais en scrollant sa filmo sur allocinoche je réalise que je ne connais qu'une infime partie de son oeuvre!!!, et que CLUNY BROWN n'est pas son dernier, mais son avant-dernier film, après il y a encore LA DAME AU MANTEAU D'HERMINE, en 1949).
Cluny Brown, l'"ingénue libertine" du sous-titre, est une jeune brunette charmante (incarnée par la piquante, Jennifer Jones, que j'avoue ne pas connaître plus que ça) jeune fille d'extraction modeste, c'est explicitement dit dès le début (les riches avec les riches, et les pauvres ne sont là que pour servir les riches). elle servira, donc, avec le petit tablier qui va bien avec, chez une famille d'aristocrates anglais. Mais auparavant, elle va se faire remarquer à plusieurs reprise en pratiquant son activité favorite : désengorger les tuyauteries bouchées chez plusieurs messieurs, en tapant joyeusement dessus à coup de clé anglaise. Oui, Cluny Brown adore ça, et ne peut résiter à l'appel d'un tuyau bouché... Son chemin va croiser alors celui du distingué Adam Belinski (incarné par ce cher Charles Boyer, raffiné mais un peu agaçant désormais à sa faison de surjouer son accent frenchie.) il sera d'abord question d'amitié, entre ces deux-là qu'a priori tout sépare, mais, hein, on sait bien comment tout ça va finir, on est dans un film de Lubitsch, alors, champagne!

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29 septembre 2023

tortue

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BERNADETTE
de Léa Domenach

Dimanche, avant-première à la salle 8 (salle nommée dans mon coeur "des bourrineries" parce que c'est là qu'est projeté d'habitude cette catégorie d'oeuvres). Du monde, à popcorn et qui parle comme dans son salon (il a fallu que queqlu'un -non ce n'était pas moi- fasse "chhhhtt!" quand le film a commencé pour que lesdits bavards se taisent.
Un film avec Catherine Deneuve dans le rôle de Bernadette Chirac, a priori, je n'aurais pas donné cher de sa peau. Et pourtant la bande-annonce sait appâter le chaland (Podalydès, Vuillermoz dans le rôle de Chirac, bluffant) suffisamment pour qu'on ait envie d'en savoir plus (et quand lit qu'en plus au générique figurent Sara Giraudeau, Maud Wyler, Laurent Stocker, Artus) et qu'on est plutôt de bonne humeur, allez, on se laisse tenter...
Le début est un peu désarçonnant, et force un peu le trait de la comédie : chorale dont les paroles sont retranscrites en gothique, choix de la chanson du générique, (je vous laisse la surprise), on se demande si c'est du lard ou du cochon... On va donc suivre la vie du couple Chirac de 1995 (première élection présidentielle de Chichi jusqu'en, grosso modo, 2007, (l'élection du honni N.S dont je n'écrirai même pas le nom...) soit une bonne dizaine d'années de la vie politique française...
Le problème a priori de cette chronique, c'est qu'elle évoque des gens qui, au mieux, me sont indifférents, et, au pire, antipathiques. voire détestables (on peut pousser le curseur jusqu'à odieux) et qu'on s'imagine au départ qu'il va falloir des efforts (à la réalisatrice d'abord, mais au spectateur aussi) pour réussir à les trouver "agréables"... Sur ce point, Léa Domenach ne rate pas trop son coup...
Le jeu suivant, dans ce genre de reconstitution est "qui est qui, et qui ressemble le plus à qui. Bon, d'entrée, la Reine Catherine est hors-jeu, puisque, comme souvent, elle vampirise le personnage : on ne voit pas bernadette C., on voit Catherine D. entrain d'incarner Bernie.) en suite de générique, Michel Vuillermoz campe un Jacques Chirac non seulement juste, mais hyper-attachant, et ce sans trop forcer le trait... Les deux filles aussi :l'omniprésente Claude (Sara Giraudeau) et la plus effacée Laurence (Maud Wyler) sont plutôt réussies dans la ressemblance. Comme Denis Podalydès dans le rôle de Bernard Niquet (dont je n'avais jamais entendu parler...). Dans le club des ministres, le casting a été efficace : on reconnaît au premier coup d'oeil de Villepin, Bertrand, (même si on ne re-connaît pas les acteurs qui les incarnent), idem pour Karl Lagerfeld. Artus campe un David Douillet plus que vraisemblable, mais la palme de l'incarnation revient à Laurent Stocker dans le rôle du honni, du traître, du félon (plus onctueux que lui tu meurs), dont on se dit, la première fois, qu'il n'est pas très ressemblant, mais dont l'interprétation, au fil du film, devient de plus en plus "incarnée" (savoureuse)...
Une comédie, donc, qui raconte un peu de l'intérieur des choses qu'on sait, (qu'on a sues), avec des choses plus ou moins drôles (la chorale au début nous prévient que "tout ce qui est dit n'est pas vrai...") la plus plaisante étant pour moi de présenter Bernadette comme une pythie politique qui annonce a chaque coup les catastrophes à venir, qu'on n'écoute jamais, et qui a toujours raison.

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