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lieux communs (et autres fadaises)
30 juin 2016

fête du cinémadeux

Nous continuons notre après-midi avec Joseline. Après le consternant The witch, où je l'avais accompagnée, c'est cette fois elle qui m'accompagne pour voir

THE NEON DEMON
de Nicolas Winding Refn

(qui signe son film, au générique de début, par son monogramme NWR, pas j'me la pète mais presque...). On change radicalement de lieu (Los Angeles) d'époque (aujourd'hui) et de milieu (les mannequins)... mais on garde quelques points communs : la fraîcheur blonde et virginale de l'héroïne, l'utilisation de rites plus ou moins sanglants, les perturbations animales (un lièvre diabolique et un bouc là, un chat sauvage ici) (sans oublier un petit geste aussi, quelqu'un qui recrache quelque chose -une pomme là, et un oeil ici-...).
Le film de NWR est hyper sophistiqué. Hyper mis en scène (scénographié d'habitude c'est pour le théâtre mais s'applique parfaitement ici.) Et ultra référencé. D'un côté le Lynch de Mulholland drive -pour l'aimable bécasse blonde qui débarque à L.A la tête pleine de rêves de gloire, et pour les ébats saphiques (que dans ma tête je me suis résumé : gouineries glamour, c'est mal je sais) - et Cronenberg (le deux : le père David de Map to the stars pour son dézingage des moeurs hollywoodiennes, mais un chouïa du fils Brandon aussi pour son Antiviral).
On s'en prend plein les yeux et autant pour les oreilles (Cliff Martinez signe un joli score technoïde parfaitement adapté). Le casting est principalement composé de femmes (je pourrais aussi bien écrire phasmes tellement elles sont toutes identiquement blondes et brindillesques -et pugnaces, on le vérifiera dans la dernière partie du film-. Dernière partie sur laquelle je reviendrai plus bas). Il y a peu d'hommes dans le film, donc, un fiancé par ici, un photographe par là, un grand couturier, mais, surtout, jouant le contrepoids question virilité, ce bon vieux Keanu Reeves en gérant d'hôtel pas trop regardant sur l'hygiène ou la moralité.
Notre jouvencelle donc, Jesse (jouée par Elle Faning, jeune soeur de la Dakota du même nom mais que je ne connais pas plus que ça) débarque donc comme ça à L.A avec juste ses jolis yeux et ses non moins jolis cheveux blonds. un genre de perfection angélique et diaphane (comme Julie Delpy dans Mauvais sang...) et voilà que tout lui sourit et lui réussit, tout le monde est impitoyablement séduit charmé désarmé comme quand la petite chèvre de Mr Seguin arrive dans la montagne : "Ce fut un ravissement général"...
Mais les places sont chères, et les coulisses des défilés et des shootings vont se révéler des passages dangereux et/ou propices aux embuscades...
Le film tient son cap "Mulholland Drive" pendant un moment jusqu'à un certain défilé où vont se passer des choses qu'on ne comprend pas tout à fait (un peu à la façon du "c'est bleu c'est rouge c'est Broadway!" cher à Reiser) et ça ne fait que commencer. La mise en scène est toujours aussi sublimement sublime, mais c'est comme au détriment de la narration, qui commencerait à se fendiller, à devenir instable, et dont l'épiderme trop lisse et bien trop (bien trop ?) maquillé apprêté laisserait entrapercevoir des choses qu'on ne soupçonnait même pas, alors les comprendre, pensez donc...
Jesse a commencé à prendre ses marques dans cet univers fabuleusement factice, elle gère son reflet comme une pro, et sa candeur camomillée idem. Et je ne parlais pas de la chèvre de Mr Seguin tout à fait par hasard, parce que bien sûr le loup va se ramener, et il va faire passer un sale quart d'heure à qui de droit.
Le fameux quart d'heure final, qui a fait tant glapir gloser hurler hystériser s'époumoner cannesquement que, finalement, on en resterait presque, pervers glouton spectatorial affamé qu'on est, sur sa faim, justement. "Ah bon c'est ça, le scandalous ?". NWR nous la joue un peu trop chic et timoré semble-t-il, et du coup ça perd un peu de sa force. La scène "de la baignoire et de la douche" est quand même plutôt soft et retenue, comme si le réalisateur ne s'était pas autorisé à en montrer juste un peu plus (Bruno Dumont l'a bien osé -et réussi-, par exemple, ah oui pardon Ma Loute était une comédie donc ça passe mieux...). Je n'avais pas voulu trop en lire avant (le minimum donc, juste la bande-annonce et quelques mots glanés dans les échos  cannois) ce qui fait que je m'étais fait un film, et qu'il ne correspond pas vraiment (tout à fait) avec ce que j'ai vu.
Une seule certitude : ça secoue. (Les copines qui m'ont vu à la sortie ont trouvé que j'en faisais une drôle de tête...) Et c'est un peu plus convaincant que Only god forgives. Même si la seconde partie n'est pas totalement convaincante (euphémisme pudique).

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29 juin 2016

fête du cinémaun

avec Joseline pour deux séances de la fête du C.
d'abord je l'accompagne voir

THE WITCH
de Robert Eggers

Ca me faisait vaguement envie, et puis c'est plus rigolo d'avoir peur à deux... (Elle aussi est bon public, et sursaute quand il faut sursauter, quand le réalisateur fait exprès de vous faire bondir...) Sauf que là, pas vraiment. D'abord le film est en vf (la synchro est plutôt bien faite) ensuite il est en costumes (comme sur la boite de céréales Qu*ker Oats), et pendant une bonne première heure ça ne fait que jacasser de religion de dieu de jésus de péché de satan de repens-toi de tes péchés, de à genoux pécheresse, prières, prêchi-prêcha et bondieuseries à tel point qu'on se croirait dans la version ciné d'une brochure des Témoins de Jéh*vah... En plus le père de famille ressemble à Bruno Lochet, des Deschiens, (il n'y est pour rien, et en plus j'aime beaucoup Bruno Lochet) mais là ça fait bizarre et ça n'aide pas à adhérer à l'histoire. D'autant plus que c'est un peu du grand n'importe quoi n'importe comment, justement l'histoire. C'est un film pour lequel l'adjectif inepte semble avoir été tout spécialement créé.

(là je reviens après avoir fait un crochet par all*ciné pour trouver le nom du réalisateur, et j'hallucine à propos de la revue de presse : à part les Cahiaîs tout le monde à trouvé ça sublime génial merveilleusement terrifiant chef-d'oeuvre et j'en passe... le lapin diabolique les aurait-il tous envoutés ?)
Car il y a un lapin diabolique. Si si. Enfin, on me souffle à l'oreille qu'il s'agit d'un lièvre. Ok, un lièvre diabolique alors.

Allez va, je vous raconte. il y a longtemps (il était une foi), une famille d'Anglais pauvres qui ont émigré aux Etats-Unis sont chassés du village où ils vivaient pour cause de foi trop intègrement déviante. (Les Témoins de J, à côté, c'est Camping 3). Ils vont s'installer (papa maman et les cinq enfants) tout seuls dans le trou du cul du monde, juste à côté d'une inquiétante forêt (très bien filmée, il faut le reconnaître.) Le papa (celui qui ressemble à Bruno Lochet) passe son temps à couper rageusement du bois à la hache (réminiscence : comme Josh Brolin le papa possédé dans Amityville), tout en faisant toute la sainte journée des quizz cathos à son fiston.
Comme enfants, il y a, hormis le fiston (imbattable en quizz cathos), la soeur aînée (qui est la blonde et virginale héroïne du film), une paire de jumeaux plus jeunes (garçon/fille) qui passent leur temps à discuter avec le bouc noir de la famille, et le tout petit dernier, un joli bébé d'amour. Gazou gazou. Qui va disparaître assez rapidement (très rapidement même, juste le temps d'un gazou) et dont le réalisateur nous explique alors par l'image qu'il a été couic! par une sorcière (la ouitche du titre) pour l'accomplissement d'un rituel de sorcellerie, avec dame toute nue qui s'oint avec de la pâte de bébé pilée au mortier.
Après ça tout dans la famille va partir à vau-l'eau (à bouc-l'eau, plutôt) : le papa et le fiston qui étaient partis dans la forêt (pour tuer un loup) se retrouvent face à face avec un lapin diabolique, puis une nuit l'héroïne et son frère repartent dans le bois avec le cheval de Papa son chien et son fusil (on ne sait pas trop pourquoi), la fillette est retrouvée mais pas le chien (égorgé) ni le cheval ni le fusil, et nous (spectateurs omniscients) on sait que le fiston a rencontré dans la cabane de la forêt (celle ou le bébé a été pilé) une belle jeune fille  mi Blanche-Neige, mi-Chaperon rouge, qui l'attire l'embrasse et couic! noir on n'en saura pas plus.
Sauf que quand il revient à la maison  il est tout nu et comme possédé. Et il finira par cracher une pomme ensanglantée qui le gênait pour respirer (je n'invente rien promis juré craché) et  couic! il meurt. Ensuite ça part dans tous les sens, tout le monde ment, accuse tout le monde d'avoir menti, avoue ses mensonges, soupçonne tout le monde d'être sorcier, d'avoir fait un pacte avec le diable, le père enferme les enfants restants dans la grange avec le bouc pour qu'ils y passent la nuit, la mère voit réapparaître ses enfants morts, le père coupe du bois comme un fou, il y a un drôle de machin qui se matérialise dans la grange pendant la nuit, au matin couic! le père se fait encorner par le bouc (les jumeaux couic! couic! sont morts) la mère couic! aussi mais je ne sais plus comment, et ne reste que la jeunette seule avec le bouc, à qui elle demande de lui parler et qu'on entend lui répondre en off (malin, le réalisateur), et elle finit par aller dans le bois où il y a un sabbat, elle enlève sa chemise de nuit et elle s'envole joyeusement sous les arbres, et voilà. Ah oui, à un moment, dans la grange, on a encore vu réapparaître le lapin diabolique mais je ne sais plus quand.
Ahahah! là il faut éclater d'un grand rire diabolique en s'envolant comme  notre héroïne  tout nu sous les sapins.

Je suis très perplexe, quand même. Les critiques qui ont adoré, auraient-ils tous signé avec leur sang dans le livre du bouc noir ? J'aimerais tout de même qu'on m'explique cet effet de sidération collective critiquesque (Sorciers, sorciers, vous êtes tous des sorciers ! réminiscence de Rosemary's baby, qui, lui -le film- continue de me foutre authentiquement les jetons...). Même 4€ ça semble bien cher payé.

Le réalisateur a été primé à Sundance 2015 comme "meilleur réalisateur", c'est peut-être ça qui a fait jubiler les critiques ?
Merchandising : Tout a été extrêmement bien pensé:

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l'affiche française est bien moins originale que ses homologues américaines. Elle "vend" plus ("survend" serait plus juste). Le cadre noir ("mmmmh vous allez avoir peur"), l'accroche sur le cinéma d'horreur (pour les aficionados), la silhouette de femme nue (pour les libidineux) la double référénce à Sundance et à Gérardmer (la réconciliation entre les intellos et les fantasticos) et puis vous avez remarqué la graphie du titre ? c'est pas WITCH mais VVITCH qui est écrit (pour les sémiologues / graphomanes ?) bref ça ratisse large...

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Les affiches américaines sont quasiment parfaites... Simples, fortes, graphiques, accrocheuses (mais bon elles vendent "autre chose" tout à fait autre chose que le film qu'on va voir en réalité).
Tout comme la bande-annonce, très très très menteuse, qui vous fait croire/craindre un genre de "Blair Witch au Moyen-Âge" absolument terrifiant alors que pas du tout.
Bon ceci dit, on ne peut pas nier que le réalisateur soit habile (à défaut d'être sincère ?) et considérer ce film comme un exercice de style un "on va faire comme si...", et donc attendre, quand même, de jeter un oeil sur son prochain film. En priant pour qu'il ne s'agisse pas de The Witch 2...
Finissons avec deux images et ce qu'elles suggèrent :

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(vous ne trouvez pas, pour Bruno Lochet ?)

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last, but not the least, le lapin lièvre diabolique

27 juin 2016

qu'on s'amuse dans les p'tits patelins...

BIENVENUE A MARLY-GOMONT
de Julien Rambaldi

 (Vous vous souvenez de Marie-Paule Belle ?) Marly-Gomont , je ne connaissais de nom que dans le morceau de Kamini (le rappeur sympathique) -morceau q'on entendra d'ailleurs au générique de fin, et ça tombe très bien puisque le film est "d'après une histoire vraie", celle justement de Kamini.
Je ne veux pas me disculper, je l'ai vu juste parce que j'avais droit à une séance gratuite, et que je voulais en profiter, et c'était justement le seul film envisageable. L'histoire je la connaissais en gros : un médecin black qui vient s'installer -avec sa famille- à Marly-Gomont, un petit patelin de Picardie Profonde, pour y exercer, et du mal de chien qu'il a pour s'y faire accepter, -ils sont les prmeirs noirs à en fouler le sol-.
Le village est en émoi, d'autant plus qu'il va y avoir bientôt des élections, et que le maire qui l'a recruté, plutôt bonnasse, risque bien de le payer en se faisant balayer par un notable local, bien pensant à tendance catho bèc'-bég, (on sait dès le début que c'est lui le méchant très méchant, de la même façon qu'on se doute aussi que c'est le maire gentil qui va être réélu et -surtout- que le médecin black va pouvoir d'installer définitivement dans son nouveau cabinet et qu'il y aura beaucoup de clients.)
C'est construit comme un conte et c'est pourtant basé sur une histoire vraie. C'est filmé très simplement, sincèrement, au ras des labours, il n'y a là-dedans rien de virtuose. Si les personnages de la famille sont traités plutôt justement, les autres, les locaux , comme la famille black agrandie, sont un peu esquissés à gros traits (version Bienvenue chez les ch'tis vs La famille Foldingue) et ça déséquilibre parfois un peu le récit, pourtant on regarde ça, attendri, on a envie d'être d'indulgent. Kamini, qui a co-écrit le film me semble-t-il (enfin, le scénario) donne une sacrée belle image de son paternel, nous raconte tranquillement son histoire et tout ça se voit sans déplaisir (et sans honte non plus). Très joli générique de fin (sur le Marly-Gomont initial de Kamini) et on sort de là avec le sourire.
Et on a une pensée tendre pour Rufus, excellent et juste (comme d'hab') en paysan-doudou.

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20 juin 2016

ce que les mollahs sont ?

NO LAND'S SONG
de Ayat Najafi

(Dans le cadre de notre "semaine musicale". Bonne surprise : presque une vingtaine de spectateurs à cette séance de samedi 18h dans le bôô cinéma.)
Sara Najafi, musicienne et compositrice iranienne, s'est mis en tête -quelle folie!- d'organiser un concert public de voix de femmes. Sauf que "ils" (les instances politico-religieuses, ou religioso-politiques, c'est selon, bref les vieux birbes avec les barbes) ont déclaré que c'était interdit, de faire entendre, comme ça, au grand jour, des voix de femmes solistes : pensez donc, ça risquait de provoquer des pensées impures chez la gent mâle et de nous les échauffer, les pauvres... alors, raoust : pas de concert!
Sauf que la jeune femme est entêtée, et on va suivre son projet de a jusqu'à z (on sait quand même, dès le début du film, que le fameux concert aura eu lieu), toutes ses démarches, successives (c'est pire qu'un 400m haies), tous les bâtons qu'on lui mettre successivement dans les roues, tous les refus, les arguments fallacieux, les tentatives d'intimidation, les manipulations, les suggestions hypocrites.... Tout, oui, elle aura tout vu (et entendu, surtout!), pour que l'événement ne puisse pas avoir lieu.
Sauf qu'elle a eu la bonne idée d'assoicer, assez vite, aux voix des chanteuses iraniennes, des voix de chanteuses étrangères : deux françaises (Elise Caron et Jeanne Cherhal) et une tunisienne Emel Mathlouthi), et aux musiciens iraniens leurs homologues, français. Faisant de son projet initial un pont entre les deux cultures, un échange fructueux entre les patrimoines et les techniques de chant de chacun(e). (Elle en profitera pour nous esquisser  un historique  des voix de femmes iraniennes -où l'on aura notamment l'occasion de voir un extrait de film (scopitone ?) plutôt surprenant où une voluptueuse chanteuse iranienne chante, sans voile et le verre à la main, une ode à l'ivresse... Autres temps... L'extrait en question est, me semble-t-il, daté de 1954-. Visiblement ça avait l'air de rigoler un  plus en Iran, en ces temps-là.)
Donc les femmes ne peuvent pas chanter seules, (ou devant un public exclusivement féminin), mais bon elles le peuvent en étant accompagnées par des voix mâles (devant un auditoire mixte) ou par un accompagnement musical suffisamment fort pour qu'il couvre leurs voix! Et ainsi de suite.(Une femme a été interdite de chant, mais on l'autorise à donner des cours, notamment à des homme, mais sans que ceux-ci puissent entendre sa voix! C'est plus qu'ubuesque, c'est aussi révoltant que grotesque. combien de fois je me suis retenu de ne pas crier "vieux cons!". Et pourtant, c'est comme ça, ma soeur.)
Le film fait des allers-retours entre Téhéran et Paris, au fur et à mesure que les mois passent, entre espoirs et déceptions, entre feux et contre-feux, entre tentatives de dialogues et fins de non-recevoir, entre oui on y va et non on ne peut plus y aller (menaçant de devenir non on ne veut plus y aller), les "ministres de la culture" changent, les décisions aussi, oui mais non, mais Sara Najafi tient le cap, s'acharne, persiste, infatigablement.

Jusqu'à réussir à obtenir gain de cause. Ouf, les visas sont enfin délivrés, les européen(ne)s s'envolent pour Téhéran, les répétitions commencent, jusqu'à ce qu'un pénultième rebondissement intervienne : sur son compte f*cebook, une des chanteuses a fait de la pub pour l'événement. Ach! Forbiden! Très interdit! "Ils" proposent un nouvel arrangement "amiable" : le concert ok mais dans une salle minuscule, devant un public (réduit) par eux autorisé, plus 3000€ (pour acheter leur silence). Tempêtes sous plusieurs crânes dans la salle de répèt, jusqu'à la décision unanime : on refuse de le faire dans ces conditions-là. Et on va donc reprendre l'avion.
Et la réaction alors  presque surprenante des "ils" : "Ah bon ? Mais on ne veut pas que nos amis européens repartent avec une mauvaise opinion de nous. Bon, alors, allez-y, vous pouvez..."
Et la bonne nouvelle est annoncée par Sara au reste du groupe, et c'est la joie, "ça" va se faire, on vit ce moment avec eux, et on a les larmes aux yeux quand on entend les applaudissements du public et qu'on les voit -enfin!- monter sur scène. (On aurait même aimé en voir davantage, de ce fameux concert). Oui, c'est vraiment très émouvant (il n'y a pas que moi qui avait la larmichette à l'oeil héhé). Et c'est comme une minusculissime et bienfaisante goutte d'espoir. Oui, on peut toujours réver...

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17 juin 2016

tasses cassées

TAKLUB
de Brillante Ma Mendoza

Un film saisissant. Aux Philippines, après un typhon d'une violence extrême, des "habitants d'un quartier défavorisé", qui ont survécu (mais en ont été chacun à sa manière durement éprouvées, surtout par la disparition de proches -et l'incertitude qui en résulte-), survivent, donc, chacun avec son énergie propre, et gèrent au quotidien les problèmes, parent au plus pressé, font des démarches, s'entraident, espèrent...
Un des personnages centraux est celui d'une mère divorcée, qui tient une gargote, et dont trois des enfants ont disparu. Un personnage magnifique, poignant, de par sa simplicité, son extrême dignité, sa compassion, sa volonté. Elle continue de servir des breakfasts, elle effectue des démarches auprès des autorités, elle vient en aide aux (encore) plus défavorisés...

La caméra de Brillante Mendoza est toujours maniée à l'épaule, mais on n'éprouve pas ici ce sentiment parfois éprouvant de roulis et tangage qu'on éprouva par le passé. La qualité d'image est admirable. L'utilisation de focales très courtes, avec passages fréquents du net au flou (et inversement) font de chaque plan une composition saisissante, plastique, comme si chacun des à-plats  (difficile à expliquer cette sensation, référence à la peinture, à l'importance de la matière, de la densité) pouvait être apprécié  "abstraitement", seul,  avant de faire sens en tant qu'élément d'un discours filmique (d'un tout narratif). La lumière du film est, le plus souvent, inouie. On apprécie chaque plan avant de le comprendre.

Car Taklub ("le piège", en vo) n'est pas construit linéairement, le long d'une trajectoire personnelle, mais plutôt comme la mise en commun de  différents éléments simultanés, ou voisins. Une composition impressionniste (et impressionnante), où il serait plutôt question d'existences saisies à un instant n, sans qu'il soit forcément question de comprendre tout ou de justifier quoi que ce soit.
On sait Brillante Mendoza cinéaste du réel, et Taklub l'exprime sans doute encore plus que les autres films du cinéaste. en tout cas différemment. (On pourrait presque parler de réalité augmentée). Comme on nous l'expliquera à la fin, il s'agit des histoires de personnages réels, qui ont été rejouées par des acteurs, mais sur les lieux-mêmes (décors qui "parlent d'eux-même", de par la violence qu'ils montrent ou suggèrent) où les choses se sont passées. Un an après les faits, ils vivent toujours dans la même précarité (encore aggravée pour certains, pour la plupart) pas grand-chose n'a changé, et les faits se répètent (une scène de tempête absolument saisissante). Cette forme de reportage à peine scénarisé (ou de scénario documentarisé) accentue encore l'effet produit sur le spectateur (où il serait question d'empathie). Le film débute, de nuit, par un fait-divers tragique (la mort d'une famille dans l'incendie de sa tente) et se clôt sur un acte minuscule, en apparence, mais extrêmement fort, d'apaisement. c'est le matin, c'est un autre jour. A chaque fois, repartir...

J'aurais pu (j'aurais du?), en bon athée que je suis, être un peu gêné par l'importance de la foi, et la place accordée à Jésus (la figuration récurrente de la croix) mais Brillante Mendoza y a recours de façon plus intelligente. Si, ailleurs, le football est l'opium du peuple, la religion aussi l'est, ici. Le réalisateur nous parle de l'espoir que ces personnages mettent dans une hypothétique présence divine, et de la façon dont la religion est omniprésente dans leur vie, mais il évoque aussi, à plusieurs reprises, la déception éprouvée, voire carrément la révolte que plusieurs de ces personnages vont expérimenter. L'un d'eux va même refuser de continuer à porter sa croix, au sens propre, et tourner simplement les talons. S'éloigner.
J'ai vécu le film au premier degré, simplement, intensément, immersivement, et j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. Un vrai grand beau et incontestable moment de cinéma.


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14 juin 2016

c'est bath

LA BELLE EQUIPE
de Julien Duvivier

C'était le "film-patrimoine" de notre programmation, et j'y suis donc allé, (je ne l'avais jamais vu je précise) la tête pleine de petit vin blanc et de tonnelles, de guinguettes, de Front Populaire, d'ouvriers en goguettes, d'insouciance et de plus bath des javas... il y a un peu de ça au début en effet. mais le petit vin blanc en question a plutôt un goût amer...

Cinq copains, au chômage, (mais qui cherchent des emplois!) et squattent ensemble à L'Hôtel (miteux) du Roi d'Angleterre, ont soudain un coup de chance : le billet de Loterie qu'ils avaient acheté ensemble est gagnant! en plus ils ont gagné la somme colossale de 200 000F. Que faire de ce pactole ? Après avoir d'abord somptuairement fêté ça en arrosant de mousseux tout le voisinage, les cinq potes (aux premières loges Jean, dit Jeannot -Jean Gabin-, Charles dit Charlot -Charles Vanel-, les trois autres ont moins d'importance (et moins de place au générique : il y a Mario, celui qui est recherché par la police, et les deux autres, dont je me souviens pas du prénom, mais qu'on pourrait résumer l'un par celui qui va partir parce qu'il est amoureux de la fiancée de son copain et l'autre par celui qui va tomber du toit et gâcher un peu la fête).

Car notre club des cinq (potes) a eu finalement une chouette idée : acheter une bâtisse au bord de l'eau, la retaper joyeusement ("siffler en travaillant") pour en faire une guinguette qu'ils inaugureront le dimanche de Pâques (c'est dit et répété). ils se sont mis au travail avec enthousiasme, sauf que les choses ne vont pas se passer vraiment comme prévu.

D'abord avec la réapparition de Gina, l'ex-femme de Charles Vanel (Viviane Romance dans un rôle de garce absolue, qu'on pourrait aller jusqu'à traiter de salope, oui, elle le mérite) par l'odeur des pépettes alléchée (elle réussit à soutirer à son ex 2000F. que Gabin décide d'aller récupérer, mais lorsqu'il la trouve en nuisette dans sa chambre en train de se faire ses ongles et à lui les yeux doux, il ne va pas résister, vous pensez bien...), et toute la suite du film ne va pouvoir que nous faire constater le délabrement aussi progressif qu'inéluctable du projet initial, et la démantibulation impitoyable du chouette groupe de camarades. Les défections successives, jusqu'à l'issue fatale, tout aussi impitoyablement provoquée par notre garce de service. (Un monde idéal où il n'y aurait que des hommes, semble résumer le film, serait quand même beaucoup plus simple... "Avoir un bon copain...", air connu. On peut rêver, oui...).

Tout ça est sympathique, pittoresque, mais un peu simpliste. A la façon des personnages principaux (Gabin, magnifique à casquette et à oeil de velours, et Vanel plus étonnant dans un rôle de cocu, de faible aux yeux baissés) les idéaux de 36 ont désormais pris du plomb dans l'aile, un sacré coup de vieux... On a pourtant plaisir a entendre, en situation, Gabin pousser la chansonnette "Quand on s'promène au bord de l'eau...", la nostalgie point, puis finit par se désagréger... Le schéma narratif est finalement sans surprise : le beau gosse séduit, la garce manipule, le faible se fait manipuler, les mecs sont esclaves de leur pulsions, et les femmes les mènenet par le bout de ce que vous voulez. Et l'argent ne fait pas le bonheur, bien évidemment. mais bon, un beau noir et blanc, du rire et des larmes, de la gouaille, un petit air d'accordéon, les beaux jours du temps jadis... on se laisse aller, comme une barque sur la Seine, (la Marne ?)

"Le dimanch' viv'ment
On file à Nogent,
Alors brusquement
Tout paraît charmant ! ..."

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13 juin 2016

freshmen

EVERYBODY WANTS SOME
de Richard Linklater

Sur l'affiche, il y avait des points d'exclamation au bout, mais au générique il n'y en a pas. (J'ai d'ailleurs eu des inquiétudes, puisque ce générique était en français, les intertitres en français aussi, et, les premières minutes du film étant muettes, j'ai dû attendre un peu pour m'entendre enfin confirmer qu'il s'agissait bien de la Vostf)

Linklater, j'avais adoré son précédent Boyhood, et donc il semblait logique que nous programmassions le suivant -celui-ci- dans le bôô cinéma. Boyhood suivait une famille pendant une dizaine d'années (avec les mêmes acteurs/personnages qu'on voyait ainsi grandir/vieillir), tandis que Everybody wants some (j'ai appris que c'était le titre d'une chanson de Van Halen, de 1980) se déroule sur un laps de temps beaucoup plus court (3 jours, grosso-modo) mais qu'on a aussi l'occasion de voir grandir/vieillir les personnages. Si si!

Il s'agit des quelques jours précédant la rentrée en fac d'un jeune homme (jeune jeune, donc), -le décompte du temps apparaît d'ailleurs régulièrement à l'écran- engagé dans l'équipe de base-ball locale, et qui emménage donc dans la "résidence" où cohabitent déjà les autres jeunes gens qui vont faire partie de la même équipe que lui... Histoires de (petits) mecs : on prend contact, plus ou moins amicalement, et aussitôt on prend les mesures (les mecs adorent ça, jouer à c'est moi qui ai la plus grosse), et bien sûr, on prend aussi sec (oups j'avais tapé aussi sex, ce qui n'est pas tout à fait faux, j'en reparlerai plus loin) des mesures : t'es mon pote ou pas, tu me respectes ou pas, on chasse ensemble ou pas, et il s'agit alors de sceller ces affinités ou de confirmer ces inimitiés de toutes les façons envisageables.

Le film est situé au début des années 80, et non seulement sa bande-son le confirme et l'atteste (on y ré-écoute beaucoup de choses qu'on avait, justement écouté dans ces années-là) mais également le soin apporté à la reconstitution des looks (coiffure et fringues) de l'époque. On s'y croirait. Il est surtout question des jeunes mâles (la "belle équipe" des joueurs de base-ball, des plus aguerris aux plus débutants), et, s'il règne dans le film un incontestable parfum de nostalgie, une lumière rouge clignotante s'est allumée dans ma tête car pour un spécialiste comme moi des FAQV, cette nostalgie est à double-fond, car cet univers évoque inévitablement celui des pornos gay américains de ces années-là (que je n'ai découverts qu'un peu plus tard), où les jocks (= mecs virils) sont beefy (= bien bâtis) et horny (en rut), avec des coupes de cheveux très 80, des moustaches (et parfois des barbes) très 80 aussi, et des petites chemisettes ajustées, et des petits jeans super moulants, et surtout, ô surtout, des petits shorts riquiquis qui menaceraient d'exploser au moindre mouvement un peu brusque (et je suis sûr que s'il y avait eu des QV, -rassurez-vous il n'y en a pas-, elles eussent été épilées, comme les acteurs des films gay américains ont hélas appris tôt à le faire.)

Sauf que (sauf que) ce sous-sous-texte gay ne se claironne pas,  ne se cantonne que dans les arrière-pensées, tellement le film est très strictement hétéronormé. Chambres d'étudiants, toilettes, vestiaires, ce ne sont pourtant ni les lieux ni les occasions fantasmatiques qui manqueraient. Mais non. Nos mousquetaires base-balleurs sont "normaux" (entendez "ils cherchent juste des meufs").

Et Linklater, sous le prétexte d'une comédie potache, réussit à nous faire voir un  documentaire, sur trois sujets qui me sont assez fondamentalement étrangers :
1) - les rites et rituels des fratries estudiantines US (bizuthages compris)
2) - le base-ball, ses règles opaques et ses mots de code mystérieux : butte, batte, catch, pitch, homerun et j'en passe
3) - les processus de parades amoureuses de la gent masculine (over-testostéronée, ils ont dix-huit, vingt ans, pensez...) vis-à-vis de la gent féminine, en vue d'accouplement d'abord ou plus si affinités (ensuite).

Et on va donc suivre nos coquelets (dans leurs adorables petits shorts) l'espace de quelques jours et d'aussi peu de nuits, dans leur emploi du temps de pré-rentrée : draguouille, bibine, fumette (beaucoup), entraînement (un peu) et discussions diverses (énormément). Un mélange assez plaisant de film de potes, film de fac, et film d'apprentissage (car il est tout de même, au bout d'un moment, de grandir, et d'envisager (j'avais écrit enviager, ça n'est pas faux non plus...) l'avenir), moins ambitieux que Boyhood et presque (je dis presque) aussi plaisant à regarder.

J'apprends d'ailleurs, en fouinant sur le ouaibe, qu'il (ce film) ferait référence (ou constituerait un genre de suite, ou de clin d'oeil, ou d'hommage...) à un film précédent du même Richard Linklater, Dazed and confused (en français, Génération rebelle) avec -ils étaient alors jeunets-, Ben Affleck, Milla Jovovitch et Matthew Mac Connaughey, qui raconte la même histoire,ou presque, mais en 1976 (et qu'il va donc falloir que vitement je me procure.)

Un film sympathique qu'on pourrait conclure avec une formule qui fit déjà maintes fois ses preuves lors de nos apéros entre amis "aux vacances, qui ne finiront jamais...".(private joke)

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6 juin 2016

moy/moy

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RETOUR CHEZ MA MERE
d'Eric Lavaine

Jour de pluie annoncée et de faiblesse cinématographique : il me reste quatre places sur ma carte ciné qui expire le 06.06. Arghhh! Comme je ne veux pas leur faire cadeau d'un centime, je vais donc "finir ma carte", avec des films que j'ai plus ou moins envie de voir (et encore, j'ai zappé Le jour de la fête des mères, la suite d'Alice, X-men machin, et autres joyeusetés). Celui-là fut donc le premier, dont la (première) bande-annonce m'avait tout de même procuré un fou-rire (dit "de la cousine d'Amiens") à retardement mais plutôt conséquent, et dont la seconde (celle de l'adresse mail) me fit rire aussi mais moins -je suis bon public-.
Josiane Balasko (oui oui), Alexandra Lamy (mouais mouais) , Mathilde Seigner (bof bof) pour une histoire de famille assez convenue. (Pitch : une jeune architecte ruinée retourne vivre chez sa mère, et craint que celle-ci ne soit atteinte d'Alzheimer, alors que'elle vit simplement une passion torride avec un voisin, mais ne sait pas comment l'annoncer à ses enfants. D'où mensonges et quiproquos.) Rassurez-vous, tout finit bien, plus que bien même, celle qui était ruinée ne l'est plus, celle qui ne savait pas comment l'annoncer à sa famille réussit à le faire, celle qu'on prenait pour une soeur méchante et bête se révèle être gentille et super-futée, celle qu'on croyait être la meilleure copine se révèlera être la plus fieffée des salopes, et à la fin tout le monde s'aime et se réconcilie, et boit du champagne en riant aux éclats devant une villa de rêve avec piscine à débordement.
Et, comme nous le craignions, les deux gags vus dans les bandes-annonces sont effectivement à peu près les deux seuls du film.
Bon, une place d'utilisée.

 

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ILS SONT PARTOUT
d'Yvan Attal

Les critiques n'étaient pas dithyrambiques (euphémisme) mais la bande-annonce m'avait appâté (hameçonné : Attal, Poelvoorde, Bonneton, Gainsbourg, Gadebois, Podalydès, Lellouche, Damiens, et même Robert Castel et Lucette Sahuquet Marthe Villalonga -comment, elle n'est pas morte ?-, sans oublier Popeck). Et voici donc le deuxième film de l'après-midi "pour vider la carte". Yvan Attal parle de son rapport avec le fait d'être juif, à travers une série de rendez-vous avec son psy (enfin, le psy de son personnage) moments simples et sans doute les plus "justes" du film,  entre lesquels sont insérés une série de sketches mettant en scène tous les acteurs énoncés ci-dessous, chacun illustrant un "lieu commun" relatif aux Juifs ("ils sont partout", "ils sont riches", "ils s'entraident", etc.). Sketches plus ou moins réussis, plus ou moins étirés, plus ou moins pertinents, ayant tous en commun le fait de ne pas savoir vraiment comment finir... On sourit souvent, on rit, franchement, un peu moins (en se disant jusqu'où peut-on vraiment rire de tout sans passer pour un antisémite ?) et on est -vraiment- ému au moins une fois, lors de la séquence avec, justement, Popeck, qui en deux minutes vous fait venir les larmes aux yeux en ôtant simplement son pull. Poelvoorde en leader d'extrême-droite qui se découvre juif, Bonneton en quasi-Marine, Gainsbourg en pétasse à chewing-gum, Gadebois et Podalydès en talmudistes pointilleux (j'avais écrit titilleux...) , Damiens en activiste pro-roux de Drancy,  Lellouche en agent du Mossad qui voyage dans le temps, autant de points de départ plutôt plaisants mais dont l'exploitation laisse hélas le spectateur sur sa faim (sur sa fin ?). Aurait pu vachement mieux faire (j'ai toujours trouvé Yvan Attal plutôt sympathique comme garçon (comme acteur et comme réalisateur, oui oui) mais là bon il y aurait comme un léger malaise.)
Bon, quand même, deux places utilisées.

4 juin 2016

doudous

LA SOCIOLOGUE ET L'OURSON
de Etienne Chaillou et Mathias Thery

Oh que voilà un film charmant! (comme dans prince Charmant), oh que voilà un film mignon! (comme dans péché mignon) oh que voilà un film optimiste! (comme euh... comme quoi, tiens ? Ben comme le film vu précédemment, Comme des lions, qui bien que sur un thème différent (grève dans une usine là-bas, loi sur le mariage pour tous ici) et avec des moyens non comparables (vrais gens là-bas et peluches et marionnettes ici) produit pourtant le même effet (un enthousiasme indéfectible) avec un sujet qui se suscitait pas a priori un enthousiasme sautillant et laudatif et qui se manifeste de part et d'autre par les mêmes formes d'actions : les manifestations, justement!

Je me suis affalé dans mon fauteuil en ronronnant quasiment, tellement tout ça (je reviens au film du jour) est filmé de façon plaisante. Je résume : le réalisateur (Mathias Thery, qui espère bientôt se marier avec son ami) a une maman (Irène Thery) qui est sociologue, et à qui il va poser beaucoup de question (en tant que Candide) à propos du mariage pour tous, avant, pendant, et après que cette loi, justement soit votée. Ce furent des conversations téléphoniques, entre mère et fiston, qui sont rejouées par des peluches, utilisant les voix d'origine. L'effet est enthousiasmant.

Parce que la maman en question n'est pas la première sociologue venue, elle a pignon sur rue, et opinion sollicitée (elle est reçue à l'Elysée, par un président lui aussi marionnettisé, elle intervient à la radio, à la télévision, bref, c'est une tête ! Et ce que qu'elle explique à son fils (et à nous du même coup) est passionnant : sur le mariage, sur la famille, sur la notion de "parents", sur la procréation. J'étais toute ouïe (l'intelligence est une chose fascinante, surtout quand elle est alliée à un esprit de synthèse et qu'elle sait aussi bien expliquer -résumer- les choses).

Elysée, radios (les journalistes sont figurés par des oiseaux, d'envergures variables), Assemblée Nationale, mais aussi, la rue, et ses manifestants (les pour et les contre, d'ailleurs, avec notamment Frijide B. en chair et en os, mais aussi en schtroumpfette...), le film varie les décors (les vrais et leur représentation) et les personnages (idem).

Ce film est un régal, à recommander absolument. Et je dois, encore une fois, remercier publiquement Hervé de nous l'avoir conseillé...) j'avoue que je n'étais pas très tenté, peut-être juste le titre ne donne pas franchement envie, mais c'est la bande-annonce qui m'a énormément plu, séduit même, instantanément, à tel point que j'étais très impatient de voir le film (bon, jeudi 18h on était 3... tant pis pour eux, les autres, qui ne sont pas benus, il leur reste encore deux séances pour se rattraper!)

Vous savez ce qu'il vous reste à faire, hein ?

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3 juin 2016

a.s.e

THEO & HUGO DANS LE MÊME BATEAU
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Le nouveau Ducastel et Martineau, qu'on a programmé sans même savoir de quoi il retournait (il me semble qu'Hervé l'avait vu au GNCR). Trois séances prévues dans le bôô cinéma, et à la première nous étions trois (avec notamment le gentil monsieur de Lons-le-Saulnier déjà évoqué par ici précédemment...)
Ducastel et Martineau sont pour moi, en tant que pédé de base, strictement inattaquables, pour leur engagement vis-à-vis de la cause LGBT (surtout le G) et dans leur lutte par rapport au SIDA.
Je pensais avoir vu tous leurs films depuis Jeanne et le garçon formidable jusqu'à Nés en 68 (qui est celui qui m'a le moins convaincu), amis je vois sur all*cinépoint freu que j'en ai manqué deux : L'arbre et la forêt et Juste la fin du monde (de Lagarce Jean-Luc, dont on prononça le nom sur la grand-scène Cannoise grâce à / à cause de Xavier Dolan et de l'adaptation qu'il vient d'en faire) que je viens donc de commander illico (puisqu'on ne peut se les procurer autrement...)
Il est souvent question de messieurs dans les films de D&M, et celui-ci ne va pas faillir à la règle. Ca démarre par une scène très hot, dans une boîte gay (un sauna ?), où les messieurs se promènenet zigounette à l'air, et ne cherchent visiblement qu'une chose : une autre zigounette (ou plus si affinités). Tout le monde à poil, musique techno, éclairages bleus et rouges comme dans un film de Dario Argento (ou l'affiche d'un Almodovar), bref chacun cherche son chas, et il y a vraiment beaucoup d'aiguilles dans cette botte de foin. (FAQV). Jeu des regards, puis on se touche, on se caresse, on se goûte, avec toujours la perspective d'autre chose, ailleurs, plus loin. Le fameux "quelqu'un d'autre" qu'on cherche, l'idéal, le suivant, celui qui serait forcément mieux que celui qu'on a sous la main (ou sous autre chose).
Hugo et Théo se rencontrent, se regardent, se rapprochent, se caressent, et finissent par baiser furieusement (façon de parler, c'est juste très sensuel, même si le "très sexuel" n'a provoqué qu'une interdiction aux moins de 16 ans). Ils font l'amour, et ça leur a visiblement plu à tous les deux, et ils se nettoient, se rhabillent, sortent de là, et on sait précisément l'heure qu'il est, puisque le temps nous est conté (on a eu l'heure de début, on aura 1h39 après celle de fin) oui il s'agit de temps réel (oui oui les critiques l'ont dit comme avec Corinne Marchand dans Cléo de 5 à 7). Sauf que Corinne Marchand attendait de savoir si elle avait le cancer ou pas, tandis que, pour nos deux gay tourtereaux, il s'agit de savoir s'il y aura séropositivité ou pas. Car, dans le feu de l'action, l'un a , quelle insouciance, pénétré l'autre sans capote, et l'autre était séropositif.
Le film bascule alors dans sa deuxième partie, une déambulation nocturne dans Paris, (c'est beau une ville la nuit, et c'est beau deux mecs qui se roulent une pelle au beau milieu d'une rue parisienne) d'abord aux Urgences, (questionnaire, protocole, trithérapie), puis dans les rues, et d'autres lieux, avec la palette (l'arc-en-ciel serait ici tout LGTBesquement approprié) des sentiments découlant de cette boulette d'inconscience. La roucoulade initiale vire d'abord à la colère, puis à la réconciliation, puis à la dispute, tandis que ces deux jeunes gens se rapprochent, s'apprivoisent, s'évaluent, pour se dire si ça vaut vraiment la peine (et entendent-ils une petite voix qui leur chuchote "Tu vas encore te faire du mal..." ?)
Cette deuxième partie (la troisième, surtout, celle après les urgences) est parfois moins convainquante, les dialogues en sont quelquefois maladroits, mais, midinet un jour midinet toujours, on prend le temps de les suivre, avec une bienveillante attention, jusqu'au petit matin (et une très jolie scène qui m'a semblée quasiment pompée sur Ida, mais on a déjà vu plus mauvais sujet d'inspiration).
Je m'interroge juste sur la portée du film dans nos lointaines (et bourbeuses) provinces : à quelle réalité peut-il, dans la majorité des cas, faire référence ? (Il n'y avait qu'à voir le nombre de spectateurs, à cette première séance : une dame, le gentil monsieur de Lons et moi...). En ces temps où même les cinéastes roumains craignent que le "cinéma d'auteur ne devienne un cinéma de niche", on peut craindre que le film puisse avoir du mal à trouver son public, que l'aspect "prophylactique" apparaisse trop pédagogique pour certains, et la partie fornicatoire beaucoup trop démonstrative pour d'autres. (Ce qui semble hélas s'être produit).
Je le souhaite pourtant vraiment de tout coeur, que cela puisse faire du bien à quelques-uns, de part et d'autre (le rapport sexuel pour les uns / le centre Info sida service pour les autres), et que le message d'amour soit globalement bienfaiteur pour tous les troisièmes (car c'est bien d'amour dont il est question avant tout...).
Les deux acteurs m'étaient inconnus, et ne font justement que renforcer l'aspect "ça peut arriver à tout le monde" de l'histoire (à la fois l'amour et la contamination), ils sont tout mimis, comme leur histoire d'amour naissante, comme le soleil se lève, à la fin, sur un nouveau jour, de nouveux espoirs, de nouvelles perspectives. De grandes espérances.

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