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lieux communs (et autres fadaises)

16 mai 2016

ptolémaïque

MA LOUTE
de Bruno Dumont

Comme pour le Woodychounet, mais peut-être pas pour les mêmes raisons, j'y suis allé le premier jour dès la première séance. Rarement j'ai autant appréhendé d'aller voir un film. Sans doute à cause de ce petit problème que j'ai avec les films de Bruno Dumont. Je restais sur l'expérience plus que très malheureuse (pour moi) de P'tit Quinquin, sur les souvenirs... douloureux de L'Humanité (où j'ai failli quitter la salle), de Hadjewich, de Hors Satan (ce qui commence à faire beaucoup) et me disais en tremblotant que si le "Dumont grave" ne me convenait pas, le "Dumont drôle" me convenait encore moins (je n'ai même pas réussi à regarder un épisode en entier)..., en me promettant bien que si celui-là non plus ne me plaisait pas, ce serait le dernier que j'irais jamais voir.

J'y suis allé "tout de suite", avant de lire les critiques, les interviews de Lucchini, l'entretien avec Brubru dans Les Cahiaîs, la conférence de presse Cannoise. Viergement. Je n'en connaissais que l'affiche, le bref copie-collé d'allocinépointfre que j'avais trouvé pour la programmation, plus quelques bribes de propos flottants par ci par là, et c'est tout.

Ca commence (on est une douzaine -des vieux- dans la salle 12, normal c'est une séance "de retraités".) Titre en blanc sur fond noir (comme le Woodychou) pas de musqiue et c'est tout, on attaque. Des ramasseurs de moules (toute une famille), dont on ne comprend pas tout à fait ce qu'ils disent (ce doivent être les fameux non-professionnels chers au réalisateur) sont doublés avec force pétarades sur un petit chemin côtier par une famille en costumes (et en voiture) : Papa Lucchini avec une tête d'aviateur (casque lunettes et rouflaquettes) et Maman Bruni-Tedeschi belle et chapeautée-corsetée comme une Georgette de Magritte (plus leurs trois enfants à l'arrière). On apprendra rapidement qu'il s'agit de leurs deux filles et de Billie leur cousin/cousine (en effet il est très difficile de savoir à coup sûr quelle est sa sexuation).

Dumont nous balance ensuite deux flics (les cicatrices de la blessure du douloureux souvenir des flics à tics de P'tit Quinquin ont instantanément menacé de se rouvrir mais non finalement) un très gros et un petit maigre rouquin, tous deux en costume noir et chapeau melon, exacte -et plaisante- hybridation entre Les Dupondt d'Hergé et Laurel et Hardy, qui enquêtent sur une série de disparitions mystérieuses et balnéaires. Dumont s'est amusé comme un petit fou à faire crisser le gros flic comme une baudruche (un ballon de) à chacun de ses déplacements, tout au long du film. Soit.

Disparitions dont on va comprendre les raisons assez rapidement : la famille des pêcheurs de moules joue aussi le rôle de passeurs, à pied ou en barque, (pour que les richards ne se mouillent ni les guêtres ni les mousselines), mais va surtout révéler son moteur principal : l'anthropophagie. (Si si). On savait Dumont avoir déjà fait oeuvre d'anthropologue, voire d'antropographe, et de graphe à phage il n'y avait qu'un pas (quasiment à gué, sans de mouiller les pieds ou presque) et il l'a donc franchi à pieds joints.

Deux familles donc, les bourges et les pauvres. Une paire de flics, et la nave va (la barque, plutôt). Le film est visuellement somptueux (décors et costumes) et l'atmosphère désuète et balnéaire m'a évoqué les cartes postales vieillottes et truquées des zinzins Plonk et Replonk (dont j'ai cherché en vain le nom au générique, tant leur participation n'eut pas ici dépareillé), pour des raisons de loufoquerie, d'ahurissements divers,  d'exagérations, d'inventions, d'absurdités et autres coquecigrues.

Et soudain voilà que tadam! ça coup-de-foudrise entre le fils des pauvres cannibales, nommé Ma loute, et Billie le/la cousin/cousine de la famille des riches. (Qui s'avère être le fils de Juliette Binoche, la soeur de Lucchini, mais c'est plus compliqué que ça...) et le récit alors s'ébranle,et continue de rouler, sur le sable et dans l'eau, comme une boule qui agglutinerait au passage tout ce qu'elle rencontre (un genre de blob balnéaire), et grossit grossit tellement que je n'ai pas envie de vous raconter après, je voudrais simplement que vous le voyiez (que vous le vissiez ?).

On ne serait pas très loin de la folie furieuse (à certains moments), du grand n'importe quoi à d'autres, et de scènes sublimissimes à d'autres encore. Si si. Le film m'a tourneboulé mais tout autant bouleversé. (Si on m'avait dit un jour que je serais susceptible de mettre un film de Bruno Dumont dans mon top 10, j'aurais éclaté d'un grand rire exagéré et tonitruant, et pourtant c'est exactement ce que j'ai pensé en sortant).

Ma Loute est un film aussi sonné (comme on dit chez nous) que sonnant (au sens "boxique", percutant, du terme). Et qui dit sonnant pense tout de suite à trébuchant. Et quand on trébuche la chute n'est pas loin (on tombe beaucoup, d'ailleurs, dans Ma Loute). Chutes de slapstick, ou de cinéma d'habituelle gaudriole (le ressort comique des quatre fers en l'air). Et on peut être déstabilisé par les excès (ou les travers) de jeu auxquels les comédiens (surtout les "pro") sont soumis (avec un beau et dangereux lâcher-prise, d'ailleurs) mais ça fait, justement, partie du jeu. Dumont s'est extirpé du marécage de la grandiloquente austérité (où, oui, je le trouvais bien embourbé) rigoriste et sans concessions, pour aller patouiller un peu comme un sale gosse dans un bac à sable voisin (le pédiluve de la fantaisie ?). Taper et éclabousser, avec sa pelle et son seau. Mélanger l'épouvantable et le drôlatique, la méchanceté avec le sucré, l'eau-de-rose avec l'eau de mer, bref organiser un mariage  forcé, contre nature, entre des éléments très hétérogènes (et récalcitrants), les familles ennemies, (les pêcheurs cannibales et les bourges dégénérés), mais, plus simplement aussi, les acteurs "habituels" de Bruno (les non professionnels) et les non habitués de chez Dumont (traduisez les "célébrités" : jamais distribution de Bruno D. autant ne rutila!)

Et il y aurait encore un point commun avec le Café Society de Woody Allen, évoqué au début de ce post : leurs scènes finales, où, (malgré des histoires des moyens et des décors qui n'ont rien à voir, qui se situeraient même aux antipodes l'un de l'autre), se rejouerait, finalement, la même chose ou presque. L'un, l'autre, ensemble, séparés, et simplement un regard  (réel dans un cas, figuré dans l'autre), muet mais qui en dit long...

Le film n'est pas outrageusement comique (on y rit finalement assez peu, en tout cas d'un rire pas habituel : pour Dumont, plutôt que le rire jaune, il faudrait inventer le rire rouge, ou le bleu clair, ou etc.) il est juste peut-être comiquement outrageux. Déstabilisant, trébuchant, emballant. Fascinant. Allumé, comme des étincelles qui naîtraient du frottage de silex inadaptés, incongrus, a priori inconciliables. Des pierres d'achoppement. Du choc thermique violent entre le grotesque et le sublime. Si si.

Qui pourrait faire dire de l'auteur, au choix, qu'il est un gros malin, un grand malade, ou un grandissime manipulateur. Comme faisant s'emboîter, de force (deux forces ?) des pièces de puzzle pas vraiment conçues pour ça. En force, oui, et dérivent et flottent au fil des courants , des lambeaux, le théâtre de Courteline ou Feydeau mais regonflé à l'hélium, surrevisité façonTardieu ou Ionesco, et les aventures de Bécassine, et le fils caché de La Castafiore, et la famille de Massacre à la tronçonneuse mais sans tronçonneuse, et les paysages sublimes de la Côte d'Opale, (et l'eau, et le ciel et le sel) et les ombres déformées et/ou lointaines de Bunuel, de Fellini, de Genêt, de Visconti, ponctuellement convoquées (grinçantes, grimaçantes, ricanantes)...

Oui, j'aime ce Dumont-là (même si, comme pour Apichatpong, pas forcément pour les bonnes raisons), ce film-là de Dumont, pour être plus précis, parce qu'on a vraiment la sensation, en tant que spectateur, d'assister à une véritable (et ambitieuse) mise en chantier cinématographique, une belle prise de risque, une audace formelle, une volonté d'hybridation (d'expérimentation) qui bousculent, secouent, frappent, envoient en l'air (pour reprendre des images du film)... Oui, il faudra que j'y retourne (et ce sera une première, pour un film de Dumont)

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14 mai 2016

"50 roses rouges... non, 100"

CAFÉ SOCIETY
de Woody Allen

Ca fait partie du calendrier : le colza revient, le festival de Cannes revient, et le nouveau Woody Allen, aussi, revient.
On l'avait, dans le bôô cinéma, en sortie nationale, et nous y sommes donc allés, avec Marie, dès la première séance (de 13h45, dite "de retraités"). Ca revient aussi, la même typo, le même générique en blanc sur fond noir, la même police de caractères, le même jazz, on n'est pas décontenancés... Woodychou est désormais trop vieux pour jouer dans ses films, mais il ne peut pas s'empêcher tout de même d'y apparaître, via une voix-off qui n'était pas forcément indispensable (c'est même le seul reproche que je pourrais faire au film, d'ailleurs), sauf pour nous exposer en ouverture les différents personnages, les traits qui les définissent et les liens qui les unissent : le héros, jeune juif new-yorkais qui décide d'aller tenter sa chance à Hollywood, son oncle qui y est agent de stars, son père et sa mère, petits commerçants new-yorkais, son frère, qui est gangster, la femme de l'oncle, la secrétaire de l'oncle... et on en a assez à mémoriser pour l'exposition.
On est donc à Hollywood, dans les années 30/40 (l'année n'est jamais explicitement citée mais le name dropping permet de se repérer un peu), et il apparaît assez vite que la romance (car toujours chez Woodychounet romance il y a) va se dérouler entre le jeûnot un peu empoté et la secrétaire jolie jolie jolie. Si je rajoute Jesse Eisenberg (lui) et Kristen Stewart (elle), point ne serait la peine de chercher quoi que ce soit d'autre pour s'enthousiasmer. Car c'est le cas.

Oui, il est trop fort, Woodychounet. A partir d'une histoire rebattue (il l'aime, elle l'aime aussi, mais elle en aime un autre, elle doit faire un choix...), des personnages archi-connus pour les films de W.A "en costumes" (la jet-set, le monde du cinéma, les gangsters, les starlettes, les parents juifs, les années folles) et des décors "qui ne le sont pas moins" (palaces, clubs de jazz, maisons de stars, raouts mondains) des façons de filmer "classiques", "habituelles", (décidément je n'arriverai jamais à me faire à cette tonalité jaune des scènes d'extérieur qui est la marque de fabrique de tous les derniers W.A ou presque) il nous embobine pourtant, nous empaquette et nous ficelle (ce n'est pas de moi mais je ne sais plus de qui c'est*) au cours de cette histoire "en deux époques" (ou de ces deux histoires consécutives, au choix). Il est question d'amour, bien sûr, mais ce n'est pas -heureusement- l'unique élément de la trame dramatique du film. Au glamour hollywoodien du couple Stewart/Eisenberg s'entrelacent la touche "scorsesienne pour de rire" en contrepoint sur le personnage de Ben, le frérot ganster (le tough guy, traité sur le mode humoristico / parodique de Prend l'oseille et tire-toi),  et une troisième trame, en arrière-plan, la plus "en-deça" et la plus touchante, celle de la brooklynienne famille juive.

Où comment, avec pourtant rien de très nouveau, Woodychounet nous en met plein la vue. Tout est impeccable et délicieux, à l'image de la très craquante Kristen S. (bon ça m'agace un peu que tout le monde ait l'air de réagir comme moi à son égard et de la trouver ainsi mêêêrveilleueueuse), aussi crédible et juste en assistante de Steve Carrel ici qu'elle l'était en personnal assistant de Juliette Binoche dans le film d'Assayas (et d'ailleurs elle sera  aussi dans le suivant, qui est aussi à Cannes...). Il nous refait le coup du tourbillon de la vie ("on s'est connu, on s'est reconnu, on s'est perdu de vue...") jusqu'à un final magnifique (magnifiquement symétrique) avec juste ce qu'il faut de mélancolie pour rajouter au champagne cette élégante (et silencieuse) amertume.

Redire combien ils sont bien, nos deux tourtereaux, et comme ça fait plaisir, ce cinéma-là. Un film confortable, cossu, pétillant, à propos des rêves et des désirs, et de la façon de les réaliser, ou pas...

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* ah j'ai retrouvé c'est de Philippe Soupault!

13 mai 2016

laissés-pour-compte

Quel plaisir de découvrir un auteur qui vous emballe, et de se lancer dans la lecture de son intégrale... Dans le cas présent, il y en a 6. et l'heureux élu se nomme Iain Levison.

Je l'ai découvert un peu par hasard (et à rebours). Par son dernier roman, dont j'ai lu des critiques sympathiques sympathiques et enjouées sur divers blogs de polar que j'aime bien, qui était aussi en "coup de coeur" chez un libraire, et qui se présente ainsi :

ils savent tout de vous

et qui, dixerunt les blogs, ne ressemble pas tout à fait à ses bouquins précédents, qui étaient publiés comme "polars" (tous chez liana Levi), tandis que celui-ci a, en plus, une coloration s-f puisque le "héros" en est un flic télépathe. Je n'avais d'ailleurs l'intention de lire que celui-là, (puisque je ne connaissais pas les autres) qui m'a vraiment  bien bien plu même si je l'ai trouvé un peu short et rapidos sur la fin, mais voilà que, de ci, de là, je tombe, en me promenant dans les critiques, sur des commentaires élogieux sur tous ses bouquins précédents, que je me procure aussitôt chez un unique vendeur (qui ne demande pas de frais de port), et de qui je reçois quelques jours plus tard (c'est un vendeur rapide) lesdits ouvrages dans 2 grandes enveloppes matelassées :

- UN PETIT BOULOT
- UNE CANAILLE ET DEMIE
- TRIBULATIONS D'UN PRECAIRE
- TROIS HOMMES DEUX CHIENS ET UNE LANGOUSTE
- ARRÊTEZ-MOI LA!

et je m'y mets illico, en les lisant dans l'ordre...

Ce sont des livres brefs, qui se lisent assez vite (et qu'on preut prendre le temps de savourer). Un style plaisant, des dialogues tout aussi (plaisants), et  ce qui ne gâche rien, un humour omniprésent, allant du noir clair au noir noir. Iain Rankins parle des Etats-Unis, des victimes du rouleau-compresseur du capitalisme, des petites gens, des licenciés, des habitants des faubourgs miteux, des banlieues pourries, ce qu'on nomme avec des pincette et des guillemets "les quartiers défavorisés".
Dans Ils savent tout de vous, le héros est un flic (qu'on a) doué de télépathie
Dans Un petit boulot, le héros est un chômeur (il s'est fait licencier) qui devient tueur à gages par hasard (autant que par nécessité).
Dans Une canaille et demie, le héros est un braqueur multi-récidiviste qui rêve d'aller s'installer en Alberta pour élever des poulets.

Des mecs simples, "de base", que l'auteur croque avec justesse et délectation. (ça sonne toujours très juste), qui se retrouvent dans une situation plus ou moins  inhabituelle et qui réagissent (ou tentent de).
Il m'en reste encore trois à lire, et je m'en réjouis d'avance (et je diffère un peu ce plaisir que j'anticipe).

12 mai 2016

micro158

*

J'ai arrêté d'arrêter le chauffage

*

(vu dans une pub pour un bouquin)
"La vie est comme le bacon brûlé, elle est cancérigène."

*

En se réveillant très tôt,
on a le sentiment, quand il est 8h, d'avoir déjà vécu une assez longue matinée
et on peut alors retourner  se coucher en ronronnant

*

Sur le vide-grenier, dimanche, on m'a pris pour un Jacky
et cet après-midi, sur le parking, pour un Dédé!
(mes sosies devraient soigner davantage leurs surnoms)

*

"Au hasard des courants, as-tu déjà touché
ces lumineux coraux des côtes guinénennes ?"
(Melody Nelson)

*

sentiment de retrouver sa place, un genre de place, dans la vraie vie, avec les vrais gens...

*

du bresi sur le fouta

*

Mes amies  ont de l'indulgence pour mes lubies.

*

 les pantalons des peintres sont encore plus beaux que ceux des maçons

*

larmes de joie en écoutant Burn the witch sur l'album nouveau de Radiohead

*

 "L'amour non partagé tue davantage que la tuberculose."

(Woody Allen)

*

"Ne pas répondre, c'est aussi une réponse..."
(idem)

*

 

10 mai 2016

anniversaire n° 32

Eh oui, le vendredi 6 mai on fêtait le 32ème anniversaire du colza.
Une cérémonie plutôt intime, puisqu'elle ne concerne que 5 personnes, qui doit obligatoirement se passer dans (ou le plus près possible de) un champ de colza, qui doit lui-même être obligatoirement fleuri. On arrose l'événement (champagne!), et on pique-nique (cette année sur un fouta*), le dernier rituel étant que chacun doit lire quelque chose "à voix haute dans le champ" (ou non selon l'humeur).
Ce rendez-vous a lieu début mai (des fois un peu plus tard) suivant la vitesse ou non du fleurissement et les disponibilités de chacun.

Les anniversaires du colza se suivent et se ressemblent plus ou moins. L'année dernière, j'en avais eu les larmes aux yeux, mais cette année non non pas du tout. On a beaucoup ri. Beaucoup lu. Et c'était parfait comme ça.

Il fut question de taureau à grosses couilles, de montgolfières, d'un jeune russe qui avait beaucoup de mal à marcher, de foutas, encore, de balades du vendredi matin et des conversations qui s'y tiennent (et des intérêts spécifiques de certaines des personnes qui les pratiquent), de moucherons, de Corbières (? je ne suis plus certain), de différence entre le bresi et la viande des grisons, de vaches marron qui sont prêtes à tuer les importuns lorsqu'elles sont avec leur veau,  des anniversaires du colza précédents, de la fraîcheur consécutive à la disparition du soleil, d'anecdotes de voyages, de la plantation du colza et de l'utilisation du gps pour localiser les traitements, de pylones,

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le champ

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contrechamp

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installation

et de pas mal d'autre choses... (sans oublier les lectures

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où il fut successivement question de Samba, de gourmandise, de forme interrogative, de pompe à essence, et de Japon...
Ce fut, oui ce fut un bel anniversaire!

* La fouta ou foutah (فُوطَة) a plusieurs désignations dont une espèce de caleçon, de turban, d'une étoffe qu'on place sur le dos ou un linge ou tablier qu'on attache à sa ceinture. (wikipedia copiécollé, avec les liens!)

9 mai 2016

cdi

MERCI PATRON!
de François Ruffin

Presque (grande) salle comble pour cette séance unique en multi-partenariat dans le bôô cinéma. Pour ce film qui avait pas mal fait parler de lui lors de ses premières semaines d'exploitation (et continuait fructueusement une carrière inattendue).
On comprend d'emblée ce qui plaît : comme chez Pierre Carle (ou Michael Moore) le réalisateur brocarde les puissants, ironise sur les hyper-nantis, les plus riches que riches, (plus ils en ont plus ils en veulent, c'est bien connu), se pose en défenseur des petites (et valeureuses, et émouvantes) gens, et réussit à se payer la tête de Bernard Arnault , "l'homme le plus riche de france". Auquel il réussit à faire cracher au bassinet 40000€ pour venir en aide à un couple sacrément dans la mouise suite à son licenciement (suite à la délocalisation en Pologne de l'unité de production de costumes Kenz*). Couple qui n'a plus que sa maison au début du film (et pas un rond pour bouffer), laquelle maison menace de leur être saisie.
Ruffin a alors une idée : les faire écrire au big boss Arnault en expliquant leur situation, leur précarisation, et la responsabilité de leur licenciement dans cette affaire, et donc de Bernard A., et en le prévenant qu'ils ont préparé plusieurs courriers pour informer tout le monde de cette situation (du Président de la République à Fakir -le journal de Ruffin- en passant par Le Canard Enchaîné et autres vecteurs d'information).
Incroyablement, l'appât tendu est aussitôt gobé, puisqu'ils vont recevoir la visite à domicile d'un responsable de la sécurité du big boss, qui leur propose (en caméra cachée) une "indemnisation" conséquente (pour eux) + un cdd pour monsieur. (Où l'on voit comme il peut être facile de décrocher un job lorsqu'on a affaire à la bonne personne qui sait téléphoner elle-aussi à la tout aussi bonne personne de l'entreprise en question) avec la condition expresse que personne n'en sache rien (genre mécénat anonyme et généreux donateur), et qu'ils s'engagent à signer une "clause de confidentialité".
Tout va bien, mais Ruffin va pousser le bouchon encore un peu plus loin, en bataillant sur deux points : réussir à faire annuler cette fameuse clause de confidentialité, et transformer en cdi le cdd du papa en train de se terminer (le cdd, pas le papa), et il va d'ailleurs réussir sur les deux fronts. Et ça fait grand plaisir.
Le film est drôle, tonique, plaisant, ironique, encourageant, lucide, cynique, stimulant... et c'est le mélange de tout ça qui fait son charme. Du bon cinéma poil à gratter. On peut juste regretter que ce soit une expérience unique, hélas "non modélisable", être tout à fait ravi que la famille Klur ait pu être sauvée de la mouise (en étant conscient que 40000€ pour Señor Arnault c'est vraiment du pipi de chat) mais un peu sceptique sur le fait que l'histoire en question serve de point de départ à une discussion (une grand-messe ?) syndicaliste (à laquelle d'ailleurs on n'assista pas).

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2 mai 2016

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(ciel)

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(dessert)

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(journal)

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(trottoir)

1 mai 2016

"Je me suis laissé(e) attendrir..."

THE ASSASSIN
de Hou Hsiao Hsien

Ca fait du bien de changer d'avis et de ne pas subir obtusément son vieuxconisme. C'est ainsi que, malgré Tigres et Dragons, malgré Le secret des poignards volants et autres 13 ème Chambre de Shaolineries (là j'invente), et malgré le soleil radieux qu'il faisait à 13h30, j'y suis allé, et nous étions quatre dans la salle à avoir eu la même idée.

(J'avais un peu hésité à cause de cette notion de "film de combat" mais aussi parce que je me souvenais très précisément que le dernier film que j'ai vu de Hou Hsaio-hsien, c'était Millenium mambo, pendant lequel j'avais été extrêmement mal à l'aise, mais pour des raisons strictement extra-cinématographiques, mais bon c'était il y a quinze ans, hein...)

Dès le départ j'ai été un peu déstabilisé par le format et par le noir et blanc. J'adore le n&b mais là je ne m'y attendais pas, celui-là je l'aurais parié en couleurs. Mais ce n'est que le pré-générique, et la couleur revient (mais le format reste). Et je suis extrêmement concentré, attentif, car les gens qui l'ont vu ont répété que si c'était très beau, c'était en même temps très complexe (confus), et je suis donc décidé à ne pas en perdre une miette et à (essayer de)  tout comprendre, sinon tout du moins le plus possible. Et à ne pas perdre une miette non plus de la beauté en question. Au début ça va à peu près The assassin du titre c'est Shu-Qi, et elle revient chez elle, ramenée par une nonne à qui elle avait été confiée il y a longtemps, mais chargée d'une mission, assassiner le gouverneur de la province (qui est aussi son cousin, mais a failli être son époux).

Et dès les premières images on est soufflé par la beauté des images, la composition (l'ordonnancement) de chacun des plans, le cadrage, les couleurs, oui on est soufflé. Et le pire (!) c'est que ça va continuer comme ça jusqu'au bout, jusqu'au tout dernier plan, oui. C'est exténuant de beauté. Mais je mentirais en disant que j'ai tout compris. J'essayais d'engranger le plus de détails et de précisions possibles, d'essayer de reconnaître les différents personnages en mémorisant leurs visages (impossible), leurs noms (idem) où les actions que je les avais vus accomplir (plus facile -un peu-). Mais s'accumulent les gouverneur, prévôt, garde impériale, concubine, assassin, Weibo, sang de poulet, enterré vivant, et assez vite je ne suis plus sûr tout à fait.

Car il n'y a pas que l'histoire de l'Assassine à suivre, il y a une multiplicité de fils narratifs annexes (avec les personnages qu'ils impliquent) multiples comme les voiles (mouvants) à travers sont filmées plusieurs scènes.

Qu'importe, je me gave de toute cette beauté, je m'en goinfre, je m'en repais. Lacs, reflets, brumes, forêts,montagnes, les extérieurs sont grandioses, mais le réalisateur a traité ses scènes d'intérieur avec le même soin, le même raffinement, le même sens de la perfection. Il y a longtemps qu'un film ne m'a pas produit cette impression, sur toute sa durée, de bonheur presque physique provoqué par ses qualités esthétiques (le mot plastiques me fait toujours dans ce cas l'effet d'être toc).

Il serait question de ravissement, mais surtout d'accepter les choses comme elles sont, comme elles viennent.

Somptueux. Somptuosissime! (à l'image de son héroïne)

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(arghhh, je suis du même avis que le Fig! Je m'en vais avaler mon sabre de ce pas)

30 avril 2016

entregent (familles et jeunes gens)

(3 dvd reçus en avant-prem')

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LA VISITA
de Mauricio Lopez Fernandez
(Outplay)
sortie le 11 mai 2016

Encore merci à Outplay qui nous envoie ses films régulièrement. Celui-ci j'avais commencé un peu à le regarder, et je m'étais rendu compte que ça risquait d'être une histoire de filles plutôt que de garçons, vu le démarrage (et je suis un vieux sectaire, oui oui, je préfère quand il s'agit d'histoires de garçons...) J'avais vu juste les premières minutes, puis j'étais allé un peu plus loin en avance rapide, et mes craintes s'étaient confirmées. Il était tard j'ai pensé "j'irai demain...". A Hervé qui me demandait le lendemain si je l'avais regardé j'avais répondu que "je préférais les histoires de garçons", et il m'avait dit un "mais justement..." qui m'avait suffisamment intrigué pour que je m'y remette.
Et que je réalise quel imbécile j'avais été au préalable.
Le film est excellent. Et c'est un premier film. Le réalisateur utilise le canevas du "film de funérailles" (le mari d'une domestique est mort, les funérailles ont lieu dans la maison où travaille et vit cette femme, mais avec la famille de ses patrons) en y interpolant une variation de Théorème (la visite du titre est celle d'Elena, annoncée comme la fille de la domestique, mais dont on apprendra assez vite qu'elle se prénomme en réalité Felipe) plus un autre fil narratif - qui serait presque un regard- qui concerne le jeune fils de la maison (un magnifique personnage d'enfant) qui, allez savoir pourquoi, m'a rappelé comme par écho(s) le sublime Cria Cuervos de Carlos Saura.
Un beau film lent et grave, avec un magnifique travail de cadrage, bâti sur des silences, des regards en coin, des effleurements. Des frémissements.

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LE LENDEMAIN
de Magnus Van Horn
(Nour Films)
sortie le 1er juin 2016

Reçu après, mais vu avant le précédent (oui oui c'est une histoire de garçon(s) mais pas l'ombre ici du bout de la queue d'une gaudriole). Un adolescent qui a tué (on n'en saura pas davantage, on ne pourra que supputer) sort de prison et revient vivre avec son père et son jeune frère. il choisit de retourner dans le même établissement pour y poursuivre sa scolarité. mais le retour est difficile, les relations tendues (avec son père, avec le voisinage, avec les autres ados), et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant.
Une histoire dont le thème se rapproche aussi bien du Boy A de John Crowley (dont il pourrait être l'opposé) que de la série Rectify (dont il faudra que je dise un jour tout le bien que j'en pense).
Encore un très beau film, aussi glacé que glaçant. Une belle opacité de l'ado personnage principal, une cinématographie rigoureuse (autant que vigoureuse) qui pourrait parfois évoquer un Michael Haneke en (un peu) moins méchant, tout est fait pour nous tenir en haleine (en alerte) dans un certain état de tension, jusqu'à la fin du film. Impressionnant.

 

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BADEN BADEN
de Rachel Lang
(Jour2Fête)
sortie le 4 mai 2016

Celui-ci m'a été transmis par Zabetta. Une chronique  franco-belge douce-amère (mais strasbourgeoise et estivale). Une demoiselle (Salomé Richard) employée sur un tournage à l'étranger oublie de rendre sa Porsche de location à la fin du tournage et revient à Strasbourg, où elle retrouve sa grand-mère (Claude Gensac), son meilleur ami (Swann Arlaud), un peu sa mère aussi (Zabou Breitman)... Du beau monde, hein, et elle fait même la rencontre d'Hamar (Driss Ramdi, le suspect innocenté du beau Je ne suis pas un salaud d'Emmanuel Finkiel). La demoiselle est vraiment mimi, le film est agréable, se modèle un peu à l'image de l'été caniculaire qu'il figure, et qui le pousse à l'indolence. Mais se repose un peu sur ses lauriers, justement, de sympathie. Il manque un petit quelque chose dans la narration pour le rendre un peu plus pêchu, un peu plus passionnant... Sympathique, oui mais. (Un petit mais, hein). Et on y voit des oeuvres de Clément Cogitore.

28 avril 2016

caïpirinha

ADOPTE UN VEUF
de François Desagnat

Vu après Les malheurs de Sophie. Je savais à quoi m'en tenir après la bande-annonce, et je n'ai pas été déçu. Le contrat est rempli. C'est simple, tendre, drôle, émouvant. Tout le monde y est gentil ou presque, et chacun s'enrichit (humainement) au contact des autres. Comme le récent Five il s'agit d'un film de colocation (mais peut-être plus pépère, même si tout aussi attendu). Où un veuf inconsolable (Dussolier, très bien sans forcer) est, par un concours de circonstances scénaristique, amené à prendre une colocataire (la blonde et pétulante Bérengère Krief) -qui va dépoussiérer sa vie et son chagrin-, puis deux, puis trois (Arnaud Ducret et Julia Piaton) qui vont continuer le boulot entrepris.
Un film où il sera beaucoup question d'amour, et de respect, et d'humanité (et un peu de mort aussi). Avec en plus un running gag (plutot un quatre-quatring gag) plutôt plaisant -en ce qui me concerne- (Sam, le copain de Dussolier).
Bref, pas forcément un "grand" film, mais un film agréable, un film qui fait du bien. Et ça ça compte! On peut non seulement y prendre du plaisir, mais sortir de la salle la tête haute! (Et la salle était quasiment pleine... bon, d'accord, il pleuvait fort dehors...)

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