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lieux communs (et autres fadaises)

16 août 2013

fumerolles et catacombes

VOYAGE EN ITALIE
de Roberto Rossellini

Encore un classique que je n'avais j'amais vu. Diffusion estivale (une séance par jour à 15h50, un jour sur deux). Andiamo, donc! Et prenons le volant avec Ingrid Bergman et Georges Sanders, de passage en Italie, à Naples plus précisément, pour la vente de leur vila (ou d'une de leurs). Un couple bourgeois/friqué qui bat de l'aile, qui se chamaille, qui s'engueule, elle qui fait du tourisme sur les traces d'un ancien ami à elle, poète de surcroit, ce qui énerve le mari, qui va prendre l'air en compagnie notamment d'une belle et fougueuse jeunesse (et brune, et française, jouée par Marie Mauban, que j'ai connue par la suite, plus âgée, à l'ORTF, sous le nom de Maria Mauban, dans un feuilleton en noir et blanc, quotidien, je pense - ne serait-ce pas L'abonné de la ligne U ?) pour regagner tard le soir ("la queue basse" dirait-on aujourd'hui, mais comme il s'agit de Georges Sanders, on dira "fort dépité") la villa conjugale...
Bon, soyons franc, le seul petit truc qui me chiffonne, c'est que j'ai un tout petit peu piqué du nez au début du film, ce qui m'a un poil gâché mon plaisir -mais je précise que ce n'est absolument pas la faute du film!-. Une minutieuse étude de cas, un superbe documentaire sur les joliesses touristiques locales (catacombes, donc, lacs de lave, fouilles à Pompéi), un portrait amoureux de d'Ingrid B., un document passionnant sur l'Italie des années 50...
Bref un excellentissime (et nostalgiquement moderne) moment de cinéma, quoi. (et qui me donne très envie de m'intéresser d'un peu plus près à ce Roberto-là dont je n'ai pratiquement rien vu...)

 

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14 août 2013

je te prépare une ampoule et après j'appellerai le cerf-volant

LE CONGRES
d'Ari Folman

Je dois dire que j'en avais entendu tellement d'échos plutôt négatifs que j'y allais, disons, par acquis de conscience, quasiment par militantisme... Et ce fut donc plutôt une excellente surprise. On a vraiment deux films pour le prix d'un, dans Le congrès, un en "vrai cinéma" et l'autre en animation. bob, il faut reconnaître que la partie animation est vraiment hideuse (volontairement ,) et que ça dessert incontestablement le film, par contre, le reste, j'adore. (ce qui fait une moyenne, et un film qu'au final on aime plutôt bien, même si on aurait adoré l'adorer.)
Le film réel raconte l'histoire d'uen actrice "réelle" (Robin Wright), qui a joué dans des films "réels" (Princess bride, hmmm... ) de dont, à la quarantaine, la carrière semble un peu patiner... cette actrice a un agent (joué par Harvey Keitel, dont on sait que ça ce n'est pas vrai, et que c'est de l'ordre de la fiction) qui lui conseille d'accepter la proposition du directeur de Miramount (ça aurait pu être Paramax, c'est presque vrai) de "céder son image" aux studios en question , de se faire scanner pour créer son clone virtuel qui pourra rester éternellement jeune et tourner dans toutes les merdouilles dont le public raffole et que le studio pondra à la chaîne, sans qu'elle-même (Robin Wright la vraie, enfin, la vraie du film) n'y puisse rien trouver à redire, ayant de plus signé une clause s'engageant à ne plus jamais rien tourner ni jouer elle-même, et ce pour une durée de 20 ans. Comme elle a deux enfants dont le plus jeune est visiblement atteint d'une maladie rare qui le condamne à devenir progressivement sourd et muet, elle finit par se résoudre à accepter, et à signer ledit contrat, exigeant également de se faire scanner illico (ceci nous donnant le bonheur d'assister à une scène en or, avec un Harvey Keitel grandiose et une Robin Wright merveilleuse...)
20 ans plus tard, c'est ainsi que débute la deuxième partie, où Robin Wright est invitée à un Congrès organisé par Miramount, dont la particularité est qu'il se déroule dans un endroit où tout est "en animation" (moyennant le sniffage d'une ampoule de drogue quelconque) et c'est à ce moment là que les choses deviennent à la fois très laides et de plus en plus complexes (plus ça avance, et moins on comprend). Robin Wright (en vieille animée) y rencontre des personnages de la première partie qu'on reconnaît, "animés" eux aussi (le producteur, notamment) mais aussi un mystérieux Dylan dont on ne saura jamais l'identité réelle... (ah mais qui c'est donc son amoureux ?) Ca fait she bam! plop! blop whizzz! (Oui oui c'est assez genre psychédélique..., avec couleurs qui flashent et machins qui se déforment, qui s'étirent et s'enroulent) et c'est donc plutôt moche (mais comme dit Hervé "mais c'est fait exprès..." mouais) et surtout c'est loooong!
Robinchounette finit par revenir dans la réalité (via une gélule) pour retrouver son fils : las! c'est tout moche et tout le monde est malheureux et mal habillé comme dans le clip de Mylène Farmer Désenchantée. Manque de bol, lui explique le gentil docteur (qui prononce la phrase qui serte de titre à ce post), le fils en question, après l'avoir attendue presque 20 ans (j'ai oublié de vous dire, elle a été congelée pendant tout ce temps là) est reparti dans le monde "animé", et elle fonde donc le dessein (animé hihi) de repartir pour l'y rejoindre... Et la fin est très belle (j'ai l'air de ricanasser, comme ça, mais c'est vraiment le cas...), vraiment.
Un film qui rate donc un top classement à cause d'une partie animation qui laisse vraiment à désirer (déception d'autant plus grande qu'on avait vraiment a-do-ré son Valse avec Bachir)
Allez, Ari, reviens, on t'aiiiiiiiiiime!

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12 août 2013

le film gratuit

(bout de rêve)

Dans ma classe. Les tables ont été déplacées et changées : ce sont des petites tables individuelles, qui sont alignées le long des murs, en u, laissant le centre de la pièce vide. Je dis, que, "demain, je remettrai les autres tables, comme elles étaient avant". Le temps de me retourner, je regarde, la pièce est entièrement vide, je me demande comment les ATSEM ont pu faire ça aussi vite.
Marie nous informe que (?) organise une séance de cinéma gratuite, il faut juste que chaque (école ? enseignant ?) y amène au moins une personne extérieure. avec Marie et Catherine, nous allons, par tout un dédale de ruelles étroites, à la fameuse séance de cinéma. Sensation d'aller très vite, de courir, presque de survoler, en gardant pourtant les yeux fixés au sol : il faut bien faire attention où on met les pieds (pas mal de merdes de chien écrasées, de canettes de bière cassées, etc.)
En chemin, on rencontre notamment Claude S. (il y a de plus en plus de monde, comme une manif qui se formerait) : il a une tête "normale", il n'a pas l'air saoul du tout (comme la dernière fois, quand je l'ai vu au concert), il a même l'air plus jeune. Il demande en rigolant si ce n'est pas gênant qu'il amène un bûcheron au lieu d'un mécanicien (ou le contraire).
C'est le soir, visiblement après le film que nous venons de voir, puisque nous parlons avec animation du film en question, et même des autres films du réalisateur. Les avis sont partagés, personnellement il me semble que je ne suis pas très enthousiaste, mais à vrai dire je suis un peu perturbé : Nous sommes 6, et il ya deux lits, non pas l'un à côté de l'autre mais l'un devant l'autre, Je suis un peu jaloux car il y a un jeune homme barbu qui commence à se déshabiller, tout en continuant de discuter (comme nous le faisons tous), et je comprends qu'il va coucher dans le premier lit (et moi dans le deuxième). il se déshabille, ôte son pantalon, et se glisse sous les draps (j'entrevois son slip bleu), il va dormir au milieu, et à côté de lui va dormir Catherine, que j'envie, parce que je me dis, que, pendant toute la nuit, elle pourra être en contact avec sa peau.
Dans la conversation, il est question d'Isabelle Huppert, qui va jouer dans le prochain film du réalisateur, et, comme elle était déjà dans son premier, "la boucle est bouclée..."

11 août 2013

oui, la vacance

Peter Handke a, lui, entre autres, écrit un Essai sur la fatigue. j'aurais pu essayer aussi, tant cet état me fascine (et me caractérise ?). Non, si j'en avais le courage, j'écrirais plutôt un Essai sur la vacance.
Oui, la vacance. (Vous avez noté l'élégance de ce singulier ?), ce "concept", cette notion, qui commença à me plaire au début disons des années 80 (quand je faisais partie -hi hi- d'une maison d'édition, et d'un collectif d'artistes grosso-modo pluricul/multimed (termes ronflants pour désigner juste une poignée de jeunes gens qui avaient envie de faire quelque chose). Pour les gens intéressés (ou curieux) je précise qu'en ce temps-là il n'y avait ni ordinateur, ni internet, ni publisher et autres logiciels : c'était tout à la main, lettrasets, markers, et photocopieuse, si si! Chacun vait son domaine de prédilection, sa spécificité : tel cartographiait le paysage, tel autre s'essayait à la poésie sonore, telle autre dansait sous les feuilles, tel autre encore photographiait en noir et blanc sous les auspices de Raymond Depardon et autres Salgado... moi je faisais un peu tout (j'avais du mal à me définir : le mot et l'image, ça me convenait comme champ), mais m'étais spécialisé pourrais-je dire, dans deux domaines précis : le "corps des hommes" (comme quoi, on engouement remonte à loin), et, justement, "la vacance", cet état indéfini, nébuleux, que je tentais de délimiter, de cerner, comme on avancerait à travers un marécage...
La vacance, que Michel, apte à récupérer les mythologies individuelles et à les agréger, avait à l'époque habilement annexé dans cette formule "notre combe à nous c'est la vacance", que, si je me donnais la peine de chercher, je pourrais retrouver en exergue à un des deux "recueils collectifs" que nous avons signé(s) à quatre mains, il y a fort longtemps.
Cette idée de vacance me plaisait tellement que je m'étais amusé à aller chercher  dans divers dictionnaires, , les différentes définions possibles, et les synonymes envisageables...
J'en vins rapidement à (me) préciser qu'il ne sagissait ni de la vacance d'un poste,ni d'un appartement, ni de celle du pouvoir, non, ma vacance à moi était une vacance tout court, "la" vacance, la seule et l'unique, la grande... ce que me suggéraient des définitions comme :

vacance nf  :

1    interruption, vacation, vacuité  
2    disponibilité, loisir, congé, villégiature, liberté, désoeuvrement, séjour 
 
ou bien :
vacance nf
1    situation d'un poste, d'une charge restée sans titulaire  
2    caractère de ce qui est disponible 

Le Larousse était plus rigide dans ses définitions:

- Situation d'une charge, d'une place, d'un poste momentanément dépourvus de titulaire : La vacance d'un siège au Sénat.
- Temps pendant lequel une fonction, un poste est sans titulaire.

autant qu'économe dans ses propositions de synonymes :

Synonyme :

...tandis qu'un dictionnaire analogique m'avait davantage ouvert le champ des possibles

(je me souviens qu'à l'époque, en en ouvrant un, dans une librairie, j'étais tombé sur une liste proprement stupéfiante, que je n'ai d'ailleurs plus jamais retorouvée par la suite... lequel était-ce donc ?)

la vacance serait un état, un non-état plutôt (me revient en mémoire cette définition homoristique de l'antimatière : un trou sans rien autour)

lavacance, ce n'est pas seulement quand on ne fait rien, ni quand on n'a rien à faire, c'est plutôt quand on pourrait éventuellement faire quelque chose, et qu'on ne le fait pas forcément. il y a à la fois de l'inactivité réelle et de l'activité potentielle dans la chose

on avance...

(to be continued...)

10 août 2013

micro123

*
finalement, je suis retourné à Emmaus (...)

*

finalement, ma vie, elle juste ce que je l'ai faite

*

finalement, ça fait du bien quand il pleut...

*

finalement, ce magret au four 15' de chaque côté, il était beaucoup trop cuit

*

finalement, chaque fois qu'il ya une alerte orange orages, il ne pleut jamais où c'est annoncé

*

finalement, Lacombe Lucien, c'était vachement bien

*

Finalement, le mois d'août, c'est délicieusement long

*

finalement, je l'ai finalisé, cet agenda (et illico commandé)

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finalement, les légumes cuits, c'est très bon froid

*

finalement, heureusement que je suis abonné à Libé...

*

finalement, ce machin avec des châtaignes et du chocolat, c'était pas si mal

*

finalement, le 15 août, on va finir par y arriver

*

 

9 août 2013

police allemande, avec l'accent

LACOMBE LUCIEN
de Louis Malle

Suis tombé dessus, par hasard, ce matin, (merci les chaînes cinéma) y ai d'abord jeté  un oeil distrait, pour la forme, puis me suis installé un peu plus confortablement, et ne l'ai plus lâché ensuite, jusqu'au bout. Comme une paire de baffes.
Je ne l'avais jamais vu (je n'avais jamais eu trop envie de le voir, ceci explique cela), et, je confirme : il n'ya que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. (Quand je pense à la quantité de merveilles qui me restent ainsi encore  à découvrir...). Oui, cette "histoire d'un jeune garçon que les circonstances poussent à devenir collabo" ne m'avait, ni à l'époque de sa sortie (j'étais trop jeune, et je découvrais à peine le cinéma, et le film avait me semble-t-il fait un peu de barouf médiatique) ni davantage plus tard.
La sidération produite par le film tient à plusieurs choses : le personnage-titre d'abord (et, plus encore que le personnage lui-même, l'acteur qui l'interprète et lui donne corps, Pierre Blaise, un non-professionnel de 18 ans - qui s'est tué dans un accident de voiture deux ans plus tard -), sidérant de naturel, de gaucherie, d'opacité, gamin enfermé dans un corps d'adulte, alternant crises d'autorité et coups de gueule, et, repli sur soi, et, surtout, la plupart du temps, le visage fermé, limite inexpressif (on le verra peu sourire ou rire dans le film), comme si tout ce qui se passait (ou pas) à l'intérieur ne se manifestait jamais au dehors. Face à lui, une autre non-professionnelle (à l'épqoue, mais qui devait par la suite, elle, faire une carrière cinématographique largement estimable) Aurore Clément (à l'époque elle-aussi non-professionnelle) joue une demoiselle, blonde, jeune, et juive, dont Lucien L va tomber amoureux (ce qui va singulièrement compliquer ses affaires).
Autour d'eux, l'essentiel des personnages gravite autour de la police allemande, où des "bons français", comme vous et moi, ont mis leur enthousiasme et leurs capacités au service de l'occupant. Le film se passe en 1944, dans le sud-ouest, et narre donc comment les "circonstances" vont faire qu'un fils de paysans va devenir collabo, tomber amoureux d'une jeune fille juive, et comment ces mêmes "circonstances" (le hasard, l'ironie du sort) vont faire évoluer les choses, entre Lucien Lacombe et la famille de la jeune fille convoitée, mais, aussi entre les membres de cette famille... Plus on avance, d'ailleurs, et plus tout se complexifie, s'opacifie, entre ce que font ces gens et ce pourquoi ils le font (l'itinéraire de la montre en or, est, à cet égard, significatif). Parfois ce sont de petites "mauvaises raisons" qui produisent des actes positifs, et d'autres fois, c'est justement le contraire.
Et ce qui est très fort dans le film de Louis Malle, c'est qu'il suffirait, à chaque fois ou presque, d'un petit quelque chose pour que les choses tournent tout à fait différemment... (parfois mieux, et parfois bien plus mal.).
Par son aspect "reconstitution historique", par l'époque qu'il évoque, par la maestria du réalisateur, le film m'a fait penser au Mr Klein, de Losey (un des meilleurs rôles de Delon) dont le personnage n'est en définitive pas si éloigné de celui incarné par Pierre Blaise. Portrait d'un beau salaud, dans chacun des cas, mais jamais tout d'une pièce (ni tout blanc ni tout noir) chacun gagnant in extremis son statut d'humain (et l'empathie du spectateur qui va avec) par les moyens qui lui sont propres dans le récit de sa vie (Klein Robert par son entêtement à endosser l'identité de quelqu'un d'autre tout en essayant désespérément de prouver le contraire, et Lacombe Lucien peut-être simplement, à partir du moment où il abat le soldat allemand -pour de fausses bonnes mauvaisses raisons ?- et comme elles sont belles  les scènes finales, dans cette nature où, soudain coupé de toute la saloperie environnante, comme abstrait de la réalité,il redevient un jeune paysan qui rêvasse couché dans l'herbe, et qu'il est fort alors cet ultime regard d'Aurore clément, sortant de l'eau... )

 

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7 août 2013

lettres d'une inconnue

THE LUNCH BOX
de Ritesh Batra

Merci à Happiness qui a la gentillesse de nous faire parvenir des dvd (afin qu'on puisse les visionner avant de les programmer)... ce qui sera certainement le cas de ce très joli premier film indien, qui réussit le prodige d'être à la fois profondément indien (jusqu'au bout du cheese nan) et tout à fait universel. Une correspondance entre deux inconnus, une jeune mère de famille belle comme tout mais esseulée idem, et un vieux comptable limite asocial sur le point de prendre sa retraite, par panier-repas interposé : elle cuisine avec amour pour son petit mari (qui ne le mérite pourtant visiblement pas) mais c'est le comptable qui reçoit ses petits plats amoureusement mitonnés, tandis que le mari en question se tape tous les midis le chou-fleur cuisiné par l'entreprise qui aurait logiquement du échoir au comptable grincheux...
Et,enchantée que le destinataire ait tout mangé, mais agacée qu'il ne l'en ait même pas remerciée, elle lui écrit ce qu'elle pense, il lui répond par le même biais, et elle prend l'habitude de joindre dans chaque panier-repas un petit billet écrit de sa main, que lui va lire et auquel il va répondre, réponse qu'elle lira le soir en récupérant le lunchbox vide. Et, ainsi de suite, va se nouer, au fil des jours et des repas une correspondance entre ces deux inconnus (on pense par instant au succulent Mary & Max...) qui vont ainsi se raconter, apprendre à mieux se connaître, à donner des conseils à l'autre, voire même envisager de se rencontrer...
Elle est flanquée d'un mari que, visiblement, elle n'intéresse plus trop, et d'une voisine ("auntie") à l'étage du dessus (qu'on ne fera qu'entendre), tandis que lui, plutôt solitaire le soir (il fume sur sa terrasse) est, la journée, flanqué d'un stagiaire, souriant mais un peu encombrant...
C'est donc entre les sommets de ce triangle (elle / lui / le stagiaire) que vont se passer la plupart des échanges du film, chacun aidant l'autre à gérer un problème spécifique, à modifier quelque chose, à se changer un peu, doucement, simplement, joyeusement. Le tout inscrit scrupululeusement dans la réalité quotidienne de la ville de Bombay...
On pense savoir grosso modo comment tout ça va se terminer, et, même si on est en Inde, qu'il n'y aura ni crémation ni réincarnation... Juste trois personnes qui auront changé, au contact l'une de l'autre, grâce à chacun/chacune, sans que hop! tout ne soit magiquement et bollywoodiennement réglé d'un claquement de doigt.
Oui, vraiment, voilà un film très plaisant, doux et parfumé à la fois (pour rester dans les métaphores culinaires, le réalisateur a plutôt judicieusement dosé les épices, donc pas de palais en feu ni de larmes aux yeux -quoique-) . Un plat typique, mais sacrément bien mitonné, aux petits oignons (ou, mieux, aux petits piments!) à recommander chaudement, donc, et à savourer, (N'hésitez pas à vous resservir...)

the lunchbox affiche(l'affiche ? pas sûr, le film sort en décembre 2013)

TheLUNCHBOX-Photo2(l'expéditrice)

TheLUNCHBOX-Photo3(le destinataire)

 

5 août 2013

le songe

Valentine doit me couper les cheveux (je pense que c'est quelque chose que je lui dois, en quelque sorte, puisque la dernière fois c'est quelqu'un d'autre qui me les avait coupés)

je suis donc en voiture avec elle et (Michel ?) il est question de faire des courses, peut-être d'acheter de la viande
je suis assis dans la rue, sur un espèce de truc en plastique qui délimite un genre de garderie (c'est assez rudimentaire et plutôt mal fait) cette garderie est située à la place du kebab, à côté du marchands de journaux, en face de monop, dans la réalité) je suis à présent à l'intérieur de la "garderie" en question, je m'occupe d'un bébé (qui à la tête bizarrement grosse, ou plutôt qui a une tête normale, mais avec une grosse excroissance de chair derrière, ça fait un gros pli très mou, et ce n'est pas très joli à regarder). c(est le bébé de sandrine g. qui vient le récupérer, je le pose sur la table pour qu'elle puisse le changer, et sur la table, en formica jaune, il y a plein de miettes de pain...

je suis au théâtre, à vesoul, pour deux raisons : d'abord, ce soir, je vais voir un spectacle (Philippe Genty ?) et ensuite nous allons rejouer Le Songe d'une nuit d'été (j'ai le texte -version L'avant-scène- dans mon sac)
nous sommes dans les coulisses, il y a un mec et une nana qui font un genre de performance en faisant tourner sur place des projecteurs déjà installés (et je crains que ce ne soit ceux du spectacle qu'on va voir ensuite...)
toujours dans les coulisses, nous devons monter dans un genre de camion poue rejoindre le théâtre, le chemin est très étroit et très encombré, à un moment on s'arrête parce qu'il y a un grand trou dans la "route", et on suppose que le camion ne pourra pas continuer, mais la chauffeur met devant nous un espèce de morceau de contreplaqué, et dit que ça va aller

(j'ai ouvert mon sac, et je sors mon texte du Songe, car, bien évidemment, je ne me souviens plus de rien)

nous sommes devant le théâtre (ou plutôt dans le théâtre), je me décide à expliquer à Valentine que je crains que, si elle me coupe les cheveux, elle coupe ma mémoire avec, et qu'il vaut mieux donc qu'elle ne le fasse pas ; elle a l'air un peu sceptique mais elle accepte...

(s'ensuivent des discussions compliquées sur le fait de savoir si on va jouer avant ou après le spectacle qu'on va voir, mais, surtout, du nombre de représentations : (?) est fier, il nous dit qu'il a réussi à faire baisser celui-ci de 4 à 3... mais la seule chose qui me préoccupe vraiment, c'est de récupérer mon texte que j'ai laissé "en haut", dans les coulisses, quand on est sorti du camion..

je dois donc "remonter" pour le récupérer... il y a un genre de structure métallique, avec des câbles, des planches, des tiges métalliques, que je dois escalader (ce n'est pas très "logique" question topologie, je m'en rends compte, les éléments changent ou ne se raccordent pas comme il faut) j'arrive devant un genre de fenêtre assez haute qui ouvre sur une pièce dans laquelle se tiennent des gens (des acteurs de la troupe ?), j'avise notamment Marcello et Nanou, et, comme je n'arrive pas à me hisser sur le rebord de la fenêtre (elle est du style oscillo-battant), je leur propose de me tirer, chacun par une main, pour me faire rentrer... ils ne tirent pas assez fort (ou ils ont l'air de prendre ça à la légère) j'explique qu'ils doivent tirer vers le haut, mais rien n'y fait... Pépin alors  dit quelque chose, derrière moi, et j'arrive à lever ma jambe pour me hisser tant bien que mal sur le rebord de la fenêtre, et Pépin explique que, voilà, pour le faire, il a suffi que je sois un peu motivé...

je parle avec Pascal et Manu, qui évoquent plusieurs nombres... et me disent en riant que la somme est 5 et que 5 est justement "notre chiffre porte-bonheur" (je comprends qu'ils font référence à quelque chose de la pièce qu'on a joué / qu'on va jouer ensemble, mais qui n'évoque absolument rien pour moi

je marche dans le théâtre, je soulève un rideau genre grosse bâche de plastique, et je m'aperçois que c'est la scène où va se jouer le spectacle du soir (celui qu'on va voir, pas le nôtre) : espace circulaire, et beaucoup de projos, qui forment eux aussi un cercle parfait...

2 août 2013

je n'ai rien qui vaille la peine de rentrer

GOLD
de Thomas Arslan

Dans la catégorie "film de genre". Après le western-spaghetti, le western-choucroute. Étonnant d'entendre des cow-boys cracra s'exprimer (assez parcimonisuement d'ailleurs) dans la langue de Goethe. Le point de départ pourrait évoquer La dernière piste, de Kelly Reichardt, où la belle Nina Hoss tiendrait la place de la non moins belle Michelle Williams. Un groupe de pionniers, un guide (plus ou moins honnête et/ou expérimenté), l'attrait de l'or, des contrées inhospitalières, des indiens taciturnes, des incidents de parcours...
Mais là où, me semble-t-il me souvenir, le film de Kelly Reichardt, format carré, plans-séquences asséchés, fin (très) ouverte, nous la jouait "interrrogations métaphysiques et transcendance du western", Thomas Arslan, lui, opte pour une version réaliste (même hyper, pourrait-on dire par moments -scène de la jambe-), très physique (le fatigue la saleté la sueur) mais en même temps aussi graphique et lyrique dans ses images (les "grands espaces") que systématique (le côté "dix petits nègres", ou comptine enfantine à élimination) dans son déroulement. Le cahier des charges est impeccablement tenu à jour : les mecs puent, les chevaux trottinent, tombent ou refusent d'avancer juste ce qu'il faut, les chasseurs de primes sont obstinés, les pièges à ours sont cruels, les bivouacs fument, les caravanes pètent leurs essieux, les pépites d'or brillent dans les petits sacs de toiles et dans les yeux des hommes, et on voit se confirmer au fil du trajet l'histoire d'amour entre celle-ci et celui-là, qu'on avait assez vite vue venir, grosse comme une maison (comme on attend pendant assez longtemps que la piste de "nos amis" vienne à croiser celle des "méchants"...
On suit ça avec intérêt, on a assez vite compris le processus, et le fait qu'il y avait, au début du générique, les noms de deux acteurs en plus gros que les autres. Sept petits colons partirent chercher de l'or, l'un tomba de cheva, il n'en resta plus que six... On suit même ça avec plaisir (jolie musique à la guitare -électrique ?- qui fait dzoïng dzoïng comme celle de Neil Young accompagnant Dead man, de Jarmusch. On suit avec intérêt l'évolution de Nina Hoss (avec chapeau les cheveux tirés, sans chapeau les cheveux tirés, sans chapeau cheveux un peu lâchés, sans chapeau cheveux au vent, au fur et à mesure que les protagonistes sont ejectés du récit par un mouvement centrifuge inéluctable. On suit ça avec bonheur, n'ayons pas peur des mots, en se disant que Gold l'a bien méritée, sa place dans le (petit) pinacle des westerns atypiques et/ou contemplatifs... I am a poor lonesome cowgirl, far away from home...

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30 juillet 2013

chier des lames de rasoir

PEOPLE MOUTAIN PEOPLE SEA
de Cai Shangjun

Un film brutal et sans espoir ou presque, comme l'est visiblement la Chine contemporaine, filmée ici sans complaisance ni concessions (où sont les pagodes, les kimonos et la cérémonie du thé ?) . Esthétiquement, cinématographiquement on est au niveau d'un Jia-Zhang Ke. Le film est absolument splendide. Le réalisateur magnifie la crasse qu'il montre (et qui est partout, visiblement) par un filmage de haut vol. Cadrages, lumière, composition des plans, choix des couleurs, tout est au petit poil.Et même plus que. 
Mais le fait de choisir comme personnage principal (on ne peut pas parler de "héros") un mec pas bavard et pas forcément plus sympathique que les salauds ordinaires qu'il côtoie (ou celui qu'il recherche) ne favorise pas forcément l'immersion dans le film, ni la sécheresse de la narration non plus, et je ne vous parle pas des personnages qui apparaissent soudain -plop!-, de ceux disparaissent en cours de route -plop! idem- tout aussi soudainement, des trous d'air dans le récit, voire des  interrogations multiples suscitées, notamment, par la dernière partie du film (dans la mine clandestine).
C'est un film exigeant, certes, mais parfaitement ma-gni-fi-que, je le répète.
On démarre dans une carrière avec un crime (c'est tout blanc) et on finit dans une mine (c'est tout noir) avec un autre crime. Entre les deux, Lao Tié, notre desperado qui cherche l'assassin de son frère (qui meurt dans la première scène) et le trouve (sans doute ? je suis prudent je mets un point d'interrogation), l'assassin, pas le frère, bien sûr, dans cette dernière partie aussi dantesque -stricto sensu- (une mine clandestine, des conditions de travail effroyables des mecs traités pire que des chiens, youpee vive la Chine!) que fascinante (j'ai un faible pour les scènes de mine (Ah, Terminus paradis, de Pintilié...), car qui dit mine dit salissant, et dit donc douches, et collectives qui plus est (et fraternellement viriles, en principe et par définition) et la bingo! (bon c'est plutôt bingo!) on réussit à choper une jolie QV (et chinoise, de surcroit, sans qu'on puisse vérifier si elle a l'oeil bridé, bon j'ai trop honte j'arrête là la digression) certains critiques ont évoqué Wang Bing (à l'ouest des rails) et n'ont pas tort du tout (comme celui des Inrocks, me semble-t-il, qui évoque My joy, de Losnitza, ce qui me semble assez juste). La minceur du fil narratif est (y a-t-il un verbe qui signifie "rendre grandiose" en un seul mot ? magnifier ? ce n'est pas exactement ça mais bon contentons -nous-en) magnifiée, donc, par l'ampleur de la vision documentaire, réaliste, profondément terre à terre (et même ici tout spécialement sous-terre à sous-terre) on pourrait même ici parler de profondeur.
Oui le film est profondément noir, âpre, pessimiste, démoralisant, dégueulasse, mais il l'est avec une classe tellement folle qu'on ne peut que rester et béat. Oui le film est absons et parfois incompréhensible, et il faut en accepter l'inconfort ("se" fabriquer les morceaux manquant de l'histoire si on le juge nécessaire, comme on édifierait une fragile passerelle de bambous pour s'aventurer au-dessus du vide) mais aussi être capable de ne pas tout comprendre (de petit a jusqu'à grand z), tout justifier, tout expliciter. C'est comme ça et prend ça dans ta gueule, semble dire le réalisateur, et on veut bien le croire. Moi, en tout cas, j'en redemande, de la sidération, de la perplexité, de l'émerveillement, et du coutelas, et de la lame de rasoir, et du coup de grisou, et du bras cassé, et du papier peint en journal, et de la moto-taxi, et des chinois tout noirs... (si si!)

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