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lieux communs (et autres fadaises)

18 mars 2013

les chocolats

Nous sommes en voyage en Inde, mais nous allons rentrer en France demain (nous devons d'ailleurs aller manger chez régis et emma). J'ai acheté pour eux des chocolats enveloppés dans du papier vert (par 6, ce sont comme des boules de graisse pour les oiseaux), il s'avère que Dominique a acheté les mêmes chocolats, et elle me fait remarquer avec un certain énervement que mon paquet cadeau est tout fripé froissé alors que le sien ne l'est pas. Je lui dis que je ne suis pas content, et que, puisque c'est comme ça je ne lui parlerai plus.
J'entr'ouvre la porte, derrière il y a une pièce où des chaises sont alignées, avec, assis dessus des ados en chorale qui chantent une chanson sur Bussang , style "Bussang tu exagères...", je trouve ça plutôt drôle et très frais. Il y a deux chaises libres, l'une derrière l'autre, et quand je demande pourquoi, on m'explique qu'il va y avoir un (un mot anglais, peut-être push-up), enfin un mot pour signifier qu'on va pousser quelqu'un, en diagonale, et qu'il va tomber sur le chaise de devant, je hausse les yeux aux ciel en pensant "n'importe quoi..." mais peut-être est-ce juste pour la photo d'une pochette d'album.
Pendant que je discute avec les ados, Dominique essaie de se mêler à la conversation, lance des remarques pour que je lui réponde, mais je prends bien soin de l'ignorer, et de ne pas croiser son regard.
Je voudrais d'ailleurs bien téléphoner à emma et régis pour leur annoncer, mais je pense que c'est impossible de les joindre avec mon téléphone puisqu'on est en inde.
Arrive Annick avec un grand sac en plastique (style sac du super u) avec deux grandes anses, qui contient tout un tas de paquets : les cadeaux que chacun de nous a achetés pour ramener en France, puisqu'on va bientôt partir. Je farfouille dedans pour trouver ces fameux chocolats, en vain.

17 mars 2013

bachar mar-khalifé

je mets son nom en titre, sinon je ne le retrouverai pas...
grâce à mon amie Emma, découvert ce jour le deuxième album de ce monsieur
que je réécoute ce soir en boucle
et au casque
et qui fait partie de la catégorie
assez rare finalement
des albums où j'aime tout
tous les morceaux
(et le piano, la voix, l'électronique, les percussions)
et la façon qu'il a de me faire venir les larmes aux yeux
«Who’s Gonna Get the Ball from Behind the Wall of the Garden Today?»
c'est comme ça qu'il s'appelle

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17 mars 2013

peine perdue

LES JEUX DES NUAGES ET DE LA PLUIE
de Benjamin de Lajarte

Hiam Abbass et Alain Chamfort, main dans la main... C'est un des couples a priori improbables que met en place ce premier film élégant et cosmopolite, à l'image de l'hôtel où s'en déroule une bonne partie. Une nuit, une ville, de la pluie... Un monsieur chinois qui gifle sa femme, un détective privé américain, une serveuse de bar, un couple de magiciens, vont ainsi se croiser, se rencontrer, s'entrecroiser, s'approcher, s'éloigner, se quitter, se trouver au cours (au coeur) de cette même nuit (et de la journée qui la précède).
Un film assez fondamentalement (et joliment) triste, mais avec une sérénité assez zen. Un film basé sur l'incompréhension et l'incommunicabilité, en plusieurs langue (le français, l'américain, le chinois - mandarin ou cantonais -) avec (ou pas) traduction simultanée (une jolie trouvaille), un film précieux et fragile, pas complètement abouti (certain critique écrivit "trop sûr de ses effets"), avec, par exemple, le personnage de la serveuse, pas raccord, qui détonne  avec le reste de la distribution , comme s'il n'était "pas juste". Trop "en force", dans cet univers relativement ouaté et soyeux, de la qualité qu'on prêterait, par exemple, aux vêtements de ce charmant vieux dandy d'Alain Chamfort.
Des mots, de leur sens, et des différentes façons de les utiliser. Des blessures et des cicatrices, des guérisons et des rechutes. Des rencontres et des séparations. Des outils de communication. De la cristallisation des sentiments.

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13 mars 2013

bouillavé

GIMME THE LOOT
d'Adam Leon

Un délice. Qui m'a laissé hilare et béat comme si j'avais abusé des cigarettes qui font rire. Hihihi ça m'a rappelé ma jeunesse... Quelques fois les petits films indie m'exaspèrent, et d'autres ils me ravissent. Il y a les péibles et les jubilatoires. Là, c'était vraiment ça. On avait déjà eu le plaisir d'en voir une vingtaine de minutes, samedi, avant qu'on ne nous fasse sortir du ciné parce qu'il y avait le feu... Et le peu qu'on en avait vu donnait indéfectiblement envie d'en savoir davantage sur ces deux tourtereaux new-yorkais, graffeurs du Bronx et démerdards, en quête de 500$ pour concrétiser un improbable et grandiose projet graffatoire. Un vrai film de New-York, new-yorkais dans l'âme, de l'intérieur, des "petites gens", de la zone, de la fumette, des grosses baskets et des combines. New-ork "du bas" (socialement) et pourtant New-York "du haut" (géographiquement) avec des dialogues d'une réjouissante crudité (j'adore quand il ya plein de gros mots, mais un peu comme en prononceraient les enfants, avec bonheur et gourmandise... je n'avais pas été à pareille fête linguistique depuis Clerks de Kevin Smith) un humour, une tendresse, et surtout, surtout un plaisir de tous les instants. un truc tout simple pourtant, mais qui dégage un tel attrait que c'en est difficile à expliquer.
Le réalisateur nous montre ses personnages tels que, justement, sans apitoiement ni commisération, mais au contraire avec une complicité, une légèreté qui ne peuvent que vous mettre en orbite sur un petit nuage (comment s'appelait donc cet autre film indie, sur une jeune voleuse à la dire, mais qui m'avait, lui, parfaitement exaspéré ?). C'est pourtant filmé assez cracra (tant le matos que la lumière) mais pourtant on est scotché par cette simplicité, cette poésie urbaine, ce manifeste goguenard de la démerde nowadays in the Big Apple.
On y parle beaucoup d'argent (les biffetons circulent de façon quasi-ininterrompue) mais pas que, aussi de sentiments, rassurez-vous, avec une bande-son aux chromes resplendissants (même s'ils ne constituent pas mon habituelle tasse de thé). Oui, comme une beuh d'excellente qualité : du grand art, oui, simplement... du bonheur.
Top 10 sans doute.

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11 mars 2013

guéridon

LA FILLE DE NULLE PART
de Jean-Claude Brisseau

Très étonnant. J'avoue que j'avais abandonné Brisseau il y a quelques temps déjà (sur un grotesque Les savates du bon dieu), et que ses sulfureuses ou vendues comme telles réalisations suivantes, je m'en étais tenu à l'écart (non par risque d'excommunication prononcée à la baîonnette et au goupillon par ma copine J.  dite "Grou-Grou", mais simplement parce que a) ça ne m'intéressait pas et b) de toute façon ça n'est jamais arrivé jusque chez nous...)
Ce dernier film, couronné à Locarno par Apichatpongounet présentait un cas de figure sensiblement différent puisque les odeurs de souffre postpubères en semblaient a priori exclues, et nous l'avons donc programmé dans le bôô cinéma, sans d'ailleurs provoquer les foudres démissionnaires de J. que nous avions un moment craintes.
Etait-ce parce que juste avant le film on nous a projeté la bande-annonce de La religieuse (où, entre parenthèses,  Huppert et Bourgoin semblent vraiment déguisées, et les ébats saphiques et encorenettés que j'avaient fantasmés n'étaient finalement pas aussi loin que ça du compte du tout, fermons la parenthèse), toujours est-il que j'ai vu en La fille de nulle part un film plein de... ferveur, et pour filer la pieuse métaphore, entre jansénisme et illumination mystique (vous voyez, dans le genre Ste Thérèse d'Avila, les yeux pâmés, Jésus mon amour, toute une imageie sulpicienne à la fois dévote et charnelle).
Et pourtant, au départ, sur le papier, le film ne laisse aucune chance : un prof de maths à la retraite, veuf, recueille chez lui une fille qui vient de se faire tabasser sur son palier, qui va l'aider à écrire son prochain bouquin de philo, sur le thème des croyances. Et voilà qu'il se met à se passer des trucs zarbis dans l'appart. Ouah! Quand on sait que les rôles principaux sont tenus par le réalisateur -à mi -chemin physiquement entre Gros gégé et un camarade jurassien que je surnommerais Groumph - et son assistante, que le film a été tourné dans l'appartement même du réalisateur, avec trois euros six cents (modernisons les expressions) on devrait logiquement être tenté de fuir.
Sauf que pas du tout. On est fasciné (même si j'avoue qu'au début, les échanges philosophiques sur le contenu du bouquin m'ont semblé passablement abscons, mais, finalement, c'est comme si j'avais regardé du Béla Tarr non sous-titré) oui, sidéré, médusé, attendri (l'usage de la musique de Malher y est sans doute pour quelque chose, tellement c'est doux) par cette variation aussi personnelle qu'économe sur l'amour fou, et la façon dont il perdurerait entre deux êtres au fil des siècles par alternance, l'un étant forcément plus vieux que l'autre à chaque fois, mais les rôles également s'inversant. Un peu de Bresson, un peu de Garrel, et beaucoup de Brisseau aussi (vous souvenez-vous de Céline ?), où il serait question de la force que génère le besoin de créer.

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10 mars 2013

trilogie

TRAVAIL SOIGNE
ALEX
SACRIFICES
de Pierre Lemaitre

Whouaaaa! Je viens de terminer Sacrifices (prêté hier soir par Pépin), le dernier volume de la trilogie Camille Verhoeven. Camille V. c'est un flic qu'on pourrait qualifier d'"atypique" (il mesure 1,45m) qui intervient dans trois enquêtes (qu'il est très fortement conseillé de lire dans l'ordre), chacune centrée autour d'un personnage féminin : Irène pour Travail soigné, Alex pour Alex et Anne pour Sacrifices.
J'ai dévoré chacun de ces bouquins (Pépin me les avait recommandés, mais je n'avais trouvé à l'époque  que Robe de marié, du même auteur mais non faisant partie de la trilogie, et que je n'avais pas vraiment apprécié - du coup je vais peut-être le relire, maintenant que je connais le goût -et le talent - de son auteur pour la manipulation littéraire, et, quand en fouinant chez mon bouquiniste préféré j'ai déniche l'édition oringinale (collection Le Masque) de Travail soigné, je l'ai pris sans mégoter, et lu tout aussi goulûment.)

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Je pense que la conception de Travail soigné est éblouissante. Rarement, pour ainsi dire jamais, la manipulation du lecteur aura été si ingénieuse, si brillante, si inattendue. Pépin ne m'avait rien dit, ou presque, mais je savais qu'il y avait "quelque chose", une surprise, un twist... Déjà, le modus operandi du serial killer est original, mais ce qui arrive à 50 pages de la fin est proprement sidérant (ne lisez pas plus loin si vous n'avez pas lu le bouquin, ça vous gâcherait le plaisir). On se retrouve comme dans un dessin d'Escher, où le dedans et le dehors se confondent, le dedans et le dehors du roman, oui, où on réalise, comme il est écrit dans une critique que "on n'a pas lu exactement ce qu'on pensait qu'on était en train de lire..." Certes, le bouquin est parfois très gore (le premier double meurtre est -littéralement - vomitif, et l'auteur prend d'ailleurs un malin plaisir à nous l'infliger une deuxième fois, pour les besoins de la narration) et il faut avoir le coeur bien accroché (et ce jusqu'à la fin, qu'on pourrait qualifier d'inéluctable) mais le bouquin est incontestablement une immense réussite formelle, que je rangerais sans hésiter sur l'étagère la plus haute de mon panthéon polar personnel...

lemaitre alex

Dès que j'ai eu fini ce premier, j'ai appelé Pépin , et oui, oui, il avait le deuxième, Alex, qu'il m'a donc prêté aussitôt. Plaisir de retrouver cet attachant personnage de Camille quelques années années plus tard, " retiré des affaires" ou quasiment après le traumatisme de la fin de Travail soigné, et qui va être amené sur l'enlèvement d'on ne sait pas qui... Curiosité de voir que le bouquin est partagé en trois partie équivalentes (les deux parties "déséquilibrées" de Travail soigné étaient toujours présentes à mon esprit), et plaisir de vérifier, à la lecture, que cette division était encore une fois tout à fait justifiée, le regard porté sur ce personnage féminin variant, justement, du tout au tout, à chacune d'elles. On est un tout petit peu déçu de ne pas en apprendre davantage sur le "vrai" Camille verhoeven (puisque, rétrospectivement, celui des 500 premières pages de Travail soigné était...) mais par contre le personnage d'Alex est décortiqué de façon magistrale (en suivant à chaque fois rigoureusement l'axe de la narration choisie dans la parie concernée, qu'on pourrait résumer par "victime / assassin / assassin et victime") encore un sacré bon bouquin, que je placerais toutefois un tout tout petit cran en-dessous de Travail soigné.

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Et j'ai encore une fois appelé Pépinou, qui avait emprunté Sacrifices à la bibli, l'avait terminé, et était prêt à me le prêter pourvu que je le lise vite. (C'est chose faite!) On y retrouve encore une fois Camille avec grand plaisir, d'autant plus qu'il a une nouvelle copine, mais, dès le premier chapitre, ça démarre fort avec une scène de hold-up et de tabassage plutôt gore. Il s'agit d'un thriller chronométré, sur 3 jours, heure par heure, minute par minute, ou l'auteur alterne la narration des faits à la troisième personne avec le "je" du tueur, faisant ainsi monter progressivement et implacablement la pression au fur et à mesure que le temps passe. Question construction, c'est sans conteste le plus linéaire et le plus "normal" des bouquins de Lemaitre, bien que, évidemment, les choses ne soient jamais exactement ce qu'elles avaient l'air d'être en apparence. Erreurs sur la personne, tromperies, manipulations, mensonges, tout y passe. Pauvre Anne, pauvre Camille... (et s'il n y avait qu'eux!). Bon autant dire qu'on se prend tout de même à espérer un Camille Verhoeven 4 : le retour!, tellement on a eu de plaisir avec les 3 premiers volumes de la trilogie. (Le premier est sidérant , le second est  extraordinaire, et le troisième n'est qu'excellent!)

8 mars 2013

soulève la poignée et le petit machin va tomber

AU BOUT DU CONTE
d'Agnès Jaoui

La bande-annonce m'avait donné envie, et, habilement, il s'avère qu'elle ne raconte pas exactement la même histoire que le film. Bien vu. J'ai passé un excellent moment, vraiment, mais avec, à la fin, le sentiment que c'est un film qui existe surtout dans les détails. Toutes les références cilns d'oeil et appels du pied à propos du conte du titre. C'est malin, c'est agréable, c'est plaisant, incontestablement. Avec des répliques qui font mouche, sans aucun doute. On est en terrain connu, Bacri bougonne et Jaoui paie de sa personne - des deux côtés de la caméra - et se tisse sous nos yeux de spectateurs un réseau de petites histoires entre les différents personnages, celle-ci tombe amoureuse de celui-là, celle-là vient habiter avec ses deux filles chez celui-ci, celui-ci apprend la date de sa mort prochaine, celle-ci veut prendre des leçons d'auto-école chez celui-là, celle-ci est prise pour la mère, et celui-ci est le père, de celle-ci et celui-là qui vont se fiancer, celui-ci est producteur et va produire la création musicale de celui-là, et lui piquer en même temps celle-ci (sa copine), etc., historiettes dont, au bout du compte, on ne se préoccupe pas vraiment, qui n'ont pas énormément d'importance. Comme des faits isolés, des saynètes dont on pourrait aisément modifier l'enchaînement, la juxtaposition.Tout le monde est moyennement heureux (ou moyennement malheureux), tout le monde est moyennement gentil (ou moyennemement méchant, c'est selon encore une fois) il manque un méchant bien salopard (je pense encore à la marâtre de Blancanieves) pour pimenter un peu l'affaire, assaisonner un peu ce brouet gentiment fade.
Ce qui importe, je le répète se sont tous les petits signes de connivence, et l'on feuilletterait alors avec encore plus de plaisir le livre d'images que constitue le film, en scrutant dans chaque page, (dans chaque plan) comme on chercherait dans une image d'Epinal où sont cachés le loup, ou bien la sorcière. L'exercice est très agréable, je le dis et le répète, mais qu'on ne vienne pas me parler de "message" à délivrer, ne poussons pas trop loin la cuillère dans le petit pot de beurre.
Et, encore une fois, le film est à voir, ne serait-ce que pour la délicieuse scène dite "du loup et du chaperon rouge". (Whououou!)

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8 mars 2013

cinévzoul (rattrapage)

BLANCANIEVES
de Pablo Berger

Un film "original" certes (noir et blanc, muet, avec des intertitres) qui propose une version inédite de l'histoire de Blanche-Neige (élements connus : le père aimant mais faible, la marâtre, la belle enfant, les 7 nains sont présents, manquerait juste à l'appel le prince charmant...) puisque resituée en espagne et dans le milieu de la tauromachie... Bien qu'espagnol de souche, je dois avoir des gènes déficients puisque ni la corrida ni le flamenco, par exemple, ne m'enflammant -j'aurais disons  plutôt un faible pour la paella et le turron -). L'habit de lumière me laisse de glace, et c'est pourtant le métier du papa de Carmencita (la future blanche-neige), celui des sept nains dont elle va faire la connaissance (il y a même, dans le lot, un nain -une personne de petite taille pour être politcally correct- d'une extrême beauté) et celui qu'elle va choisir pour briller à nouveau en société. Las, la pomme empoisonnée apparaît au bon moment, et hop! (...) Dommage...
Un film curieusement intemporel (ou atemporel) comme avait pu l'être en son temps le cotonneux Télépolis, de délicieuse mémoire, avec une narration très "roman-photo", avec les outrages et déformations inhérents à ce genre d'ouvrage (ah! le papa estropié! ah! la marâtre reine des salopes! ah! l'innocente fillette persécutée ! ah! le nain silencieux transi d'amour! ah! la corrida! ah le traître infâme qui remplace la vachette de 180kg par un toro de 540kg! ! ah! le petit cirque final!) avec un très beau noir et blanc, une musique plaisante et bien adaptée ma foi, des personnages charismatiques et typés (je reviens encore à cette super salope de marâtre), et une très très jolie scène finale qui parvient à surprendre (et attendrir) le spectateur pourtant blasé qui sommeille en vous... Voilà un petit film délicieux (y mucho typico!)

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ARGO
de Ben Affleck

Soyons clair : s'il n'était pas passé en VO dans le bôô cinéma, je n'y serais point z'allé. D'autant plus qu'il a gagné l'oscar, ce qui n'est pas forcément pour moi un signe d'appétissance. mais bon, reconnaissons que, si c'est très ricain, c'est aussi extrêmement efficace. didactique juste ce qu'il faut en préambule (pour poser les choses) puis ouvrant sur une scène très très impressionnante : l'attaque de l'ambassade américaine à Téhéran par des iraniens fous de rage. il est ensuite question de cinéma (d'exfiltration d'abord) puisque c'est sous couvert d'une équipe de ciné que notre ben affleck super-héros va tenter de faire sortir six américains réfugiés à l'embassade du canada pendant sept semaines. tout ça terminant par une lôôôngue scène (mais à nouveau très efficace) où nos "évadés" en partance doivent franchir les trois niveaux consécutifs , et de plus en plus anxiogènes, d'un contrôle à cran et plus que sourcilleux (avec, en parallèle, course contre la montre de la reconstitution progressive des visages pourtant passés au broyeur à papier, mais les enfants excellent à ce exercice) plus ils avancent, chacun de leur côté, et plus la tension monte, jusqu'à ce que les deux actions se rejoignent - arghhh adrénaline! - et que ils arrivent finalement à décoller au nez et à la barbe  - c'est vraiment le cas de le dire - des méchants terroristes anti-américains. Soulagement. s'ensuit une rasade (qui n'était vraiment pas nécessaire) d'hymne américain, de décoration, d'héroïsme, de tagada tsoin tsoin cérémonial autosuffisant et boursouflé et de comment se finit l'hymne américain déjà ? ah oui and the hoooome of the braaaave... oui, c'est tout à fait ça!

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4 mars 2013

permis de séjour

ALATA
de Michael Mayer

Hmmm c'est bien, notre assoc' commence aussi à avoir de l'entregent, et j'ai donc eu le plaisir de pouvoir visionner très en avance (le film sort le 22 mai) ce bien joli film ma foi, que j'ai quasiment arraché à Hervé lorsque j'ai vu sur le document de presse les mots palestinien et homosexuel. On ne se refait pas... "ALATA" en hébreu signifie ténèbres, et c'est bien l'ambiance dans laquelle évoluent nos deux héros Nimr et Roy.
Déjà pas facile a priori de vivre une histoire d'amour, qui est plus est entre mecs (quoique ça tendrait visiblement à se démocratiser, non ?) et alors si l'un des deux est israélien et l'autre palestinien, je vous laisse imaginer la complexité de la situation.
Roméo et Julietton, donc, le juif et l'arabe, tous les deux aussi mimi mal rasés l'un que l'autre, embringués dans une relation née sous le signe du coup de foudre, mais appelée à se tendre de plus en plus de jour en jour (permis de séjour, police secrète, frère terroriste, parents peu ou pas du tout compréhensifs, etc.), au fil des allers et retours de Nimr entre Ramallah et Tel aviv.
Une belle histoire d'amour entre hommes, je suis toujours preneur (midinet un jour midinet toujours). Quand elle est située dans un tel contexte historico-politico-religieux c'est encore mieux (l'ambiance essentiellement nocturne évoque le très beau Ajami), et ça me rappelle toujours ce que disait mon ami américain Jim, à propos justement des juifs et des palestiniens : "Mais ils feraient pas mieux de se rouler des patins et de se faire des câlins, plutôt que de se foutre sur la gueule, tous ces beaux barbus ?"
Décidément la religion quelle saloperie, décidément la famille, décidément l'intolérance ("les bites juives ne te suffisent plus ?") et l'incompréhension (mais où ces mères et ces frères vont-ils donc ainsi placer leur honneur ?) ... et nos deux tourtereaux sont salement dans la panade quand tout se ligue ainsi contre eux, mais, n'y aurait-il pas, in extremis (et contre toute attente) une minuscule étincelle d'espoir, tout à la fin ?
Un film agréable, touchant, aussi séduisant (et agréable à regarder) que ses deux protagonistes (mais pas qu'eux), fait avec passion et sincérité, mais auquel manquerait peut-être la petite étincelle qui mettrait vraiment le feu aux poudres.Trop "sage", peut-être, trop centré sur le nombril des faits, où ferait défaut un regard véritablement original, mais il s'agit d'un premier film, profitons, et attendons donc. Avec bienveillance.

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3 mars 2013

cinéparis6 (vendredi)

(comme la vie est bien faite, le dernier jour relaté des films vus a paris pendant les vacances sera donc retranscrit le dernier jour, justement, des vacances!)

WADJDA
de Haifaa Al Mansour

Je dois reconnaître que j'ai un peu hésité, je craignais un peu  le truc misérabiliste et/ou pleurnichard. Pas du tout du tout. Cette gamine est du tonnerre (et la réalisatrice du film aussi!). La pub a dit et répété que non seulement c'est le premier film saoudien et qu'il est, de plus, réalisé par une femme. Quand on voit la condition, quasiment surréaliste, - ubuesque ou kafkaïenne plutôt ? - de la femme saoudienne, avec une kyrielle de diktats et d'interdits  imbéciles (aussi incompréhensibles qu'intolérables pour l'oeil occidental) on se dit qu'elle n'en a eu que plus de courage pour réaliser son film.
L'histoire d'une fillette, la Wadjda du titre, qui veut un vélo. sauf que le vélo là-bas est interdit aux femmes  (par risque d'impudicité ou danger d'infécondité, on croit rêver), et qui va tout mettre en oeuvre pour obtenir ce qu'elle désire : pouvoir un jour faire la course avec son petit voisin. il faudra un film entier pour ça (elle arrivera à ses fins, vous vous en doutez) malgré la multiplication des obstacles (a priori insurmontables) qui se dresseront sur sa route (son père, sa mère, le vendeur de vélos, la prof de coran, etc.) La gamine est merveilleuse, merveilleusement rebelle aussi, à cet âge où elle peut encore montrer ses cheveux ou faire entendre son rire. et j'avoue que j'avais les larmes aux yeux devant la scène finale (c'est la première fois que je pleure en voyant quelqu'un faire du vélo.) d'autant plus que le film n'a rien de la thèse ou du brûlot : il décrit juste le "quotidien", normal, habituel, à chacun de s'en réjouir ou de s'en affliger...

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ANTIVIRAL
de Brandon Cronenberg

J'ai changé ensuite complètement d'univers, pour le dernier film du séjour. Au soleil saoudien succédait l'univers blanc et glacial d'un décor urbain et inhumainement lisse, celui d'un futur légèrement anticipé où la nouvelle mode est de se faire inoculer - à prix d'or - le germe de la maladie dont souffre votre people préféré.
Notre jeune héros travaille dans une agence qui vend ce genre de virus, et on s'aperçoit assez vite qu'il ne fait pas que ça, qu'il est aussi contrebandier, reproduisant en douce lesdits agents contaminants pour les revendre au marché noir. Tout va aller de mal en pis lorsqu'il va s'emparer d'un virus nouveau (il faut aller très vite, sur ce marché parallèle où les affections deviennent vite obsolètes) en se l'injectant, et réaliser que c'est un virus mutant, trafiqué pour ne pas être analysable, et mortel de surcroît...
On le voit, l'univers du fiston ne jurerait pas avec celui du papa. Un univers malsain, centré sur les altérations organiques, la manipulation, la technologie, les obsessions morbides, la mutation,bref une histoire fiévreusement anxiogène dans un décor paradoxalement très clinique (rien de plus beau qu'un décor bien blanc pour faire ressortir une jolie giclée de sang bien rouge...) Cohérent, prometteur, donc, mais on attend le prochain pour confirmer la force et l'originalité de la trajectoire.
(Ce qui m'a le plus étonné, c'est mon voisin de devant qui avait apporté son repas (c'était la séance de midi) et a fait consciencieusement sa petite dinette sans plus d'émotion que ça , alors que j'avais presqu'un peu le corps au bord des lèvres. ils ont l'estomac blindé, ces parisiens...)

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