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lieux communs (et autres fadaises)

14 avril 2016

manger du beurre

(bouts de rêve)

Oui, je dois manger du beurre (j'ai dans la main une demi-plaquette, dans son papier d'emballage, qu'on m'a donné pour que je la mange, afin que mon organisme résiste à l'expérience... Je vais faire un test qui a peut-être rapport avec l'astronautique, ou la pression, je ne le sais pas précisément) et une autre fille mange du beurre aussi (elle va faire la même expérience que moi).

nous sommes dans une pièce immense, avec au centre une table, immense aussi (je n'en vois pas les bouts), beaucoup de choses dessus, et beaucoup de gens assis (un banquet à perte de vue) mais moi je dois manger ma demi-livre de beurre et je m'y applique, par petites bouchées  (et curieusement ce n'est pas vraiment déplaisant, ni au goût ni à la texture)

je répète avec Pépin (je ne sais pas quoi) et je m'ouvre à lui d'un projet qui me tient à coeur, une idée que je viens d'avoir : écrire (et monter) un texte qui ne serait fait que de morceaux de chansons connues, mais dits, et replacés dans un contexte (et une trame) qui fasse sens, il me répond que ça lui semble a priori plutôt difficile, mais je me dis que je peux tenter de le faire

il est question d'essayer des costumes ? j'ai pris un vieux jean d'Adèle avec des pattes d'eph' assez gigantesques (comme celui de Jane Birkin sur la pochette de Melody Nelson) mais il est déchiré (découpé, plutôt, tant la coupure est nette, comme faite aux ciseaux) sur tout le long de la cuisse droite

(plus tard) Adèle m'explique en voix-off qu'elle s'est fait ça (crrrrc! bruit et geste de la déchirure) en voulant porter un grand nombre de tasses en même temps (je pense que je ne vois pas trop le rapport).

12 avril 2016

"peut-on débattre de la vérité ?"

L'AVENIR
de Mia Hansen-Love

J'adore Isabelle Huppert, et là, chouette , elle est hyper-Huppert (ou über-Huppert ?). et elle joue le rôle d'une prof de philo. et crac! mon beau rêve se brise : la philo me rebute (j'allais écrire qu'elle m'emmerdait, peut-être était-ce plus juste et plus vrai, justement) elle aurait été chercheuse en physique nucléaire ou spécialiste de la mécanique quantique que cla ne m'eût pas été plus étranger, mais bon c'est comme ça allons-y : donc elle est prof de philo, et avec son mari (André Marcon, délicieux) prof de philo aussi, elle vit dans un bel appart' rempli de livres de philo (on pourrait dire que la philo est l'essence de ce film, oui, le carburant qui fait pétroler le véhicule de sa fiction) elle a des enfants sympathiques (non philosophes), une mère tyrannique (Edith Scob, grandiose), et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes philosophiques jusqu'à ce qu'une série d'incidents fâcheux ne viennent perturber la trame de sa vie, ce qu'on pourrait, somme toute, résumer grosso modo en suivant le plan d'une dissertation, philosophique, justement :
1) thèse : elle n'est pas libre
2) antithèse : elle est libre
3) synthèse : p-t'être bien qu'elle est libre, p-t'être bien que non

Huppert fait ça avec sincérité, avec énergie, avec justesse. Avec un incontestable brio. Qu'est-ce donc qui a fait que le film ne m'a pas plus enthousiasmé que ça ? Peut-être parce que je ne savais pas vraiment sur quelle étagère le ranger, peut-être parce que ça a quelque chose de monstrueux, cet univers philosophique à 99%, peut-être parce que la présence d'Isabelle H. est si forte qu'on a parfois le sentiment qu'elle serait le seul personnage en couleurs dans un univers en noir et blanc ?

Et, en fouillant sur all*ciné.freu (qui range le film dans la catégorie "drame", ce qui me paraît être un contresens), voilà que je tombe sur une critique, tiens, que je trouve excellente, et... juste, oui, une critique de Libé, où la dame synthétise judicieusement  tout ce que j'essayais péniblement d'écrire ci-dessus, et que je vous mets donc .

(je projetais de continuer mon post en utilisant le maximum d'épithètes philosophiques : platonique -pour l'histoire avec le jeune philosophe-, cynique, -pour les jeunes de la maison d'édition-, dialectique -pour les jeunes aux fromages de chèvre-, stoïque -pour Isabelle H. face à l'adversité- et je ne serais pas allé beaucoup plus loin parce que je n'en connais pas beaucoup plus.)

A la sortie, on en a discuté, les autres avaient l'air très enthousiastes, je me suis ouvert à eux des bémols que provoquaient mon aphilosophisme, et j'ai fait mon malin en le résumant d'un "finalement c'est l'histoire d'une femme qui veut se débarrasser de la chatte de sa mère" - ce qui est exactement le sujet du film, mais qui avait davantage à voir alors avec la psychanalyse qu'avec la philo, mais je ne l'ai réalisé qu'après.-

Bon, allez savoir pourquoi, c'est pourtant un film que je reverrai avec un grand plaisir, ça, j'en suis sûr

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(peut-être juste pour le bruit clac clac clac des talons d'Isabelle, allez savoir...)

11 avril 2016

cabaret tchekhov

LES OGRES
de Léa Fehner

Celui-là j'étais curieux de le voir, puisque deux de mes amies l'avaient, l'une adoré et l'autre détesté, et que j''avais envie de savoir de quel côté j'allais me ranger (bien qu'en ayant déjà une toute petite idée...).
Une nouvelle catégorie de films : le film forain (catégorie où je pourrais ranger, par exemple, Sous le plus grand chapiteau du monde, qui était rediffusé à chaque Noël ou presque, ou Dumbo, qui l'est à présent tout aussi souvent). Sauf qu'ici il ne s'agit pas de cirque mais de théâtre. oui, de théâtre itinérant, sous chapiteau, avec une troupe bigarrée et haute en couleurs qui va de ville en ville -j'aligne les clichés, sauf qu'ils ne sont plus en roulotte mais en caravanes et camping-cars- pour présenter un spectacle tout aussi bigarré et haut en couleurs à partir de textes de Tchékhov.
Léa Fehner (dont on avait beaucoup aimé le Qu'un seul tienne et les autres suivront, avec Réda Katebchounet) s'est inspiré ici d'une tradition familiale (plusieurs acteurs au casting portent le même nom qu'elle) qu'elle a visiblement connue, et nous invite donc à la suivre (à les suivre, plutôt). A la rejoindre. A monter en marche. Qui dit forain dit manège, et, au départ, c'est un peu comme ça qu'on le ressent. on se retrouve embarqué sur ce truc qui virevolte assez joyeusement, mais il faut s'accrocher sur son cheval de bois, qui monte et qui descend, pour bien suivre le rythme. C'est filmé de près, voire de très près, à l'épaule, et ça donne au début un peu le tournis.

Film itinérant, mais film choral, film familial. Il y a au centre de cette famille, le père, (le metteur en scène, le directeur, le boss) autour de qui gravitent femme, filles, maîtresse et les autres mâles de la collectivité dont un (Marc Barbé, rencontré dans le Sombre de Grandrieux, et qui semble avoir été depuis un peu cantonné depuis dans les roles dits "tourmentés") qui n'a pas l'air d'aller très (trop) bien et accumule les conneries et/ou provocations. C'est la vie d'une troupe, la vie d'une famille, avec ses petites et grandes histoires du quotidien d'une troupe (d'une famille aussi) : les problèmes de fric, bien sûr, les problèmes entre les gens (amour, jalousie, affrontements, rivalités, complicité) avec les sentiments qui vont avec (colère, regrets, enthousiasme, inquiétude, tristesse, exaltation) dans un éventail aussi varié et versicolore qu'un nuancier pantone.

Aux côtés de Marc Barbé se tient celle qui porte son enfant, jouée par une Adèle Haenel en très grande forme, et, bientôt, à très gros ventre, qui ne suit pas vraiment d'ailleurs les conseils de Régine Pernoud -ouah c'est une rebelle, une vraie de vraie, une pure et dure- et elle fait bien la paire avec Marc B., et c'est l'histoire de leur couple qui sert de fil conducteur (et de contrepoids à celle(s) du patriarche/metteur en scène de la troupe) au film.

Qui dit film choral dit film à plusieurs voix, et on n'en manquera pas, ici, de voix. Ca chante ça gueule ça rigole ça hurle ça murmure, et ça tonitrue et ça fanfare et ça canonne aussi (dans tous les sens du terme : à plusieurs voix et à plusieurs bouteilles, car si les nuits sont courtes, elles sont intenses et dévastatrices). Qui se clôt d'ailleurs sur une très belle scène polyphonique. C'est vraiment un film qui est du côté de la vie, et qui le revendique. A gorge(s) déployée(s). C'est vrai que, je le reconnais, ce n'est pas forcément un univers et une façon de vivre qui m'attirent ou que je connais très bien, mais ça fait sacrément du bien de s'y plonger et de se laisser porter... Mieux vaut trop d'excès que pas assez de manque, non ?

"Viens voir les comédiens
Voir les musiciens, voir les magiciens,
Qui arrivent, viens.."
(Charles Aznavour, bien sûr, qui n'est pas forcément non plus ma tasse de thé mais qui là colle vraiment au thème, et à la façon dont il est traité)

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ps : je me dis aussi que je n'aurais peut-être pas autant aimé si je n'avais pas su que ma copine Dominique avait autant détesté...

9 avril 2016

la technique

c'est elle qui nous a lâché hier soir...
pourtant le réalisateur était là, venu de Paris pour accompagner son film
mais pour des raisons de "mise à jour des drivers" il n'a pas été possible de voir le film

le film c'était le très fort DE L'OMBRE IL Y A, et le réalisateur Nathan Nicholovitch
Alors on est quand même allé manger dans le restau du bôô cinéma histoire de se consoler
(Bon, je n'avais pas anticipé, et j'avais déjà mangé, mais je les ai accompagnés...)

nathannikolovic

Voilà le monsieur en question -photo pas de moi mais du ouaibe- (oui oui il est aussi beau en vrai, même davantage si c'est possible, j'essayais donc d'avoir un discours intelligible, de ne pas trop baver et d'empêcher ma mâchoire de se décrocher et de tomber misérablement sur mes genoux)

on a parlé de cinéma, beaucoup de cinéma, surtout de cinéma, et mon coeur était encore plus exalté lorsque nous avons parlé de PASSE-MONTAGNE, qui est un film culte du Monsieur (et tiens, justement, de moi aussi) dont le scénario va être publié en septembre, accompagné d'un looong entretien avec J-F Stevenin, qu'il a lui même réalisé...
Je buvais mon Irish Coffee en souriant benoîtement...
(parfois on peut dire merci à la technique qui défaille, d'uatant plus qu'il a promis de revenir quand on prendrait le film à sa sortie officielle...)

 

8 avril 2016

60

(d'une belle soirée...)

samedi 2 avril, mon ami Philou fêtait -entre autres- ses soixante ans, au cours d'une soirée que j'avais beaucoup attendue, et paradoxalement (?) un peu appréhendée aussi : beaucoup de gens sur la liste des invités (que nous n'avons d'ailleurs connue que le soir même), et surtout des "groupes" différents, sans forcément de frontière commune, qui furent plutôt judicieusement dispatchés selon un plan de table (ça c'était rigolo, un peu comme à un mariage) : la famille, les voisins, les collègues, les normaliens, les vieux amis, les "divers", chacun pouvant d'ailleurs appartenir à l'un et/ou l'autre de ces groupes, mais surtout beaucoup de gens connus depuis longtemps, très longtemps, et pas revus tous ensemble à la fois

à l'arrivée, d'ailleurs, dans cette grande salle des fêtes, les entrées étaient progressives (vous savez, comme l'eau e la piscine quand on descend doucement et qu'on hésite à se mouiller le ventre) chacun pouvait un peu séjourner dans l'entrée (le vestiaire) , "le sas", où stabulait un petit groupe mouvant, les tout nouveaux arrivants saluant les juste arrivés, et étant salués à leur tour par les encore plus nouveaux arrivants, comme un tour de chauffe avant de pénétrer dans "la" salle

dès l'arrivée, d'ailleurs, comme je l'avais plus ou moins pressenti, des yeux se sont mouillés, les miens, mais pas seulement), tant cette situation était émotivement intense : quand se reconstitue soudain, comme par magie, le petit groupe d'ami(e)s que vous aviez constitué en 1974, l'émotion est d'autant plus forte que l'on se retrouve, là, en 2016, mais c'est comme on était soudain, justement, propulsé en arrière, et qu'on avait à nouveau dix-huit ans (18 ans, oh lala), et comme si nos silhouettes d'alors soudain en filigrane, peut-être en noir et blanc, ou en surimpression, ectoplasmes, en couleurs pâlies et voix lointaines (au cinéma on ferait ça très bien mais bon là on était dans la vraie vie)

et c'était drôle aussi la façon dont les groupes pré-existants (les voisins, la famille, etc.) restaient constitués (même debout, encore, dans les différents points de la salle : ainsi nous le noyau dur des "normaliens" de 1974, auxquels étaient venus s'agréger plusieurs  éléments des "instits", des "amis", et même des "div", sommes restés assez longtemps presque peureusement serrés dans un petit coin de la salle, à l'entrée, comme un petit troupeau (je faisais en riant "bèèèh bèèèh")

j'avais été ému dès l'arrivée, oui, le maître de cérémonie dans sa veste bleue assurant l'accueil individuel de chacun des arrivants, de voir Richard et Max, les fistons, (qu'on a connus "grands comme ça", puisque depuis leur naissance, et qui sont désormais des hommes), et Fran qui avait tracé le plan de table (sur deux rangées) mais dont la retranscription graphique ne collait pas tout à fait avec la réalité topographique (il fallut tourner la feuille de 90° vers la gauche pour que les représentations coïncident), et les gens qui arrivaient, quelques-uns que je ne connaissais pas, d'autres que j'avais du mal à reconnaître, et d'autres enfin que j'ai  connus depuis toujours

et le moment de l'apéro était comme un tour de chauffe, on avait salué celles/ceux qu'on connaissait, on papillonnait, son verre à la main (avec des cerises comme ci ou des cerises comme ça), mots retrouvailles, apostrophes, private jokes, états des lieux, projets, bilan de santé, perspectives de retraites, souvenirs souvenirs...

et quand on s'est installés à table  (merci encore pour le plan, que je qualifierais de judicieux) c'était le banquet, comme un repas normal et en même temps pas du tout, notre bout de table était joyeux, et celui de nos voisins de derrière l'était tout autant, avec toujours ce sentiment troublant de "aujourd'hui/il y a 40 ans", d'autant plus que Fran avait lancé un "défi" à l'assistance : que chacun vienne donner à son tour au micro un "je me souviens" à propos de Philou...

le degré d'alcoolémie grimpant vaillamment et avec constance comme le Philou sur les pentes du Tourmalet permettait aux cravates métaphoriques de se dénouer, et à l'ambiance de bon-enfanter, il fut question de mains aux fesses, à plusieurs reprises et sur des personnes variées, oui, c'était un peu comme un banquet de mariage (mon dieu mon dieu il y avait tellement longtemps que je n'en avais pas fait), et les "automatismes sociaux" s'étaient remis en place : c'est comme si j'avais aussitôt et instantanément revêtu mun nez rouge et mon chapeau pointu invisibles :  les conneries sortaient de ma bouche sans que j'aie à me forcer (et Pépin était sur ce terrain un excellent stimulateur, comme d'hab') et sans que j'aie à me forcer (je le redis) je faisais le pitre, oui je re-faisais le pitre, je retrouvais un peu du Rob de 1974 (comme s'il avait toujours été là) avec, tout de même, pendant un court instant, le sentiment agaçant que je faisais ça parce que j'étais censé le faire, utiliser mon  prétendu "sens de la répartie" qui fait mouche et déclare l'hilarité, que les gens attendaient ça de moi, et que je devais m'y conforter, et que, quoi que je dise, finalement, ça les ferait toujours autant se tordre (le "tu nous feras toujours rire...") et j'ai donc réussi à dire un petit quelque chose qui me tenait à coeur, et ne prêtait pas à rire, et les gens n'ont pas ri et ça m'a rassuré

Mais revenons-en à Philouchon, dont c'était tout de même "la" soirée. Il s'est prêté de bonne grâce au cérémonial des cadeaux (il y en avait vraiment beaucoup, alors que Fran nous avait juste évoqué une "boîte", pour financer un voyage au Vietnam) des livres, beaucoup, des arbres (à planter) des oeuvres d'art, des calendriers de chaque année en 6, de 2016 à 1956 (ça c'était mon idée et j'en étai assez fier...), et il a fait tout le tour de tous les gens qu'il a remerciés individuellement, et c'en était très impressionnant...

Pépin m'avait proposé, peu de temps auparavant, de faire à deux une lecture d'un texte de Valère Novarina, ce qui fut fait ensuite, jouissif -pour moi- et rondement mené

Le dessert fut parfait (deux gâteaux délicieux, un au chocolat et un aux fraises) puis champagne et j'étais tellement bien (je n'avais pourtant quasiment rien bu auparavant car je voulais "assurer" pour la lecture) et c'était bien les gens qui se levaient et qui changeaient de place pour aller discuter avec un/une autre que leur vis-à-vis de plan de table, les conversations fluctuaient, il y en avaient même là-bas, tout au bout, qui dansaient...

et quand les gens ont commencé à se lever (syndrome dit "de la volée de moineaux"), je pesnais qu'il était tôt, vingt-trois heures peut-être, et non il était deux heures et demie, quelques-un(e)s dansaient et déjà c'était l'heure de se faire la bise et repartir dans la nuit, non sans avoir échangé des rendez-vous et rajouté quelques croix dans les agendas...

Et j'ai réalisé que je n'avais pas pris une photo de la soirée, tellement ça m'avait plus de la savourer, en vrai... ah si, une seule! :

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elle est un peu floue, non ?, mais ça résume somme toute assez bien la situation, la douceur de cette soirée, les signes, les attentions...

 

3 avril 2016

feu de la saint-jean

QUAND ON A 17 ANS
d'André Téchiné

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
(
Arthur Rimbaud / On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans)

Oh l'immense plaisir de retrouver ce Téchiné-là (surtout quand votre cinéphile est née en même temps que sa cinématographie... Que quelqu'un réédite enfin Souvenirs d'en france !!!) Depuis quelques films (L'homme qu'on aimait trop, Impardonnables, la fille du RER), on se disait un peu qu'il (qu'on) vieillissait, qu'on s'éloignait, vieux amants, habitudes, tiédissement... Ou peut-être qu'on ne trouvait plus dans ses films toutes les belles choses qu'on y avait vues fleurir auparavant, et qui vous emportaient, vous transportaient, vous submergeaient...

Et là, soudain, miracle, tout est là, au propre et/ou au figuré : l'adolescence, l'Ariège, la neige, Les roseaux sauvages, J'embrasse pas, l'amour, l'homosexualité, le désir, et Sandrine Kiberlain, (la mère) et Kacey Mottet Klein et Corentin Fila (les jeunes gens) sans oublier la guerre, là-bas, loin, et la mort qui va avec...

Oui, nous nous étions un peu éloignés, avec André. Pas en froid, mais bon... Popote, quoi, l'habitude, le ronron. Et voilà qu'ont eu lieu d'inattendues (inespérées) retrouvailles. Comme aux premiers jours, ou presque. J'ai noté sur mon carnet en sortant de la salle trois adjectifs, pour ne pas les oublier : exalté, passionnel, excessif.

(et voilà qu'en parcourant all*ciné.fr je tombe sur cette abconse  et condescendante notule from Les Cahiaîs : "Si avec les années, la fièvre "à la Téchiné" paraît de plus en plus décrétée et son lyrisme plus contrit, il reste toujours un cinéaste parfois inspiré (…). De quoi regretter que le "romanesque" de papier ait pris à ce point le pas sur ses tropismes paysagers ou picturaux qui auraient pu davantage aimanter la fiction." qui m'agace assez pour que je la reproduise. Et si quelqu'un peut me la traduire je suis preneur.) Mais bon revenons à nos moutons. (Nos agneaux plutôt. )

Peut-être que c'est un truc de vieux (décidément j'y reviens) de vieil adolescent sans doute, que les jeunes critiques Cahiaîsiens ne peuvent même pas envisager, appréhender. Mais c'est exactement ce qui me ravit. De l'amour et du désir comme sujet et objet de lyrisme, c'est ça  qui me plaît, qui me touche, qui me fascine... Dans Les roseaux sauvages, il s'agissait a priori d'un trio (Ah Elodie Bouchez, ah Gaël Morel (ledit film est d'ailleurs, c'est Dominique qui l'a lu dans le générique "librement adapté de New Wave , de Gaël Morel", comme un clin d'oeil amical) et aaah Stéphane Rideau (dont je me souviens avec émotion du "Et si on se branlait ?") même si la demoiselle apparaissait assez vite comme un catalyseur, un élément extérieur.), ici ils sont juste deux, et, d'entrée ça cartonne : un croche-pied et l'un fait tomber l'autre par terre en plein milieu de la salle de cours. Et l'autre lui répond. Et bim. Et bam. Et ainsi de suite. Ces deux-là se détestent trop pour que ça ne cache pas quelque chose, clignote furieusement notre radar à sous-sous-texte gay (pas si sous-sous que ça d'ailleurs, on connaît bien notre oiseau-Téchiné, quand même...) Ca c'est au "premier trimestre" (le film est partagé en trois, avec les saisons qui vont avec, et les sentiments idem. Là c'est la neige (en Ariège, quand il neige, c'est pas de la neige de fillettes, hein ) et c'est magnifiquement cinégénique. Comme l'est la mise en jambes du récit (marcher dans une bonne couche de poudreuse ça n'est pas forcément évident pour aller vite...) Le blond se fait embêter par le brun, mais il rend les coups aussi. Les choses se compliquent quand il s'avère que la mère du blond est médecin (Sandrine Kiberlain est hyper-bien, disons-le, mais les actrices chez Téchinou sont toujours aux petits oignons : remember Catherine, Isabelle, Jeanne, Marie-France, Juliette, Emmanuelle, et j'en passe... il a le don de les sublimer de les transcender, de les incandescer...) et va être amenée à soigner la mère du brun, et que bradaboum tout un enchaînement de circonstances (comme une coulée de neige bruyante) va faire qu'elle va proposer au brun de venir chez eux (sous le même toit que le blond, donc) pour réviser le bac tranquille et que les choses aillent un peu mieux.
Sandrine Kiberlain est magnifique, comme l'est le personnage qu'elle compose. Une femme douce, aimante, attentionnée, attentive aux autres. Précieuse. Les deuxième et troisième trimestres vont apporter c'est sur leur brouettée d'événements (j'arrêterai là de les détailler) pour faire évoluer la relation entre les deux garçons (mais pas que.) et c'est très beau la façon dont elle se construit , dont elle sinue, évolue, bifurque, tournicote...

Alors qu'on sait bien que...

il est intéressant d'apprendre au générique que le scénario a été co-écrit avec Céline Sciamma, qu'on sait par expérience beaucoup plus attentive aux Bandes de filles (mais y a-t-il, en définitive, autant de différences que ça entre les atermoiements testostéronés de nos deux daguets ariégeois et les circonvolutions aquatiques des donzelles de La naissance des Pieuvres ? Non. C'est le désir, et c'est l'amour. Point barre. On serait peut-être, finalement, n'en déplaise à Arthur R. extrêmement sérieux, quand on a 17 ans, lorsque  apparaissent et fleurissent ces premiers "vrais" émois... Oh se chercher se battre  se fuir et oh se retrouver s'étreindre... La chorégraphie amoureuse mise en place par André Téchiné et Céline Sciamma si elle n'est pas neuve (ces rituels se jouent depuis la nuit des temps) nous met, avec à la fois un air sérieux et un demi-sourire complice, dans cet état d'hypersensibilité (émotivité) délicieusement émouvant, stimulant, troublant...

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30 mars 2016

cinquième semaine latino2

CHALA, UNE ENFANCE CUBAINE
d'Ernesto Daranas

Celui-là on n'en savait rien ou presque quand on l'a sélectionné, sauf qu'on l'aurait en sortie nationale. J'avoue que ça ne me tentait pas plus que ça mais bon. J'ai profité du Lundi de Pâques pour le voir avec Marie dans une salle 1 du bôô cinéma étonnamment pleine (entre 30 et 40) pour cette séance de 13h45.
Et ?
A la sortie, plusieurs visages connus  (d'enseignants notamment) arboraient un large sourire, me complimentant sur l'heureux choix de ce film qu'ils avaient visiblement fort apprécié. tandis que je me sentais beaucoup plus réservé. Sans vouloir froisser personne (n'est-ce pas mon Philouchoncito ?) je pourrais résumer à très gros traits en disant que c'est un parfait "film-MGEN" (et que, tout autant que "Chala, une enfance cubaine", il aurait mérité de s'appeler "Carmela, une institutrice cubaine", tant l'institutrice en question occupe autant l'écran que le garnement du rôle-titre, et que ce personnage d'institutrice "qui aurait du prendre sa retraite depuis au moins 10 ans déjà mais qui ne peut se résoudre à abandonner ses élèves à leur problèmes tellement elle y est attachée" ne peut que remuer le coeur et les tripes des pédagogues (ou ex-) que nous sommes...
Enfin un film qui fait l'apologie des maîtresses (et, encore mieux, des vieilles maîtresses). Bon, il faut dire qu'elle a de quoi faire : le jeune Chala en question est qualifié d'ingérable par presque tout le monde (mais il a des excuses : il ne connaît pas son père, sa mère est droguée et se prostitue, il élève des chiens qu'il confie pour les combats -il est trop jeune pour y assister en vrai- à un bellâtre aux yeux clairs en marcel de rouleur de mécaniques qui est peut-être son père (et peut-être pas), il a deux potes dont le père d'un est en prison, il en pince pour une demoiselle bonne élève (qui refuse ses avances dans un premier temps) mais inscrite à l'école de manière illégale (par la maîtresse au grand coeur) et dont le père est qualifié de "provincial" (entendez clandestin arrivé là de façon illégale mais qui se tue au travail toute la sainte journée) et voilà-t-y pas que les "autorités" se réunissent pour placer Chala en foyer, mais aussi pour réfléchir au départ à la retraite ex-anticipé de Carmela, pour une sombre histoire d'inspection et de d'image religieuse ostensiblement affichée dans la classe (mais elle le fut justement par la jeune fiancée putative de Chala, et c'est le jour où elle a appris la mort du fils de Carmela, la maîtresse) et vous voilà donc avec une multiplicité de thèmes et de personnages.
La barque est chargée, mais la nave va...
Seulement voilà, quand on regarde la situation finale et qu'on la compare avec celle du début, on réalise que ça confirme le sentiment qu'on a eu pendant le film (enfin, que j'ai eu, tellement tous les autres avaient l'air, je le répète, ravis) : non non rien n'a changé (ou presque). Le film a démarré, plutôt bien, il a pétaradé joyeusement (enfin, joyeusement le mot n'est pas idéalement choisi quand même) et puis, comme un solex, il s'est mis à patiner (qui se souvient des galets des solex, qui s'usaient et devenaient trop lisses et n'entraînaient plus la roue ? et bien là c'est pareil). Oui, à un certain moment, le film se met à faire du sur-place, à tourner en rond, et le spectateur à trouver le temps long.
Etrangement ça ne m'a pas du tout ému. Peut-être parce que, justement, tout était fait pour que je le sois. Trop, sans doute. c'est un film édifiant. J'ai pourtant la larme facile mais elle doit l'être plus sentimentale que sociétale. M'en sortir alors par une pirouette, en disant que le film était sans doute très bien, mais que ce n'est pas mon genre de cinéma préféré. C'est peut-être juste les films avec des instits qui me gonflent. et avec des travailleurs sociaux. Surtout des travailleurs sociaux.
Vieux con un jour, vieux con toujours (je parle de moi, bien évidemment).

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l'affiche "muette"

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... et l'affiche "bavarde"

yenne

28 mars 2016

dans mon téléphone

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(Comme le disait très justement mon ami Philou :
"Ce qui est intéressant, c'est ce qui n'est pas intéressant...")

26 mars 2016

cinquième semaine latino

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UN MONSTRE A MILLE TÊTES
de Rodrigo Pia
(Mexique)
Du cinéma social et énergique : une femme se bat parce que la compagnie d'assurance ne veut pas auoriser la délivrance d'un mouveau médicament à son mari en phase terminale... Elle est prête à aller jusqu'au bout (elle a un flingue dans son sac), et, en compagnie de son fils va se trouver prise dans une spirale de violences et d'incompréhension (à cause, au départ, d'un médecin référent borné) affrontant l'une après l'autre les têtes multiples (et qui semblent repousser au fur et à mesure qu'on les coupe) de l'hydre du pouvoir du fric et du profit (et de l'arrogance sociale) avec en ligne de mire (d'horizon ?) le perdu d'avance et la victoire inéluctable des puissants. Même si...

 

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EVA NE DORT PAS
de Pablo Agüero
(Argentine)
Du cinéma théorique et intrigant : 25 ans d'histoire argentine, autour du personnage -et de la dépouille- d'Eva Peron. Le film alterne images d'époque (scènes de foule et de manifestations le plus souvent) et huis-clos théâtraux et quasi-abstraits (scènes claustro) mettant en scène  un personnage particulier en relation avec le corps d'Evita : l'embaumeur, les transporteur, le dictateur. Abstrait comme ses images nocturnes et incompréhensibles du début, abstrait par la théâtralisation excessive des scènes d'intérieur et l'absconsitude des dialogues. Abstrait enfin pour tout âne, comme moi, qui n'a pas en mémoire toutes les dates et faits historiques de l'histoire argentine. complexe. Jolie musique de générique ironique (théorique, encore ?).

 

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LA TERRE ET L'OMBRE
de Cesar Acevedo
(Colombie)
Du cinéma poignant (et documentaire). Un homme revient chez lui après des années de fuite "ailleurs", retrouve sa femme, son fils, en train de mourir, son petit-fils. un film à la fois simple et extrêmement maîtrisé (caméra d'or à Cannes, et prix de la mise en scène, d'ailleurs, doublement mérités). Le paysage aussi a changé, sa maison est cernée par les champs de canne à sucre, et tout autour la misère, l'exploitation... Pas de musique, juste une chanson très triste qui parle d'amor et de llanto sur le générique de fin. Le réalisateur peaufine ses plans-séquences et ses cadrages. Du vrai grand beau cinéma, et autant de tristesse (de chagrin) que de beauté. Pour l'instant le plus beau film de cette 5ème Semaine Latina.

 

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IXCANUL

de Jayro Bustamante
(Guatemala)
Du cinéma poignant (et documentaire). Des paysans guatémaltèques (qui parlent une langue étrange qui n'a rien à voir avec l'espagnol). Leur fille, qu'on fiance avec un contremaître. La même qui se retrouve enceinte après avoir succombé à un saisonnier, ouvrier des plantations de café, et à des rêves de fuite aux Estados Unidos. Beaucoup d'alcool, et des serpents qui infestent le terrain des paysans. Et un volcan, omniprésent, qui bouche l'horizon et fait rêver à ce qu'il peut bien y avoir derrière... Pas mal de rites, plus ou moins mystérieux. Et encore beaucoup de tristesse. Et un très beau Boléro d'Ixcanul sur le générique de fin.

24 mars 2016

soufflette

FIVE
de Igor Gotesman

Désolé, je crois que j'ai un problème avec Pierre Niney. Ou plutôt avec les films dans lesquels il joue. De celui-là je ne connaissais que la bande-annonce, avec dedans une scène qui me faisait rire (celle des ecstas dans la voiture avec les flics au bout de la rue). Et effectivement c'est celle-là qui m'a aussi fait rire dans le film. et aussi la réplique sur les amours entre théâtreux. Idem.

C'est un film avec des jeunes dedans, fait par des jeunes pour les jeunes, et les dialogues vont en effet  dans ce sens-là (c'est mon côté régressif, caca-boudin, j'aime bien quand il y a des gros mots, du verlan, des insultes, ça vous émaille (fleurit) un dialogue de façon assez plaisante, et ici ça remplit tout à fait son contrat, rien à dire à ce niveau. Les dialogues font mouche.

Parce que tout de suite après ça commence à se gâter. L'histoire d'une bande de potes, cinq comme le titre l'indique (Pourquoi en anglais d'abord ? Pour faire un clin d'oeil bienveillant au film de Kiarostami qui porte le même titre ? hihihi) bien caractérisés : le jeune premier (Pierre Niney) le rondelet, le fumeur, le métis, et la meuf. Qui réalisent leur rêve : ils vont enfin pouvoir vivre en coloc' dans un appartement mirifique où quatre ne paieront que 500€ par mois, tandis que tout le reste sera payé par le cinquième (et la carte de crédit de son père). Le cinquième c'est Pierre Niney, qui fait croire à son père qu'il est en fac de médecine alors qu'en réalité il prend des cours pour être acteur. Manque de bol, le moment où il signe le bail de l'appart' est aussi celui où son père apprend la vérité et lui coupe donc les vivres. d'où malaise, et démerdage et combines diverses pour réussir à trouver du fric sans que les autres soient au courant, combines qui vont aller de mal en pis (mais on sait quand même depuis le début du film par la voix-off de la meuf que tout ça a fini -bien, au moins pour la meuf-, dans une île paradisiaque, on n'est donc pas très (trop) inquiet.) Non seulement de Charybde en Sylla, mais il faudrait rajouter quelques noms de divinités... Malenpis, C'est la cata, etc.

Le problème c'est qu'à part les dialogues, qui, je le répète, sont plaisamment gore, rien ne fonctionne vraiment, tout est dans  le déjà-vu, ou l'à-peu-près, voire le n'importe-quoi (histoires de came, bluette sentimentale, tensions familiales, mensonges entre potes, personnages secondaires approximatifs -on a même droit à une Fanny Ardant -la vraie- qui surjoue une Fanny Ardant amatrice de pétards et de belles bagnoles-) ce qui fait qu'on baisse assez vite les bras et qu'on renonce même à s'agacer, on se laisse aller, on continue à regarder en rêvassant plus ou moins. Le film finissant en apothéose avec un insupportable couplet lourdaud et en voix-off sur l'amitié aïe aïe aïe. Le réalisateur est pote avec Pierre Niney, il joue d'ailleurs aussi dans le film (le grassouillet), peut-être (sans doute) les autres sont des potes aussi, mais, Les copains d'abord, ça ne suffit pas pour faire un film. Avec un scénario solide et des personnages plus étoffés, c'est mieux.

Un film que j'aurais vraiment adoré adorer (d'autant plus que j'étais dans un certain état de grâce à la sortie de Rosalie Blum), mais non, hélas c'est dommage, plus on avance et plus ça se désagrège (la garden-party chez Pascal Demolon un peu en roue libre est quasiment pénible) et moins  il y a de choses à sauver. Je souhaite tout de même à Igor Gotesman un joli succès populaire (mon opinion n'engage que moi et n'est absolument pas, je le réalise de plus en plus souvent, représentative) il est beaucoup moins raccoleur que Pattaya, par exemple, et ne fera donc peut-être pas autant d'entrées...
Et je suis sur qu'il peut faire mieux la prochaine fois. Si si, je croise les doigts!

335908

Tiens, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu un film à affiche jaune...

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