du pied gauche ?
(philosophons Café du Commerce...)
Encore expérimenté ce matin le matin qu'il vaut mieux se lever de pas trop bonne humeur (sans toutefois de raisons vraiment particulières, peut-être juste le fait qu'on est épuisé parce qu'on a beaucoup - trop ,- rêvé ?) Bref, quand on arrive sur le lieu de son travail, on n'a pas vraiment un sourire qui va d'une oreille à l'autre, ni on ne chante dans les couloirs des cantiques comme un sachristain sous amphètes ou des vieilles chansons de Régine qu'on a d'ordinaire tant de plaisir à grasseyer, mais on n'a pas non plus le point au plexus, les larmes aux commissures, embusquées, ou le souffle très court qui régulièrement vous pousse à soupirer ; non, on est juste un poil ronchon, comme ça, sans exactement y trouver de cause (c'est lundi matin ? on part travailler ? la journée va être longue ? il reste encore deux semaines ?)
Et puis, c'est là que ça devient un peu -et toujours aussi inexplicablement- plus agréable, un peu par ci, un peu par là, comme si chaque personne rencontrée vous caressait avec une plume, et chaque minute qui passe (comme la médaille d'amûr) vous fait un peu plus joyeux (qu'hier) et moins malheureux (que demain). Et voilà qu'il se met à neiger, et que tout le monde colle son nez à la fenêtre, dans un brouhaha joyeux, et qu'on en est secrètement tout attendri, même si en apparence on fait les gros yeux et qu'on dit qu'on n'a pas que ça a faire, regarder la neige tomber (mais on ne se prive pas de la regarder aussi, quand même, du coin de l'oeil...)
Et puis voilà, on réalise soudain qu'on n'est plus du tout grinchouillou, que le nuage nocturne s'est désagrégé, et qu'on a envie, dans la cour, avec les collègues chéries (bien qu'il faudrait dorénavant ôter le e final mais c'est dur de changer les habitudes) de faire l'idiot avec la capuche du manteau qui vous transforme en gogol, et même qu'on le fait, et qu'on se marre comme des baleines...