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lieux communs (et autres fadaises)

29 décembre 2008

esprit d'noël, es-tu là?

Déjà une semaine de vacs de fichue passée.
Et me voilà de retour à la maison, après une semaine dé-li-cieu-se à Paris, à fêter, pour la quatrième année "Noël à Champlitte à Paris", dans notre petite "famille recomposée" (avec cette année une nouvelle venue...)
Ce fut (de l'avis de chacun et chacune) un très beau noël : Des plats de fête, des cadeaux (les "vrais" et les "faux"), quelques films (cinq, j'y reviens vite), des promenades, des discussions, des fou-rires, une merveilleuse librairie, un Grand Palais plein de vidéos... Que du bonheur, en gros !
A peine rentré, et j'ai commencé par vider l'appareil photo... Voilà donc, en amuse-gueule, quelques clichés...

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(malou/françoise hardy qui se change derrière le sapin)

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(choucroute de la mer)

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(saumon, mâche, kaki, et guimauve au wasabi...)

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(et voici la dernière arrivée, rébecca...)

23 décembre 2008

commentaires : zéro

... ca tombe bien, je pars pour une semaine à Paris
(ce blogchounet restera donc vacant, mais changera-ce tant que ça ? huhuhu)
baille baille!

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21 décembre 2008

au creux de l'oreille

Ca arrive de temps en temps, comme ça, une bonne surprise, une chanson qu'on entend pour la première fois, sans a priori, et qui vous accroche l'oreille illico, et qu'on n'a qu'une envie, celle de la réécouter dès qu'elle est terminée... Un genre de plaisir enfantin, régressif, délicieux. Et c'est ce qui m'arrive cet après-midi avec Chocolat, une chanson de Thomas Fersen.
Merci à François d'avoir acheté le disque et de l'avoir prêté à Christine et Jean-Fran, merci à Christine et Jean-Fran de me l'avoir prêté, merci à Emma de m'avoir dit qu'il ya avait dedans une chanson qu'elle aimait spécialement, avec de la grosse caisse... Voilà, ça doit faire 50 fois que je l'écoute (elle est courte, c'est dommage, à peine 2'53!) et j'ai un sourire idiot à chaque fois. Allez, je vous mets les paroles!!!

Chocolat (Thomas Fersen / Thomas Fersen)

Ma cigarette sur l'oreille
Et mes grosses lunettes de soleil
Leur ont mis la puce à l'oreille
Alors qu'ils bayaient aux corneilles
Mes chaussures à museau de rat
Ont chatouillé leur odorat
Et comme ils n'avaient rien à fiche
Ils ont détaché leur caniche


Et le chien s'est jeté sur moi
I
l a mangé mon chocolat
Il a mangé mes Granola
Et puis il m'a léché les doigts
Ils ont goûté la farine
Ils ont goûté l'aspirine
Ils ont goûté le savon
Mais le savon c'est pas bon
Oh non !

Y a des perdreaux dans mes chaussettes
Des poulets dans mon bermuda
Dans mon masque et dans mon tuba
Et sur mon gros radiocassette
Ils ont écouté la musique
Qui provenait de Jamaïque
Ils ont écouté du Bob
Tout en fouillant ma garde-robe

{au refrain}
Y a la volante dans mes calcifs
Ils sont pourtant inoffensifs
Ils ont même l'air un peu gênés
Ils pensaient pas s'oxygéner
Ma valise, elle est décousue
Elle tire une langue de tissu
Elle a un gros derrière carré
Mais elle n'a rien à déclarer

Et le chien s'est jeté sur moi
Il a mangé mon chocolat
Il a mangé ma confiture
Puis il m'a léché la figure
Je suis entouré de flics
Qui cherchent la Jamaïque
La Jamaïque elle est plus là
Elle était dans le chocolat
Oh oui !

21 décembre 2008

verre pilé

MY MAGIC
d'Eric Khoo

J'avais adoré Be with me. Celui-là je l'appréhendais un peu, au vu du résumé. Dans Be with me, il était question d'amour (trois ou quatre histoires enchevêtrées, heureuses ou malheureuses). Dans My magic aussi il est question d'amour, mais filial, cette fois-ci, celui d'un père pour son fils. Vu hier soir, donc, et c'est un film d'une insondable tristesse. Construit autour d'un personnage impressionnant (un magicien -un vrai, d'ailleurs-, qui croque du verre, se transperce aux endroits les plus divers avec des accessoires idem, allume spontanément ses mains et autres joyeusetés) alcoolique (très alcoolique), qui vit avec son jeune fils depuis le départ de sa mère, (à qui il téléphone régulièrement alors que depuis longtemps la ligne en a été coupée), et va soudain cesser de penser à lui, et à sa souffrance, pour tenter d'offrir à son fils un avenir plus reluisant que le sien.
Un film effroyablement réaliste, où le calvaire de cet homme qui souffre (de plus en plus) pour de l'argent (qu'il destine à son fils) nous met, spectateurs, à la même place que ce boss aux yeux fixes et cruels, qui ne cillent jamais, mais semblent se repaître de cette souffrance donnée en spectacle, et revendiquée en tant que tel, puisqu'elle est monnayée.
Pour Eric Khoo, la réalité, le présent, ne sont qu'une mince cloison entre les souvenirs et les rêves, cloison contre laquelle pourtant on ne cesse de se cogner la tête, de la plus violente et la plus absurde des façons. Douloureusement. Le monde est cruel, dira à un moment le père à son fils. Le film se clôt pourtant sur une scène très douce, muette, apaisée (la scène originelle ?) où le présent (le réel) est aboli, où l'on se réfugie dans l'ailleurs, comme on se coucherait dans la neige lorsqu'on est très fatigué. L'illusion du secret, c'est le secret de l'illusion.(Cette phrase, qui me fascine depuis longtemps, était citée en ouverture d'un film, que j'aimai beaucoup, il ya longtemps, et que je n'ai jamais revu. Il s'appelait Trompe-l'oeil. Et, miraculeusement, elle résume celui-ci...)

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19 décembre 2008

sur la plage abandonnée...

LES PLAGES D'AGNES
d'Agnès Varda

J'y suis allé, poussé par la curiosité et aussi par l'enthousiasme extrêmement laudatif de mon ami Hervé, tout en me posant la question "Peut-on aimer ce film si on est réfractaire à l'univers de Jacques Demy ?". La réponse est oui (avec quelques nuances). Agnès Varda y raconte sa vie, la dépeint la repeint la recrée la scénarise l'accommode la réinvente. Parler de soi est un exercice périlleux, sans tomber dans la complaisance le nombrilisme ou la flagornerie. Moi je. Ainsi, la scène d'ouverture (celle des plages belges, avec les miroirs) qui m'a quasiment cueilli à froid, m'a vraiment subjugué, ravi (au sens propre), émerveillé. Comme un gosse. En quelques minutes, j'avais déjà les larmes aux yeux devant la beauté et la force de cette installation, et ce qu'elle répercutait en moi. Il y a plusieurs moments, ainsi, qui sont extraordinaires, et d'autres plus... ordinaires.
Ce qui est bien, c'est que ça m'a permis de réviser le cursus d'une cinéaste que je ne connaissais pas forcément si bien que ça (enfin si, livresquement : je connaissais  les titres de ses films, (La pointe courte, Lion's love, Murs murs, Documenteur...) tout en en ayant vu très peu). C'est un peu comme si je ne l'avais jamais vraiment rangée parmi les "vrai(e)s" cinéastes.)
Le film est un Je me souviens en images (ou en marabout de ficelle), une re-création / récréation, de l'enfance à aujourd'hui, avec des trucs et des machins, des dispositifs, des installations, des coq-à-l'âne. Agnès Varda, pour moi, c'était surtout la copine à Jacques Demy, et donc quelqu'un dont l'univers a priori  ne m'intéressait pas plus que ça. Mais là, force est de reconnaître qu'on y prend beaucoup de plaisir, que c'est vrai qu'elle a une façon extrêmement sympathique agréable et originale de raconter tout ça, sous forme de pêle-mêle, de fourre-tout. Entre collage et bricolage. Elle parle, elle parle d'elle, elle nous parle d'elle, de ce qui lui tient à coeur : de son père, de ses soeurs, de son compagnon, de ses enfants, de ses voisins, de sa société de prod, de ses copines, avec la même simplicité souriante :des photos et des extraits de films, des documents d'archives, mais aussi des vidéos confectionnées sur mesure pour l'occasion. C'est touchant, attendrissant, et plusieurs fois oui oui j'ai eu les larmes aux yeux.
J'en ai appris  un peu plus sur Jacques Demy, sans que cela  ne me donne forcément davantage envie de voir ses films, ni sans le connaître vraiment mieux (il y a des zones d'ombre chez ce monsieur, desquelles Agnès V. s'approche mais avec des prudences de chat...)
Disons-le, la seule chose qui m'a un peu gêné (agacé ?) c'est le name dropping qui revient régulièrement, comme une soirée diapos en famille où l'on entendrait "là c'est mon copain Jim Morrison, là c'est  mon voisin Calder qui m'offre un mobile pour me remercier, là c'est Jean Vilar qui vient boire le café, là c'est Brassaï qui me prend en photo, là c'est Fidel Castro qui me fait coucou..." (mais peut-être est-ce juste de la jalousie de ma part ? Tss tss.) Ca prouve au moins qu'elle a bien vécu.
On sort du film, paradoxalement, avec le coeur plutôt aérien,  dans les cheveux le vent du large et dans la tête le bruit du ressac. Paradoxalement, parce que s'il y est, finalement, beaucoup question de mort, rien de morbide n'y subsiste. Juste la joie (de vivre). Et beaucoup de balais.
Moi aussi j'aime beaucoup les plages...

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18 décembre 2008

objectif

L'HOMME A LA CAMERA
de Dziga Vertov

Les hasards de la programmation ont fait que j'ai vu ce film le même jour que celui d'Agnès Varda, et que j'ai d'ailleurs, dans un premier temps, failli les chroniquer ensemble, tant ils m'apparaissaient avoir des points communs, surtout dans leur façon (personnelle) de jouer avec le cinéma (d'ailleurs Agnès varda cite Dziga Vertov, tandis que l'homme à la caméra lui renvoie le ricochet avec une image de personne enterrée sous le sable sur la plage).
L'homme à la caméra, ça faisait des siècles que j'en connaissais le nom, sans jamais avoir eu l'envie d'en voir le moindre morceau. Pour moi c'était le prototype du cinéma hyper intello et monumentalement chiant, le genre d'oeuvre qui faisait se faire pipi dessus de joie aux journalistes des Cahiaîs du Cinéma (aux temps héroïques où, écrivait je ne sais plus qui,  ce vénérable magazine n'était pas encore traduit en français.)
La programmation d'un ciné-concert semblait donc une occasion idéale pour accéder à l'oeuvre en question, en mettant les chances de son côté. Si le film ne plaisaot pas, il y aurait toujours au moins la musique! Première surprise, en arrivant : la salle était pleine (alors que je supputais qu'au grand maximum une trentaine de pékins seraient mobilisés par l'évènement).
Deuxième (et de taille, mais, comme dans la pub, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis) surprise : j'ai passé un excellent moment. Doublement, grâce au film et grâce au concert (les musiciens ont été annoncés comme le groupe Absent : guitare(s), batteries, électronique, boucles sonores et déflagrations soniques, cette musique-là m'a vraiment scotché), et, plus encore, par l'ensemble des deux. (Le film tout seul et sans rien, comme ça, à sec, eût sans doute, je pense, été plus indigeste...)
Un film sans (rien) : sans acteurs, sans scénario, sans intertitres ni sous-titres (mais avec tout de même un vrai générique, pour expliquer tout cela, et des sous-titres pour le traduire!) Et de quoi-t-y donc qu'ça cause ? Une journée dans une ville russe, du réveil au coucher, du matin jusques au soir, du travail aux loisirs, de la naissance à la mort, etc., avec un filmeur qui filme tout, tout le monde, et partout (l'homme à la caméra du titre), une monteuse qui monte (le montage du film que nous sommes en train de voir) et des spectateurs, qui spectactent, regardant le film que nous sommes nous-mêmes spectateurs en train de regarder.
Et derrière tout ça, un réalisateur qui s'amuse, expérimente, bricole, bidouille, avec un plaisir évident, une joie manifeste. Qui se permet tout, mais dans la gamme du ludique, plutôt sourire que sourcils froncés. Et la musique puissante (mes voisines ont trouvé que c'était parfois trop fort, mais moi que nenni) qui acompagne tout ça, puissamment, intelligemment, magistralement, quoi. Ah que la Russie était jolie en 1928, et comme tout le monde y semblait joyeux... Propagande dites-vous ? Nan, juste retranscription!

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17 décembre 2008

échafaudage

(quand on n'a rien a dire, autant montrer...)

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14 décembre 2008

survol

Décembre, le moment des bilans divers pour le listophile que je suis. Le rituel du "top 10". Les films qui marquent, les films qui ont marqué, les films qui restent. Parfois pour des raisons strictement cinématographiques et parfois pas forcément. On se rend ainsi compte (c'est bien, le blogchounet pour garder des traces) qu'il y a des films qui s'évaporent, d'autres qui se désagrègent, d'autres encore qui se dissolvent, et là, de place en place, dressés comme menhirs ou balises sur l'axe temporel, ceux qui subsistent.  Pas forcément en entier, mais bon, ceux qui sont encore là.
Je ne publie pas ma liste avant la fin décembre (il est déjà arrivé que le dernier film vu dans l'année y rentre illico -je me souviens avec émotion de Be with me, vu quasiment un 31 décembre...), je suis donc en train de faire les élagages préliminairs (pour le moment restent en lice une douzaine de films : (carte du monde) trois français (incroyable!), deux américains, un mexicain, un argentin, un italien, deux israéliens, un turc, un belge et un algérien... (finalement, qu'est-ce qu'on voyage, huhuhu)
Mais rien n'est encore joué!

13 décembre 2008

la lettre

Elle est vraiment magnifique, cette lettre de Bastien Cazals que mon amie Dominique vient de me transmettre par par mail, et je ne peux faire moins que vous la reproduire in extenso:

Montpellier, le 25 novembre 2008,

Cazals Bastien
Montpellier
à
Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris


Monsieur le Président de la République,

Si je prends la liberté de vous écrire cette lettre, c'est qu'aujourd'hui, en tant qu'enseignant et directeur d'école comme en tant que citoyen, je suis en colère, proche de la révolte. Je ne peux plus me taire. Je me dois de réagir.

Permettez-moi, tout d'abord, d'insister sur l'expression de mon profond attachement et de mon immense respect pour cette République française dans laquelle j'ai eu la chance de venir au monde. Je suis attaché à ce pays car je considère qu'à certaines périodes de sa longue histoire, il s'y est dit, écrit et  fait de si belles choses. Outre l'immense patrimoine culturel qu'elle a constitué, la France – tout  particulièrement de sa révolution de 1789 au programme du Conseil National de la Résistance, en passant par la République et sa loi de 1905 sur la laïcité – a su porter si haut et avancer si loin les valeurs universelles consacrées dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen qu'elle a fini par faire le choix ambitieux d'une république laïque et démocratique où tous les citoyens vivent ensemble, en bénéficiant de la liberté, de l'égalité et de la solidarité ! Tellement admirable que j'ai choisi de servir cette République, ma République. J'en serais presque fier... sauf que je ne suis pour rien dans tout cela, j'en hérite. Et un tel héritage se partage ou se défend !

C'est ainsi que j'arrive à l'objet de ma lettre. En ce début de XXIème siècle, que reste-t-il de l'état républicain à la fois puissant et protecteur, comme de ses grandes missions d'intérêt public ? Plus grand chose : les idéologies en vogue étouffent la flamme républicaine tandis que les réformes en cours dépècent les derniers lambeaux des services publics. D'autres pourraient citer la justice, la santé ou la solidarité, je vous parlerai de ce que je connais, de ce que j'ai choisi : l'école primaire publique.

Monsieur le Président, autant vous le dire de suite, avec les transformations qui s'opèrent actuellement, l'État ne pourra plus garantir à chaque citoyen les mêmes droits en terme d'éducation. Et il s'agit, là, du déni d'un droit fondamental, surtout dans une république qui se prétend historiquement éclairée par le savoir et la pensée, la finesse et le bon goût. Cette ''modernisation'' de l'Éducation Nationale, qui se construit pas à pas depuis des années, avance sur plusieurs plans à la fois mais dans une grande cohérence. Sachant que votre temps est précieux, j'ai donc choisi de n'en aborder qu'un aspect, le plus saisissant.

Ayant déclaré la guerre contre l'échec scolaire, votre ministre en charge du dossier a entrepris de moderniser l'école prétendument dans l'intérêt des élèves mais avec quand même, dans un coin de la tête, les impératifs budgétaires liés à la mise en œuvre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), au respect du pacte européen de stabilité et autres contingences financières. Ainsi, à cette rentrée 2008 et sans concertations préalables aux prises de décisions, M. Darcos a ainsi décidé :

·                                 de mettre en place des nouveaux programmes qui conviennent parfaitement aux élèves comme ma fille, qui est structurée, attentive et appliquée, mais ne laisseront que peu de chances à son copain Victor de surmonter ses difficultés d'apprentissage ;

·                                 de diminuer le nombre d'heures de classe pour les élèves comme ma fille qui travaille bien et comprend vite mais pas pour Victor qui est soutenu 2h par semaine dans ses difficultés d'apprentissage ;

·                                 et de renforcer le dispositif de stages de remise à niveau en CM1/CM2 pour que Victor entretienne ses difficultés d'apprentissage pendant les vacances de ma fille...

Mais ce n'est pas tout – et Victor est finalement un peu chanceux, car la rénovation du primaire est en cours et, pour la rentrée 2009, sans plus de concertation, M. Darcos nous annonce qu'il va :

·                                 supprimer progressivement les enseignants membres du Réseau d'Aides Spécialisées au Enfants en Difficulté (RASED) qui aident Victor pendant le temps scolaire et sans lui refaire la classe ;

·                                 mettre toujours plus d'élèves par classe – puisque toujours moins d'enseignants – ce qui ne plaira pas trop à ma fille qui aime avoir l'attention de la maîtresse mais beaucoup à Victor qui préfère se faire oublier ;

·                                 et remplacer la prise en charge à l'école publique des 2/3 ans par leur accueil dans des structures locales payantes, ce qui n'affectera pas la scolarité de Victor mais de son petit frère Hugo qui restera encore un an à la maison avec sa maman car « sa veau pas l'coup de bosser au smig si faut payer le jardin des veilles » ! Hugo n'aura donc pas la chance de son frère de bénéficier des apports langagiers et de la stimulation cognitive d'une première socialisation à l'école maternelle.

Croyez-vous sincèrement, Monsieur le Président, que votre ministre pourra, par de telles réformes, atteindre l'objectif qu'il s'est fixé de diminuer par trois le nombre d'élèves en difficulté ? Et pouvez-vous m'affirmer que l'école primaire de demain continuera d'assurer à tous les élèves des chances égales d'émancipation sociale ?

Actuellement, nous assistons à la mise en œuvre, à marche forcée, des dernières grandes étapes de la transformation du système éducatif français. J'en veux pour preuve l'autoritarisme croissant exercé par la hiérarchie, le souci de rendre improductif l'exercice du droit syndical au travers du Service Minimum d'Accueil (SMA), ou celui de faire surveiller l'opinion et l'activisme des enseignants !

Aussi, comme bon nombre d'entre eux, j'entre aujourd'hui en résistance parce que je ne peux me résoudre à ce que l'école publique, mon école, ne se préoccupe ni de Victor, ni de Hugo, sans être pour autant en mesure de faire éclore un nouveau Victor Hugo. La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration (article 15 de la DDHC de 1789) c'est pourquoi d'un fonctionnaire dévoué je me vois contraint de devenir un fonctionnaire désobéissant ! En conséquence, en tant qu'enseignant tout d'abord, je prends les décisions suivantes :

·                                 Je n'appliquerai pas les nouveaux programmes mais continuerai à travailler dans l'esprit des programmes de 2002 (qui n'ont d'ailleurs fait l'objet d'aucune évaluation).

·                                 Je n'effectuerai pas l'aide personnalisée auprès des élèves (qui est destinée à remplacer l'aide spécialisée du Rased) mais mettrai à profit ces 60 heures annuelles pour rencontrer les parents deux fois dans l'année (en milieu et fin d'année), organiser les projets pédagogiques collectifs et également pour faire vivre la bibliothèque de mon école (qui est actuellement sous-utilisée faute de personnel mis à disposition).

·                                 Je ne déclarerai pas à l'administration mon intention de faire grève, 48h à l'avance, mais j'informerai, comme par le passé, les parents d'élèves au moins deux jours avant.

·                                 Je ne me porterai jamais volontaire pour les stages de remise à niveau ni ne transmettrai de liste d'élèves.

Ensuite, en tant que directeur, je prends les décisions suivantes :

·                                 Je ne participerai plus au fichage centralisé des écoliers via Base Elèves

·                                 Je ne traiterai plus que les demandes administratives qui concerneront directement les élèves, mes collègues ou le fonctionnement de mon école.

Enfin, en tant que simple citoyen en dehors de tout parti politique, je n'empêcherai pas la diffusion de ces prises de position professionnelles mais au contraire, tenterai de participer à l'émergence d'une résistance citoyenne et non-violente, porteuse d'un projet de société généreux et ambitieux – depuis la crise financière, nous savons tous qu'il est possible de trouver beaucoup d'argent lorsque c'est nécessaire – car notre République est en train de tourner le dos à ses dernières missions d'intérêt public...

Conscient que vous ne mesuriez probablement ni l'ampleur du désastre qui menace l'école, ni celle de la colère qui submerge le monde enseignant, je sais que vous entendrez mon appel et ne décevrez pas l'espoir que je mets dans la grandeur de votre fonction.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République, l'expression de mon attachement respectueux à la dignité de l'État républicain laïc et de croire en ma détermination à continuer d'œuvrer pour tous les élèves qu'ils soient ma fille, Victor ou Hugo.

CAZALS Bastien

Et ici vous pouvez la récupérer au format pdf, l'imprimer, l'afficher, la diffuser.

La réaction de la hiérarchie n'a pas traîné : Il a été répliqué par la suppression de 8/30èmes (1/30ème  par jour où Bastien Cazals n'a effectivement pas mis en en place la fameuse "aide personnalisée" (soit huit jours de traitement amputés! Il s'agit pour l'administration de "frapper vite", de faire un exemple, d'écraser dans l'oeuf les velléités de désobéissance,  de refroidir les volontés de "rebellion", car, le savez-vous, un fonctionnaire a le devoir d'obéissance. Mais son employeur n'aurait-il pas le devoir de respect ?)

Ici, le site qui tient le compte-rendu de cette affaire au jour le jour.

11 décembre 2008

bêtes et méchant(e)s

BURN AFTER READING
de Joel & Ethan Coen

Bon d'accord, c'était en v.f dans le bôô cinéma, mais tant pis j'avais envie, alors... Y avait du monde dans la salle, et  sur l'écran aussi y en avait. Une sacrée brochette. Après un générique très gougueul eurf (avec de la musique qui tape de Carter Burwell),on attaque avec John Malkovich (un peu alcoolo), qui vient de se faire virer de la CIA,se fait engueuler par son épouse Tilda Swinton (un peu salope frigide, c'est le film qui le dit), dont on sait très vite qu'elle le trompe avec Georges Clooney (un peu bellâtre avec la chaîne en or). Premier triangle. Ailleurs, dans un club de gym, batifolent Frances Mc Dormand (peroxydée) qui rêve de chirurgie esthétique, Brad Pitt (qui bénéficie d'une création capillaire assez mimi) en moniteur de fitness gentiment neuneu, et Richard Jenkins en balourd aux yeux tristes secrètement amoureux de la blonde. Second triangle.
Ces deux univers qui n'avaient à priori aucune chance de se télescoper vont pourtant le faire, sous le prétexte d'un cd qui contient les codes bancaires (et les mémoires) de John Malkovich. Et bien entendu, chez les Coen, il est toujours question d'engrenage, où, quand on y met le doigt, on est sûr que c'est au minimum le bras, sinon tout le reste, qui va y passer. Et ça ne manque pas. Il y a un effet de contagion assez plaisant dans le film. Comme si les frérots avaient trouvé deux graines, qu'il les avait plantées, et filmé ensuite leur croissance anarchique, sans se départir de leur calme apparent même en s'apercevant qu'il s'agissait de plantes carnivores Sans s'émouvoir particulièrement, en observateurs, quoi.
Le spectateur feuillette ce catalogue de blaireaux, de loosers, de menteurs (et de menteuses), de naïfs, d'abrutis (et e), et d'imbéciles (c'est unisexe), qu'il refermera, comme la chemise contenant ces documents top secret (burn after reading) lors de l'échange final et assez irrésistible entre les deux mecs de la CIA  visiblement dépassés par les événements, sans avoir forcément tout compris  (parce qu'il n'y a justement rien à comprendre...)
Le filmage est, comme toujours chez les frangins, à la fois simplissime et très élaboré. Prosaïque mais narquois. Avec cette distance ironique, sans être lourdingue, qui introduit de-ci de-là un genre de travelling coudé, un cadrage zarbi, une accélération inattendue, une transition hasardeuse... Bref, c'est peut-être un "Coen mineur", mais ça passe plutôt bien, pour un mercredi soir.

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