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lieux communs (et autres fadaises)

14 octobre 2013

quatre bouts de rêves (de quatre nuits différentes)

le terminal

Ca y est, j'ai mes bagages pour partir en Inde. J'ai une valise, plus un genre de serviette (porte-document) en cuir marron (dont je pressens qu'il va m'encombrer, et me fais me demander pourquoi donc j'ai pris ce truc) et mon sac à dos...
Je suis tout seul en arrivant à l'aéroport , je franchis les contrôles successifs (le premier est surprenant, il s'agit d'une "porte", ou plutôt d'un passage entre deux cloisons de plastiques rigides, suffisamment étroit pour que je pense ne pas pouvoir y passer (il faut vraiment être très mince) mais finalement ça passe sans encombre.)
les agents ouvrent peut-être ma valise, je ne la vois pas vraiment, ni son contenu d'ailleurs (juste un vague mouvement de tissus bleus à la lisière du champ de vision)
des gardes contrôlent mes billets / mes papiers encore deux fois avant que j'entre dans le terminal qui est bien entendu extrêmement bondé, des gens dans tous les sens, je regarde en l'air les panneaux pour trouver ma direction, à un moment j'entrevois "Delhi" écrit sur un tableau d'affichage mais après impossible de retrouver où je l'ai vu...
Mais qu'est-ce que je fiche tout seul dans ce terminal, au lieu d'être parti plus tôt avec les autres ?

la fenêtre

je suis chez moi (au premier étage) j'ai la sensation d'être un peu ivre, je m'approche de la fenêtre ouverte pour fermer les volets, et un violent vertige me prend, me donne envie de sauter... je m'accroche à la barre pour ne pas basculer, de toutes mes forces, mais le vide m'attire irrésistiblement... je résiste, mais je sens que je vais tomber... (je me réveille)

le magasin turc

je suis dans un genre de bazar, où je suis déjà venu auparavant (il y a sur le bureau du commerçant des papiers où je reconnais ma signature), il y a un présentoir qui fait toute la longueur du magasin, je farfouille dans les rayons , qui sont pleins de petites choses "turques" que je ne connais pas, notamment un cône en plastique transparent, rempli de graines et de confiserie minuscules, mais qui hélas se renverse quand je le saisis (il n'était pas bien fermé au-dessus). Le propriétaire du magasin intervient en riant, il dit que ce n'est pas grave, et verse un peu du contenu dans la main, pour me faire goûter...

le gâteau

j'ai décidé de faire un gâteau au chocolat, je cherche les différents éléments (je suis dans la cuisine de la maison de mon enfance), et je me dis qu'il est peut-être plus pratique de réutiliser cette pâte à gâteau au chocolat faite depuis déjà quelques temps, et qui attend dans son moule. Je me dis qu'il vaudrait sans  doute mieux  rajouter de la levure, car l'ancienne risque de ne plus faire son effet. Je commence à mélanger, et j'avise une superbe croûte de tourte dorée posée là. Je vais la mettre sur mon gâteau qui sera ainsi du plus bel effet.
Cette croûte appartenait en réalité à Elizabeth. Quand elle sort mon gâteau du four, elle enlève la croûte et la récupère sans dire un mot. Même si elle ne dit rien, je vois bien qu'elle est fâchée, je suis un peu embarassé...

14 octobre 2013

péchés mignons 2

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(besac, août 2005)

13 octobre 2013

péchés mignons 1

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(le premier : juillet 2005, Lisbonne)

12 octobre 2013

jasmine dubois

UN TRAMWAY NOMME DESIR
d'Elia Kazan

Sans Hervéchounet, je ne l'aurais jamais su, ni peut-être même jamais vu... Il me l'a passé en me disant que "ça éclairait certains aspects du film de Woody Allen" me semble-t-il. De Kazan je ne connaissais pratiquement rien, sauf le nom, et l'affiche de America America que j'avais achetée à l'époque, après avoir vu le film du même nom - film qui m'avait, à l'époque, emballé, me semble-t-il me souvenir_.
Et nous voilà donc parti pour la Nouvelle-Orleans, dans un beau noir et blanc, où une demoiselle blonde, valise à la main, débarque dans une arrière-cour en cherchant, dit-elle, l'appartement de sa soeur, chez qui elle vient passer quelques jours (effectivement, tiens tiens, ça c'est pareil). La blonde a l'air plutôt snob et chochotte, s'étonnant poliment que sa soeur vive dans un gourbi pareil, mais s'y installant quand même (re tiens tiens mais c'est pareil), et voilà que la soeurette a un copain "commun" (traduisez un bourrin mal dégrossi) que la blonde n'apprécie pas et qui le lui rend bien (re re tiens tiens...).
Le terreau commun aux deux films est effectivement assez stupéfiant (j'avoue que je ne connaissais ce tramway-là que de nom, n'ayant vu ni la pièce ni le film), même si l'évolution en est différente, (et que la fin présente neanmoins encore quelques similitudes : si Blue Jasmine est cruel envers son interprète principale, Tennesse Williams l'était encore plus, pour l'ensemble ou quasi de ses protagonistes)
Petit clin d'oeil rigolo : l'endroit ou Jasmine va chercher continuellement sa bouteille d'alcool est exactement le même pour Blanche Dubois.
J'ai beaucoup aimé le film de Kazan (ce qui m'a bien entendu donné aussitôt envie d'en voir d'autres!), et pour au moins deux autres raisons : Karl Malden, d'une part (dont j'ai ensuite cherché la filmo sur allociné), et, surtout, surtout, Marlon Brando. Je ne me le rappelais que gras et buriné comme il apparaît dans tous ses derniers films (Le Parrain and co) , mais là, mazette, quelle belle bête! J'en avais parfois la mâchoire qui menaçait de se décrocher tellement sa présence  me troublait (wouahh le téchouirt trempé de sueur, miam!). yes, il est sublime!
Pour ce qui est de l'interprétation féminine, je trouve hélas que, si Kim Hunter est parfaite en soeurette, (et la voisine du dessus excellente  aussi, même si je n'ai pas son nom) Vivien Leigh en fait hélas un peu trop des tonnes, (à la fois dans la minauderie et dans la zinzinerie) et son surjeu alourdit un poil le film (et c'est, je pense, ce qui a le plus vieilli...)
Le reste est vraiment excellent. L'essentiel se passe dans l'appartement, en vase clos, macération de sentiments troubles de plus en plus exacerbés, et les quelques scènes d'extérieur (à l'usine, entre les deux hommes, ou au bar, lors du premier rendez-vous de Blanche et Mitch) ne font pas redescendre la tension ni la température, bien au contraire. J'adore cette ambiance délicieusement bourrine "on est des hommes, des vrais..." exacerbée, constamment confrontée à la féminitude, qu'elle soit en déshabillé vaporeux et/ou emplumé (Blanche) ou en tablier de ménagère soumise (Stella).
Merci Mr Kazan, merci Mr Allen, et merci Hervéchounet!

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12 octobre 2013

l'écrit et l'oral

LA VIE D'ADELE
d'Abdellatif Kechiche

Avec tout le battage qui avait précédé la sortie, je me suis dit qu'il fallait que j'y aille le premier jour à la première séance, après je risquais peut-être de changer d'avis. Mercredi, 13h45, donc, dans le bôô cinéma. Ce fut une bonne et une mauvaise chose. Une bonne parce que le film est vraiment excellent, et une mauvaise parce que
1) j'ai raté les premières secondes du film pour cause de trop de monde à la caisse et d'une seule caisse ouverte
2) le public de la salle était particulièrement désagréable et énervant : d'abord les deux vieux qui sont venus s'installer sur les deux sièges vides à côté de moi et qui commentaient la séance comme s'ils étaient dans leur salon et qui sautaient sur leurs sièges comme s'ils étaient victimes d'un exorcisme, et, surtout, surtout, les greluches (il n'y a pas d'autres mots tout en restant poli) qui se sont mises à ricanasser au cours de la première scène de sexe -puis, avec régularité et enthousiasme, à chacune des suivantes-, et par qui, visiblement, je n'étais pas le seul dans le public à être exaspéré.
Première constation : Adèle Exarchopoulos est absolument magnifique, ce que m'avait laissé entrevoir la bande-annonce. Tout (le jeu, la voix, la coiffure, la présence) est parfait et parfaitement juste. Je suis tombé sous le charme (et, le lendemain, au moment où j'écris ce post, j'ai encore son visage qui traîne dans la tête), ce mélange de candeur enfantine et de maturité assumée. Je me suis imaginé que les "chapitres 1 et 2" du sous-titre correspondaient à "avant Emma" et "après Emma", mais cela pourrait tout aussi bien être "Emma" et "post Emma" (en parlant d'Emma, Léa Seydoux est elle aussi excellente et mérite les couronnes d'éloges qui lui/leur ont été décernées, mais bon, elle, elle a déjà quelques films à son actif et pourrait donc être qualifiée de "plus pro" (donc ayant plus de facilité, ou plus l'habitude...)
Tout la "première partie" est absolument extraordinaire, filmée très prés de ces ados et adotes, en cours ou dans la cour, en situation d'"apprenants" (lisant  des textes et discutant avec le prof de français), ou plus souvent en "stabulation libre", avant les cours, après, à l'extérieur, tels qu'en eux-même et fort justement captés par le réalisateur dont on sent qu'il est extrêmement à l'aise dans cet exercice (on ne peut pas ne pas penser à L'Esquive ).
On suit donc le quotidien de cette demoiselle, en première L, ses copines (à cet âge-là on est encore grégaire, même si dans les conversations -entre filles- il est de plus en plus question de niquer (eh oui, on ne cite pas toujours Marivaux dans le texte). Adèle rencontre Thomas, au bout d'un certain temps ils "passent à l'action", laissant Adèle, comme celle-ci l'expliquera à un copain gay "insatisfaite" : "il me manque quelque chose..." Et puis il y a cette fille auc cheveux bleus qu'elle a croisée quelques temps auparavant et qui visiblement l'obsède, et puis il y a cette copine qui l'embrasse tout à coup et lui fait entrevoir autre chose. A tort ou à raison. Prise à parti par ses copines, Adèle se défend d'être lesbienne, même si Emma, rencontrée un peu plus tôt dans un bar gay, est justement venue l'attendre à la sortie des cours...
Au plaisir de la rencontre et de la découverte progressive de l'autre (les "affinités électives") va succéder la phase physique,  "sexuée" (le premier baiser, la première caresse, le premier "rapport", dans une longue scène, juste après la visite d'un musée -Emma est aux Beaux-Arts-, où le réalisateur nous donne à voir sans pudibonderie deux corps de femmes dans une  étreinte passionnée, furieuse et sonore. Embrasement, embrassements. De la peau, des courbes, des halètements, des empoignades... -ce qui provoqua l'incrédulité ou la gêne ricanante et répétitive des greluches de la salle (qui ne se manifestaient d'ailleurs qu'à ces moments-là)- tandis que moi -attention je vais passer pour un gros bourrin de pédé de base, mais bon j'assume- je me tortillais plutôt sur mon siège car les scènes entre deux femmes ne me passionnent pas (c'est même ce qui serait  le plus éloigné de moi, exclusif  dévoué que je suis pour "le corps des hommes" : au moins dans un rapport hétérosexuel de base, je peux être au minimum à moitié intéressé, tandis que là, libidinalement, rien de rien.)
Puis voilà que cette relation entre Adèle et Emma va tendre à s'officialiser (repas de famille chez les parents de l'une, puis de l'autre, soirée festive avec ami(e)s...) et s'enraciner de plus en plus. S'installer dans la durée. Les voici désormais habitant ensemble, partageant leur quotidien, qui d'institutrice, qui d'artiste-peintre, jusqu'à ce que...

Fin peut-être, du chapitre 1.

C'est vrai que dès le début, on a corrigé le discours en disant qu'il s'agissait "d'une histoire d'amour", avant tout, avant de préciser "une histoire d'amour entre deux femmes". Une histoire, qui, comme dit la chanson, fit mal, en général. une histoire simple, forte, belle, une histoire "normale". Une passion, de a jusqu'à z. La faute à personne, la faute à tout le monde, à chacune sa part de responsabilités. Et c'est vrai que cette histoire est rendue encore plus follement belle par ses deux actrices principales (qui, fait unique, furent palme d'orées en même temps que le film à Cannes), avec un petit gros faible de ma part pour la jeune Adèle E. (c'est d'ailleurs elle qui donne son titre au film, non ?). Chacune des scènes fonctionne parfaitement, dans son parti-pris de longueur, d'exhaustivité. Et j'aime cette façon de filmer au plus proche des visages et des corps, en captant le grain de peau, la respiration, les larmes, comme pour parvenir à capturer l'indicible.
Monsieur Kéchiche est très fort, quelles que soient ses méthodes de tournage, et les effets  sont bien au-delà de ceux que m'avaient produit La graine et le mulet, par exemple (que j'avais trouvé, par exemple, paradoxalement plus long que celui-ci). C'est très fort, ce discours cinématographique qui parvient à saisir avec acuité et tendresse ce moment de la vie qu'on appelle l'adolescence, et à brasser son rapport avec la découverte de l'amour, avec l'appropriation de la culture (principalement ce qui se lit, qui se dit, qui se joue et qui se vit), avec la construction d'une identité en même temps qu'une place dans le monde, dans la vie.
Croque la vie disait un vieux film de J-L Tachella, et c'est vrai que le bouche (d'Adèle) revêt dans le film une singulière importance : importance de tout ce qui s'y mange (spaghetti bolognaise, "grec", sucreries, huîtres, etc.) et boit, force de tout ce qui s'y dit (j'adore, je le redis, la voix d'Adèle Axarchopoulos), et même, au repos, cette façon enfantine et poignante -attendrissante- de dormir...
Honnêtement, la durée ne m'a pas du tout gêné (alors que j'avais trouvé la fin de La graine... furieusement interminale) et j'aurais même été prêt à découvrir quelques chapitres supplémentaires...

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11 octobre 2013

crac

Alors, en fin de compte ce n'était pas de la goutte (ce qui me semblait déjà assez exotique), mais, après l'échographie et la radio de vérification, il s'est avéré que c'était une "fracture (probablement) de fatigue", comme l'a écrit le médecin à l'intention du mien (qui a eu l'air un peu étonné quand il a pris connaissance des résultats.
Je me suis couché un soir avec rien, et je me suis levé le lendemain matin et j'avais du mal à marcher, et de plus en plus tout au long de la journée (à ce moment je ne pouvais pratiquement plus poser le pied par terre. D'autant plus que le toubib, supputant la goutte ne m'avait pas arrêté, et que je continuais à aller bosser, en traînant de plus en plus la patte au fur et à mesure que les heures passaient. Ca veut dire que pendant la nuit, crac! un os s'est cassé en deux, comme ça (un petit heureusement) et je n'imaginais même pas que cela pouvait arriver comme ça, sans raison.
Donc, me voilà arrêté pour 15 jours (jusqu'aux vacances) avec consigne de me reposer, et de solliciter ce pied le moins possible (on m'a doté de béquilles que je ne trouve pas très pratiques et qui dramatisent la situation je trouve). Il suffit surtout de marcher raisonnablement (la maison où j'habite est sur deux niveaux, avec un -très bel- escalier au milieu, ce qui n'arrange pas les choses) et si je marche, j'ai la consigne de poser  le talon en premier, ce qui me donne une démarche claudiquante de papy, mais bon, il faut bien ça pour que ça guérisse et que ça se ressoude, hein.
Donc, je reste à la maison, lit / fauteuil d'ordi / canapé / re-ordi, etc., et j'en profite pour bouquiner grave et regarder des films idem. je n'ai quasiment plus mal, surtout dans chacune de ces stations évoquées ci-dessus, et donc de quoi me plaindrais-je.
Au début, j'avais tendance à culpabiliser, rapport à mes collègues chéries qui, elles, continuent de bosser contre vents et marées, mais, bon, ça aussi je m'y suis fait. Je tiens bon en me disant que je pourrai reprendre avec les vacs de la Toussaint (et les mômes aussi me manquent.)
Oui, j'ai de la chance dans mon malheur, c'est juste un petit os, un petit os de rien du tout, et ça ne devrait tout de même pas prendre des plombes pour se recoller, bon sang de bon sang!

9 octobre 2013

je suis l'autre

NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR
de David Perrault

Je l'ai vu à la maison (puisqu'il ne sortira que le 24 octobre, hihihi). Encore un fruit de l'entregent de mon amie Zabetta (qui m'a sorti le dossier de presse et le dvd, hop! comme un lapin du chapeau d'un magicien...). Ledit dossier de presse est très beau (photos en noir et blanc "sépiatisé", avec un encart de fac-similés de journaux de catch de l'époque, car le film parle de catch et de catcheurs -masqués- à la fin des années 50/ début 60), à l'image du film donc : noir et blanc, très beau, et "d'époque".
C'est l'histoire de deux hommes, deux amis, Simon (Jean-Pierre Martins) et Victor (Denis Ménochet). Deux costauds. Qui vont s'affronter sur le ring, le premier avec le masque blanc ("Le spectre", le gentil), et l'autre avec le masque noir ("L'équarisseur de Belleville", le méchant). C'est Simon (comme dans la chanson...) qui va  mettre le pied à l'étrier à son ami Victor en lui organisant une audition pour le faire embaucher comme catcheur qui combattra avec lui/contre lui. Mais Victor revient de la guerre, et est encore "émotionnellement fragile". (Denis Ménochet joue ça à la perfection : dans une carcasse de la stature  d'une armure de combat se dissimule en réalité une petite chose fragile, -une fleurette, un brimborion-).
L'ouverture (la mise en place) prégénérique, plastiquement superbe, est un régal de cinéma : on débute avec un gris granuleux d'images comme celles des actualités au cinéma, alternant scènes de catch et scènes de guerre, nous évoquant en alternance quel genre de combattant peut bien être chacun de nos deux héros, puis on glisse à un noir et blanc magnifiquement sculpté (on ne serait pas très loin d'un David Lynch ou d'un Guy Maddin -puisque c'est un film qui se revendique comme cinéphile-, avec toujours cette alternance, ce parallélisme entre les deux (un homme dans une chambre) que vient surfiler la voix off du narrateur (celle de Simon)
A ses vaguement inquiétantes (mais cinéphiliquement exquises) dérives oniriques initiales  le réalisateur va  ajouter un contrepoint narratif plus terre-à-terre, réaliste, rassurant : un bistrot, une chambre, un juke-box, un comptoir, et c'est un peu comme si une histoire parallèle se mettait en place, ou peut-être juste un reflet de ce qui est depuis le début en train de se jouer, un trompe-l'oeil. Car il s'agit d'une histoire en noir et blanc située à la fin des années 50, et qui plus est dans le monde "interlope" du catch (mais celui des petits combats miteux  -et  des paris crapoteux qui vont avec - distractions popu du samedi soir). Donc on reste dans l'un peu étrange, l'à-côté...
Cette problématique initiale du double (ou du reflet, ce qui revient un peu au même) - avec bien entendu (!) son sous-sous-texte affectif et homoérotique- était à mon sens suffisamment forte, avec le petit monde environnant -et juste- du bar, du ring,  et des chambres de bonne, sans devoir lui adjoindre encore un fil narratif supplémentaire (histoire de truands, de dette, d'exécuteur des basses oeuvres, de vengeance) qui ne fait que parasiter le propos -et je ne suis pas sûr que le personnage de Yann Colette, tout droit sorti d'un film de Bilal- soit vraiment indispensable, tandis que celui de Philippe Nahon, par exemple, l'est. Comme dans les matchs de catch, c'est d'un affrontement qu'il est question certes, mais tout est  prévu, arrangé. Codé. Chorégraphié serait plus juste (et plus élégant). Comme dans les polars français ou américains que le film évoque. (James Cagney est cité deux fois, par les dialogues et par l'image)
Oui, un film d'hommes. Et Denis Ménochet et Jean-Pierre Martins sont tout aussi superbes l'un que l'autre à l'écran parce qu'ils sont (mais encore une fois c'est moi qui l'interprète comme ça) filmés avec grand soin, quasi... amoureusement (ah ce virevoltement de cape qui révèle un torse mâle au ralenti...). Et que leur(s) histoire(s) parle(nt) aussi un peu de ça (cf la scène dite "du poulet"). Des hommes (comme dans la chanson de Brigitte Fontaine, on y revient...), et du cinéma aussi (tout aussi amoureusement à propos du film que des costauds masqués, d'ailleurs). Avec beaucoup de tendresse et de respect. Et de trouble aussi. (les scènes de rêves récurrentes de Victor, avec les masques, et les masques de dessous les masques, en sont un exemple parfait). Bref un premier film original, épuré, attachant. Et troublant.

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(Je ne suis pas sur que l'affiche, telle que, donne vraiment envie aux gens d'en savoir davantage et les incite à voir le film. le masque, sorti du contexte du ring évoquerait plutôt a priori un univers SM, que la représentation des 2 hommes en rectangles verticaux accolés -figurant des barreaux- accréditerait encore)

 

 

8 octobre 2013

théosophie

LA DANZA DE LA REALIDAD
d'Alejandro Jodorowsky

Du même réalisateur, j'ai finalement peu vu : La montagne sacrée , que j'avais adoré, ou qui plutôt m'avait fasciné, principalement sans doute parce que c'était un des premiers FAQV -avec Les 1001 nuits de Pasolini- que j'avais pu voir à l'époque, puis -et enfin-  El topo qui m'avait exaspéré à tel point que j'étais me semble-t-il sorti avant la fin.
Celui-là ne me faisait pas au départ  particulièrement envie mais je me suis laissé titiller par l'enthousiasme de certaine chronique dans Téléramuche. En plus, les horaires concordaient pile-poil.
Vamos pour La danza!
Et alors ? Bon, déjà j'ai raté les premières minutes de projection (dans le bôô cinéma, si un film de deux heures passe à la séance de 18h, même si la séance a été programmée 5' plus tôt, le film démarre tel quel sans pub ni rien) ce qui m' agacé. Ensuite, j'ai eu un peu de mal à m'immerger dans la reconstitution de ces souvenirs del Señor Alejandro. Le père grosse brute, ok, la maman qui ne s'exprime qu'en chantant ok, les estropiés en pantalon de treillis ça devenait déjà moins drôle, et les scènes où je me cachais les yeux avec la main (soit par leur violence, soit par la répugnance qu'elles provoquaient) ont commencé un peu à me fatiguer...
Je pensais -et je pense toujours- au long de la projection Que tout cela est excessif! et j'avais le sentiment -nationalité et profession oblige- d'être devant un film de Raul Ruiz mais sous crack et sous mezcal... Et que peut-être l'enthousiasme excessif du chroniqueur de Téléramachounet était dû à un fumage excessif de moquette (ou autre substance adéquate).
En même temps, j'ai une grande tendresse pour le vieux Señor, je comprends le projet, je le respecte, même si j'ai du mal, et de plus en plus au fil du film, à y adhérer. Ca gueule trop, ça saigne trop, ça dynamite trop, dans un premier temps, puis ça s'étire et se répète un peu trop dans la -trop longuette- deuxième partie, et pourtant quel lyrisme, quel enthousiasme, quelle force, dans la révolte du réalisateur, contre les tyrans (en général, et d'Amérique latine en particulier), la religion (dieu n'existe pas) le racisme, l'antisémitisme, .
Le programme est impeccable sur le fond, c'est juste la forme à laquelle je ne parviens pas, ou pas assez, à adhérer. (Cette fascination pour la monstruosité, la difformité, qui fit aussi les beaux jours et les choux gras del Señor Arrabal, dont je dois dailleurs avoir quelque part une photo qui traîne où on les voit tous les deux, à poil, en train de fumer le cigare, au temps du mouvemnt Panique).
La fin, heureusement, est tout juste sublime, peut-être justement parce que c'est un temps d'apaisement et de respiration lyrique. (fondu au blanc sur une embarcation qui s'éloigne lentement...)

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7 octobre 2013

docteurs(s) pizarski

TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE
d'Axelle Roppert

J'ai enchaîné, après le Woody Allen, sur le film d'Axelle Roppert (dont j'avais beaucoup aimé La famille Wolberg). Et si j'ai beaucoup aimé le premier film de l'après-midi, j'ai encore plus aimé celui-là. Encore un beau portrait de femme (Louise Bourgoin, vraiment excellente) mais cette fois-ci prise entre deux feux : elle est désirée en même temps par deux hommes, deux frères, tout deux médecins (Laurent Stocker et Cédric Khan, tout aussi magnifiques), qui soignent sa fille.
Un film simple, tendre, chaleureux, humain trop humain, quoi... Tous les rôles sont traités avec le même intérêt, la même attention, le même respect. (est-ce juste possible que deux médecins travaillent ensemble, dans le même cabinet, assis côte à côte, et se déplacent, de même, sensemble pour les visites , dans la vie réelle ? en tout cas, ici, c'est comme ça que ça se passe, ça fonctionne, et on y croit, ou on a envie d'y croire...)
La fillette est souvent seule, car sa mère est barmaid, et c'est au cours d'une visite nocturne (la petite est diabétique, mais "elle gère"...) que les deux frangins vont faire sa connaissance, puis celle de sa mère, séparément, mais avec le surgissement du même sentiment : chacun tombe amoureux de cette demoiselle, ce quasi chaperon rouge (quand elle marche dans la nuit pour rentrer chez elle, dans son petit manteau de la même couleur -avec gants et ongles assortis-...) et va, dans un premier temps, tenter d'assumer ça tout seul comme un grand, avant que de s'en ouvrir à l'autre, car la situation n'est pas exactement simple, mais va, encore, du coup, se complexifier...
Le jour, il y a les clients du cabinet médical, la secrétaire, le "quotidien", et la nuit, tout un ballet de gens qui marchent dans les rues, seuls ou à deux, se croisent, se rencontrent, parlent, se rapprochent, s'envisagent... C'est aussi touchant que juste, ces déambulations, ces conversations, ces fenêtres dans la nuit dont on attend qu'elles s'allument pour être rassuré (les deux frères ont des appart' en vis à vis).
Oui, tout est d'une justesse et d'une tendresse confondantes. Louise Bourgoin rayonne, et si Laurent Stocker est un peu en retrait (c'est son personnage qui veut ça), Cédrick Khan, par contre, est lui vraiment superbe (je le connaissais réalisateur, il me semble que je le découvre acteur, et je le trouve beaucoup plus convaincant dans ce rôle. -Je viens de vérifier, et je l'avais déjà vu jouer, c'était lui le frère chiant de Pio Marmaï dans Alyah- mais, je le répète, il est ici, parfait, dans la retenue, le quant-à-soi, l'intériorité).
La dignité. Oui, c'est un mot qui lui convient bien, et qui conviendrait tout aussi bien pour définir le film.

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4 octobre 2013

i want the passed passed

BLUE JASMINE
de Woddy Allen

L'automne amène son Woody Allen rituel... Au fil des ans, avec plus ou moins de bonheur il faut bien le reconnaître. Des déconvenues, des bonnes surprises, des films bof, des vite oubliés, d'autres vraiment aimés... qu'allait-il en être de celui-là ? La bande-annonce n'en avait pas été spécialement alléchante, et pourtant voilà que les sirènes de la critique se mirent en choeur à fredonner de laudatives antiennes (mon dieu qu'est-ce qui me prend à lyriciser ainsi ? je me ressaisis, parlons normalement) , relatives surtout, à la présence, et au jeu de Cate Blanchett au sein du Blue Jasmine en question (la vache! non seulement elle est seule sur l'affiche, mais c'est elle qui donne son titre au film)
Dès la première scène, on reste coi : elle parle vraiment beaucoup (on dirait un Woody Allen au féminin), saoulant sa voisine dans l'avion puis à l'aéroport, mais, plus grave, elle parle toute seule. On apprend ainsi qu'elle va chez sa soeur "pour y passer quelques jours", et on apprend aussi très vite qu'elle était pétée de thunes avant et qu'elle a tout perdu, tandis que sa petite soeur serait plutôt du genre aimable et simple prolétarienne, et que les relations entre les deux (soeurettes) n'ont pas toujours été au beau fixe. Par une habile succession de flashes-back successifs, en même temps qu'on suit ce qui se passe au présent, on va reconstituer petit à petit  tout ce qui s'est passé auparavant, depuis l'appart sublime avec vue sur la 5ème avenue, la upper class et le shopping de luxe, jusqu'à la "dèche" actuelle (mais comme dit sa soeur "Si tu n'as plus un rond , pourquoi avoir voyagé en first class ?") pour essayer de comprendre comment elle en est arrivée là...
Dès le début, je me souviens m'être posé la question "peut-on choisir comme personnage principal -et tenir sur la durée du film - une bonne femme assez antipathique ? Car cette Jasmine-là a tout pour énerver, a priori : égoïsme, orgueil, suffisance, hypocrisie, arrogance, mépris, bref tout ce qui fait le charme et le caractère des membres de la jet-society. Ce monde que visiblement Woody connaît bien. Et auquel il oppose celui des "pauvres", enfin, les gens comme vous et moi, qui ne pensent qu'à la galipette, aux matches de base-ball et à boire des coups (en mangeant des pizzas réchauffées), mais, semble rajouter le réalisateur, regardez comment au moins eux ils savent s'amuser et ils ont le sens de la vraie vie!!!
Alors, d'accord Kate Blanchett est sublime dans la blonditude gémissante et martinisée, mais en face, Sally Hawkins en brune les pieds sur-terre ne désarme pas. Et tous les autres "pauvres" aussi d'ailleurs.
Woody Allen nous livre ici un conte cruel, autour de deux (même s'il n'y en a qu'une sur l'affiche) beaux personnages féminins (c'est drôle que toute l'expression soit au masculin...) l'une qui dégringole, ne l'accepte pas, et tente de se raccrocher aux branches, tandis que l'autre  qui fait avec ce qu'elle là, qui tient bon, et réussit à se remettre à flot (ou sur pied).
Ah, ces pauvres, finalement, quelle belle vie ils ont! Les riches, eux, resteront toujours pareils à eux-même, doués d'une incapacité fondamentale à accepter la "réalité" et à s'intégrer "simplement" (les images finales sont d'autant plus fortes qu'elles sont glaçantes et sans appel, mais certains détails, antérieurement, -je pense aux taches de transpiration visibles- avaient déjà commencé à sonner l'hallali...)

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(oh que l'affiche est trompeuse...)

 

 

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