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lieux communs (et autres fadaises)

14 février 2011

d'Asie (mais pas dans le métro) 5

(samedi)

9h30 : LE PRINCE YEONSAN de Shin Sang-Ok (Corée)

Un vieux film coréen, encore, mais cette fois-ci en costumes et en couleur. Plus de deux heures qui passent sans qu'on s'ennuie un instant. Intrigues de cour, avec reine-mère machiavélique, épouses et concubines, complots,  poison, reine bannie et déchue, fils qui mène l'enquête, rétablissement de la vérité, représailles sanglantes.. on se régale!

12h : FLAMME ET FEMME de Yoshida Kiju (Japon)

Un film agaçant, qui évoque irrésistiblement les emberlificaotages du "nouveau roman" français des années 50/60, avec agaçante musique "concrète à la Nono (voix de femme à la Cathy Berbérian sur accords désaccordés) sur problématique d'insémination artificielle entre deux couples qu'on a un peu de mal à déconnaître (d'autant que je me suis endormi un peu au début du film...) Abscons.

14h : SUSA de Rusudan Pirveli (Géorgie, en compète)

Le premier film en compétition qui m'ait complètement séduit. L'histoire d'un gamin (le Susa du titre) qui vivote en traficotant (ou plutôt en aidant au traficotage) de vodka maison (de la distillerie où travaille sa mère.) un film parmi les ruines (comme pouvait l'être celui-ci vu cet été, l'histoire du gamin qui louche) dans un pays qui fait un peu froid dans le dos. Le retour du père n'apporte qu'une petite note d'espoir. Beau travail de cinéma.

 

16h : RUNNING AMONG THE CLOUDS de Amin Farajpoor (Iran, en compète)

Un iranien en noir et blanc hyper-constrasté (très beau) sur une histoire hélas un peu mince (un jeune collégien deale du crack, et sa mère ne le sait pas.) Filmé parfois un peu hystériquement et répétitivement (mais ce n'est, je le répète, pas fait du tout pour me déplaire). En plus il y a eu un problème de sous-titrage électronique (pendant un certain temps n'apparaissaient que les s-t anglais) ce qui n'a pas amélioré sa perception par les spectateurs. Les iraniens sont beaux comme des camions, est-il besoin de le préciser.

 

18h : PEPPERMINT CANDY de Lee Chang-Dong (Corée)

Celui-là j'avais particulièrement envie de le revoir, tellement je me souvenais bien d'avoir eu les larmes aux yeux, à la fin, dans notre vieux club5, avec Zabetta. un film construit à l'envers (un homme se suicide depuis un pont en 1999, et le temps est remonté jusqu'en 1979, en-dessous du même pont, pour nous expliquer pourquoi ce mec a fait ça là, et pourquoi les bonbons à la menthe du titre. je ne me souvenais pas que le film fut si violent, m'en restait surtout le sentiment mélancolique d'une vie consciencieusement foirée.. Un tout petit peu déçu, du coup...

 

J'avais prévu un sixième, à 20h30, mais je ne me suis pas senti (ni le courage, ni l'énergie...) Et je suis donc rentré à la maison. J'avais faim et je me sentais un peu ensuqué...

12 février 2011

d'Asie (mais pas dans le métro) 4

(vendredi)

Et oui, juste deux films ! Une fois la journée de grève passée, le travail "normal" reprend ses droits!

18h : LA VALLEE DE PIA (au générique, "LA VALLEE INFERNALE") de Lee Kang-Cheon (Corée)

Encore un vieux film coréen, en noir et blanc (auquel le temps confère un charme certain) sur un groupe de communistes qui combattent contre les "réacs" (et les abattent, puis commencent consciencieusement à s'exterminer entre eux, pour des raisons de moins en moins idéologiques. C'est tellement "sérieux" que ça en devient très vite involontairement drôle..

20h30 : WHERE ARE YOU GOING ? de Park Chur-Woong (Corée, en compète)

Un film coréen en compète, tout neuf celui-là, avec des couleurs, des mouvements de caméra et tout, sur l'histoire d'une famille qui habite dans un bidonville juste à côté du quartier le plus riche de Séoul. Le père mutique et ombrageux, le grand-frère petite frappe qui revient pour régler des dettes, le petit frère qui voudrait participer à un concours de chant, bref plein de petites histoires qui s'empilent et s'enchevêtrent, jusqu'à une succession finale de happy-ends gigognes et youp la boum qui ruissellent trop de la mauvaise graisse des bons sentiments.

 

12 février 2011

d'Asie (mais pas dans le métro) 3

Jeudi :

14h : 4:30 de Royston Tan (Singapour)

Le film ne passait qu'une fois, sans la grève je ne l'aurais pas vu, c'eût été dommage. Produit par Eric Khoo (dont j'aime énormément le Be with me) un film d'une extrême beauté plastique, où à peine une dizaine de phrases sont prononcées, sur la cohabitation dans un appartement d'un jeune garçon sans père et d'un jeune adulte, visiblement en proie à un chagrin d'amour. Une splendeur... exigeante.

 

16h : L'ARIRANG DE KURO de Park Chong-Won (Corée)

Une gentille œuvrette sociale (ouvriers méritants, ouvrières solidaires, contremaitres fourbes, patrons répugnants, CRS SS...) militante, vieillotte et longuette en plus! Je pensais que ça datait des années 50/60 mais à un moment un protagoniste évoque dans la même phrase Michael Jackson et Yves Montand! Le seul film où je me sois véritablement ennuyé.

18h : LES POMMES DE TERRE de Kim Song-Ok (Corée)

A la suite, un autre film coréen d'un certain âge, en noir et blanc, sur les déboires d'une oie blanche mariée "arrangé" à un fainéant congénital. Un peu répétitif mais gracieusement pittoresque, avec la patine des ans (bon c'est vrai, quand même, que la jeunette, elle est un peu conne...) et bien entendu, ça finira mal...

20h30 : RIDING THE DREAMS de Gitish Karasavalli (Inde, en compète)

Un film indien pas mal du tout, dommage que le réalisateur ait eu du mal à savoir s'arrêter... (en plus, c'est rarissime de voir un film from India avec en ouverture une citation de Jean-Luc Godard!) Une histoire de croque-mort, de rêve prémonitoire et de cadavre un peu avarié.. C'est bien fait, un peu inutilement emberlificoté question temporalité, mais ça se regarde très agréablement.

 

11 février 2011

d'Asie (mais pas dans le métro) 2

De Vesoul toujours, donc, état des lieux le mercredi soir :

 

10h : SHOWER de Zhang Yang (Chine)
Le tout premier, et donc, difficile à comparer. Evalué d'abord en "sympathique, puis régulièrement réévalué, en "bien," voire, "très bien"... Une histoire de bains pains publics et de famille (c'est le veiux père qui gère, en compagnie du fils débile léger, quand l'autre frère réapparaît soudain... Bien construit, bien filmé, agréable et rafraîchissant...

14h : LA FIANCEE SYRIENNE d'Eran Riklis (Israël)
Sans que je m'y attende, un gros gros coup de coeur... un film dont j'ai apprécié chaque instant (il y aurait peut-être juuuste une tite longueur vers la fin, entre les deux frontières...), où j'étais dans un état de réceptivité maximale (j'ai eu les larmes aux yeux quasiment d'un bout à l'autre... je sais je sais j'ai l'alarme facile), où j'ai tout aimé... Une belle histoire de famille, aussi compliquée que la situtaion l'est à la frontière Israëlo-Syrienne. Et puis Hyam Abbas, sublime...

16 : LA FÊTE DU FEU de Asghar Farhadi (Iran)
Où un mec passe une heure trente ou presque à expliquer à sa  femme qu'il ne la trompe pas avec la voisine et qu'elle doit lui faire confiance (sous les yeux de la nouvelle petite bonne à tout faire), et où, quand la femme est enfin rassurée, on finit par apprendre que le mari la trompe vraiment avec la voisine... ahlala, quel que soit le pays, hein, ces mecs, tous des quéquettes à pattes, hein...

18h : LE VOLEUR DE LUMIERE de Aktan Aryn Kubat (Kirghizistan)
Le film de la soirée d'ouverture (ou le réalisateur est des deux côtés de la caméra), dans les mêêêrveilleurs paysages kirghizes, une touchante histoire d'électricité (et d'un doux rêveur qui aide les pauvres qui ne peuvent pas payer, tout en bâtissant de chimériques éoliennes)... Bien entendu, les mecs ne sucent pas de la glace, et il y a des méchants (malfrats  mafieux kirghizes, ce qui fait beaucoup) avec des affreux projets... Un joli film, qui pète la santé, avec de jolis éclairs poétiques...

20h30 : WANG LIANG'S IDEAL de Gao Xiongie (Chine, en compète)
Premier film en compète, une variation chinoise et assez répétitive de La femme et le pantin . Où un imbécile se morfond d'amour pour une demoiselle qui va le faire passer par tous les stades de l'enfer... La demoiselle est effectivement à claquer, (et même pire... Vu que le héros est boucher de son état, et qu'on a vu en détail au début du film son modus operandi pour zigouiller les cochons, on espère qu'il va faire de même avec elle mais bernique...) Longuet.

10 février 2011

d'Asie (mais pas dans le métro) 1

Festival des Cinémas d'Asie de V. (mise en route)

Pour des raisons personnelles (que connaissent ceux qui me connaissent!), j'étais jusque là en délicatesse avec ce Festival. Je le suis toujours, mais, n'est-ce pas, les choses changent, et ce n'est pas parce qu'on en veut à certaines personnes qu'on devrait se priver de certains autres plaisirs, n'est-ce pas, alors, cette année, carrément, j'ai pris un Passeport.  (Il est amorti à partir de 13 films)
J'ai fait le plein pour la journée du mercredi (5 films), pour jeudi, une bienheureuse initiative de grève au niveau national m'a permis d'en programmer 4 supplémentaires (pour la séance du matin, après avoir longuement hésité, je me suis rangé aux recommandations de Catherine "Jiminy Cricket", et je suis -courageusement, il faisait froid- allé manifester plutôt que de voir Le père ou revoir Memories of murder. Héroïque, non ?

J'adore l'ambiance des festivals (et je me suis d'ailleurs promis que, pour ma première année de retraite, je me les "ferais" tous (enfin, les connus : Belfort, Clermont, ici, et pourquoi pas  La Rochelle, Locarno, mais revenons à nos moutons asiatiques...),c'est un temps hors du temps, une réalité autonome en dehors de la réalité vraie.

Un genre d'idéal de bonheur terrestre, en ce qui me concerne : on n'a rien d'autre à penser que ce qu'on va voir ensuite, ce qu'on vient de voir précédemment, et satisfaire des besoins primaires (manger, boire, pisser, dormir), dans la mesure du possible, discuter avec des inconnu(e)s, s'installer dans son fauteuil et juste attendre que ça démarre... Oui, le bonheur ? (mais, me disais-je, ça pourrait être tout aussi justement une figuration assez proche de l'enfer : être perpétuellement dans la file d'attente pour le film suivant, en sachant très bien que ça ne s'arrêtera jamais...)

Car, comme disait Perec à propos du labyrinthe, le Festival ne mène nulle part en dehors de lui-même (ou "qu'en dehors de lui-même" ? est-ce que ça change le sens ?) On prend ses billets pour une succession de trajets, consécutifs ou pas, qui s'effectueront pour des durées déterminées dans des conditions variables. Tout est d'abord une question de véhicule, et il y en aura des neufs, des rafistolés, des repeints de frais, des chamarrés, des austères, des frais du jour, des passés de mode, des cahotants, des trop rapides, des instables, des tortillards, des omnibus, des qui secouent, des qui bercent, des qui font trop de bruit, des qui manquent de souffle, des qui démarrent bien mais terminent dans le mur, des qu'on perd en chemin, des qu'on raccroche in extremis, des qu'on a du mal à quitter, des accueillants, des incommodes, des attirants, des trompeurs, bref, la liste en serait quasiment infinie...

c'est à chacun de s'organiser, au départ, pour déterminer son itinéraire perso (seul ou en compagnie) choisir chacun de ses trajets, quitte à modifier son itinéraire en cours de route pour cause de conseils touristiques éclairés, ou de voisinage aimable,ou de faim subite,  ou toute autre raison (il suffit parfois de si peu...)

Et nous (me) voilà donc parti(s)!

9 février 2011

l'amour c'est gai, l'amour c'est triste

ANGELE ET TONY
d'Alix Delaporte

MARDI APRES NOËL
de Radu Muntean

Vus dans cet ordre, et c'était très bien comme ça. Deux versants, en quelque sorte d'une même histoire : comment l'amour arrive et comment l'amour s'en va. En français dans le texte, et ensuite en roumain. Mon coeur de midinet se régale à ce genre de "comédies dramatiques homme/femmes mode d'emploi" (dont un des mètre-étalon pourrait être, par exemple le 5x2 de François Ozon). J'ai été ravi de les voir les deux à la file, car vus indépendamment, ils eussent chacun perdu un petit quelque chose je crois, car, comme le disent les mathématiciens et parfois les critiques, "le tout fut alors supérieur à la somme des parties"...

Angèle et Tony ont du mal à mettre leur histoire sur pied. Lui est pêcheur, elle sort de prison. Un gros nounours timide et une demoiselle comme barbelée par la vie vont tenter de s'apprivoiser. Clotilde Hesme et Grégory Gadebois sont plus que parfaits dans ce "rafistolage" affectif de leurs deux solitudes prudentes et aussi écorchées l'une que l'autre. J'avais envie de pleurer, et ça tombait bien, j'ai pleuré, et à plusieurs reprises. La jolie musique tristounette y a aidé aussi, et ça faisait du bien ainsi de s'épancher. Même si c'est un film trop beau pour être vrai...

Pendant ce temps, en Roumanie, Paul, un craquant papa roumain, marié, père d'une fillette charmante, se découvre amoureux de la dentiste de sa fille, au point de (prendre la décision de) se se séparer de sa femme, pourtant charmante elle aussi, mais, moins jeune. La caméra observe quasi cliniquement les tenants et les aboutissants de cette histoire qui s'achève / cette histoire qui commence, en d'amples plans-séquences, d'autant plus intenses et impressionnants qu'ils restent d'une sobriété exemplaire. Radu Muntean (qui me convainc et me séduit -oui comme tout un chacun, et spécialement au cinéma, j'ai besoin d'être séduit-  encore plus ici que dans son précédent Boogie) livre ici une radiographie clinique (mais, paradoxalement, extrêmement humaine et réaliste) d'un couple et de sa désagrégation.

Le film d'Alix Delaporte est peut-être de facture plus "classique" (mais ancré dans une réalité sociale toute aussi... réaliste, même si les Inrocks ont chipoté dans leur critique en trouvant que le film ne l'était pas assez -réaliste- ahlala ceux-là des fois, ils m'énervent!), et nous refait peut-être le coup des "deux si mal assortis en apparence au début qui vont quand même finir par se retrouver ensemble à la fin", mais d'une façon si foncièrement honnête qu'on ne peut qu'y être sensible (et donc attendri, touché en tout cas.) Malgré quelques maladresses de détail (notamment un long plan de Clotilde Hesme  en vélo si mal filmé qu'on finit par se demander qu'est-ce qu'elle est en train d'y faire), mais avec quelques scènes suffisamment touchantes (j'ai personnellement un faible pour la répétition de Blanche-Neige) pour qu'on ne puisse que se rendre à l'évidence : ces deux-là, qu'est-ce qu'on les aime! 

"Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour." (air connu)

Le film roumain impressionne par sa maîtrise formelle, sa sobriété, sa densité, où, à travers quelques moments "quotidiens" (officiels ou volés) : une rencontre entre amants, des achats de Noël au supermarché, un rendez-vous chez l'orthodontiste, il parvient, sans effets de manches, à mettre en évidence ce qui se construit/ce qui se détruit dans la vie de cet homme et de ces deux femmes. Impeccable, le film est véritablement tenu, jusque dans ces ultimes notes, qui nous laissent face à un couple, facticement reconstitué pour un soir (et sauvant les apparences pour le repas familial de Noël) regardant ensemble, hors-champ, des enfants qui chantent.

"S'aimer, c'est regarder dans la même direction..." (Love Story, hihi). Conneries.

Deux films parfaitement complémentaires, et finalement, tout aussi indispensables.

" Ni avec toi, ni sans toi" (huhuhu)

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(complémentaires aussi, les affiches : celle de Mardi après Noël, film qui parle de fin, prend une image du tout début, et celle d'Angèle et Tony, qui parle de début, utilise une image de la toute fin...)

6 février 2011

noir foncé

MY JOY
de Serguei Loznitsa

Il y a des films qui n'ont pas de bol. My joy en fait indiscutablement partie. Un titre français (!) idiot, une première semaine d'exploitation calamiteuse, nous on le programme dans le bôô cinéma (on a un faible pour les films éclopés), le directeur oublie de téléphoner pour le réserver pour la semaine prévue, et le reprogramme donc la semaine suivante, mais sur une combinaison (gagnante!) de deux (oui, 2!) projections : une le mercredi soir et une le jeudi après-midi, sans qu'on ait le temps de prévenir qui que ce soit ou presque. Résultat des courses, ce soir on était dix. Pourtant le hall était plein à craquer, mais ils allaient tous voir Rien à décl*rer, qui lui, n'a que quarante séances et des poussières sur la semaine... (trêve de gémissements).
On était prévenus, le film est noir. très noir. A ce degré-là, se dit-on en sortant, ce n'est plus du noir, c'est de l'opaque. De la quintessence de noir solidifiée, un mur contre lequel le réalisateur nous tapoterait la tronche (comme dans la bande-annonce de A serious man).
On le sent dès le générique, où un mec se fait jeter dans le béton frais sans autre forme de procès. La scène d'ouverture (un routier prend son camion pour aller livrer on ne sait quoi on ne sait où) est ensuite la seule à être dénuée de toute tension,  on est dans une réalité "normale" mais cela ne dure pas. A partir du moment où il (le routier) est arrêté par deux sales flics (ils sont dès la première image identifiés comme tels) le récit est pris dans un engrenage narratif et structurel où chaque violence en appelle une autre, jusqu'à la scène finale, qui ne fait pas dans la dentelle ni la demi-mesure : à ce degré de nihilisme, il s'agirait peut-être d'humour ? (noir, bien évidemment).
Le réalisateur (ukrainien), venu du documentaire (une scène -la plus belle du film peut-être-, pourrait le confirmer : quand le routier arrête le camion sur la place du village, et que la caméra panote alors sur les visages des gens qui y sont présents...), et qui sait visiblement tenir une caméra (le film est très souvent en caméra portée, et on en aurait presque parfois, un peu mal au cœur) enchaîne donc les scènes suivant un schéma répétitif (une -ou plusieurs- personne(s) en rencontre une ou plusieurs autres, et on sait que ça va fatalement mal se terminer), sans nous laisser le temps de respirer, à chaque fois, on est inquiet, on attend le pire, qui finit par hiver.
La progression du film suit celle des saisons, et finit d'ailleurs -littéralement- dans un noir aussi complet qu'hivernal, mais on se déplace aussi dans le temps et dans l'espace. Il faut être attentif constamment, pour remettre  chaque chose à sa place dans la trame narrative (et c'est grâce à Catherine que la scène du petit gamin en blanc a in extremis trouvé sa justification), puisque le routier qu'on suit au départ va voir son itinéraire zigzaguer et rebondir parfois aléatoirement, en fonction de ses rencontres, de ce qu'on lui raconte, ou de ce qu'on lui fait.
On se dit que c'est une sorte d'état des lieux, pas très ragoûtant mais plutôt réaliste, de ce qu'est la Russie aujourd'hui, et on sort de là, il faut le dire, passablement secoué.
Pas un film de femmelettes. Un peu à l'image de l'alcool frelaté que la plupart des personnages y biberonnent. Comme disait Libé : "du viril"...

 

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5 février 2011

mauvaise foi

INCENDIES
de Denis Villeneuve

Vu chez moi (grâce à mon amie Zabetta qui a de l'entregent). Commentaires élogieux de tous les gens que je connaissais et qui l'avaient déjà vu. Ne serai pas tout à fait aussi dithyrambique qu'eux, mais c'est excellent quand même. Avec un twist final que je n'avais pas vu venir mais alors pas du tout (et que je n'ai d'ailleurs -ô benêt que je suis- pas immédiatement saisi.)
Deux jumeaux, à l'ouverture du testament de leur mère, apprennent qu'ils doivent partir à la recherche, qui de leur père, qui de leur frère (dont ils ignoraient l'existence), dans un pays ensoleillé qui a connu la guerre  et qui ne sera jamais nommé (euh, moi qui suis benêt -re- j'ai eu besoin de lire les critiques pour savoir que je m'étais trompé, il s'agit en réalité du L- - -N), "pour que leur mère puisse être enterrée décemment". Les voici donc partis (enfin, elle d'abord, lui ne la rejoindra que plus tard) à la recherche des traces du passé de leur mère (que d'aucuns considèrent comme folle), passé qui est raconté parallèlement par le réalisateur (le spectateur a, pendant un certain temps, juste un peu d'avance sur les jumeaux), au cours de "chapitres" portant chacun un titre écrit en grosses lettres rouges.
Évidemment, plus on avancera dans le film, et plus ils en apprendront de belles sur leur maman (Lubna Azabal, idéalement blessée joue cette "femme qui chante"), prise dans les guerres fratricides et absurdes (mais quelle guerre n'est ni fratricide ni absurde, hein ?) qui déchirent (ont déchiré) (déchireront encore) les chrétiens et les musulmans.
C'est très bien filmé,( c'est une "grosse machine"), c'est efficace (le dosage entre le mélodrame et le "film à thèse") mais il y a un je ne sais quoi de roublard , tout au fond, qui m'empêche d'adhérer tout à fait au projet. Un je ne sais quoi que j'aurais du mal à définir d'ailleurs (on va m'accuser de racisme, de sectarisme et de simplisme si je dis que c'est parce que le film est québécois (canadien , je ne sais jamais), ce qui implique
1) un accent à décorner les bœufs, plutôt plaisant à entendre, certes, mais par trop connoté et "dépaysant" (imaginez-vous un grand drame romantique avec l'accent marseillais ?)
2) un sérieux inébranlable (et une application idem), doublés d'une volonté pédagogique  très premier degré. La fameuse (en ce qui me concerne) didactique canadzienne : "Viens lô, j'm'en vô tout t'expliquer..."
Voilà, le scénario peut être béton, la tragédie poignante, la lumière superbe, la musique touchante, je ne suis pas complètement submergé d'admiration et d'émotion, et je ne peux m'empêcher d'être étonné par la profusion de ***** dans les critiques (mais, encore une fois, peut-être est-ce moi qui devient un incurable vieux con?)

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30 janvier 2011

le berger, le chevreau et le sapin

LE QUATTRO VOLTE
de Michelangelo Frammartino

Et voilà... encore une fois, Hervé avait raison... Comme il insistait fort pour qu'on programme ce film dans le bôô cinéma, j'ai voulu aller me rendre compte par moi-même. Effectivement, encore une fois, il avait raison!
C'est donc un film italien (un deuxième film) réalisé par un monsieur très au fait des problèmes de cadrage, de lumière et de prise de vue. C'est... somptueux. quelque soit le plan, neuf fois sur dix c'est beau (comment le dire autrement ? on le sent dès le générique, le parti-pris du réalisateur : simplicité (police blanche sur fond noir, pas de musique) pas austérité mais presque, pas radicalité mais peut s'en faut. Et le film est à son image : quatre parties (enfin, je dirais trois et demi) :la première centrée sur un vieux berger, la seconde sur un chevreau, la troisième autour d'un sapin... aucun dialogue, ou quasiment (on entend le berger prononcer un grazie, les autres conversations présentes sont sciemment inaudibles.) Avec à chaque fois un noir suffisamment long pour qu'il provoque l'attente, le désir de ce qui va suivre. Simplissime en apparence, mais on a le sentiment que rien, absolument rien, n'a été laissé au hasard. Du grand grand art, donc, qui fait retrouver au cinéma son sens premier, écrire avec  la lumière. un film quasi expérimental, donc, mais d'une beauté constante, profonde, "absolue" pourrait-on dire.
Qui ne fait que retranscrire des actes, des gestes immémoriaux, des survivances, que notre oeil de citadin contemporanéo-blasé pourrait taxer de pittoresques voire même d'inventées (de l'usage de la poussière d'église, des escargots, de la ficelle autour du museau, des casques romains, du mât de cocagne, du charbon de bois...) pour faire jolies, sauf que pas du tout. Villages hors du temps, dirait le poète...la narration est, je le répète, économe (je pensais Straub, Cavalier, le réalisateur évoque Bresson...) austère sans être fastidieuse ou rédhibitoire, d'autant plus que le réalisateur nous gratifie d'un "film dans le film" une perle, une leçon de cinéma (on pourrait alors penser à Tati) avec un camion, une rue en pente, un chien, un troupeau de chèvres, et une procession (et les notions de "champ" et "contrechamp") qui pourrait à lui seul justifier de voir le film.
J'emploie des grand mots, mais il ne faudait, peut-être, justement pas. pas intellectualiser, juste recevoir, s'abreuver des images, se laisser porter... par ce flux infiniment simple et beau, paisible, concrètement abstrait, lyriquement réaliste, parfaitement refermé sur lui-même.
Un coup de maître, donc (j'aimerais bien voir le premier film du réalisateur, datant de 2003 et bénéficiant, dixit la critique, de la même économie de moyens...)

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29 janvier 2011

deux films avec un curé (en soutane)

(Le titre original envisagé aurait été "Deux films plutôt longs, en costumes, avec un curé (en soutane), où j'ai hélas un peu dormi...")

 

Les "hasards de la programmation" ont fait qu'à quelques jours d'intervalle j'ai vu un film de 4h26 (commençant à 20h) et un autre de 3h08 (commençant à 18h45, l'inverse eût été plus intelligent, huhuhu). Le premier où j'ai dormi  plutôt dans la seconde partie (dont je n'ai, je l'avoue, pas vu grand chose, juste des images fugaces entre deux rendormissements) et le second plutôt, soyons symétrique, dans la première... Bref, dans un cas comme dans l'autre, je n'ai pas tout compris. Et dans un cas comme dans l'autre, je ne peux pas, décemment, en faire la critique. ou alors juste une moitié, mais ce serait malhonnête.

MYSTERES DE LISBONNE
de Raul Ruiz

LE GUEPARD
de Luchino Visconti

Je peux juste dire que j'ai envie de revoir le film de Raul Ruiz (qui ô bonheur repassera sur Arte en avril, version 6x1h) alors que celui de Visconti,ma foi, bon ça y est je l'ai vu, une fois suffira.
A l'état normal, dirais-je, je suis plus Ruiz que Visconti, et je suis donc resté fidèle à ma ligne de conduite habituelle.
Je vais peut-être me faire taper (aïe, Hervé, arrête, pas sur la tête!) mais je trouve que ça a un tantinet mal vieilli (la musique est insupportable), et ça fait drôle de parler de "version originale", tout de même, puisque deux des trois interprètes principaux ne la parlent pas, la langue originale en question. Les trois heures étaient-elles véritablement indispensables ? A mon humble avis, la seule scène du bal (qui fait quasiment toute la deuxième partie du film) eut été suffisante... Bon, bien évidemment, il y a là-dedans quelques plans et scènes saisissants et -plus ou moins ?- viscontiens : le travelling sur la famille poussiéreuse assise à l'église, l'apparition de Claudia Cardinale (pfouh! elle a vraiment une taille de guêpe!), la "promenade" marivaudante à travers les mille pièces du palais, et, bien sûr, la scène de bal (sans oublier cette phrase sublime : "le mariage, c'est un an de flammes et trente ans de cendres..." Bravo, Luchino...). Mais aussi beaucoup de scènes bavardes. (à un moment, je me suis tourbé vers ma voisine, Manu, nos regards se sont croisés et j'ai chuchoté "je m'emmerde..." et elle m'a répondu "moi aussi...". Elle a d'ailleurs quitté la salle quand je lui ai annoncé qu'il restait encore une heure et quart...) Les acteurs sont impeccables : Lancaster, Delon, Cardinale, que du  beau linge, la crème de 1960, sans oublier (cocorico ?) le tout jeune alors Pierre Clémenti et l'excellent Serge Reggiani.

En ce qui concerne le Ruiz, je serai beaucoup plus nuancé. d'abord parce qu'il n'a pas du temps subi l'irréparable outrage, et  que, si costumes et bal il y a idem, c'est néanmoins beaucoup moins empesé et amidonné aux entournures. La construction labyrinthique et foisonnante (et complexe) du film (des histoires de familles, de comtesses, de batailles, de  bandits, de vengeances, de duels, de trahisons...) est pour beaucoup dans cet effet de sidération, mais le filmage l'est tout autant. Une trame en apparence un peu feuilletonnesque pour une construction mentale de haut vol (qui, dans mon cas notamment, nécessitera une deuxième vision pour combler les lacunes et remettre en place tout ce qui doit l'être. il y a là-dessous une grande subtilité (un soupçon de perversité, aussi, peut-être ?) et un talent certain pour faire à la fois de la belle image, mais de l'image intelligente, aussi... je ne peux en dire plus (j'ai dormi à la fin, je le répète... mais je me vengerai! suite de cette chronique mi-avril, après la diffusion sur Arte!)

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