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lieux communs (et autres fadaises)
3 novembre 2011

les oreilles rouges

INTOUCHABLES
d'Olivier Nakache et Eric Toledano

En sortant de la salle (j'y suis allé dès la première séance, j'ai tout de suite voulu vérifier les sons de cloche sur le ouaibe. Bingo ! Pierre Murat, dans Téléramuche est contre (il en profite pour remettre une couche sur La guerre est déclarée et sur Polisse), Libé l'espédie du bout des lèvres en quelques lignes ("autres films") et les Inrocks qualifient le film de "repoussant". Ce qui n'a fait, bien sûr, que me conforter dans mon opinion : j'ai adoré! Oui, oui, ne chichitons pas et appelons définitivement "plaisir" cette sensation que j'ai éprouvée, même si c'en est un de midinet. J'ai toujours eu énormément de sympathie pour François Cluzet (et peut-être que sans lui, en effet, je n'y serais pas forcément allé), et je ne connaissais pas plus Omar Sy que ça (j'avoue ne pas être a priori un grand fan de son SAV des émissions) mais là, incontestablement, leur duo fonctionne, et dès le début (le film démarre, vraiment, sur les chapeaux de roues). Le ton est juste, et ça fait mouche.
L'argument est connu : le tétraplégique riche et le djeun de banlieue, L'ISF et le RSA, le noir et le blanc, bref l'eau et le feu, le chaud et le froid, les contraires, les antipodes, comme dans les films d'amour ou opposite attracts (sauf qu'ici il n'est question -en tout bien tout honneur- que d'amitié) : tous les oppose et pourtant  ils sont ensemble et ça fonctionne bel et bien. Le choc des cultures, le fossé entre les générations, the gap, l'incomptabilité d'humeur, les différences, toutes les différences, et pourtant...
Ca fonctionne, incontestablement, et on y croit, tout aussi incontestablement. Et on les aime, ces deux-là, et on kiffe... Comment ? On kiffe grave!
Le film est alternativement drôle et émouvant, et parfois même les deux en même temps. Je me suis régalé, en ayant tout de même en tête (il faut bien que je prenne un peu de distance, que je me protège, que j'intellectualise) la sensation de savourer un gros chamallow, un truc tout doudoux, un brin régressif, mais tellement agréable, même si on y ingurgite parfois un peu trop de sucre. C'est vrai que tout ça est sans doute un peu (trop) idyllique, un poil (trop) rassurant, un rien (trop) souligné, mais, au bout du compte ça fait tellement de bien, oui, tellement de bien, une jolie et tendre  histoire comme ça (surtout quand on apprend que tout ça est basé sur des faits réels.) Je sais, Pierre Murat dirait sans doute que ce n'est pas forcément le but du cinéma, de faire du bien, et pourtant...
Bon c'est vrai qu'on est tous différents (oui oui, je sais, cette phrase semble stupide, mais n'oubliez que ce blog s'appelle Lieux communs...) et que c'est ça qui est bien finalement (la preuve, même dans cette salle, il y avait des moments où des gens s'esclaffaient alors que j'aurais plutôt eu la larmichette, et le contraire aussi à d'autres fois) mais les sourires de tous à la sortie ne faisaient pas de doute : même si on n'avait sans doute pas tous vu exactement le même film (et les mêmes sous-textes), on en a tous profité, exactement de la même façon!
Une belle et tendre comédie.

 

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2 novembre 2011

18 étoiles

(liste des films vus à Paris)

LES MARCHES DU POUVOIR
de Georges Clooney
(MK2 Gambetta, avec Malou) Au début j'ai eu peur, me suis dit ouhlala vais me faire chier à mort, mais non. Plus ça avance, plus le film devient intéressant. Premier contact avec Ryan Gosling, Impressionnant. ***

ICI-BAS
de Jean-Pierre Denis
(projection de presse, Club de l'Etoile) Raté le tout début à cause du métro. Une histoire de résistance, de bonne soeur, d'amour fou, de trahison. Re Céline Salette (vue et aimée dans L'apollonide) et Caravaca toujours aussi mimiesquement mal rasé. Un peu long mais "d'après une histoire vraie". *** (sortie en janvier)

POULET AUX PRUNES
de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
(MK2 Nation,avec Malou) Un peu , oui un peu déçu. D'abord on ne voit presque pas Chiara M., et Mathieu A. m'agacerait presque un peu (hyperglobulite caractérisée). Mais des très jolies choses aussi, Isabella Rossellini (qui aurait presque des joues de hamster), des histoires et des historiettes dans les historiettes. Du bonheur parfois et d'autres fois moins. ***

LA COULEUR DE LA GRENADE
De Serguei Paradjanov
(au MK2 hautefeuille) Séance du matin, un film splendidement merveilleux hélas présenté dans une authentique copie d'époque (entièrement virée rougeâtre -bon d'accord c'est raccord avec le titre, mais ça ne le fait pas trop) authentiquement pourrie donc, et c'est dommage. Des paraboles et des symboles saisissants. Du lyrisme, de la "poésie" qui me donne envie de voir le reste. ***

DRIVE
de Nicolas Winding Refn
(MK2 Gambetta, mais salle 6!) Sur les conseils de malou, et pour revoir donc, Ryan Gosling. Impressionnant à nouveau. Ce mec-là peut sembler parfaitement vide par moments, et à d'autres pas du tout. La dernière partie est soudain très gore, on ne l'avait pas trop vu venir (merci la bande-annonce, pour une fois.) L'ascenseur est raide.  Une très belle BO. *** à cause de la salle (grande comme mon bureau ou presque)

METROPOLIS
de Fitz Lang
(MK2 Beaubourg, quand même!) Version longue et très belle du film dont je me suis aperçu que je ne l'avais jamais vu. Splendide, mais j'avais très très très envie de faire pipi et la salle était pleine pleine alors ça me gâcha un peu mon plaisir. (imaginez ma vessie au bout de 2h30!) ***

1 novembre 2011

odalisques

L'APOLLONIDE
de Bertrand Bonello

Je n'étais pas trop sûr d'avoir envie de le voir, parce que je suis un peu chochotte, et qu'il y a une scène que je redoutais vraiment de voir (je pensais -ouf- y avoir échappé, mais le réalisateur nous la (re)présente 3 ou 4 fois, en en rajoutant un peu plus chaque fois (et je relevais donc mon manteau devant mes yeux un peu plus haut à chaque fois pour n'en rien voir).
A part ça ? Impeccable, superbe, rien à dire : l'intérieur d'une maison close (on n'en sortira que très peu, d'ailleurs, pendant le film), le passage de 1899 à 1900, des jeunes filles pas si en fleur que ça qui bossent avec parfois le même enthousiasme que vous ou moi. Des jolies jeunes filles, en tout cas. des tenues froufroutantes avec épaisseurs superposées, corsets, bas, et tout un sacré bazar de fanfreluches, dentelles et autres noeuds-noeuds. Mais rien de très bucolique, la-dedans, on bosse, je l'ai déjà dit, et on parle donc tout aussi simplement chtouille, pommade antiseptique, lotion sur les lèvres (pas celles de la bouche) même si baignoire de champagne ou déguisements à la tête du client.
L'amour tarifé, l'avenir incertain, les dettes à éponger (les clients aussi), rien de très bucolique, on le voit. Du cru. Une certaine douleur sourde derrière les sourires affichés. Une élégance de surface, les apparences qu'on sauve pour un corps qui commencerait déjà à se nécroser. Bonnes manières, ronds-de-jambes et fixe-chaussettes. Une élégance surannée, le souvenir de quelque chose qui a fui, dans un beau moment de cinéma,, dans ce bordel, où, justement, la majorité des clients (Beauvois, Nolot, Léon) sont -justement- des réalisateurs (et la divine mère maquerelle (Noémie Lvovsky) aussi.
Luxuriant, un peu étouffant, parfois malaisé, par instants insupportable, mais toujours superbement maîtrisé, en tout cas le film le plus accessible de Bertrand Bonello, indiscutablement. (Et un grand bravo à l'ensemble des actrices, cela va sans dire)

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26 octobre 2011

"Georges, il faut qu'on parle..."

THE ARTIST
de Michel Hazanavicius

Un exercice de style plaisant, qui vaut bien mieux, en tout cas, que son interminable bande-annonce (qui ne raconte heureusement pas tout., ouf!) Un film " à l'ancienne" (format 1.37, noir et blanc, muet), qui nous parle du cinéma d'avant en y mettant les formes : intertitres, gags, éclairage, expressions faciales, et même un gros  policeman comme dans le slapstick. Et en utilisant -juste accessoirement- le son comme élément sur-signifiant (le cauchemar, la scène finale), le réalisateur effectue un travail tout en finesse sur la bande-son, justement. Le film, s'il est muet, est très musical. Et toutes les références (sonores ou scénaristiques) à la parole -ou au fait de parler- sont très pertinentes. Les acteurs assurent, Jean Dujardin en tête, et Bérénice Béjo a le petit côté rétro qui sied tout à fait à son statut d'actrice 1920 (et j'adore John Goodman en gros producteur à cigare). L'histoire, si elle n'a rien de renversant, est plaisante à suivre (même si le film n'aurait pas souffert d'un petit resserrement de la durée) et les anges tutélaires du cinéma (des réminiscences de Sunset bvd, de Chantons sous la pluie, de Rebecca, entre autres) ouvrent grandes les ailes de la nostalgie à l'ombre de laquelle le film fait son nid. Un charme suranné, peut-être, mais incontestable. Bref, on ne peut qu'applaudir des deux mains (version sonore ou silencieuse ?).

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16 octobre 2011

BPM

POLISSE
de Maïwenn

Soirée d'ouverture de saison, avec un Prix du Jury Cannes 2011 en avant-première, je pensais que ça attirerait un peu plus de gens. Tant pis pour eux, hein (ceux qui ne sont pas venus). J'ai pensé aux Bureaux de Dieu, qu'on avait aussi présenté en ouverture de saison et en avant-première, me semble-t-il. A cause de la qualité et de l'homogénéité de l'interprétation, et de par le boulot que font ces gens. Toute la misère du monde & cie. Et aussi par le va-et-vient entre documentaire et fiction (si Les bureaux de Dieu, un peu exceptionnellement, étaient une réalité -les entretiens- déguisée en fiction -les actrices-, Polisse, à l'inverse, déguiserait plutôt la fiction en documentaire : un groupe de flics  à la fois dans l'exercice de leur fonction, mais aussi dans la vie privée (c'est le fait de les voir  en action, sur le terrain, pataugeant dans la plus sordide et abominable réalité (viol, violence, inceste) et de voir ensuite ces mêmes dans leur vie "normale", en dehors du boulot justement, qui nous les rend si sympathiques, au risque d'ailleurs d'un soupçon d'angélisme : oui, ces flics-là ils sont tellement bien qu'on aimerait bien boire un verre ou sortir en boîte avec eux, -d'ailleurs c'est simple, ils sont presque toujours ensemble!-)
Maïwenn les filme (et se filme) avec acuité et chaleur. Ils sont tous extraordinaires et méritent d'être cités : Karin Viard, Marina Foïs, Naidra Ayadi, Karole Rocher, Emmanuelle Bercot côté dames, et Arnaud Henriet,  Nicolas Duvauchelle, Jérémie Elkaïm, JoeyStarr et Frédéric Pierrot côté messieurs. (Je l'ai dit et je le redis : j'adore cet acteur, et le rôle qu'il a ici est (enfin) à sa mesure ; tout le monde glose et roucoule sur JoeyStarr, sur qui le film est tout de même un peu plus centré que les autres et qui le mérite, certes, mais il ne doit pas tout de même en éclipser du coup tous les autres, hein!)
Pouttant au départ, tout n'est pas joué, loin de là. Les deux scènes d'ouverture (l'entretien avec la fillette, puis l'interrogatoire du grand-père) sont suffisamment "réalistes" pour faire naître le malaise, dans leur crudité et leur quotidienneté, et le contraste avec la chanson choisie pour le générique ("L'ile aux enfants", célèbre et défunte émission enfantine, comme son nom l'indique) ne fait qu'accroître le malaise. A ce moment-là je l'avoue, je n'étais pas sûr de rester dans la salle jusqu'au bout.
Sentiment accru par le montage. Au début, comment dire, on a le sentiment que les plans ne sont pas raccordés, qu'ils sont simplement mis bout à bout, en vrac, et ce flottement est un peu désagréable. Et soudain, mystérieusement (miraculeusement) tout est là : le rythme, les scènes, le timing, les acteurs, on prend comme qui dirait enfin  le train en route, et on n'en descendra plus jusqu'à la fin (la chute finale, qui est étonnante, je n'en dirai pas plus).
Pépin à la sortie parlait de mélo : même si le terme n'est pas exact (et je n'en ai pas trouvé qui soit plus précis)  je comprend ce qu'il voulait dire : il y a là-dedans c'est vrai quelques scènes tire-larmes (un peu trop ?) (les petits roumains, le petit black) mais comment ne pas faire dans le "mélo" quand on parle d'enfants arrachés à leurs parents, hein ?
D'autant que Maïwenn n'hésite pas à recourir à l'excès inverse : la grosse rigolade (une scène mémorable de fou-rire lors du témoignage d'une ado pour un vol de portable, et ce qu'elle est prête à faire pour le récupérer) et la dérision.
Dans Les bureaux de Dieu, les instants "off" étaient traités en mineur (puisque c'étaient les seuls moments dont les dialogues n'étaient pas écrits) et ont consisté en improvisations demandées par la réalisatrice à ses actrices. Scènes de pause, en quelque sorte, respirations entre la densité de deux entretiens, épiphanies. Ici c'est un peu le contraire, et, plus on progresse dans le film, et plus les moments intersticiels prennent de l'importance, et finissent quasiment par prendre le pas sur le reste. C'est aussi le choix de la réalisatrice, qui a réalisé davantage un film sur les membres de la BPM plutôt qu'un reportage sur leur travail. (même si tous les aspects ou presque en sont évoqués). Tout ça sonne plutôt juste.  Les moments off arriveraient presque à éclipser le reste, à nous faire croire par moments qu'on serait juste face à une bande de chouettes potes, avec leurs fou-rires et leurs engueulades, leurs faiblesses , et donc leur humanité. Les copains d'abord, quoi. sauf que pas du tout.
Il faut reconnaître à Maïwenn une audace et un culot certains, dans le choix du sujet, par le casting fabuleux qu'elle a réussi à rassembler autour d'elle (et je n'ai pas parlé de ceux qui ne font qu'une apparition, Sandrine Kiberlain, Martial  Di Fonzo Bo, apparitions de luxe, tout de même...) et une évolution intéressante dans chacun de ses trois films : elle parviendrait presque à se détacher d'elle-même, à moins ne parler que d'elle, à s'autofilmer moins complaisamment, et on ne peut que l'encourager  à continuer dans cette voie...

Comme disait Robert Mitchum de façon terrifiante dans La nuit du chasseur "Children..."

 

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16 octobre 2011

"enlever le plâtre"

CECI N'EST PAS UN FILM
de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb

Ceci n'est pas un film, c'est un acte politique. Jafar Panahi a été condamné par les autorités iraniennes, privé du droit de tourner et de sortir du pays. Il a donc conçu ce projet,  faire un film virtuel,  c'est à dire raconter à un ami cinéaste 'qui le filmera) le film qu'il aurait dû (pu) tourner, dans son appartement (d'où on ne sortira d'ailleurs pas, sauf durant les dernières minutes.)
C'est assez incroyable de parvenir à tenir ainsi, avec du rien, ou presque. Et de parvenir à générer de l'émotion avec rien, ou presque.
Si l'avoir réalisé est un geste politique (le film est parvenu clandestinement au dernier Festival de Cannes sur une clé usb), aller le voir est donc, pourrait-on dire, un devoir, un acte militant. De cinéphile lambda. Pour le cinéma en général, et les cinéastes iraniens tout particulièrement.
C'est du cinéma a minima (on retrouverait -ironiquement- le dispositif de Pater) sauf qu'il n'y a là que des vrais gens, qui jouent leur propre rôle (le filmeur et le filmé) pendant la plus grande partie du film (qui est assez court : 1h15).
Jafar P. est filmé. Prend son petit-déj', figure un décor avec des scotchs sur le tapis, regarde les infos à la télé (qu'il a grande et plasmatique), répond au téléphone, y parle à son avocate, à sa femme, à des amis.
C'est le jour de la fête du feu, comme dans le premier film d'Ashgar Farhadi (On entend dehors des pétarades, qu'on prend d'abord pour des coups de feu, mais on ne comprend que progressivement de quoi il s'agit).
Vers la fin, le caméraman devant partir (et le film tournant un peu à vide, d'où la phrase "quand les coiffeurs n'ont rien à faire..." qui a failli donner son titre à ce post, et Panahi filme alors avec son appareil photo son copain en train de le filmer) intervient inopinément un troisième personnage, en la personne d'un jeune homme qui vient chercher les poubelles (il remplace le gardien), jeune homme que Panahi ne va plus lâcher jusqu'à la fin, le suivant dans l'ascenseur, le filmant ("me voilà devenu acteur" rigole-t-il alors...) nous permettant de voir que même pour les jeunes, les étudiants, la vie en Iran n'est pas rose non plus.
La dernière séquence, pourtant très réelle (réaliste), prend des allures singulières, presque fantastiques, d'avertissement, de menace, d'espoir, de prémonition...
Ou (cf plus haut) comment générer de l'émotion avec rien. C'est ça le signe d'un vrai cinéaste. Les caméras doivent rester allumées...

"Ne sortez pas avec la caméra, Monsieur Panahi, on pourrait vous voir!"

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9 octobre 2011

haute couture

PETIT TAILLEUR
de Louis Garrel

Découvert sur l'édition 2011 des Lutins du Court-métrage (qu'ils en soient ici publiquement remerciés) cette perle. Un très beau noir et blanc, charbonneux, physique, une histoire d'amour, des beaux jeunes gens (Arthur Igual, Léa Seydoux) filmés au plus près (de la peau, des sentiments). Grains de peau, grain de la pellicule, frémissements, élans. Boy meets girl, mais girl est actrice (de théâtre), et boy tailleur qui doit prochainement reprendre l'atelier de son vieux patron. Boy va-t-il partir avec girl, et planter là son vieux patron ? D'autant plus que girl vit (a vécu) une histoire avec son metteur en scène...
C'est splendide, et on serait bien resté plus longtemps (44') avec ces tourtereaux, à la fois contemporains et éternels. Etreintes, baisers, courses dans la nuit, hésitations, palpitations. Bref, tout ce que j'aime. Avec en prime une voix off (Louis Garrel himself) juste distante ce qu'il faut (entre narquoise amicale et tendre) et des dialogues travaillés, parfois touchants, parfois charmants, parfois troublants.
Une réussite.

(top 10 ?)

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9 octobre 2011

le petit robert qui fait que des conneries

LE SKYLAB
de Julie Delpy

J'aime beaucoup cette nana-là : Déjà, il ya longtemps, lorsque, diaphane, elle faisait de la motocyclette dans Mauvais sang de Léos Carax, jusqu'à plus récemment, un Two days in Paris de plus que réjouissante mémoire. J'avais fait l'impasse sur La comtesse, mais, celui-là, j'avais très très envie. Parce que Julie Delpy, justement, parce qu'une histoire de (repas de) famille, parce que la bande-annonce m'avait alléché, parce que la distribution était longue comme le bras,et voilà. (La promo avait, semble-t-il, bien fonctionné en ce qui  me concerne.)
En plus on est dans les années 70, et toute la famille se retrouve pour fêter l'anniversaire de la grand-mère. (En réalité, il y en a deux, de mamies, Bernadette Lafont et Emmanuelle Riva, joli pan de cinéma s'il en est...).Et on va suivre toute la famille pendant cette journée (et même la suivante), et comme ils sont beaucoup, ça fait plein de petites histoires, qu'on suit, qu'on devine, qu'on surprend, qu'on essaye de démêler, et donc de situations, de dialogues, d'échanges, de polémiques, d'engueulades, de fou-rires ou de crises de larmes.
Tout ça encadré par une pré- et une postface qui, hormis le plaisir d'y voir Karin Viard, ne me semblaient pas du tout indispensables, mais bon, -l'apologie de la famille a été suffisamment faite pendant le film sans qu'il ait besoin en plus qu'on la justifie...- qui nous permet de re-situer les choses...
Voilà, une grande famille, une petite fille, Albertine (n'aurait-elle rien à voir avec notre Julie D. quand elle était petite ?) enfin, pas si petite, elle a onze ans, tout de même! Qui va être un peu le pivot de toute cette histoire, puisque c'est de ses souvenirs dont il est question. Ses parents (Eric Elmosnino et... Julie Delpy!) ressemblent aux vrais parents de Julie Delpy (qu'on avait pu voir jouer leur propre rôle dans le Two days in Paris précédemment évoqué) sont les "brebis galeuses" de la famille : comédiens, gauchistes, soixante-huitards, alors que tous les autres semblent bien ancrés dans une droite franchouillarde et gaulliste...
C'est très plaisant à suivre, toutes ces bribes de conversations (encore une fois c'est très écrit, et les dialogues font souvent mouche), ces histoires de familles -petites ou grandes, et c'est simplement filmé. On peut dire que c'est un film mineur (comme quand on n'a pas encore dix-huit ans, qu'on est encore dans l'enfance, l'insouciance,  délicieusement irresponsable), sans enjeu scénaristique énorme (le skylab du titre on s'en tape un peu, contrairement aux personnages, et il ira d'ailleurs s'écraser bien... ailleurs), mais ça fait du bien. Comme on regarderait en douce des vieux films de famille en super huit. (Il y a la même chaleur dans les images, d'ailleurs ; bien que bretonnant, c'est un film tout à fait solaire). Les adultes, certes, mais on a aussi toute la troupe de gamins et gamines, du plus petit jusqu'au grand benêt de 17 ans qui ronchonne parce qu'on l'a encore mis à la table des mômes... avec notamment un Robert, qui donne son titre à ce post, que je n'aurais pas aimé avoir en classe...)
Et quelques sujets de satisfaction supplémentaires
- c'est un FAQV (hihi, merci Marie), avec une jolie scène, fugace, mais sympathique (et ce n'est pas celle chez les nudistes, comme on aurait pu croire...)
- une double interaction entre la fiction (sur l'écran) et la réalité (de la salle) : quand l'oncle Hubert (joué par le père de Julie Delpy, Albert) oublie les paroles de La balade des gens heureux (oui, oui, il y a aussi des chansons, comme dans tout repas de famille qui se respecte!), j'ai entendu distinctement -quoique en sourdine- ma voisine de gauche qui lui soufflait les paroles, et, de même, quand ma voisine -de devant cette fois- s'est levée et s'est mise à se trémousser dans l'allée sur Born to be alive, comme si elle était en discothèque...
- le fait que, encore une fois, ne connaissant pas les joies de la famille (ni nombreuse, ni rikiki), j'ai vécu tout ça avec grand bonheur, quasi comme une vraie expérience, (re)vécue et intime!
- le plaisir de revoir Jean-Louis Couloc'h (tout habillé, mais bon, avec un joli bouc poivre et sel)
...et le fait que, encore une fois, ce sont les femmes qui tiennent la dragée haute : Bernadette Lafont et Emmanuelle Riva que j'ai déjà citées,  Julie Delpy, Aure Atika, Valérie Bonneton, Sophie Quinton, et, tout spécialement, Noémie Lvovsky (dont je ne m'étais jamais aperçu qu'elle avait autant de conversation...)

Le Figaro (dommage) a parlé d'un film-doudou, (oui, dommage que ce soit eux qui aient trouvé l'expression, mais rendons à César...) je trouve ça très juste. (bon c'est la première et la dernière fois que je cite ce journal dans ces colonnes, j'espère, hihihi!). Comme dans les repas de famille, ne parlons pas de politique!

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8 octobre 2011

chiche, on y va ?

ET MAINTENANT, ON VA OU ?
de Nadine Labaki

Un film plaisant. Brinquebalant parfois mais plaisant. Nadine Labaki (dont on avait déjà beaucoup aimé le Caramel) donne la parole aux femmes d'un village dont les maris (la moitié sont chrétiens, et l'autre moitié musulmans) passent leur temps à se foutre sur la gueule (oui, c'est con, un homme, surtout à propos de religion).
Elles en ont marre d'être veuves e familialement endeuillées (le film s'ouvre d'ailleurs sur une jolie chorégraphie de femmes en noir) et conçoivent donc des stratagèmes divers pour tenter d'arranger les choses (en gros, que les mecs arrêtent de se foutre sur la gueule!) : un car de danseuses russes aussi étiques que légèrement vêtues d'abord, puis une invitation à une dégustation de pâtisseries maison, pour finir par l"argument ultimement religieux, mais finalement logique.
Oriental, chaleureux, drôle, touchant, avec des ruptures de ton fréquentes mais pas gênantes (il ya de tout là-dedans, des mouvements de foule et des coups de gueule, des tragédies et des numéros de cabaret, du roman-photo et des pâtisseries, des roucoulades et des caches d'armes, des gamins à lunettes en mobylette avec chariot (un petit côté Kusturica), des foulards et des têtes nues (et / puis inversement), un prêtre et un imam (en costumes, puis défroqués).
Ca chante, ça s'emporte, ça tortille du popotin, ça lance des oeillades...
Typique et dépaysant comme une recette exotique, le film n'en parle pas moins de choses graves, avec une certaine forme de sourire.
Toutes ces femmes qui rivalisent d'ingéniosité, pour que les guerres de religion (entre autres) s'arrêtent,  on a vraiment envie de leur dire : "Allez-y! n'hésitez pas! On est avec vous! " De tout coeur.

 

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7 octobre 2011

"tu aimes les glaces, canard ?"

SHINING
de Stanley Kubrick

La version longue (director's cut), que j'avais déjà vue plusieurs fois. Comme la version courte d'ailleurs. C'est peut-être ça le problème, que je le connais trop, ce film. Plutôt qu'un film d'horreur, c'est un Festival Jack Nicholson auquel on assiste. Même au début, quand il est "gentil", il fout déjà les jetons. Quelque chose dans le regard, ou un sourire un peu trop appuyé, ou on se sait pas trop quoi, mais c'est sûr, il fout la trouille, et je n'irais pas passer l'hiver avec lui dans un hôtel perdu dans les neiges... Brrr!
Le roman de Stephen King m'avait vraiment fait peur aussi (je l'ai lu quand j'étais jeune!), et j'avoue que j'avais été un peu déçu quand j'avais vu le film, car, il ne fait pas "vraiment" peur. il s'agit d'autre chose, une tension, une intellectualisation de la trouille, une terreur "abstraite", cérébrale, que la musique tonitruante (pour une fois, je ne suis pas sûr que les choix musicaux aient été parfaitement judicieux : à part le thème de Shining, pompé d'ailleurs honteusement par Wendy Carlos sur Berlioz mais bon passons, et la chanson "Home" de la fin, c'est un gloubiboulga électronico-vocalo-contemporain plutôt éprouvant pour les nerfs et les oreilles), que la musique disais-je souligne et paraphrase lourdement.


A part ça

Ça m'énerve toujours autant que le pauvre Halloran passe la moitié du film à venir jusqu'à l'hôtel pour se prendre une hache en plein coeur à peine arrivé
Ça m'agace que Jack Nicholson arrive inexplicablement à sortir de la chambre froide alors que sa femme l'y a enfermé (c'est le seul effet vraiment surnaturel du film, finalement)
Ça me plaît toujours autant ce plan fixe grossissant sur la photo, à la fin (même si c'est un poil insistant)
Ça me fait toujours autant plaisir que Kubrick ait choisi Shelley Duvall, qui, hormis ses rôles chez Altman, n'a pas eu la carrière qu'elle méritait.
Ça m'interroge toujours autant que le monsieur de la VF ait choisi de traduire "Doc" par "canard" (à part l'assonnance en anglais, le sens n'a rien à voir, ni le mouvement des lèvres pour le prononcer.
Ça me fait toujours autant frémir délicieusement lorsque Jack défonce la porte de la salle de bains à la hâche en faisant le grand méchant loup...
Ca me semble toujours aussi esthétiquement réussi, le sang qui sort au ralenti des ascenseurs
Ca me semble toujours aussi inquiétant, les plans du gamin qui fait du vélo dans les couloirs

mais bon ça ne fait pas (tout à fait) peur, hein ?

 

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