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lieux communs (et autres fadaises)
22 juin 2022

OAS

106
LES ROSEAUX SAUVAGES
d'André Téchiné

Dimanche soir. Que faire ? Je n'avais ni l'envie ni le courage de sortir pour aller au cinoche (pour voir quoi ?), et je ne voulais pas être devant ma télé à l'heure des résultats ... Oui, que faire ? Comme souvent dans ces cas-là, je suis allé faire un tour sur MUBI, qui est toujours de bon conseil... Le film du jour ? La programmation spéciale LGBT ? L'hommage à Trintignant ? Je scrolle un peu, et je tombe sur les films qui quittent MUBI dans 7 jours... Et, en tête de liste, ce film de Téchiné que j'ai adoré à sa sortie mais que je ne suis pas sûr d'avoir beaucoup revu...
J'ai donc revu LES ROSEAUX SAUVAGES, et j'en ai été vraiment enchanté. Elodie Bouchez, Gaël Morel, Stéphane Rideau et Frédéric Gorny (dont j'avais oublié le nom, et aussi combien il est beau dans ce film, mais bon ils sont tous beaux. Jeunes et beaux, oui) composent un quatuor frémissant, fiévreux, sensible, aidés (soutenus) par deux figures adultes (Michelle Moretti et Jacques Nolot, une mère prof et un prof remplaçant) .
J'ai pris beaucoup de captures d'écran (le film s'y prête), livrées ici dans l'ordre décroissant (je n'ai mis -volontairement ni celles de la première scène -le mariage- ni celles de la toute fin -la baignade-), et j'ai été tout aussi bouleversé par le visionnement  que la première fois (peut-être même encore plus, avec l'âge : j'ai eu les larmes aux yeux dès la première scène, et ça a duré jusqu'au bout, régulièrement...).
Le film a obtenu quatre César en 1995 : Meilleur Film, Meilleur réalisateur, Meilleur Scénario original, Meilleur Jeune espoir Féminin...
Quel bonheur!
(Juste regarder les images...)

Capture d’écran (1935)

Capture d’écran (1928)

Capture d’écran (1929)

Capture d’écran (1921)

Capture d’écran (1925)

Capture d’écran (1919)

Capture d’écran (1918)

Capture d’écran (1916)

Capture d’écran (1914)

Capture d’écran (1913)

Capture d’écran (1912)

Capture d’écran (1911)

Capture d’écran (1909)

Capture d’écran (1907)

Capture d’écran (1906)

Capture d’écran (1904)

Capture d’écran (1900)

Capture d’écran (1899)

Capture d’écran (1896)

Capture d’écran (1894)

Capture d’écran (1893)

 

21 juin 2022

la machine à broyer

105
COMPÉTITION OFFICIELLE
de Mariano Cohn et Gastón Duprat

Après la comédie déjantée de Dupieux, voici celle du tandem sud-américain Cohn/Duprat (déjà connu et apprécié sous nos latitudes), qui a traversé -provisoirement ?- l'océan pour s'installer en Espagne. Une comédie noire qui parle de cinéma. Surtout de la préparation d'un film. (Un peu dans la lignée de Coupez!). Il est question d'un film produit par un vieux milliardaire qui "veut laisser une trace dans l'histoire". (Qu'est-ce qui vaut mieux, un film ou un pont à son nom ?).Il se paye les droits (faramineux) du meilleur roman, et pour le porter à l'écran, engage la meilleure réalisatrice, Lola Cuevas (incarnée par une Penélope Cruz parfaitement incendiaire), qui engage à son tour les deux meilleurs acteurs possibles (selon elle) : Felix Rivero, une mégastar hollywoodienne (le rôle va à la perfection à Antonio Banderas, qui s'autoparodie sans trop de difficultés) et Ivan Torres (Oscar Martinez, déjà vu dans le très réjouissant -et inquiétant- Citoyen d'honneur, des mêmes réalisateurs, et découvert auparavant dans le non moins réjouissant Les Nouveaux sauvages, de Damian Szifron) un genre de gourou du théâtre expérimental.
Inutile de préciser que ça va dépoter (comme on dit par ici) entre ces trois-là. Ces trois "divas", qui vont, bien entendu, lors de ces séances de "préparation", vont se comporter comme des vraies (divas) : insupportables, à claquer, dans une guéguerre des égos où tous les coups sont permis, et je dis bien tous! Et les réalisateurs vont eux aussi aller jusqu'au bout, dans le registre de la comédie noire et amorale (et cynique). C'est vraiment drôle et trash, et le trio de tête en fait des caisses pour notre plus grand plaisir.
Comme dans L'Homme d'à côté, le premier film des deux réalisateurs distribué en France (2009), l'architecture occupe une place non négligeable (les personnages sont toujours placés dans des décors gigantesques, disproportionnés, monumentaux qui renforcent encore le sentiment de petitesse et de mesquinerie de leurs comportements, de quelque côté de la caméra qu'ils se trouvent.
Rajoutez le travail (soigné) sur la lumière et les cadrages, le sens inné du détail, les dialogues qui claquent, les retournements de situations (certains anticipés, et d'autres pas), et vous obtenez ce délicieux moment de cinéma(s). Revendiquant, avec le sourire (un sourire parfois féroce) que le cinéma n'est qu'artifices et supercheries ("le mensonge 24 fois par seconde" affirmait Brian de Palma, prenant le contrepied de Jean-Luc Godard qui lui défendait plutôt la vérité). Bref, à vous de voir!
(pour ce qui est de voir, c'est très impressionnant le fonctionnement de cette machine à broyer)

(Et la dernière image donnerait presque rendez-vous pour un Compétition officielle 2!)

 

Capture d’écran (1956)

Capture d’écran (1954)

Capture d’écran (1952)

Capture d’écran (1950)

Capture d’écran (1949)

Capture d’écran (1942)

Capture d’écran (1941)

Capture d’écran (1939)

Capture d’écran (1958)

 

20 juin 2022

les fourmis

104
INCROYABLE MAIS VRAI
de Quentin Dupieux

Me voici réconcilié avec Quentin Dupieux (depuis quelques films mon amour pour lui battait de l'aile, depuis Réalité (2014), ma passion -et ma patience- se sont peu à peu émoussées, au fil de Au poste!, Le Daim, Mandibules, où à chaque fois quelque chose m'empêchait d'applaudir comme il se doit : à deux mains et me faisait un peu faire la grimace).
Mais là, déjà, le fait de retrouver le Chabat de, justement, Réalité, qui plus est entouré de Léa Drucker, Anaïs Demoustier, et un Magimel en super forme remonté à bloc (chacun d'eux doté d'une coquetterie capillaire plus ou moins visible) fait qu'on boucle la ceinture pour s'installer dans cette attraction de fête foraine qui démarre pour notre plaisir. Dès le début, Dupieux s'amuse à emberlificoter une narration pourtant au départ très simple et naturaliste, pour mieux se rapprocher (s'imprégner) de ce qui se trouve dans la cave de la nouvelle maison (et dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher le plaisir, si si, enfin non non plutôt).

Disons qu'on a affaire à un dîner entre deux couples amis (enfin, dont les deux maris sont potes) et où chaque couple à une nouvelle sensationnelle à annoncer à l'autre : l'un le fera et l'autre pas... (vous voilà bien avancés) et le film va continuer ainsi, sautillant d'un couple à l'autre (la musique, c'est comme dans un film des années 70, du Bach réinterprété au synthé de façon plutôt guillerette), chacun/chacune avec ses problèmes personnels et ses obsessions (il y a même, au milieu, un chat qui pourrait presque, soyons fou, être celui de Schrödinger, en tout cas qui lui fait vaguement un clin d'oeil). Comme dans une équation d'Einstein il est question de temps et d'énergie (enfin, de vigueur plutôt), mais ce n'est pas du tout aride et désespérant comme une équation, il y a vraiment une narration, une histoire presque "normale", pour peu qu'on en accepte les surprises, et au terme des soixante-quatorze minutes du film (c'est assez court mais c'est suffisant...), on se dit qu'allo-cinoche s'est encore une fois trompé de catégorie et que ce n'est pas finalement tant une "comédie" que ça (bien que ça soit pourtant très drôle...). en tout cas, pas que. Sous l'absurdité apparente, sous le vernis non-sensique, se tapit une pointe de gravité, un peu surprenante chez Quentin D., et une profondeur (comme la grotte d'hier, dans Il Buco) qu'on n'aurait pas soupçonnée...

Bon, on n'est pas chez Bergman quand même, hein, mais tout de même ça donne du grain à moudre pour qui le veut bien (le temps qui passe, l'usure du couple, l'obligation de performances, la folie...). Et in fine ça nous ravit par le clin d'oeil ultime (peut-être n'a-t-il construit cette histoire que pour ça) de cette très belle (et angoissante) image  surréaliste venue de L'Âge d'or, de ce cher Bunuel... Du vraisembable jusqu'au fauxsemblable...

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malin, les deux versions de l'affiche...

*

Capture d’écran (1891)

Capture d’écran (1890)

on ne voit qu'eux deux dans la bande-annonce...

19 juin 2022

l'aventure intérieure

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IL BUCO
de Michelangelo Frammartino

Surprise je n'étais pas seul! Nous étions trois dans la salle 10 pour cette séance dite "de vieux" (celle de 13h30). Du même réalisateur (nous l'avons même programmé) Le Quattro volte (2010), construit d'ailleurs un peu sur le même mode : un cinéma bucolique (poétique) et peu bavard. Dans l'opus précédent il était question, si mes souvenirs sont bons, de charbon de bois, d'agneau, de sapin (j'en avais écrit une critique très très enthousiaste, ici). Ici il sera surtout question d'une grotte (il buco du titre) et d'un vieux berger (deux histoires disjointes mais voisines). Il s'agit de la reconstitution d'une "expédition" datant de 1960, où un groupe de spéléos avaient découvert -et exploré- une grotte qui s'était avéré être une des plus profondes connues (-689m). On les voit arriver à la gare, se réunir, installer leur campement autour du gouffre, commencer l'exploration...
Le film est dans la veine du précédent (la nature, les animaux, bref tout ce qui n'est pas humain), avec des plans-séquences magnifiques, apaisants, somptueux, où, finalement, le réalisateur nous montre que l'homme n'y est qu'accessoire (que de passage) , notamment avec l'histoire du vieux berger.
Tout ce qui est souterrain, tout ce qui concerne l'exploration de la grotte, pourrait à première vue sembler un peu plus anecdotique (on a quand même eu, il y a quelques années, dans la bonne ville du bôô cinéma, un "cinéaste spéléologue"...) mais se révèle d'autant plus puissant que le filmage a impliqué une logistique démentielle (le réalisateur dit "c'est la grotte qui a décidé du film...") tellement les conditions de tournage étaient compliquées... Personnellement, ça ne m'a jamais attiré (il y avait pourtant un "club spéléo", si je me souviens bien) mais obscurité, humidité et chattières, très peu pour moi (claustro un jour, claustro toujours...)
Je vous mets en lien -en espérant que vous pourrez y accéder-  l'entretien avec le réalisateur dans Libé (ici), et surtout, l'article furieusement dithyrambique paru dans ce même Libé ()  qui m'avait donné furieusement envie de voir le film (et que je trouve quand même, rétrospectivement, un poil excessif, mais bon c'est vrai que, quand je m'enthousiasme, il m'arrive, je le reconnais, de m'enthousiasmer trop, et de l'enthousiasme à l'exaltation la marge est mince...).
Tel quel, le film procure (propose ? provoque ?) un agréable plaisir de spectateur, appelle un certain laisser-aller, on est là, paisible, dans son fauteuil rouge, on est toute ouïe (toute vue aussi), disponible, vacant (et, comme le dit souvent Dominique, on est même en droit d'avoir le droit de rêvasser, si, si...). Un film contemplatif qui part de l'anecdotique pour confiner au grandiose (et remet l'homme à sa juste place, rikiki). Ca oxygène les neurones.

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Capture d’écran (1889)

Capture d’écran (1887)

Capture d’écran (1886)

Capture d’écran (1888)

Capture d’écran (1885)

18 juin 2022

un homme

Jean-Louis Trintignant est mort hier,  à 91 ans.
Il a fait beaucoup de films, mais je n'ai sans doute pas vu les plus "importants"...
Je n'ai vu ni UN HOMME ET UNE FEMME ni MA NUIT CHEZ MAUD ni LE CONFORMISTE
Je l'ai aimé un peu "de loin"
Mais indiscutablement, un très grand acteur qui mérite un hommage...
(Comme dirait Luc Lagier "en dix petites madeleines...")

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le premier film avec lui que j'ai vu en salle, au Majestic, à Vesoul, en 1972 et dont je me souviens surtout que je l'avais trouvé un peu longuet (2h20) et que la fin m'avait laissé perplexe (jamais revu)

*

le maitre nageur

une journée bien remplie

les deux films qu'il a réalisés et pour lesquels j'ai beaucoup de tendresse (et de respect)...

*

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des films des années 80, 90, que j'ai vus et aimés, dont je me souviens plus ou moins d'ailleurs, où je l'avais bien aimé

*

mais surtout, surtout

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et

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mes deux absolument préférés (avec une petite préférence pour le Audiard par rapport au Truffaut)

*

sans oublier (cerise sur le gâteau), car pour moi Trintignant c'est, déjà, avant tout, une voix, que c'est lui qui, dans la VF (oui, quand j'étais jeune, j'ai vu des films en VF!) double HAL, le superordinateur dans   2001 ODYSSEE DE L'ESPACE

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(j'apprends à l'instant sur le ouaibe qu'il doublait aussi Jack Nicholson dans la VF de SHINING, mais, à l'époque ça ne m'avait pas marqué..."Wendy, passe-moi la batte...." )

13 juin 2022

la routine

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PETITE FLEUR
de Santiago Mitre

J'adore être surpris par un film. Surtout un qu'on n'a pas du tout vu venir, et qui surgit plop! devant nos yeux écarquillés. Un film d'un réalisateur sud-américain (dont on a vu me semble-t-il El presidente), un film dont l'action est située à Clermont-Ferrand (coucou Guiraudie !), un film dont le scénario a été co-écrit avec Mariano Llinas (le réalisateur de La Flor, souvenez-vous le(s) film(s) fou(s) de quatorze heures!), un film dont la bande-annonce a semblé joyeusement perchée. Et un film pour lequel, finalement, on est tout seul dans la salle, en plus, à la séance de 16h pourtant (pas la digestive spécial troisième âge de 13h30...), et pour lequel donc on va rire tout seul (c'est drôle de rire tout seul dans une salle vide...).
Ca commence avec l'arrivée -en live, et pas via la cigogne ni les choux! - d'un bébé chez un jeune couple mixte (franco-argentin) : elle (celle qui accouche) c'est la toujours bien Vimala Pons et lui (celui qui assiste) se nomme Daniel Hendler (acteur uruguayen déjà vu, il y a quelques temps déjà, dans les excellents Whisky et 25 watts de Pablo Stoll Ward et Juan Pablo Rebella).
Ils sont venus s'installer il y a peu de temps à Clermont-Ferrand, où lui, dessinateur, a été embauché par une boîte dont le logo est un célèbre bibendum, avec pour tâche de redesigner le célèbre bibendum en question. Et il vient d'apprendre qu'il s'est fait virer par le DRH. C'est elle qui va donc aller travailler tandis que lui reste à la maison pour pouponner et s'occuper de leur petite Antonia. Il va faire la connaissance de la voisine (Françoise Lebrun) (qui propose ses services en tant que cuisinière et/ou baby sitter) et du voisin, chez qui il sonne pour lui emprunter une pelle,(et qu'il va finir par assassiner, presque accidentellement, d'un coup de cette même pelle) et qui n'est autre que la voix off du film, Melvil Poupaud, en très grande forme. voix-off qui nous a prévenus dès le début du film qu'il est mort (mais bon il parle quand même comme William Holden dans Boulevard du crépuscule, fait qui m'avait fort chiffonné quand j'étais enfant mais je crois vous en avoir déjà parlé, non ?), et qu'il a, par la suite, par lui été assassiné tous les jeudis (c'est bien ce qu'on avait cru comprendre dans la bande-annonce), ghost in the machine (plutôt fantasma en la maquina dans ce cas précis) qui intervient à intervalles réguliers pour commenter l'action, entre sarcasme et affection.
Les échanges à la maison se font bilinguement (elle fait l'effort de parler en español tandis que lui ne fait que baragouiner en français) et c'est donc en réalité (délice!) un film en vost plutôt qu'une comédie lambda en français comme je le croyais en entrant dans la salle. Et le film va en remettre une couche dans la langue españole (et le plaisir auditif qu'elle m'apporte) avec l'entrée en scène d'un nouveau personnage, le nouveau psy/gourou/ coach mental de madame, interprété par ce cher Sergi Lopez (qu'on n'avait pas vu depuis un certain temps et qu'on a plaisir à retrouver en grande forme...).
C'est donc une plaisante comédie noire qui va se dérouler devant nous. Qui démarre très fort (trop ?) et calme ensuite un peu (trop ?) le jeu, dans une deuxième partie plus conventionnelle, moins carabinée... (qui changerait même, presque, son fusil d'épaule). Un film-surprise, hélas distribué un peu à la sauvette, sans tambours ni trompettes ni tapis rouge publicitaires (comme les grosses conneries américaines avec des avions et des acteurs botoxés qui font en ce moment -tant mieux pour eux les pauvres ils en avaient besoin- le bonheur des tiroirs-caisses en apnée de nos vaillants cinémas) et risque donc hélas une carrière météoritique et c'est bien dommage car il mérite mieux, incontestablement.
Un film cintré, givré, perché, qui s'affranchit de la gravité habituelle et lourdingue comme une bienvenue (et salutaire) bouffée d'hélium... Inspirez, pour ce qui est d'expirer, le film s'en charge, ne vous inquiétez pas...

 

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12 juin 2022

dissocié

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MEN
de Alex Garland

(Je suis allé le voir à Besac parce qu'il y passait aussi en VO (alors que dans le bôô cinéma il ne passe -tsss!- qu'en VF).
Et j'y ai vécu du coup quasiment une expérience métaphysique. J'ai vu le film tout seul dans une salle en compagnie de 8 ados perchés en haut au tout dernier rang (là où je m'assoie d'habitude) et qui tapaient un joyeux bordel quand je suis arrivé, avant que le film commence, ce qui m'a un peu inquiété pour la suite... (j'avoue que j'ai envisagé le pire...) et tout au début du film, où ça continuait de discuter et de rigoler (et de popcorner), je me suis retourné (je m'étais installé deux rangs plus bas, étant donné que certains avaient carrément foutu les pieds sur le dossier du siège de devant) et je les ai -poliment, j'ai dit s'il vous plaît- priés de se taire, ce à quoi ils ont obtempéré d'assez bonne grâce, étonnament, après que le plus bavard, celui tout au bout du rang, ait tout de même rajouté un genre de commentaire ironique, histoire d'avoir le dernier mot. Ils se sont tous ensuite plutôt bien tenus dans l'ensemble (les filles alternantles gloussements complices et les chut! à l'adresse de leurs coreligionnaires ) mais le fameux celui du bout se manifestait régulièrement lors des scènes inquiétantes avec des commentaires à haute voix "la tête de ma mère" et autres "sa mère la pute" qui venaient donc soulignerce qui se passait à l'écran.
J'avais donc un film devant moi, sous les yeux, et un second derrière, via les oreilles... A un moment où je trouvais qu'il commençait à en faire un peu trop, je me suis retourné et j'ai vu qu'il se cachait carrément les yeux derrière son t-shirt, et quand il a vu que je le regardais, avant que je ne lui fasse une remarque, il m'a fait un geste montrant qu'il était désolé, mais qu'il n'y pouvait rien. Il avait la TROUILLE, ce jeune homme!).
D'ailleurs, à la fin, quand ils sont descendus pour sortir de la salle, ils sont passés devant moi, celui du bout en dernier,  m'a marmonné  de vagues excuses, en souhaitant ne pas m'avoir trop dérangé, sur ce je lui ai dit qu'au contraire, il m'avait fourni un deuxième film pour le prix d'un, ça l'a fait rigoler, et du coup il s'est arrêté pour me demander si j'avais tout compris du film, et je l'ai rassuré en disant que non...)

Un film d'un réalisateur que je ne connaissais pas (je n'ai vu ni Ex Machina ni Annihilation, que les critiques ont l'air de tenir en assez haute estime, mais dont all*ciné m'apprend qu'il a été le scénariste du splendide  Never Let me Go, ce qui me le rend immédiatement plus sympathique). Un film pour lequel ce même all*ciné a du mal à trouver une catégorie (horreur ? épouvante ? fantastique ? science-fiction ? ). Un film qui démarre très très doucement et qui va, très progressivementaussi  monter, en puissance jusqu'à un final complètement délirant (je me suis presque senti revenir trente ou quarante ans en arrière, devant les délires gore de Stuart Gordon (ReAnimator, ce genre...), et même au-delà.
L'héroïne est une jeune femme qui, lors de la première scène, voit son mari passer par la fenêtre (par sa fenêtre, oui, elle le voit passer), après une dispute conjugale (ils étaient sur le point de divorcer), et part donc se mettre au vert, pour tenter de digérer ce trauma, en louant un cottage cossu dans une bourgade de trou du cul du monde britannique. Au vert est tout à fait adapté, tant est si green la campagne so british où elle va faire de grandes balades (les rêveries de la promeneuse solitaire), oui ce vert flashy  comme celui des petits pois surgelés, qui ne sont pas, d'ailleurs, forcément british). Elle a été accueillie à son arrivée par Geoffrey, le propriétaire, presque trop attentionné, et va ensuite, au cours de ses balades, faire la connaissance des différents autochtones de ce trou perdu, dont aucun (de ces hommes) n'est a priori véritablement sympathique, -car tiens c'est vrai il n'y a que des hommes dans ce village, et dans ce film, la seule autre femme que notre héroïne étant sa meilleure copine avec qui elle échange au téléphone (en visio)- ). On est sur ses gardes, d'autant qu'on a vu en bas de l'affiche, ce slogan sibylin  Le mâle engendre le mal, qui nous met déjà dans l'ambiance. Car c'est bien de ces  mâles que vont venir les soucis de notre héroïne, au fil des face-à-face successifs que le réalisateur va mettre en place, générant de plus en plus de malaise, puis d'inquiétude, et carrément ensuite de TROUILLE (les fameux "la tête de ma mère" de mon jeune voisin de derrière).
C'est là que je vais ronchonner contre les critiques (ceux qui en quelques mots vous ruinent le plaisir de voir un film, il y en a qui sont vraiment trop forts pour ça...) et qui révèlent gratuitement une clé du film qu'il eût été plus judicieux que le spectateur découvre par lui-même, et qui gâchent un peu -beaucoup- le plaisir (c'est comme si un critique de Psychose avait écrit -attention spoil !- "Dommage que le rôle de sa mère soit tenu par le fils...", oui en effet c'est dommage de l'écrire, et donc je nen dirai pas plus ici...). Oui, dommage.
Le film qui, hormis le prologue, avait démarré comme dirait Dominique "à 2 de tension" finit furieusement avec tous les voyants dans le rouge (et même au-delà) .
Tout ça est bien ficelé, avec pas mal de  scènes flippantes rigoureusement mises en scène -et d'autant plus anxiogènes-, même si je ne suis moins fan de la dernière partie (que les mêmes critiques goujats auraient pu commenter par "le mâle engendre le mâle" hihihi). Un film étonnant (que certains critiques -pas les mêmes, d'autres- ont qualifié de "premier film d'horreur féministe"...) De belle facture, en tout cas.

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7 juin 2022

à malaise malaise et demi

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VORTEX
de Gaspar Noé

Un choc. J'y allais très prudemment (j'avais prévenu Catherine que si je trouvais ça trop dur je sortirais). Avec Gaspar Noé je me méfie... Françoise Lebrun, Dario Argento, déjà, a priori c'est questionnant. (Ca fait envie). Plus Alex Lutz, plus huis-clos, plus split-creen, n'hésitons plus hop! on embarque...
Le split-screen (qui fait hurler à la lune le "contre" de Télérama) est, non seulement très bien amené (la scène de lit et de réveil nocturne où le réalisateur met en place son dispositif avec infiniment de délicatesse) mais plutôt très bien utilisé, et ce jusqu'à la fin (Gaspar Noé va vraiment jusqu'au bout, jusqu'à la toute fin, (même si on l'avait un peu vu venir avec ce générique de début très très détaillé), et cette scène finale est radicalement parfaite je trouve. Glaçante et en même temps parfaitement objective.
Un appartement impressionnant, l'appartement de toute une vie, rempli à ras bord de bouquins, d'affiches, de papiers, où le partage d'écran rend encore l'espace plus asphyxiant, au fur et à mesure que le mal de "elle" (Françoise Lebrun, magnifique) empire.
Un film sobre (ça aussi ça étonne chez Gaspar Noé), -de sobre à sombre il n'y a qu'une petite lettre de différence- mais de plus en plus anxiogène. Irrespirable. Inéluctable (et irréversible aussi).
Silence de mort dans la salle lorsque les lumières se sont rallumées sur le mot FIN,  que personne ne semblait oser rompre...

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DON JUAN
de Serge Bozon

Vu juste après le Noé, glaçant. J'espérais en entrant dans la salle (le film commençait tout juste) m'y "changer les idées". Ca commence plutôt pas mal, Tahar Rahim est mimi dans son petit costume de futur ex jeune marié, planté par sa promise (Virginie Efira, multiple) le jour de son mariage, pour un regard surpris à la fenêtre envers une autre femme... Il est aussi, tiens donc, acteur, et répète Don Juan, avec une metteuse en scène au personnage limite schématique (voire caricatural(e)) et une Elvire débutante qui l'est tout autant. Il est malheureux et voit son ex-femme partout, mais surtout, hélas, il chante (et là c'est pas terrible, même avec toute l'indulgence requise pour le courage de ce pauvre Taharchounet), son ex-future femme chantera aussi un peu (elle est un peu plus convaincante), de même qu'un Commandeur en imperméable (mais lui c'est son métier de chanter), sous les traits d'un Alain Chamfort toujours touchant à regarder. Très vite le plaisir pris dans les premières scènes se délite, on a le sentiment que tout ça tourne un peu en rond (comme un chien après sa queue, oui oui) et, spectateur, on soupire un peu en attendant que ça se passe (et surtout qu'ils arrêtent de chanter). Bref, encore raté. Je ne sais pas si je vais continuer (m'obstiner à) voir ses films. J'avais pourtant beaucoup aimé La France (), où, pourtant déjà on chantait...

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6 juin 2022

LGBT

(sur MUBI)
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SUMMER VACATION
de Hofesh Gadol

Un joli court-métrage comme j'aime : Coquillages et crustacés sauce yiddish : la plage, la mer, le soleil, le mari, la femme et l'amant (mais l'amant de qui donc ? huhuhu). Sympathique et ensoleillé.

Capture d’écran (1791)

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(grâce à Zabetta 1)
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MON AMOUR
de David Teboul

Capture d’écran (1799)

Capture d’écran (1802)

Pour PARLONS D'AMOURS, le Festival LGBT qu'elle organise du 22 au 26 juin dans le bôô cinéma (mon dieu! une quinzaine de films de pédés et de gouines, vous imaginez le séisme ?), Zabetta avait besoin d'un avis sur ce film, pour lequel (entregent...) elle m'avait fait parvenir un lien de visionnage. Par une drôle de coïncidence, c'est précisément la critique de ce film qu'Hervé m'avait fait miroiter à notre dernière réunion, parue dans P*sitif avec la photo ci-dessus (il connaît mon goût pour les QV, le bougre...). MON AMOUR, c'est un documentaire de 2h52 (la longueur est rédhibitoire...). Je pensais ne pas connaître le réalisateur, mais allocinoche me dit que si, que son documentaire Banya, (date de sortie inconnues) m'avait en son temps affriolé (presqu'une heure d'hommes au(x) bain(s), vous imaginez l'émoi...) et il faudrait bien, tiens, que je le retrouve...
Le film démarre dans la neige (c'est magnifique) de la Sibérie, où la voix-off du réalisateur nous apprend que celui-ci est allé s'installer à la mort de son ami/amant (je ne sais pas comment il faut dire). Il est parti là-bas, et y filme les autochtones (des deux sexes), qu'il interviewe en leur posant des questions sur leur couple, leur rencontre, leur désir, bref en les faisant parler d'amour, et en intercalant des séquences plus intimes où il parle de son amour à lui... Ca fait comme deux films en un.
Si le film est très touchant, il est aussi hélas très long, (et il faut un certain temps pour arriver à faire le lien avec la Sibérie (et ses habitants) et l'amour défunt du réalisateur, et j'ai donc livré mon compte-rendu -succinct- et mon avis : pas vraiment adapté pour cette première éditions de PARLONS D'AMOURS (mais tout à fait envisageable, par exemple, hihihi, pour le Mois du Doc!)

*

(grâce à Zabetta 2)
098
VENT CHAUD
de Daniel Nolasco

Toujours en prospectant pour PARLONS D'AMOURS, j'avais évoqué à Zabetta EL CAZADOR, de Marco Berger (un réalisateur que j'adore et dont j'ai vu tous les films qu'il est possible de voir), annoncé chez Optim*le, distributeur de films LGBT qu'elle a contacté, mais dont le responsable au téléphone n'a pu lui proposer qu'un lien (entregent) vers ce film-là en précisant (oups!) qu'ils demandaient 300€ de MG. Petit poucet curieux, j'ai donc suivi le lien (le film était passé rapidement à Besac -genre une semaine avec uniquement des séances à 22h- et j'avais regretté de ne pouvoir le voir...)
Waouh! C'est brésilien et c'est vraiment chaud, très chaud (le titre ne ment pas!). Le héros, Sandro, est un nounours barbu et poilu (très poilu, même dans le dos) qui travaille dans une entreprise agro-alimentaire, il a un amant (barbu aussi) Ricardo, qui travaille dans la même boîte que lui, et ils s'envoient des sms en service pour se retrouver après le travail dans la forêt d'eucalyptus pour de viriles étreintes (et de tendres -mais énergiques- câlins).
Mais Sandro, à la piscine, est tombé amoureux du beau Maicon (qui ne le regarde même pas), et voilà que non seulement Maicon vient travailler dans la même boîte, mais que Sandro le surprend avec Ricardo en train de se faire du bien, dans "leur" forêt d'eucalyptus... Ah mais, on va voir ce qu'on va voir... Vengeance!
Le réalisateur aime les hommes, et les regarde (les montre) comme des objets de convoitise (gros plans sur des maillots de bains ou des shorts de foot, j'adore), se complaît à traîner dans les vestiaires (ça aussi c'est délicieux, toutes ses zigounettes à l'air en tout bien tout honneur) et sous les douches, et n"hésite pas à nous exposer quasiment tout le catalogue des actes sexuels entre hommes (le film est interdit aux moins de 16 ans avec avertissement) : pelles, pipes, branlettes, sodomies, ce qui fait déjà beaucoup (et aurait été suffisant à mon goût) mais voilà qu'il en rajoute encore dans l'imagerie homoérotique avec une série de rêves que fait Sandro, avec homme-chien arnaché de cuir, maître-chien arnaché idem, bordel d'hommes avec panoplie(s) fétichiste(s) (uniformes, casquettes, pinces à seins, etc.) le film alors -et c'est dommage- en devient carrément too much...  Je n'ai jamais été attiré par toute cette quincaillerie... (et Sandro a une facheuse tendance à vouloir lécher tout ce qu'il trouve : joue, blouson, bottes, et même par terre me semble-t-il).
Le film est "rééquilibré" par la présence féminine (limite virile, quand même) de la cheffe d'équipe de Sandro, louvoie par un suicide qu'on n'avait pas vraiment vu venir (vu qu'il s'agit d'un personnage "secondaire") et se conclue par une apothéose virile de gros câlins (et un, et deux, et trois!)
Je ne suis pas sûr que notre bon public vésulien soit vraiment prêt pour ça. Mais ça fait de jolies captures d'écran...

Capture d’écran (1803)

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Capture d’écran (1818)

Capture d’écran (1834)

Capture d’écran (1804)

 

4 juin 2022

la rayure sur la voiture de batman

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HIT THE ROAD
de Panah Panahi

Je n'ai pas pu m'empêcher d'y retourner dans le bôô cinéma pour vérifier si c'était toujours aussi bien.
Ca l'est.
Le gamin semble beaucoup moins énervant, la deuxième fois (on s'habitue ?)
Pour parler comme au FICÂÂÂ les paysages sont absolument mêêêêêêrveilleux (vraiment l'Iran s'y prête...), mais les personnages sont TOUS au diapason (et la mise en scène aussi...)
Du vrai bonheur ce film, d'un bout à l'autre.
Top 10 je confirme
(il fait partie de la catégorie des films que je pourrais revoir et revoir encore sans me lasser...parce que je sais que j'y retrouverais à chaque fois quelque chose de nouveau...)
Oui, des films que j'ai trop envie de revoir, simplement.

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