Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

24 octobre 2016

madame thérouanne et le compteur à budget

LA FILLE INCONNUE
de Luc et Jean-Pierre Dardenne

(Pardon pour le titre, je n'ai pas pu m'en empêcher, mais je n'ai rien inventé, il en est vraiment question dans le film, même si très furtivement... ceux qui me suivent comprendront!). Bôô cinéma, séance de retraités, on est 9 dans la salle (et je suis le seul mec), pour ce Dardenne qu'on a en sortie nationale, et dont j'apprends par Marie à la sortie du ciné que, justement il a été remonté pour sa sortie, après le plutôt frais accueil Cannois qu'il avait reçu. Il est question de "7 minutes en moins", et d'un "nouveau film" (pour ceux qui ont vu les deux versions...)
Cette version-là me convient très bien, à une (toute) petite réserve près, la révélation du coupable à la fin du film qui ne me semble pas indispensable, ou tout du moins de ce coupable-là (et dans ces conditions-là). Jusque là, je me disais "Un Dardenne im-pec-ca-ble, mais qu'est-ce qui donc les avait ainsi chiffonnés, quelle mouche cannoise les avait donc piqués ? "  (mais, tiens, cette scène-là, précisément Téléramuche a adoré, et qualifie même de "une des scènes les plus fortes que les Dardenne aient  jamais tournée". Don't act.).
Adèle Haenel incarne un jeune médecin confronté à un problème de conscience : la mort d'une femme survenue après qu'elle ait eu refusé de lui ouvrir la porte de son cabinet, un soir, une heure après la fin de sa journée de travail. Elle culpabilise, et, pour elle tout va désormais se polariser autour de cette femme inconnue à laquelle elle voudrait, simplement, redonner une identité. Une reconnaissance.
Encore une bien belle héroïne dardennienne (j'adore Adèle Haenel, dois-je le préciser) confrontée à toute la Misère du Monde (dans le sens Bourdieuesque), grisâtre humide et froide, de pauvres gens, comme vous et moi, de petites vies, de salauds ordinaires, au fil de son investigation obsessionnelle. On est chez les Dardenne, et on a donc le plaisir de voir passer quelques habitués, la famille proche (Olivier Gourmet en fils et Jérémie Rénier en père, ça change !).
Jenny la doctoresse, dans son duffle-coat à gros carreaux, entêtée comme un petit animal (Adèle Haenel est sensationnelle de justesse), fouine, s'obstine, persiste et signe, subit quelques agressions verbales, se fait secouer à plusieurs reprises, "remettre à sa place", mais finira par découvrir le fin mot de l'histoire. En mettant son nez dans quelques affaires qui ne la regardent pas vraiment.
Mais attention, on n'est pas chez Agathie Christie, hein, on serait plutôt chez Simenon, infra-ordinaire, je le redis, petites gens, familles, petites douleurs ordinaires pour lesquelles Jenny est à chaque fois à l'écoute, et le prouve. Elle fait avec grande conscience son travail, mais l'accomode avec son idée fixe. Inlassablement.
Le scénario a tissé également une jolie trame secondaire en mineur, entre Jenny et Julien, son stagiaire qu'elle a secoué un peu, d'ailleurs, au début du film.
Un beau film, sans apprêt (aucune musique à part une petite chanson de remerciement, générique sur fond  de bruits de circulation anonymes), avec une caméra attentive et posée (ouf, on est loin de Rosetta) et des cadrages toujours aussi minutieux.

358852

23 octobre 2016

encore des polars 3

CROCO DEAL
de Car Hiaasen

Un Hiaasen que j'ai particulièrement apprécié, même s'il n'est pas forcément le plus représentatif. Un personnage d'indien taciturne (jeune) particulièrement sympathique, réfugié sur une île avec une demoiselle énervante au début mais attachante ensuite. Une île où vont se croiser pas mal de brindezingues de tout acabits, notamment une mère de famille un peu zinzin qui a organisé une fausse excursion en canoé pour se venger d'un vendeur téléphonique qu'elle a trouvé spécialement goujat. On y verra aussi l'ex-mari de la dame, et son fils aussi. Sans oublier le fantôme d'un touriste revenant en rêve réclamer une sépulture décente... Des embarcations, des roseaux, des mangroves, des va-et-vient sur terre et en mer, des mensonges, des révélations, des combines plus ou moins foireuses, tout ça dans un décor insulaire à peine plus "exotique" que d'habitude... Un de mes Hiaasen préférés je pense.

crocodeal

LA COLLECTION
de Paul Cleave

Celui-là m'attendait depuis quelques temps, et j'ai pensé que ça serait bien de changer d'air et de style. Erreur! Après toute une série de Hiaasen et de Smith, celui-ci m'a semblé si effroyablement "sérieux" que je n'ai pas réussi à le mener jusqu'au bout... J'avais adoré son premier (Un employé modèle), puis un moins le deuxième (Un père modèle), et encore moins le troisième (Nécrologie, où grosso modo chacun passe son temps à enterrer, déterrer, ré-enterrer des cadavres...) Nous sommes toujours à Christchurch, NZ, ce trou-du-cul-du-monde où chacun(e) est soi serial killer, soit victime de serial killer, soit enquêteur sur les serial killers, parfois même appartenant à plusieurs des catégories susnommées. Avec un collectionneur de serial kilers qui a enlevé quelqu'un qu'il prend pour un sérial killer, et le séquestre dans un endroit où lui-même eut affaire à des serial killers, etc. Et une jeune fille innocente a été enlevée et séquestrée comme dans le silence des agneaux. Et comme dans le silence des agneaux, au bout d'une centaine de pages "en alternance" (un chapitre sur deux  concerne un mec juste sorti de prison - pas parce qu'il a tué un serial-killer à la fin de Nécrologie mais parce qu'il a tué une femme et sa fille sans le faire exprès-  , et l'autre l'histoire du collectionneur de serial-killers) je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir à la fin si elle était toujours vivante. Et j'ai lu les 100 dernières pages à reculons. Voilà, ça ne m'a pas du tout enthousiasmé. Peut-être ne pourrai-je plus lire de polar "sérieux" ?

-Cleave-Collection-8

MAUVAIS COUCHEUR
de Carl Hiaasen

Je me suis donc remis illico aux choses plus drôles... Et j'ai bien fait. Tiens, ça commence comme du Mark Haskell Smith (à moins que ce ne soit le contraire) : il est question d'un bras coupé retrouvé par des pêcheurs (du dimanche) au fond de l'eau. Ce bras appartient à un financier un peu véreux, dont la veuve vient faire constater le décès et revendiquer la succession, soupçonnée aussitôt de meurtre par la fille dudit. Et l'enquête est menée par un flic rétrogradé à la "brigade des cafards" (inspections sanitaires dans les cuisines des retaurants) parce qu'il a sodomisé avec un tuyau d'aspirateur le mari de sa maîtresse... Du Hiaasen pur jus, donc. Avec des promoteurs (comme toujours) véreux, des sorcières vaudou, des Bahaméens spoliés, des spéculateurs immobiliers, des voisins sans scrupules, et, comme trait d'union entre tous ces agités du bocal, un singe qui a tourné avec Johnny Depp mais s'avère spécialement mal embouché. Un roman dense, foisonnant, où ça court dans tous les sens, et, comme toujours, extrêmement drôle. Avec beaucoup d'humour (noir donc) et un retournement de situation que je n'avais pas du tout envisagé. Hautement recommandé.

mauvaiscouch

TRIGGERFISH TWIST
de Tim Dorsey

Celui-là a une histoire, il ne coûtait qu1€ chez Bouliniuche, mais m'a coûté, en plus, mon porte-feuille, ma carte visa et 25€. C'était le seul bouquin de Tim Dorsey que j'ai pu trouver dans tout Paris! Quelle mystérieuse confrérie les a donc tous fait soigneusement disparaître des rayons des libraires ? Ce monsieur est rangé (dérangé aussi, un peu, il faut le reconnaître) dans la clique des "joyeux drilles", cousinant avec Hiaasen et Haskell Smith. D'où mon intérêt.

(un blanc pour exprimer que le temps -de la lecture- a passé.) Je viens de le reposer, et c'est vraiment quelque chose. La scène finale, celle vers laquelle auront convergé, pendant 350 pages, les différents protagonistes du bouquin, peut être taxée de feu d'artifice et/ou  de folle furieuse (mais au sens zygomatique du terme). Si l'intrigue policière pourra sembler un peu lâche à certaines, la galerie de personnages croqués par Tim Dorsey justifie à elle seule la lecture (de ce qui, coup de bol, semble être d'après wikipédiuche le premier de la série, publiés dans le désordre qu'il ont été, dixit l'auteur- aux US d'abord et en France ensuite, donc le hasard a très bien fait les choses. Bien que, tiens j'y repense, il soit fait allusion (en note de bas de page) à un autre, Florida Roadkill, qui a donc été écrit avant, et d'ailleurs été traduit effectivement en premier...*) Avec, visiblement, un personnage récurrent de... serial-killer! (mais beaucoup plus drôle que chez Cleave), prénommé Serge. Un mec érudit, charmant, plein de bonne volonté mais un peu perturbé, et qui tue plutôt, dirons-nous... à bon escient. Le Serge en question étant flanqué de deux comparses "à la vie à la mort" : une bombasse cocaînomane et un grassouillet fumeur de pétards... C'est vraiment très drôle, férocement drôle même, et je me réjouis qu'il m'en reste donc une bonne quinzaine à lire (en comptant ceux qui n'ont pas encore été traduits...) Tout ça valait bien un portefeuille sans doute!

triggerfish

 

* Vérification faite, Florida Roadkill est bien le premier de la série, puisqu'il raconte la rencontre de serge et de Coleman (le grassouillet haschischin)... celui-ci serait donc le deuxième...

 

Peti

22 octobre 2016

dans la boulangerie

SAGA
de (et avec) Jonathan Capdevielle

Il s'agit ici de "spectacle vivant".
Le décor est d'abord planté (dans le noir) dactylographiquement sur un clavier de très vieil ordi (amstrad). Celui de l'enfance tarbaise de Jonathan C., de son copain, de sa soeur. Tous est tapé en direct, avec frappe, corrections, et bruit des touches. Puis viennent les voix. Le père, la soeur, le pote, le chien, ça fleure bon le sud-ouest, la famille, la convivvialité pastissière, la déconnade... puis la lumière monte et on ne voit d'abord qu'une jeune fille, côté cour,  en train d'escalader un genre de grosse montagne poilue qui occupe la moitié de la scène Avant que n'apparaisse, en jardin, à la faveur d'une bascule lumière, Jojo, en short et chemise rouge, enfant immobile et de dos face aux scènes de son passé. Ca continue de discuter en famille, le père, la soeur, la mère, le pote en visite, et je réalise soudain (j'ai mis un certain temps) que rien de tout ça n'est enregistré mais que tout se joue en live. Toutes les voix. Premier choc.
Jonathan Capdevielle évoque ses souvenirs d'enfance, les recrée sur cette scène, par voix et par corps, et nous jette en pâture toutes ces bribes, tous ces détails, ces indices en quelque sorte d'une histoire qu'on s'efforce de reconstituer.
La forme proposée est simple, minimaliste, mais le traitement en est extrêmement cérébral. Pendant largement plus de heures, tout de même, on va assister au(x) représentations physiquement mentales (ou mentalement physiques, vous l'attendiez, celle-là) de cette enfance, puis adolescence, puis... à un moment on ne sait plus où et quand on est mais ça n'a pas d'importance. le travail des voix est sidérant, mais les corps aussi le sont, dans la variété des propositions (immobilité totale, danse, chant dans des positions a priori inconfortables, longue scène à QV(s), il y en a pour tous les goûts.. Et bon c'est vrai que dès qu'il ya de la QV sur scène, c'est tout de suite pour moi une motivation et une source de plaisir esthétique conséquents.)
Il est question de sud-ouest, il est question de famille, d'enfance, il est aussi question aussi d'homosexualité (la découverte et l'affirmation progressive de). on y chante aussi bien des vieilles chansons traditionnelles (Se canto, que mon père me chantait, et que j'ai reconnu avec émotion) que du Céline Dion (à 3 voix), je ne pouvais donc que me sentir à l'aise, presque en terrain de connaissance.
Bon la longue scène de vidéo finale (après sortie successive de chacun des personnages, qui disparaissent dans les coulisses, dans le noir et dans les limbes) n'était pas forcément indispensable, mais l'ensemble reste tout à fait fascinant.

18 octobre 2016

cul de porc rôti

BROOKLYN VILLAGE
d'Ira Sachs

Et de quatre!
Oui, quatrième film magnifique d'affilée ! (Après Nocturama, Jeunesse,et Rodeo) Toujours dans le bôô cinéma, et toujours pour 5€ je le rappelle... Le nouveau film d'Ira Sachs, dont on avait déjà programmé (et beaucoup aimé) le précédent Love is strange. Brooklyn village n'est pas le titre original (Little men) et aseptise hélas (ou boboïse) un peu le propos du film.
Où une famille (papa, maman, fiston) vient justement à Brooklyn pour y emménager au première étage de la maison que le grand-père leur a laissé. Ils sympathisent avec la voisine du dessous, qui tient une boutique que le grand-père lui louait à un tarif plus qu'amical. Mais la soeur du Papa aimerait bien récupérer de l'argent, et propose donc d'augmenter roborativement le loyer de la dame en question. Dame qui a un fils qui a, entretemps, très vite sympathisé avec le fils des voisins du dessus. Les voilà bras dessus-bras dessous, copains comme cochons, complices, tandis que la situation se dégrade plutôt entre leurs parents respectifs...
Une histoire de famille(s) et de vie assez simple, traitée en tout cas très simplement. Avec douceur. Oui, malgré une histoire de gros sous assez délicate, c'est un film... délicat. (j'emploie a dessein deux fois le même adjectif dans des acceptations tout à fait différentes car c'est là une des forces du film, de traiter les différentes situations pas forcément comme on aurait pensé qu'elles le seraient. De dire "Qu'est-ce qui a vraiment de l'importance ? Qu'est ce qui compte ?"). Le délicat des uns n'est pas forcément celui des autres...
Pour ce qui est des histoires de famille, le film m'a évoqué le magnifique Les secrets des autres (que j'adore), dans la bien-aimante attention qu'il porte à chacun de ses personnages. Les deux ados sont absolument parfaits (ils sont le liant affectif du film, par la simplicité et l'évidence de leurs rapports, leur complicité, la part d'enfance qu'ils portent encore, les sentiments qui les rapprochent) contrebalançant comme ils le peuvent la guerre de tranchées où s'affrontent -avec de part et d'autre une certaine maladresse et peut-être aussi mauvaise foi ?- les adultes. Ils sont légers et attendrissants (très jolies scènes de déambulations urbaines) comme une paire de Bambi(s).
J'ai pleuré à plusieurs reprises (j'ai dit en sortant à mes copines que j'avais le sentiment de vivre des émotions plus intenses dans les films que dans ma "vraie" vie), et j'avoue que j'ai désespérément souhaité que tout ça puisse finir bien, happy end, sans dommage. Mais Ira Sachs sait (a le courage de) rester "réaliste" (lucide ?), et la scène finale va juste dans ce sens...
Adieu l'enfance.
Chacun reprend (a repris) sa place...
& life goes on...

024782

17 octobre 2016

comme ci, ou comme ça

 

Par la fenêtre de la cuisine, trois roses rouges, une trémière rose, un appareil-photo, des réglages, un instant, quasi pas de recadrages, et des choix à faire...

DSC07358

DSC07357

DSC07360

DSC07361

15 octobre 2016

l'un ou l'autre (par surprise)

De concert hier soir à Scey/Saône.
J'y suis allé avec Catherine, invité par Manue que je n'avais pas vu depuis longtemps, revoir Pépin et Coralie (avec qui j'étais déjà hier soir chez Claude W. pour du théâtre en appartement) mais surtout pour voir GRAND BLANC, qu'on avait beaucoup apprécié (et découvert en même temps) avec Manue justement, aux Eurocks il y a deux ans (déjà!). Il y avait une "première partie", JESSICA93 (prononcez jessica neuf trois) que je ne connaissais absolument pas. Dont je n'attendais rien.
Quand on est arrivé, ça venait juste de commencer, et je dois dire que ça m'a fait illico dresser l'oreille... "C'est très fort" a prévenu Manue. Oh oh. On y est donc allé, (c'était effectivement très fort mais ce très fort là n'était pas du insupportable, au contraire), et j'ai été surpris de voir un mec tout seul sur scène, et qui puisse produire une telle intensité sonore. Une déflagration sonique sidérante à mes oreilles dès la première seconde, et ce pendant toute l'heure que dura le concert. Un petit  barbichu à casquette et à t-shirt noir dont je suis tombé aussitôt musicalement & sonorement amoureux (J'étais tellement bien dans ses morceaux que j'en ai presque regretté d'avoir arrêté de fumer des pétards en 2006...) avec juste guitare, basse, et boucles magnétiques commandées au pied. C'est comme si je venais de rencontrer "ma" musique, celle qui correspondait exactement au moment, à l'intensité, au plaisir. Immersion, fascination. Un gros choc. Un ÉNORME coup de coeur. Aussi énorme que la puissance du son que je sentais vibrer dans mon ventre et tout le reste. J'en ronronnais d'aise, en secouant la tête et en battant du pied. Avec certains morceaux plus addictifs que d'autres, même si on ne comprenait rien aux paroles. J'étais dedans, j'étais bien (et pourtant ça n'avait rien à voir avec mathieu Boogaerts, hormis le fait qu'ils étaient seuls en scène tous les deux, avec un dispositif scénique "minimal". Et plus c'était fort plus j'aimais ça. (j'ai quand même fini par mettre mes bouchons oragne dans les noreilles).

Il a fini son set assez brutalement, a posé la guitare (ou la basse, je n'y (re)connais rien), puis fait un geste de la main pour dire au revoir c'est fini, et les lumières se sont rallumées et c'était effectivement fini. Pas de rappel ? Non. Et j'étais triste que cela soit fini. j''en aurais bien repris une lichette. J'ai profité de la pause pour aller acheter le cd du"onemanband" qui était en vente, sans même savoir si ce qui venait d'être joué y figurait ou pas... j'écouterais plus tard.

Du coup j'ai eu un peu de mal à rentrer véritablement dans le le concert de GRAND BLANC (pour qui, rappelons-le, j'étais venu, tout de même). J'ai trouvé ça au début un peu froid,timide, faiblard, (la sono était impitoyable pour les voix qu'on ne discernait pas toujours) et il n' y a que dans les moments forts que je m'y retrouvais, les belles montées un peu épileptiques, stroboscopiques, les déchaînements où je reconnaissais enfin avec plaisir le groupe qui m'avait enthousiasmé à Belfort. Mais j'avais du mal à apprécier pleinement, c'est comme si j'avais la tête et les oreilles encore un peu ailleurs ailleurs, -du côté de JESSICA93 par exemple-. D'autant plus que ça a été plutot bref, torché rapidos, une petite heure, le concert a fini par Samedi la nuit  -qui il faut le reconnaître a tout à fait tenu ses promesses-, puis Petite frappe en rappel. Oui, juste un morceau et c'est tout. Et c'était fini. Déjà ? Oui, un peu frustrant, oui.

Jlus tard j'ai décellophané le cd et j'ai commencé à l'écouter en rentrant, de chez Catherine à chez moi. Et j'ai retrouvé instantanément le même plaisir. Je suis allé fouiller un peu sur le ouaibe pour en savoir un peu plus sur ce jeune homme à casquette dont la musqiue me séduisait autant. j'ai atterri sur le site de Et mon cul c'est du tofu où on pouvait télécharger gratuitement leur album précédent ainsi qu'un maxi... A deux heures du mat' j'étais encore en train de les écouter...

 

des images trouvées de Jessica93 sur le ouaibe... :

http://www.journalventilo.fr/wp-content/uploads/2014/11/Jessica-93.jpg
(hier soir, il n'était pas à capuche mais à casquette...)

et de grand blanc aussi :

http://file.concertsenboite.fr/wp-content/gallery/grand-blanc-cargo-de-nuit-arles-18-04-2015/Grand-Blanc-Cargo-de-Nuit-Arles-18-04-2015-8.jpg

https://static1.squarespace.com/static/5162ddf1e4b0b72aa9510001/56e1618f2eeb812f6332ec96/56e1621320c64780c251dbfe/1457611291181/DSC_2094.jpg
(la très jolie chanteuse/clavièredu groupe)

 

 

15 octobre 2016

vaquero

RODEO
de Gabriel Mascaro

Un film surprenant. Une approche quasi documentaire centrée autour de quelques personnages : Iremar, le beau cow-boy barbu, Galega la blonde frisée qui l'accompagne, Cacà la jeune fille de celle-ci, et Zé le copain grassouillet. Tous nomades, forains, itinérants. Iremar et Zé s'occupent de préparer les taureaux lors des vaqueradas, un genre de rodéo typiquement brésilien. Ils sablent les queues de leurs animaux (le sport consistant pour les cavaliers à tirer le taureau par la queue et à le retourner, ce qui est assez physique. Galega danse déguisée en taureau, et Cacà ne rêve que de chevaux... On suit  ces gens, simplements, au fil de leurs jours et de leurs nuits, certains pourraient dire que "l'intrigue amoureuse n'est pas très développée" (c'était un vieux gag récurrent, quand on sortait, plus jeune(s), d'un film où "il ne s'était pas passé grand-chose", genre Tarkovski, Garrel, Hanoun). Et bien là, il ne se passe rien de plus que juste la vie de ces gens, et j'ai trouvé ça formidablement bien.
J'ai eu une explication partielle en fouinant sur allocinépointfreu : le réalisateur est celui-là même qui avait déjà réalisé Ventos de Agosto, qui m'avait déjà fasciné de la même façon. Vie de gens "simples". Vies pas si simples que ça. Avec des personnages légèrement -et délicieusement- twistés. Avec juste la petite pointe d'inattendu qui fait du bien. Iremar le beau barbu farouche ne rêve que de coutures de robes et de travaux d'aiguille. Gabriel Mascaro transcende la bourrinerie ambiante, sans éclats, sans façons, il nous l'irise et nous la (j'ai du mal à trouver le verbe exact, où il serait question de réalité augmentée, sans paraître pédant). Transcende ?
Ce qui est absolument fascinant, c'est que de cette réalité brute, brutale, puante, violente, "virile", (les mecs bossent littéralement dans la merde) le réalisateur tire un film élégant, touchant (je n'ose pas écrire "poétique") extrêmement sensoriel (une longue et magnifique  scène d'amour nocturne dans un atelier textile désert vient quasiment clôre le film, et fait écho à la même scène dans Ventos de agosto, dans une remorque pleine de noix de coco) parce qu'attentif à ces personnages, respectueux de leur identité
En plus, deux très jolies scène de QV : une douche collective des cow-boys, en clair-obscur (à claire-voie), et un très sympathique (et naturel petit pipi du matin... Du réel poétisé, vous disais-je.
(et un troisième excellent film cette semaine, après Nocturama et Jeunesse... et toujours à 5€, vous répète-je...)

536335

(et pour mémoire l'affiche du film précédent...)

026677

14 octobre 2016

portefeuille

DSC07255

Tout ce qu'il y avait dans mon portefeuille, et qui fut rapporté aux Objets Trouvés par je-ne-sais-pas-qui (qu'il ou elle en tout cas en soit mille fois remercié(e)), sans toutefois le portefeuille en question, ni la carte bancaire ni les 25 ou trente euros... (On se saurait tout avoir). Et encore mille mercis à Hervéchounet qui fit le déplacement à Paris tout exprès ou presque.

13 octobre 2016

ohé ohé capitaine abandonné...

JEUNESSE
de Julien Samani
M'est revenue en tête cette ritournelle (d'un autre âge) tandis que je cherchais un titre idoine à la présente chronique... Et c'est vrai qu'il y a un peu de ça, tout de même. D'après un récit (de jeunesse) de Joseph Conrad, l'histoire d'un jeunot qui "aimerait débarbouiller ce gris en virant de bord"  et s'embarque donc quasiment de force sur un rafiot pourri à destination de l'Afrique.
Ce qui est déjà intéressant a priori, c'est que cohabitent à ce bord trois générations d'acteurs, qu'on aima (qu'on aime) chacun en son temps et à son tour, et qu'on a là tous les trois en même temps : le moussaillon c'est Kévin Azaïs (déjà trop bien dans Les combattants et Ni le ciel ni la terre) l'officier c'est Samir Guesmi (oh Camille redouble, L'effet aquatique) qu'on porte dans notre coeur, et le capitaine c'est Jean-François Stévenin (dont on tomba amoureux fin 70 début 80, entre Passe-Montagne et Barocco, c'est dire).
En plus c'est dans un bateau, et, si on a toujours aimé les histoires de bateau (promiscuité virile, etc.),  depuis quelques temps on les adore encore plus (Fidélio, Erotica exotica etc., Léviathan). On frétille déjà avant d'embarquer, et on se sent le pied, non mieux le coeur, marin. A l'abordage!
D'autant plus que le réalisateur est Julien Samani, et on a déjà programmé dans le bôô cinéma son premier moyen métrage, (La peau trouée) sur les chasseurs de requins. (Déjà des bateaux, des rudes gaillards, des avanies, des contusions, des éléments déchaînés, mais là c'était pour de vrai.)
Ici les texte de Conrad et la voix du narrateur -Patrick Grandperret- nous précisent bien qu'il s'agit d'une fiction. Enfin, pas que d'un documentaire. Ou plus que. Dès le début, même si encore à terre, on est déjà embarqué par le talent du réalisateur à scénariser l'espace. Oui, Julien Samani possède une intelligence foudroyante du cadre, remarquable, de tous les plans, et on s'accroche sur notre fauteuil dès lors qu'il y a du tanguage et du roulis (qu'il soient strictement maritimes ou plus généralement humains.)
Récit d'apprentissage, donc, mené de main de maître (de quartier-maître ? non, je n'y connais rien en grades de marins) par un réalisateur dont on attend la suite (et dont on a presque failli avoir la visite dans le bôô cinéma, une de nos adhérentes ayant l'entregent adéquat -et non non ce n'était pas Zabetta pour une fois- mais les délais étaient trop courts, mille sabords!).
Pour la prochaine fois, c'est sûr, on prend rendez-vous! (je trouve que, en ce moment, "on" ne passe que des bons films, et j'attends avec impatience le Rodéo de demain...)

103118

(je trouve l'affiche assez moyennement réussie...)

12 octobre 2016

tout ça dev(r)ait finir par arriver 2 (version longue)

NOCTURAMA
de Bertrand Bonello

Un des plus beaux films de l'année est programmé cette semaine dans le bôô cinéma.
Mauvaise pioche, il n'a droit qu'à quatre séances : deux à 20h30 et deux à 13h40 (séances dites "de retraités"! -qui d'autre peut aller au ciné ces jours-là à ces heures-là ?). C'est vraiment dommage, c'est vraiment rageant, et qu'on ne vienne pas me dire, dans ces conditions, que "le film n'a pas su trouver son public". Ca s'appelle une exécution en règle, c'est tout. Et tiens, coïncidence ?, c'est un peu de ça dont il est question dans ce film.
J'avais eu la chance et le grand plaisir d'assister à l'avant-première du film la dernière fois que j'étais à Paris, au cinéma du Panthéon, en présence du réalisateur et des journalistes du magazine La septième obsession. "Contre toute attente", le film m'avait soufflé, fasciné, époustouflé, et j'avais smsé à Hervé en sortant "je crois que j'ai trouvé mon film de l'année".
J'y suis donc retourné cet aprèm,  dans le bôô cinéma, pour voir, (nous étions trois dans la salle)... Et l'enthousiasme (l'emballement) de mon premier jugement non seulement s'est confirmé mais encore accru! Dès les premières images (un survol de Paris avec bruit d'hélicoptère -le film a failli s'appeler Paris est une fête-) j'étais pris, capturé, captivé. Je n'en perdais pas une miette. C'est l'histoire d'une bande de jeunes gens qui vont commettre des attentats simultanés, à Paris, justement,  puis se réfugient dans "un grand magasin" pour y passer la nuit en attendant que ça se tasse, et qu'ils puissent sortir tranquillou(s) le lendemain matin.
L'après-midi, la nuit, le matin. Voilà les trois parties du film, chacune traitée avec son timing ses contraintes et son rythme propres. Entre 14h et 5h du matin, avec un pic à 19h15 (je ne sais plus quel journal parle de "pliure" du récit et c'est exactement ça). Jeunes gens des deux sexes, de classe sociale, couleur de peau, niveau d'études et confession variés (ce qu'on pourrait nommer un échantillonnage), réunis pour faire tout péter.
On assiste à la préparation méticuleuse et fourmilière (des trajets en métro, des photos prises avec des téléphones, des intersections, des paquets qu'on récupère, des sacs plastique qu'on transporte, des téléphones qu'on jette dans les poubelles) où le temps est décompté minutieusement (à la minute près, justement), sans qu'on comprenne  tout à fait, à chaque fois, de quoi il est question. Itinéraires, minutage, instructions. On n'en saura guère plus sur le pourquoi de ces actions, le réalisateur ayant pourtant la finesse de nous insérer deux flash-backs qui nous renseignent sur la formation du "groupe" (et un peu le hasard qui y a présidé), conclus par un scène de danse collective de toute beauté.
On assiste au déroulement des actions multiples et simultanées qui vont soudain finir par prendre sens, à 19h15, se concrétiser sous forme de 4 explosions simultanées (et d'un assassinat, seul mort qui sera officiellement comptabilisé lors de ces attentats et des compte-rendus journalistiques qui en seront donnés). On constate ce qui fonctionne et ce qui merde, cette petite portion d'imprévu dûe au hasard ou simplement à la faiblesse humaine. Tout marche presque comme prévu. "Presque". Disons qu'on a huit des dix roulettes sur lesquelles "ça" aurait dû marcher optimalement (entre marge d'erreur et dommages collatéraux).
A ce moment, toutes les fourmis (ou presque) se sont hâtées pour gagner leur repaire dans le "grand magasin" où ils vont passer la nuit, en se perdant d'abord au milieu des clients puis en se dissimulant un peu partout à l'heure de la fermeture. (Ils ont un complice sur place, un des vigiles.)
Commence alors presqu'un autre film, la longue nuit dans cet endroit "rêvé" (un très grand magasin après la fermeture) un lieu de convoitise(s) et demarchandises où chacun peut réagir suivant ses envies. Tout est offert, disponible, et chacun va se laisser tenter. La mise en scène de Bonello était déjà remarquable dans la première partie, elle ne se relâche pas ici et monte encore d'un cran vers la perfection. C'est très plastique, très formel, et ça tombe bien puisqu'il s'agit dans tout cet espace de faire vendre, justement, des choses, avec l'esthétique frelatée et l'arrogance des riches. Marques, signes extérieurs, codes vestimentaires, luxe, tout ce qui justement leur est d'habitude presqu'inaccessible, à la grande majorité de ces jeunes. Et là soudain tout est là, disponible, à portée de main. Y a qu'à se servir. A faire comme si. c'est l'heure de la récréation. Avec le temps qui n'est (presque) plus marqué, qui s'immobilise qui s'étire qui ne passe presque plus (plusieurs fois ils se demanderont mutuellement l'heure qu'il est). Il y a ceux qui se reposent, ceux qui ont besoin de bouger, ceux qui font les cons, ceux qui commencent à flipper, qui vont et viennent et s'entrecroisent dans l'espace très complexe de ce "grand magasin" où la caméra, les décors, les cadrages, la musique même (composée par Bertrand Bonello) composent des tableaux touchants, intimes, incertains, magnifiques (j'ai un faible pour le jeune homme aux yeux et à la bouche maquillée qui fait un play-back sur My way, et qu'on retrouvera plus tard dans une baignoire sirotant du cognac). oui avec pour chacun(e) d'entre eux ce mélange troublant de l'enfant  et du jeune adulte (on ne sait plus trop quel est celui qui a déjà grandi ou qui n'en a plus envie).
Puis survient la dernière partie, celle de l'assaut, où le temps filmé va prendre une nouvelle forme, devenir complexe, démultiplié, diffracté, comme bafouillant, avec l'apparente neutralité des caméras de surveillance.  Qui permet d'une certaine façon de mettre à distance. Ca n'est plus un jeu, et pourtant ça y ressemble, oui ces jeux où les ados tuent des gens virtuels qui ressemblent à des vrais. Des cibles (tous ces personnages qu'on connaît à présent un peu plus) et des exécuteurs, casqués, armés, anonymes, impersonnels. Bam bam bam. C'est l'irruption de ce no future que, confusément, chacun des jeunes gens semblait appeler. Méthodique, et encore une fois magnifiquement scénarisé découpé et filmé. Illustré(s) avec deux choix musicaux finaux a priori étonnants : le Call me de Blondie puis la musique du générique d'Amicalement vôtre, de John Barry. Qu'on continue d'entendre bien longtemps après être sorti de la salle.
Oui, un grand grand film.

438207

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 593