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lieux communs (et autres fadaises)

2 novembre 2015

une femme sous influence (puis une autre)

 Le hasard a fait que j'ai vu le même jour, dans la même salle, deux films qui se ressemblent : tous deux réalisés par une femme (des "films de femme", donc ?) pour qui j'éprouve plutôt de la sympathie, tous deux racontant l'histoire d'une femme fascinée (grugée, trompée, manipulée) par un homme, tous deux évoquant une relation amoureuse en dents de scie, faite de crises et de réconciliations, de séductions et de répulsions, d'engueulades sévères et de copulations rabibochatoires  tout aussi... intenses, tous deux (c'est drôle ce masculin redondant pour évoquer des ouvrages de dame, aïe pas taper) m'ayant plu mais (pas entièrement convaincu).

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MON ROI
de Maïwenn

J'avais adoré son Polisse, aussi son Bal des actrices, sans avoir eu envie de voir son Pardonnez-moi . Là, j'hésitais : Cannes blabla, le Prix d'interprétation à Emmanuelle Bercot, et puis Vincent Cassel, bah... une place à 5,50€ (valable jusqu'au 1er nov) m'a décidé. Ca commence plutôt très bien (voire excellemment) : une femme qui a eu un accident de ski arrive dans un centre de rééucation pour son genou en morceaux, et en profite pour repenser à (et nous raconter par la même occasion) son histoire, et ce qui l'a amenée là. une histoire banale : elle est tombée amoureuse d'un mec (Vincent Cassel, impressionnant) ils se sont mariés, ils ont eu un enfant, ils se sont séparés, rabibochés, re-séparés, etc. Au début ça (le film) se passe vraiment très bien (une scène de drague en night-club magnifique), l'alternance du passé (l'histoire du mec) et du présent (elle est dans un centre plein de jeunes sportifs assez testostéronés mais sympathiques qui vont peu à peu la prendre en sympathie) fonctionne parfaitement, c'est vrai que le personnage joué par Emanuelle Bercot est à large spectre (comme les antibiotiques du même nom) et qu'elle s'en sort vraiment du tonnerre de Dieu. Mais. Bon 2h et quelques pour raconter la même chose c'est forcer un peu la dose (quand ils baisent le jour même où ils viennent de divorcer et se retrouvent "en famille", le spectateur commence à lever un peu les yeux au ciel.) Chaque scène de réconciliation contenant, en germe, la scène de dispute qui va suivre immanquablement. Et le film alors se mord la queue si je puis dire.
Ok, c'est une femme fascinée par un homme, ok il est menteur, ok il la roule dans la farine, ok il souffle le chaud et le froid, ok c'est une crevure (comme on dit chez nous) et ok malgré tout ça, le fait qu'elle le sache et qu'elle en ait conscience, elle ne peut pas s'en empêcher (cf le tout dernier plan), je le comprends (je ne peux pas m'empêcher de, je dirais même que je pourrais avoir -que j'aurais pu avoir- le même genre de fonctionnement) mais je m'ennuie quand même un bon moment (malgré les facéties de Louis Garrel en frérot-Droopy à casquette et le personnage de la belle- soeur que j'ai cru pendant tout le film incarné par Maiwenn elle-même -en me disant mais qu'est-ce qu'elle a fait à son visage, de la chirurgie esthétique, déjà, quel dommage - mais non, qui était joué par sa soeur, Isild Le Besco, qu'on n'avait jamais vu en noir corbeau à ce point.), et je suis même parfois presque embarrassé (la scène du restaurant, par exemple).C'est trop, un peu trop : énervé, énervant, nombriliste, branchouille, parisien, fabriqué, artificiel, hystérique (décochez les cases correspondantes).

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LOLO
de Julie Delpy

J'avais adoré son 2 days in Paris, son Skylab, un peu moins son 2 days in New-York, et pas eu envie de voir sa Comtesse.
Elle restera toujours pour moi la jeune fille diaphane (translucide) à la motocyclette de Mauvais sang, mais, trente ans plus tard, si elle est toujours blonde, elle est beaucoup moins éthérée (surtout niveau langage) et c'est tant mieux (c'est ça qui m'avait tant plu dans son premier film, cette extrême verdeur des dialogues : elle appelle une chatte une chatte et une bite une bite). Ça commence d'ailleurs très fort (on est en thalasso entre copines) à peine deux minutes de film et il a déjà été question de chatte (de part et d'autre -elle c'est Julie Delpy et la copine c'est Karin Viard, qu'on n'avait pas vue aussi crûment chaudasse depuis un certain temps.)
Les deux copines en cure (et en chasse) tombent par hasard sur deux mâles du cru, et finissent par se faire inviter le soir-même à une "soirée-thons", ou Julie D. jette ses filets sur un mec à l'air gentil, un peu benêt presque (que Dany Boon joue à la perfection).
On se retrouve à Paris (finie la thalasso), les filles se sont remises au boulot et voilà que le benêt (qui est tout de même ingénieur informaticien) est justement venu s'y installer aussi, et que l'idylle donc perdure (et même s'enracine). Seul bémol, Lolo, le fils de Julie, qui est revenu squatter l'appart maternel pour cause de rupture avec sa copine, et qui ne voit pas d'un bon oeil (qu'il a pourtant de biche) cette intrusion dans son cocon oedipien. Et va tout faire pour que ça cesse. Et on va se retrouver exactement dans le même schéma (relation en dents de scie, engueulades, réconciliations au lit -le nunuchon est censé avoir une très  grosse bite, je n'invente rien-) que le film précédent, sauf qu'ici chacune des crises a été soigneusement causée par le grand fiston au sourire angélique. poil à gratter, tranquillisants, virus informatique, il y va d'ailleurs de moins en moins de main morte, l'angelot. mais bon du coup c'est aussi un peu répétitif, comme dans l'autre film, et on s'ennuie aussi parfois un peu.
Mais j'aime le ton du film et l'auto-dérision de Julie Delpy qui n'hésite pas à se représenter en bourgeoise bobo à la quarantaine angoissée, un peu à la Brétécher, avec les dialogues trash en plus (ça ça me plaît toujours autant). Et Karin Viard fait très bien la paire. Les mecs du film sont un poil en-deça, Dany Boon parce que je me demande toujours s'il a demandé 3 millions d'euros pour jouer ça -et si Julie  Delpy ne l'a pas engagé juste comme caution bankable du film-, et Vincent Lacoste parce qu'il est moins convaincant en psychopathe qu'en séraphin.

1 novembre 2015

prix littéraires

Foire aux Livres 2 : le retour (samedi 24, avec les Soria)

Comme je les ai sortis du sac :

TRAINS ÉTROITEMENTS SURVEILLES (Hrabal) 1,00 (1,00 + port)
j'ai adoré le film, et il me semblait qu'il était difficile à trouver en Folio alors que pas vraiment finalement

LE JEUNE SOLDAT (Jourdan) 5,00 (5,70+ port)
je suis tombé dessus par hasard, il s'agit d'un texte "érotique" avec des soldats en plus... Tentons donc.

L'INSOUTENABLE LEGERETE DE L'ETRE (Kundera) 1,00 (3,00+ port)
La "nouvelle traduction révisée" de ce bouquin que j'avais découvert et adoré en 1984, en nrf un peu marqué par le temps... Pour le plaisir des retrouvailles (et quasiment des clopinettes!)

FACE A FACE (Drillon) 3,00 (1,50+ port)
j'ai reposé le bouquin sur l'imparfait de ce monsieur pluriel que j'aime beaucoup, mais j'ai gardé celui-là, collection "l'un et l'autre" où il évoque son jeune beau-fils, mort à 25 ans...

LES CHOSES (Perec) 1,00  (4,80+ port)
l'édition originale, pouvais-je résister ?

SACRE JÉSUS (Tronchet) 2,00 (4,90+ port)
j'avais déjà La bite à Urbain, celui-là fera la paire sur l'étagère (Jésus dessiné cul-nu avec bistouquette à l'air, j'adore)
COLLÈGE (Follain) 7,00 (37,00+ port)
le plus cher, mais je l'ai pris quand même : je connais peu de choses de l'auteur à part quelques-uns de ses poèmes
DE L'IMPOSTURE EN LITTÉRATURE (Villa-Matas / Echenoz) 3,00 (10,14+ port)
un petit objet bilingue intriguant (franco-espagnol, soixante pages tout mouillé) reposé d'abord puis repris in extremis
CORRESPONDANCE DE JULES RENARD 5,00 (17,90+ port)
ça m'a paru un bon complément de son Journal. Un volume de bibliophile, taché et roussi par le temps, un bonheur automnal littéraire, d'abord reposé puis repris aussi in extremis
PAN (Tarkos) 3,00 (21,16+ port)
complètement inconnu mais tentant après feuilletage, ce beau gros volume dans la belle collection poésie crème de POL
CHRONIQUES DE L'ASPHALTE 2 (Benchetrit) 2,50 (0,92+ port)
CHRONIQUES DE L'ASPHALTE 3 (Benchetrit)  3,50 (8,00+ port)
je les avais cherchés à la première visite, en vain, et là ils me sont tombés tout rôtis dans le bec. Un peu chérots pour des poches, mais bon...

Le prix en rouge est celui que j'ai payé, le prix en noir est celui que j'aurais payé sur Pr*ceminister

31 octobre 2015

tout pour pleurer

YA BALAD
de Bachar Mar-Khalifé

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(la pochette, déjà, m'émeut)

Oui, tout est parfaitement en place ici pour.(pleurer)
Troisième album de Bachar Mar-Khalifé. C'est Emma qui m'avait fait découvrir son deuxième (Who’s Gonna Get the Ball from Behind the Wall of the Garden Today?) qu'elle avait découvert d'ailleurs je ne sais pas trop comment.
Album qui m'avait tellement plu (et qui ne ressemble tellement à rien qu'on puisse "facilement" étiqueter) que j'avais illico été acheter sur le ouaibe son premier, Oil Slick.
Et voilà qu'on nous annonce il y a peu la sortie du 3ème, Ya balad, que j'ai donc décidé d'acheter aussi. Ce ne fut pas chose facile puisque, (bien que l'ayant vu en vente sur amaz*n), j'ai voulu l'acheter chez le petit commerçant local à Besançon, qui bien sur ne l'avait pas en rayon et me proposait de le commander (moyennant une semaine minimum de délai), et je l'ai donc commandé mais chez moi le soir-même et c'était le bazar sur  amaz*n qui mélangeait la version cd et la version vinyle (je me suis trompé d'ailleurs et j'aid'abord commandé celle-ci, avant d'annuler la commande et d'aller finalement à la fn*c, où le port était gratuit, la version digitale offerte, sauf que le disque était en précommande, ne devant sortir que le 22 (alors qu'à Besançon le vendeur m'avait affirmé qu'il était sorti le 16) et donc que la version téléchargeable ne serait disponible que prochainement...

Tout est arrangé ce matin, j'ai pu télécharger la version digitale (que j'écoute en ce moment). Et je pleure comme je m'y attendais. Mais pas à tout. Je suis beaucoup réceptif aux morceaux  plus calmes,  plus "intimes", avec le piano et juste la voix (le plus souvent en arabe mais même une fois en français, Dors mon gâs, une berceuse de Théodore Botrel, le dernier morceau du disque, à faire dresser les poils tellement on le sent près de nous) : Ya balad, Madonna, Kyrie Eleison, que ceux qui sont plus rythmés, plus enlevés, plus... jazzy ? (arghh).

Bref c'est un monsieur infiniment aimable.
Même si l'album me semble moins immédiatement séduisant au premier abord que ne me l'avait paru son précédent (peut-être aussi parce que le choc de la découverte ne joue plus aussi fort : Bacharounet, on le connaît déjà un peu, on sait donc déjà un peu à quoi s'attendre...) mais les frissons qu'il procure sont d'un tel niveau qu'on ne va tout de même pas lui reprocher que ça ne fonctionne pas à tous les coups, hein...)

30 octobre 2015

rêves

Je lis en ce moment avec délectation des récits de rêves de Philippe Jaccottet, dans La semaison III.
J'ai pris ce livre parce qu'il était rangé dans le rayon NRF de la bibliothèque dans l'escalier, parce que j'y cherchais un autre NRF, Comptine des Height, de Jean Lahougue, que j'étais sûr d'avoir acheté (et d'avoir lu) il y a longtemps, mais que je n'ai pas trouvé (je le cherchais parce que, en faisaint une recherche sur la liste des différents Prix Médicis, je venais de lire qu'il avait refusé en 1980 le celui qu'on lui avait décerné). Je n'ai pas retrouvé ce roman sur le rayon, dommage, mais je suis tombé sur les deux livres de Jaccottet côte à côte, La semaison, et Les Carnets 95-98 (La Semaison III).

La semaison m'est particulièrement cher puisqu'il s'agit de son exemplaire à lui propre que mon ami Philou m'a offert, pour mes cinquante ans me semble-t-il. Et j'avais du trouver les Carnets sur un site marchand du ouaibe, je les y avais donc achetés, mais, allez savoir pourquoi (sans doute ce réflexe d'écureuil à l'approche de l'hiver qui entasse qui entasse, je l'avais juste rangé sur l'étagère juste à côté de son grand-frère (j'ai rangé tous mes nrf ensemble) en me disant que je le lirais plus tard. Quand la bise serait venue.)

Et voilà donc que je l'ai pris, un peu par hasard, et ouvert un peu par hasard aussi (j'aime beaucoup les livres de fragments, les carnets les journaux je l'ai déjà dit). Là ce sont  des textes plus ou moins courts, rangés par année et par mois, comme un éphéméride d'écriture. P. Jaccottet y écrit relativement peu (vu le nombre d'années que cela représente), sur la nature -le paysage, les fleurs (il est pour le moment souvent question de liserons)-, sur d'autres écrivains et/ou poètes, et surtout il raconte des rêves.

Et ça me passionne, les gens qui racontent leurs rêves (j'en avais d'ailleurs commencé une collection). Le premier (le plus beau ?) fut La boutique obscure, de Georges Perec. J'en ai relativement peu, dans ma collection, mais ce qui m'a plu ici, et particulièrement frappé, c'est que j'y ai trouvé des similitudes avec les miens propres. Des thèmes qui reviennent : le sentiment d'égarement (être perdu dans un espace changeant), la mise en place de lieux démesurés, la crainte par rapport à l'hostilité réelle ou supposée (chez Jaccottet ce sont surtout des jeunes gens qui sont objets d'appréhension, chez moi c'est en général quelqu'un de plus âgé).

29 octobre 2015

ruggers

(australie-argentine)

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(photos prises à la télé au fil du match, puis retravaillées sur picasa : recadrées, puis effet "boost" puis effet "n&b filtré")

28 octobre 2015

oppressions

Une journée de prévisionnement à Gray sous le signe de l'opression (au singulier et au pluriel aussi:

 

LE BOUTON DE NACRE
de Patricio Guzman
Un doc argentin, que j'avais déjà vu à Paris en projection de presse (merci Pyramide!), pour démarrer. Un doc "plus", avec une mise en forme chiadée (comme l'était déjà Nostalgie de la lumière) où une belle et simple voix-off chilienne (celle du réalisateur) nous guide au fil de l'eau (on part d'une roche contenant une goutte d'eau fossilisée), de l'importance de l'eau dans l'histoire et la géographie de son pays, le Chili, puis nous évoque le triste destin des Patagons (ses premiers habitants, victimes de la colonisation, dont il ne reste plus qu'une poignée) pour terminer, à partir d'un bouton retrouvé au fond de l'eau,  sur d'autres victimes celles (les disparus) de l'ère Pinochet (et des méthodes employées par les militaires -scrupuleusement assistés par des civils- pour exterminer des gens et faire disparaître les traces de leurs crimes.) et on revient à l'eau, et le cercle est refermé. Un documentaire très (bien) construit malgré ses allures initiales de marabout-de-ficelle, soigné, poétique, pédagogique sans être pompeux, poignant, bref hautement recommandable.

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LE FILS DE SAUL
de Laszlo Nemes
Un homme, employé dans les SonderKommandos, est soudain mis en présence du cadavre d'un enfant, auquel il décide de donner une sépulture décente, en suivant les rites funéraires juifs. Nous sommes à Auschwitz, en 1944. A l'intérieur du camp. La caméra se focalise sur cet homme et ne le lâche plus, comme pour laisser le spectateur s'y raccrocher avec obstination, tandis que l'horreur environnante est tenue le plus possible hors-champ, et nous parvient surtout par le biais de la bande-son, totalement et insupportablement immersive. Le film a obtenu le Grand Prix à Cannes, et n'y a laissé personne indifférent (il a provoqué ici-même, ce jour, beaucoup de discussions et d'interrogations). Je suis très mal à l'aise pour écrire quand il est question de la Shoah, des nazis et des camps de concentration. Parce que c'est un sujet qui me terrifie, parce qu'il s'agit d'un univers tellement effroyable, indicible, que la question de sa représentabilité fait sens, comme l'avait évoqué Claude Lanzmann (qui a par contre tout à fait légitimé le réalisateur Laszlo Nemes, à ce même festival de Cannes).
Ce personnage, Saul Auslander, qui est le seul du film à être dénommé, on le suit dans cette recherche insensée d'un rabbin pour pouvoir enterrer son fils. Une idée fixe qui le pousse successivement dans plusieurs lieux du camp (avec toujours cette violence inimaginable dans les oreilles) des lieux et des actes, des fonctions, les vestiaires des chambres à gaz, le pelletage des cendres des fours, les massacres dans les fosses communes (ce que j'écris là me semblecomplètement obscène) à la tentative d'évasion des Sonderkommandos (qui a réellement eu lieu). Le personnage -l'acteur- semble s'être complètement refermé en lui-même, comme pour tenter de s'abstraire  de cette épouvante en descendant à l'intérieur de soi. Le fils de Saul est l'histoire d'un personnage précis (de fiction) dans un contexte historique connu. Effroyablement connu. Un univers monstrueux, inimaginablement. Le choix d'en faire le décor de cette histoire (de sa représentation) peut-il alors être discuté ?
(J'ai beaucoup de mal à en parler, je m'y suis déjà repris à plusieurs fois, et je me rends compte que je redis les mêmes choses où presque.) Un film violent, c'est sûr, dérangeant, malaisé (que Claude Lanzmann définit comme l'anti-Liste de Schindler), un film viscéral mais un film justifiable (nécessaire), même si je n'ai pas les mots pour.

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THE LOBSTER
de Yorgos Lanthimos

Dernier film de la journée (celui-là personne ne l'avait vu.). On n'en connaissait que la double affiche, le pitch intriguant, la réputation du réalisateur, et on espérait pouvoir décompresser un peu. Colin Farrell, John C. Reilly, il y avait en plus au générique quelques noms connus et suscitant l'appétence.
Comme Dominique a eu l'a gentillesse de me le préciser à la fin, il s'agit d'une dystopie, et qu'il s'agissait d'ailleurs du genre le plus utilisé dans les film dont les ados en ce moment raffolent (films dont je ne connais, bien sûr, absolument rien.) un univers, donc, pas tout à fait comme le notre, où le pouvoir en place a édicté des règles différentes. Ici, il s'agit de célibataires qui arrivent dans un hôtel, et qui ont 45 jours pour y trouver l'âme soeur, sous peine d'être transformé(s), à l'issue de cette date-butwar, en un animal (celui qu'ils ont choisi, quand même). Colinchou a choisi le homard. Les clients de l'hôtel ont aussi l'obligation d'aller chaque jour dans les bois à la chasse aux célibataires (un célibataire abattu = un jour de rab'). La première partie du film (celle qui se passe à l'hôtel) est vraiment très... plaisante (ce n'est peut-être pas le terme le plus adapté). Ensuite il advient que Colinchou s'enfuit dans les bois et entre en résistance (sous les ordres de Léa Seydoux, qui est une assez méchante chéfesse) et ça devient moins passionnant. Que ce soit à l'hôtel ou dans les bois, cette société est régie par les mêmes règles impitoyables et absurdes. On rit un peu, puis on grince des dents, et on rit nettement moins. On est aussi fasciné par cet univers maboul que par Colinchou, qui n'a joué jamais si humblement, si en-deça (magnifiquement, bien sûr, et le premier plan ou presque que lui consacre le réalisateur -quand il est filmé en plongée, assis, et que le punctum où l'oeil du spectateur est attiré n'est autre que le renflement de sa braguette- confirme l'émotion qu'il semble (ou qu'il est capable d') avoir suscité.)

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26 octobre 2015

miroir

La photo était dans le Libé de ce ouikinde (mais que je n'ai lu que ce matin).
Elle illustrait l'annonce d'une expo-photo conjointe avec la sortie d'un bouquin intitulés "MES FRERES" d'Hervé Lassïnce.
Celle de Libé était beaucoup plus sombre, du coup, je la remets, comme je viens de la (re)trouver :

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C'est pas tous les jours qu'on a droit à deux QV dans Libé!

C'est pas tous les jours qu'on a droit à deux QV dans Libérande

22 octobre 2015

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BELLES FAMILLES
de Jean-Paul Rappeneau

Marine Vacht est toujours aussi jeune et jolie que lorsqu'on l'avait découverte dans le film de François Ozon, et dès qu'on la voit, elle a beau être en couple avec Gilles Lellouche (jamais aussi bien, lui, qu'avec une petite barbounette de 2 3 jours), on se doute bien d'où elle va finir : dans les bras de Mathieu Amalric, hein, on n'est pas né de la dernière pluie, comme on s'est douté qu'il y avait un truc important caché dans le tiroir du bureau, et une entourloupe d'héritage à propos de la maison, et que la demoiselle chinoise elle allait tomber folle amoureuse du pianiste chinois...
On est fort quand même hein.

Deuxième "séance orange spéciale retraités mardi 13h45" avec Marie (on était un peu plus dans la salle que la semaine dernière...). Un film de Jean-Paul Rappeneau, tout de même... (qui n'avait rien réalisé depuis onze ans, et dont je n'avais rien vu en salle depuis Cyrano en 1990 - en avant-première au Grand Vox, et on avait quitté la salle assez rapidement me souviens-je parce que c'était en vers-) mais celui-là j'en avais plutôt envie...

Pas vraiment pour Amalric, qui a un peu tendance à m'agacer, de tout réussir comme ça tout ce qu'il entreprend et de jouer avec les plus grands, non, juste sans doute la curiosité... mais du plaisir de voir apparaître assez rapidement Nicole Garcia (que j'adore), Gilles Lellouche (que j'ai beaucoup aimé), la petite Vacht déjà évoquée plus haut, Guillaume de Tonquédec (que j'aime modérément , peut-être juste à cause de son nom), et André Dussolier qui passe par là, et Karin Viard qui débarque à son tour, du beau monde tout de même, hein.

Le sentiment de voir se mettre en place un système d'horlogerie extrêmement bien conçu, un mécanisme scénaristique bien huilé, une machinerie imparable de CQF (comédie de qualité française) où il est question de famille (comme le titre l'indique), d'amour, de gros sous, d'héritage, de maison à vendre, de notaire corrompu, de magouilles immobilières et politiques, tout ça emballé dans un récit qui va de l'avant à marche forcée, au rythme imparable (les gens y bougent beaucoup, tout le temps, avec des moyens de locomotion variés, de la marche à pied à l'avion), tout le récit s'acheminant rectilignement à la façon du Transperceneige vers une scène de concert  globale, auquel (le concert) tous les protagonistes assistent, complexe (et quasi théâtrale), où tout sera résolu ou presque au terme d'allées et venues (et d'entrées et sorties, et de cours et de jardins) multiples et incessantes.

Juste avant un plus-que-happy-end qui ne s'imposait pas et fait exploser le taux de filmoglycémie, lequel était déjà pas mal élevé, en partie à cause du glacage de mille-feuilles de la musique un peu trop omniprésente. (et insistante). On sort pourtant de là assez réjoui. On n'a pas du tout pataugé pendant deux heures dans le lisier de la grosse comédie franchouillarde basse de plafond quiéclabousse. On a les chaussures propres, et, si on avait une chemise blanche elle serait sans tache. Et si formatage il y a, c'est du haut de gamme, de la berline familiale certes, spacieuse et confortable, mais chromée avec des pare-chocs rutilants.

Encore une histoire de famille (à des années-lumière cinématographiques des Secrets des autres, par exemple) mais qui réussit à (me) toucher, notamment dans le rapport au père (j'ai toujours la larme prête à être à l'oeil dès qu'il y a un personnage de père mort à qui on n'a pas réussi à dire ce qu'on avait à lui dire). On peut toujours regretter que les personnages féminins en soient trop (arché)typés (tiens c'est grammaticalement curieux que "personnages féminins" soit au masculin, non ?) : Marine Vacht un poil trop exhibée, Nicole Garcia un rien trop maternée, Karin Viard un peu trop bobonnée, tandis que les mâles en sont un peu uniformisés, tous logés à la même enseigne (pas forcément très reluisante, d'ailleurs) convoiteurs désirants magouilleurs malhonnêtes et menteurs (pas un pour racheter l'autre hihi).

Oui ce sentiment pas si courant que ce sont vraiment des personnages de film. Ne sont juste que. Existant comme les héros de BD juste le temps l'espace de leur case (ni avant ni après), (des cases bien dessinées, bien coloriées) et que tac tac tac les cases succédant aux cases on arrive -cadence oblige- sans encembre et sans déplaisir à la fin de l'histoire. C'est joli, c'est bien fait, c'est agréable mais un peu vide (un peu vain). Irréprochablement irréprochable, quoi.

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20 octobre 2015

micro150

*

 (j'ai) désherbé grâce à l'eau de cuisson des artichauts

*

chaleur(s) dans la cave :
"Vous voyez, cette quéquette-là ? Il faut qu'elle soit en l'air..."
(le chauffagiste, m'indiquant un bitonio au-dessus de la cuve à fuel)

*

(pub) pourquoi Johnny Depp va-t-il au milieu du désert
pour creuser un trou et y enterrer ses bijoux ?

*

je pensais avoir de la fièvre, mais j'ai cru que c'était
parce que j'avais ouvert le chauffage dans la voiture
(mais j'avais quand même de la fièvre)

*

 (esprit de l'escalier)
J'ai souvent l'avant-dernier mot.

*

(automobilistes au rond-point)
cette norme implicite (et exaspérante) du
"j'en ai une plus grosse alors je passe avant toi"

*

(autostoppeur) tendre le pouce avec conviction,
mais sans arrogance

*

 un aperçu de l'enfer :
être condamné à remonter éternellement la rue de Vesoul
entre 18h30 et 19h comme je le fis
ce mercredi-là.

*

 rapprochement entre les prix du gazole et de l'essence
étalé sur 5 ans : 1 cent par an!
(hâte-toi lentement)

*

 je bois du vin de framboises
dont l'étiquette stipule
qu'il fut fabriqué en 96...

*

 étrange la façon dont quelqu'un peut perdurer
juste à travers une vieille paire de chaussettes

*

je relis des vieux Libé d'avant 90
(les "Libé des gens morts")

*

Vu les autres numéros que j'ai gardés, j'ai dû avoir peur de la guerre

*

"On ne pensait pas qu'on deviendrait si vieux..."
(Catherine P., hier)

*

19 octobre 2015

quelques (autres) secrets des autres

*

quelques images de plus...

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(voilà qui aurait fait une belle affiche...)

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(voilà, on a tous les personnages principaux, juste il en manque un...)

*

Le film est tiré du roman de Leah Hager Cohen The grief of others (dont rien n'a encore été traduit en français) qu'on aurait donc bien envie de lire...

*

Pour ceux qui l'auraient manqué dans le bôô cinéma, il sera projeté au Kursaal à Besançon les 17 nov, 20 nov, et 23 nov prochains (et le 23, vous pourrez voir également In the family, le premier film du réalisateur.

*

 

 

 

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