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lieux communs (et autres fadaises)

24 juillet 2015

dans son jus

NOS FUTURS
de Rémi Bezançon

Oui! Oui! Moi aussi je veux être ancien copain de classe et ami d'enfance avec Pio Marmaï, et faire du scooter serré contre lui dans Paris la nuit, et prendre un bain de minuit tout nu avec lui, et faire du camping sauvage et dormir à la belle étoile, toujours avec lui... c'est le sort enviable réservé à Pierre Rochefort (fils de Jean, dont il reprend d'ailleurs, surtout au début du film par moments les mêmes attitudes engoncées et les regards de chien un peu battu).
Rémi Bezançon, c'est, surtout, Le premier jour du reste de ta vie, que j'avais beaucoup aimé à l'époque (il y a 7 ans, presque jour pour jour) et où j'avais découvert Pio Marmaï (7 ans, déjà ?).Il y a eu d'autres films de Rémi B, certains que j'ai assez aimés (Un heureux événement), d'autres que je n'ai pas vus (Zarafa), mais, celui-là, la bande-annonce m'avait suffisamment appâté pour que j'aille au bôô cinéma dès le premier jour (du reste de ma vie cinématographique hihi).
On était dans la salle 12 (celle où on peut allonger son siège) et il y avait peu de monde à la séance de 18h: quelques dames et moi. j'ai donc allongé mon siège et je me suis laissé aller. Il faut un certain temps pour que le film démarre (le début étant surtout la présentation du tristounet personnage de Yann (Pierre Rochefort), trentenaire costard-cravaté pour qui sa tendre épouse a organisé un anniversaire-surprise (mais comme il n'a pas d'amis, elle a invité surtout des collègues de bureau, d'où folle fiesta jusqu'à au moins minuit et demie. L'exhumation pour cette occasion d'un carton de vieilles photos du temps de son adolescence insouciante remet en mémoire à Yann son ami Thomas (Pio Marmaï), qu'il décide alors de recontacter. Les voilà tous deux qui se rencontrent, après hmmm années de perte de vue, et Pierre réalise avec étonnement que Thomas n'a pas changé d'un iota, et vit toujours en adolescent. D'où quelques frictions (de part et d'autre) au départ, avant que tous les deux ne finissent par se tomber dans les bras l'un de l'autre en décidant de monter un projet fou : recréer très exactement, dans les moindres détails, la soirée d'anniversaire de leurs dix-huit ans...)
Voilà une looongue parenthèse. Et je m'arrête là.
Le cinéma de Rémi Bezançon me touche toujours autant,  la famille, l'amitié, les souvenirs, l'adolescence, les sentiments, la timidité, la maladresse, les gens dont on est amoureux sans jamais pouvoir oser même envisager de le leur dire... Yann et Thomas prennent un bain de jouvence, entre Le péril jeune et Camille redouble  avec leur projet de ouf de créer une faille de l'espace-temps, même si, durant toute cette première partie du film, on ne peut s'empêcher de se poser des questions, de noter des détails qui semblent au moins maladroits au pire injustifiés, mais qui finissent par prendre tout leur sens, lorsque le réalisateur sort le lapin blanc du chapeau en nous en montrant un premier double-fond (qui m'a surpris dans un premier temps puis peut-être un peu déçu dans le même mouvement), avant de refaire disparaître le le lapin blanc dans un deuxième double-fond de son histoire (que je n'avais absolument pas vu venir, mais, c'est comme ça, je vous l'ai déjà dit, je suis bon public : quand il faut pleurer je pleure, quand il faut croire je crois...)
Pas mal de critiques ont plus ou moins fait la fine bouche (la demoiselle de Libé par exemple l'assassine ici mais j'ai trouvé ça plutôt drôle en lisant son articulet, cette histoire de film de couilles...) mais j'ai envie de jouer le jeu, et de vous inviter (vous inciter) à y aller, pour que vous puissiez aussi expérimenter ce plaisir par vous-mêmes. J'aime beaucoup cette idée de "et si on se refaisait notre Peggy Sue s'est mariée à nous avec les moyens du bord", d'autant que les thèmes abordés ne peuvent que faire fondre les ex-adolescents, ex-trentenaires (et autres ex à vôtre guise) forcément nostalgiques que nous sommes. J'aime ces souvenirs d'adolescents et la façon dont Rémi Bezançon les utilise dans sa mise en scène, ceux qui peuvent marquer ou pas, se déformer avec le temps, être réels ou inventés, comment les gens peuvent changer ou pas, comment on peut avoir des regrets ou pas... Et, ce qui ne gâche rien pour moi, le sous-sous-texte gay (ah, les étreintes viriles sous les étoiles entre Yann et Thomas) devient, au fur et à mesure, absolument et intolérablement délicieux. Et ça fait plaisir de réaliser, in fine, que tout ce qui avait pu nous faire tiquer (ou presque) était finalement justifié, que les maladresses apparentes (les excès, les redites)  étaient logiques, (comme des croix sur les cartes de chasse au trésor : des balises de passages secrets), et que le secret, justement, a été jusqu'au bout vachement bien gardé. On peut cela dit être d'accord ou pas, on en discutera devant le cinéma, hein (ou devant une bière, c'est mieux...).

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23 juillet 2015

maître-queux

Et voilà il a perdu hier à midi.
Qui ? Alain, le cuisinier strasbougeois grâce à qui j'avais trouvé un soudain regain d'intérêt pour TLMVPSP, l'émission-jeu de midi présentée par Nagui.
Il a pourtant fait à son challenger qui venait de la battre 22 à 18 une proposition plus que généreuse (il rajoutait 2200€ à ceux qu'il venait de gagner, c'est à dire qu'il doublait carrément ses gains!) mais ça n'a pas suffi.
Dommage.
Dès sa première victoire, j'avais été accroché par ce mec, son physique, ses mimiques, son naturel, sa façon de se comporter, son parfois "sur-jeu" de macho. Un bel homme, oui, un appétissant hétéro pur jus :

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 et j'aimais aussi sa façon de jouer, de se mettre la pression, de prendre des risques, qui avaient payé jusque là (combien de fois a-t-il terminé ex-aequo ric et rac...) Bref, j'aurais bien aimé le voir durer un peu plus... (C'est vraiment rare que je craque comme ça pour un candidat de jeu-télé, hihi)

22 juillet 2015

kelebek

MUSTANG
de Deniz Gamze Ergüven

Je l'avais vu il y a quelques semaines à Paris, j'avais beaucoup aimé, et là j'y suis retourné dans le bôô cinéma avec Catherine et et Marie, et j'ai trouvé ça toujours aussi plaisant. Pourquoi Kelebek ? Parce que ça veut dire Papillon en turc. Mais pourquoi Papillon ? Parce que la joliesse et la légèreté de la bestiole (l'été, les fleurs, tout ça...), d'accord, mais surtout parce que le film (et le roman) du même nom (c'était il y a longtemps, ok). Car Mustang c'est avant tout, l'histoire d'un emprisonnement puis d'une évasion. D'une libération.
L'autre mot qui m'est venu pendant la projection était gynécée. il était une fois cinq soeurs magnifiques, avec des cheveux magnifiques, des yeux magnifiques, et tout, et tout, magnifique(s), qui vivaient dans l'insouciance et dans une grande maison (celle de leur grand-mère), jusqu'au jour où elles "commettent l'irréparable" en jouant, le dernier jour d'école, à la bagarre, joyeusement et ien toute innocence, sur la plage et dans la mer, grimpées sur les épaules des garçons (une magnifique scène en bleu et blanc qui ouvre le film).
L'irréparable, car une voisine les a vues, a craint pour leur vertu, et s'est dépêchée de venir raconter "pour leur bien" l'ignominie de leur forfait : pensez, elles auraient frotté leur entrejambe contre la nuque des garçons. Arghhh! Les perverses, les dépravées, les moins-que-rien, les hétaïres, et si elles n'étaient plus intactes pour le jour de leur mariage ? La grand-mère entre en surchauffe : Impossible, impensable, inimaginable. La répression se met donc en place, la punition pour ce jeu d'enfants, dans cette maison qui va d'abord se fermer à clé, où va leur être confisqué "tout ce qui serait susceptible de les empêcher d'êtres pures", mais les donzelles n'en pouvant plus d'étouffer avec ces vieilles femmes qui se succèdent leur donner des cours à domicile "pour devenir une bonne épouse" et cet oncle moustachu et ombrageux (tiens, c'était le chauffeur du héros de Winter Sleep, si si!) trouvent à chaque fois des petites combines pour prendre un peu l'air, des échappatoires pour défier les lois domestiques, pour prendre un peu le large, et à chaque fois, bam! la maison se ferme un peu plus : verrous, cadenas, grilles, barreaux aux fenêtres, piques au-dessus des grilles... Les voilà emprisonnées, cadenassées, verrouillées, n'ayant plus d'autre issue pour sortir de ce mausolée familial que de se marier, chacune leur tour, mariages arrangés par les femmes, bien sûr, avec plus ou moins de bonheur en ce qui concerne les demoiselles (de moins en moins, à vrai dire).
Jusqu'où iront-elles ?
L'histoire est racontée par Lale, la plus jeune des cinq soeurs (et la plus remontée) celle qui va être la Steve Mc Queen en jupons de ce Papillon turc. Le détonateur, l'électron libre, la rebelle. Celle qui va mettre en place, préparer, et réussir, la fameuse évasion que tout le monde espérait. Le film est construit assez classiquement, et ces jeunes interprètes en sont l'élément moteur, le centre, le point vital (on peut en parler au singulier, comme d'une entité unique, tant leur relation a quelque chose de fusionnel.) On suit davantage Lale (qui non seulemnt agit mais observe, et commente) jusqu'à ce que les événements se précipitent et qu'elle prenne les choses (et les verrous) en main.
Le film est un bel objet (les soeurs sont absolument magnifiques, et la façon dont la réalisatrice les filme -et les a auparavant scénarisées- en fait sciemment des objets de convoitise, de désir, oui, elles sont filmées amoureusement. Et elles le méritent. La réalisatrice en profite pour nous parler de la condition féminine en Turquie, situation complexement paradoxale : Ce sont tout de même les aînées (les mères, les tantes, les grand-mères) celle s qui sont encore voilées, qui tiennent les rênes des relations amoureuses, familiales, et matrimoniales. Elles sont les gardiennes de la perpétuation d'un système archaïque et patriarcal., qu'elles ont connu de la part de leurs aînées et qu'elles perpétuent vis-à-vis de la génération suivante. (On reconnaît les mâles à leurs moustaches, à leurs cheveux courts, et au fait qu'il regardent du foot en buvant du raki, et, accessoirement parce qu'on vient les présenter, en version plus jeune, lors des goûters arrangés entre famille en vue des mariages du même nom.) Les femmes ont un certain pouvoir, et elles l'utilisent pour continuer de faire peser sur elles le couvercle de la domination machiste.
Mais, semble dire la réalisatrice, il y a,"enfin", dans la dernière génération, dans la toute dernière couvée, des éléments suffisamment remonté(e)s pour essayer de faire en sorte que ça change. Et la métaphore de la maison close qui va, paradoxalement les aider à s'en sortir est à la fois judicieuse et justifiée. S'il n'y avait pas eu tous ces verrous ces grilles et ces cadenas, elles n'auraient pas forcément pu mener à bien leur projet d'évasion. Le message est assez clair et plutôt optimiste. Même si la fin est assez abrupte dans son propos, et sait laisser ses héroïnes en suspens, et le spectateur/trice dans l'attente (on sait ce qu'elles ont quitté, on ne connaîtra pas la suite...).
Il y a aussi le contrepoint du joli personnage de Yasin, le "chauffeur-tarlouze" (dixit le film, simplement parce qu'il a les cheveux longs), qui suggère que la condition de masculinité (sa représentation) n'est pas inéluctablement coulée dans l'airain turc et que, là aussi, les choses peuvent  évoluer (et peut-être même déjà sont-elles en train d').
Bref un film qui fait souffler un petit vent joyeux d'espoir, un cocktail tonique et rafraîchissant,(pourquoi donc usé-je de métaphores aussi... ventilées¨? Parce que dehors il fait plus de 30°...) qu'on pourrait ranger pas loin de La belle promise de Suha Arnaf ou Hors-jeu de Panahi. Avec un zeste d'espoir en plus.

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20 juillet 2015

d''ici et là

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19 juillet 2015

tant de temps(s)

Comme me le faisait remarquer Philou il y a déjà un certain temps : ici, quand je ne parle pas de cinéma (ce que je fais la plupart du temps) je ne parle pas de grand chose d'autre.
Et ça n'est pas faux.
Mais que pourrais-je donc raconter d'autre ? De quoi d'autre pourrais-je donc parler ?
Je manque de conversation (de plus en plus).
Dans ces cas-là, socialement, (surgissement d'un blanc dans la conversation ou manque d'inspiration) on peut toujours, pour meubler, parler du temps. Et voici que 1) les vacances, 2) la canicule et 3) la retraite fourniraient même ici trois bonnes raisons d'en parler, et ce de trois différentes façons.
Ces jours-ci, ramollis, échauffés, alanguis, on s'échange volontiers, en guise des formules de politesse usuelles, des degrés celsius, des records de températures, des prévisions à plus ou moins long terme, des diamètres de grêlons, des hauteurs pluviométriques négatives ou presque, et on soupire, et on transpire, et on s'essuie et on relativise "C'est quand même mieux que s'il pleuvait..."
C'est le temps habituel -rêvé- des mois d'été, à peine exagéré (on a commencé voilà quelques années, voire lustres, à s'y habituer. Oui il fait chaud (trop), oui il fait sec (exagérément), oui on étouffe on a besoin de s'hydrater, de se rafraîchir, et on se tapit la plupart du temps (du jour) dans l'ombre bienheureuse des maisons où l'on a clos les contrevents et dont on n'entrouvrira les fenêtres, enfin, que lorsque ce satané soleil sera couché.
Sans qu'on puisse si facilement l'imiter.
Les nuits, tiens, parlons-en. Literies débarrassées de leur habituels oripeaux et vêtures,  fenêtres ouvertes sur le bruit des grillons, on a tout enlevé, nu le lit et nu le dormeur, et on gît, immobile, espérant un souffle, sans trop bouger pour ne pas transpirer (je parle ici  des nuits que je connais, les célibataires, pour les autres je ne pourrais me fier qu'à mon imagination et broder mais j'imagine, justement, qu'elles doivent être exponentiellement plus poisseuses et suantes. Le plus souvent, avant, (en gros, les mois qui ne commencent pas par j) c'est à ce moment-là qu'on réussissait à avoir un peu de fraîcheur, mais à présent, en ces temps de canicule (on nous l'a assez redit) c'est à peine si on passe du trop chaud au juste encore tiède presque lourd, alors du frais, pensez...
On se résoud. On fait avec. On met en place d'autres stratégies pour profiter de la nuit.  Car le sommeil du coup s'en ressent, qui se fragmente et s'incommode, désamarré des repaires, (désencordé des piquets) qui le situaient, le délimitaient, l'approximaient. Là c'est chacun pour soi et le plus n'importe comment possible. On dort moins la nuit, on dormira davantage le jour (siestes somnolences endormissements repos) et c'est tant mieux. Y aurait-il, d'ailleurs, tant d'autres choses que ça à faire ? Nous sommes tout de même en vacances, je vous le rappelle... On fait autre chose que dormir, on se relève, on soupire, on regarde dehors.
Temps du jour, temps de la nuit, les portes et les fenêtres s'ouvrent dans l'obscurité, et on n'aurait presque pas d'hésitation à sortir sur le perron en tenue très légère (voire pas de tenue du tout) et poser les fesses sur la pierre tiède en regardant se balancer les roses trémières. La nuit, c'est bien, la nuit c'est mieux, même si les températures ne baissent pas tant que ça (ou autant qu'attendu). La nuit c'est noir, c'est personnel. A chacun de voir.

12 juillet 2015

micro145

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réussir à vider la bouteille de lait en remplissant le bol exactement  à la hauteur souhaitée

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hipster c'est bien
chipster, c'est mieux
(réflexion parisienne)

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accotement,
un corbeau petit-déjeune
d'un chat crevé

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 Emma, à la fin d'une longue conversation téléphonique :
"tu dois avoir l'oreille qui chauffe..."

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Ce grand monsieur délicieusement mal rasé
qui sollicite mon aide devant le rayon des chips :
il les veut "avec sel", "qui va bien avec bière"

*

 "Il dit qu'il a fait du sport quand il était plus jeune...
le problème c'est que je l'ai jamais vu jeune!"

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les Feintes écritures

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 "La Grèce dégage l'excédent structurel primaire le plus élevé."
(exemple de phrase que je ne comprends pas)

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"Faut pas pousser..."
Non, jamais

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On finit toujours pas se lasser.

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 Grâce à Malou, retrouvé le sens de "cuisiné avec amour"

*

 

10 juillet 2015

virginité de la russie

QUE VIVA EISENSTEIN!
de Peter Greenaway

Enfin! Le dernier Greenaway, et, bonheur, lui aussi en sortie nationale, que je suis donc allé voir juste après le Gondry (ça change de braquet  mais il y avait tout de même une certaine continuité : c'est, là aussi une histoire de deux garçons différents mais complémentaires). Greenaway et moi, c'est une loooongue histoire d'amour, depuis Meurtre dans un jardin anglais,(je me souviens de la tête qu'on faisait, tous, en sortant de la salle, genre wouaaah qu'est-ce qu'on vient donc de voir là ?) je suis allé voir tous ses films à leur sortie (et j'ai même récupéré les ceusses qui n'étaient pas sortis en France), parce que j'aime sa façon d'aborder le cinéma, de parler d'art, de montrer des gros monsieurs tous nus (et des quéquettes visibles), et de bidouiller les images, et je continue de l'aimer, malgré quelques déceptions (Goltzius et la Compagnie du Pélican, le tout dernier, qui m'a saoulé, en fait partie) parce que  le retour de bâton du prêt-à-penser (ceux qui décident ce qui est bien ou pas, ce qu'on doit aimer ou pas), semblerait depuis quelques temps jouer en sa défaveur et qu'il faille donc ne plus l'aimer. Mais moi si, je continue...
Greenaway est savant, incontestablement, et il aime le faire savoir, au risque de parfois (souvent) pousser l'érudition jusqu'au pédantisme. Il est très souvent question de peinture, de littérature, de théâtre, et bien moins souvent de cinéma. (Ne serait-pas ici, d'ailleurs, la toute première fois ?) Il a choisi de parler d'Eisenstein (dont, à part les titres de ses films, je ne savais à peu près strictement rien) qui fait un séjour au Mexique (avec la vague intention d'y tourner un film) et va, lui aussi, y vivre sa toute première fois : une histoire d'amour avec un autochtone, avec approche et oeillades, puis défloration anale comme si vous y étiez -tout en continuant de disserter assez doctement, mais tout aussi badinement, sur la révolution d'Octobre et les premiers colons américains-. La Russie et le Mexique, le pâle et le moreno, le chaud et le froid, bref un genre de choc (thermique) et pas seulement des cultures. "Et tu me parles de ça avec ta queue dans mon cul ?" , dit, avec autant de crudité que de candeur, Eisenstein au moment-clé.
Depuis le temps que Greenaway tournait autour du pot (si je puis dire), et nous répétait sa fascination (que je partage mille fois) pour la plastique masculine, le voilà qui se décide enfin à sortir de son placard cinématographique en nous les montrant tout de go entre eux, ces messieurs, à deux, et de fort intime façon... Oui, Grennaway s'amuse, se lâche, se laisse aller, déboutonné de ses habituelles engonceries moyen-âgeuses (la fraise, le pourpoint, les haut-de-chausses etc.)
C'est vrai que des messieurs tout nus, on en a vu beaucoup chez Peter G. (je garde un souvenir assez ému -émerveillé- de la débauche quéquettesque de Prospero's books, un de me préférés), mais, des cinéastes, moins. Serait-ce l'iconoclastie du dispositif (ciel on s'attaque au burin et sans vergogne à l'effigie d'un grand cinéaste) qui fait baisser les yeux et pincer la bouche aux Cahiaîs ? A propos de cinéma, on peut juste regretter qu'ici, justement, si le cinéma de Greenaway (et ses tics, diront certains grincheux) fonctionne à plein et se déploie plutôt lyriquement (et révolutiond'octobresquement), celui d'Eisenstein soit tout de même un peu passé à la trappe. Pas celui qu'il a vraiment déjà fait (on a des images en noir et blanc qui viennent et reviennent, comme la mouche du Cuirassé Potemkine) mais celui qu'il est supposé être en train de faire (et les centaines de milliers de mètres de pellicule qu'on nous en évoque), et qui passe à la trappe de la narration en nous frustrant d'autant.
Greenaway focalise le récit sur ces 10 jours qui ébranlèrent le cinéaste (Eisenstein, vous suivez ? et pas que l'ébranlèrent d'ailleurs mais hmmm je m'égare) et on revient donc souvent dans la chambre (ou la salle de bain) où se joue(ent) l'essentiel de la relation entre les deux hommes. et c'est assez plaisant, finalement, de voir ce bon gros (et appétissant) bourrin (sous les traits duquel est dépeint le cinéaste) pleurer in fine comme une midinette -avec plans de morve insistants- à laquelle on signifie son congé, et la fin de son éternelle histoire d'amour d'une semaine et demie ("Il doit nous revenir..." lui explique la femme de son amant.) Révolution russe, fête des morts, anniversaire, la boucle est bouclée et Eisenstein repart (et je me dis "Oh, déjà ?", tellement tout ça m'a enchanté et que je n'ai pas vu le temps passer...)
Un film bavard, fébrile, virtuose, où Greenaway semble se souvenir de sa magnificence et sa splendeur passées -pour d'aucuns-, un film brillant et audacieux, mais par bonheur beaucoup moins agité que Goltzius (qui ne vous laissait pas une seconde de répit ni pour les pupilles ni pour les tympans) et qui vous laisse dans un état de fébrilité et d'agacement beaucoup moins grands. Et de plaisir donc décuplé.
Top 10, peut-être, sans doute pas pour les bonnes raisons (au moins FAQV d'or de l'année, sans presque aucun doute...)

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9 juillet 2015

moteur de tondeuse

MICROBE ET GASOIL
de Michel Gondry

Ce mercredi fut un jour-ciné faste : non seulement le film de Gondry y était en sortie nationale mais, en plus l'e-billet ne coûtait que 5€ ! (et, encore en plus, j'étais tout seul dans la salle 8!). Il y a deux types de films chez Gondry : les "grosses machines" (L'écume des jours, La science des rêves, Le frelon vert) que je n'ai pas forcément envie d'aller voir et que je ne vais d'ailleurs pas forcément voir), et les "petits films" pour qui j'éprouve une réelle tendresse (The we and the I en est l'exemple parfait).
Microbe et Gasoil est de la deuxième famille, et c'est pour ça que j'avais si envie de le voir, sans pourtant n'en rien savoir. c'est filmé tout simplement, et ça démarre tout aussi simplement. Le blondinet qu'on suit en premier (Microbe) m'en a, physiquement,  évoqué un autre, celui de L'argent de poche, puis, à l'arrivée de Gasoil, j'ai pensé aux zozos des Géants de Bouli Lanners, et, un peu plus tard encore, je n'ai pas pu ne pas penser à une version juvénile du charmant Mobile Home de François Pirot (avec Guigui Gouix, hmmmm...) (Je viens de lire les critiques presse dans allocinépointfreu, et Le Monde évoque, lui, Les beaux gosses et Prince of Texas, ce qui n'est pas faux non plus...)
Microbe en a assez qu'on le prenne pour une fille, et Gasoil en a assez qu'on lui reproche de sentir l'essence, et ils décident donc de partir en vacances dans une voiture fabriquée à partir d'un moteur de tondeuse (un petit clin d'oeil-hommage à David Lynch et sa Straight Story ?). Pour ne pas être pris par les gendarmes, ils ont déguisé leur voiture en maison (imparable & incontestable bricolage à la Gondry). Ils veulent rallier le Massif Central où la dulcinée de Microbe passe ses vacances au bord d'un lac avec ses parents. Et nous voilà embarqués avec eux pour cette odyssée minuscule qui fait teuf-teuf, et où on doit pousser dans les côtes, avec  ses situations plus ou moins périlleuses, ses créatures ou ou moins inquiétantes, ses escales plus ou moins mouvementées.
Gondry met du deux-temps (teenage movie + road movie) dans son moteur de tondeuse  pour faire carburer son conte réalistement onirique et le mélange est au poil. De même que le véhicule des fugueurs peut se transformer à volonté en maison, le réel de ces deux-là pourrait bien être un ailleurs de tendresse et de fantaisie  pour nous spectateurs.
Les deux gamins sont bluffants de justesse (avec un petit faible pour le rigolard et frisotté Gasoil), d'autant plus que Gondry a su habilement nous brosser auparavant leur contexte familial respectif (maman dépressive, grand-frère punk, papa transparent pour Microbe, maman malade et père limite pour Gasoil), justement à la manière -précise- de Truffaut dans son Argent de poche, avant que de les en extraire pour les jeter sur les routes et dans la grande aventure minuscule. C'est un Gondry presque minimal (à part celui de la maison à roulettes, aucun bricolage ou tripatouillage dans le film), qui parle de l'adolescence en général (et peut-être un peu de la sienne aussi), comment on grandit, comment on évolue, comment on devient...
Le film est (au départ) davantage centré sur le personnage de Microbe mais trouve son assise, son assiette, lorsque les deux compères sont enfin réunis, avec toutes les étapes dans la gamme de l'amitié : approche, reniflage, confidences, complicité, tensions, engueulade, réconciliation, puis à la fin séparation, aussi simple et naturelle que le fut le reste du film (et si on regrette un peu que  Gasoil soit alors un peu éloigné du récit, déménagé de sa relation avec Microbe, la dernière scène viendra joliment nous le rappeler.)
Un film délicieux, astucieux, gracieux, avec du cambouis sous les ongles et qui sent un peu l'essence, mais c'est pour ça qu'on ne l'en aime que plus.

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Tiens, un film à affiche jaune, ça faisait longtemps...

8 juillet 2015

crisis, what crisis ?

LES MILLE ET UNE NUITS 1 (L'INQUIET)
de Miguel Gomes

On raconte que...
Une petite précision pour commencer : au départ, je ne suis pas un immense fan de Miguel Gomes. J'avais eu un peu de mal avec Ce cher mois d'août (dans le bôô cinéma) puis avec Tabou, vu en avant-première à point d'heure au défunt festival Ciné-Paris (je ne me rappelle jamais exactement son nom) et même pas revu quand nous l'avons enfin passé dans le bôô cinéma (qui, entre nous soit dit commence par endroits à ne plus être si bôô que ça mais passons). Dans le premier je n'avais vu qu'un documentaire musical et lusophone assez indolent (voire ennuyeux) -mais je me rappelle qu'Hervé avait beaucoup aimé- et je me souviens que la profusion d'échos hyper-flatteurs concernant le deuxième, Tabou (qui n'avait été jusque là projeté qu'en festival(s)) si elle m'avait incité à faire l'effort de le voir (on m'en avait donné très envie) -vu mon peu d'enthousiasme pour le film en question (les deux films en un, à vrai dire)- m'avait refroidi quant à l'éventuel arrondissement des films de M.Gomez avec les angles de ma cinéphilie...
Et voilà (re-voilà) que ding ding dong et ding et ding et dong résonnent à nouveau à toute volée (pas du tout de bois vert, donc) les dithyrambiques extases critiques et cannoises, avec, d'ailleurs, un redoutable unisson : tout le monde dit avoir a-do-ré!, à propos de ce quand même  gros film (entre 6 et 7 heures) découpé en trois films-gigognes, sortant chacun à la fin d'un mois différent et successif de l'été 2015. Prudence, donc ? j'y suis, symboliquement, allé (à Besançon) pendant la fête du cinéma (qui coûte quand même désormais 4€ par film, hein ? où donc est le temps béni des années 80 et quelques où c'était gratuit...)

Une longue et bavarde préface pour entamer ce post, avant de vraiment entrer dans le film du sujet, exactement de la même manière que Miguel Gomes avec ses Mille et une nuits, dont on voit apparaître le film assez longtemps après le début du film (mais Apichatpongounet l'a fait, ne m'abuse-je ?). Ca commence avec, en voix-off, des ouvriers de chantiers navals qui évoquent la fermeture de ceux-ci. Il est aussi question de guêpes, de nids, de la façon de les éradiquer par le feu, et, donc, de pompiers, bien évidemment. Jusqu'à ce qu'il soit fait mention de Shéhérazade, et de sa technique de récit dans l'ouvrage qui a donné son titre au film mais qui -c'est précisé dès le générique- n'en est pas du tout une adaptation.
Suspens (tempête sous un crâne) : Allais-je donc ou non me mettre aussi à ding-ding-donguer ?

cloches

... et bien oui, plutôt. (si le oui n'est pas éclatant et en bronze massif, le film n'y est pour rien, ce sont mes yeux qui sont responsables, puisque j'ai hélas un peu piqué du nez, après avoir pourtant essayé de lutter de toutes les manières possibles.) J'aime beaucoup la façon dont M. Gomes s'y prend (et ne croyez pas que c'est parce qu'un des premiers chapitres s'intitule Histoire des hommes qui bandent, non, du tout). Il est vraiment très fort : il est question de chômage, d'appauvrissement, de dette(s), d'euros, de technocrates, et voilà qu'il se saisit énergiquement de cette pâte sociale a priori pas très ragoûtante (et plutôt indigeste) et se met à la pétrir avec une violente tendresse (ou une tendre violence, ça fonctionne aussi), à l'étirer à la trancher à la rouler à la débiter à la farcir à la rôtir bref à la façonner à la va comme je te pousse, à la faire sienne, en y ajoutant des trucs perso, possiblement disparates ou apparemment inadaptés (comme si lui venait l'envie de rajouter, au hasard... des dockers, du coq au vin, des morceaux de baleine, de la poudre de je-ne-sais-pas-quoi, dans les traditionnels et portugaisissimes  pasteis de nata pour voir ensuite qu'est-ce ça goûte. Et rectifier l'assaisonnement au cas où).
C'est du cinéma, du vrai cinéma, du cinéma politique, militant, polémique, mais aussi surtout du cinéma tout court. Et au long cours. Car Miguel Gomes a la bonne idée de mettre, au générique final, le contenu des deux chapitres suivants, et tous les sous-chapitres qu'ils contiennent, avec leur minutage précis. De quoi nous donner envie. Du cinéma qui se lit, qui se feuillette (on y revient, aux petits gâteaux portugais...) qui se dévoile, qui s'épanche, qui se donne la parole, qui s'interroge et tente aussi de se répondre. Du cinéma aussi social que fantasmagorique.

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6 juillet 2015

eurocks 2015.3

Et en route pour le dernier jour déjà...
Le programme n'est pas alléchantissime (je n'ai jamais été un grand fan ni de Police ni de Sting en solo, et c'est "ze" tête d'affiche choisie pour clore cette édition 2015) mais bon il y a des noms qu'on ne connaît pas (c'est Manue qui a fait la programmation...) et on est prêts pour des découvertes...
On part à 18h et quelques, j'ai même refait un petit mix spécial pour ce dernier trajet...
Quand on arrive au village, il y a déjà beaucoup plus de voitures que  pour les deux jours d'avant, "notre" place est prise, on se prépare à aller se garer à des centaines de kilomètres, quand une gentille vieille dame, sur le pas de sa porte, nous fait signe qu'on peut se garer devant chez elle (il y a juste une "place de twingouille"), merci la dame!
On rentre sur le site comme dans du beurre, le plus chaud est passé, c'est parfait. On commence avec le début du set de EAGLES OF DEATH METAL, juste le début parce que c'est très vite lassant (et presque caricatural : le chanteur tatoué parle entre les chansons wok'n woll autant qu'il chante), on file donc vers la Loggia pour GRAND BLANC, étiqueté new wave sur la plaquette. Quatre jeunes messins, pour un concert superbe (dommage qu'on ait raté le début, donc). Incontestablement "la" découverte de cette édition. ils finissent leur set sur un intense Samedi la nuit, les deux (jeunes) guitaristes torse poil, et le public qui danse, conquis. Nous aussi (conquis, mais sans danser). On devrait les retrouver très vite, ces jeunots...
On n'a ensuite qu'à se déplacer de quelques mètres pour le concert de DIE ANTWOORD sur la grande scène. Beaucoup de moyens pour un show intriguant au début mais un peu lassant assez vite (les voix, surtout). Bien, mais pas assez sans doute (on voudrait toujours "mieux") on redescend donc au bout d'un certain temps, direction la Plage où manue veut retrouver sa copine Isabelle et son mari Jérôme qui sont là pour la journée en VIP. On entend un bout de ALABAMA SHAKES dont je n'ai plus aucun souvenir sauf qu'en arrivant j'ai dit "je n'aime pas du tout" et Manue a répondu "moi non plus".
On file vers JAMES BLAKE en faisant un crochet par le stand mojito (dans un joli verre Revolucion) qui m'achève un peu, et pizza (en forme de sandwich) qui me permet d'en atténuer un peu les effets. On s'installe à la Green Room, et je suis allongé quand je vois soudain penchée au-dessus de moi la tête de... Loulou (le hasard fait bien les choses lol) qui passait par là avec son Fred. On discute un peu, avant et pendant le début du concert, que nous trouvons tous plutôt mou... peut-être serait-il temps d'aller s'installer pour Sting ? Manue retrouve enfin Isabelle et Jérôme près du stand Heineken, et nous y montons. tiens, des petites gouttes! Et des éclairs de chaleur! Manue l'avait bien prédit, quand le ciel est jaune c'est signe d'orage... il pleuvine un peu, mais à peine, pas longtemps.
Beaucoup beaucoup de monde a déjà eu la même idée. Nous entendons la fin -interminable- du concert de ELECTRIC WIZARD, du gros métal qui tâche, et qui n'en finit d'ailleurs plus, au sens strict puisqu'ils dépassent leur durée de 6', et que, à la seconde près où ils terminent commence le show de STING, un Sting méconnaissable avec une grosse barbasse de baroudeur, et qui fait plus un concert de Police tout seul qu'un de Sting.
Tiens il pleut encore! C'est plutôt agréable cette averse orageuse et ça rafraîchit tout le monde. J'ai la fatigue des trois jours dans les pattes, mais impossible de s'asseoir, donc assez rapidement je m'emmerde (il ya des grandes envolées de piano jazzy), et je quitte les lieux pour aller m'asseoir à l'accueil des handicapés, où un des bancs s'est justement libéré. je regarde les gens redescendre progressivement, et je suis enfin rejoint par Manue et ses copains, qui sont partis au bout d'une heure de concert (de là où j'étais, finalement, j'entendais très bien, et ça m'a suffi). Dans une demi-heure, tout va se terminer, on repart, en passant devant le show de FLUME dont je trouve très beau le peu que j'entend... En repartant on fait une pause pour écouter Every breath you take de Stingounet, avec les couleurs sur l'eau, et tout, c'est un moment très joliet.
Un dernier arrêt au stand café/croissant du village, et on retrouve la twingouille d'amour vroum vroum direction Vesoul. La pluie qui est tombée a juste à peine rafraîchi.
On se redit que, l'année prochaine, trois jours, non non c'est trop, un seul peut-être, mais il faudrait que la programmation soit top. on verra bien , hein...

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le virage dans le village

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une dans chaque main

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sur le site

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le jeune homme au joli tattoo

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vu d'en haut

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Grand Blanc

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die Antwoord

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die Antwoord

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Manue a la playa

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Loulou & Manue

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Sting avec la barba

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