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lieux communs (et autres fadaises)

15 décembre 2011

ivanhoé

CARNAGE
de Roman Polanski

Autant le dire tout de suite, j'ai vraiment passé un excellent moment... J'avais vaguement envisagé à un moment de le boycotter, à cause de la dame qui a écrit la pièce dont le film est l'adaptation -et qui a d'ailleurs co-signé le scénario- mais je me suis ravisé en disant qu'il ne fallait pas mettre de la politique dans tout, et surtout que j'avais diablement envie de voir ce quatuor d'acteurs faire craquer le vernis des conventions sociales dans ce huis-clos new-yorkais.
Jodie Foster, Kate Winslett, Christopher Waltz, et mon chouchou John C. Reilly ont été tous les quatre à la hauteur de mes espérances. Le film est sans véritable surprise, on sait d'avance ce qu'on va voir, le fissurage et l'éclatement de la mince cloison qui sépare l'homme du bestiau, et la révélation (le révèlement ?) des vraies identités de chacun. Le cahier des charges est strictement respecté (tout se passe en appartement sauf le prélude et le postlude, génériques de début et de fin filmés toutefois entre deux arbres), et chacun des quatre mousquetaires donne le meilleur de lui-même : Waltz dans l'odieux, Reilly dans le bonhomme, Foster dans la petite-bourgeoise et Winslett dans l'executive woman, dans un premier temps, car, passées les politesses (les préliminaires) et les minauderies fort civiles de circonstance (d'usage), les affontements vont se faire de plus en plus intenses (surtout après quelques rasades de whisky, même si c'est du 18 ans d'âge!)
Tout ça filmé assez astucieusement (quitte à être enfermé dans un appartement, Polanski sait en exploiter au mieux les ressources (et les espaces afférents), et fignole ses cadrages et re (cadrages), et rajoutant donc au plaisir un brin sadique du spectateur moyen à voir ses semblables s'entredéchirer et s'en foutre plein la gueule pour pas un rond, sans souci du qu'en-dira-t-on. agréablement jouissif (aimablement régressif ?).
Encore plus savoureux si vous aimez (dans le désordre) le clafoutis pomme-poire, les catalogues épuisés de Kokoshka, les gros cigares, les tulipes, les jets de vomi à l'horizontale, les sèche-cheveux, les portables dans la flotte, j'en passe et des meilleures...

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10 décembre 2011

pulsions

SHAME
de Steve Mc Queen

Vu en cet après-midi froid et brouillasseux. Une dizaine de personnes dans la grande salle pour cette première séance.
(un peu plus tard)
Fin du film. Générique, on reste assis, un peu groggy. Un film malcommode, malaisé, dérangeant,  mais sans aller jusqu'à l'insoutenable comme pouvait l'être Hunger, film précédent du réalisateur (vu dans l'épouvantable salle 6 du MK2 Beaubourg, et fini complètement en larmes -Marie-Hélène aussi d'ailleurs-).
Malcommode pour moi, perso, à plus d'un titre, puisque le héros souffre d'une dépendance au sexe, virtuel ou tarifé de préférence (aïe), qu'il a une soeur avec qui la communication n'est pas facile (aïe aïe), et du mal à s'engager dans une "vraie" relation (aïe aïe aïe) affective ou dans un rapport sexuel "normal" (aïe aïe aïe aïe).
Ca démarre fort avec, notamment,  une scène de drague dans le métro à mi-chemin entre Brian de Palma et David Lynch (si, si!) mettant en scène l'impressionnant Michael Fassbender (déjà époustouflant dans Hunger) qu'on ne quittera d'ailleurs pratiquement pas  de tout le film. Un personnage fermé, parlant peu, dont on sait au début (et dont on se saura à la fin que) finalement peu de choses. Genre beau bloc de granit. De l'appartement au travail, et du travail à l'appartement. Et retour. Vie new-yorkaise "normale" de mec sans problèmes financiers, sans véritable vie privée (sans âme ?). Au début, on pense avoir pigé le truc, on se dit "tiens, il nous filme un sex addict, mais on ne verra pas de scène de sexe, tout sera en off", puis, je ne sais pas vraiment pourquoi, on pense soudain au Crash de Cronenberg, mais peut-être en version "soft" (ou désintellectualisée ? ou plutôt réactualisée ?), puis non, finalement, on est transbahuté encore ailleurs, autrement, on zigzague, on dérive  au fil des manipulations adroites et des virages attendus / inattendus effectués par le metteur en scène.
Qui fait de ce personnage pas vraiment aimable (pas vraiment vivant ?) un objet de fascination, de séduction, de manipulation, de répulsion, de révulsion, de... On pourrait en rajouter ainsi toute une litanie. Avec, pour parler de l'emballage cinématographique, un sens toujours aussi incontestablede la composition et du cadrage (peut-être un peu moins étudiés / millimétriques / tape-à-l'oeil que dans Hunger), et une utilisation de la musique systématiquement assez bluffante, à contre-sens à contretemps (à contre-rythme, a contrario ?)
Elle n'accompagne ni n'illustre, elle serait plutôt contre (je pense notamment à cette version glamour minimaliste presque "dernier soupir" de New-York New-York chantée par la soeurette) assez souvent étonnamment calme/triste/simple par exemple à des moments où on aurait pensé habituellement à quelque chose de plus martial/violent/enlevé.
Un film glaçant, peut-être un poil trop sûr de ses effets. A l'image de la séduction "professionnelle" que pratiquent, justement, les... professionnelles. Quelque chose de joli, d'appétissant, de super bien carossé en apparence, de stimulant intellectuellement a priori mais qui n'est peut-être finalement que ça, une apparence, un faux-semblant.(C'était pas le titre français d'un film de Cronenberg, justement ?) Qui finalement vous trompe (dans les multiples sens du mot). Professionnellement. Il y a tout de même là-dedans, et tout au long du film, une froideur terrible, anxiogène. Et c'est dur de s'en protéger, de se blinder comme le sont la plupart des personnages (mâles) de cette histoire.
A la sortie, oui, j'étais soudain de retour dans la "vraie vie", mais j'étais encore profondément dans le film, et ça ne faisait pas un contraste si violent après tout. Bruinasse, froid, grisaille, gens qui trognent, trottoirs luisants mouillés glissants. (Il y a dans le film deux très belles scènes de courses, en sens inverse d'ailleurs, qui m'ont beaucoup plu, comme m'avait plu celle de Denis Lavant dans Mauvais sang...) Avec dans la bouche comme un sale arrière-goût.
Un film qui marque, oui.
A digérer.

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7 décembre 2011

tout le monde sait ramer

LES GEANTS
de Bouli Lanners

Depuis juillet qu'on nous faisait languir, avec la sortie de ce film, mystérieusement repoussée puis ajournée. On avait tellement aimé son Eldorado qu'on se languissait en attendant le troisième film en tant que réalisateur de "notre" Bouli L.
Et le voilà enfin, oh, juste pour deux soirs, sur les écrans de nôtre bôô cinéma. une séance de 18h, à la suavette (je voulais écrire sauvette, mais finalement suavette n'est pas mal non plus!), attrapée de justesse grâce à Marie (merci à elle).
Premiers plans (juste de l'herbe qui bouge, pourtant), j'avais déjà les larmes aux yeux : cet homme a un sens de l'espace inné, un sentiment géographique de la composition ahurissant. Dans un scope qui laisse respirer les paysages, verts, bleus, humides, aériens, il narre les aventures de trois gamins, mi-petits cochons mi-pieds nickelés, aux prises avec des adultes plus épouvantables les uns que les autres, dans un récit aussi goguenard qu'attendri, entre le conte et la fable. La Belgique, le "petit peuple", les tronches, le road-movie, on est en terrain de connaissance, le terreau fertilisant à histoires de "notre" Bouli (c'est qu'on l'aime, cet homme).
Là il n'a pas placé la barre "plus haut", il l'a juste mise ailleurs. En suivant ces trois enfants, il nous raconte encore une fois un peu la même histoire (défection parentale, force de l'amitié, chronique d'apprentissage) en opposant viscéralement pourrait-on dire le monde de l'enfance (ou du début de l'adolescence) à celui, sans espoir semble-t-il de l'état d'adulte. Ce sont trois versions masculines d'Alice au pays des pas merveilles du tout, sommés de grandir peut-être un peu trop vite, et contre leur gré aussi. Et nos trois Aliçons sont forcés d'aller sans cesse de l'avant, de fuir à chaque fois un peu plus loin.
Au sein de paysages amoureusement scénographiés (n'y aurait-il eu que ceux-ci que le film aurait déjà été magnifique), c'est un peu une cavale sans espoir qui se met en place (et on en veut presqu'un peu au réalisateur de les abandonner, ainsi, dans une fin ouverte et aquatique qui sous des apparences de calme idyllique n'est rien moins qu'inquiétante, tout de même. Oui, c'est le mot qui m'est venu : dommage qu'il les abandonne ...) en même temps qu'une chronique lumineuse (une comptine ?) oscillant perpétuellement entre la rigolade et le serrement de coeur.

Les trois gamins sont parfaits, avec une mention spéciale pour le petit, avec ses yeux de chien battu et ses bonnes joues, qui doit ressembler à Bouli quand il était petit, tellement il m'y a fait penser... Les adultes sont soit étranges (le personnage joué par marthe keller), soit absents (la mère, qu'on ne verra jamais), soit affreux (tous les autres). Grandir, ça veut forcément dire ressembler à ca ? On comprend que les gamins aient les boules et préfèrent prendre la poudre d'escampette...

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Je viens de voir sur allociné (c'est maintenant aussi une chaîne de canals*t) une interview promo de Bouli himself, barbu hirsute, casquette, lunettes de soleil frime, bref total look fondant pour moi... Quest-ce qu'il est bien cet homme!

6 décembre 2011

fondement (des choses)

Un mardi pas comme les autres... Huit heures et quelques. Au lieu d'être au boulot, j'étais allongé là, tout nu dans ma blouse en papier bleu, sur un brancard dans un couloir, posé contre un mur, un atarax dans le nez (autant dire que je floconnais joyeusement, que je zennais nébuleusement) attendant... attendant quoi, au juste ? l'anesthésiste peut-être.
Arrive une premiére, une jeune blondinette qui me prend la main, me tapote, me bétadine, m'entretient de la perfusion, de l'anesthésie, du fait de piquer, me pique donc, puis m'annonce tout de go qu'elle m'a raté, qu'elle ne va pas persister,(elle a ce geste de ranger ma main pansementée sur mon torse, et de la recouvrir du drap.) et que "mon" anesthésiste fera ça très bien.

sur ce elle disparait, et je reste dans ce couloir, sur ce brancard, à voir passer des gens et des gens en tenues de travail schtroumpfesques, qui me saluent d'ailleurs, tandis que je leur réponds d'un sourire ataraxesque et béat (on dervait en prendre plus souvent, de ce truc, non ?). J'aime ce sentiment, d'exister par intervalles. Parfois on est là, quand les gens passent, vous regardent, vous saluent, et parfois on n'est rien, juste une partie du décor, un machin posé dans le passage. Se replier alors dans sa réalité interne, d'autant plus que, comme au cinéma, on perçoit à peu près tout ce qu'il est possible de percevoir, la dame là-bas en train de nettoyer des trucs, le médecin qui vous serre la main au passage (celui qui a pénétré dans le vif du sujet il ya quelques temps)  les discussions en off de l'autre côté du mur fricoles et/ou professionnelles ("puisque tout le monde est au café..." "depuis le big bang..." "non jeudi je suis à paris je ne pourrai pas..." "je t'ai reconnu malgré ton masque...") On est une plaque sensible, on absorbe. on n'a pour espace visuel que l'assez long couloir  du champ visuel "de face" (qui est justement, ô coïncidence, un assez long couloir.) <ceux qui passent, et repassent, ceux qui partent, reviennent, blouses bleues, charlottes.
Passe une brunette qui s'enquiert de la température et me munit d'une couverture (Hmmmm c'est mieux) Silence. Blanc. Flottage atarax.  Une autre brunette joviale arrive (pourquoi donc ai-je le sentiment que je les ai tous peu ou prou déjà vus auparavant ?) reprend ma main gauche muni d'un pansement (laissé par celle qui m' a raté), tapote aussi, explore le bras ("Je cherche une veine pas trop sinueuse"), me bétadine, et finalement passe la main à un trés joli anesthésiste brun à barbe de 3 jours qui me fait ça hop! en deux temps trois mouvements ("Je vous l'avais dit que j'étais doué pour ça... Je fais aussi la moquette, la pose de carrelage le week-end, faut savoir se vendre...") La brunette rigole, je rigole, et le joli barbu m'annonce qu'il est "mon" anesthésiste et, joignant le geste à la parole, me véhicule jusqu'à la salle d'examen, me demande de me mettre sur le côté geuche, me demande mon poids, (je réponds "79 chez moi et 77 chez le docteur G", celui qui va m'examiner, et que j'entends rigoler, sans le voir, derrière moi).
Ca discute technique et matériel photographique (j'ai au-dessus de moi le moniteur où, tout à l'heure, ils vont inspecter mon intérieur en cinémascope), le barbu joli me prend mon bras et nous parlons (enfin je parle) d'intubation et d'ouverture insuffisante -ce que j'ai appris lors de la consultation préalable) il me répond que

 

 

J'entends un "Monsieur M., tout va bien..." et je suis réveillé à la fois par le bidule à mon bras droit qui prend la tension et se gonfle et se dégonfle automatiquement, et par un genre de musique à la Steve Reich, minimaliste et répétitive, c'est le moniteur derrière moi qui bip-bippe (ou cling-clingue) en décalage avec celui de ma voisine, ça fait bip bip bip bip, avec une régularité au bout d'un moment un peu agaçante, avec, heureusement, pour agrémenter la partition, les conversations de deux, puis trois, infirmières, au fond (des choses très terre-à-terre, pragmatiques, réalistes, des petites choses du quotidien ah oui elles parlent de lessives me semble-t-il). Arrive un nouveau patient endormi avec qui l'équipe a semble-t-il quelques légers soucis (j'aime entendre ce mélange de rigueur professionnelle et d'humour qui arrondit les angles (une infirmière en entreprend une autre pour lui expliquer que si elle l'avait complimentée sur un geste qu'elle venait de faire (il était question d'une aiguille) elle l'avait fait sérieusement, et tous alors de rire... Mon regard qui va et vient croise celui de ma voisine de droite, qui a un tuyau dans le nez et une perfusion (je n'ai rien de tout celà) nous nous saluons d'un signe de tête ou d'un cillement, je ne sais plus, elle n'a pas l'air désireuse d'engager la conversation...
Je somnole, me réveille, re-somnolouille, jusqu'à ce qu'arrive à côté de moi mon collègue de chambre de tout à l'heure, endormi, entre les mains de l'anesthésiste joli pas rasé et de la brunette, et qu'une autre infirmière m'annonce alors qu'elle va me ramener dans la chambre (je frétille, mais un peu moins quand j'apprends que le merveilleux petit-déj' annoncé et tant attendu ne sera là que dans une heure).
Attente devant l'ascenseur, embouteillage avec un patient en chaise (un monsieur avec un nom à consonance hispanique, qui passera d'ailleurs avant nous dans l'ascenseur -épisode "je suis un gros machin qui gêne", à traiter en vision subjective, avec mouvements du brancard et plan  du couloir avec conversation en off- puis remontage avec une autre dame -en blanc celle-ci et pas en bleu- après discussion enflammée - avec la dame en bleu- sur les mérites respectifs et les malheurs inhérents aux professions du soin et de l'enseignement ("je vous plains, je ne voudrais pas faire ce que vous faites..."  me dit-elle).
Retour à la chambre après intermède drôlatique de descente de chariot avec la dame en blanc (lorsqu'elle a soulevé mon drap, elle a vu que ma blouse dévoilait ma zigounette -ce dont je n'avais absolument pas eu conscience- et l'a recouverte pudiquement avec le pan de la robe en papier bleu incriminée, non sans un petit sursaut de surprise et un rosissement ad hoc accompagnés d'un "désolée..." chuchoté. "Tournez-vous doucement, asseyez-vous sur le bord..." et comme je lui fais remarquer que je peux marcher tout de même, lorsque je pose le pied et que je fais les quatre pas qui mènent au lit, je réalise que ça tangue tout de même imperceptiblement.
Je n'ai toujours pas mal, je m'allonge. Retour de la première infirmière, (celle de l'avant, vous ne la connaissez pas, puisque j'ai démarré ce récit au sous-sol...), toujours aussi joviale et souriante (c'est incroyable comme tout le personnel apparaît ainsi, souriant et attentionné...) qui m'annonce qu'après le petit-déj, je pourrai sortir...
Je me rendors donc, en désespoir de cause. Comme tout celà est agréable...
Au bout d'un certain temps revient mon voisin, nous échangeons sur l'examen, et le post intervention (lui visiblement, a (eu) plus mal que moi...). Arrive le petit-déj' tant attendu, que je bâfre goulûment et impitoyablement avec mille mots d'excuses par rapport à mon voisin, qui lui ne l'aura que dans une heure. Je goinfre tout.
Dernières vérifications et petits soins infirmiéresques ("Oui j'ai eu des gaz, oui j'ai fait pipi, oui j'ai bien mangé...") et je redescend dans le hall d'accueil, en compagnie de Jean-Fran qui est venu me chercher (c'est sa femme Christine qui m'a amené ce matin).

Dernier étape, et pas la moindre, avant de sortir : voir le docteur pour avoir les résultats de l'examen (c'est pour ça que je suis venu...). On est assis avec J-F, dans une fausse "salle d'attente" (quatre fauteuils installés dans l'entrée d'une chambre, juste en face d'une autre pièce où (tout ça est très cinématographique) où, dans le rectangle de la porte ouverte, on voit le docteur G. assis, de dos, à son ordi, en train de taper ce qui doit être mon rapport. Il nous entend plaisanter (je suis un tout petit peu inquiet, alors je fais le con) et nous apostrophe, sans se retourner d'un "salut les jeunes!" dont la légèreté me rassure. Au bout d'un certain temps, il traverse le couloir et vient vers nous, une feuille à la main à laquelle sont agrafées des photos, et me rassure immédiatement : Oui, oui tout est OK.
j'ai envie de l'embrasser mais je me retiens (tout de même).
Merci, docteur G. (et merci à l'ensemble du personnel de la clinique -je me prends pour Valérie Donzelli à la fin de La guerre est déclarée, non ?-)
En plus, Jean-Fran m'a acheté une tartelette au citron, c'est-y pas gentil, ça ? La vie est belle...

5 décembre 2011

versus

Je viens de regarder in extenso la vidéo de "l'histoire de versus 2005/2011". Il s'agit du travail -artistique- du "jeune homme en t-shirt".
Et m'en voilà tout perplexe et chamboulé.
Où j'apprends qu'il est donc un "artiste-performant" "confirmé", où je suis conforté dans mon idée qu'il entretient des rapports complexes avec son sytème pileux -c'est encore plus probant avec un auto-filmage qui s'étire sur 6 ans!-, où je constate que je le trouve aussi mimi dans ses divers états (je ne suis toujours pas objectif à son sujet), où je suis assez admiratif devant la performance physique que représente justement sa... performance du même nom (il s'agit avant tout d'épuisement), mais où je suis un peu agacé par contre par une certaine complaisance publicitaire ("mon caméscope Truc", "mon ordinateur machin") et égotiste (certes je sais bien quand on est un artiste il faut savoir se vendre), sans vraiment bien savoir à quoi m'en tenir sur la fausse candeur (roublardement sincère ou sincèrement roublarde ?) du projet.
J'apprend avec grand plaisir (et peut-être une pointe d'envie, soyons honnête) qu'il a même été diffusé -et interviewé- sur arte, suite à sa participation à la nuit "super-héros" de la ferme du Buisson, début octobre dernier.) Oui, ça me fait plaisir, de le voir ainsi, face caméra, c'est comme s'il me parlait un peu, presque directement, puisque je n'ai plus le plaisir d'avoir directement de ses nouvelles par mail, comme cela se produisit pendant un certain temps.
C'est un jeune homme très occupé. Qui me touche toujours, pour diverses raisons (fleurbleuesquement, vous me connaissez, non ?) Que j'ai considéré comme perdu en ce qui me concernait (qui me l'avait explicitemen fait comprendre, reconnaissons-lui donc cette honnêteté) mais dont je n'ai peut-être pas  guéri.
Une vague (et vaste) mélancolie alors de m'envahir.
A quoi bon, hein, tout de même ? Après un 2 décembre qui apporta son lot de mauvaise nouvelles et coulages de larmes consécutifs (mais qui finit tout de même infiniment mieux qu'il n'avait commencé, grâce à une virée à Besançon pour voir deux pièces de Musset -3h de plaisir!-), j'aurais peut-être juste envie de continuer masochistement à titiller là où ça fait mal.

"On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. " (Il sort.)"

Tout ça parce que j'ai commencé, ce matin, par chercher des noms propres sur G**gle...


30 novembre 2011

événement majeur ?

Il me fait entrer, il me dit de m'asseoir, il est plus jeune que je n'aurais pensé, et ça ne me met pas spécialement plus à l'aise...
Il me propose de passer à côté, de me déshabiller, jusqu'où pensé-je, il me précise juste le pantalon et la chemise...Je suis sur le dos, il me dit de baisser un peu (le caleçon) mais ce n'est pas érotique du tout.
Il me talque, puis me met un genre de gel, et me promène sur l'abdomen, côté droit, côté gauche, un machin comme dans les films où les dames vont voir leur bébé, j'ai droit au "tour du propriétaire", comme il dit, c'est ma première échographie. ("C'est un garçon ?" Non non)
Et que oui oui, le foie la rate le pancréas tout va bien.
C'est le moment de me tourner sur le côté gauche (l'anatomie humaine est assez bien faite, et si quelqu'un vous farfouille là-derrière, vous n'avez aucune raison en principe de pouvoir le voir, ce qui facilite grandement les choses, tout de même, lorsque, par exemple, il pénètre dans le vif du sujet d'un doigt inquisiteur, tout en vous faisant la conversation, comme si vous étiez en train de prendre le thé dans quelque salon, et vous questionnant, par exemple, sur l'endroit où vous travaillez, et vous demande de préciser, et fait mine de s'y intéresserdrôlement puisqu'il continue de vous poser des questions, pendant tout le temps que là-derrière se passe tout à fait autre chose, jusqu'à ce qu'il ait vu ce qu'il voulait voir...
Je ne pouvais m'empêcher d'en sourire intérieurement, me dédoublant dans le même temps (étant celui qu'on sonde tout en faisant mine del'interviewer, et me regardant en tant que sujet de cetteincursion "fort civile") et de penser à la quantité de conversations idiotes qu'il devait ainsi mener chaque jour, (quel sujet, quel angle d'attaque trouver à chaque fois ?) tout en inspectant les orifices les plus variés... Sacré boulot, tout de même!
Vu le tarif, (48 au lieu des 26 habituels) je me suis dit que, oui, oui, il pouvait bien s'offrir du matériel onéreux.
RDV est pris pour le 6 décembre, un autre rendez-vous d'amour...

28 novembre 2011

le plaisir de chanter (en noir et blanc)

NE CHANGE RIEN
de Pedro Costa

Celui-là, je peux dire que je désespérais de pouvoir le voir un jour. Un an, que je l'attendais. Et puis, tout arrive, le mois du Doc, on fait la programmation, je propose, et miracle ça passe ! Bonheur, bonheur. Et appréhension, aussi : et si tant d'attente et de ferveur ne débouchaient que sur du rien ?
Dès la première seconde, je sais que non. Un noir et blanc charbonneux, très dense, intense, sublime, très très noir (et un peu blanc). Jeanne Balibar (et Rodolphe Burger) en concert, puis en studio, pour l'enregistrement du premier album  Paramour (et aussi du deuxième  Slalom dame.)
Et me voilà plongé dans un genre de liquide amniotique musical et cinématographique, bienheureux, dont je ne sortirai qu'à regret(s). Je dois préciser que le son de guitare de Rodolphe Burger, saturé et réverbéré, me procure, au départ, un véritable plaisir physique.
Puis la même Jeanne, en répétitions pour La périchole (et là je me surprends à me dire "Tu es en train de jubiler devant un plan fixe d'une porte, avec des voix hors-champ, juste ça, et tu trouves ça merveilleux..." et c'était exactement ça. Par moments, j'étais tellement béat que j'en aurais presque oublié de respirer. Le film alterne studio et scène, musique et théâtre, enregistrement et répétitions, dans cette pénombre à gros grains de grotte, de sanctuaire, de refuge.
Un film interne, intime, intense.

(je viens d'y retourner, d'ailleurs samedi à 18h, et j'étais tout seul dans la salle : une séance privée , avec juste Rodolphe, Jeanne et moi. Et le film m' a paru passer extrêmement trop vite...)

On pourrait appeler ça un état de grâce, un hasard qui fait converger fortuitement des tas d'éléments au départ disparates pour faire en sorte qu'à l'arrivée tout soit... parfait. Le travail de création (le studio, la leçon de chant, les répétitions), puis de re-création (la scène, qu'elle soit de concert ou de théâtre, à la seule différence que celle de théâtre sera toujours off) .
Beaucoup d'ombre et un peu de lumière (beaucoup de sueur pour un peu de génie disait Einstein, non ?), des choses qu'on répète, encore et encore, qu'on module, qu'on s'approprie, qu'on commente, qu'on re-tente. Avec la caméra de Pedro Costa proche et amicale comme un animal de compagnie. J'avais vu déjà ce noir et blanc attentionné dans le superbe Où gît votre sourire enfoui ? -beau titre, non ?- (sur le travail de montage des Straub-Huillet) c'est pourquoi je fondais beaucoup d'espoirs sur celui-ci.
Avec raison.
Le film, à la deuxième vision (c'était peut-être de la gourmandise, mais ça me semblait nécessaire) est encore plus riche, encore plus élaboré sous ses apparences débraillées. Méthodique et construit, mais aussi aventureux et désinvolte. Autant qu'il est paradoxalement possible de l'être. Rigoureusement beau. Avec un très beau travail sur le son (c'est aussi -au départ- un film d'ingénieur du son, ne l'oublions pas) : ce qui est audible et ce qui ne l'est pas, ce qui est généré et ce qui est spontané, ce qui est enregistré et ce qui n'est que dit...
Avec ces notes de guitare qui vous restent longtemps, longtemps après encore, imprimées sur les neurones. Et ces mots chantonnés "je me mutile, c'est bien utile pour attirer ton attention..." répétés, polis, roulés.
Du plaisir pur, avec un grand P, comme Pedro.

Top 10, même si c'est un film de 2009!


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27 novembre 2011

tu n'as rien vu

le dernier coup de coeur... trop envie de le faire partager!



Ne change rien Teaser 1

27 novembre 2011

"tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà."

LES NEIGES DU KILIMANDJARO
de Robert Guédiguian

Bien content de le retrouver, l'ami Robert (...) de retour dans son élément : Marseille, après quelques tours et détours ici et là,ailleurs, plus loin, pas forcément plus intéressants... De retrouver les membres de l'"équipe" originelle (Ascaride, Darroussin, Meylan) en compagnie de quelques nouveaux (Canto, Leprince-Ringuet, Stévenin Jr...) dans une histoire en forme de "retour" donc, à tous les niveaux : retour à Marseille, retour sur soi, retour d'âge, retour de bâton, retour d'affection...

Affectif, c'est peut-être le maître-mot, entre l'amour de Jean-Pierre et d'Ariane, et l'amitié (d'enfance) entre Gérard et Jean-Pierre, deux axes qui sous-tendent une existence pas plus youp-la-boum que la moyenne, juste quand on est  parvenu à un certain âge, avec un certain niveau de vie, une vie, justement, avec juste des hauts et des bas  (le film commence avec un licenciement "à bulletins secrets", se continue avec une scène d'anniversaire, bifurque avec une scène de braquage, rebondit sur une accusation, re-vire sec avec une tempête sous des crânes, etc. ), où ce qui compte avant tout c'est la relation avec les autres, le lien, qu'il soit familial, affectif ou professionnel.
"Petites" gens : pas la misère, non, mais on rame un peu, on s'accroche (le film est d'ailleurs "inspiré" par le poème de Hugo intitulé Les pauvres gens, que, coïncidence, j'avais appris quand j'étais au collège, que j'aimais d'ailleurs tout particulièrement, puisque je peux encore le réciter "l'homme prit un air grave, et jetant dans un coin son bonnet de forçat mouillé par la tempête...", jusqu'à ce dernier vers qui donne son titre à ce post), on avance, jusqu'à se retrouver dans un certain état,  et dans certaines circonstances, où on peut en quelque sorte faire le point, revoir ce qu'on a vécu, ce qu'on est devenu,  à l'aune des paramètres qu'on avait posés lorsqu'on était plus jeune(s), des espoirs, de la lutte, des révoltes... Oui on peut se dire alors "qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ?", en prenant son pastis et en mangeant des cacahuètes, assis sur son balcon.
Cet état, plus ou moins placide de semi-retraite, va subir de plein fouet le choc d'un braquage à domicile (lors d'une soirée entre les deux potes et leurs épouses respectives), qui va soudain bouleverser les existences de ces deux couples d'amis, chacun réagissant à sa façon non seulement par rapport à lui-même, mais "lien" oblige, par rapport à chacun des autres.
La grande force de Guédiguian, c'est cet ancrage indiscutable dans le terreau du quotidien, de la "vraie" vie, et le fait qu'il soit servi par des comédiens au mieux de leur forme (au plus près d'eux-mêmes ?), aussi stupéfiants de justesse que pétris, justement, d'humanité. Tous au diapason, dans un jeu intense, mais comme apaisé, souriant, émouvant comme ce sourire "solaire" d'Ariane Ascaride presqu'à la fin, sur la plage, juste avant le, justement "les voilà...".
Un film populaire (comme "front populaire" plutôt que "chanson populaire"), fort touchant (oui, j'ai pleuré quelques hectolitres), et juste (aïe rouvrirons-nous le débat fumeux : sensiblerie ? démagogie ? irréalisme ? racolage? putasserie ? NON NON NON PAS DU TOUT!)
Un film où pourront se reconnaître pas mal de quarante- et cinquantenaires me semble-t-il... Un film plein d'espoir et de foi en l'autre (et en l'avenir, peut-être en celà serait-il irréaliste ?) qui ne prône pas en tonitruant des lendemains qui chantent, non, juste qui chantonnent, et c'est déjà pas mal...
Welcome back, Robert!
Un très beau moment.

19816052

26 novembre 2011

la musica

L'ART D'AIMER
d'Emmanuel Mouret

Encore un univers très personnel, qu'on retrouve avec grand plaisir. Les incertitudes amoureuses de cet adorable dadais d'Emmanuel M., ces délicieux (et quasi évanescents) marivaudages rohmériens, où l'on parle beaucoup, où l'on cogite encore plus, sans forcément réussir à passer à l'acte. Carte du Tendre que l'on parcourt en hésitant avec des frissons, des doutes, des interrogations, des remords, de bien galante et plaisante (et drôle) façon.
Ce dernier opus (j'avais écrit oups, et c'est vrai qu'il y a de ça aussi!) nous est servi découpé en rondelles, comme un plateau-apéritif portant un assortiment de petits-fours et de mignardises (oui, oui c'est exactement ça), des petites scènes au départ très individualisées, séparées par des intertitres musiqués. On pense au départ avoir affaire à une sorte de catalogue de la déroute (amoureuse), une juxtaposition de vignettes, mais  elles vont, heureusement, au fil du film, devenir poreuses, s'interpénétrer (oh le vilain mot! Chez Mouret on est  galant, attentionné, on est presque prude, on est... fleur bleue ?), certains personnages vont avoir droit à plusieurs vignettes, certains vont même passer de l'une à l'autre, et c'est un vrai bonheur de voir ces microfictions nous parler d'amour.
Non seulement c'est spirituel et enjoué, mais Mouret réussit même à nous mettre en place deux ou trois idées de scénario aussi sublimes (le vendredi soir des deux amoureux, ou bien la rencontre dans le noir complet) que jouissives (osons le mot!)
Un film léger, pas forcément joyeux joyeux (il est beaucoup question de déceptions, mais dans l'ensemble ça finit plutôt bien...) mais doté d'une distribution richement pétillante (les dames chez Mouret sont toujours mieux servies que les messieurs, question personnages, allez donc savoir pourquoi!)  Vous reprendrez bien quelques bulles ?

19820611

 

 

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