les oreilles rouges
INTOUCHABLES
d'Olivier Nakache et Eric Toledano
En sortant de la salle (j'y suis allé dès la première séance, j'ai tout de suite voulu vérifier les sons de cloche sur le ouaibe. Bingo ! Pierre Murat, dans Téléramuche est contre (il en profite pour remettre une couche sur La guerre est déclarée et sur Polisse), Libé l'espédie du bout des lèvres en quelques lignes ("autres films") et les Inrocks qualifient le film de "repoussant". Ce qui n'a fait, bien sûr, que me conforter dans mon opinion : j'ai adoré! Oui, oui, ne chichitons pas et appelons définitivement "plaisir" cette sensation que j'ai éprouvée, même si c'en est un de midinet. J'ai toujours eu énormément de sympathie pour François Cluzet (et peut-être que sans lui, en effet, je n'y serais pas forcément allé), et je ne connaissais pas plus Omar Sy que ça (j'avoue ne pas être a priori un grand fan de son SAV des émissions) mais là, incontestablement, leur duo fonctionne, et dès le début (le film démarre, vraiment, sur les chapeaux de roues). Le ton est juste, et ça fait mouche.
L'argument est connu : le tétraplégique riche et le djeun de banlieue, L'ISF et le RSA, le noir et le blanc, bref l'eau et le feu, le chaud et le froid, les contraires, les antipodes, comme dans les films d'amour ou opposite attracts (sauf qu'ici il n'est question -en tout bien tout honneur- que d'amitié) : tous les oppose et pourtant ils sont ensemble et ça fonctionne bel et bien. Le choc des cultures, le fossé entre les générations, the gap, l'incomptabilité d'humeur, les différences, toutes les différences, et pourtant...
Ca fonctionne, incontestablement, et on y croit, tout aussi incontestablement. Et on les aime, ces deux-là, et on kiffe... Comment ? On kiffe grave!
Le film est alternativement drôle et émouvant, et parfois même les deux en même temps. Je me suis régalé, en ayant tout de même en tête (il faut bien que je prenne un peu de distance, que je me protège, que j'intellectualise) la sensation de savourer un gros chamallow, un truc tout doudoux, un brin régressif, mais tellement agréable, même si on y ingurgite parfois un peu trop de sucre. C'est vrai que tout ça est sans doute un peu (trop) idyllique, un poil (trop) rassurant, un rien (trop) souligné, mais, au bout du compte ça fait tellement de bien, oui, tellement de bien, une jolie et tendre histoire comme ça (surtout quand on apprend que tout ça est basé sur des faits réels.) Je sais, Pierre Murat dirait sans doute que ce n'est pas forcément le but du cinéma, de faire du bien, et pourtant...
Bon c'est vrai qu'on est tous différents (oui oui, je sais, cette phrase semble stupide, mais n'oubliez que ce blog s'appelle Lieux communs...) et que c'est ça qui est bien finalement (la preuve, même dans cette salle, il y avait des moments où des gens s'esclaffaient alors que j'aurais plutôt eu la larmichette, et le contraire aussi à d'autres fois) mais les sourires de tous à la sortie ne faisaient pas de doute : même si on n'avait sans doute pas tous vu exactement le même film (et les mêmes sous-textes), on en a tous profité, exactement de la même façon!
Une belle et tendre comédie.