Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
15 mars 2016

micro156

*
"Octroie-le toi, ce droit!"
(trouvé avec Catherine)

*

Elle est allée rapporter un browning (de type 6.35) au commissariat.

*

"à moins que j'aie rêvé que je ne dormais pas..."

*

"Rose promise, chômedu"
(manif du 09/03/16)

*

bel homme mal rasé,
pantalon taché
passe en crachant
(crache en passant ?)

*

 "à la gaine de moutarde"
(sur le menu du fjt)

*

je  me sens désemparé
face à la colère des autres
(et pas mieux armé
face à la mienne)

*

une recette de tarte fenouil/orange
qui donne envie de l'essayer

*

encore une victoire de l'homéopathie :
le tube d'Opium 9ch est passé à la machine à laver
et ne semble pas en avoir particulièrement souffert.

*

la tarte fenouil/orange : pas mal du tout!
mais pas du tout comme sur la photo de la recette

*

Mauvignier écrit beaucoup plus sérieusement qu'Echenoz.

*

le champion du monde de go a quand même réussi à gagner une partie (la quatrième sur cinq) contre l'ordinateur

*

Tant qu'on parlait de cinéma ça allait mais quand il a commencé à évoquer la ligue des champions je suis resté coi.

*

 

10 mars 2016

le gorille du zoo d'anvers

DES NOUVELLES DE LA PLANETE MARS
de Dominik Moll

Il pourrait s'agir d'un malentendu. Le fait de n'aller voir ce film seulement parce qu'on a entendu à la radio la scène -effectivement très drôle- du "je voudrais que tu m'encules" (je n'invente rien) pourrait prêter à confusion pour le spectateur "moyen". Christine avait eu un fou-rire dans sa voiture en l'entendant à la radio, j'ai eu un fou-rire quand elle me l'a racontée, et je suis donc allé voir l'avant-première à 16h ce dimanche dans le bôô cinéma.
Il y avait en plus pour moi deux autres raisons : Dominik Moll, d'abord, que je suis depuis son premier long-métrage, Intimité, en 1993 (dont je n'ai pas été fichu de retrouver l'affiche sur le ouaibe, je me souviens qu'elle représentait une casserole de lait sur le feu, façon Pellaert, sur le point de bouillir) que j'avais énormément aimé, et que j'ai continué à suivre, malgré, il faut le reconnaître, des engouements divers (Harry un ami qui vous veut du bien, Lemmings, Le moine...), et (la deuxième raison) Vincentchounet Macaigne, bien sûr.
J'ai un problème avec lui, j'en suis bien conscient : comme il m'émeut  (surtout quand il a la barbe) -on va dire ça comme ça...-, je serais capable d'aller le voir jouer dans à peu près tout et n'importe quoi (et non non, je ne m'en lasse pas). J'ai du mal à être objectif quand je le vois. Là il joue Jérôme, un collègue de travail (de François Damiens) un peu borderline, qui ne va pas être pour rien dans l'avalanche de catastrophes qui vont s'abattre sur la jusque là paisible vie du personnage qui donne son titre au film.
La structure même est assez proche de celle de Harry..., Macaigne prenant la place de Sergi Lopez et François Damiens celle de Laurent Lucas, tous deux dans des rôles beaucoup plus "aimables" que ceux du film de référence. Jérôme est un Harry plus gentil, moins retors (mais tout aussi insupportable).
Le film est très hétérogène, et c'est ça qui m'enchante. Soit un personnage, donc, (joué par François Damiens, donc, sobrissime, merveilleusement en sous-régime) lambda ou quasiment, divorcé, deux enfants, HLM, qui a un job stable et sans histoire dans l'informatique, un patron paternel, une soeur "artiste", des parents sont décédés. L'apparente stabilité initiale et rassurante de ces paramètres va être soudain et successivement remise en cause, dans un effet  boule de neige / cyclone dont l'épicentre serait justement le personnage joué par Vincent Macaigne.
Sur le principe du "toujours plus", le film enchaîne donc les emmerdeurs, emmerdeuses et emmerdements divers pour le pauvre Monsieur Mars. C'est plutôt une bonne pâte, qui va être amené à encaisser de plus en plus, et de plus en plus gros, sans vraiment broncher, stoïquement. Pendant assez longtemps. Et on ne lui épargnera pas grand-chose. L'appartement devient comme une culture microbienne de plus en plus pathogène et virulente. On rit des avanies, et on est ému, aussi, à intervalles réguliers, par des très jolies scènes (j'aime particulièrement les parents, Catherine Samie et Michel Aumont) avant de redémarrer, genre grand-huit de l'inconfortable, vers des choses plus grinçantes.
La dernière partie du film est sans doute plus convenue. Parce qu'alors la narration en devient trop linéaire, trop simple(tte). Attendue. Mais même si ça baisse d'un cran dans le plaisir, on reste toujours attentif, souriant,  attendri.  On est content de (re)voir Philippe Laudenbach (en papy gâteux giscardophile, magnifique).
Les Cahiaîs ont fait la grise mine, et rien que pour ça, j'ai envie de défendre très fort le film.

198611

PS : Vincent, tu peux venir squatter chez moi, si tu veux....

6 mars 2016

petit gaël 2

TEMPÊTE
de Samuel Collardey

Il est trop fort, ce Samuel Collardey. C'est son troisième film et demi et ça fait toujours autant du bien. Après le documentaire L'apprenti et le fictionnel Comme un lion, il a souhaité remettre les mains dans le cambouis cinématographique avec un sujet plus fictionnel que son documentaire, mais plus documentaire que sa fiction.
Tempête est l'histoire d'un marin-pêcheur, Dominique Leborne, et de ses deux enfants, Maylis et Mathéo (et de son ex-femme aussi), qui est jouée par le vrai Dominique Leborne et ses deux vrais enfants dans la vraie vie. (Mais, si j'ai bien compris, l'histoire racontée dans le film n'est tout à fait exactement la la vraie histoire de Dom dans sa vraie vie.)
Le boulot de marin-pêcheur n'est pas vraiment vraiment propice à l'épanouissement d'une vie de famille stable, surtout quand on est divorcé, qu'on a en principe la garde des enfants, qui ont préféré venir vivre chez leur père que rester chez leur mère dépressive. La JAF (juge aux affaires familiales) est venue mettre son nez (la mère l'a peut-être un peu aidée) dans l'arrangement  qui avait été mis en place et le remet en cause si Dominique ne modifie pas ses horaires et le peu de temps qu'il passe ainsi près de ses enfants.
Le voilà donc à chercher des solutions, à reprendre des études, à diminuer le temps qu'il passe sur l'eau loin des siens (ce qui visiblement lui coûte), à faire des projets, à tenter de mettre en place des financements pour se payer un "ptit bateau" dont il serait le commandant, ce qui lui permettrait de rentrer tous les soirs. Les paperasses s'entassent, mais le banquier fait grise mine, il manquerait un apport personnel. Dominique s'entête, s'endette encore plus, fait des économies, rame, et continue de se démener.
Un marin ne reste jamais (trop) longtemps sur la terre ferme ? Et c'est ce qu'on va voir...
Samuel Collardey aime les gens, et nous montre combien en les filmant passionnément. Sa caméra est très proche d'eux, amicale, affectueuse. C'est très touchant. le cinéma "social" au sens strict, en tant que tel n'est pas forcément mon style de cinéma préféré. La mention "d'après une histoire vraie" ou "inspiré de faits réels" (qui n'apparaît d'ailleurs pas ici) n'est pas du tout pour moi un gage d'intérêt, bien au contraire. Il y a besoin d'une identité forte derrière la caméra, de choix affirmés. Et Samuel les a. Avec, toujours, ce lien fort entre l'adulte et l'adolescent, le thème de la transmission (de l'apprentissage), des rapports père/fils (et ici, aussi, père/fille), du partage de la complicité (où se répartissent équitablement les fous-rires et les coups de gueule). Un cinéma très humain, très près du réel, mais portant en lui la part de rêve qui se déplie et claque comme une belle caravelle qui filerait dans le vent.
Du cinéma passionnant, simplement, sans doute, parce que passionné. (Et c'est à chaque fois un grand plaisir de dialoguer avec le réalisateur, quand il vient nous présenter son film, dans le bôô cinéma (rendez-vous est pris le dimanche 13 mars, à 20h30)

027752

 

5 mars 2016

ou à la trinité

SAINT AMOUR
de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Ouf. On revient de loin. A la fin du film (et du voyage), on a le sourire. Heureusement. Le début du film est... laborieux. Ca ne fonctionne pas. Ni le jeu, ni les dialogues, ni la mise en scène. Ca sonne faux, comme ça joue. On sourit de temps en temps en temps, mais on se demande comment ça va bien pouvoir continuer. On a l'impression d'avoir deux films différents, qui cohabitent sans jamais se recontrer. Un père, d'un côté,  qui amène son taureau de concours au salon de l'Agriculture (ou un truc du genre) et qui cherche son fils, et de l'autre un hurluberlu qui va de stand de pinard en stand de pinard  pour bien se biturer et profiter à fond du premier jour de son unique semaine de vacances annuelle, à "faire la route des vins sans quitter le Salon"...  C'est très moyennement drôle. Sur-jeu, dé-jeu, anti-jeu, on a pendant un certain temps pas mal de raisons de se plaindre et/ou de ronchonner... Depardieu s'applique, Poelvoorde en rajoute, on en est un peu mal à l'aise. Et soudain les voilà dans un taxi, qui partent en voyage. Etrangement (face à ces deux "grosses pointures"), c'est leur chauffeur, Vincent Lacoste qui s'en sort le mieux. Peut-être juste parce qu'il en fait juste ce qu'il fautn'en fait pas des caisses. Le trio cahote jusqu'à une maison d'hôtes pour y passer la nuit. Le propriétaire en est joué par Michel Houellebecq. ca fait plaisir de retrouver la présence décatie et chuintante de celui qui fut le héros du précédent Near death expérience. mais on repart, toujours en cahotant (on pourrait rajouter "en roue libre") avec nos deux relours ricanant à l'arrière du taxi. On continue d'être un peu gêné. le film fait l'apologie du pinard et des bons crus (non il n'y a pas de contrepèterie), et semble faire avec les femmes un genre de parallèle (du bonheur, oui, mais quand elles sont "bonnes"), et ça donne un discours sacrément misogyne, ou phallocrate... "Le problème avec l'alcool" et "le problème avec les femmes". La silhouette de Blier (Bertrand) pourrait presque passer très loin là-haut dans le ciel (on y reviendra d'ailleurs) en croassant tutélairement.). Je passerai notamment sous silence une scène presque pénible avec Ovidie (ex-star du X m'a-t-on dit) en employée d'agence immobilière dont on espèrait qu'ils allaient jouer le contre-emploi et ne lui feraient, justement, pas tourner une scène de cul, mais non. Dans le fauteuil, je commence à me ratatiner avec de plus en plus d'inquiétude(s).

Et puis arrive, enfin, une scène "juste" (ou, juste, qui fonctionne) avec, pourtant,  Poelvoorde qui se réveille en robe de mariée et perruque vert fluo, on aurait pu craindre le pire, et on se dit que, voilà, justement ça c'est vachement bien, et qu'il faudrait que ça continue comme ça. On se sent repris par la main, on y retourne, on s'y intéresse à nouveau, et on a raison, parce que ça va aller de mieux en mieux. Il y aura encore pas mal de bouteilles, et pas mal de femmes aussi (certaine traitées mieux que d'autres -on aurait souhaité à chacune un passage simplement radieux, comme celui accordé à Chiara Mastroianni-) mais en tant que spectateur on est désormais du bon côté (et pas du tout parce qu'on voit que le temps passe et qu'on pourrait se réjouir parce que ça sera bientôt fini, pas du tout) le pourcentage scènes pénibles / scènes réussies s'est complètement inversé, et on est (je suis) de plus en plus heureux au fil des litrons, des rencontres, et des conversations. De très jolies idées fusent et s'allument et clignotent au fil du périple (la chambre 208, les coups de fils à "ma douce", les 10 étapes de l'ivresse -au terme desquelles Benoït Poelvoorde a le courage d'initier la série des FAPTPQV -film à pauvre toute petite quéquette visible-) avec encore quand même d'autres moins bonnes (d'idées) -les rencontres féminines de Mike sont quand même moy-moy, par exemple-. Et le film gagne en longueur (en bouche) au fur et à mesure qu'il gagne en justesse (en simplicité ?)

Et l'ombre alors de Blier qui précédemment planait très haut là-bas dans le ciel fait soudain un piqué Fsjjjjjj! (je ne sais pas quel bruit fait exactement le piqué d'un oiseau de grande envergure, mais Fsjjjj! me semble pas mal.) et atterrit dans le film, là, juste sous nos yeux. Il s'agit de la rencontre avec Céline Sallette, en rousse Vénus, une histoire d'oeuf, puis d'omelette, puis d'oeufs à nouveau, où on se sent bien, où tout est en place, en phase , jeu situation et dialogues. Céline est un peu triste, comme souvent (mais là elle ne boit pas de bière ni ne zone) et elle sollicite le concours des trois hommes, (et pas juste "pour  porter une armoire"...) qui le lui prêtent de bonne grâce (avec chacun celle qui lui est particulière, de grâce, si on veut appeler ça comme ça) et ça continue d'être miraculeusement bien.

De retour juste le dernier jour in extremis au Salon d'où est parti -et c'est l'occasion d'un petit discours qui me fait même ô joie venir un peu les larmes aux yeux, mais moi c'est comme ça dès qu'il est question de papa, ça me touche déjà a priori- et la boucle est bouclée, enfin pas tout à fait, juste avant un épilogue encore plus idéaliste/irréaliste (Blier Bertrand ferait flop flop avec ses grandes ailes en repmontant tout là-haut dans le ciel avec un sourire attendri) dans le meilleur des mondes agricoles et familiaux et youp la boum.

et je sors de là ravi.

479468

4 mars 2016

post paris cinq

... en terminant par ceux que j'ai "vraiment vraiment beaucoup beaucoup aimé" (le meilleur pour la fin) :

CE SENTIMENT DE L'ETE
de Mikhael Hers
C'est celui que j'ai voulu voir en premier. J'avais adoré son Memory Lane (et j'avais même acheté le dvd, au prix fort). Celui-ci parle aussi de jeunes gens et de leurs états d'âmes, avec une distribution cosmopolite et chic : Anders Danielsen Lie (celui de Oslo 31 août), Judith Chemla (découverte, pour moi, chez Noémie Lvovsky), Marie Rivière et Féodor Atkine (qu'on ne présente plus), Josh Safdie (un des deux frangins réalisateurs américains) -et on a même droit à une apparition duelle du très cher Jean-Piere Kalfon-, pour une histoire de deuil et d'amour en trois parties (à Berlin, à Paris, à New-York, très classieux aussi), un film doux et mélancolique, automnal dans le ton même s'il se déroule pendant trois étés. Etats d'âme, tentatives, suppositions. Un jeune homme a perdu sa copine, il rencontre les parents et la soeur de celle-ci. Des liens se nouent. Comment vivre, continuer à vivre, être capable de. Le temps passe, on se rapproche, on s'éloigne, on se souvient. J'aime énormément ce travail à petites touches, cette attention, cette délicatesse.

406500

DIEU MA MERE ET MOI
de Federico Veiroj
On avait programmé son film précédent La vida util, lors d'une précédente semaine latino (il est uruguayen) et l'on escomptait donc projeter celui-ci en avant-première lors de la prochaine (du 23 au 29 mars, re). Las! S'il l'est toujours (uruguayen), il est allé tourner ce film en Espagne et donc c'était non (à ma grande déception). HEUREUSEMENT nous est parvenu (entregent) un carton nous prévenant des projections de presse, et les dates collaient! Mercredi 10h30, j'étais donc au Club de l'Etoile, piaffant. La vida util était un drôle de film, qui ne ressemblait pas à grand-chose, celui-ci persiste dans cette voie. Un jeune homme barbu (et ma foi fort joliet) a décidé de s'apostasier (de renier la religion catholique en se faisant rayer des registres) et va pour ce entreprendre un long chemin de croix, semé d'embuches et de chausse-trapes. Le film est une lettre qu'il écrit à un de ses potes, en Uruguay. Il dort, pas mal, il rêve aussi, beaucoup, il fait des cochonneries avec sa cousine entre deux visites au clergé. Le film est tout sauf rectiligne, et c'est ce qui fait son charme : sa folie douce, qu'on ne perçoit pas forcément tout de suite. J'ai vraiment adoré ça (et ça n'a absolument rien à voir avec le fait que ce soit un FAQV...).

311775


L'HISTOIRE DU GEANT TIMIDE
de Dagur Kari
Celui-là aussi, je l'avais coché, programmé. Islande, Dagur Kari (Noï albinoï), feel good movie, prix d'interprétation, forcément ça faisait pas mal de titillances. Le titre ne ment pas, ce gros monsieur doux est vraiment gigantesque (le titre original est juste son prénom : Fusi), il vit avec sa mère -en train de se remettre en ménage-, il travaille comme bagagiste à l'aéroport et se fait régulièrement chambrer (plus ou moins méchamment) par ses collègues, il a une vie tristounette et maniaquement réglée qu'il vit sans se plaindre, jusqu'à ce qu'y débarquent, chacune de son côté,   une fillette qui vient d'emménager avec son père juste à côté de chez lui et une femme (qu'on qualifiera d'"instable") qui lui demande un soir de tempête de la raccompagner chez elle et l'invite à boire un thé, (qu'il refusera, il ne boit que du lait). Et la vie minutieusement réglée au quart de poil de Fusi va voler en éclats. un récit d'apprentissage, mais décalé dans le temps (comment on abandonnerait soudain l'enfance à la quarantaine) et j'ai délicieusement eu la larme à l'oeil.

410985


JE NE SUIS PAS UN SALAUD
d'Emmanuel Finkiel
Et celui-là, donc, comment je l'attendais ! Emmanuel Finkiel, c'est le réalisateur de Voyages, que j'avais en son temps adoré, et Nicolas Duvauchelle c'est cet acteur un peu tout tatoué depuis le dos -mais qu'y a-t-il donc d'écrit ?- jusqu'au poignet droit et pour qui j'ai une certaine tendresse (Polisse, Happy few, White Material) -et une attention certaine- pour la finesse de son jeu. Ici il joue Eddy, un mec un peu largué, bourrin, qui a un jour plaqué sa femme et voit régulièrement son jeune fils Noam, qu'il fascine. Une vie de galère, laborieuse (le film débute lors d'un stage "de réinsertion") au  sens propre, qui évoque d'ailleurs celle du Vincent Lindon de La loi du marché. Un soir, Eddy est pris dans une altercation, puis une bagarre qui le laisse salement amoché, et va être amené par la police à tenter de reconnaître un de ses agresseurs, dont il n'a entendu que le prénom, Ahmed. Sa vie va basculer à partir de ce moment-là, dans un genre d'engrenage inéluctable. Emmanuel Finkiel filme cette vie, ces vies (il y a aussi son épouse, jouée par Mélanie Thierry), et en s'attachant de près à ce personnage de looser soudain reconsidéré, extraordinairement porté par Nicolas Duvauchelle  Il porte le film héroïquement, et le réalisateur capte au plus près chacune des nuances de son jeu, en y mettant juste, régulièrement,  une certaine distance, celle magnifique des vitres et des reflets qu'elles génèrent...

498597

 

3 mars 2016

post paris quatre

(c'est bien le cinéma, ça m'occupe au moins deux fois : quand je vois le film et quand j'écris le post!)

... puis ceux que j'ai "vraiment beaucoup aimés" :

PEUR DE RIEN
de Danielle Arbid
J'y suis allé... au petit bonheur. Et j'ai bien fait. Dès le générique (un piano mélancolique où je reconnais illico Bachar Mar Khalifé) je m'y sens comme chez moi. Pourtant, cette histoire d'une jeune libanaise (Manal Issa, touchante -et remarquable- pour sa première apparition au cinéma) , débarquée en France pour y faire ses études et prête à tout pour y rester, ne commençait pas sous les meilleurs auspices  : tripotée par l'oncle hébergeur, puis en fuite (et à la rue) sans un sou, elle ne survit que grâce à une copine de fac (à qui elle a volé son porte-monnaie), et son histoire va se construire au fil des rencontres qu'elle va faire, plus ou moins heureuses... Mais son désir de "réussir" est tellement fort qu'elle va s'arc-bouter et rebondir d'épreuve en épreuve (c'est un "film d'apprentissage", qu'on pourrait situer entre Prête à tout (mais en moins blonde) et Rosetta (mais en caméra plus stable) avec obstination,  jusqu'à l'arrêt sur image final (souriant). La reconstitution des années 90 est plaisante, ainsi que le survol du catalogue de ses rencontres (un play-boy friqué, des royalistes, un musico/dealer, une prof d'art charismatique -Dominique Blanc, somptueuse-, un avocat "gauchiste", son fils agitateur, etc., on a même droit à une apparition d'Orelsan, cherchez bien). Les choix musicaux de la réalisatrice me raviront jusqu'au bout, puisqu'on aura droit, sur le générique de fin à une version masculine de  Pendant que les champs brûlent (que j'aime beaucoup par ailleurs -j'ai cherché, le monsieur s'appelle Thomas Winter-). On ne voit absolument pas passer les deux heures.

291093



ANOMALISA
de Charlie Kaufman et Duke Johnson
Je connaissais le nom d'un des réalisateurs, je connaissais le procédé, j'avais vu l'affiche louangeuse, et je n'avais que l'écho plutôt tiède de Jean-Luc, mais j'y suis allé. (avec la carte illimitée, on hésite beaucoup moins...) C'est vraimennt surprenant (je ne savais rien de l'histoire).Un quadragénaire moy-moy débarque dans un hôtel moy-moy pour y passer la nuit, avant une communication qu'il doit faire le lendemain lors d'un colloque (il est l'auteur d'un best-seller : Comment vous aider à les aider ?). Tous les personnages  ont la particularité d'avoir le visage comme composé de plusieurs pièces, mais, surtout, -on le réalise assez vite, après un générique très vocal, ils ont tous la même voix, excepté le héros (qui a celle de David Thewlis) et l'héroïne (qui a celle -bonheur- de Jennifer Jason Leigh). On finira par comprendre pourquoi, à la fin de cette longue nuit (et du jour qui va suivre), dans un univers de plus en plus anxiogène (on pourrait être chez Philip K. Dick) et déstabilisant. Une expérience magnifiquement troublante (en plus -petit bonheur mais ça compte- c'est, me semble-t-il, le premier film d'animation AQV...) pas joyeuse-joyeuse mais bon.  A voir et re-, donc.

163293


BEIRA-MAR
de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon
Celui-là j'y suis allé par sollicitude (et inquiétude ?). on l'a programmé dans notre semaine latino, les criticounettes recueillies n'en ont pas été très entousiastes, et je réalise, alors que c'est son jour de sortie, que non seulement il n'est programmé que dans une seule salle parisienne (le MK2 Beaubourgchounet) mais que la salle en question est la 6 (qui doit faire la taille de mon salon) ! Salle qui était relativement bien remplie pour cette séance. Et le film commence, et c'est plutôt bien. et ça continue, et c'est de mieux en mieux... Et je me dis que les critiques sont des idiots (ou des hétéros trop pur-jus). Deux adolescents, donc. Des potes. Martin et Tomasz. l'un a "des trucs à faire" avec son (ex- ?) famille, au bord de la mer, et il invite l'autre à l'accompagner. C'est l'hiver, plage froide, vide. Et les deux ados font donc des trucs d'ados. C'est simple, touchant, plaisant (les réalisateurs disent qu'ils se sont basés sur leur propre expérience), il est question d'homosexualité, de désir, de jeu, mais ce n'est pas si important que ça... oui, tout simplement. Et j'aurai grand-plaisir à retourner le voir (lors de notre semaine latino n°5, du 23 au 29 mars) sur un "vrai" écran (puisqu'il est ici question de virilité, rajoutons "de taille convenable" hihihi). Comment dit-on "une excellente surprise" en brésilien ?

136601

ZOOTOPIE
de Byron Howard & Rich Moore
Il n'y a que les imbéciles... je n'avais absolument pas prévu d'y aller, et puis il y a eu d'abord Zabetta qui m'en a parlé enthouisasmesquement, puis Malou, qui venait d'y aller avec sa petite-fille et qui m'a dit avoir adoré (et la petite-fille aussi)... DONC le lendemain matin, j'y suis allé. Bonne salle (UGC Les Halles, pas trop de monde, quelques parents avec enfant, des ados, deux trois isolés, j'étais rassuré, m'étant déjà imaginé vu comme un pervers pépère au beau milieu d'une salle remplie de milliers d'enfants). C'était la première fois que je voyais dans ce ciné un film étranger en vf (il eut fallu attendre jusqu'à 22h30 pour la séance en VO). Et je n'ai plus eu qu'à me laisser porter, pour suivre l'histoire de cette lapine qui veut devenir la première lapine-flic, dans un pays merveilleurx où tous les animaux cohabitent (prédateurs et prédatés) en bonne entente et sans souci de se faire boulotter (ils mangent des légumes et des insectes, me semble-t-il). Ladite lapine, aussi déterminée à réussir que la jeune fille de Peur de rien, va faire équipe avec un renard, avec qui, bien entendu, elle va finir par devenir pote. C'est drôle, c'est tendre, c'est youp-la-boum, j'adore. Mes copines avaient raison : ce film est un grand bonheur, à la fois pour les kids et pour les adultes, avec un "deuxième niveau de lecture" assez délicieux  (j'ai un faible pour la scène des fonctionnaires et pour le personnage du léopard qui est planton au commissariat -dont la gayitude qui ne fait pas de doute est cependant montrée avec finesse et tendresse...- c'est lui le joufflu qu'on voit en bas à droite de l'affiche.) Du bonheur, vous dis-je!

280851

(à suivre et à finir)

2 mars 2016

post paris trois

... puis ceux que j'ai "beaucoup aimés"

PEACE TO US IN OUR DREAMS
de Sharunas Bartas
Ca faisait longtemps que je n'étais pas venu rire aux éclats devant les images de notre ami lituanien (je plaisante). J'ai vu de 1994 à 1997, Corridor, Few of us, The house, des mètres-étalons de la tristesse et de l'incommunicabilité, puis plus rien pendant très longtemps. Il revient ici avec un film "familial" (y figurent sa fille et  -fugitivement- son ex-femme) mais tout aussi triste (le mot est faible). Un cinéma fascinant, dans le clivage qu'il instaure entre l'élément humain (le doute, la violence, l'inquiétude, les bitures, les cris) et le monde dans lequel il s'insère (les scènes d'extérieur sont  d'une beauté extrême). Un film à revoir, sans hésitation (oui oui vous l'avez sans doute deviné, j'y ai un peu dormi) mais incontestablement c'est en plein dans la mouvance du "cinéma" que j'aime, qui prend son temps, qui malaxe la durée, l'étire, la reprend, qui s'offre et se refuse à la fois, avec peut-être juste un bémol par rapport aux dialogues que j'ai trouvés parfois un peu redondants/philosophico/mystiques, comme coincés entre, disons, Bergman et Tarkovski. Aussi désespérément sérieux que sérieusement désespéré. Superbe.

158958

LE TRÉSOR
de Corneliu Porumboiu
Celui-là je l'avais déjà vu en prévisionnement (non, à Entrevues, je viens de vérifier) et  j'ai eu beaucoup de plaisir à revoir. C'est... oui, très roumain : un jeune père de famille se laisse persuader par son voisin de lui prêter 800€ pour localiser un trésor que  son grand-père aurait caché dans son jardin...  Ils y vont. Un film en équilibre sous le double signe de Robin des bois et de l'histoire (plus ou moins récente) de la Roumanie. Jusqu'à un final irréalistement réjouissant. C'est pourtant assez simple, comme dispositif : des mecs qui discutent dans un appartement, puis des mecs qui discutent qui fument et qui creusent (et qui s'engueulent) dans un jardin, puis les mêmes dans un commissariat à quatre heures du mat'... Mais c'est suffisant pour aborder beaucoup plus de sujets que ça en aurait l'air. Avec, toujours, ce ton très particulier que j'adore : humour à froid (en creux, plutôt, car le trou est profond...)., simplicité du trait, sècheresse de l'anecdote. Porumboiu (12h08 à l'est de Bucarest, Policier adjectif, Métabolisme) continue de mériter l'admiration que je lui voue. Rapeux comme une barbe de trois jours ou une brune sans filtre. Tonique et réchauffant comme cette liqueur aux herbes récemment découvertes dans le film d'Orelsan.

373241



EL CLAN
de Pablo Trapero
Celui-là me faisait un peu peur, de par son sujet. On avait famillé le programmer dans notre semaine latino, mais lui a été préféré l'avant-première de Eva ne dort pas (merci encore Pyramide!). Le film est effectivement aussi raide que je le craignais, et m'a laissé une inconstestable sensation de malaise à la sortie (et de tension pendant la projection). Dans les années 80, en Argentine, un père de famille (notez que je ne l'ai pas doté du "brave" qui va normalement dans l'expression, c'est exactement le contraire), avec l'aide de ses fils, a monté chez lui une florissante entreprise d'enlèvements, de séquestration d'otages, et de meurtres... Le film suit le père et, plus précisément, un des fils, joueur-vedette dans l'équipe de rugby d'Argentine (Los Pumas), et la fluctuation de ses sentiments... Le film est d'autant plus éprouvant que le réalisateur booste sa réalisation par un montage nerveux (plusieurs scènes cruciales sont en montage alterné particulièrement féroce) et une musique parfois cruellement ironique. Le personnage du patriarche est terrifiant. (mais le film est  malin, car, dès le début, on sait comment ça se termine, ou presque).

    399699

(à suivre)

1 mars 2016

post paris deux

... ensuite les films que j'ai "bien aimés"(= "c'est bien mais...")


AVE CESAR
de Joel et Ethan Coen
Les Coen chéris-chéris nous livrent enfin ce nouveau volet de "la trilogie de la connerie" (me semble-t-il). Comme l'annonçait la bande, justement, -annonce, on y voit du beau monde, dans une histoire passablement loufoque et possiblement n'importe quoi, prétexte pour les brothers de démontrer leur(s) talents(s) pour parler du cinéma en général et de son âge d'or hollywoodien en particulier : péplum, ballets aquatiques, claquettes de marins, western, polar, guerre froide, comédie, les reconstitutions (reproductions) sont savoureuses et plaisantes à regarder, et justifient amplement le visionnement du film. Ce n'est pas totalement inoubliable (ni complètement surprenant) mais un "petit" Coen vaut mieux que deux tu l'auras de qui je ne nommerai pas (il y en a trop)

562676

LES FILLES AU MOYEN-ÂGE
d'Hubert Vieille
L'occasion a fait le larron : au Reflet Médicis j'étais, et j'y suis donc resté pour la séance suivante, pour ce film dont je ne savais rien (il me semblait qu'Hervé l'avait évoqué) pour une séance qui, à ma grande surprise, a rempli la salle (petite) dans sa totalité (une vieille revêche a même dû venir s'assoir à côté de moi, dernière place - Caliméro- restante). Un film plaisant, avec Michael Lonsdale en papy-rugby qui va raconter à ses petites filles, déçues que les garçons préfèrent jouer à la console plutôt qu'avec elles, un livre intitulé "les filles au Moyen-Âge" qui raconte la place des femmes dans l'histoire, illustration en sera donnée par des scènes en noir et blanc uniquement jouées par des enfants. C'est plaisant, c'est plutôt drôle, les gamins assurent comme des mini-pros (les filles autant que les garçons) même si ça s'essouffle un peu vers la fin. Curieux.

014766

MYSTERIOUS OBJECT AT NOON
d'Apichatpong Weerasethakul
Le premier film d'Apichatpongounet, en séance du matin et en copie restaurée (oui, c'est drôle, je l'avais chez moi, en cadeau avec le dvd de Blissfully Yours et je ne l'avais jamais vraiment complètement regardé...). C'est... pas mal (on y retrouve en germe ce qui fera la délicieuse singularité des films suivants) mais le support a un peu vieilli, l'état de la copie laisse un peu à désirer, et donne surtout envie de courir revoir les autres, les "vrais". Oui oui, c'est vrai, je me suis d'ailleurs un peu laissé aller (endormi) en me disant que de toute manière je pourrais le revoir chez moi... Aux amateurs d'exhumation(s) de curiosité(s), je proposerais donc Les aventures d'Iron Pussy réalisé du même Apichatpongounet, réalisé encore avant, et encore (beaucoup) plus atypique...

259241

PREJUDICE
d'Antoine Cuypers
Sorti il n'y a pas très longtemps, et pourtant déjà dans les limbes de la diffusion (une pauvre séance quotidienne au Bastille, que j'ai découvert par la même occasion). Ce qui m'y a attiré c'était le "couple" Nathalie Baye/Arno, (et il y a avait aussi Ariane Labed et Eric Caravaca) pour ce qu'on annonçait comme une histoire de famille à la Festen. Effectivement un film "de famille", en huis-clos (et donc théâtralement) avec une révélation : Thomas Blanchard, en fils qui règle ses comptes dans une atmosphère qui devient de plus en plus lourde. Et délétère. Nathalie Baye est face à lui, aussi impeccable qu'implacable, et on peut juste regretter qu'Arno en papa ait à défendre un personnage un peu moins intéressant. (Caravaca et Labed aussi). De très belles scènes (celle de l'averse, par exemple), mais peut-être finalement un certain systématisme (surtout vers la fin) du procédé. On se sent asphyxié -c'est l'effet voulu- mais on a de plus en plus de mal à reprendre son souffle.

271728


NAHID
d'Ida Panahandeh
Dernier film du séjour, un film iranien dont les critiques ne manquent pas de souligner la similarité avec Une séparation (bruit de tiroir-caisse ?) mais qu'on pourrait aussi rapprocher de Noces éphémères (qu'on avait projeté dans le bôô cinéma, en présence, d'ailleurs de son bôô réalisateur). Un beau portrait de femme, réalisé par une femme. Une femme et son fils, coincée par la promesse qu'elle a fait à son ex-époux (une rareté, une iranien frisé comme un mouton, et presque rouquin) de ne pas se remarier en échange de la garde de son fils, et qui rencontre un joli veuf doux à lunettes (une rareté aussi dans la population mâle iranienne portraiturée dans le film) et est donc tiraillée pour savoir quoi faire (ce qui est possible, ce qui légal, ce qui est autorisé, ce qui est tolérable) dans une société iranienne toujours aussi raide dans ses codes. Nahid se bat avec une belle énergie (pour l'argent, pour le loyer, pour le fiston) mais elle rame (et le film aussi, parfois). Très beau travail sur l'image, tonalités choisies, plages froides, mais bon je me suis ennuyé quand même un peu. (alors que la critique encense et ding-ding-dongue laudativement avec une -trop ?- belle unanimité.)

472286

(à suivre)

29 février 2016

post paris un

Bon, 23 films à chroniquer, même quand on est retraité et/ou enthousiaste, ça fait beaucoup de lignes en perspective (et beaucoup de temps de lecture aussi!)  alors on va y aller calmement...
D'abord ceux que je ne chroniquerai pas (ou presque) :

DEADPOOL ("trop de baston", la bande-annonce m'avait fait envie, mais le film ne va pas jusqu'au bout de son idée -le super-héros qui apostrophe le spectateur et lui dit des horreurs en ricanant- pour retomber juste dans le travers de ce genre de bourrinades), LA TOUR 2 CONTROLE INFERNALE ("trop bêta", dans la salle, c'était comme à la lecture des Brèves de comptoir, personne ne riait au même moment -j'ai quand même ri plusieurs fois mais l'humour neuneu m'est pénible, enfin, celui-ci-), LES NAUFRAGÉS (trop "raplapla", pas grand-chose à en dire, "comédie" formatée, inoffensive, ça sent le film alimentaire, Auteuil et Stocker comme qui dirait cachetonnent, oublions ce fourvoiement..), PATTAYA ("trop lamentable" -ou trop ado ?- j'ai vu ça dans une salle pleine où les jeunes semblaient kifer, et que les vieux quittaient... (la salle) : "De leur côté, les amateurs de lancers de nains, de vues salaces, de vannes racistes, machistes et homophobes, seront aux anges. On touche le fond !" (La Voix du Nord)... Je suis assez d'accord avec leur critique.

puis les "déceptions"...

Je ne m'étendrai pas trop sur

HOMELAND 2 de Abbas Fahdel que j'ai trouvé beaucoup trop long (2h55), étant de plus très mal assis -mon siège était un peu cassé et je ne pouvais pas bouger- dans une petite salle archi-bondée du MK2 Beaubourg, et j'ai eu du mal à rester concentré et je m'y suis donc ennuyé, je crois d'ailleurs que je suis parti un peu avant la fin (mais  j'avais vraiment très faim) et d'ailleurs j'ai le dvd à la maison -clic clic entregent- je reprendrai donc ça à tête reposée, sur mon canapé je serai mieux...

puis deux films avec soirée événementielle à la clé (et donc salle comble) :

PARIS NOUS APPARTIENT de Jacques Rivette (1959) : 2h07 au compteur, en noir et blanc, une musique "contemporaine" qui a beaucoup vieilli (un son un peu pourri d'ailleurs), une salle donc, comble, et des fauteuils pas très confortables n'incitant ni à l'endormissement ni à l'étendage de jambes, pour une histoire trèès -déjà- rivettienne, de metteur en scène (Giani Esposito) qui veut absolument monter une pièce -de théâtre- et, d'autre part, d'un complot à l'échelle planétaire dont on ne saisit ni les tenants ni les aboutissants : morts mystérieuses, femme mystérieuse, dialogues mystérieux, pneumatiques mystérieux, mon dieu (bâillement) que de mystère(s) et oui voilà, je me suis copieusement ennuyé, béotien que je suis...

18465884

NO HOME MOVIE de Chantal Akerman : à l'avant-première duquel, appâté par la présence annoncée de Nathalie Richard, j'avais convié Pépin et Coralie. 2h07 au compteur aussi, salle comble aussi (dans un MK2 Beaubourg des grands jours ), et, comme la veille hélas, je me suis copieusement ennuyé... Chantal A. évoque sa relation avec sa mère, via des scènes familiales ("domestiques") filmées "sur le vif", on voit l'amour qui les unit et la dame qui décline progressivement. Scènes auxquelles Chantal Akerman a rajouté (intercalé) des prises de vues dans le désert, en voiture ou pas, brutes et brutales (le film commence par un impressionnant plan fixe d'arbuste secoué par le vent). C'est très long (et très formel). C'est très intellectuel (le film devait être au départ une installation, nous a confié la monteuse qui venait présenter le film) et P. et C. l'ont perçu de la même façon que moi. La critique parisienne est unanime et louangeuse (et pâmée). Est-ce dû au fait que Chantal Akerman se soit suicidée ? C'est,en tout cas  pour moi, trop radical.

 101104

 

(à suivre)

 

16 février 2016

pénicilline

LES INNOCENTES
d'Anne Fontaine

Les couvents au cinéma... des plus allumés (Dans les ténèbres, Contes Immoraux) au plus épuré (Thérèse) en passant par les plus rigoureux (Au-delà des collines) ou sulfureux (La religieuse et son remake du même nom) le thème n'a pas manqué d'inspirer les cinéastes (voilà une phrase très "lieux communs", non  ?). Celui qui nous intéresse aujourd'hui s'inspire de faits réels (ce qui n'est pas forcément attirant pour moi quand je vois ça en ouverture), une bien triste histoire de nonnes violées par des soldats soviétiques, en 1945.
Je dois dire que j'y allais un peu en mission, mandaté par Hervé pour vérifier si ça parlait polonais, et dans quelle proportion (tous les deux ans, nous devons trouver un film polonais, dans le cadre d'un jumelage, c'est comme ça...) je n'en avais pas plus envie que ça (ah si quand même, pour voir quel rôle pouvait bien y jouer Vincent Macaignechounet)

J'ai donc été attentif : les polonais parlent polonais, les français le français (et même les russes le russe), tout ça va donc plutôt bien, à part le fait qu'il y a quand même un  pourcentage étonnant de nonnes bilingues (tri-, même puisque elles pratiquent aussi couramment le latin), au moins quatre, si mes souvenirs sont bons...)Tout ce qui est au couvent ou presque est en polonais, et tout le reste (ce qui se passe à l'extérieur, que ce soit au boulot ou même en gaudriole -à en être toubib on n'en est pas moins homme...-) en français (avec un poil de russki dans une scène déplaisante).

Ces religieuses polonaises vont être épaulées (même si ce n'est pas vraiment à cet endroit que ça se passe) d'abord par une interne française, une demoiselle qui bosse à la Croix-Rouge (Lou de Lâage, c'est follement classe, ce nom) puis, aussi, par le médecin qu'elle assiste (et auquel elle cache tout dans un premier temps), et c'est... Vincenchounet, bien sûr! Barbe et cheveux courts, très propre sur lui comme on pouvait l'être en kaki et en 1945, mais toujours avec ses yeux de chien battu et cette voix cassée qu'on n'a pas envie de recoller... Et un certain humour aussi, dans ce qu'il fait, et dans ce qu'il dit. Il joue un peu au  cornichon, oui,  il est en quelque sorte le condiment de ce plat franco-polonais que pourrait être le film. Il l'assaisonne. L'histoire en est épouvantable, et le traitement  attentif mais quelque peu austère que lui accorde Anne Fontaine aurait pu facilement basculer dans le trop glacial trop amer.

Les relations entre Lou de Lâage et Macaignou sont donc un contrepoint bienvenu qui rééquilibre le film, qui l'adoucit, qui l'allège (Vincent M en édulcorant, hihihi). Car tout ce qui se passe à l'intérieur du couvent (avant, pendant et après) est, il faut le reconnaître, plutôt plombant : les viols, les grossesses, les accouchements, les doutes sur la foi, les tiraillements entre la soumission et la désobéissance, les mensonges, rien n'est épargné à ces pauvres nonnes. A ce monde clos et rigide s'oppose la réalité "contemporaine" de l'extérieur qui n'est pas non plus jolie jolie : hôpital militaire, présence soviétique menaçante, immédiat après-guerre... Et il est agréable de voir se mettre en place, très progressivement, les liens de confiance réciproque (l'humanisation) qui vont permettre la mise en place d'une solution inespérée...

213105

L'affiche fait un peu penser à Ida (qu'on avait d'ailleurs un moment pressenti pour une programmation précédente du même jumelage franco-polonais) etle traitement magnifique de l'image du film (Caroline Champetier) pourrait accentuer encore cette comparaison. Mais -la Pologne / la neige / les religieuses- les similitudes s'arrêtent là. bizarrement, j'ai surtout pensé à La vie et rien d'autre de Tavernier, parce que la guerre, parce que les médecins et les infirmières, et parce que l'histoire d'amour entre Noiret et Azéma, et parce que, réflexion faite, c'est peut-être ça qui me gène, justement, le fait que la greffe entre l'histoire des religieuses et l'idylle Macaigne / de Lâage ne "prend" pas vraiment, et déséquilibre un peu le film... (En même temps, si elle n'y était pas, tout ça aurait été proprement asphyxiant, insupportable...) On a deux trames narratives parallèles, une majeure et une mineure, le drame ici et le marivaudage là, (avec l'exquise Lou de Lâage qui fait le joint) et on passe de l'une à l'autre, comme on sautillerait dans un escalier. Et peut-être, du coup, me suis-je davantage (j'avais écrit "d'aventure") intéressé aux roucoulades "prosaiques" qu'aux états d'âme liturgiques (les mystères de la foi me restent fort étrangers je dois le reconnaître.

Un beau film, donc, (ou plutôt deux beaux films ?) qui répare un scandaleux oubli (mais comment une chose pareille a-t-elle pu être aussi longtemps -et totalement- occultée ?) en le recentrant sur un personnage terriblement attachant (Loulou de Lalâage, oui, j'adore son nom), ballotée entre le croyable (tiens, il serait encore question de foi) -mais fictionnel- et l'incroyable -mais vrai-. Comme le résume finement Vincent Macaigne (enfin, son personnage) "Si on m'avait dit qu'un jour je viendrais accoucher des bonnes soeurs engrossées par des troufions soviétiques..."

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 890