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lieux communs (et autres fadaises)
1 mai 2016

"Je me suis laissé(e) attendrir..."

THE ASSASSIN
de Hou Hsiao Hsien

Ca fait du bien de changer d'avis et de ne pas subir obtusément son vieuxconisme. C'est ainsi que, malgré Tigres et Dragons, malgré Le secret des poignards volants et autres 13 ème Chambre de Shaolineries (là j'invente), et malgré le soleil radieux qu'il faisait à 13h30, j'y suis allé, et nous étions quatre dans la salle à avoir eu la même idée.

(J'avais un peu hésité à cause de cette notion de "film de combat" mais aussi parce que je me souvenais très précisément que le dernier film que j'ai vu de Hou Hsaio-hsien, c'était Millenium mambo, pendant lequel j'avais été extrêmement mal à l'aise, mais pour des raisons strictement extra-cinématographiques, mais bon c'était il y a quinze ans, hein...)

Dès le départ j'ai été un peu déstabilisé par le format et par le noir et blanc. J'adore le n&b mais là je ne m'y attendais pas, celui-là je l'aurais parié en couleurs. Mais ce n'est que le pré-générique, et la couleur revient (mais le format reste). Et je suis extrêmement concentré, attentif, car les gens qui l'ont vu ont répété que si c'était très beau, c'était en même temps très complexe (confus), et je suis donc décidé à ne pas en perdre une miette et à (essayer de)  tout comprendre, sinon tout du moins le plus possible. Et à ne pas perdre une miette non plus de la beauté en question. Au début ça va à peu près The assassin du titre c'est Shu-Qi, et elle revient chez elle, ramenée par une nonne à qui elle avait été confiée il y a longtemps, mais chargée d'une mission, assassiner le gouverneur de la province (qui est aussi son cousin, mais a failli être son époux).

Et dès les premières images on est soufflé par la beauté des images, la composition (l'ordonnancement) de chacun des plans, le cadrage, les couleurs, oui on est soufflé. Et le pire (!) c'est que ça va continuer comme ça jusqu'au bout, jusqu'au tout dernier plan, oui. C'est exténuant de beauté. Mais je mentirais en disant que j'ai tout compris. J'essayais d'engranger le plus de détails et de précisions possibles, d'essayer de reconnaître les différents personnages en mémorisant leurs visages (impossible), leurs noms (idem) où les actions que je les avais vus accomplir (plus facile -un peu-). Mais s'accumulent les gouverneur, prévôt, garde impériale, concubine, assassin, Weibo, sang de poulet, enterré vivant, et assez vite je ne suis plus sûr tout à fait.

Car il n'y a pas que l'histoire de l'Assassine à suivre, il y a une multiplicité de fils narratifs annexes (avec les personnages qu'ils impliquent) multiples comme les voiles (mouvants) à travers sont filmées plusieurs scènes.

Qu'importe, je me gave de toute cette beauté, je m'en goinfre, je m'en repais. Lacs, reflets, brumes, forêts,montagnes, les extérieurs sont grandioses, mais le réalisateur a traité ses scènes d'intérieur avec le même soin, le même raffinement, le même sens de la perfection. Il y a longtemps qu'un film ne m'a pas produit cette impression, sur toute sa durée, de bonheur presque physique provoqué par ses qualités esthétiques (le mot plastiques me fait toujours dans ce cas l'effet d'être toc).

Il serait question de ravissement, mais surtout d'accepter les choses comme elles sont, comme elles viennent.

Somptueux. Somptuosissime! (à l'image de son héroïne)

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(arghhh, je suis du même avis que le Fig! Je m'en vais avaler mon sabre de ce pas)

30 avril 2016

entregent (familles et jeunes gens)

(3 dvd reçus en avant-prem')

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LA VISITA
de Mauricio Lopez Fernandez
(Outplay)
sortie le 11 mai 2016

Encore merci à Outplay qui nous envoie ses films régulièrement. Celui-ci j'avais commencé un peu à le regarder, et je m'étais rendu compte que ça risquait d'être une histoire de filles plutôt que de garçons, vu le démarrage (et je suis un vieux sectaire, oui oui, je préfère quand il s'agit d'histoires de garçons...) J'avais vu juste les premières minutes, puis j'étais allé un peu plus loin en avance rapide, et mes craintes s'étaient confirmées. Il était tard j'ai pensé "j'irai demain...". A Hervé qui me demandait le lendemain si je l'avais regardé j'avais répondu que "je préférais les histoires de garçons", et il m'avait dit un "mais justement..." qui m'avait suffisamment intrigué pour que je m'y remette.
Et que je réalise quel imbécile j'avais été au préalable.
Le film est excellent. Et c'est un premier film. Le réalisateur utilise le canevas du "film de funérailles" (le mari d'une domestique est mort, les funérailles ont lieu dans la maison où travaille et vit cette femme, mais avec la famille de ses patrons) en y interpolant une variation de Théorème (la visite du titre est celle d'Elena, annoncée comme la fille de la domestique, mais dont on apprendra assez vite qu'elle se prénomme en réalité Felipe) plus un autre fil narratif - qui serait presque un regard- qui concerne le jeune fils de la maison (un magnifique personnage d'enfant) qui, allez savoir pourquoi, m'a rappelé comme par écho(s) le sublime Cria Cuervos de Carlos Saura.
Un beau film lent et grave, avec un magnifique travail de cadrage, bâti sur des silences, des regards en coin, des effleurements. Des frémissements.

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LE LENDEMAIN
de Magnus Van Horn
(Nour Films)
sortie le 1er juin 2016

Reçu après, mais vu avant le précédent (oui oui c'est une histoire de garçon(s) mais pas l'ombre ici du bout de la queue d'une gaudriole). Un adolescent qui a tué (on n'en saura pas davantage, on ne pourra que supputer) sort de prison et revient vivre avec son père et son jeune frère. il choisit de retourner dans le même établissement pour y poursuivre sa scolarité. mais le retour est difficile, les relations tendues (avec son père, avec le voisinage, avec les autres ados), et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant.
Une histoire dont le thème se rapproche aussi bien du Boy A de John Crowley (dont il pourrait être l'opposé) que de la série Rectify (dont il faudra que je dise un jour tout le bien que j'en pense).
Encore un très beau film, aussi glacé que glaçant. Une belle opacité de l'ado personnage principal, une cinématographie rigoureuse (autant que vigoureuse) qui pourrait parfois évoquer un Michael Haneke en (un peu) moins méchant, tout est fait pour nous tenir en haleine (en alerte) dans un certain état de tension, jusqu'à la fin du film. Impressionnant.

 

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BADEN BADEN
de Rachel Lang
(Jour2Fête)
sortie le 4 mai 2016

Celui-ci m'a été transmis par Zabetta. Une chronique  franco-belge douce-amère (mais strasbourgeoise et estivale). Une demoiselle (Salomé Richard) employée sur un tournage à l'étranger oublie de rendre sa Porsche de location à la fin du tournage et revient à Strasbourg, où elle retrouve sa grand-mère (Claude Gensac), son meilleur ami (Swann Arlaud), un peu sa mère aussi (Zabou Breitman)... Du beau monde, hein, et elle fait même la rencontre d'Hamar (Driss Ramdi, le suspect innocenté du beau Je ne suis pas un salaud d'Emmanuel Finkiel). La demoiselle est vraiment mimi, le film est agréable, se modèle un peu à l'image de l'été caniculaire qu'il figure, et qui le pousse à l'indolence. Mais se repose un peu sur ses lauriers, justement, de sympathie. Il manque un petit quelque chose dans la narration pour le rendre un peu plus pêchu, un peu plus passionnant... Sympathique, oui mais. (Un petit mais, hein). Et on y voit des oeuvres de Clément Cogitore.

28 avril 2016

caïpirinha

ADOPTE UN VEUF
de François Desagnat

Vu après Les malheurs de Sophie. Je savais à quoi m'en tenir après la bande-annonce, et je n'ai pas été déçu. Le contrat est rempli. C'est simple, tendre, drôle, émouvant. Tout le monde y est gentil ou presque, et chacun s'enrichit (humainement) au contact des autres. Comme le récent Five il s'agit d'un film de colocation (mais peut-être plus pépère, même si tout aussi attendu). Où un veuf inconsolable (Dussolier, très bien sans forcer) est, par un concours de circonstances scénaristique, amené à prendre une colocataire (la blonde et pétulante Bérengère Krief) -qui va dépoussiérer sa vie et son chagrin-, puis deux, puis trois (Arnaud Ducret et Julia Piaton) qui vont continuer le boulot entrepris.
Un film où il sera beaucoup question d'amour, et de respect, et d'humanité (et un peu de mort aussi). Avec en plus un running gag (plutot un quatre-quatring gag) plutôt plaisant -en ce qui me concerne- (Sam, le copain de Dussolier).
Bref, pas forcément un "grand" film, mais un film agréable, un film qui fait du bien. Et ça ça compte! On peut non seulement y prendre du plaisir, mais sortir de la salle la tête haute! (Et la salle était quasiment pleine... bon, d'accord, il pleuvait fort dehors...)

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27 avril 2016

la crème et le pain chaud

LES MALHEURS DE SOPHIE
de Christophe Honoré

Les malheurs de Sophie, c'est un livre que j'ai adoré lire et relire quand j'étais plus jeune (là, je dois reconnaître que ça faisait un certain temps que ça ne m'était plus arrivé...) Par contre je ne connaissais ni Les petites filles modèles, ni Les Vacances. C'est pourquoi je me demandais qui pouvait bien interpréter Anaïs Demoustier en voyant la bande-annonce. Eh bien elle joue Madame de Fleurville, la mère de Camille et Madeleine, les copines de Sophie (tandis que Golshifteh Farahani joue Madame de Réan, la mère de Sophie).

Christophe Honoré, je l'ai de plus en plus aimé. Alors, après Les chansons d'amour, Les bien-aimés, que j'ai vraiment adorés, Les malheurs de Sophie, pourquoi pas ? Métamorphoses m'avait moins convaincu, peut-être que celui-ci allait m'en redonner le goût ? Le voilà vu, et j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser. Je connaissais donc la première partie (qui est "vraiment" Les malheurs de Sophie),  je savais par la bande-annonce que la mère de Sophie périssait en mer au cours d'un naufrage (le milieu du film) et j'ai donc découvert ces fameuses Petites filles modèles dans la foulée (la deuxième moitié du film).

Même si je ne suis pas un fan des films de mômes, il faut reconnaître qu'ils sont ici tous excellents (machisme de la grammaire française, puisque excepté le cousin Paul ce sont toutes des filles, qui donc méritent -bien- le qualificatif d'excellentes. Idem (grammaticalement) pour les personnages adultes où on ne verra que des femmes ou presque : chez les maîtres, qu'on devrait donc convertir en maîtresses -du père de Sophie on n'entrapercevra que les jambes et les bottes-, et il n'y a que chez les domestiques que la parité sera enfin un peu plus respectée -et encore, de justesse-).

Les malheurs de Sophie est-il un film "pour les gosses" ? A en croire  les bandes-annonces auxquelles on a eu droit (toutes les prochaines productions Disney Pixar) il semblerait que oui. Pour le public de la salle c'etait fifty-fifty : des familles avec une assez nombreuse progéniture pour l'ensemble, quelques adultes seuls (moi) ou appariés, et, contrastant, deux ados (de sexe différent) qui sont venus s'installer le rang devant moi, juste un peu décalés à droite de l'allée, et qui sont vite apparus être en phase d'expérimentation exploratoire, sans doute manuelle et peut-être même orale, ce qui s'avéra un peu... déconcentrant (même la mamie assise à ma gauche a fini par leur jter des coups d'oeils interrogatifs).

Non, je ne sais pas trop quoi en penser. Je peux juste dire que je me suis ennuyé un peu plus dans la seconde partie, et je ne réalisais pas à quel point le bouquin (que j'aimais tant quand j'étais petiot) était difficile à adapter, de par sa forme -plutôt théâtrale- autant que son discours -tout aussi moraliste- (oh le rêve avec l'ange gardien et les deux chemins...). Le texte se partage entre dialogues et didascalies. Trop de bibliothèque rose et on sombre dans la niaiserie lénifiante, pas assez d'enfance et on risque de basculer dans l'interprétation, au risque de la caricature. Christophe Honoré a déclaré "avoir souhaité réaliser un film en costumes un peu mal peigné", mais il faut reconnaître qu'il porte plutôt beau (le film). Question représentation, (costumes, décors) il assure impeccablement. Pourquoi donc alors prends-je des petites mines et fais ainsi la fine bouche ? Parce qu'il ne m'a pas étonné, empoigné, chatouillé, titiller, fait vibrer (ce que (se) faisaient par contre très bien les ados du rang de devant).

J'ai regretté qu'il ne s'agisse pas de tous Les malheurs de Sophie (on n'en a ici que quelques-uns, à peine la moitié), j'ai regretté que la demoiselle qui joue Sophie me donne parfois (souvent) envie de lui coller des gifles, j'ai regretté que ne se craquelle pas plus le vernis de la reconstitution, j'ai regretté que, finalement, le film soit un peu bancal (et fasse le grand écart) entre le respect de l'importance de l'observation des enfants (son "réalisme", son naturalisme, sa légèreté) et la roublardise souriante dans la façon de dépeindre le monde des adultes (qui consiste plutôt en une typologie de différents portraits féminins,  d'un extrême à l'autre : de celle en creux, l'alanguie (Golshifteh F.) neurasthénique, à celle en bosse, la ridicule (Muriel R.), surchargée, avec juste au milieu, parfaitement en équilibre, le fléau de la balance, ni trop, ni trop peu, la narratrice (Anaïs D.) -qui se met quand même en ménage avec une autre mère célibataire sans tambour ni trompette-.

Peut-être était ce simplement inadaptable en l'état (Gotlib et Alexis l'avaient pourtant réussi, en leur temps, et en BD). Trop petit pour les grands (et trop grand pour les petits). Comme chantait Brigitte Fontaine il ya longtemps "Je suis in, inadaptée...". Et les analyses "politiques" qu'en ont fait(es ?) les critiques (Sophie anarchiste, Sophie féministe, et j'en passe...) me font doucement rigoler . Ce que n'a par contre pas trop fait le film (ou trop peu).

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24 avril 2016

les yeux qui s'allument

MIDNIGHT SPECIAL
de Jeff Nichols

Je me suis régalé... Un vrai plaisir de gamin, comme quand j'avais découvert E.T ou Rencontres du troisième type (je ne cite absolument pas ces films au hasard, mais, sur l'échelle pu plaisir cinéphile, ça concorde tout à fait. Malgré une fin, j'ai fini par l'admettre quand on a discuté, à la fin, devant le cinéma, un peu emphatique, et pas vraiment indispensable (mais on peut toujours se dire que ce n'est pas de la faute du réal, que ce sont les vilains producteurs (comme pour Night of the  demon de Jacques Tourneur) qui l'ont forcé à mettre en images ce qu'on aurait tout aussi bien pu juste imaginer.
Le démarrage est par-fait. On est tout de suite dedans (même vanat le début du générique!). Deux hommes en fuite avec un enfant (on en entend parler à la télévision dans une chambre de motel, et on suit les deux hommes et le gamin en question qui quittent cette même chambre de motel en catimini.) Ce qu'on en dit, puis ce qui se passe. On comprend vite que ce gamin (dont les journalistes déplorent n'avoir "aucune photo à montrer") est quelqu'un de très important, puisqu'il est aussi recherché par le gourou d'une secte ("The ranch"), par le FBI, par un scientifique de je ne sais plus quel acronyme ( NSA ?). Bref le pays tout entier est en alerte, à la recherche de l'Alton perdu. On réalise aussi que l'enfant en question est doté de pouvoirs mystérieux (il a les yeux qui s'allument -c'est pour ça qu'il porte en permanence des lunettes de piscine-, il est capable de réciter ce qui passe à la radio même quand elle est éteinte, il peut perturber l'orbite des satellites, bref tout le mond le veut, tout le monde est est sur les dents.)
Il est accompagné par son père (joué par Michael Shannon, acteur fétiche du réalisateur, toujours bien) et un copain à lui (joué par Joel Edgerton, que j'ai trouvé spécialement bon), et ils s'efforcent d'aller retrouver la mère biologique du gamin (joué par chérie-chérie Kirsten Dunst, que je n'ai pourtant pas reconnue lors de sa première scène).
Et le film est formidable, parce que formidablement écrit et formidablement filmé. Comme on début : ce qui se passe et ce qu'on en dit. C'est un film fonctionnel, mais pourtant pas réduit à l'action pure ni aux bourrinades. C'est un film efficace, mais qui bombe le torse (et sait aussi baisser la tête) avec son t-shirt "C'est du vrai cinéma". On a connu Jeff Nichols plus mutique et plus pittoresque ( Louisiane, bayous, etc.) plus "mesuré". mais on s'installe sans rechigner dans le véhicule quasi-hollywoodien dont il nous a ouvert la portière et qui roule à tombeau ouvert la nuit avec les phares coupés (si si!).
Et on prend plaisir à comptabiliser les bornes (cinéphiles) sur l'accôtement, les balises, les clins d'oeil/hommages/références à Spielberg (qui ne peuvent pas tous être des coïncidences): le personnage s'appelle Roy, comme dans Les Rencontres..., il y a un intervenant-clé au nom français, comme celui que jouait François Truffaut dans Rencontres... (tiens j'ai appris qu'initialement c'était Godard qui avait été pressenti pour jouer le rôle, mais vu qu'il demandait beaucoup trop cher, Spielberg s'était alors "rabattu" sur Truffaut), il est question d'un gamin et d'un extra-terrestre, comme dans E.T, et d'un extra-terrestre qui veut "téléphone maison" et repartir chez lui comme dans E.T aussi. Et des militaires qui bouclent la zone où va se passer "quelque chose" en obligeant les civils à évacuer dans un interminable convoi, comme dans Rencontres... et un lieu précis qu'il est vital d'atteindre, oui, comme dans Rencontres...
Les gentils sont en cavale, et doivent se méfier de tout (et de tous), et Jeff Nichols sait parfaitement entretenir la tension, et alterner les moments de poursuite et de parano avec des scènes "familiales" plus calmes, auxquelles succèdent des scènes-choc avec effets sonores et/ou pyrotechniques qui vous font sursauter sur votre fauteuil. (Je me suis fait avoir plusieurs fois).
A la fin j'étais "fin heureux" comme on dit par ici (même s'il ya avait un petit quelque chose qui me dérangeait, et sur lequel les autres ont tout de suite mis le doigt : c'est vrai que la fin "n'en finit pas de finir" (dixit H.), que la longue scène de "matérialisation" n'était pas forcément si (longuement) nécessaire, ou peut--être si justement, pour pouvoir finir en beauté sur ce plan  magnifique sur un champ vide (les Inrocks ont adoré, et moi aussi...). mais même avec ce bémol, Midnight Special reste quand même un film jubilatoire, oui, oui!

(Et ce qui est drôle, c'est qu'à la fin, sur le parvis, chacun(e) faisait "son" classement des trois films de Nichols nous avons projetés, et personne n'avait le même... A priori, le mien serait
1) Midnight Special
2) Take Shelter
3) Mud
mais ceci reste à revoir dans quelques temps...)

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de dos...

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... et de face (beaucoup plus flippant, non ?)

20 avril 2016

ronit

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Elle avait co-réalisé, avec son frère, trois films superbes, qu'on a programmés (et aimés) ici, dans le bôô cinéma...
Elle y jouait, comme elle a joué dans d'autres films aussi beaucoup aimés. Je l'avais découverte dans MARIAGE TARDIf , de Dover Kosashvili, puis revue, toujours avec le même bonheur,  dans LES MAINS LIBRES de Brigitte Sy, LA VISITE DE LA FANFARE, d'Eran Kolirin, MON TRESOR de Keren Yedaya...
J'ai appris hier qu'elle venait de mourir.
Ca m'a peiné.

 

19 avril 2016

"un fromage d'été, le bleu du maine..."

UNE AUSSI LONGUE ABSENCE
d'Henri Colpi

Loué soit le Festival Play it again, auquel on s'est associés dans le bôô cinéma, pour 3 films et 5€ l'entrée (le cahier des charges a presqu'été respecté dans son intégralité!). Celui-ci était le deuxième projeté (après Le Conformiste, vu la veille, que je ne chroniquerai probablement pas pour cause de sommeil récurrent et de ronchonnage sur les temps de veille).
Il s'agissait d'un film dont je ne savais rien, par un réalisateur dont je ne savais pas beaucoup plus (excepté qu'il était rattaché dans ma mémoire au prénom de Codine) et dont j'ai appris, en préparant les textes pour la plaquette de programmation que le scénario et les dialogues étaient signés Marguerite Duras, et que le film, bien que bardé de distinctions prestigieuses (Palme d'or à Cannes, prix Louis Delluc, Prix d'interprétation pour Georges Wilson) avait été un échec cuisant à cause des aboiements -et détestations proclamées- des réalisateurs dits "de la nouvelle vague".

Et c'est comment, alors ?
Magnifique, juste magnifique.
(J'aurais pu écrire "sublime, forcément sublime" mais c'était déjà pris...)
Une petite ville de province, un quatorze juillet, les vacances qui vont commencer pour la patronne (et les clients) du Café de la Vieille Eglise. Et passe un vagabond (on ne disait plus cheminot, mais pas encore sdf, en 1961) devant le café, chantonnant de l'opéra. Et le jour suivant, et les autres jours. Et voilà que la patronne (jouée par Alida Valli) s'émeut (et davantage) quand le spectateur comprend progressivement qu'elle croit reconnaître son "défunt" mari, arrêté et envoyé en déportation il y a longtemps.
Elle va se rapprocher de lui, essayer d'en savoir plus. Mais il est amnésique, et dit avoir tout oublié de son ancienne vie. Elle va tout faire pour tenter de lui rafraîchir la mémoire... Incontestablement, notre Guiguitte prenait déjà ses marques. dans la conduite du récit, dans la ciselure des dialogues (pendant une grande partie du film, l'homme ne fait que répéter les derniers mots de ce que vient de lui dire son interlocutrice), dans le minimalisme  (la stylisation presque théâtrale) pourtant alliée à un réalisme "bon enfant", populaire et joyeux (apéro, Tour de France, etc.).
Et si le personnage du vagabond est magnifique, celui qui l'incarne mérite tout autant les éloges et les récompenses. il s'agit de Georges Wilson (que j'avais l'impression de n'avoir connu que vieux, mais qui est là en pleine "force de l'âge"). Après les différents "travaux d'approche" de la jolie patronne, le film va culminer dans un huis-clos, troublant : il a fini par accepter l'invitation à dîner, il est venu, elle a fermé les volets, et nous allons partager avec eux non seulement l'intimité de ce repas et de cette soirée, mais l'intensité de ce qui s'y joue : elle qui voudrait tant qu'il se souvienne (des jours heureux où nous étions amis...), et lui qui ne se rappelle de rien, soirée qui va culminer dans une simple danse  devant le juke-box, sur Trois petites notes de musique, chantée par Cora Vaucaire, où l'on ne peut pas ne pas pleurer (bon, sauf si on est un homme un vrai, n'est-ce pas H. ?).
Mais on n'est pas au bout de ses peines, puisque la scène qui va suivre, en extérieur nuit, saura encore faire monter d'un cran l'intensité de l'émotion générée, où va se rejouer en filigrane une autre scène de nuit et de peur, avec pour seul dialogue un prénom et un nom répétés, et pour seul mouvement un homme qui s'immobilise en levant les bras.
"Il faut attendre l'hiver...", oui, et les lumières se rallument dans la salle sur le mot fin et on a les yeux rouges...

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l'affiche d'origine

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et la nouvelle...

17 avril 2016

whisky japonais

MARIE ET LES NAUFRAGÉS
de Sébastien Betbeder

Vu juste après Les Ardennes (choc frontal qui nous laissa le souffle coupé) avec l'espoir de se changer les idées. Pari réussi (smiley avec un large sourire). Betbeder avait déjà réussi son coup avec le magnifique Deux automnes, trois hivers (sorti, si je me souviens bien, le 25 décembre 2013) et son joli trio Vincent Macaigne / Bastien Bouillon / Maud Wyler, et on n'est donc pas trop étonné de le revoir mettre en scène un autre trio : Pierre Rochefort, Vimala Pons et... Eric Cantona (qui vieillit -se mature- de plus en plus bonifieusement...)
Il reprend aussi le procédé de fabrication du précédent film : adresse au spectateur de la part de chacun des sommets du triangle, qui nous raconte à chaque fois un peu sa vie (et je continue d'aimer beaucoup ça). Mais du coup on ne peut pas s'empêcher de comparer, et c'est un peu au détriment de celui-ci. Pierre Rochefort est lunaire à souhait (et n'est-ce pas qu'il est très mimi, Mimi ?), Vimala Pons est très mimi aussi, et Cantona ombrageux et embroussaillé à merveille (et même le coloc de Pierre R. est délicieusement somnambule). Les personnages sont tous très attachants (ce n'est qu'au générique de fin que j'ai identifié la jeune rappeuse qui joue la serveuse), c'est assurément un film de gens (plutôt que de genre), c'est fantaisiste, gentiment, improbable, sympathiquement, attachant, fragilement.
Sébastien Betbeder fait sans conteste partie des réalisateurs que j'aime, autant par la forme que par le fond (l'âme de fond ? hihi). De Paris jusqu'à Groix, comme une chanson de marins. Amour, jeunesse, rencontres, bières qu'on partage (une scène de bar, délicieuse, au début, un improbable karaoké en duo avec Pierre Rochefort et le belgissime - Quand la mer monte, Je suis mort mais j'ai des amis- Wim Willaert, qui faisait juste le joint avec le film vu juste avant - Les Ardennes- en parlant d'Anvers), création, (littéraire et musicale), somnambulisme (Paranormal activity numéro n) pour un film paradoxalement d'abord intemporel mais soudain -par à-coups- très contemporain (tournage de clip, fond vert, action de googler, nombre de vues sur y*utube).
Un peu hétérogène aussi lorsque vient s'y greffer, un peu à la façon dont un bernard-l'hermite (avec ou sans h me dit justement  g**gle) -ici en l'occurence plutôt un andré-l'ermite-, vient squatter -parasiter- un logement qui ne lui appartient pas, une histoire "supplémentaire" dont il pouvait a priori se dispenser, vient s'y greffer donc (je termine cette phrase sinueuse) une autre ramification de l'histoire, qui aurait presque pu constituer un court-métrage parallèle et autonome mais que vient in fine justifier (légitimer) la très charmante scène finale de chorégraphie (qui est d'ailleurs celle qui m'a donné en premier envie de voir le film).
Il ne s'en serait fallu que d'un chouïa de complexification narrative (et d'imbrication des relatives vérités de chacun -mais peut-on débattre de la vérité ? hihihi) pour que le film atteigne le réjouissant et total nonsense de Reality de Dupieux, et ses interférences qui donnent mal à la tête entre le réel et l'onirique, à moins que ce ne soit le contraire (le film porte le titre du livre écrit par Canto, le clip recrée l'histoire de Cosmo, le morceau musical utilise les images enregistrées par la caméra) mais Betbeder reste plus sage, et du coup le film perd un chouïa en folie ce qu'il gagne en "décalage".
Macaigne, Bouillon, Wyler étaient tellement attachants dans leurs 2 autones, 3 hivers que le trio Rochefort, Cantona, Pons (auquel il ne faudrait pas oublier le très réjouissant Damien Chapelle, que je soupçonnerais d'apporter le seul SSTG (sous-sous-texte-gay) du film -mais bon, avoir envie de poser la tête sur l'épaule de Cantona quand on a (hihi) envie de piquer un roupillon, c'est tout à fait excusable, non, les copines ?) même s'il est agréable (grosso modo l'au-delà de Cantona venant compenser l'en-deça de Rochefort, Vimala restant quant à elle un pôle magnétique délicieusement ponsien), reste pourtant toujours un peu en-deça...
Un peu, hein.C'est vraiment un film que j'ai envie de défendre, de câliner, de poupouner.

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16 avril 2016

seize autruches

LES ARDENNES
de Robin Pront

Un film vu "entre copines" (Mimi, Pacoune, Dominique) dans une salle où il y avait très peu d'autres gens (pour une première séance). Mais pas vraiment un film de fillettes. Un premier film, donc, terriblement efficace. Sur une trame archi-classique de film noir, mais archi-bien fichu. Une atmosphère poisseuse, des trognes, de la tension, un engrenage implacable,(le doigt, la main, le bras...), tout est fait pour vous clouer sur votre fauteuil (j'en ai eu un peu mal au bide pendant tout le film). Dès le début on se dit que tout ça va mal finir, et on n'est pas déçu sur ce point.
Dès l'exposition, bluffante, fulgurante, on est happé. Un montage sec, sur une musique électro qui colle parfaitement. Un hold-up qui foire (une très belle image de chute dans une piscine), deux frangins, un qui va en taule, l'autre pas. Et quatre ans plus tard, les mêmes, un qui sort de taule et l'autre venu l'attendre. Et celui qui sort semble très émotionnellement instable. Il voudrait reprendre sa vie juste comme avant, mais le temps a passé, et les choses ont changé. Et il est tellement énervé, tellement à cran, que son petit frère (celui qui est venu le chercher) n'ose pas lui avouer tout de suite que euh eh bien oui il s'est mis en ménage avec sa copine de l'époque, avec laquelle Kenny (l'énervé) souhaiterait justement se remettre en ménage.
Ca va déjà mal, et ça va aller, bien sûr, de plus en plus mal.
D'autant qu'on a les oreilles dressées (comme un lapin, la nuit, pris dans les phares) quand on voit, au début du film, avec qui le frère énervé est placé en cellule : pour les connaisseurs, il est en taule avec Borgman! (enfin avec l'acteur qui jouait Borgman, dans le film malaisé du même nom, mais qui a gardé exactement la même tête... D'où re-malaise. On se dit que aïe ça ne peut pas être juste une coïncidence, et qu'il va fatalement réapparaître. Et on ne se trompe pas, et fatalement est bien le mot...)
Deux frères, une femme entre les deux, autour desquels gravitent des satellites narratifs pittoresques (la mère, le patron du lavomatic à voitures, le garde forestier, les clients du bar) et/ou inquiétants (le fameux Stef, son étrange copain), sans oublier un cadavre dans un coffre, plusieurs flingues, un nécessaire à découper, y a pas, la nuit promet d'être sauvage, avec en prime seize autruches en cavale ...

Oui, c'est archi-bien fichu, et on baisse régulièrement la tête (les yeux) tellement on s'attend au pire. C'est violent mais pas juste ça. Les publicistes de l'affiche évoquent Coen et Tarentino "des débuts" (pour situer la "jeunesse" du réalisateur , que d'aucuns pourraient qualifier de "verdeur". Il y a de ça, sans aucun doute (les publicistes savent appâter) mais il y manquerait alors la touche d'humour (noir), au moins pendant un certain temps, jusqu'à certaine chanson d'Adamo, par exemple. J'aurais, si j'avais été publiciste sur l'affiche, évoqué la parenté avec Alex Van Warmeerdam, mais c'est certain que ça n'aurait pas rameuté grand monde...) C'est archi-bien fichu (je le répète) le réalisateur est doué, il sait parfaitement styliser fragmenter et séquencer son histoire,  il sait filmer de très beaux arbres la nuit, il sait utiliser la musique pour en rajouter une couche et rendre les scènes encore plus fortes, encore plus mordantes, encore plus hargneuses. Et tendre la corde impitoyablement jusqu'au dénouement final (où elle vous reviendrait méchamment dans la figure, mais tadam! pour une fois je dois avouer que je m'étais doué de quelque chose... Vous me direz pour vous quand vous irez le voir, car vous allez aller le voir, bien sûr, et plus vite que ça, même, sinon je vous envoie en vacances chez le tonton Stef dans les Ardennes, hein., alors vous feriez mieux d'y filer doux..)

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l'affiche française

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et l'autre... (ou il a davantage la grosse tête)

12 avril 2016

"peut-on débattre de la vérité ?"

L'AVENIR
de Mia Hansen-Love

J'adore Isabelle Huppert, et là, chouette , elle est hyper-Huppert (ou über-Huppert ?). et elle joue le rôle d'une prof de philo. et crac! mon beau rêve se brise : la philo me rebute (j'allais écrire qu'elle m'emmerdait, peut-être était-ce plus juste et plus vrai, justement) elle aurait été chercheuse en physique nucléaire ou spécialiste de la mécanique quantique que cla ne m'eût pas été plus étranger, mais bon c'est comme ça allons-y : donc elle est prof de philo, et avec son mari (André Marcon, délicieux) prof de philo aussi, elle vit dans un bel appart' rempli de livres de philo (on pourrait dire que la philo est l'essence de ce film, oui, le carburant qui fait pétroler le véhicule de sa fiction) elle a des enfants sympathiques (non philosophes), une mère tyrannique (Edith Scob, grandiose), et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes philosophiques jusqu'à ce qu'une série d'incidents fâcheux ne viennent perturber la trame de sa vie, ce qu'on pourrait, somme toute, résumer grosso modo en suivant le plan d'une dissertation, philosophique, justement :
1) thèse : elle n'est pas libre
2) antithèse : elle est libre
3) synthèse : p-t'être bien qu'elle est libre, p-t'être bien que non

Huppert fait ça avec sincérité, avec énergie, avec justesse. Avec un incontestable brio. Qu'est-ce donc qui a fait que le film ne m'a pas plus enthousiasmé que ça ? Peut-être parce que je ne savais pas vraiment sur quelle étagère le ranger, peut-être parce que ça a quelque chose de monstrueux, cet univers philosophique à 99%, peut-être parce que la présence d'Isabelle H. est si forte qu'on a parfois le sentiment qu'elle serait le seul personnage en couleurs dans un univers en noir et blanc ?

Et, en fouillant sur all*ciné.freu (qui range le film dans la catégorie "drame", ce qui me paraît être un contresens), voilà que je tombe sur une critique, tiens, que je trouve excellente, et... juste, oui, une critique de Libé, où la dame synthétise judicieusement  tout ce que j'essayais péniblement d'écrire ci-dessus, et que je vous mets donc .

(je projetais de continuer mon post en utilisant le maximum d'épithètes philosophiques : platonique -pour l'histoire avec le jeune philosophe-, cynique, -pour les jeunes de la maison d'édition-, dialectique -pour les jeunes aux fromages de chèvre-, stoïque -pour Isabelle H. face à l'adversité- et je ne serais pas allé beaucoup plus loin parce que je n'en connais pas beaucoup plus.)

A la sortie, on en a discuté, les autres avaient l'air très enthousiastes, je me suis ouvert à eux des bémols que provoquaient mon aphilosophisme, et j'ai fait mon malin en le résumant d'un "finalement c'est l'histoire d'une femme qui veut se débarrasser de la chatte de sa mère" - ce qui est exactement le sujet du film, mais qui avait davantage à voir alors avec la psychanalyse qu'avec la philo, mais je ne l'ai réalisé qu'après.-

Bon, allez savoir pourquoi, c'est pourtant un film que je reverrai avec un grand plaisir, ça, j'en suis sûr

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(peut-être juste pour le bruit clac clac clac des talons d'Isabelle, allez savoir...)

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