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lieux communs (et autres fadaises)
28 novembre 2015

écureuil

THIS IS NOT A LOVE STORY
de Alfonso Gomez-Rejon

Figurez-vous qu'il y a seulement quuatre ou cinq jours, je n'avais encore jamais entendu parler de ce film. Puis j'ai lu un interview du réalisateur, avec dedans des choses qui m'intéressaient, voire m'appâtaient (non non, pas de QV) puis j'ai lu les appréciations sur all*ciné, et voilà que, ce matin,  j'ai la chance de pouvoir le voir (grâce à mon entregent personnel qui est somme toute bien riquiqui, enfin, de taille normale, re-enfin juste de la taille de tout-un-chacun un peu fûté qui fouine sur le ouaibe...)
All*ciné le tague "drame, comédie" et c'est assez juste, (plus que, en tout cas, l'habituel "comédie dramatique"). Les critiques sont excellentes et bien étoilées (même si n'y apparaissent pas celles des "journo de ciléma" habituels - les C, P, les I- qui ont dû boycotter l'affaire sans doute parce que le film était distribué en France par un énormissime studio et/ou qu'il venait d'être double couronné à Sundance -Jury et Public-).
C'est vrai que cela peut paraître surprenant qu'un tel film soit propulsé par un biiig studio, avec un biiiig travail de promo (les différentes affiches sont superbes, cf plus bas), affublé, en plus, d'un titre français en anglais pour remplacer le titre original, plus lapidairement juste : Me, Earl and the dying girl. Qui dit bien plus simplement les choses.

(Bon je retire tout ce que je viens de dire, j'ai regardé les chiffres du box-office et il semble que, grand studio ou pas,  le film ait été conduit à l'abattoir et ne soit sorti que dans une salle parisienne, en sortie nationale, et n'ait fait que 5 spectateurs à la première séance)

Moi, Earl, et la fille en train de mourir. Le narrateur (un ado timide qui se souhaiterait invisible et se présente comme "ayant une tête de hamster"), Earl, son pote black, et Rachel, une adolescente atteinte de leucémie. Oui, rien que ça. Une histoire d'amitié (le slogan est "un peu d'amitié n'a jamais fait mourir personne"), initiée par la mère du narrateur qui, au début du film,  supplie son fiston d'aller voir la jeune fille, qu'il ne connaît pas plus que ça. il fait donc l'effort de, mais les débuts sont très froids. On n'est donc pas dans un Love story à la sauce ado (même si le film est tiré d'un roman pour ados). On est dans un univers à la fois très réaliste et complètement fantaisiste, avec, surtout, beaucoup beaucoup beaucoup de références au(x) cinéma(s) (on sent que le réalisateur aime énormément ça) sous toutes les formes : affiches, musiques, photos,  citations, clins d'yeux, et même re-fabrication de films (à la façon de Michel Gondry dans Be kind rewind).

Greg et son pote Earl (qu'on peut, au final regretter de ne pas voir suffisamment, d'avoir été un peu squeezé) sont amis depuis la maternelle, et font tout ou presque ensemble. Notamment toute une flopée de films (qui interviendront régulièrement dans le récit) où ils détournent/retournent des classiques, des imparables, immanquables du 7ème art (et je vous recommande de bien parler anglais pour saisir toute la subtilité des titres détournés en à-peu-près phonétiques, la plupart sont à pisser de rire). L'intervention de Rachel dans leur duo va légèrement modifier la donne (au début du film, Earl ne semble considérer les meufs que comme une paire de boobs sur pattes, à la fin remarquez peut-être aussi quand même), chacun inter-agissant avec l'autre pas forcément dans la direction souhaitée. Et le film suit son cours, comme l'année scolaire, et on prend plaisir à les voir évoluer, et, comme au flipper, (ou au billard) au milieu de seconds rôles très justes (les parents, un prof d'histoire tatoué, quelques copines, deux ou trois garçons, juste la quantité indispensable.)

Avec, dans la forme même du film, des pieds-de-nez aux narrations habituelles de teen-age movies, ou college-movies, ou prom night-movies. Titres, intertitres, voix-off, animations, angles de prise de vue, le réalisateur serait très souvent dans le commentaire de ce qui est en train de se passer, avec une virtuosité certaine, trop peut-être même (certains grinchouilleux pourront penser que Alfonso Gomez-Rejon est un petit malin qui a fait un film à son image, malin, et un peu trop sûr de lui, tout à l'opposé de son personnage principal...)
Mais midinet on est, et midinet on reste... (Bien sûr que j'ai pleuré à la fin -enfin, plutôt un peu avant, d'ailleurs- et bien sûr que j'ai adoré ça.) C'est une friandise cinéphile incontestablement addictive, au goût de revenez-y (d'autres diraient d'on y est déja venus : Wes Anderson et Moonrise Kingdom par ci, Gus Van Sant et Restless par là, et pourquoi pas Michel Gondry -j'en ai déjà parlé pour Be kind rewind, mais on pourrait aussi évoquer The we and the I- et (500) jours ensemble de Marc Webb, et tiens, un chouïa de Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur, et comment s'appelait-il ce doc sur les teenage movies ? ah oui Beyond clueless de Charles Lyne... Purée j'en ai vu des films d'ado(s) cette année ! Et donc je ne peux pas ne pas nommer It follows avant de fermer cette parenthèse, même si la parenté là me semble un peu plus lointaine, quoique.)

This is not a love story fanfaronne le titre, et il a sans doute raison. Ca aurait pu aussi s'appeler This is not a teenage movie, au risque d'attirer encore moins de spectateurs. Mais c'est vraiment bien la façon dont le film se dépouille petit à petit de ses oripeaux formels parfois un peu voyants (mais c'est aussi la façon d'exister de ces ados, non ? Se forger une identité pour être "reconnu" par les autres) pour révéler sa vraie nature (qui n'est, finalement, pas si éloignée que celle dont il semblait se moquer. Comment s'appelle cette fable déjà ? Ah oui Le geai paré des plumes du paon. Sauf que le réalisateur n'a pas délibérément essayé de nous berner. Le film est aussi sincère dans les ricanements, au début, que dans la mélancolie finale.  Même la voix-off se calme. Le discours s'apaise, se calme (je n'irais pas jusqu'à s'épure mais bon). Un film qui réussit quand même à faire pleurer, mais plutôt habilement, sans tirer sur les grosses ficelles habituelles, et qui par son prosélytisme ne peut que toucher tout cinéphile qui se respecte.

(en repensant au doc que j'ai cité, il me semble que le film respecte la structure puisqu'on voit notre jeune homme avec smoking, fleur et limousine pour la prom night, qui est, normalement, le clou de ce genre d'histoires... Sauf que...)

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(en haut l'affiche originale, en dessous l'affiche... française (!),
qui, s'y on s'accorde à la lire scrupuleusement
semblerait induire un sous-sous-texte gay, mais non, non, même pas...)

*

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trois des (multiples) affiches américaines

 

 

 

27 novembre 2015

chipmunk

IN THE FAMILY
Patrick Wang

Ca y est, j'ai enfin réussi à le voir.
J'ai même bravé les éléments pour mériter cette séance à 14h au Kursaal (que j'avais inscrite sur mon agenda pour être sûr de ne pas l'oublier). je savais que le film était long (3h!), je connaissais les réticences d'Hervé concernat la seconde partie, mais, vous savez bien, il vaut toujours mieux se faire son avis propre, n'est-ce-pas ?
J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais des Secrets des autres, et ce premier film de Patrick Wang m'a mis quasiment dans le même état  d'enthousiasme cinéphilique et de surchauffe laudative.
(adresser ici une triple paire de gifles à Peauzitif, Les Cahiaîs, et le Mmonde, qui l'ont honteusement flingué, sans autre forme de procès que leur condescendance hautaine et méprisante.)

Le quotidien d'une petite famille, déjà. Sauf qu'ici le gamin (Chip) a deux papas : papa et papou. Sans en faire une montagne et en banalisant au maximum, il a deux papas, voilà. La maison, l'école, les week-ends, les repas de famille, l'histoire du soir, la nounou, juste le quotidien, simplement, quoi. Filmé avec grâce et attention.
Sauf que, bien sûr,  ça serait trop simple. Un des deux papas a un accident de voiture et laisse l'autre, Papou, tout seul avec l'enfant. Et ça pourrait continuer tout aussi simplement, sauf que. Le papa décédé n'a pas pensé a rédiger un testament et donc c'est sa soeur qui récupère tout : les comptes bancaires, la maison, tout, même la garde de Chip. La situation s'envenime rapidement entre Papou qui veut récupérer celui qu'il considère comme son fils, Chip, et les autres, qui le lui ont soustrait et comptent bien le garder. Chacun s'arc-boute sur ses positions. La situation se grippe inexorablement.
Dans le même temps, le réalisateur en profite pour, en quelques flash-backs judicieux (et très délicatement intégrés), nous raconter toute l'histoire de Papa, Papounet et Chip, depuis le début. La même façon de procéder (prière d'insérer pourrait-on dire dans le domaine de l'édition) sera utilisée, avec tout autant de bonheur, dans Les secrets des autres, avec juste un peu plus de procédés stylistiques (surimpressions, surtout).

Le film est long, mais jamais longuet. L'histoire est linéaire, quasiment rectiligne (hormis les quelques retours en arrière déjà évoqués) la narration en est simple et élégante (la façon de filmer le moment où papounet apprend l'accident de son compagnon, en est un exemple parfait), et le déminage de la situation est provoqué par un deus ex machina grisonnant et bonhomme, un avocat à la retraite, qui va prendre Papounet sous son aile, et voler à son aide, avec du papier et un stylo, en l'aidant à faire le point  pour organiser une audition (une confrontation) en présence de la partie adverse (sa soeur et son beau-frère et leur avocat, -abominable-).
C'est cette fameuse scène qui fait grincer des dents Hervé, et c'est vrai qu'elle est comme un bloc un peu lourd, de texture hétérogène,  inséré presque de force dans la fluidité du reste du récit. Une longue scène d'intérieur autour d'une table, bavarde, statique, certes, mais, pour moi, indispensable. Conventionnelle, -dans l'esprit des films de procès, elle donne la parole d'abord au méchant (l'avocat de la partie adverse) pour des questions affreuses, puis au gentil (l'avocat de Papounet), pour des questions qui vont rééquilibrer la balance-, mais formellement efficace (je me demande comment aurait pu se boucler le film sans en passer par là).

Quant à moi, je regretterai juste la rapidité du dénouement (j'ai pensé à la fin du poème de Victor Hugo : "Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà.") mais cet arrêt sur image pour couper une scène en plein élan est, réflexion faite, tout aussi justifié -et pesé- que le reste.

Voilà un film qui m'a (pudique euphémisme) beaucoup touché, par cette simplicité et cette justesse, cette façon de parler de l'amour en général et entre hommes en particulier, et j'avais les yeux rouges et je reniflais lorsque les lumières se sont allumées, mais ma voisine aussi, et les copines de ma voisine qui sont arrivées ensuite pour discuter aussi (les vrais hommes, ça va pas au cinéma, et ça y pleure encore moins, non ? hihihi).

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24 novembre 2015

dobbiamo pagare tutti

ROCCO ET SES FRERES
de Luchino Visconti

Settimana italiana, la suita (ok ok j'arrête de parler rital de cuisine)
Je me souvenais d'une scène et je croyais donc avoir vu le film (avec -couic- Annie Girardot, vers la fin) , mais j'ai du ne voir que cette scène. et j'ai donc découvert (prudemment, en après-midi) les presque trois heures de cette re-sortie.
La copie est magnifique.
Comme sont magnifiques "le" Delon, "la" Girardot et "le" Salvatori du haut de l'affiche (et on a droit aussi -j'en étais le premier surpris- à un magnifiquissime Hanin, dans un rôle délicieusement ambigu où le sous-sous-texte gay n'a quasiment plus besoin de se cacher tellement il pointe -comme le nez au milieu de la figure, tsss qu'alliez-vous penser-.)
Je ne suis pas sûr (aïe!) d'être un énorme fan de Visconti (aïe aïe!! arrêtez de me donner des gifles) mais là il faut reconnaître qu'il sait -qu'il aime- filmer les hommes (hmmm les boxeurs, allez tous à la doccia!, et la fratrie en caleçon -ils sont cinq frères !- au réveil, et même les ouvriers d'Alfa-romeo à la pause -et à la pose!- et en bleu), qu'il sait -qu'il aime- parler de l'Italie, qu'il sait raconter des grandes histoires bien familiales bien ritales,  mamma, religion, porca miseria, puttane, carabinieri... qui fleurent bon le néo-réalisme (ah la transpiration des hommes, des vrais, qu'ils soient maçons, boxeurs, ouvriers ah leur rugueuse -le rugueux est ici tout à fait de mise- beauté...) avec ce que ça implique d'engueulades, de coups de poings, de larmes, d'invocations à la madone, d'imprécations maternelles, de vols de bicyclettes  chemises ou de bijoux...
C'est très bien ficelé (la qualité de la restauration est altissima) mais bon à un moment le scénario devient un peu laborieux, entre les fratelli, ça semble un peu too much (oui oui je sais, on me parlera de "tragédie") celui qui prend sans faire exprès la copine de son frère aîné et qui ensuite va se sacrifier quand il réalise le mal qu'il lui a fait, et décide de rendre la copine en question au frère en question -et pas vraiment pour son bien, d'ailleurs, la suite du film le prouvera...-.
Le film est découpé en chapitres qui portent chacun le prénom d'un des frères (dans l'ordre décroissant) et on se dit que si c'est Rocco qui est resté dans le titre, c'est que la belle petite gueule de Delon ne devait pas laisser Luchinochounet insensible...). Tout ça est magnifique, flamboyant, exacerbé, frémissant. Ca n'en finit plus de vibrer de tous les côtés. Et il faut bien reconnaître que les trois heures passent sans presque qu'on s'en rende compte.
(Qu'ils sont beaux ! Que le noir est blanc est beau! Que l'Italie est belle!)

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affiches...

 

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...ils sont magnifiques, non ?

23 novembre 2015

l'acteur, juste à côté du personnage

MIA MADRE
de Nanni Moretti

En avant-première dans le bôô cinéma, pour la soirée d'ouverture de la semaine italienne...
On a presque fait salle comble (les Italiens de Haute-Saône s'étaient mobilisati !)

Il était temps que je le voie, trop de gens déjà me disaient (m'avaient dit) qu'il était bien (surtout ceux qui l'avaient vu à Cannes).
Ca commence, et j'ai illico les larmes aux yeux (aux oreilles, plutôt) en reconnaissant, en même temps que les lettres du générique, les petites notes de piano que j'adore du Alina d'Arvo Part (musique chérie depuis que je l'ai -tiens, grâce au jeune homme en t-shirt vert- découverte dans le Gerry de Gus Van Sant).

C'est l'histoire d'une réalisatrice (Margherita Buy, magnifique) qui est en train de tourner un film et dont la mère est en train de mourir. (Et dont le frère est joué par Nanni Moretti.). On navigue entre les niveaux de réalité (les niveaux de conscience ?) Il y a donc le film dans le film (des ouvriers qui manifestent contre leur licenciement dans une usine dont le nouveau patron -et licencieur- est joué par John Turturro -acteur cher à mon coeur-), les gens en train de tourner ce film, le quotidien de la réalisatrice, équitablement partagé entre le tournage de son film et les visites à sa mère, et, rendant l'ensemble encore plus attirant, une épaisseur  supplémentaire de réalité-fiction, constituée par les rêves de la réalisatrice, tournant de façon assez obsessionnelle -on la comprend- autour de sa mère et du film qu'elle est en train de tourner...

Ca pourrait être une façon de Journal intime ou de La chambre du fils (version "la chambre de la mère") mais ça n'est ni l'un ni l'autre. Nanni Moretti est très fort, en réussissant à raconter des choses qui le touchent de près (le concernent) en changeant l'éclairage, en les déplaçant vers un alter ego au féminin (je suis persuadé qu'il y a quelques années il se serait attribué le rôle principal, celui du réalisateur qui doute, là il est juste -magnifiquement juste- le frère de -et le fils de-. Simplement.) Comme si sur le scooter imaginaire que je continue de lui associer depuis, justement, Journal intime, il roulait sur la ligne blanche entre sourire et douleur, avec juste quelques embardées, quelques zigzags, d'un côté ou de l'autre. Bel exercice d'équilibre.

Mia madre est non seulement un film à voir, absolument, mais aussi un film qui mérite d'être revu. Par la façon dont il est construit (on peut, à la seconde vision, s'attacher au petit plaisir d'y déceler les"coutures" (les sutures) entre le réel et l'onirique) par la richesse et la multiplicité des reflets qu'il renvoie, sur la famille, sur le cinéma, sur les acteurs, sur les manifestations, sur les rêves, sur l'amour filial.  Par cette manière magnifique de n'être jamais définitif, (ni dans le récit de la maladie, de l'apprivoisement de l'idée de la mort, ou des théories filmiques  péremptoires) de choisir de rester dans cet entre-deux un peu cotonneux, incertain instable. "C'est savie, c'est ma vie, c'est un peu la vôtre aussi...", semble nous chantonner (nous chuchoter ? nous pianoter ?) Nanni M.
Et la musique vient sublimement accompagner tout ça (Arvo Part, Phil Glass, Benjamin Britten... je me régale...)

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21 novembre 2015

les quatre soeurs

NOTRE PETITE SOEUR
de Hirokazu Kore-Eda

je voulais que ça s'intule LES TROIS QUATRE SOEURS, mais avec l'éditeur de titres ça n'est pas possible.
Le nouveau film, donc, de Mr Kore-Eda, qui fait partie des réalisateurs que je suis depuis leurs débuts ou presque, tellement j'apprécie leur travail. Avec des films que j'adore plus ou moins, c'est normal. (Et je réalise, en révisant sa filmo sur all*ciné qu'on ne nous en a pas tout montré en France, mais mais qu'est-ce à dire ?)
Les récents étaient plutôt sympathiques, le dernier que j'ai adoré était Still Walking, (2008, déjà tout de même) une histoire de famille (comme d'hab) bienveillante en apparence mais nimbée d'une imperceptible -et délicieuse- cruauté.
Ici, il sera encore question de famille, où trois soeurs vont à l'enterrement de leur père, parti bien des années plus tôt avec une autre femme, et y font la rencontre de leur jeune soeur, qu'elle ne connaissaient pas. jeune soeur avec qui elles sympathisent immédiatement, lorsqu'elles apprennent que c'est elle qui s'est dévouée pour accompagner les derniers jours de leur père, ce que n'a pas su faire leur belle-mère (la seconde compagne de leur père).
Le divorce, la maladie, la mort, le film, on le voit, se bâtit sur des thèmes pas très guillerets mais construit sur ces bases a priori doloristes une histoire pleine de tendresse de lumière et de chaleur. C'est la principale différence de ce film avec Still walking, de rester toujours du côté du positif, du lumineux, de la douceur.
Les trois soeurs invitent la plus jeune à venir habiter chez elles, la prennent sous leur aile, elles vivent ensemble dans la maison familiale dont leur mère à elles, qui est aussi partie ailleurs "vivre sa vie", envisagerait peut-être la vente...
Et la vie passe, dans la maison, et c'est juste ça le film, la vie de ces "quatre soeurs", les détails, le quotidien, retranscrits avec délicatesse, entre estampe et hai-ku. C'est très japonais, très Kore-Eda, très délicieux. Le post aurait pu aussi s'intituler "Liqueur de prunes et cerisiers en fleurs" tellement le réalisateur nous rend sensibles -attentifs- à toutes les perceptions, tous les petits bonheurs -typiques ou pas- de la vie, et ça m'énerve beaucoup (ah, un sentiment négatif, le premier dans ce post) lorsqu'il apparaît que plusieurs critiques (les Cahiaîs, notamment) utilisent le terme de mièvrerie (mais c'est juste parce qu'ils sont jaloux (affreux machos, oui) que ce film ne soit "tenu" que par des femmes, voilà pourquoi). Pour une fois qu'il est question de pardon plutôt que de vengeance, de vivre ensemble plutôt que de se séparer, de sourires plutôt que de gros flingues, de jeunes filles en fleurs -de cerisier- plutôt que de yakuzas, de traders ou de serial-killers, laissons-nous aller, passons le pont qui mène à ce jardin japonais sur lequel se clôt le film -avec des Hana-bi, hihi, ça veut dire feux d'artifice en japonais, mais vous le saviez déjà depuis Kitano, no?-, sans craindre les fantômes qui pourraient venir à notre rencontre, et, surtout, surtout, ne boudons pas notre plaisir...

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18 novembre 2015

angkar

L'IMAGE MANQUANTE
de Rithy Panh

Terrifiant.

L'image manquante est un film terrifiant. Par ce qu'il évoque : le régime de terreur instauré par les Khmers rouges et leur leader Pol Pot au Cambodge, de 1975 à 1979. Le réalisateur était alors un enfant, il y a perdu toute sa famille, et il nous raconte son histoire, leur histoire. Qu'il reconstitue par l'intermédiaire de petites figurines de terre qu'il a façonnées sculptées et peintes. C'est l'histoire de son pays, le Cambodge, durant ces années effroyables, à partir du coup d'état du 19 avril 1975. Comment le délire d'un homme ("frère numéro un") noyauté par un groupe de fanatiques a planifié et exécuté un génocide (qui pour le reste du monde est resté longtemps tu) dont le nombre de victimes n'a jamais pu être d'ailleurs précisément établi (il serait question d'un cinquième de la population cambodgienne de l'époque, plus de deux millions de personnes dans les estimations les plus pessimistes.)

L'image manquante est un film bouleversant. La voix-off (celle de Rithy Panh qui dit les mots de Christophe Bataille écrits d'après les siens propres) sert de fil conducteur et de liant entre les images reconstituées (avec les figurines), les documents d'époque, et les images "autres" filmées par Rithy Panh (la vague qui revient, le flot, le flux), avec des interférences entre ces différentes strates / textures (Rithy Panh fait intervenir plusieurs fois ses figurines dans des décors réels et/ou d'époque. Le discours est posé, qui nous évoque des choses insupportables sans haine ni violence ni pathos. Une incantation douce, implacablement douce.

L'image manquante est un film magnifique. Il y est question du passé du réalisateur, de sa mémoire, de ses souvenirs et de sa douleur. A la succession implacable des événements (les habitants de Pnom-Penh chassés de leurs appartements, leur déportation à la campagne, les camps de travail, l'éradication par les Khmers rouges de tout ce qui rappelait la société "d'avant", les conditions de vie abominables, la faim, la maladie, le déni de toute humanité, de toute individualité) fait écho l'évocation par le réalisateur des jours "d'avant", justement, de la vie simple, du bonheur, de la famille, de toutes ces petites choses qui font le sel des souvenirs heureux.

L'image manquante est un film indispensable, primordial. Vital.

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11 novembre 2015

gâteau du shah

NOUS TROIS OU RIEN
de Kheiron

Il y a des cas de figures pas si fréquents : un film qui sort de nulle part, que je découvre en même temps que sa bande-annonce (j'allais écrire accidentellement mais non, il y a eu un super plan-média), et que j'ai aussitôt très très envie de voir (même à la dixième fois que je  vois la bande-annonce). Je connaissais son réalisateur de nom, Kheiron, et surtout parce que je l'avais repéré dans Bref de Kyan Khojandi (qui apparaît d'ailleurs dans ce film), où il tenait -sous le même patronyme- un rôle récurrent d'obsédé sexuel (il sais très bien mimer la fellation), dont on n'entendait jamais la voix (on le voit finalement beaucoup moins que je croyais, je viens de vérifier en re-visionnant les 80 épisodes). Il y apparaissait aussi avec le crâne rasé, ce qui fait qu'on est un peu surpris lorsqu'on le voit dans le film (il y joue le premier rôle, celui de son père), avec de la voix et des cheveux. Mais on s'y habitue vite, à cette tignasse frisée et à cette voix (très) douce, presque en décalage avec l'apparence physique du bonhomme, barbe de trois jours et virilité révolutionnaire de rigueur.

C'est un film qui fait du bien (honte aux Inrocks, à Libé, aux Cahiaîs et à Pozsitif, qui l'ont passé directos à la trappe et sous silence, sans doute à cause de la double caution Gaumont et M6, ouhlala), sans démagogie ni putasserie, un film généreux et sincère, appliqué et bordélique, reconstituant et déconstructif, doux et amer, bref, avec quelque chose des pâtisseries orientales qu'on y aperçoit (d'aucuns ont le droit de trouver ça trop sucré, trop mielleux, trop calorique, trop poufpouf) : en ce qui me concerne, je suis près à prendre encore quelques kilos pour avoir le plaisir d'y revenir.

Kheiron raconte l'histoire de ses parents (et la sienne donc, aussi) de sa famille nombreuse, d'une tranche (on reste dans la pâtisserie)  d'histoire de l'Iran et de ses habitants, et de leur manque de bol récurrent, avec lequel ils ont vécu (ils vivent encore) puisque, ayant réussi, à force de manifestations, à mettre le Shah dehors, ils l'ont fait remplacer par l'Ayatollah Khomeyni, avec les tristes conséquences  que l'on sait. Toute la première partie a lieu en Iran, jusqu'à ce que la famille du jeune Kheiron (qui ne s'appelle pas  encore comme ça) réussisse à s'enfuir d'iran et arrive en France.

Les deux parties diffèrent plutôt sur le fond (la révolution et la répression en Iran dans la première, la réhabilitation et l'apprentissage du vivre ensemble dans une banlieue pourrie pour la seconde) que par la forme (on garde la même pâte scénaristique qui brasse généreusement l'émotion et le rire, le même filmage attentif et attendri -on comprend que Kheiron puisse être fasciné par ses parents et ait eu autant envie de raconter leur histoire-). Certains ont, semble-t-il, été désarçonnés par cette façon quasi-systématique de mélanger les genres, de glisser une vanne à un moment dramatique, ou au contraire de faire couler une larmichette dans une scène de rigolade. Je trouve ça aussi culotté que bien dosé, cette bienveillante façon de lisser le récit (même si ça le dessert -tiens, encore la pâtisserie- parfois : le fait de faire jouer le Shah par Alexandre Astier (de Kaamelot) tire par exemple forcément le récit vers la connivence gaguesque, en minimisant délibérément le drame.)

Des larmichettes, j'en ai versé, je l'avoue, et des rires aussi, j'en ai eu. Bon, c'est vrai que la seconde partie est un poil (de barbe!) moins intéressante a priori, qu'elle est moins forte, par son youplaboumisme -mais en même temps qu'est-ce que ça fait du bien, et encore plus si c'est une histoire vraie. On irait volontiers y vivre dans cette pourrie cité, même si tout ça finit aussi extrêmement bien qu'on avait pu le souhaiter . (Cette phrase a-t-elle un sens ?)-

Peut-être parce que je viens justement de finir de le lire (et parce que je l'aime beaucoup aussi), mais j'ai pensé plusieurs fois à la BD de Riad Sattouf (l'Arabe du futur) pour cette tendresse de l'évocation de l'histoire familiale, cette importance des références à l'enfance, cette façon de styliser, en somme, les événements (de la petite histoire et de la grande), ce sens du détail, cette importance donnée aux sentiments, aux liens affectifs, et à l'espoir, indéfectiblement. A la ligne claire (graphique) de l'un répond la ligne claire cinématographique de l'autre. C'est raconté comme un comic, et pourtant c'est son album de famille qu'il partage avec nous, qu'il n'a pas seulement feuilleté -oui oui, la pâtisserie- mais aussi scénarisé, mise en cadre, en couleur, avec tendresse, amoureusement presque (et ça se sent à la façon dont les acteurs nous (lui) renvoient en miroir, cette chaleur, cet amour, avec une tendresse toute spéciale pour Gérard Darmon et Zabou Breitman, Leïla Bekhti, elle, est juste parfaite.)

Bon, et (hmmm) c'est vrai que je le trouve toujours aussi mimi (et les autres "iraniens" aussi, je sais je sais ce n'est pas un argument critique recevable mais ça ne gâche rien) et que comme disait Marie à la sortie, c'est avec grand plaisir que je retournerai le voir, son film, et pas uniquement à cause de ça (les barbes de 3 jours et les cils de gazelle). Parce qu'on en sort avec un sourire grand comme ça, en même temps qu'on renifle un peu et qu'on s'essuie les yeux. Parfait pour ce mardi après-midi et cette nouvelle "séance spéciale retraités" : on était les benjamins de la salle, hihi!

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8 novembre 2015

un mouton attaché à un piquet

NI LE CIEL NI LA TERRE
de Clément Cogitore

Les films de bidasses, j'aime plutôt bien. Ca m'attire. La promiscuité virile, la fraternité virile, les injonctions viriles, les plaisanteries viriles, les engueulades viriles, ouais, tout ça est en général très mâle et testostéroné. Et, chose curieuse, donne lieu à deux genres très différents : d'abord les bourrinades ubermusclées basses de plafond, à ras du champ de tir,  pleines d'explosions et d'affrontement guerriers exaltant la flamme patriotique, avec des couilles grosses comme des genades dégoupillées -les Ricains sont très forts pour ça- (à côté desquelles on pourrait ranger les désuettes et insupportables pantalonnades  kaki qui fleurirent dans les années 70  genre Embraye bidasse ça fume, ou les Charlots Bidasses ou même toute la série des Septième compagnie) que j'aime dirons-nous avec extrême modération, et, à l'autre extrême, des oeuvres beaucoup plus ambitieuses, plus symboliques, plus ambiguës, où le treillis ne serait finalement qu'un camouflage, presque un prétexte et qu'elles, j'adore (Beau travail, Beaufort, Yossi & Jagger, Infiltration (on pourrait créer un sous dossier "fils de bidasses israéliens") Ordinary people, Flandres, Les sentiers de la gloire, bon il faudrait que je consacre un autre post à ce thème, revenons donc à nos troufions), et dont  Ni le ciel ni la terre fait incontestablement partie.

On était peu dans la salle 4 à 18h15 (tant pis pour les autres). Je ne savais quasiment rien du film sauf l'affiche et SAUF QUE j'avais lu la critique des inrocks, en préparant pour la plaquette de programmation, et il me semblait avoir compris entre les lignes la référence à Apichatpongounet et sa Maladie tropicale (et surtout au fait qu'il n'était pas question ici de tigre mais de moutons, comprenne qui pourra) et je pensais donc que je connaissais donc le fin mot de l'histoire, ce qui m'agaçait tout de même vaguement.

Et puis ça a commencé, et il y avait des soldats, en Afghanistan, avec des Talibans cachés en face d'eux, des bons soldats dans les pays chauds, avec des gros bras et des tatouages qui roulent sur les gros muscles, et c'est Jérémie Rénier qui les commande (depuis quelques films, il a pris des allures et des mensurations de surhomme), et on ne comprend pas trop tout au début, avec le langage militaire qui crachote dans les talkie-walkies, la vision thermique des jumelles... ah si un chien disparaît, tout au début, et un homme aussi, et on a vu auparavant un villageois s'approcher de l'avant-poste des surveillances, malgré les sommations, avec un mouton. (ah ah me dis-je in petto). Très vite il s'avère que des hommes disparaissent, là, et une rencontre avec les talibans montrent que de l'autre côté aussi des hommes ont disparu, et chaque côté croit que ce sont ceux de l'autre côté qui ont pris leurs hommes...

Alors que non non.

Le film est très bien fait,  vous êtes happé, il ne vous lâche plus, et la tension grandit au fil des nuits, des bruits suspects, des disparitions successives, et des éléments nouveaux qu'un enfant va apporter, et qui ne vont faire que rendre encore les choses plus mystérieuses... On apprend que ce périmètre serait un territoire sacré, et qu'il serait dangereux de s'y endormir, et des discours sybillins sur une divinité qui prendrait les hommes font encore un peu grandir l'inquiétude. (On ne serait pas si loin, du coup, des Documents interdits, de Jean-Teddy Philippe, ne manquerait que la voix off) tandis que les événements se précipitent, que les hommes pètent les plombs, que le mystère s'épaissit, que les interrogations restent en suspens...

Du beau travail (hihi) et de la métaphysique quasi qui pointerait son nez derrière la perception rassurante de la réalité. Un film ambitieux et prenant dont les plus pragmatiques regretteront peut-être que toutes les questions n'y soient pas in fine élucidées. un film d'hommes à la fois terriblement concret, réel, sûr de lui (droit dans ses rangeos), et subtilement contaminé par des terreurs primales (la peur du noir, de l'inconnu, de l'irrationnel). Comme déposant les armes du réel aux pieds de la fantasmagorie. Anxiogène, mais captivant.

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4 novembre 2015

mère et fils (x3)

ASPHALTE
de Samuel Benchetrit

(Séances de retraités du lundi 13h45 avec Marie)
C'est avec grand plaisir que j'y suis retourné, et ça m'a peut-être encore plus touché que la première fois. Ou comment insérer de l'émotion ("du lien") dans un décor uniformément sale et moche (et triste aussi). Réalisé que dans les trois histoires, il est fait mention plus ou moins explicitement, du lien mère-fils.

Le plus légérement dans l'histoire du photographe et de l'infirmière (où la mère du personnage -solitaire- n'apparaît que par le biais du carton marqué "affaires de maman", en haut de l'armoire, où Gustave Kervern va récupérer les appareils-photo, et à la fin de l'album-photo qu'il a fabriqué pour sa dulcinée (visiblement l'album de famille dans lequel ne subsiste plus qu'une seule photo, celle de Gus avec sa mère "Qui c'est ? demande Valeria, Oh rien, une femme répond-il alors.

Avec un peu plus d'insistance dans l'histoire de l'ado et de l'actrice : Jules Benchetrit (le fils du réalisateur et de Marie Trintignant) joue un ado livré à lui-même (il communique avec sa mère -qu'on ne verra jamais- par petits mots interposés) et va faire répéter à Isabelle Huppert une scène de Néron où elle interprète le rôle d'Agrippine, une mère face à son fils, Néron. Face à face et regard-caméra, propices à une montée de larmes bienvenue. (Pièce de théâtre  qui, semble-t-il, je viens de fouiner sur le ouaibe, n'existerait pas "en vrai" en l'état, et donc non plus ce beau dialogue (presque un monologue) entre mère et fils. L'oeuvre réelle s'en rapprochant le plus serait le Britannicus de Racine, avec Néron et Agrippine, mais sans Poppée).

Et de la façon la plus évidente dans la troisième histoire, entre la maman arabe et le cosmonaute, puisqu'on y voit non seulement le "vrai" fils de la maman (qu'elle va visiter en prison) mais la transformation opérée sur le personnage du jeune américain en fils de substitution de cette mère trop seule (il dort dans sa chambre, il met ses vêtements, et il aura même droit, en arabe, à la berceuse que sa maman lui chantait quand il était petit pour l'endormir, à laquelle il répondra en offrant, en anglais, la propre berceuse que sa mère à lui devait lui chanter, au cours d'une autre belle scène où les larmes soudain montent aussi, et c'est très bien comme ça).

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2 novembre 2015

une femme sous influence (puis une autre)

 Le hasard a fait que j'ai vu le même jour, dans la même salle, deux films qui se ressemblent : tous deux réalisés par une femme (des "films de femme", donc ?) pour qui j'éprouve plutôt de la sympathie, tous deux racontant l'histoire d'une femme fascinée (grugée, trompée, manipulée) par un homme, tous deux évoquant une relation amoureuse en dents de scie, faite de crises et de réconciliations, de séductions et de répulsions, d'engueulades sévères et de copulations rabibochatoires  tout aussi... intenses, tous deux (c'est drôle ce masculin redondant pour évoquer des ouvrages de dame, aïe pas taper) m'ayant plu mais (pas entièrement convaincu).

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MON ROI
de Maïwenn

J'avais adoré son Polisse, aussi son Bal des actrices, sans avoir eu envie de voir son Pardonnez-moi . Là, j'hésitais : Cannes blabla, le Prix d'interprétation à Emmanuelle Bercot, et puis Vincent Cassel, bah... une place à 5,50€ (valable jusqu'au 1er nov) m'a décidé. Ca commence plutôt très bien (voire excellemment) : une femme qui a eu un accident de ski arrive dans un centre de rééucation pour son genou en morceaux, et en profite pour repenser à (et nous raconter par la même occasion) son histoire, et ce qui l'a amenée là. une histoire banale : elle est tombée amoureuse d'un mec (Vincent Cassel, impressionnant) ils se sont mariés, ils ont eu un enfant, ils se sont séparés, rabibochés, re-séparés, etc. Au début ça (le film) se passe vraiment très bien (une scène de drague en night-club magnifique), l'alternance du passé (l'histoire du mec) et du présent (elle est dans un centre plein de jeunes sportifs assez testostéronés mais sympathiques qui vont peu à peu la prendre en sympathie) fonctionne parfaitement, c'est vrai que le personnage joué par Emanuelle Bercot est à large spectre (comme les antibiotiques du même nom) et qu'elle s'en sort vraiment du tonnerre de Dieu. Mais. Bon 2h et quelques pour raconter la même chose c'est forcer un peu la dose (quand ils baisent le jour même où ils viennent de divorcer et se retrouvent "en famille", le spectateur commence à lever un peu les yeux au ciel.) Chaque scène de réconciliation contenant, en germe, la scène de dispute qui va suivre immanquablement. Et le film alors se mord la queue si je puis dire.
Ok, c'est une femme fascinée par un homme, ok il est menteur, ok il la roule dans la farine, ok il souffle le chaud et le froid, ok c'est une crevure (comme on dit chez nous) et ok malgré tout ça, le fait qu'elle le sache et qu'elle en ait conscience, elle ne peut pas s'en empêcher (cf le tout dernier plan), je le comprends (je ne peux pas m'empêcher de, je dirais même que je pourrais avoir -que j'aurais pu avoir- le même genre de fonctionnement) mais je m'ennuie quand même un bon moment (malgré les facéties de Louis Garrel en frérot-Droopy à casquette et le personnage de la belle- soeur que j'ai cru pendant tout le film incarné par Maiwenn elle-même -en me disant mais qu'est-ce qu'elle a fait à son visage, de la chirurgie esthétique, déjà, quel dommage - mais non, qui était joué par sa soeur, Isild Le Besco, qu'on n'avait jamais vu en noir corbeau à ce point.), et je suis même parfois presque embarrassé (la scène du restaurant, par exemple).C'est trop, un peu trop : énervé, énervant, nombriliste, branchouille, parisien, fabriqué, artificiel, hystérique (décochez les cases correspondantes).

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LOLO
de Julie Delpy

J'avais adoré son 2 days in Paris, son Skylab, un peu moins son 2 days in New-York, et pas eu envie de voir sa Comtesse.
Elle restera toujours pour moi la jeune fille diaphane (translucide) à la motocyclette de Mauvais sang, mais, trente ans plus tard, si elle est toujours blonde, elle est beaucoup moins éthérée (surtout niveau langage) et c'est tant mieux (c'est ça qui m'avait tant plu dans son premier film, cette extrême verdeur des dialogues : elle appelle une chatte une chatte et une bite une bite). Ça commence d'ailleurs très fort (on est en thalasso entre copines) à peine deux minutes de film et il a déjà été question de chatte (de part et d'autre -elle c'est Julie Delpy et la copine c'est Karin Viard, qu'on n'avait pas vue aussi crûment chaudasse depuis un certain temps.)
Les deux copines en cure (et en chasse) tombent par hasard sur deux mâles du cru, et finissent par se faire inviter le soir-même à une "soirée-thons", ou Julie D. jette ses filets sur un mec à l'air gentil, un peu benêt presque (que Dany Boon joue à la perfection).
On se retrouve à Paris (finie la thalasso), les filles se sont remises au boulot et voilà que le benêt (qui est tout de même ingénieur informaticien) est justement venu s'y installer aussi, et que l'idylle donc perdure (et même s'enracine). Seul bémol, Lolo, le fils de Julie, qui est revenu squatter l'appart maternel pour cause de rupture avec sa copine, et qui ne voit pas d'un bon oeil (qu'il a pourtant de biche) cette intrusion dans son cocon oedipien. Et va tout faire pour que ça cesse. Et on va se retrouver exactement dans le même schéma (relation en dents de scie, engueulades, réconciliations au lit -le nunuchon est censé avoir une très  grosse bite, je n'invente rien-) que le film précédent, sauf qu'ici chacune des crises a été soigneusement causée par le grand fiston au sourire angélique. poil à gratter, tranquillisants, virus informatique, il y va d'ailleurs de moins en moins de main morte, l'angelot. mais bon du coup c'est aussi un peu répétitif, comme dans l'autre film, et on s'ennuie aussi parfois un peu.
Mais j'aime le ton du film et l'auto-dérision de Julie Delpy qui n'hésite pas à se représenter en bourgeoise bobo à la quarantaine angoissée, un peu à la Brétécher, avec les dialogues trash en plus (ça ça me plaît toujours autant). Et Karin Viard fait très bien la paire. Les mecs du film sont un poil en-deça, Dany Boon parce que je me demande toujours s'il a demandé 3 millions d'euros pour jouer ça -et si Julie  Delpy ne l'a pas engagé juste comme caution bankable du film-, et Vincent Lacoste parce qu'il est moins convaincant en psychopathe qu'en séraphin.

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