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lieux communs (et autres fadaises)
12 octobre 2015

comme un bruit

ASPHALTE
de Samuel Benchetrit

J'avais adoré son J'ai toujours rêvé d'être un gangster au cinéma, j'ai commencé à lire ses Chroniques de l'asphalte (5 volumes), et voilà que me tombent sous les yeux l'affiche, puis la bande-annonce, puis l'avis enthousiaste d'Hervé...
Whaouuuh! Huppert, Kervern, Bruni-Tedeschi, Michael Pitt, du beau linge, dans cette cité crasseuse. Mais on n'est ni dans Dheepan, ni dans La haine, ni même dans Fatima. (pas de guerre de gangs de dealers à la kalachnikov, pas de charge anti-flics, pas de chronique sociale et humaine, non, ici c'est autre chose.). Pourtant on est bien là, banlieue, faubourgs, logements sociaux, friches industrielles... Samuel Benchetrit reprend le ton de ses Chroniques de l'asphalte, et le regard aussi. J'ai juste reconnu le début de la première nouvelle des Chroniques de l'asphalte (une histoire d'ascenseur, de réparation, et de prix à payer) mais ça part vite ailleurs. (Il en reprend aussi la toute dernière). Trois histoires parallèles de "rencontres de voisinage", trois histoires plus ou moins improbables : un sociopathe et une infirmière, un adolescent et une vieille actrice, et une maman arabe avec un cosmonaute américain tout juste tombé du ciel.
On retrouve l'humour (souvent acide) qui assaisonnait déjà J'ai toujours rêvé... et la tendresse d'un regard bienveillant sur des personnages  qu'on peut qualifier de seuls (ou de solitaires). De leurs tentatives de rapprochement. De prise de contact. Des difficultés de communication, de compréhension, qu'ils rencontrent.
Comme dans les films susnommés, la représentation de la cité fait l'objet d'une stylisation, mais pas pour en faire une zone de non-droit ou un terrain d'affrontement (ou de revendications sociales). Un terrain de jeu ? On est juste "autre part", dans un non-lieu, plutôt moche, presque abstraitement, un microcosme observé de très près, quelques mètres carrés à la fois, sans jamais vraiment s'apesantir, à mi-chemin entre le poétique et l'absurde  (un toit, une entrée d'immeuble, un escalier, un couloir).
Benchetrit, avec ses trois histoires, sait très bien aller de l'extérieur (l'histoire de Kervern et Bruni-Tedeschi) vers l'intérieur le plus intime (Madame Hamida et Michel Pitt). La troisième histoire (Huppert et Jules Benchetrit) fait fonction d'entre-deux : l'appart' de l'un, l'appart' de l'autre, et le couloir entre les deux.
C'est très plaisant cette approche minimaliste, sans effets ou presque, à bas bruit. Les trois histoires coexistent mais restent indépendantes, alternées  en rondelles de couleur dans un tian estival qui donnent un équilibre visuel à l'ensemble (c'est peut-être le petit reproche qu'on pourrait faire, mais bon... ça n'est pas gênant dans la continuité narrative, au contraire, c'est bien plus intéressant, question de goût, que s'il avait fait 3 chapitres successifs et disjoints). Les silences affleurent, comme des appels d'air où passeraient les anges. (Oui, il y a de l'angélique, du candide, de l'attendrissant par ci, par là, la, dans la bouille blonde de Michael Pitt, dans la posture de Valérie Bruni-Tedeschi,  dans la façon de boire du lait de Jules Benchetrit, dans le verre de vodka de Huppert, dans le vieux polaroïd et les non moins vieux flashcubes de Gustave K., mais surtout, surtout, chez Madame Hamida, dont l'humanité et la tendresse pourraient servir de contrepoids à toute la méchanceté du monde. Ca pourrait bien être une cousine pas si éloignée de la fatima de Philippe Faucon.
Et, puisqu'on est dans les parentés et les cousinages,  cette histoire de bruit récurrent entendu par tous les personnages, qui est le seul point commun à ces trois histoires, pourrait bien figurer dans Nous les vivants, de Roy Anderson, autre observateur "décalé". Oui, que voilà donc un fort aimable film.

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8 octobre 2015

le chat et le réceptionniste

LA VANITE
de Lionel Baier

Après ses plaisantes Grandes ondes qui nous avaient conduits(s) au Portugal dans une camionnette suisse (avec à son bord, entre autres, Michel Vuillermoz et Valérie Donzelli), Lionel Baier nous ramène en Suisse, une Suisse froide, enneigée, hivernale, et nocturne. Un vieil architecte débarque un soir dans un motel au milieu de nulle part, il y est bientôt rejoint par une espagnole qui vient conclure avec lui  le protocole d'euthanasie auquel il a souscrit.
Il y a aussi , à la chambre 7 (juste à côté) un charmant prostitué russe à toison apparente (oui, charmant) duquel il va bientôt demander l'aide puisque le protocole implique obligatoirement la présence d'un témoin et que son fils vient juste de lui refuser de jouer ce rôle.
Pendant une grande partie du film, on ne va guère bouger de ce périmètre : le hall, la chambre, l'espace devant les chambres et la boîte  de nuit juste à côté. on rentre, on ressort, côté chambre et côté cour,une géographie minimaliste pour une théâtralité affirmée, mais plaisante parce que jamais surjouée. Le vieil architecte voudrait en finir, l'accompagnatrice tente de l'en dissuader (comme c'est écrit dans le protocole), le prostitué reçoit ses clients. Chaque chose à sa place. Le triangle des protagonistes est posé. mais il est instable et fragile en cette nuit glacée, et les choses ne vont pas se passer, évidemment, comme elles auraient dû le faire.
Les grandes ondes était joyeux, énergique et bordélique (j'y ai vraiment ri de bon coeur, et c'était un FAQV si je me souviens bien -avec quéquettch portouguèch me semble-t-il-), celui-ci est, de par son thème, moins propice au départ à se taper sur les cuisses d'hilarité. Pourtant on n'est jamais non plus dans le lacrymal. Une certaine gravité digne (le postulant au suicide) mais non dépourvue de vachardise, avec le(s) contrepoint(s) bienvenu(s) de l'ironie tendre (le prostitué) et de la romance acidulée (l'accompagnante).
Inutile de préciser que les trois acteurs ( Carmen Maura, Patrick Lapp et Ivan Georgiev) sont parfaits.
Il m'a fallu un certain temps pour comprendre que le titre du film ne se rapportait pas (tout à fait) au sentiment, mais faisait plutôt référence à un  type de tableau particulier (que l'on voit dans le film) :

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C'est une "vanité" (je vous renvoie à la définition de wikipédioche, ) quoique, finalement le tableau n'en soit pas vraiment une, puisque l'élément le plus remarquable en est le machin, au milieu, en bas, qui semble flotter de traviole, et qui se révèle être un crâne, (mais élément habituel, par définition, des vanités ouf on y revient) et qui s'appelle une anamorphose, et peut-être que le film aurait du s'appeler comme ça mais ça faisait quand même molto prétentioso d'appeler un film L'anamorphose, non ?)

Le film y fait plus ou moins référence, au tableau, au thème du tableau, à ce qu'il évoque et/ou connote. Il est tout de même question d'avoir fait le choix de mourir. Le passé, la mémoire, finissent fatalement par se pointer, d'autant plus que ce motel miteux où il a décidé d'en finir, c'est lui-même et son épouse qui en avaient dessiné les plans, dans les années 60. Narrativement, le film se tient droit pendant un moment, mais, dans la chambre il y a quand même une lourde tenture rouge qui bouge à peine et nous fait presque des clins d'oeil lynchiens. Le film se met alors un peu à zigzaguer, comme sortant de l'orbite de son petit théâtre confortable et douillet (même s'il y fait frisquet) pour aller un peu à côté. Le triangle central d'Au théâtre cette nuit se défait, tangue, se déséquilibre puis se recompose d'une manière, ou d'une autre.

Car aucun des trois n'est, vraiment, tout à fait le personnage qu'il (le réalisateur) nous a présenté au début du film (mais ça on s'en doutait). Chacun ment, se ment, plus ou moins. Les choses non plus ne sont pas forcément ce qu'elles ont l'air d'être. Par exemple si je rajoute cette photographie, ça ne risque pas de simplifier les choses...

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Même si le film  s'empêtre (puis retombe) un peu, sur fin, je continue d'apporter mon indéfectible affection cinéphile à Lionel Baier et à son cinéma ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Singulier, vous avez dit singulier ?

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Je précise que le film n'est sorti ni à Besançon ni dans le bôô cinéma et que je l'ai vu chez moi en dvd "propriété de hapiness" grâce à l'ACID... Merci l'ACID!

 

7 octobre 2015

elle, il, tu, je

La une de Libé en pleine page,
+ 4 pages à l'intérieur
pour évoquer la mort de Chantal Akerman

akerman libé

Une cinéaste dont le premier long-métrage Je, tu, il, elle (1974) avait accompagné la naissance de ma cinéphilie "pointue". Nous nous sommes tant aimés, ensuite, régulièrement, jusqu'au début des années 90 (News from home, Les rendez-vous d'Anna, Toute une nuit, Golden eighties, Nuit et jour), puis nos rencontres se sont espacées jusqu'aux années 2000 (2000 : La captive, pas aimé, 2004 :  Demain on déménage, beaucoup aimé, 2007 : La folie Almeyer, pas vu)
Je n'ai vu presqu'aucun de ses courts-métrages ou de ses documentaires, et je n'ai découvert que très récemment le magnifique Un jour Pina m'a demandé (1983) et, surtout, Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles, avec la sublimissime Delphine Seyrig, qui lui a valu, semble-t-il, les hommages attendris de Todd Haynes, Gus Van Sant, Apichatpong Weerasethakul, Claire Denis, dans ce même Libé...
Une théoricienne, une expérimenteuse, une forte tête, une "politique", ayant donné le jour à une oeuvre impressionnante par sa variété, foisonnante dans la forme et l'étendue du répertoire, mais toujours gravitant finalement autour du même (épi)centre : aimer, être aimé, ne pas l'être, ne plus l'être. Un cinéma exigeant mais touchant, un cinéma de peau et de sucre en poudre, de nuit d'été, de taxi(s), de femmes amoureuses, et/ou malheureuses.

7 octobre 2015

conga

LIFE
d'Anton Corbijn

De la bande-annonce je n'avais, en gros,  retenu qu'une chose : qu'ils avaient affublé Ben Kingsley d'une prothèse nasale, justement ("en gros"), maousse. Et je n'avais pas fait attention au nom du réalisateur, abîmé que j'étais dans la contemplation de cette péninsule. Ben Kingsley joue jack Warner, et on doit le voir trois fois en tout dans le film, mais, à chaque fois, son tarin crève l'écran. (la bande-annonce, en plus n'est pas très attractive je trouve.)
Je ne suis pas très "biopic", en général les reconstitutions m'emmerdent. Sauf si, comme c'était le cas ce soir, je ne connais pratiquement rien de la personne biopicisée. Vous allez rire, mais à part le fait qu'il est mort jeune et qu'il n'a fait que 3 films, je ne savais quasiment rien d'autre de James Dean. (Est-ce que c'est le même dont on parle dans ce vieux film d'Altman que j'avais beauvoup aimé, Reviens Jimmy Dean Reviens ? Oui oui me semble-t-il me rappeler).
Et si Jack Warner a un drôle de nez, James Dean a une drôle de voix. J'avais à chaque fois l'impression que le personnage était doublé par le chanteur d'Anthony and the Johnsons. Ah oui je précise encore que je n'ai vu aucun des trois films de James Dean, ceci explique peut-être cela. Je l'imaginais avec une voix de cow-boy, râpée à la clope et au bourbon, et voilà qu'on me le (re)présente avec une voix de diva... Déstabilisant. Donc j'ai regardé ce film comme s'il y était question de personnages imaginaires, dés héros de fiction, des silhouettes de celluloïd, et ça fonctionne plutôt bien.

Les histoires d'amour j'aime bien. Si en plus, c'est entre deux mecs c'est encore mieux, et si, par-dessus le marché, ils n'en ont pas tout-à-fait conscience, alors, bingo. Le sous-sous-texte gay (SSTG) n'a plus besoin d'être si sous-sous que ça, et tout roule. j'aime les garçons comme ça qui se cherchent un peu, pas trop, mais si finalement, juste un peu plus que ça... avec des kilomètres de points de suspension.
Robert Pattinson semble être une superstar (mais hormis Map to the stars je n'ai vu aucun de ses films, (Twilight pouah! plutôt mourir) par contre all*-ciné nous l'annonce pas moins de 5 fois sur les écrans prochainement, sous la direction de James Gray, Harmony Korine, Claire Denis, Werner Herzog, Olivier Assayas, Ben & Josh Safdie... ça n'est plus le vent qu'il a en poupe, c'est un bon gros cyclone!).

Il est donc question de gens connus (ou qui vont le devenir), de cinéma et de photographie (et même un chouïa de musique, puisque Jimmy D. a un instrument de prédilection qu'il trimballe partout avec lui, et sur lequel il aime à tapoter). Il est question de gloire (naissante), et des règles mises en vigueur auxquelles on est censé se conformer si l'on veut qu'elle perdure. Par le parallèle posé entre les deux personnages : Jimmy, l'"acteur ombrageux", qui semble s'en désintéresser, ou avoir un peu de mal à faire avec, et Dennis le photographe ambitieux qui rêve d'y accéder, le réalisateur nous pose le cul entre deux chaises putatives : la prendre ou la laisser ? Les paillettes les soirées de gala et les couvertures de magazines (et les photographes) ou bien le benedicite en famille, les balades dans la neige et les lectures d'illustrés au coin du feu (et les photographies qui vont avec) ?

La relation entre les deux hommes, l'artiste débutant et l'aspirant artiste, est assez bien vue, reviens/va-t-en, ni avec toi ni sans toi, oui mais non, (avec quand même ce qu'il faut de copines pour ne pas trop faire affleurer le SSTG ni effaroucher le spectateur médian (c'est plus joli que moyen, non ? et c'est aussi plus ambigu, comme "hétéro flexible") hihihi) pour faire sonner tout ça assez juste. A propos de sonner, il faut préciser que c'est un film avec des bruits (plus de bruit que de fureur, d'ailleurs) récurrents (il commence d'ailleurs par un son un peu désagréable qui monte dans le noir, dont on réalise qu'il s'agit d'une ampoule rouge de labo -joli gros plan de filament comme entrée en matière, interprétez-le comme ça vous chante-, et continuera en alternant, pour faire bref,  les frappés de conga de Jimmy et les déclencheurs d'appareil-photo de Dennis -c'est un bruit que j'adore-), pour un film d'ex-photographe (de stars), c'était important de le signaler.

On pourrait dire que finalement chacun des deux a besoin de l'autre, mais qu'ils n'arrivent jamais à partager les choses comme il faut au même bon moment. Jamais synchrones. Mais ça donne deux heures très plaisantes, pas ennuyeuses mais parfois sur le fil de l'indolence, pour un film pas vraiment attaquable (ça se rapprocherait même de l'irréprochable -oui qu'est-ce que je pourrais bien lui trouver à redire ?-) mais pas non plus inoubliablement parfait (ou parfaitement inoubliable ?)
Des moments justes, des acteurs attachants, et pourtant, pourtant... (je n'y ai pas dormi une seconde, ce qui me semble pourtant d'excellent augure). Peut-être trop "classique" (académique ? appliqué ? non, pas vraiment) ou juste trop... prudent. Oui c'est peut-être le mot qui s'en rapprocherait le plus. Ou sage ?

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L'affiche aussi est impeccable....

5 octobre 2015

petits moulins à eau

sans ponctuation tiens

CEMETERY OF SPLENDOUR
d'Apichatpong Weerasethakul

une fois à paris une fois à Besançon il était logique de terminer par cette fois dans le bôô cinéma  séance de 18h, jeudi nous sommes deux dans la salle, F est là je vais m'asseoir à côté d'elle c'est une copine de copine une cinéphage que j'apprécie d'autant plus pour son assiduité à nos films

nous discutons le bout de gras à propos d'Apichatpongounet avant le début de la séance  je suis juste un peu inquiet parce qu'il ne me reste dans ma boîte que deux pastilles contre la toux et que j'ai justement très peur de tousser pendant le film 

le film commence et comme d'hab j'aime cette entrée par un écran noir duquel va monter progressivement le son des pelleteuses que l'on verra ensuite au loin juste avant les soldats beaucoup plus près

nous sommes alors rejoints dans l'obscurité par un mystérieux jeune homme brun et barbu qui va s'asseoir derrière nous, tout en haut et dont je ne réussirai pas à voir ni savoir davantage

c'est la première fois que je verrai le film dans son intégralité sans aucun fermage de zyeux ni endormissage intempestif et autant pour la deuxième partie je suis capable de me souvenir de l'enchaînement des séquences après le milieu du film avec les scènes qui changent de couleur autant pour la première moitié je suis très souvent ou presque surpris par l'enchaînement des séquences

lorsqu'arrive la scène où la dame a les yeux grands ouverts devant les gosses qui jouent au foot dans les tas de terre avec la brume qui monte je sais que c'est la fin et je suis étonné et presque déçu que tout se soit passé si vite

ces deux heures comme un rêve agréable apaisant nous discutons pendant le générique le mystérieux jeune homme s'est éclipsé et F m'avoue qu'elle a un peu piqué du nez par instants mais que c'était très agréable

contrairement aux fois précédentes je n'ai eu les larmes aux yeux qu'une seule fois au moment où la dame va avec son gros fiancé américain dans le temple des deux déesses et qu'elle y fait déposer trois animaux miniatures en offrande un singe un tigre et peut-être un serpent

oh ces petits moulins à eaux comme je les aime

4 octobre 2015

bande de filles

MUCH LOVED
de Nabil Ayouch

Second film de l'après-midi, que j'avais très envie de voir mais comme ça (dont je n'attendais pas forcément grand-chose : j'étais surtout venu pour le Garrel, et les histoires de filles entre elles m'ennuient un peu en principe -oui oui je suis un gros phallo sectaire de pédé-).
Ce ne fut pas une bonne surprise, ce fut carrément un éblouissement.

Quelle énergie, quelle liberté, quelle force, quel courage, quelle émotion, quelle merveille!

J'en suis resté béat. Un film de reines. Quatre filles, Noha, Randa, Soukaïna et Hlima, qui se prostituent et qui habitent ensemble (quatre à la fin, pendant un grand moment elles ne sont que trois), à Marrakech. La vie de ces filles entre coups de gueule, coups de blues, coups de sang, (et quelques coups de putes aussi...).

Un film où  les mecs ressemblent à ce que sont tous les mecs (ou presque) dans la réalité : des beaufs, des menteurs, des queutards, des coqs, des salauds, des faux-culs, des frustrés (le catalogue est assez exhaustif, de la masculine condition,  et ne sont finalement épargnés, dans le film, que deux personnages masculins : le chauffeur et le "clochard".)

Des soirées "avec les Saoudiens" (alcool, coke à tous les étages, danse du ventre et techno à donf) où tout va très/trop vite et fort, mais en alternance avec le quotidien, ses combines et ses crêpages de chignon - Qui s'est servi de mon mixeur ? Qui a pris mon parfum ?  -(et ses coups de téléphone avec roucoulades déclarations et battements cils de gazelle) avec, entre les deux,  de bien beaux trajets en automobile, souvent nocturnes, à travers la ville, qui montrent simplement que Marrakech by night n'est pas si glamour ni teufesque que ça...

Avec, en contrepoint (et en filigrane) les allers-et-retours, beaucoup moins tonitruants, que fait Soukaïna (habillée et enfoulardée très sagement) pour aller voir sa famille (sa mère, ses frère et soeur, mais également son fils, qu'elle semble avoir laissé là en dépôt, ce que lui reproche régulièrement sa mère.) et leur démontrer son affection avec des biffetons.

Un film magnifique, énerg(ét)ique, solaire, solidaire, salutaire. un film

Un film fort, incontestable, immanquable. (toutes les épithètes devraient d'ailleurs être au féminin, tant elles le méritent, les héroïnes de Much loved, tant elles sont dignes, d'éloges, bien sûr, mais dignes aussi, tout court.)

Allez-y! Elles le méritent.

Femmes, femmes / La cité des femmes  / Femmes de personne / Femmes au bord de la crise de nerf...

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3 octobre 2015

sérénade à trois

LES DEUX AMIS
de Louis Garrel

Golshifteh Farahani + Louis Garrel + Vincent Macaigne = Oh oh oh (voix de Père Noël)

les deux amis

Cette photo-là (plus l'affiche) c'est tout ce que je savais du film. Et rien que ça me donnait énormément envie de le voir.
Louis Garrel, pour moi, c'est surtout lié aux films de Christophe Honoré (que j'ai a-do-rés : surtout  Les Chansons d'amour et Les bien-aimés). Il semblerait qu'il énerve beaucoup de monde, parce qu'on a l'impression qu'il joue toujours le même personnage (ou qu'il a toujours le même jeu) mais, à chaque fois, je craque. Je l'aime comme ça. (dans le St Laurent de Bonello, il est parfait)
Golshifteh Farahani est sublime, et sa filmographie ne l'est pas moins (My Sweet Pepper Land, Syngué Sabour, Si tu meurs je te tue, A propos d'Ely... ) à chaque fois elle subjugue, mais pas uniquement par sa beauté, par la qualité de son jeu, aussi...
Vincent Macaigne, pour moi, c'est pareil.
Je le trouve tout aussi beau, avec sa barbe sa tignasse et ses yeux de chien battu (plus il a de barbe et plus beau je le trouve, autant dire qu'ici il est sublimissime.) Pour la filmo, idem (Un monde sans femmes, Les Lézards, Tonnerre, La Bataille de Solférino, Deux automnes Trois hivers...), beaucoup de choses qui m'ont donné beaucoup beaucoup de bonheur. (je mettrai à part La fille du 14 juillet, qui m'a -vraiment- exaspéré). Mais comme pour Garrel, certains commencent à lui reprocher de toujours jouer le même personnage, de "faire son Macaigne". Moi ça ne me gêne pas, il peut continuer tant qu'il veut (et allo-ciné vient de me mettre l'eau à la bouche...).

En plus c'était un film réalisé par Louis Garrel, avec l'aide de Christophe Honoré au scénario, et donc j'étais curieux. J'avais déjà beaucoup aimé son court-métrage Petit tailleur. Donc je me suis installé, ronronnant, dans mon siège (je devais presque briller dans le noir tellement j'étais content.). Dès le  début, Garrel nous surprend par une scène qu'on ne s'attendait pas vraiment à trouver là (une douche, une prison, une prisonnière qui va prendre le bus pour aller bosser), tant on supposait rester dans le registre de la comédie-sentimentale-parisienne-bobo-etc, et nous appâte donc hop! fort habilement. D'autant plus que lui fait suite la première apparition de Vincent M., en casquette rouge derrière un poteau, tout à fait irrésistible. Et Louis Garrel a la délicatesse de ne pas se faire apparaître tout de suite.

Il s'avère que la suite du scénar n'est pas tout à fait non plus comme on l'attendait (ou le craignait) : il ne s'agit pas d'une rivalité amoureuse entre deux hommes pour la même femme au début, tout du moins). Il s'agit de deux amis (comme dans la fable de La Fontaine, dont l'un est amoureux d'une femme magnifique qui ne l'aime pas, et demande donc à son ami (à lui) de l'aider.)
La journée passe, Gare du Nord et environs (c'est là que Mona -Golshifteh- vend des viennoiseries). Et un train qu'on prend (ou pas) prend, soudain, une importance vitale.
 Elle ne le prend pas (ça va barder pour son matricule) Les deux zozos ne savent pas pourquoi elle est obligée de rentrer ainsi tous les soirs. Et ils vont donc passer une nuit tous les trois (pas tout le temps ensemble, d'ailleurs), dans Paris. Une belle nuit, une nuit agitée, avec des aléas, des incidents, des quiproquos, des mensonges,  des déclarations péremptoires, des disputes. Une bien belle nuit. Où on déambule, où on parle (beaucoup) aussi. Mais où rien n'est, finalement si grave (ni si pris au sérieux.) C'est filmé avec élégance et  finesse (avec beaucoup de soin apporté à a lumière et aux cadrages. Non seulement le récit tient ses promesses (tient sa parole ?) mais il sait régulièrement nous surprendre par quelques bienvenus accrocs dans la trame : des excès burlesques (Macaigne et Garrel s'y entendent -ou pas justement, hihihi!- à la perfection) qui éclatent ça et là comme des feux d'artifice joyeux et incongrus dans cette (froide) nuit parisienne. Et tout ça très plaisant.
Abel, Clément, et Mona. Et pourtant, les amis ne sont que deux dans le titre du film. Garrel, mine de rien, ne l'a pas choisi par hasard, en en ôtant l'élément féminin perturbateur (l'amitié est une chose, le désir en est une autre, et l'amour une troisième). Et on y va! Car  on ne se fait pas prier pour marcher avec eux  la nuit, aller nourrir un oiseau bleu, danser dans un bar désert, dormir en cellule menotté(s) à un banc, se faire des bisous pour se souhaiter bonne nuit (toute la partie hôtelière est délicieuse). D'autant plus que le sous-sous-texte gay n'est pas si sous-sous que ça (il est presque à la surface pour les deux camarades, et il affleure même carrément avec le veilleur de nuit de l'hôtel.) On sent que cette problématique bi est assez familière -et récurrente- à notre ami Loulou. Mais je précise (pour les amateurs éventuels) : ici pas de QV (ce n'eût été ni le lieu ni l'heure). Mais tout le reste est tellement agréable qu'on (on c'est je ici) n'en aura même pas ressenti le besoin, c'est dire.

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En fouinant sur all*ciné, j'ai découvert que Louis Garrel avait fait trois courts-métrage, et je viens de regarder La régle de trois, sur y*utube, avec Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne (avec un tout petit peu de barbe ) et Louis Garrel... deux amis (Vincent et Louis, qu'ils s'appellent), la fiancée de Louis (qui elle n'a pas de prénom), et une promenade parisienne où l'on parle de l'amour et de l'amitié (on voit même les deux amis marcher dans la rue en se tenant par le petit doigt, pour faire comme les mecs au Maroc, et trouver que c'est "très étrange"...), qui peut-être vu comme une postface (ou un prélude) à ce film-ci.

1 octobre 2015

services sociaux

ZANETTA
de Petr Vaclav

J'avoue, j'ai hésité. Après ma diatribe contre "les films soci(et)aux avec des enfants malheureux" je craignais de l'être  aussi (malheureux) à nouveau. Et puis je me suis souvenu qu'Hervé l'avait très chaudement recommandé (ne l'a-t-on pas programmé, d'ailleurs, parce que c'est lui qui nous en a parlé ?) et j'ai plutôt tendance à lui faire très confiance.
Je me suis donc fait violence (ou presque) pour m'extirper de chez moi et aller jusqu'au bôô cinéma. Pile poil à la bonne heure. on était 4 dans la salle (puis 5, Claude est arrivée juste un peu plus tard.)
L'héroîne s'appelle Zanetta (avec un petit bitonio au dessus du z en VO qui fait que ça se prononce "j" ou presque) et elle vit, au début du film, avec son compagnon, David, sa fille, et sa soeur (à elle, pas à la fille, sinon j'aurais dit "son autre fille") au prénom inécrivable (et imprononçable). Ah j'oubliais le plus important : tout ça se passe en Tchéquie. Et aïe aïe aïe ça ne donne bigrement pas envie de vivre en Tchéquie. mais alors pas du tout.
Car ce qui complique encore plus la vie de toute cette famille, c'est qu'il font partie de la communauté Rom. et qu'il ne fait spécialement pas bon être Rom en ce moment et en Tchéquie. (Le film pourrait être le prolongement actuel de la version "historique" qu'on en avait vu, au XIXème, dans Aferim!). Le nationalisme exacerbé, le racisme, la violence, les insultes, l'ostracisation, non non rien n'a changé. Et c'est le troisième film que Petr Vaclav consacre à cette communauté (après Marian (1996) et Les Mondes parallèles, (2001), un film par décennie...), sans en faire partie, mais après l'avoir longtemps côtoyée.
Immédiatement, dès le début du film, on réalise qu'il ne s'agit pas de reconstitution plus ou moins consciencieuse et appliquée (Rosetta, La tête haute, Une enfance), mais qu'on est en pleine réalité sociale (les personnages, les lieux, les mots, les gestes) à peine fictionnée, remise en forme cinématographique. Et, par cette volonté-même, d'une force et d'une justesse remarquable(s). Parce que l'énergie et la volonté de Zaneta se sont pas systématiquement montées en épingle (et, par exemple, filmées de dos, je ne citerai personne suivez mon regard) et cinégétisées (ça n'existe pas, mais vous voyez bien en gros ce que je veux dire). C'est comme ça, c'est juste. Il n'y a pas de bluff, pas de frime, pas d'insistance. La vie est là, comme elle est,et  tellement que ça nous bouleverse. Mais juste vue, et restituée, par un vrai, un incontestable cinéaste. Moments doux, moments moches, moments inattendus, moments insupportables, moments redoutés. Peter Vaclav  nous montre juste son amour et son respect pour elle, pour lui, pour eux.

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(et en fouillant sur le ouaibe j'ai trouvé ça, que jai trouvé aussi juste que le film, et que je vous livre tel quel :)

C’est une histoire d’amour, l’amour de Zaneta et de David. Zaneta, longue tige fière arpente le film de Petr Vaclav sur ses bottines à talons, David, ronde boule métisse encaisse les coups. Il y a aussi leur bébé et la petite sœur. Ces quatre là pourront-ils faire une famille ? Se faire une bonne vie ? Qu’est-ce qu’une bonne vie ? La question vaut pour nous aussi qui regardons leurs visages vibrer. Hors champ, des voix les interrogent, leur intiment des ordres, les assignent à leur place de Roms dans la société tchèque d’aujourd’hui. Quel amour seront-ils capables de faire vivre depuis cette place là ? C’est la force du film de s’en tenir à ce modeste programme. Vivre un amour, rester une personne digne, se faire une bonne vie quand les portes se ferment et que la violence règne tient de l’exploit. Comment garder son humanité quand on vous parle mal, qu’on vous traite mal, qu’on vous relègue ? Le film ressemble à Zaneta et à David. Déterminé et fragile, violent, parfois naif, il se fraie avec obstination un chemin entre la vie modeste, la vie morale, le chaos et la vie possible comme Zaneta et David qui se battent, se débattent, trimbalent des sacs, reçoivent et donnent des beignes, dansent beaucoup, boivent trop, rangent encore, déménagent une fois de plus, cassent tout, explosent et recommencent jusqu’au bout du bout. Parfois, ils fument une cigarette accroupis contre un mur, ferment les yeux dans un lit, ils s’étreignent maladroitement, chantent un peu, leur beauté palpite, la paix semble proche et le film nous émeut. Il repart immédiatement sur les chapeaux de roue car la guerre est déclarée, la route est longue et Zaneta sait ce qu’elle veut, c’est ce qui nous touche tant et les sauvera peut-être...

Dominique Cabrera, cinéaste

28 septembre 2015

raplapla

LOVE
de Gaspar Noé

On l'avait programmé cette semaine, interdit aux moins de 18ans et en 3D! J'étais curieux, plus encore que du film, de voir quel public allait se risquer à cette séance "sulfureuse"... Du cul officialisé, labellisé cinéphile, rendez-vous compte!
Comme je l'avais supposé, cela n'a visiblement pas provoqué beaucoup d'émoi chez nos adhérents "habituels".
On était huit dans la salle : deux couples, deux mecs tout seuls, et une paire de mecs : Hervé et moi.
Quand le film a commencé la première fois, c'était très rose et violet, comme solarisé, on devinait vaguement deux corps, une femme qui masturbait un sexe dressé, mais point de relief, et, dans les lunettes, un effet de vibrations assez insupportable.
Tout le monde dans la salle s'en émeut, Hervé va changer ses lunettes, le voisin de derrière se lève... Le film s'arrête, puis redémarre, au début donc. Il a cette fois des couleurs normales, on distingue désormais très nettement ce dont il est question, le couple en activité, la dame qui branle le monsieur. Puis le monsieur qui se réveille en sursaut, un premier janvier, couché avec une autre dame (une blonde cette fois). Je m'enquiers de la perception du relief chez Hervé qui oui oui confirme, ça l'est, tandis que je me désespère : je ne perçois pas le relief (je le savais déjà, mais à chaque fois j'espère). Si j'ôte les lunettes, les images et les sous-titres m'apparaîssent légèrement dédoublés, et, si je les remets, tout devient net mais reste désespérément plat.
Oui, désespérément.
Je prends donc mon mal en patience (mon mâle aussi, puisqu'il n'y en a qu'un à regarder) et j'essaie de m'intéresser à cette histoire d'amour un peu compliquée au début (normal il y a de récentes sautes temporelles), mais finalement assez simple : un mec et deux nanas, un brune et une blonde, une plus jeune (dont la mère lui téléphone ce fameux premier janvier où débute le film), des souvenirs, et des regrets aussi, des sentiments donc, et quelques coups de queue aussi : plusieurs séances de fornication, mais filmées assez sobrement, sans gros plans cliniques habituels du X, mais plutôt surtout les sentiments, quoi. C'est assez vite (pour moi) un peu  fastidieux, j'écoute les dialogues, tiens il est question d'un bébé qui s'appelle Gaspar, et d'un monsieur qui s'appelle Noé. Ah ah ah.
Il y a aussi beaucoup de drogues. et des états de transe(s). Et je me souviens alors que le film est très long.
Mais je tiens jusqu'au bout (il y a une fois où j'ai perçu le relief, brièvement, un vrai relief à l'ancienne, comme dans le Hitchcock, quand la main tendait la clé en gros plan (Dial M for murder), c'est quand un monsieur pointe un index accusateur vers la caméra. (Mais je ne l'ai pas perçu quand, un peu plus tard, il fait la même chose avec sa teub.)
A quoi bon donc.
Donc résolution : plus jamais de films en relief pour moi (et pas forcément beaucoup plus de films de Gaspar Noé).
Mais le dernier plan dans la baignoire est plutôt beau, et mérite qu'on s'y attarde.

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27 septembre 2015

le gamin au vélo

UNE ENFANCE
de Philippe Claudel

Je viens de le voir (première séance dans le bôô cinéma) sans rien en savoir, et ça m'a mis le moral dans les chaussettes (et peut-être même encore plus bas (que le trente-sixième dessous).
J'ai d'abord connu Philippe Claudel en tant qu'écrivain (c'est Philou qui me l'a fait découvrir, au temps des Âmes grises, qui n'étaient pas non plus un prototype de rigolade), je l'ai ensuite moins connu en tant que cinéaste (quelque chose, à l'époque, m'en a écarté, mais je ne sais plus exactement quoi...) Ai-je déjà, d'ailleurs, vu un de ses films ?

C'est l'histoire de Jimmy, un gamin d'une douzaine d'années, et de son jeune frère Kevin, qui vivent avec leur (jeune) mère et le nouveau copain de celle-ci. La mère vient de "sortir" (dixit la grand-mère, sans qu'on sache précisément s'il s'agit de prison ou d'hosto). Jimmy souhaiterait pouvoir aller chez sa grand-mère plus souvent, car à la maison, ça n'est pas de tout repos. Bières, pétards, soirées, beuveries, fumette, on le comprend. Philippe Claudel a d'ores et déjà bien chargé la barque de ce "réalisme social" qu'on a déjà pas mal vu ces derniers temps (La tête haute). Sa mère n'assure pas, et Jimmy gère (comme il peut...) parce qu(il l'aime, sa mère, et c'est le plus important (on dirait un discours d'éduc').
C'est l'histoire d'un gamin qui ne compte pour personne, ou presque, et qui doit se démerder pour grandir avec ça. Ca m'a assez démoralisé de voir (à nouveau) sur l'écran des situations que j'ai reniflées lors de ma vie professionnelle. Ces mères trop jeunes qui rencontrent un mec, se retrouvent enceintes, se font plaquer,re- retrouvent un mec, se re-retrouvent enceintes, se re-font larguer, et re-re-retrouvent un mec, etc. Services sociaux, éducateurs, assistantes sociales, dèche...
C'est sans fin, c'est sans fond.
Et la position du réalisateur est plutôt ambigue. Ou plutôt le déséquilibre entre sesdifférents choix. On navigue entre le voyeurisme presque malsain (mi-fasciné, mi méprisant), pour toutes les scènes qui se passent à la maison,  et la neutralité bienveillante et ensoleillée pour  Jimmy et sa recherche d'"autre chose", son aspiration à un monde "normal" (la fête d'anniversaire, le court de tennis) où les parents aiment leurs enfants, et où les gamins ont des préoccupations de gamins.
Les deux gamins (comme dans le récent La vie en grand) sont vraiment parfaits de naturel et de justesse, le petit dans la gouaille et le grand dans une intériorité plus grave, où l'on sent, derrière une façade presqu'impassible, s'accumuler une violence de plus en plus oppressante (et il y a de quoi.)
Une surprise dans le film, celle de retrouver Pierre Deladonchamps et Patrick d'Assumçao (qu'on avait découverts ensemble dans L'inconnu du lac) dans deux contre-emplois parfaits (l'un en chômeur/zonard/beauf/mac et j'en passe, et l'autre en joyeux instituteur plus passionné et plus sympa tu meurs).
A noter que le réalisateur s'est, pour la première fois, donné un rôle dans son film : celui du professeur de tennis (grâce auquel apparaît, in extremis, une minusculissime étincelle d'espoir, avec ce regard-caméra (et ce sourire, le premier du film) du jeune Jimmy. (ces prénoms, quand même... il était vraiment obligé d'autant enfoncer le clou ?).
Bref, un chouïa de Dardenne(s), un poil de Dumont, un zeste de Fishtank, un brin de Géant égoïste, un soupçon de La tête haute, un doigt (d'honneur) de La Merditude des choses... Je crois que je suis juste un peu fatigué des films soci(ét)aux sur l'enfance malheureuse.
Toute la  misère du monde, j'ai juste envie d'autre chose au cinéma, voilà.

216003

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