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lieux communs (et autres fadaises)
13 octobre 2007

c'est la lutte (finale)

L'HISTOIRE DE RICHARD O.
de Damien Odoul

Pas complètement réussi (et c'est rien de le dire) mais pas complètement  raté non plus. Un machin bizarre, bizarrement (mal) fichu mais en cela attachant, à l'image du grand échalas squelettique qui a pour ami le Richard du titre (Mathieu A. pour ne pas le nommer, qui, comme on dit, n'hésite pas ici à mouiller le maillot  -et même le reste- ni à payer de sa personne.)
Le film a du mal à remplir sa petite heure quinze (on trouve parfois le temps long, on a parfois l'impression que certains plans sont juste là pour), un collage qui voudrait tordre le coup à la narration, qui progresse de traviole entre érotisme cru et réalisme poétique (ou poésie burlesque ?) Porte-à-faux, bric à brac, laisser-aller, association d'idées... la forme est lâche. Ca commence bizarrement tordu et glauque dans un rade, puis on a le sentiment d'être dans une sorte de suite adultérine mais plus explicite du bon vieux Sexe mensonges et vidéo (mais les scènes de cul ne sont pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant dans le film). Là où le vidéaste ne filmait les confessions des femmes que pour son plaisir masturbatoire, le Richard du film va, lui, s'y colleter, pour réaliser leur(s) fantasme(s). Ou peut-être pas. Puis ça semble s'alléger, ça rebondit de façon inopinée, et ça fait semblant, d'être en colère, d'être perdu, ou bien ça rit sous cape, on ne sait plus trop. Extrême liberté ou jem'enfoutisme?
Quelques scènes plutôt drôles (tout ce qui a trait à la lutte, y comprise la vietnamienne hystérique au cinéma), des trajets à vélo dans Paris (une crypto pub pour les Vélib?), la zigounette de Mathieu A. dans tous ses états -et tous ses ébats - (tiens il se branle de la main gauche), une courte scène que j'aime plutôt dans une fontaine ("je suis un animal!"), quelques jolis plans de ciel bleu avec nuages... ça n'est déjà pas si mal, non ?

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(je trouve l'affiche très laide)

7 octobre 2007

franchir la ligne

UN SECRET
de Claude Miller

Drôle (!) de film.
Qui commence plutôt bien (très bien, même, les histoires de gosse malheureux, j'ai un faible, Caliméro oblige), tout le premier tiers disons, jusqu'à gling gling! la découverte de l'existence du secret, puis qui ralentit un peu, met ses warnings, et fait du sur-place narratif (le deuxième tiers) avant de finir plutôt mal en fonçant dans le décor, à force d'entasser soudain comme avec frénésie les bévues, les excès, les bourdes et les maladresses, bref badaboum.
C'est du grand public, du sur-mesure, du cousu main, du prêt à pleurer, du casting béton bankable. Qui tendrait à prouver que
1) Bruel a encore de beaux restes, mais de là à lui faire traverser trente ans quasi sans prendre une ride  faut pas exagérer. Pour faire passer la pilule, Miller nous joue in extremis la carte regardez comme je l'ai bien fait vieillir de 50 ans tout d'un coup, mais là non plus hélas ça ne prend pas. Son personnage, Mxime est qualifié par les Inrockchounets d'intéressant. Certes, mais en le voyant on a le sentiment un peu que c'est le personnage de Bruel qui a contaminé le personnage qu'il interprète. Ou c'est moi qui interprète ?
2) Ludivine Sagnier devient un peu agaçante a toujours ainsi gémir etêtre malheureuse, et, osons le mot, calimérer. Non à la victimisation! (Observez tout de même la transformation du cadeau qu'on lui apporte à son anniversaire : hop! il est petit! hop! il est grand! hop il est moyen! Ou c'est moi qui hallucine ?)
3) Cécile de France devient un peu agaçante aussi à, au contraire, jouer les super femmes super belles fortes super moi je. Non à la championnisation! (Ou c'est moi qui me fatigue ?)
4) Julie Depardieu confirme, une fois de plus, avec un joli rôle d'amie de la famille (discrètement lesbienne si je ne m'abuse), sa nature tchékhovienne, et combien elle est une actrice fine et subtile (et hélas trop sous-employée)
5) Nathalie Boutefeu confirme, elle aussi, tout le bien qu'on pensait d'elle depuis les films de Jérôme Bonnel, et que ça fait sacrément plaisir de la voir arriver enfin dans la "cour des grands". Elle est parfaite dans le rôle de la soeur.
6) Claude Miller prouve encore qu'il est doué pour recruter et faire jouer des enfants (on en a ici deux pour le prix d'un : le premier en tout mais sauf en gym, (2,2kg à la naissance) et au contraire le premier en gym mais on ne sait pas trop pour le reste (3,6kg). (A propos d'enfant, son fils, Nathan, qui jouait le petit rouquin à lunettes qui se prenait un ballon en pleine poire dans La meilleure façon de marcher est à présent monteur dans le film de son papa, mais bon, ça n'a rien à voir avec l'histoire qui nous intéresse...)

Histoire de famille donc, racontée par un fils (Amalric) à papa (Bruel) et maman (de France), fils mal-aimé à cause d'un secret (justement celui qui sous-tend le film et qu'on ne peut pas le raconter parce que sinon il n'y a plus de mystère)  mais déconstruite en plusieurs strates, un vrai mille-feuilles narratif. L'histoire d'une famille juive entre 36 et aujourd'hui, où une tragédie mondiale (39/45, ça c'est pour l'Histoire) se double d'une tragédie familiale (le fameux secret, ça c'est pour l'histoire). Et pour qu'on ne se perde pas, Miller nous met des post-it : les années aujourd'hui, c'est en noir et blanc, les autres années c'est en couleur, mais avec un traitement particulier pour les années 50/60 (un super-huitage de l'image, avec des couleurs un peu acidifiées, plutôt très réussi dans le genre gravure de vocabulaire : au bord de la piscine dans les années 60). Au début, la guerre est loin (on est bien après), puis on est avant (36, le Front populaire) et finalement on est pendant.

Au début, on a incontestablement affaire à un cinéaste : dans le choix des images des cadrages, le rythme,  la finesse dans les transitions entre les plans et les strates de temps, voire la gestion des effets spéciaux... Dans la problématique, aussi, avec ce gamin maigrichon pâlichon qui s'invente un frère super balèze, qui fantasme l'histoire de ses parents (entre Amélie Poulain et Toto le héros). Jusqu'à l'ouverture gling gling again! de cette valise au grenier. Et la découverte d'une autre version que la sienne de l'histoire fmailiale. Dommage qu'alors (le ventre mou du film) il laisse un peu tout ça en plan (en planplan, plutôt...) et que, surtout, après (la fin), on se retrouve en plein naufrage narratif, où le raconteur tenterait de nous expliquer qu'il a assez de mal à rassembler tous les fils de son histoire et à retomber sur ses pattes pour abandonner toute vélléité créative.

A la précision de la reconstitution (de la fiction, donc, même si estampillée du label "d'après des faits réels") le réalisateur a hélas cru bon d'ajouter des images d'archives (de la réalité, donc, abominable, insoutenable) dont on finit par ne plus savoir si elles tirent plus vers la maladresse ou l'obscénité. Et était-ce vraiment judicieux d'enfoncer le clou en faisant ce parallèle lourdingue entre un cimetière d'animaux et la liste des victimes de l'Holocauste ? (Les voix d'enfants, tout à la fin, n'étaient pas véritablement indispensables, non ?) Comme cette histoire de chien, qui me semble assez malvenue, mais peut-être suis-je trop sensible et/ou respectueux ?

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28 septembre 2007

marchand de glaces

LES MEDUSES
de Shira Geffen et Etgar Keret

(à chaud). J'étais curieux. Je connaissais Etgar Keret dont j'avais apprécié les nouvelles ("Crise d'asthme"), et j'ai en général un faible  pour la "Caméra d'or" (qui est pour moi au cinéma ce que le prix Médicis est à la littérature). Oui, j'y allais donc curieux, et de plus alléché par une bande-annonce sybilline.
J'aime beaucoup la première scène, qui nous plante  en peu de temps mais avec force le personnage de Baya. C'est presque trop gros, presque trop beau : elle est trop malheureuse, elle est trop triste, le film va prendre l'eau se dit-on. L'eau qui sera, d'ailleurs, partie prenante de chacun des segments du film (une petite fille rousse et muette sortie des vagues, plop! comme ça, une lune de miel ratée dans un hôtel où on veut voir la mer, et une maman philippine expatriée qui veut acheter un bateau pour son fils), segments au départ nettement distincts, sur les traces simultanées de plusieurs personnages féminins de divers âges et conditions, mais au bout du compte peut-être pas tant que ça (finalement).
Car ça devient intéressant à partir du  moment où le film arrête de se la raconter, où il prend un peu la tangente. Ne suit plus le droit fil des histoires. Chacun des récits sème des cailloux blancs de petit poucet qui vont parfois rouler jusqu'au récit voisin. (Bon, je sais, c'est le propre du film choral que de faire se rencontrer ses partenaires par des artifices scénaristiques plus ou moins grossiers). Le réalisme initial se gauchit subtilement, à l'image des petites choses incongrues qui soudain (se) passent, en arrière-plan. Et le film prend corps à partir du moment où il s'effrite, devient poreux, un peu se désagrège (se réagrège ?). Tout est dans les détails.
Trois (quatre ? cinq ? six ?) portraits de femmes légèrement à la dérive. (La semaine dernière les pieuvres, cette semaine les méduses. Tsss, encore que des filles ? Non non, il y a quand même un jeune marié plutôt agréable et mal rasé qui passe le film en marcel blanc). La partie courons après cette bouée est plutôt douce mais assez tristounette, celle de changeons de chambre chérie plutôt statique mais assez grinçante, et celle de ô mon bateau plutôt effleurée mais assez sans surprise. Et cette nostalgie balnéaire en super 8 (ah, le marchand de glaces...) m'a, je dois dire, plutôt ému.
L'une trouve une copine, l'autre démarre assez mal son mariage, la troisième rompt avec sa mère. La quatrième repart chez elle...
Et, sur la plage, le marchand de glaces est toujours là.

Alors d'où vient le fait que je sois sorti de là un peu flottant ?  Cette grand-mère comme dans Depuis qu'Otar est parti, cette fête de mariage comme dans Mariage Tardif, ce portrait en creux de Tel Aviv comme dans The bubble ? C'est vrai que j'ai beaucoup pensé à d'autres films, par association ou par ricochet. Sans que les références soient forcément en défaveur des Méduses,d'ailleurs. La méduse est un animal plutôt inerte en apparence mais à la mobilité singulière, fascinant, translucide, inoffensif au premier abord, un peu inquiétant malgré tout. De tout ça le film est un peu. J'en aurais voulu plus... Plus d'urticant, plus de dérive. Plus de temps, aussi, simplement peut-être.

(un peu plus tard) Reste surtout, c'est vrai, le visage de touchant de cette petite fille silencieuse aux cheveux roux et mouillés, aux yeux immenses et au sourire énigmatique, et cette bouée rouge et blanche qui soudain traverse l'écran, comme le lapin blanc d'Alice...

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22 septembre 2007

regarder le plafond

NAISSANCE DES PIEUVRES
de Céline Sciamma

Troublant...
A priori pas trop pour moi : une histoire de filles, avec que des filles, des adolescentes, des qui s'aiment et d'autres pas, des premiers émois, des djeunz, de la natation synchronisée, du gel et des paillettes, des petits dessous (non non rassurez-vous on n'est pas chez David Hamilton...) bref je craignais de bailler au bout de cinq minutes et de m'enfuir au bout du quart d'heure. Pas du tout. Marie, Floriane et Anne. Environ 45 ans à elles trois. La plate, la belle et la dodue, pour résumer trivialement les choses. L'une est amoureuse de l'autre et copine avec la troisième, qui convoite un mec de l'équipe de water-polo qui lui est attiré par la belle en question (comme visiblement tous les mâles du coin). Car l'originalité du film est de présenter les mecs de loin, comme des organismes étranges et étrangers, des quéquettes à pattes, des joyeux bourrins juste bons à ahaner, à sentir la sueur, à faire les cons avec leur maillot sur la tête ou à ricaner en bande. Pas idyllique comme vision, mais plutôt... réaliste, non ?
Serait alors comme l'envers du film de Lou Doillon (Et toi t'es sur qui ?) où il était aussi question de copines qui voulaient le faire. La tchatche et la verve en moins. Mais une intensité poétique indéniable. Un regard juste sur la confusion des sentiments. On aime, mais on ne sait pas exactement ce que ça veut dire. Le corps et le coeur, le cul et les sentiments, à cet âge-là, c'est compliqué, c'est embrouillé. On ne sait pas sur quel pied danser. L'une veut passer pour une salope, mais ne couche pas, l'autre est amoureuse mais ne parvient pas à l'exprimer, et la troisième voudrait qu'on l'aime mais se débat dans sa solitude.
Et avec tout ça, il faut en plus se débrouiller seule(s). Car si le film est focalisé sur ces demoiselles, les adultes n'y existent quasiment pas, les parents en sont tout à fait absents, abstraits. C'est un autre monde. Et son centre est la piscine, un univers idéalement géométrique et désincarné, où justement les troubles  et les désirs vont idéalement prendre corps. Que ce soit dans l'eau, lors des compétitons, dans les vestiaires, sous les douches, c'est là, au milieu des carrelages humides, que ça se noue, que ça se joue.
J'aime ces frémissements, ces maladresses touchantes de faons, ces frôlements, (un regard qu'on croise, une main qu'on cherche, un baiser ébauché) ces espoirs flous, ces égarements, ces attentes, ces déceptions (où le contenu d'un sac poubelle jeté par l'autre sera conservé comme une preuve d'amour puis jeté à nouveau, où le mec qu'on convoitait vient finalement à vous, mais juste parce qu'il n'a pas pu faire son affaire avec l'autre, où le baiser reçu, pourtant tant attendu, sera finalement lavé et effacé à l'eau chlorée de la piscine, où un bijou volé - dans la bouche! - aura un curieux itinéraire circulaire...)
Les friselis électroniques de la bande-son (par le groupe Para One dont je n'avais jamais entendu parler jusque là je dois l'avouer mais dont il serait bien de bientôt reparler) viennent idéalement parfois accompagner, parfois envelopper et parfois juste chatouiller la narration, contrepoint sonore d'une idéale finesse (tristesse ?) .
Et, contrairement à certains ces derniers temps (pas mal de réalisateurs à vrai dire), je ne dirais, non pas que ça finit bien, mais plutôt que la réalisatrice le finit bien. Oui, Céline Sciamma sait boucler parfaitement son affaire. La dernière scène est l'aboutissement logique, le point d'orgue. Et montrée comme telle. Tout y est, le rythme du montage, la force des contrastes, la précision, la musique. On en sort quasiment chaviré. Troublant...

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21 septembre 2007

marries et femmes

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LE MARIAGE DE TUYA
de Wang Quan An

Bergers mongols (des vrais, seule Tuya est jouée par une actrice professionnelle) in situ : yourtes, moutons, gnôle, clopes, bottes, troupeau, chameau (mais celui-là, me semble-t-il, ne pleure pas...), rien ne manque. Tuya est une femme, comme on dit, de caractère ; comme son mari est devenu infirme suite à un creusage de puits qui a mal tourné et qu'elle même vient de manquer de s'estourbir les vertèbres en tentant de relever seule une charrette de foin renversée (quand je vous disais qu'elle a un sacré tempérament!), elle décide donc de divorcer pour se retrouver un autre mari, mais qui l'accepterait comme elle le souhaite, c'est à dire avec armes, bagages, les deux enfants, mais surtout aussi avec son ancien mari qu'elle chérit malgré tout tendrement. Pour Tuya, c'est tout le paquet-cadeau ou rien. Bon si vous avez vu la bande-annonce, vous savez déjà qu'elle convolera (le suspens -minuscule- étant est-ce bien avec celui auquel je pense ?). Mais là n'est pas le plus important. Cette chronique mi-ethno, mi-doc, sait dépasser les frontières du didactique en y mêlant les éléments de la romance. C'est pittoresque, c'est dépaysant, c'est touchant, c'est drôle parfois. Avec un petit côté rustique, 100% naturel et fait maison, comme celui du tord-boyau local que semblent affectionner tous les protagonistes (qui, comme on dit, n'ont pas l'air de sucer que de la glace). Après coup, ça vous laisse en bouche un petit goût couleur locale plutôt agréable. Plutôt gai ?

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LA FACE CACHEE
de Bernard Campan

Le dépaysement fut total en passant de la steppe à la "civilisation", de la yourte à l'appartement, de Tuya à Isa (Karin Viard), épouse de François (Bernard Campan), dans un film réalisé par lui-même.On pourrait même parler de choc thermique. Le seul point commun est que, si Tuya avait quelques soucis (le mari, le troupeau, la marmaille...) Isa semble avoir aussi les siens, dont il faudra attendre un bon moment pour  avoir l'explication. Le récit est centré sur son mari, soudain face à un genre de crise existencielle de la quarantaine qui aurait quasiment les symptomes d'une dépressionnette (oui ça m'a rappelé des choses) genre mais tout cela a-t-il donc un sens ? Soudain réalisant qu'il se délite, et se contemplant en train de sombrer. Le mari, sa femme, et l'ami du mari (qui doit bientôt justement se marier) nous jouent des variations pas désagréables sur le couple, ses aléas, ses doutes, ses malheurs, mais en opérant, bizarrement, à la  fin, une bifurcation étrange, un changement d'éclairage (et aussi de fusil d'épaule), comme si le réalisateur n'avait pas osé aller jusqu'au bout de sa propre histoire et y apportait in extremis une justification pas très convaincante. Interviennent aussi régulièrement dans le récit et face caméra des gens sans rapport avec l'histoire qui viennent exprimer leur malaise (on comprendra  tout à la fin). Avec un grand moment de suspense lors de l'exécution d'un morceau de Bach.Tout ça un peu trop franco-franchouille psycho machin, ou peut-être je n'ai pas bien saisi le message. Plutôt triste ?

18 septembre 2007

amène le seau

L'INVITE
de Laurent Bouhnik

Le film de Laurent Bouhnik appartient à cette catégorie pas si courante des films où on rit plus pendant le générique de fin que pendant tout le reste du film. C'est... pathétique. Pire. Rien à sauver, Valérie Lemercier fait ce qu'elle peut, les autres sont mauvais comme des cochons.

J'ai ri une fois  :

" - Vous avez des couverts à poisson ?
  - Non non, le poisson on lui donne à manger avec les doigts..."

(Bon, je vais p't'être arrêter d'aller voir des avant-premières le mardi soir, moi...)

16 septembre 2007

chambres sans vue

CEUX QUI RESTENT
d'Anne Le Ny

J'hésitais depuis un certain temps (j'aurais pu le voir en août en Paris en projection de presse, smiley qui se la pète) et, l'autre soir, je suis passé chez mon ami pépin, qui l'avait vu la veille, et avait visiblement aimé... On en a donc parlé un peu, et dans la conversation sont passés La moustache et Vendredi soir, deux films que j'aime beaucoup, et c'est peut-être ça qui m'a décidé.
Au bôôô cinéma, ça ne passe qu'à 18h (mais bon ça fait au moins la troisième semaine), et donc ce soir me suis bougé. Arghh! ça passe à la 8, la (grande) salle des avant-premières bourrines et danslesensdupoilistes, et d'ailleurs quand j'entre tonitrue encore -très fort!- le générique de fin de La vengeance dans la peau (cf chronique précédente). Mauvais signe ?

Non non... Lindon et Devos, c'est comme le chocolat, c'est plus fort que moi, je les aime. Alors je n'ai eu qu'à me laisser porter par la petite musique (plutôt jolie d'ailleurs) du générique pour m'immerger dans cette histoire d'hôpital, de visiteurs au pavillon des cancéreux, où un homme (Lindon), dont la femme  est malade, rencontre une femme (Devos), dont le compagnon est malade aussi. La réalisatrice ayant fait le choix, plutôt heureux d'ailleurs, de ne jamais nous montrer les conjoints en question, la caméra s'arrête simplement à chaque fois devant la porte de la chambre. Tandis que les couloirs et les ascenseurs n'ont plus de secrets pour ces visiteurs. Un homme, une femme... La petite mécanique se met alors en marche, qui va d'abord les faire se croiser, puis se recroiser, puis faire un peu connaissance, et se rapprocher, créer des rites (le kiosque à journaux, le café, la terrasse, la station Nation...), se rapprocher encore... Certes, si cette partie est prévisible, et que d'ailleurs tout s'y passe comme prévu, qu'elle est, comme qui dirait cousue de fil blanc, ce fil-là est en tout cas d'une certaine force et d'une singulière beauté. Oui, ils s'embrassent, mais après ? (on n'en est qu'à la moitié du film...)

C'est vrai qu'une rencontre, une vraie rencontre, ça tient un peu du miracle, de l'accident. L'étincelle. Dès que la chose s'est produite, et les conséquences, en quelque sorte, assez vite tirées, il faut apporter au moulin de la narration suffisamment de grain à moudre pour que l'histoire ne se désagrège, ni que le spectateur ne baille. Le plus important, le plus dense du film, c'est bien sûr cette relation, mais lui a été doté scénaristiquement d'un background familial beaucoup plus fouillé qu'elle, dont on ne saura finalement pas grand chose. Ce qui est intéressant, ce sont les sentiments, les regards, les élans, les hésitations, les choses infimes, les frémissements, entre lui, bourru, mutique, un vrai beau bloc, grave souvent, et elle dont le personnage tout en contrastes m'a laissé assez admiratif  (mais bon, lui est est très bon aussi), tant elle est d'une justesse confondante, servie par des dialogues ciselés (certains diront trop écrits ?), d'une belle force en tout cas, et qui font très souvent mouche (car si le film est grave, on y sourit, même on y rit, très souvent grâce à elle, d'ailleurs!).

Et pourtant... Alors qu'Anne Le Ny a réussi à tenir sa note avec justesse et précision, voilà qu'à quelques pas de la fin elle trébuche inexplicablement. Plaf! La dernière scène, notamment, qui, dans une dissertation, aurait mérité en rouge dans la marge la mention hors-sujet. C'est maladroit et c'est dommage. Même si je reconnais qu'il n'était pas forcément facile de clore avec élégance et originalité une histoire pareille... Mais on a suffisamment accompagné nos deux héros jusque là pour réussir à sortir sans colère de film attachant, de cette histoire simple et sensible... Subsiste un genre de vague vague à l'âme. Quand je suis sorti d'ailleurs j'étais un peu cotonneux, il faisait encore jour mais le soleil n'était plus qu'un disque rouge là-bas au bord du paysage, disparaissant entre les arbres...

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12 septembre 2007

géolocalisation

LA VENGEANCE DANS LA PEAU
de Paul Greengrass

... la dernière fois que j'ai vu Matt Damon au cinéma, j'en ai quasiment pleuré, c'était dans le sublime Gerry de Gus Van Sant. Autant vous dire qu'ici on en est à des années-lumière, mais comme disait Bourvil, "Quand on est artiste, faut faire tous les genres..."
Mardi soir, avant-première, bôôô cinéma, envie de vidage de tête, direction donc la grande salle qui, ô surprise, n'est pas remplie à ras bord comme pour Camping ou autres bourjoufleries "plaisons au peuple", bon signe, et donc espoir subit : peut-être pas la bourrinade ricaine escomptée ? D'habitude quand je vois le mot espionnage (ou même juste Robert Ludlum ou Tom Clancy), je me sauve en hurlant avec les cheveux tout droit sur la tête. Mais là, allez savoir, j'ai voulu tenter.
C'est peut-être une bête idée d'aller voir le dernier (? tss tss finalement pas si sûr) volume d'une trilogie quand on n'a pas vu les deux précédents, mais il faut savoir oser poser des défis à son intelligence. Et bien je crois que j'ai à peu près tout compris, si, si! et même que non neurone n'était pas spécialement en surchauffe.
Alors voilà, Matt Damon est Jason Bourne (au choix borne ou burne, et des fois même burnous!), mais peut-être pas finalement, enfin c'est un tueur à la solde (de la CIA ?) mais qui visiblement ne se rappelle plus qui il est et voudrait bien le savoir, par tous les moyens. Et comme il est vachement fort et super entraîné,  il se démène comme un beau diable pour. Evidemment des super méchants (de la CIA ?) lui mettent des super bâtons dans les roues grâce à leurs super technologies et accessoirement leurs super "atouts' (= tueurs ... rarement vu d'ailleurs des tueurs aussi butés) mais seront finalement super punis car le bon droit triomphera. Quoique... (couac ?)
Bon je ricane, mais c'est indéniablement efficace : filatures, bastons, poursuites en bagnole, meurtres au milieu de la foule, trahisons et manipulations diverses, ça n'arrête pas (ah si, il doit y avoir, vers le milieu, une scène de deux minutes où il ne se passe rien, mais c'est bien, on respire) et le spectateur, depuis son fauteuil est transbahuté d'un coin à l'autre du globe (les extérieurs sont filmés comme du Google Earth, zoom avant et arrière compris c'est un peu énervant) avec une musique tonitruante & énervée et tout, qui interdit de pouvoir s'endormir, et même des jolies scènes de flaches-baques joliment filmées, avec anamorphoses et flous de mouvement comme j'aime, et, luxe insensé dans ce genre d'ouvrage, quelques vagues lueurs (leçons ?) d'humanité (oui, des choses comme la conscience, ou la morale, étonnant non ?).
Oui, pendant deux heures, vous n'aurez pas le loisir de pouvoir penser à quelque chose d'autre, vous serez dedans, et c'est bien le but recherché, non ? Allez, bon cinoche!

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Je viens d'aller me renseigner un chouïa sur allociné point freu et d'y apprendre que ce film n'est pas vraiment la suite du précédent, puisqu'en réalité il s'intercale entre l'avant-dernière et la dernière scène du susdit film. C'est mystérieux pour moi mais bon je ne fais que rapporter ici ce que j'ai lu...

6 septembre 2007

de grandes espérances

LA VIE D'ARTISTE
de Marc Fitoussi

"J'aurais voulu être un artiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiste..." Mouais...
J'y suis allé, sur la foi du casting et de la bande-annonce (qui, rendons-lui grâces, pour une fois, ne vous vend pas tout le film en moins d'une minute chrono...) et j'en suis sorti disons dans un état de moyenne euphorie. C'est l'histoire de trois aspirants-artistes (Sandrine Kiberlain en je veux jouer, Denis Podalydès en je veux écrire et Emilie Dequenne en je veux chanter.) La doubleuse, le prof de français et la serveuse : Kiberlain voudrait faire autre chose que des doublages de manga mais son agent ne lui trouve rien, Podalydès voudrait réussir à achever son deuxième roman mais les dissertations à corriger qui s'entassent ne l'aident pas, et Dequenne voudrait roucouler sur scène mais sans passer par la case St*r Ac' (ce qui l'honore plutôt).
La première n'a pas de chance, le second plus d'inspiration, et la troisième refuse la facilité... Et on va donc suivre ces trois parcours montés en parallèle (qui s'entrecroisent parfois au prix d'artifices de scénario pas indispensables à mon goût mais bon...) Chacun son rêve, chacun son handicap, puis chacun sa bonne étoile (à ce moment, on craint très fort que le scénario ne sombre dans la facilité démago toi aussi tu peux être une star gagner beaucoup de pépètes et signer beaucoup d'autographes et youp la boum.) Mais le réalisateur est un petit malin et choisit de faire rebondir et zigzaguer les rêves de gloire de chacun pas forcément dans le sens du poil. Où la chanteuse déchante, l'écrivain rature et l'actrice ne joue plus. Pour des raisons diverses. Avec donc une conclusion triplement figue et triplement raisin.
Il y a tout pour que ça fonctionne, mais ça ne le fait qu'in extremis, dans la dernière partie. C'est dommage. Les critiques parlent de finesse et de subtilité, je dois être un gros lourdaud, car j'y ai vu plutôt mollesse et gros sabots. Ca se traîne pendant un moment (les premières scènes sont maladroites, et c'est peu de le dire) puis ça s'arrange un peu, heureusement. Emilie Dequenne surprend agréablement, tandis que Sandrine K et Denis P restent un peu en-deça, à feu doux, elle parce qu'elle n'a pas grand chose à jouer, elle est, simplement, et lui parce qu'il compose un personnage de professeur auquel on a du mal à croire. Il y a aussi plein de seconds rôles charmants, pour aider (ou pas) nos trois amis : Jean-Pierre Kalfon, Grégoire Leprince-Ringuet, Maria Schneider, Aure Atika, Maryline Canto, dont on aurait aimé pour certain(e)s des esquisses moins schématiques.
Oui, dommage, c'est  le genre de film qu'on aurait voulu aimer sans réserve, eu égard au message heureusement ambigu qu'il délivre, mais qui reste hélas trop terne, pâlichon, mollasson pour réussir à  nous faire sortir de la salle tel qu'on aurait voulu l'être : enchanté.

2 septembre 2007

matelas (changer de ?)

I DON'T WANT TO SLEEP ALONE (2)
de Tsai Ming-Liang

Hmmm... serait-ce de la gourmandise ? Je viens de retourner le voir, (puisquue, à force de patience te d'obstination, nous avons réussi à l'avoir dans le bôôô cinéma...) et non seulement je confirme tout le bien que j'en disais à première vue, mais j'en remets même une louche (de contentement)... Oui, sans conteste, ça va rester un de mes "grands" films de l'année (avec celui d'Apichounet).
Cette fois-là je n'étais pas du tout fatigué, je n'ai donc pas fermé l'oeil et n'en ai  pas perdu une miette. Et, comme disait ma copine Zabetta "je n'ai pas vu les deux heures passer..." Pire, ça m'a paru presque trop court! Mais toujours, indiscutablement, d'une beauté à pleurer.
Un film sans un mouvement de caméra, un film où les protagonistes n'échangent pas un seul mot, un film extrêmement pudique et infiniment sensuel (ce mec-là filme les corps d'hommes comme j'aimerais pouvoir les filmer), un film de démolition, de pollution, de contamination, de suffocation. Et de consolation, peut-être, in extremis. Je prends sans doute les choses trop à coeur, mais le dernier plan (je le connaissais pourtant) m'a quasiment fait suffoquer d'émotion.
J'aimerais être un vrai critique et pouvoir disserter, sur, par exemple, le "plan" chez Tsai Ming-Liang. J'ai été très attentif. Uniquement des plans fixes, aucun effet de transition, des cadres toujours hypercomposés, somptueux au travers desquels, pour les plans larges, l'acteur ne fait souvent que passer, qu'il est amené à traverser (parfois en largeur, parfois en profondeur) et que la caméra, dans tous les cas, regarde passer. Ce n'est pas le plan qui prend en compte l'acteur, c'est lui qui doit s'adapter au plan.
Les ellipses de la narration aussi, qui épurent / allègent encore un récit déjà succinct.
Et l''importance des mains...
Et les chansons d'amour nunuches...

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