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lieux communs (et autres fadaises)
30 août 2007

vide-ordures

4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS
de Christian Mungiu

On le savait déjà, depuis La mort de Dante Lazarescu (2006)  et 12h08 à l'est de Bucarest (2007) que :
1) La vie en Roumanie n'est pas spécialement youp lala youp la boum ni drôle à se taper sur les cuisses
2) Nous arrivent de là-bas d'excellentes choses (le "renouveau roumain", car, jusque là, l'ami Lucian Pintilié devait commencer à se sentir un p'tit peu seul)
Et ce nouvel opus, couronné à Cannes de la Palme d'Or (ce qui, autant le jour du palmarès que celui du visionnement du film de par chez nous, provoqua quelques discussions : la mérite... la mérite pas... ) vient donc doublement confirmer les deux postulats ci-dessus, en enfonçant même encore un peu, si possible, le clou de la désespérance blafarde (ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi noué pendant tout un film), qu'il double, pourtant, d'une imperceptible distance.
Comme ses copains Christi Puiu et Corneliu Porumboiu, Christan Mungiu (devinette : comment reconnait-on un nouveau cinéaste roumain ?) a tourné,  comme on dit pudiquement avec peu de moyens (traduisez : des bouts de ficelle, des clopinettes, trois francs six sous) ce film noir (très sombre, en tout cas) qu'il sous-titre ironiquement (au générique de fin) Chroniques de l'âge d'or. (L'unité de temps semble aussi une composante primordiale dans ces "nouveaux films roumains" : une nuit pour Dante Lazarescu, une journée pour 12h08..., et à nouveau  une journée (particulière, mais somme toute ordinaire) pour celui-ci, qui nous fera passer progressivement du clair du matin joliet au très obscur de la plus sombre des nuits.
A ceux qui seraient tenter de résumer le film par "c'est l'histoire d'une étudiante qui va subir un avortement clandestin", je dirais "c'est plutôt l'histoire de la copine d'une étudiante qui va subir un avortement clandestin", tant le personnage d'Otilia (Anamaria Marinca, magnifique) est immédiatement central, véritable pierre angulaire du film qui supporte tout le poids de l'édifice (cinématographique) sur des épaules qu'elle a aussi frêles que jolies.
On peut être désarçonné, au début, par la complexité de la situation initiale qui se dévoile progressivement (on est où ? qui est qui ? et elle pourquoi elle fait ça ? et pourquoi toujours des Kent ?) dans ce bâtiment universitaire, dans cette chambre tristouillasse (mais le bâtiment ne l'est pas moins) où il est question de préparatifs, d'argent, de marché noir, de cigarettes, de toile cirée... C'est Gabita qui doit avorter, mais c'est Otilia qui s'occupe de tout, et c'est elle que la caméra d'ailleurs se met à suivre obstinément (passionnément ? )pour ne plus la lâcher, reléguant un peu la copine en fond de scène (en off).
On passera de cette chambre universitaire à une autre, d'hôtel cette fois-ci, (avec un passage épique à la réception de l'hôtel en question), chambre où doit s'effectuer l'avortement, à l'issue d'une transaction plus qu'éprouvante, mais, finalement, juste tristement et réalistement humaine pourrait-on dire, dont le protagoniste s'appelle Monsieur Bébé... L'impossible Monsieur Bébé (un hommage à Howard Hawks ?), plutôt l'impayable Monsieur Bébé, puisqu'il va, justement, - l'expression est ignoble mais elle est tellement juste - se payer sur la bête, et même plutôt deux fois qu'une. Beurk beurk...
La caméra continue de suivre Otilia, et va un peu aérer cette histoire, à contrepied par un huis-clos (le repas d'anniversaire de la mère de son copain) mais, durant toute cette scène, on est comme Otilia, on est là mais pas vraiment là, (pourtant on aurait de quoi réagir, à l'écoute des conversations de ces "nantis" roumains...),  on s'interroge, on s'inquiète, on est noué de ne pas savoir... et on finit par y retourner, dans cette chambre d'hôtel, sans même pouvoir manger la meringue que la maman du copain avait préparée spécialement pour vous et le dessert, mais en ayant eu le temps de s'expliquer un peu entre quatre-z-yeux avec le copain en se lançant au visage deux trois choses un peu amères.
La dernière partie, enfin, après l'avortement et le retour d'Otilia à l'hôtel, (et un passage dans la salle de bains qui me fut un peu difficile) sera une longue déambulation (une course plutôt), fiévreuse et inquiète, dans la nuit bucaresque, (c'est peut-être beau une ville la nuit, mais celle-là pas tellement je vous assure), la caméra (à l'épaule), traque, furète, accompagne, cette demoiselle blonde, parfois dans l'obscurité si quasi-complète qu'elle rend la scène presque abstraite. Pour finir ex abrupto  par une scène assez croquignolette dans le restaurant de l'hôtel et un ultime plan cut comme une paire de claques. Pif paf! Et envoyez le musique! (la seule  qu'on entendra d'ailleurs, de tout le film!)
Pour revenir à cette distance, j'ai vu le film, et c'est assez rare pour être ici noté, dans un espèce de dédoublement : sur le plan humain, affectif, mon premier degré habituel m'a fait, je l'ai déjà dit, être très très tendu pendant tout le film, tandis que d'un point de vue intellectuel, j'étais beaucoup plus détaché, appréciant ici le cadrage, là admirant tel plan particulièrement réussi, ricanant presque à certain autre moment en me disant "il a osé...", me questionnant sur le choix de l'angle de prise de vue, bref, l'image la plus proche serait celle d'un double vitrage, avec ce mince espace entre les deux parois, qui fait que l'image qu'on perçoit est légérement brouillée, dédoublée, modifiée ; c'est en même temps la réalité et pas tout à fait.
Oui, où il serait peut-être question de dualité, où le cinéaste serait comme un prestidigitateur nous disant attention regardez bien là, le chapeau, le petit lapin va sortir, mais en réalité ce n'est pas là qu'il faudrait regarder pour découvrir le subterfuge en train de se dérouler. Mungiu se défend d'avoir voulu faire un film sur l'avortement (ni pour ni contre, bien au contraire...) et c'est vrai qu'en faisant ce petit pas de côté, en (dés)axant davantage le récit sur tout ce qui est autour (l'avant, l'après, l'ailleurs...) il gagne en force ce qu'il perd en compassion. Avec l'extrême élégance de ne pas faire de Gabita une sainte laïque auréolée du prestige des martyrs, crucifiée sur son lit de douleurs (au contraire, il en rajouterait presque dans le côté nunuche agaçante, avec son accumulation de mensonges et d'indécisions), ni d'Otilia un bloc de certitudes et d'efficacité, genre "Super Bonne Copine vole à ton secours, attention ça va cartonner!" , non c'est juste une jeune femme qui marche dans la nuit, qui a peur, qui cherche,  qui se demande, qui doute, une femme qui se construit, peut-être aussi...
C'est drôle (enfin, façon de parler) certains placent ce film du côté de Rosetta et des frères Dardenne, moi je le rangerais plutôt du côté de Kaurismaki : pas de paupérisme ni de misérabilisme, non, des faits, (le manque d'argent, le flicage, le marché noir, le communisme totalitairement si délicieux), juste un genre de constat, sec comme un coup de trique mais éminemment cinématographique, avec des choix affirmés de mise en scène, le tout sous-tendu par un genre d'humour froid au trente-sixième degré, prenant par cette "ironie" du regard le minimal recul nécessaire. Un certain sens de la nuance. Ca se présenterait presque comme un documentaire mais ça serait presque une fiction, ça aurait presque l'air improvisé mais ça serait très écrit, ça serait presque un drame mais à la fin on sourirait presque...
Et enfin, au générique, sur fond de musique roumaine de bal du samedi soir, le poids qu'on avait sur l'estomac soudain un peu se désagrège, tandis que les lumières se rallument. (J'avais une vachement plus belle phrase pour conclure, mais, whoof! elle s'est envolée. Tant pis pour moi (et pour vous)! Noir.)

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28 août 2007

beyrouth beauté institut

CARAMEL
de Nadine Labaki

Un film choral de filles (un film chorale, alors ? smiley angélique). Un institut de beauté beyrouthain tel une ruche,  où bossent plusieurs copines, chacune avec au moins un problème "de fille" (une telle qui veut se marier mais ne remplit pas les conditions requises, une qui a une relation avec un homme marié qui lui fait des misères, une qui ne se met jamais en jupe mais qui a ses raisons, une qui court les castings pour oublier sa peur de vieillir, une autre encore affublée d'une (mère ? soeur ?) chiante qui aurait peut-être sa place à l'hospice, etc...) voilà pour les abeilles.
Et quelques mâles, bien sûr, qui tournent dans le coin, tels les faux-bourdons autour de la ruche : l'homme marié (qu'on ne verra jamais!), le fiancé sanguin, le flic amoureux, le petit livreur timide, le vieux gentleman...
La réalisatrice (qui s'est donné ma foi un plutôt joli rôle) peut alors faire son miel (son caramel, donc, plutôt), de tout ce petit monde, des va-et-vient, des rencontres, des attentes, des absences, des espoirs et des déconvenues, des hésitations et des regrets... Et ça bourdonne et ça bzz bzz (c'est normal, c'est des filles!), il est question d'amour, bien évidemment, mais aussi, et surtout de cohabitation, des relations entre les gens : homme / femme bien sûr, mais aussi célibataire et marié(e), catholique et musulman,  homo et hétéro - alors que, comme chacun le sait, l'homosexualité (et à plus forte raison féminine) n'existe pas, hein...-, avec du dit et du non-dit, du drôle et moins drôle, du tendre et du plus vachard ...
Caramel est à Beyrouth ce que The Bubble était pour Tel Aviv : une déclaration d'amour du / de la réalisatrice pour sa ville (à qui elle dédie d'ailleurs son film), donc enthousiaste et vibrante et forcément partiale, mais par la même touchante, parce que directement from the heart.
Liassez-vous tenter, c'est tiède, c'est sucré, c'est doux, et en plus ça vous fera la peau lisse comme une joue de bébé (sauf que quand on arrache les poils avec, ça doit pas faire du bien mais bon, ce n'est qu'un avis de mâle ignorant...)

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25 août 2007

bon pain ?

TROIS AMIS
de Michel Boujenah

Oui, euh, bon, c'était la fin des vacances, il pleuvait, la journée avait pas été terrible alors j'me suis dit allez on va rigoler un bon coup, comme tout le monde, avec un truc simple, pas intello, pas prise de tête,... normal quoi!

(un blanc...)

J'aime bien Pascal Elbé, j'apprécie relativement Kad Merad, et je ne suis pas trop fan de Mathilde Seigner. Ben là ils sont au diapason. J'ai ri plusieurs fois (surtout parce qu'on fait jouer à Pascal Elbé - qui a co-écrit le scénar, tout de même, c'est à dire qu'on qu'il s'est fait jouer- un rôle de Rantanplan (et j'adore Rantaplan. Si j'avais été un animal, j'aurais été lui. Je sens plus que des affinités.)
Cette histoire où chacun des trois amis  successivement dans la merde est secouru par les deux autres et qu'a chaque fois quasi ça foire sent un peu son amateurisme - bon enfant - feignasse - c'est les vacances - je vais pas me casser la tête à écrire un truc hyper compliqué. C'est... indolent (à défaut d'être insolent) pas indigne (à défaut d'être insigne), mais gentillet, quoi.
Avec l'unique émotion (mais quasiment en dehors du propos du film) de revoir Philippe Noiret, dont ça a du être le dernier rôle, presque méconnaissable, tant il a l'air affaibli, vieilli, fragile, et ça, ça fait vraiment mal au coeur.

24 août 2007

glisser dans la piscine

LE PENSIONNAT
de Songyos Sugmakanan

Les films thaï se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Après un tendre et assez solaire SYNDROMES AND A CENTURY de notre ami Apichounet, voici une plutôt sombre (au sens strict) et nocturne histoire de fantômes, thaîlandais, donc. Où un gamin est envoyé par son père (qui a ses raisons) dans un pensionnat un peu inquiétant, y fait la connaissance d'une bande de pieds-nickelés qui le bizuthent règlementairement à coup d'histoires de fantômes, finit par en rencontrer un vrai, devient son ami, et l'aidera à régler son problème (car les fantômes ont généralement un problème)...

Au début du film, c'est vrai, on a très peur, mais pas vraiment de ce que montre le film ; on a surtout peur d'assister à un effrayant catalogue de clichés, de poncifs et de déjà-vu du cinéma fantastique bouh fais-moi peur asiatique. Heureusement, le réalisateur est bien plus malin, et, passé le début qui c'est vrai en remet des couches (bâtisse lugubre, directrice inquiétante, chiens qui hurlent à la mort, angoisses nocturnes, porte qui se ferme puis s'ouvre toute seule, ombre flippante...) il met en place une histoire assez  bien fichue (et plutôt très bien mise en images), en mêlant plusieurs strates narratives, chacune associant un personnage, un objet, et un sentiment  (le père / la télévision, les copains / les lampes de poche , la directrice / le disque rayé, le fantôme / la piscine), passant d'un registre à l'autre parfois abruptement (on a le sentiment, au début, que le montage a été fait un peu à la hache, moins par la suite, mais peut-être s'habitue-t-on), d'un sentiment à l'autre...

Il va sans dire que la mise en place de l'histoire est beaucoup plus intéressante que son explicitation... Quelques très belles scènes (le public à la projection de "Fantômes affamés", la piscine en temps mêlés), beaucoup de  plans léchés (avec une image sombre, à la limite de la sous-exposition) de quelques lieux très graphiques (la salle d'eau, la piscine vide, le dortoir), des interprètes (enfants, surtout) sympathiquement justes, font apprécier cette histoire qui, paradoxalement, ne fera hurler de peur à aucun moment, mais nous raconte simplement combien c'est difficile (et pas forcément plaisant) de passer du stade de petit à celui de grand.

Pour ceux qui  entendent la contrepèterie, j'ai trouvé que le titre de ce post s'imposait doublement, car, je ne sais pas si c'est parce que j'avais envie, mais il me semble que je n'ai jamais vu un film (fantastique) où on pisse autant. (Mais, désolé, pas la moindre glycine...)

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22 août 2007

voisin voisine

CE QUE JE SAIS DE LOLA
de Javier Rebollo

Vu il y a quelques temps (déjà! soupir...) A Paris. Titillé par la combinaison de salles (le s est excédentaire, puisque le film n'est sorti que dans une seule et unique salle, le St André des Arts) et le début de la critique de Libé ("le film que personne n'ira voir cette semaine...")
Découvert, dès le générique, qu'y tenait le rôle principal un nommé Michaël Abiteboul (peut-il vraiment devenir célèbre avec un nom pareil ?), déjà repéré à plusieurs reprises dans des courts-métrages ou des seconds rôles (voire les deux à la fois), parce que ce mec a (dans sa tête et dans son corps) quelque chose qui me touche (pour tout dire il ressemble à quelqu'un que j'aime bien)
Le film est étrange (je dirais même étrangement étrange) : un nommé Léon vit avec sa mère infirme, dont il s'occupe avec dévouement. Il n'a pour se distraire que l'indiscrétion (il lit le courrier de ses voisins) et le voyeurisme. Il tient aussi un journal, au stylo-bille et dans un cahier d'écolier, où il raconte méticuleusement chacune de ses.journées (des fois il dit la vérité, des fois il ment un peu). Le monde est étrangement vide, quasiment off. Puis sa mère meurt, tandis qu'une jolie voisine vient s'installer sur le même palier. Lola (car c'est elle bien sûr) va devenir l'objet exclusif du voyeurisme de Léon, qui va la suivre désormais heure après heure, jour après jour... L'unique objet de son affection. Une drôle d'histoire d'amour, furtive et muette.
Léon ne vit quasiment qu'à travers sa contemplation attentive et fervente, il n'existe que par sa fonction de voyeur (c'est d'ailleurs l'invraisemblance première du film qu'il faut accepter : si un rouquin mastoc silencieux passait ses journées à vous observer à tout bout de champ, vous ne vous douteriez vraiment de rien, vous ?), sa vie par procuration, c'est juste ce que vit Lola. Et le spectateur-voyeur,  par la force des choses, prolonge la mise en abyme, en observant Léon en train d'observer Lola...
Mimétisme affectif : Lola boit, il boit, Lola vend des casseroles, il lui achète une batterie de cuisine, Lola a besoin de fric, il lui en fait trouver, Lola veut voir la mer, il va voir la mer, Lola va en Espagne, il va en Espagne, ainsi de suite... (le film étant une coprod, et le réalisateur español, on aurait pu penser qu'il se passerait là-bas, mais, pas du tout, le voyage en question n'occupant qu'une partie du film (et pas forcément la plus réussie.)
Il y a le même décalage entre l'aspect massif de l'acteur et sa voix neutre, calme,  (quasiment une voix d'enfant sage, de gentil fiston) qu'entre la folie froide du film et le traitement trop sage qui lui a été appliqué.  Mais bon, tel quel, ce drôle (?) de film, avec ses plaies et ses bosses, ses manques et ses redondances, ses invraisemblances et ses maladresses, suscite la curiosité, l'intérêt, face à la singularité de l'entreprise... Le monsieur assis derrière moi (qu'à un moment de la séance j'ai d'ailleurs entendu ronfler fort... voluptueusement) n'a-t-il pas déclaré, à la fin, à son voisin "Hay cosas interesantes..."
Intemporel (un film avec des francs et sans portable... hmmm quel bonheur!) mais pourtant pas situé dans le passé (un film donc qui serait situé dans un présent différent ?) Graphique (le film est semble-t-il plus à l'aise dans la plupart de ses respirations, ses plans fixes, que dans pas mal de ses phases narratives, parfois bancales, ou pataudes, ou artificielles.) Drôlement fichu mais surprenant. Et puis c'est quand même un plaisir certain d'assister à une séance en se disant que personne d'autre dans le monde au même moment ne peut faire ça...

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16 août 2007

véhicules

LE FILS DE L'EPICIER
d'Eric Guirado

A l'image du camion de l'épicier en question. Un machin, solide, costaud, pas d'une originalité folle a priori, mais qui, bon, a fait ses preuves, qui a peut-être du mal à démarrer, qui patine des fois dans les montées, qui négocie hasardeusement quelques embardées scénaristiques, qui bringuebale et cahote mais finalement arrive à (très ? trop ?) bon port.
Un film qui  se promène dans le département 26, (en voie de désertification et c'est peu de le dire), dans une histoire de famille comme on en connaît tous, nouée, grippée, rouillée, pour laquelle il faudra bien, après tout ce temps, mettre les mains dans le cambouis (ou de l'huile sur les rouages ?), et dans une histoire d'amour (un grand couillon maladroit est amoureux de sa voisine qui ne le sait pas...), et dans une histoire de rédemption, (de réadaptation ?), aussi. 
Plaisir de voir la jolie petite gueule (longtemps) butée de Nicolas Cazalé s'épanouir soudain comme une fleur de lotus, et le mutin minois de Clotilde Hesme illuminer tout ça de son sourire craquant. Plaisir aussi de l'attention portée par le réalisateur à chacun, même des seconds rôles. Attachant, oui. Et un excès d'optimisme n'a jamais fait de mal à personne... (Trahirai-je un secret en disant que ça finit vraiment plutôt très bien de chez très bien, et que in extremis, tout le monde, oui, tout le monde - même le sale vieux con d'empaffé de sa race - est gentil ? ) "Allez,tiens, il y en a un petit peu plus (d'idyllique ou d'idéaliste ?), je vous le mets quand même ?" Oui, oui, c'est cadeau. Prenons des forces, positivons avant la rentrée, qui je ne vous apprend rien, s'annonce sous le double signe du saumâtre et de l'avarié.

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JINDABYNE, AUSTRALIE
de Ray Lawrence

On passe sans transition de la camionnette hors-d'âge au 4x4 poussiéreux  qui en a sous le capot pour cette adaptation d'une nouvelle de Raymond Carver (Tant d'eau si près de la maison) qui nous revient à la sauce australienne, (ce qui est en même temps une bonne chose et peut-être une fausse bonne idée.) par le réalisateur d'un Lantana qu'on avait plutôt apprécié par ici.
C'est l'histoire de potes qui sont partis pour se payer un week-end de pêche entre hommes (les meilleurs, ndc), qui à leur arrivée dans leur éden piscicole découvrent le cadavre d'une jeune fille y flottant, et qui, après un léger flottement, continuent leur week-end de pêche comme prévu. "De toutes façons, elle était déjà  morte..." Quelle erreur !
La nouvelle de Carver faisait à peine dix pages toute mouillée, le film, lui, dure deux heures. La découverte du cadavre n'arrivant qu'à moitié du film, le propos en a donc été comme on dit étoffé, en amont comme en aval d'ailleurs. Le couple principal  et ses multiples problèmes (Stewart -Gabriel Byrne impec comme d'hab'-, et Claire -Laura Linney, à mi chemin entre Jodie (Foster) et Julianne (Moore), c'est dire -) constitue bien entendu la matière première principale du récit, enrichi (alourdi ?) par le fait que la jeune fille assassinée soit aborigène, les problèmes des autres couples, les histoires entre les deux enfants, le rapport des différents personnages à la mort, un serial-killer... (qui ô surprise à la relecture figurait déjà dans la nouvelle!), Stop! n'en jetez plus!
Et on se dit qu'on a peut-être finalement un peu trop chargé le baudet.  Parce que du coup c'est dur de tenir tous les différents récits. Peut-être, pour les gens qui ne connaissent pas le texte original, ça n'aura aucun mal à passer, mais c'est vrai que j'ai trouvé que, pour l'histoire qui nous intéressait -les pêcheurs et la noyée- c'était vraiment trèèès long à démarrer!.
Tout ça est est d'une tonalité plutôt sombre, malgré le grand soleil australien, et fera froncer de perplexité démoralisée les sourcils au spectateur, qui venait pourtant d'être guillerettisé par le film précédent...

 

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11 août 2007

en bateau

LA LEON
de Santiago Otheguy

Incontestablement "la" découverte ciné de ce séjour parisien.
Un film en noir et blanc, très horizontal, à la perfection plastique bluffante (certains de mes amis d'ailleurs lui reprochent cette volonté de virtuosité...), bref, un objet filmique totalement fascinant, et ce dès la première image.
Un univers dense, touffu, étouffant qu'on n'appréhende que petit à petit (car on ne peut pas dire que le réalisateur joue la facilité en nous filant d'un seul coup et dès le début la carte du lieu ou en parsemant sa narration de poteaux indicateurs explicatifs, bien au contraire, ici c'est la jungle, semble-t-il chuchoter, et démerde-toi...) une histoire donc qui s'élabore en zigzags, se constitue se perd et se reconstitue au fil des méandres que parcourent un certain nombre d'embarcations, notamment un bateau, El Leon (celui qui donne son titre du film), dans un labyrinthe aquatique, insulaire, foisonnant, mystérieux.
Dans ce paysage moite d'eau, de roseaux, de forêts, de marécages (nous sommes en Argentine, dans le delta du Paraná) vivent (survivent) des hommes, loin de tout, vies minuscules, précaires, comme des ilots jetés ça et là au hasard sur le fleuve, et organisées en un monde clos, autonome (les Isleños), régi par ses propres règles, (qu'on ne saisit pas forcément d'emblée), et dont le seul lien régulier avec l'extérieur, la terre ferme, le reste du pays, du continent (la réalité ?) est ce bateau, celui que pilote El Turu, qui fait la navette entre les deux.
L'autre protagoniste, aussi mutique que le premier est hâbleur, aussi introverti que l'autre est jovial (?), s'appelle Alvaro. Il coupe des roseaux, file occasionnellement un coup de main à ceux qui bûcheronnent (et les mate un peu quand ils se baignent dans le fleuve ou quand ils font la sieste), et répare des livres de bibliothèque, bref, nous est signalé comme encore plus singulier, au beau milieu de cette somme déjà de singularités ambulantes. Oui c'est un puto, (un jeune homme sensible dans la rude langue locale). Et c'est entre lui et El Turu, le pilote à grande gueule, que va se jouer une partie tendue et redoutable, un duel (qui hésite peut-être à devenir un duo ? ), attraction / répulsion, chat et souris (mais qui chasse qui ?) homo & hétéro... Mais on n'est ici ni dans La meilleure façon de marcher, ni dans Le droit du plus fort,  encore moins dans Les chansons d'amour ou La cage aux Folles. A des kilomètres.
Car Otheguy, dont c'est, il faut le souligner, le premier long-métrage, a l'intelligence de ne pas faire de cet affrontement la pièce maîtresse, le mur porteur, du film, qui aurait alors beaucoup perdu de son élégance radicale et vénéneuse. Il n'en fait qu'un des éléments dans le constat  d'un combat beaucoup plus vaste, qu'il soit politique, social, ou racial. (Les Isleños, premiers habitant des lieux, voient ainsi débarquer chez eux des immigrants, les Misioneros, qui veulent profiter aussi de leur maigres moyens de subsistance, ce que certains exaltés vont percevoir comme une insupportable agression.) Aussi pauvre et malheureux soit-on, il s'en trouvera toujours un plus désemparé que vous sur l'échelle sociale, et certains auront toujours, à tort ou pas, la trouille qu'un plus bas veuille grimper sur leur barreau et leur piquer leur place.
Le film débute juste après un suicide et se termine après un meurtre. Entre les deux aura coulé, au sens propre comme au sens figuré, beaucoup d'eau. (L'eau c'est la vie ?) Le format scope (celui habituel des westerns) constitue un cadre parfait pour la rectitude (rigueur ? ) géométrique (mais pourtant violemment poétique) de son écoulement, son caractère  inéluctable. Horizontalité de l'élément liquide et verticalité de l'élément humain. Horizontalité du regard et verticalité  des roseaux, des arbres, des hommes. Horizontalité des embarcations qui glissent et verticalité des corps qui s'affrontent. Verticalité de la violence, verticalité du désir, horizontalité du rapport sexuel, et, finalement, horizontalité de la mort. Tout ça retranscrit, je l'ai déjà dit, dans un noir et blanc sublime, qui radicalise encore un récit où l'économie des mouvements de caméra (le réalisateur privilégie les longs plans fixes) s'allie à des cadrages à la rigueur (la vigueur) et à la beauté implacable(s), pour évoquer cet univers foisonnant, mi-homme mi-bête, à la beauté vaguement inquiétante, mais aussi à la tristesse prégnante. 
(J'ai pensé, à la fin, peut-être paraitra-ce ici trivial, au clip de Tanita Tikaram Twist in my sobriety, en sépia et blanc, qui évoquait un univers assez semblable. Longtemps je l'ai considéré comme le clip le plus triste du monde.) Si La Leon n'est pas bavard, il est pourtant très sonore. Beaucoup de bruissements, de chuintements, de craquements, (la bande-son est aussi extrêmement travaillée),  entre le végétal malmené et l'animal aux aguets, entre l'inquiétude et la menace, entre la caresse et le coup. Oui on est quelque part au milieu d'une jungle, perdu dans la forêt, on n'est sûr de rien, on avance à pas lents, aux aguets et rien de plus beau, de plus jouissif que cette perte-là (on ne serait plus si loin, finalement, de la deuxième partie de Tropical malady, non ? Mais peut-être là m'égare-je)
Bon, encore une fois, (smiley rosissant), j'avoue  (soyons honnête) m'être quand même très intéressé au sous-texte gay... (même si l'auteur a dit et répété que ça ne l'intéressait pas de faire un film homosexuel, et que d'ailleurs lui-même  ne l'était même pas!) En tout cas je peux vous dire que ça fonctionne, et bougrement! Tout y est, les regards, les visages, les corps, (et même le sexe, d'ailleurs... Si si! Et joliment impressionnant, avec ça), et les figures (de style) imposées des circonvolutions tortueuses de la séduction, (in)volontaire ou pas, d'autant plus efficace (à mon sens) que les protagonistes en sont très (trop ?) humains (je veux dire "normaux"), oui, simplement, ordinaires, comme vous et moi (enfin, comme moi surtout).

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Dans le top 10, et hop!

26 juillet 2007

orchidées

SYNDROMES AND A CENTURY
de Apichatpong Weerasethakul

Dans cette bonne ville de B. où je vais au cinéma, ce film est sorti cette semaine, mais pour une unique et solitaire séance quotidienne (18h, tarif réduit), traitement dont bénéficie aussi son confrère I don't want to sleep alone, de Tsai Ming Liang (déjà chroniqué par ici). Pourquoi je vous dis ça ? Parce que, précisément, certaines fois, j'ai envie de courir revoir le film sur le champ, séance tenante (c'est le cas de le dire), et là c'était bien le cas, mais c'était donc malheureusement impossible
On a (j'ai) envie de revoir un film illico pour plusieurs raisons : soit par ce que c'est merveilleux et qu'on s'y est senti tellement bien qu'on veut absolument réitérer l'expérience, soit parce qu'on n'a pas tout compris,  qu'on a le sentiment que quelque chose vous échappe, qu'on aimerait avoir de plus amples explications sur certaines scènes, certains plans, certains détails...

Eh bien là, les deux raisons sont valables. De même qu'il y a deux parties dans le film, deux même il y a deux bonnes raisons (au moins) de retourner le voir! Comme pour les deux précédents films vus de ce cher Apitchounet, on a donc deux demi-histoires, qui réunies, en forment une troisième. Sauf qu'ici pas de changement radical entre les deux moitiés. C'est comme s'il nous racontait deux fois la même chose, une fois "normalement" et une fois "d'une autre façon".
Ainsi, la première partie débute par un entretien d'embauche aux questions un peu absurdes que fait passer une jeune médecin à un jeune médecin, et la seconde partie débutera par le même entretien d'embauche, avec les mêmes questions (la médecin / le médecin) mais pas au même endroit (et certains disent pas au même moment non plus...)

Pas question de tout disséquer, tout recenser, tout analyser, disons juste que cette première partie est plutôt centrée sur cette demoiselle (la jeune médecin), après qui en vain un soupirant soupire, mais qu'elle éconduira gracieusement, en lui racontant l'histoire de l'homme aux orchidées, un amour de jeunesse qui compte toujours pour elle, mais on suivra aussi en parallèle les émois sentimentaux d'un jeune dentiste, chanteur de variétoche thaï à ses heures, qui tombe amoureux d'un moinillon (d'un bonzinet ?) DJ contrarié... Et cette première partie est proprement miraculeuse. Parce qu'il y est toujours question d'amour, et pas forcément d'amour partagé, mais sans qu'y apparaissent ses habituels corollaires : souffrance, jalousie, déception, douleur, pathos... Il s'agirait juste de l'essence de l'amour ? Plutôt de la recherche, de l'approche  de cet élément mystérieux. C'est constamment d'une beauté à la fois  simple et fragile, ça coule, ça s'écoule, couleurs claires, frémissements, soleil, arbres qui bougent, avec  une fluidité touchante, une délicatesse incroyable... Si le pathos existe, il n'apparaît pas. Ou alors si imperceptiblement qu'il en devient translucide.

La seconde partie, qui rejoue quasiment dans ses grandes lignes la première, en intervertissant les lieux, les situations, en rajoutant des personnages, des scènes aussi, est à la fois (surtout vers la fin) un plus inquiétante et  déstabilisante. Mais on n'est toutefois pas perdu dans la jungle obscure de la seconde partie de Tropical malady. On est toujours alors dans le milieu médical, on reconnaît les personnages, mais les repères qu'on avait sont comme un peu détournés, on ne comprend pas toujours de quoi exactement il est question, ni ce que signifie vraiment ce qu'on nous montre. Elle ré-équilibre en quelque sorte le trop plein de légèreté dont le début nous avait oxygéné les neurones. L'hôpital, son personnel, ses couloirs, son décor immaculé, aseptisé, prennent soudain plus d'importance. La construction du récit est plus heurtée que dans la première moitié, qui était plutôt sans coutures apparentes. Oserais-je parler de patchwork? On a un peu le sentiment d'un jeu de (dé)construction, comme si le réalisateur avait volontairement omis dans ses phrases les conjonctions de coordination et les balises logiques du récit. Des espaces disjoints se juxtaposent, certains anxiogènes, d'autres joyeusement régressifs. Si la première partie était les Syndromes du titre, peut-être celle-ci est-elle alors les "and a century" ? (comme on dirait "le mal du siècle" ?)

Les films d'Apichatpong W. sont comme des caissons d'immersion sensorielle. Sa façon de filmer la nature, son goût des relations entre les êtres, son évidente maîtrise de la caméra, font de chacun d'eux une expérience unique, un puissant objet de fascination. Celui-ci, qui clôt une trilogie (avec Blissfully yours et Tropical Malady) est selon son auteur une évocation autobiographique, consacrée à ses parents (médecins). Je veux bien le croire, mais je l'ai  surtout reçu comme un sublime cadeau, en tout cas le présent idéal en cette fin d'après-midi ensoleillé.

"Et si tu aimes quelqu'un en secret, qu'est-ce que tu fais ?"

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(l'avis de  Zvezdo ici)

(après coup : en relisant, je me rends compte que j'ai parlé plutôt maladroitement de ce film, que je n'ai pas réussi à en retranscrire la magie... tant pis!)

24 juillet 2007

fine gueule

RATATOUILLE
de Brad Bird

Depuis le temps qu'on voyait la bande-annonce (ça fait bien 6 mois!) je savais qu'il fallait que j'y aille dès l'avant-première, sinon il serait trop tard. Ce fut donc chose faite, ce soir à 18h, dans le bôôô cinéma, dans la plus grande des salles, remplie d'ailleurs à ras bord de n'enfants (je ne vous raconte pas le nombre des allées et venues dans la salle pendant la projection pour aller faire pipi) et de leur(s) parent(s) correspondant(s) (car bien souvent, seul un des deux avait fait le déplacement, et il me semble d'ailleurs qu'il y avait davantage de papas...)
Et alors ? Ben disons juste qu'encore une fois Pixar a frappé très très fort. L'animation est fabuleuse, plus aucun effet de texture ne semble leur faire peur, le rendu est saisissant, la qualité de l'image est esbrouffante, l'animation d'une grande fluidité, et le film pourrait d'ailleurs tourner en démo de leur virtuosité technique, mais il est plus malin que ça.
L'histoire est ce qu'elle est (comment réussir à vivre son rêve, quand tout semble au départ contre vous, même votre famille, surtout que vous êtes un rat) ciblée "enfants dès 6 ans" (selon la signalétique allociné, mais bon, 1h50, pour les chtiots, ça commence à faire long...) donc assez prévisible (il y a un très méchant, pas le plus réussi du lot d'ailleurs, et un autre méchant mais c'est pas de sa faute, d'ailleurs il deviendra gentil à la fin) et se termine d'ailleurs comme on souhaitait qu'elle se terminât (grosso modo, tout le monde est heureux...)
Les personnages sont attachants (surtout les rats, qui semblent, paradoxalement, plus fouillés que les humains) avec un gros faible pour les deux principaux, Rémi, le héros, et (surtout) Emile, son gros frangin rouquin et un peu bas de plafond. Mais tout ça n'aurait-il pas gagné à être un poil plus ramassé ? Il y a d'ailleurs une première "fausse fin" (Disney ancienne manière : le méchant est puni et le gentil récupère ce qu'on lui avait usurpé) mais hop, non, on avait oublié le dessert, et le réalisateur  en remet donc une bonne louche (Disney nouvelle manière : la transfiguration de celui qu'on croyait méchant ?) occasionnant une petite baisse de régime entre les deux... on se dit que s'ils continuent, ils ne finiront jamais à temps!
Mais bon, le dosage du cocktail est quasi  perfect : tant pour cent d'humour (j'ai pas mal rigolé, encore une fois, à tel point que le gros papa assis à côté de moi se sentait par moments obligé de rire pour m'accompagner), tant pour cent d'action et de speed, tant pour cent d'émotion, tant pour cent de peur, tant pour cent de découragement, tant pour cent d'amour (si si! mais pas chez les rats... eux semblent tous être de sexe mâle (ou plutôt non sexués, seraient-ce des anges-rats ?!) et tant pour cent de "tout est bien qui...". Comme la ratatouille du titre (et du film), on a pris un plat (une recette) classique, et on vous le sert façon nouvelle cuisine. Mais ça vaut largement l'addition! Le seul petit reproche (mais c'est personnel) : pourquoi donc ont-ils choisi de faire au héros la tête de Stéphane Bern ?

Et ne manquez pas, en guise d'amuse-bouche, le petit film d'extra-terrestres (Pixar aussi) en première partie, qui est vraiment à pisser de rire!

18780105_w434_h289_q80 (Rémi et Emile)
18780108_w434_h289_q80 (Rémi et Stéphane B.)

22 juillet 2007

a cappella

Grâce à la suggestion, puis l'insistance de mon amie Claude W., et grâce aussi à son aimable petit véhicule, j'ai pu assister hier soir à un superbe concert en l'église de Lure (70) dans le cadre du Festival Musique et Mémoire. Je lui avais parlé de mon goût pour la musique chorale, vocale et religieuse (Vivaldi, Haendel and co...) et m'étais donc vu fermement conseiller ce concert-là, précisément... Comment aurais-je pu donc ne pas y aller, hein ? Je m'y suis donc rendu (oui comme on rendrait les armes, hihi...) Ô bonheur, en arrivant là-bas, Claude m'a fait remarquer, que, pour une fois, j'étais dans les plus jeunes de l'assistance. Ce qui  change du public des concerts de Katerine, JoeyStarr, ou même Pierre Henry (non, j'exagère, pour Pierre H., j'étais juste dans la moyenne!)

Il s'agissait du Chœur de Chambre Les Cris de Paris, sous la direction  du jeune  (et virevoltant) Geoffroy Jourdain (d'ailleurs ils ont tous l'air jeunes!), une trentaine (le programme parlait de 26, le site annonce 33, en tout cas ils étaient nombreux) de chanteurs pour un programme de musique baroque et contemporaine (mais Claude à la fin, et elle s'y connaît plus que moi, a conclu que c'était beaucoup plus contemporain que baroque, mais du contemporain - ça c'est moi qui le dis, aïe je ne vais pas encore me faire que des amis... - joli, du contemporain mélodieux, qui ne fait pas mal aux n'oreilles, du contemporain virtuose, juste les voix (pas besoin d'instruments) qui se suffisent à elles-mêmes.), programme qui m'a, comme on dit, enchanté.

Un concert, comme on dit, enlevé, eux impressionnants, tout en noir (il y avait, et c'est aussi une particularité du choeur - et un exemple à suivre ? - grosso modo autant de messieurs que de demoiselles) et je peux vous dire que que tous assuraient (depuis leur arrivée en musique, en double file
indienne depuis le fond de l'église, chacun soufflant dans unun kazoo (oui oui) pour installer une sorte d'harmonie sonore, dee climat attentif, jusqu'à leur départ après le rappel (dommage, ils ont juste rechanté un des morceaux qu'ils venaient de présenter) en sens inverse, mais en silence et quasiment au pas de course!

Bref, une heure trente délicieuse (en plus, on était scandaleusement bien placés, plutôt que d'être au milieu et derrière, on avait fait le choix d'être sur le côté mais bien devant, avec une bonne vue sur les chanteurs)  je vous assure. A la fin, Claude avait les yeux qui brillaient et pétillaient comme une petite fille. Et qaund elle a vu mon sourire, elle s'est sentie rassurée... Un pot était offert par la Municipalité, nous y sommes allés. Et là, dans la cour de la Mairie, on a eu la joie, au bout d'un certain temps d'échange de mondanités et de kirs, la joie donc de les voir revenir, en civil, et de s'installer dans un coin de la cour (et sous une légère pluvinette) pour un petit rappel live (qu'ils n'avaient pas osé faire dans l'église ?) d'autant plus surprenant qu'il n'appartenait  pas au répertoire précédent, puisqu'il s'agissait du Hung Up, de... Madonna! Si, si, virtuoses, je vous dis, ces gens-là peuvent décidément tout faire! (Et là, pour une fois, j'aurais presque pu chanter avec eux, chose que je n'avais pu faire, au dernier morceau du concert, quand ils avaient  invité le public à chanter avec eux la partie des ... soprani (???) "Stravaganza de amore"...)

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