épreuve de pureté par le feu
SITA CHANTE LE BLUES
de Nina Paley
Encore une fois Hervé l'avait dit, et encore une fois il avait raison (pfff il devient agaçant celui-là à deviner comme ça à l'avance ce qui va me plaire). Et comme hélas il ne passe que trois fois dans le bôô cinéma, j'ai du réaliser des prodiges d'emploi du temps pour réussir à aller le voir.
Et j'en sors, avec un sourire large de deux fois une oreille à l'autre. On était quatre dans la salle, tant pis pour les autres. C'est vraiment un petit bijou. (Et pourquoi "petit", d'abord, hein ?). Ok, un bijou tout court. D'abord parce qu'il se démarque singulièrement de toutes les dernières animations 3D récemment vues : si les techniques d'animation de Sita sont multiples, elles se caractérisent par une technique "old fashioned" : papiers découpés, dessins, ombres chinoises alternent dans ce petit théâtre à plat, simple, artisanal, kitsch, exquis (cochez les cases correspondantes), alliant la candeur de l'esprit Bollywood des aventures d'une princesse de légende au... réalisme des aléas sentimentaux -et autobiographiques- d'une demoiselle américaine contemporaine
A chacun des trois niveaux de narration (1) Nina se fait larguer par son mec 2) des jeunes Indiens confrontent leurs souvenirs du Ramayana 3) l'histoire de Ramachounet et de Sitachounette) correspondent une ambiance, une musique et une technique différente (dessin au trait / ombres chinoises / papier découpé) allant du très simple au très kitsch, en passant par le très drôle... D'autant plus que la partie "Rama/Sita" est bâtie autour des chansons d'une certaine Annette Hanshaw (du blues, donc, des années 20, et re-donc d'où le titre), créant a priori un délicieux décalage entre ce qui est chanté et les aventures à l'écran de notre pure et virginale héroïne et de son -finalement- bellâtre bleu...
L'ensemble est vraiment plaisant, le sous-texte du film me plaisait (j'y ai même pour ça envoyé Marie) et, même si certains ont fait la fine bouche devant la "rusticité" parfois de l'animation., moi je me suis régalé. Et enfin un film qui exploite intelligemment les possibilités du dolby (le dernier en date pour moi était L'échelle de jacob), dans la scène de l'intermission (on avait vraiment l'impression que la salle était pleine de gens qui discutaient en se baladant), en temps réel...) Moi, ça m'a tellement plu que j'y suis retourné, à deux jours d'intervalle. Et ça risque bien d'être "mon" film d'animation de l'année!
(pour la petite histoire, savez-vous que la France est le seul pays au monde dans lequel le film soit sorti en salle ? Les ayant-droit d'Annette Hanshaw ayant demandé une somme tellement énorme (l'équivalent du budget du film) pour la diffusion en salles, la réalisatrice a préféré diffuser le film directement sur Internet, vous pouvez d'ailleurs le trouver là...)