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lieux communs (et autres fadaises)

3 novembre 2020

RCC4

5

*

voilà c'est reparti... "pour de vrai"

*

(tiens, en parlant de (re)partir, je me suis amusé à tracer des périmètres de gens qui me sont proches... ou moins :

marie

(M)

pépinco

(C&P)

soria

(F&P)

catherine

(C)

... et des plus lointains :

manue

(M)

emmarégis

(E&R)

dom

(D)

Nous ne sommes pas tous égaux devant le périmètre...

*

avec cette histoire de périmètre d'autorisation déambulatoire, j'ai commencé à gamberger sur les distances maximum éventuellement parcourables (pour ceux qui décideraient de sortir, bien évidemment!) :

* d'abord, pour les fainéants, 1 aller rectiligne de 1km + un retour idem = 2km
* pour les un peu plus vaillants : 1 aller de 1km, puis un parcours circulaire sur le périmètre du cercle ( Dx3,1416) = 6,2832km, puis un retour de 1km = 1+ 6,2832 +1 = 8, 2832km ... déja mieux!
* MAIS pour les plus sportifs entre les sportifs, on peut, imaginer, encore mieux, un nombre n d'allers et retours sur un rayon de 1km, soit n x 2km, n étant supposé tendre vers l'infini... ce qui laisse à rêver, non ?

*

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(Eric Pessan)

*

(Jean-Michel B., décidément, c'est comme Rantanplan, je ne me lasse pas de ses facéties...)

"Ce matin, les enseignants vont lire aux élèves la lettre - ou un extrait - de Jean Jaurès «aux instituteurs et institutrices», à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty. Une lettre largement et étrangement tripatouillée, comme l’a raconté Libé. «Il y a un peu de complotisme dans cette interprétation», répond sur France Inter Jean-Michel B. Pour le ministre de l’Education nationale, c’est «typique de ces procès d’intentions absurdes». Certes, reconnaît-il à demi-mots, il y a eu caviardage, mais ce n’est pas de sa faute à lui et il ne faut pas chercher la petite bête. «Vous imaginez bien que je ne l’ai pas fait personnellement, j’ai des journées assez remplies», lance-t-il, se défaussant sur «les services».

#Passages caviardés

Comme Libé le rapporte, de nombreux enseignants ont eu la surprise de découvrir qu’il leur avait été envoyé une version raccourcie du texte de Jaurès. Une version tronquée - diffusée par plusieurs rectorats, a minima dans la région Centre et en Occitanie - des passages où Jaurès défend l’autonomie de l’enseignant et critique le recours excessif aux évaluations. «Bien entendu, ces paragraphes n’ont rien de tabou. C’est pour ça qu’on publie la lettre complète. Elle est accessible à tous, ce serait absurde de vouloir enlever des paragraphes», se justifie B. Qui poursuit : «Comme c’est une lettre très longue, il y a des paragraphes qui sont enlevés. J’ai lu les paragraphes enlevés. Ça a trait au certificat d’étude que Jaurès critique. Il a disparu depuis longtemps, peut-être sous l’effet de la critique de Jean Jaurès d’ailleurs.» Mais pas que. Et rappelons que la lettre de Jaurès date de 1888 et que le certificat d’étude a été supprimé officiellement en… 1989.

#Fierté qui devient fermeté

Autre élément surprenant, un extrait où la «fierté alliée à la tendresse», mentionnée par Jaurès pour expliquer la «grandeur» de l’enseignant, devient la «fermeté alliée à la tendresse». «C’est sur le site d'une académie, ça date de plusieurs années», esquive le ministre. Effectivement, cette version émane d’un espace de ressources pédagogiques de l’académie de Poitiers, et, selon la communication de ce rectorat, «a été mise en ligne en 2016 dans le cadre de la semaine pour la laïcité». «Essayons d'être unis plutôt que d’aller chercher des polémiques de ce genre», conclut B., agacé."
(Chez Pol / Libé 02/11/20)

*

il n'y a pas d'heure pour les braves : je me suis habillé à 16h12, histoire de descendre sortir chercher le courrier en tenue décente.

*

le chocolat du jour : pas mal
(je ne suis pas très chocolat blanc)

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*

le chocoalt du jour,*

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2 novembre 2020

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4

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un jour triplement nul : re(con)con, dimanche, et jour férié! trois raisons de traîner en pyj' toute la journée (je n'ai aucun cimetière à visiter)

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si mon cerveau est assez agile pour mélanger les lettres et trouver les scrabbles, il l'est en revanche beaucoup moins pour déco(co)der la complexité du monde environnant... (et à vrai dire ça m'intéresse aussi beaucoup moins)

*

cuisine : testé hier soir (merci merci Manue pour le nouveau four!) le chou-fleur en popcorn, et, contrairement à ce que j'ai pu dire à Dominique au téléphone pendant que ça cuisait, j'ai finalement trouvé ça pas mal du tout (mais il faut vraiment qu'il soit émincé fin!) j'en ai même refait une fournée ce matin! (mais bon là il était émincé trop fin!

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(du carnet d'Eric Pessan)

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le chocolat numéro 3 était délicieux (et pareil pour le café de la nouvelle cafetière, ça devient bon...)

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*

"Un kilomètre à pied..." (air connu)

1km

...et voici donc mon périmètre d'action pour le mois à venir
(le gougouvernement a bien précisé "oui oui, à vol d'oiseau")

*

1 novembre 2020

RCC2

Le reconcon, c'est comme les vacances scolaires : le premier week-end, ça n'est pas encore commencé, ça ne compte pas vraiment. En vrai, ça commence lundi.

*
tôt le matin la première attestation donnait ça :

ecoles

(c'est moi qui ai ajouté le oooh pour signifier l'indignation devant la faute d'orthographe... ils ont encore dû embaucher un stagiaire au ministère pour corriger la vieille attest' de mars, et, le pôvre, comme il devait avoir de la buée sur ses lunettes à cause du masque il a laissé passer le s à école, à moins que ce soit juste un rebelle qui l'ai fait délibérément ? Ou parce qu'il trouvait ça joli? Mais de toute façon la formule est boîteuse je trouve," à l'école et à l'occasion de..." , non ?)

*

Celle que j'ai imprimée pour sortir avait été corrigée (mais elle ne m'a pas servi). Sorti pour quoi ? Juste pour aller à Monop' pour acheter des frites surgelées (nutriscore A), c'est Dominique qui m'en avait donné l'envie... Tout un sport de réusir à sortir sans oublier ni mon ausweis bitte, ni mes sous, ni mon sac, ni mon masque (je suis quand même remonté trois fois de suite à l'appart', mon dieu déjà mon cerveau se ramollit...

*

Le monsieur s'appelle Eric Pessan, il a un blog sur tumblr intitulé "parfois je dessine dans mon carnet", il publie -en ce moment- un dessin tous les jours, voici celui d'hier et celui d'aujourd'hui :

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 *

c'est vrai que, à ce moment précis, (surtout sans radio et sans journaux télévisés), "tout ça" semble (encore) un peu abstrait, un peu irréel, un peu loin... on en reparle lundi, hein

*

le chocolat n° 2 (avec le café n°2), ce midi,  était un petit carré plat de noir fourré d'une fine feuille de nougatine

*

l'esprit des murs
(on prend les mêmes et on recommence, j'ai le sentiment de remettre mes vieilles pantoufles...)

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*

(et le plus drôle, enfin, relativement, c'est que, même si la fin de ce reconcon n'est pas encore fixée (Décembre ? Noël ? "Trève des confineurs" a évoqué à la télé un monsieur qui m'a fait sourire) les personnels autorisés évoquent déjà (posent les jalons) le rereconcon suivant, celui du printemps -ce qui est une bonne nouvelle puisque ça veut dire qu'entretemps on sera sortis-)

*

1 novembre 2020

octobre 2020

jeudi 1
"On se doit d’être heureux, et j’arrive à l’être beaucoup de fois dans la journée au cours de très brefs instants. Le bonheur, ce sont des moments imprévus. Une phrase dans un livre, un paysage qui reste imprimé sur ma rétine… Régulièrement j’ai des petites manifestations d’enthousiasme. Mais pour vivre ça, il faut être disponible, accepter de se laisser surprendre." (Erri de Luca)

vendredi 2

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Josep

samedi 3
"J'ai oublié combien je me suis tout de suite reconnue dans la phrase de Marguerite Duras : "Si j'avais le courage de ne rien faire, je ne ferais rien", et pourtant je ne sais jamais si ce courage me manque ou s'il me submerge, car j'ignore si je ne fais rien ou si je travaille, une actrice qui s'interdit de rêver n'existe pas" (Bulle Ogier, J'ai oublié)

dimanche 4

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(jouons un peu entre camarades...)

lundi 5
"Tempête en octobre, t'en chies en novembre..." (Claude M., cité par Philou)

mardi 6

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(l'instant exact)


mercredi 7
"La vitesse leur tirait les larmes et leur montait dans la poitrine. Ils filaient sur la terre éteinte, tête nue, incapable d'accidents, trop rapides, trop jeunes, insuffisamment mortels." (Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux)

jeudi 8

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(reçu de Loulou)

vendredi 9
"Dans les films, les gens avaient des têtes symétriques, des fringues à leur taille, des moyens de locomotion bien souvent. Lui se contentait de vivre par défaut, nul au bahut, piéton, infoutu de sortir une meuf, même pas capable d'aller bien." (Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux)

samedi 10

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(aux Bâties)

dimanche 11

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(François Matton, "J'ai tout mon temps")

lundi 12
"La malédiction vient des hommes, jamais fidèles parce qu'ils n'aiment qu'eux-mêmes." (Christian Petzold)

mardi 13

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(ça semble
académique, mais ça me donne quand même envie de voir le film...)

mercredi 14

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(ce cher Georges...)

jeudi 15

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(boeuf en daube, patates/cancoillotte et crème brûlée aux griottines)

vendredi 16
"Assez de "Nous sommes en guerre", assez de "couvre-feu" : ce vocable guerrier gangrène la pensée et abîme les possibilités d'un combat collectif contre une situation sanitaire, économique, et enfin morale extrêmement violente. Et notre gouvernement devrait se rappeler que sous le couvre-feu couve la braise. Nous avons besoin de la culture. C'est une mesure d'urgence tout autant qu'une vision d'avenir.
À l'instar des lucioles, nous ne nous éteindrons pas."
(Les cinéastes de l'ACID)

samedi 17
aujourd'hui la boîte aux lettres était pleine à ras bord, et tout y était très bien rangé : deux exemplaires de Valeurs Mutualistes
(un qui m'était destiné, et l'autre pas), deux Libé (celui d'aujourd'hui et celui d'hier), le "je me souviens du con(con)finement 1" (que Photob*x avait oublié de m'expédier, j'avais juste reçu les n° 2 et 3), et deux publications des Editions de l'Oeil que j'avais commandées (le livre-dvd de Dieu sait quoi, de Jean-Daniel Pollet, et le carnet "J'avais 20 ans")

dimanche 18

Capture d’écran (374)

(Going My Home, épisode 1, de Kore-Eda Hirokazu, sur Mubi)

lundi 19
"On doit tous apprendre à vivre autrement. Une fois encore, le gouvernement nous infantilise, il nous supprime nos jouets d’une semaine à l’autre, sans explication, sans concertation. C’est l’éducation par la fessée. Le couvre-feu doit être le dernier recours." (Vincent Macaigne)

mardi 20
"Je joue pour dire la vérité. Ce n’est pas une question de vanité. Il faut avoir des couilles pour ça." (Nicolas Maury)

mercredi 21
“Personne ne vit assez longtemps pour savoir à quel point personne ne s’intéresse vraiment à personne.”
(Victor Miesel, personnage de L'anomalie, d'Hervé Le Tellier)

jeudi 22

Capture d’écran (456)

Vienne" (de Barbara) par Jeanne Cherhal et Bachar Mar-Khalifé, extrait de "Arba", en prélude au nouvel album de BM-K qui sort demain

vendredi 23
soirée tarot chez C&P, événements notables : Manue a gagné, j'ai perdu / Pépin a pris autant de fois que tous les autres réunis / Manue a eu 3 rois au chien, Pépin l'excuse cinquième / à cause de ma mauvaise donne, Marie a terminé sa partie avec 1 carte dans la main, et Pépin 3 -alors que les autres en avaient deux- / j'ai surcoupé le petit de Pépin quand il a fait sa garde sans / j'ai mis 7 cartes à l'écart quand j'ai enfin pu faire une garde / le sept de carreau est peut / la grande bouteile de Corbières (1,5l) de Jacques était délicieuse / (ps a posteriori : ça sera la dernière avant un bail!)

samedi 24
"J'abandonne sur une chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent
J'attends qu'elle se réveille et qu'elle se lève enfin
Je souffle sur les braises pour qu'elles prennent
Cette fois je ne lui annoncerai pas
La dernière hécatombe
Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde
Elle m'a dit qu'elle voulait si je le permettais
Déjeuner en paix, déjeuner en paix..."
(Stephan Eicher)

dimanche 25
petits gâteaux à la pistache : 60g de farine / 60g de sucre / 1 pincée de sel / 50g de beurre / 1 oeuf / 50g de pâte de pistaches/ 50g de pistaches non salées (j'ai mélangé 3 recettes différentes) -c'est très bon mais un peu mou, ça manque sans doute un peu de farine...-

lundi 26

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(Deter, un court-métrage vu en décembre 2019, qui m'avait plutôt touché, (il ne m'en restait que deux captures d'écran), et dont j'ai recherché le titre en vain tout l'après-midi de dimanche, titre qui m'est revenu, comme ça, ce matin, il est visible sur le site de Première...)


mardi 27

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(Maison des Assoc')


mercredi 28

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(les plus belles soeurs...)

jeudi 29

"On sera tous bientôt des cas-contacts de cas-contacts de cas-contacts..." (Dominique, citant son médecin traitant)

vendredi 30

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petite composition automnale fortuite par terre, en allant à la pharmacie pour refaire le plein d'Efferalgan (de quoi d'autre pourrais-je bien parler, hein ?)

samedi 31
"Jamais je ne pourrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre." (Groucho Marx, cité par Pascal Comelade)

31 octobre 2020

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Pour faire un clin d'oeil amical à Erri de Luca (vous comprendrez pourquoi le 1er novembre ei vous lisez mon calendrier d'octobre) il ne sera question que de petits bonheurs, à chaque jour suffira le sien, hein...
Aujourd'hui il sera question de l'inauguration du CDADR (calendrier d'avent du reconcon)

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Quand j'aurai fini la boîte (à raison de 1 par jour, n'est-ce pas, Dominique ?) quatre semaines seront passées...
Le chocolat d'aujour'hui était blanc à la noix de coco... (celui que vous voyez au-dessus sur la photo), je l'ai savouré en buvant le premier café fait avec ma nouvelle petite cafetière (ils recommandaient de sacrifier les premières tasses, je ne l'ai pas fait, mais bon ça n'était pas si terrible...)

*
Malou a cuit ce jour son premier gâteau, moi ce fut ma première quiche, dans mon nouveau four (merci encore Manue!), pour lequel j'ai inauguré une cette de pâte à tarte sans matière grasse (200g de farine / 1 yaourt / un jaune d'oeuf et hop!) pas mal du tout...

*

et je ne pouvais pas ne pas vous faire profiter de ce texte beau et juste de Philippe Lançon, aujourd'hui dans le supplément culture de Libé, sous le titre LES LIVRES DANS LA JUNGLE :

"Lorsqu’elle est, à tort ou à raison, considérée comme peu légitime ou mal justifiée, l’autorité a toujours des relents de jésuitisme, autrement dit, de casuistique et d’hypocrisie plus ou moins consciente. La casuistique par temps viral consiste par exemple à décider quels commerces sont essentiels à la vie des citoyens-enfants et lesquels ne le sont pas. Elle apparaît aussitôt pour ce qu’elle n’est pas forcément. D’une part, un bricolage montant les uns contre les autres, comme en cours de récré, sur le thème: «Pourquoi lui il a le droit d’ouvrir et pas moi?» D’autre part, et contradictoirement, un rouleau compresseur cohérent reconduisant chacun vers un durcissement de l’increvable slogan (travail, famille réduite au plus strict noyau, patrie en danger), et, puisque l’économie de guerre doit rester plus que jamais libérale et de masse, vers ce banal eldorado industriel qui fit rêver et continue de nourrir la plupart d’entre nous : les grandes surfaces.

Nous savions depuis mars que, pour les contremaîtres affolés qui gouvernent les démocraties mal en point, les librairies appartiennent à la catégorie des commerces dispensables en temps de guerre (virale). L’homme travailleur et confiné, cette fourmi nerveuse, doit pouvoir se passer de livres, ou, plus exactement, de cette curiosité propre à qui entre dans une librairie avec une idée en tête, mais l’esprit assez flottant pour suivre un conseil ou ce que le hasard lui met sous les yeux. On n’ose plus dire: sous la main, alors même que toucher un livre, le feuilleter, le flairer, lire sa quatrième de couverture, en apprécier le format, la mise en pages, tout ce travail propre à l’objet qu’effectuent encore tant de «petits éditeurs», annoncent le plaisir de lire qu’ils enveloppent et enluminent.

Après une réunion de crise et une journée de protestations des librairies indépendantes, Bercy a choisi non de rouvrir ces dernières mais de corriger la distorsion de concurrence en demandant aux grandes enseignes comme la Fnac d’interdire l’accès de leurs clients au rayon livres. Un mauvais esprit dirait qu’une vertu secondaire de la Covid est qu’en fermant les librairies, elle tue enfin les prix; mais les prix s’adaptent, et plusieurs jurys (Goncourt et d’autres) ont annoncé qu’ils reportaient leurs distributions à des jours meilleurs. Ils savent que leur survie dépend autant des librairies que celles-ci dépendent d’eux.

Il ne faut pas être grand clerc, ni bien original, pour conclure de tout ça que si ce virus darwinien n’existait pas, le capitalisme culturel et le bon sens propre au poujadisme auraient pu l’inventer. Il semble accentuer le glissement, en chacun de nous, vers les écrans, les commandes en ligne, les produits de consommation de masse, tous phénomènes qui contribuent, entre autres, à dissoudre cet individu autonome, silencieux et récalcitrant: le lecteur. On parle beaucoup du respect dû aux minorités. Le lecteur reste un être minoritaire. Il est toujours seul quand il lit. Grâce aux libraires, il l’est aussi quand il choisit. Non pas seul face au vide et dans le vide que cette société effroyablement bruyante fait en lui, mais librement, intensément, richement seul. Il a aussi une petite chance d’y échapper à la brutale caricature de lui-même que ce monde ne cesse de lui renvoyer. Ces petits océans de mots, de nuances, d’images fixes et de papier sont désormais fermés." Philippe Lançon

*

Et voilà pour ce J1 (et c'est déjà pas mal, eh oh)

 

30 octobre 2020

RCC0

2

"prendre ses dispositions"

(brimborions)

* Derniers préparatifs pour le nouveau grand raoût (je n'ai pas dit Raoult eh oh) mégafun ultrafestif hyper joyeux qu'on nous annonce (impose, en fait on n'a pas vraiment le choix) pour ce novembre 2020.
* les cinémas seront fermés mais les cimetières restent ouverts.
* Manue est passée ce matin m'apporter un "vrai" four (à moi les gratins les gougères les teurgoules etc) d'une de ses filles, et on a bu ensemble un "dernier café avant la route"
* Emma m'a demandé par sms si j'allais aller au cinéma aujourd'hui et j'ai répondu non non autant s'habituer tout de suite à ne pas
* J'ai envoyé par whatsapp à mes correspondant(e)s cette image (enfin, la version originale) qui sera celle de ce reconcon (fini Coco et le Capitaine Haddock donc) et que j'ai retravaillé (a minima) pour chaque jour avec un "effet spécial" de ce cher Picasa
* J'ai retrouvé les deux "oiseaux d'Emma" qui étaient accrochés à ma petite fenêtre de cuisine à Coulevon, et que je pensais avoir perdus pendant le déménagement : ils étaient dans la boîte du mixer de Séverine et de ses accessoires (c'est dire si je m'en sers souvent) et ça m'a fait très plaisir
* Hier j'ai demandé à madame Quévy (ma chocolatière préférée) un "calendrier d'avent du recon(con)finement" un chocolat par jour (4x7) et je lui ai dit qu'ainsi je penserais à elle tous les jours
* La soupe de courge/pomme de terre d'hier que je trouvais assez inintéressante gustativement a pris ce midi un virage inattendu avec le reste de sauce des râbles d'hier (champignons / crème / vin blanc) avec lequel je l'ai mixée
* Je suis allé refaire quelques coursinettes ce matin à Monop' dès 8h30, (lait, café, purée,entre autres) où désormais il est recommandé, en plus de se geler les mains, d'effectuer la même chose avec la poignée du chariot ou l'anse du sac
* J'ai garé ma 'oiture exactement au même endroit que lors du con(con)finement : juste sous mes fenêtres
* J'ai pris la résolution de ne plus regarder dans la mesure du possible aucun journal télévisé ni chaîne d'info en continu et ce jusqu'au 1er décembre
* réinstallé scrabble pro et recommencé à jouer en ligne avec Catherine P.
* refait le plein d'efferalgan à la pharmacie
* racheté une "plus petite" cafetière
* "fin prêt" quoi...
* que le spectacle commence!

29 octobre 2020

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Ben voilà on y est (plutôt on y rest, du verbe rêtre), on ne l'a pas vraiment vu arriver, enfin pas arriver si vite. Il y a quelques jours encore nous étions gais légers et insouciants, des lucioles dans la nuit d'été, et bam voilà que ça nous tombe sur le coin du museau. On regardait la couleur des départements (ouf pour une foi on n'était pas rouges) histoire de se rassurer, on sentait bien que ça frémissait, que ça se rapprochait, on entendait parler de couvre-feu, d'abord là-bas, très loin, comme une vague rumeur, un ronron, un bruit de guêpes lointain, faut dire que depuis mai, hein, on s'y était habitué, on était ressorti, à petits pas, on avait rangé la cabane et son syndrome au grenier (et au rayon des accessoires), on avait même fait des livres-photos sur le temps du con(con)finement, on avait remisé aussi (au fond de sa poche et avec son mouchoir par dessus) les prédictions -dès mai- de ceux qui jouaient les Cassandre (ainsi les catégorisait-on), en parlant de nouvelle vague (oups, de deuxième vague voulais-je dire), au changement de saison, de "plus dure encore", mais bref, la vie comme dit l'autre avait repris tous ses droits (merci Georges!), enfin, "presque" tous, hein, sérieusement rognés les droits en question, surtout le secteur de la night et de ses environs (spectacles vivants et concerts surtout avaient bien morflé) on avait repris tant bien que mal le chemin du dehors et des autres, histoire de re-vivre, on avait retrouvé des habitudes, le ciné, le fjt, la libre circulation, les spectacles, l'insouciance presque, tout ça en prenant et respectant les nouvelles consignes, et le masque, et le gel, et la distance, en s'y conformant, aux règles de cette nouvelle vie qui essayait désespérément de ressembler à l'ancienne mais qui n'y réussissait pas tout à fait, on faisait comme si, il le fallait bien, et pourtant on sentait bien que les Cassandre gémissaient de plus en plus fort, et les journaux télévisés aussi se mettaient à hululer au diapason, les choses n'allaient pas si bien que ça, les choses n'allaient pas bien, les choses allaient de mal en pis, et c'était bien sûr de la faute des gens, et pas de l'incurie de la gestion de la crise par les hautes instances en escarpins vernis qui nous gouvernent, et on constatait l'impuissance des médecins et des scientifiques et du personnel hospitalier face à cette... chose, cette maladie ce virus machin qu'on ne comprend pas, qu'on n'arrive pas à cerner, et donc alors qu'il y a deux trois jours on évoquait ce fameux couvre-feu à venir (cela semblait inévitable) -Zabetta m'avait prévenu, le tenant de J-Y qui le tenait de la préfecture du Doubs, ce serait couvre-feu pour le Doubs en fin de semaine et couvre-feu pour nous en fin de semaine suivante-, voilà-t-y pas qu'en une journée à peine le mot ("reconcon-finement") est soudain apparu, ex nihilo, d'abord chuchoté infinitésimalement par on ne sait qui puis de plus en plus fort jusqu'à tonitruer partout, à l'unisson, de tous les côtés, alors qu'on ne devrait -en principe- être prévenus que ce soir par Son Eminence...
Reconcon! Reconcon! Bon, allez, on y retourne!
(C'est drôle, quand même, il me semble que, quand j'ai dit à Dominique, il y a deux jours que "j'aurais du mal à supporter un nouveau confinement", tout ça me semblait à des années-lumières... Ben faut croire que non, puisqu'on y est...)

27 octobre 2020

autruche

Covid à l'école, l'omerta et le déni
Par Christian Lehmann, médecin et écrivain — 26 octobre 2020 à 14:52

 

"Depuis le début de la pandémie j’ai gardé contact avec des soignants sur l’ensemble du territoire, jusqu’en Guyane, et dans des services et des lieux auxquels je n’ai pas accès au quotidien (réanimation, urgences, Ehpad, soins palliatifs). J’ai recueilli des témoignages édifiants, j’en ai publié certains. Je croyais avoir un peu fait le tour des émotions. L’incrédulité, le désarroi, la colère. Et puis la semaine dernière, j’ai demandé aux personnels de l’Education nationale de témoigner. Et je vais vous dire un truc. Je n’étais pas prêt.

Après avoir milité pour le port du masque en lieu clos à cause des risques d’aérosolisation, en s’inspirant des exemples de pays ayant mieux préparé leur rentrée, un collectif de professionnels de santé dont je fais partie, ducotedelascience.org, avait alerté dans une tribune le 29 août sur les failles prévisibles du protocole sanitaire mis en place pour l’école.

«Le protocole prévu pour la rentrée du 1er septembre ne protège ni les personnels ni les élèves et leurs familles, et est insuffisant pour ralentir l’augmentation actuelle du nombre de nouveaux cas de Covid-19, écrivions-nous alors. Nous proposons de recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves de plus de 6 ans et de leur distribuer des masques […], d’appliquer les mesures d’aération préconisées pour les lieux clos professionnels en s’aidant notamment d’appareils de mesure de qualité de l’air […], de mettre en place au plus vite des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale (allègement des classes en alternant présentiel et enseignement à distance, limitation des contacts entre les classes, échelonnement des récréations et de la cantine) […], de préciser la conduite à tenir lorsqu’un enfant ou un adulte est testé positif ou a été en contact avec un cas positif, et d’instaurer un système réactif et transparent de remontées des données concernant le nombre de sujets positifs, les écoles et classes fermées, le nombre d’enfants testés, les délais des tests et des résultats.»

A ces recommandations, Jean-Michel Blanquer opposait une mâle assurance : «Nous sommes préparés à tout.» Le 1er septembre, la rentrée a lieu avec un protocole sanitaire allégé : alors que les effectifs en France sont les plus bondés d’Europe, il est mis fin à la distanciation physique en classe si elle ne permet pas de faire rentrer tous les élèves. Le 10 septembre, les agences régionales de santé indiquent que les quelques masques en tissu distribués aux enseignants et aux élèves pauvres sont insuffisamment protecteurs et ne dispensent pas d’être déclaré cas contact (à la différence des masques chirurgicaux). Le 21 septembre, alors que les classes ferment par dizaines, Blanquer allège le protocole. Il faut maintenant trois cas positifs la même semaine dans des fratries différentes pour fermer une classe. Au vu de la difficulté à obtenir les résultats de PCR à cette époque, cela contribue à casser le thermomètre, à afficher une normalité de façade en laissant flamber l’épidémie. Le 25 septembre, sans surprise, le milieu scolaire et universitaire devient la première source de clusters en France.

Le 29 septembre, dans un entretien au Figaro, Jean-Michel Blanquer assure : «L’école n’est pas le nid du virus. On ne doit pas engourdir la société.» Conforté par la Société française de pédiatrie, qui s’arc-boute depuis le début sur la doctrine selon laquelle «le Covid-19 concerne vraiment très peu les enfants» et s’indigne que parmi les auteurs de notre tribune demandant le port du masque dès 6 ans, ne figurerait «aucun médecin ou soignant d’enfant» (seulement neuf sur vingt et un…), le ministre ment : «Quelques médecins ne voulaient pas que l’école reprenne, moi j’écoute le Haut Conseil de santé publique et les sociétés de pédiatrie.» C’est un choix, alors que s’accumulent les études internationales démontrant la place des enfants dans les chaînes de contamination…

Un mois plus tard, la France est en échec, le Covid-19 est en passe de déborder à nouveau les hôpitaux. Le gouvernement instaure un couvre-feu, prône timidement le télétravail, commence péniblement à parler d’aération des locaux… et prépare la rentrée scolaire du 2 novembre, comme si de rien n’était. Alors j’ai demandé aux personnels de témoigner, anonymement bien sûr, puisque, obligation de neutralité, devoir de réserve, et école de la confiance obligent, les personnels de l’Education nationale se sentent contraints à l’omerta.

L’omerta sur les contaminations

«Quasiment aucune information ne circule, ni vers les profs, ni vers les familles.»

«Quand il s’agit d’un cas de gale, oui on doit le dire, mais là…»

«Une élève de 5e attend les résultats de son test (après un cas positif dans la famille). Cours d’EPS, sans masque. Ses parents appellent pour prévenir que le test est positif. Elle est tout de suite sortie de cours mais comme elle était asymptomatique, personne n’a été considéré cas contact dans la classe.»

«On a su après coup que certains élèves cas contacts sont venus quand même sans le dire parce qu’ils ne voulaient pas manquer sept jours de cours. Les élèves sont très perplexes de ne pas être déclarés cas contact quand un élève de leur classe est positif alors qu’ils font sport sans masque. J’ai eu des cas positifs dans mes nombreuses classes et n’ai jamais été déclarée contact, les élèves non plus vu qu’ils ont tous des masques. Masques non fournis par la région ou le ministère, donc la plupart des élèves gardent le même masque plusieurs jours, voire une semaine, voire plus.»

«Le virus se propage dans d’autres classes et la vie scolaire avertit de moins en moins le personnel à chaque cas (seulement les profs intervenants dans une classe concernée et avec plusieurs jours de retard). Ce sont les élèves restant en classe qui avertissent leurs profs et tiennent les comptes. La communication est beaucoup plus efficace sur leurs réseaux qu’entre personnels d’éducation.»

«Un cas de Covid chez un élève, qui n’a impliqué le confinement que de la moitié de la classe (il ne s’agissait que des noms que l’élève positif a donnés), alors qu’ils font sport ensemble et mangent ensemble sans masque. La direction n’a parlé du cas de l’élève, uniquement contrainte et forcée, car la colère grondait : on étouffe les cas, il faut faire illusion auprès du rectorat que la direction gère la crise et n’a aucun cas. Les élèves n’ont pas été prévenus, ni les familles, ce qui pourtant aurait été incitatif à mettre les masques correctement.» «En début d’année scolaire, l’équipe enseignante a été mise en quarantaine suite à la présence d’un cas positif parmi les enseignants. Ils ont ensuite été rappelés au travail car il n’y avait plus assez de remplaçants, on leur a simplement demandé s’ils avaient des symptômes. Ils ont repris la classe sans avoir les résultats des prélèvements. Sur les quatorze enseignants, huit ont ensuite eu des résultats positifs et tous avaient repris la classe.»

Des mesures barrière fantômes

«La prévention, c’est le néant : plus de gel depuis mi-septembre (sauf à l’entrée où les assistants d’éducation mettent trois gouttes sur les mains des entrants), salles nettoyées une fois par quinzaine, fenêtres vissées, aucune distanciation dans les classes (36 élèves dans 43 m2).»

«Prof de SVT, je suis obligé d’acheter moi-même des masques FFP2 pour travailler avec les élèves en TP. En effet nous sommes obligés d’être en contact étroit avec les élèves sur leur poste de travail : démonstration, manipulation du microscope, etc. Comme beaucoup d’élèves ont des masques de qualité douteuse et qu’ils portent souvent très mal malgré les nombreux rappels et que j’ai plus de 50 ans, j’ai choisi de m’offrir la sécurité que mon employeur refuse de me donner.»

«Je suis prof en lycée professionnel. En juin, film plastique sur les claviers, sens de circulation dans les couloirs, virucide dans les classes, et gel hydro, les élèves restent dans la même salle. Depuis septembre, film plastique et virucides supprimés, classes complètes à 26, qui changent de salle toutes les heures, emplois du temps des profs mal faits qui imposent qu’eux aussi changent de salle toutes les heures. Résultat : 500 personnes se croisent dans les couloirs.»

«Dans mon établissement, depuis mi-septembre c’est comme si le Covid avait disparu. Plus de désinfection car on interdit l’utilisation de l’eau de Javel aux personnels d’entretien. A part le gel en entrant dans la classe (que l’on a à notre disposition), aucune désinfection des salles et des tables. Certaines salles n’ont pas la possibilité d’avoir des ouvertures de fenêtre car bloquées pour des raisons de sécurité. Les profs portent leurs propres masques car aucun n’est fourni par le lycée.»

«En tant que parents, nous nous battons pour la mise en place de purificateurs d’airs (on a même réussi à négocier des prix à la place de la mairie) pour ventiler au mieux les salles de classe… Mais on se heurte à une mairie qui semble avancer avec des œillères.»

«Aucune sanction pour les élèves qui ne cessent d’enlever le masque en cours toutes les dix secondes. Les profs sont livrés à eux-mêmes, et n’ont que l’aération possible des salles, quand il y a des fenêtres, car certaines salles n’en ont pas. Pourtant, elles sont bondées toute la semaine, sous prétexte qu’il y a une aération, puisque VMC. Quand d’autres salles avec fenêtres sont libres certains jours.»

Sans oublier le facteur humain, et le déni

«Les collègues n’ont pas été formés aux gestes barrières, n’avaient pas le temps ou l’envie de se renseigner et s’étaient souvent résignés à l’idée de la contamination générale "parce qu’il faut vivre avec le virus". J’essaye d’être constructif et de trouver des compromis sans passer pour un illuminé… Je suis dépité que nous ne fassions pas tout notre possible pour travailler en demi-groupes et alterner présentiel et distanciel afin de préserver la santé de chacun et aussi le personnel de santé, mais je sens être arrivé au bout de ce que je peux faire seul.»

«Au retour d’une des Atsem [agent territorial spécialisé des écoles maternelles] malade, l’institutrice avec laquelle elle travaille lui reproche de l’avoir "dénoncée" à l’ARS.»

«Le protocole est d’évacuer les élèves au premier signe clinique de Covid. Et comment dire… Tout est un signe clinique de Covid. On passe notre temps à appeler les parents, qui nous pourrissent joyeusement (parce que c’est vrai que quitter son taf dès que son môme tousse, c’est compliqué pour beaucoup) et à essayer de placer les élèves à l’isolement en attendant qu’ils partent.»

«Lorsqu’on renvoie un élève qui joue au petit malin en ôtant son masque, on nous le renvoie…»

«Les réunions de travail ont lieu le midi, en mangeant… sans masque et sans aération. J’envisage de faire jouer mon droit de retrait. Pour l’instant, j’y ai assisté masquée en ayant mangé avant.»

«Mon principal m’a demandé de "ne pas angoisser les collègues" bien que je montre un "souci louable de les éclairer avec de vrais arguments". "Gardez vos angoisses, ne sombrons pas dans la psychose." Et surtout pas de vague.»

«Je pourrais aussi parler des collègues qui viennent bosser alors qu’ils sont manifestement malades (personne n’a envie de perdre son jour de carence…).»

«Quand on demande aux enfants pourquoi ils viennent alors qu’ils sont malades, la réponse est : "Mes parents m’obligent." J’ai même eu "Ma mère veut que je vienne et ne veut pas me faire tester."»

Pas de protocole cohérent, juste la bonne volonté et la résilience individuelles

«Avec des petits CP, j’ai retrouvé toutes mes habitudes de travail. Il n’y a pas de respect de la distanciation car… comment faire des lacets ? Ouvrir un bouton de pantalon trop difficile à défaire ? Aider à gommer sans faire de rature ? Accompagner un geste d’écriture ? Bref, c’est impossible et inhumain pour moi d’envisager de ne plus faire ces gestes du quotidien qui font partie de ma relation à mes élèves. Je prends donc des risques, consciemment, en espérant ne pas être contaminée à nouveau…»

«L’immense majorité de mes collègues et moi-même pensons que les cours en présentiel, malgré toutes les contraintes, sont infiniment plus productifs que les cours à distance, qui nous ont laissés, ainsi qu’aux étudiants, un souvenir atroce de mars à juin (j’ai dû m’arrêter trois jours, épuisé, première fois de ma carrière de seize ans et avec la culpabilité supplémentaire de savoir que ce que les soignants vivaient à l’hôpital était infiniment plus difficile que notre situation, mais bon, ce que l’esprit sait, le corps ne voulait vraisemblablement pas l’entendre). Nous nous plierions bien entendu à un reconfinement s’il était décidé, mais les mensonges du ministre, le "prof-bashing" à outrance nous ont rendu amers et nous ne sommes plus prêts à compenser avec la même énergie les "Nous sommes prêts" mensongers de Blanquer pour ensuite nous faire insulter par des connards qui ne feraient notre boulot pour rien au monde. Enfin, vous le savez très bien vous-même, c’est exactement la même chose, en pire, pour vous les soignants.»

«Les adaptations que je fais sont les suivantes : je porte mon masque correctement et en continu. Je mange le plus possible à la maison pour éviter les moments où nous ne portons pas les masques. Jusqu’à présent, j’ai laissé deux fenêtres opposées ouvertes pour assurer l’aération de la classe. J’adapterai en fonction de la température extérieure, mais j’ai d’ores et déjà prévenu les familles et conseillé aux enfants de laisser un gilet en classe afin que nous puissions aérer au mieux.»

«Après sept semaines de cours, je continue de lutter afin que tous les enseignants consentent à aérer, ne serait-ce qu’une minute, leur salle de classe entre deux cours. Beaucoup sont encore hermétiques au concept. D’autant que le ménage est purement factice dans cet établissement. Des années que dure le conflit avec l’entreprise de nettoyage, que la crasse s’incruste, un coup de balai en guise de désinfection des locaux, seuls les toilettes, les bureaux, le réfectoire semblent propres. Nous sommes entassés avec une moyenne de 32 élèves et 2 adultes dans des salles parfois minuscules et pour certaines pleines à craquer, totalement inadaptées à des classes entières. Je parle ici d’un établissement scolaire privé sous contrat public. Lutter aussi pour obtenir des masques papier pour les collègues sachant que certains ont des difficultés financières, que les profs ont été servis mais qu’eux n’osent pas demander. De toute façon, c’était juste pour la rentrée, trop onéreux sur le long terme. La précarité peut faire trembler, je le comprends parfaitement.»

«Nombreux sont les élèves qui viennent en classe avec des symptômes. Donc je n’ai pas particulièrement peur aujourd’hui mais je réclame ce qui me semble un minimum. La transparence des cas positifs, des masques non toxiques gratuits pour tout le personnel et obligatoires pour tous les élèves – ils côtoient des adultes, certains sont vulnérables (autre scandale) –, de l’air dans des classes propres… Bref un protocole sanitaire décent. Ils ont eu des mois pour y songer et pour mettre en place les adaptations nécessaires lorsque le virus circule très activement. Pour prévenir, puisque guérir reste très aléatoire. Parce que rien ne va dans les établissements scolaires, tout se dégrade. Parce que rien n’a été mis en place pour tenter de protéger au mieux les élèves comme les adultes. Pas de quoi susciter des vocations. Et c’est tellement dommage. Parce que j’adore ces gosses, ceux qui sont en marge et avec lesquels se construit une forme de pacte. Parce que ce métier utile et humble, peut être sous ses meilleurs aspects, très enrichissant. Parce que je côtoie aussi des profs et des instits extras. Le chouette quotidien d’une accompagnante d’élève en situation de handicap, un vrai sport de combat et tout ça pour un salaire dérisoire.»

Lors d’un hommage à Samuel Paty devant l’Assemblée nationale, Jean Castex, Premier ministre et monsieur déconfinement, a eu ce mot : «L’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire.» Et bien apparemment, c’est dur d’être choyé par des incompétents.
(Libération)

 

25 octobre 2020

coiffeuse

099
ADIEU LES CONS
d'Albert Dupontel

On l'avait en sortie nationale et donc, rituellement, j'y suis allé le premier jour à la première séance, d'autant plus vite que j'avais entr'aperçu quelques critiques assez dézingueuses (Libé, les Inrocks, Téléramuche) l'une d'elle allant carrément jusqu'à qualifier le film de moisi, j'ai donc voulu en avoir le coeur net le plus vite possible.
Et j'ai drôlement bien fait. Contrairement aux pisse-froid et aux culs-serrés susnommés (c'est peut-être eux les cons auxquels le titre dit adieu), je me suis tout de suite senti à l'aise dans ce conte moderne qui met en scène un trio plutôt dézingué : une coiffeuse qui apprend qu'elle n'a plus beaucoup de temps à vivre (et veut en profiter pour retrouver son fils qu'elle a dû abandonner à la naissance, ayant accouché à 15 ans), un informaticien burn-outé que son suicide raté va faire prendre à tort pour l'ennemi public numéro un (et qui souhaite rétablir la vérité), et un aveugle relégué dans d'obscures archives suite à un accident de flashball qui lui a ôté la vue (et collé une sainte frousse de la police), qui  demande aux deux autres de l'emmener avec eux. (Dans le rôle, Nicolas Marié est extraordinaire...)
Chacun cherche quelque chose, et chacun a besoin des deux autres, dans une fuite effrénée à la fois pour trouver ce qu'ils (re)cherchent, mais aussi pour échapper aux flics (on se souvient que Dupontel ne les aime pas, mais là il a encore plus mis le paquet, tellement  ceux-là sont spécialement cons, bourrins, violents, gueulards, bref, juste comme on aime les détester...)
Dupontel a toujours le filmage survolté, il se délecte des éclairages polychromes, des cadrages biscornus, des scènes-choc (dans tous les sens du terme, ça fait boum! à plusieurs reprises) et n'aime rien tant que zigzaguer (louvoyer) entre la comédie noire, le mélo tire-larmes, la comédie tendre-doudou, et le blockbuster pyrotechnique à effets spéciaux, en prenant soin de pousser les curseurs toujours un poil trop loin... Ceux de la folie souvent, ceux de la facilité quelque fois, mais ça fait du bien.
Car ça fonctionne, indiscutablement.
Bien entendu, la quête de Suze Trappet (placement de produit ? Hihi)- incarnée par une Virginie Effira délicieusement délicieuse- va aboutir (grâce notamment à un Jackie Berroyer paradisiaque qui redonnerait l'espoir à tous les malades d'Alzheimer -ou plus précisément à ceux qui doivent gérer ce type de malades-, dans une séquence merveilleusement irréaliste et délicieusement à larmichettes, je l'avoue oui là j'ai fondu...), elle va retrouver son fiston perdu, mais le film ne va pas s'arrêter là, heureusement, et après une brève pause (le temps de reprendre son souffle ?) ça va redémarrer, doucement d'abord, puis en mettant les gaz à fond jusqu'à un final à la fois très attendu et très surprenant, où Dupontel va jusqu'au bout (du polar, du mélo, de la love story) et réussit à nous emporter (nous émouvoir) avec cet ultime Adieu les cons... Et bam bam.

2680092

 

 

24 octobre 2020

haut-fourneau

LEURS ENFANTS APRES EUX
de Nicolas Mathieu

Je viens de terminer ce roman, qui restera comme un grand plaisir de lecture de ces derniers mois (voire de cette année), un roman dont Pépin m'avait parlé (il m'en avait même fait lire la première page, je me rappelle que ça parlait de tartines de Vache qui rit...), dont j'avais rangé le titre dans un recoin de ma mémoire, et que les hasards du commerce ouébesque ont rappelé à mon bon souvenir, puisqu'il me manquait 3€ dans ma commande chez Gibertuche pour ne pas payer de frais d'envoi et que celui-ci -pourtant en grande belle édition chez Actes Sud, dans un état impeccable et tout - était à 3€ et des brouettes... Hop donc dans le panier!
Je ne l'ai d'ailleurs pas attaqué immédiatement, mais, dès que j'ai lu les premières pages, l'effet de séduction a été immédiat, et ne s'est plus démenti jusqu'à la fin.
Je dois dire que je m'en méfiais un peu car c'est une habitude chez moi : je me défie des Prix Goncourt. Oui je sais, c'est assez con mais c'est comme ça. Ca doit être mon côté snob, je n'ai pas envie de lire le bouquin que des centaines de milliers de gens ont offert à d'autre centaines de milliers d'autre pour Noël (et je serais très triste si on me l'offrait d'ailleurs). Les seuls Goncourt(s) que j'ai lus, c'est des bouquins que j'avais lus -et aimés- avant que, justement, ils ne soient couronnés (Le jardin d'acclimatation, Je m'en vais, Au revoir là-haut), et j'ai rarement (voire jamais) fait la chose en sens inverse : lire un livre parce qu'il avait eu le Goncourt. En matière de prix, mon préféré est, et restera, indiscutablement le Médicis.
Le livre est divisé en quatre parties, d'inégale longueur, quatre étés (92, 94, 96, 98) au cours desquels on va suivre à chaque fois plusieurs adolescents, mais deux plus précisément, Anthony et Hacine, et ceux qui les entourent : leurs potes, leurs familles, leurs copines). Une narration chronologique, rectiligne, dans une belle écriture qui mêle la langue parlée, (j'adore les roman où l'on appelle un chat un chat et une queue une queue), la narration "objective" et la chronique sociétale (l'auteur a inventé une ville qui n'existe pas, Heillange, un endroit sinistré économiquement qui ne doit pas être très loin (ni très différent) de ceux qu'il connaît vraiment.
Un roman incroyablement fort et attachant, fort bien goupillé, alternant les scènes fortes -voire très fortes- et les moments plus simples, plus vides, parfois juste d'ennui (des diverses manières de s'(in)occuper quand on a 14, 16, 18 ans...). un coup de foudre de lecteur, incontestablement (peut-être -merci Pépin de m'en avoir parlé!- "mon" livre de 2020.), un livre incandescent, assourdissant, fascinant.
Et quand on pense qu'il ne s'agissait "que" du deuxième roman de l'auteur (je viens de me commander son premier, un polar, Aux animaux la guerre) on est impatient de lire la suite...

Leurs-enfants-apres-eux

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