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lieux communs (et autres fadaises)
8 juillet 2015

crisis, what crisis ?

LES MILLE ET UNE NUITS 1 (L'INQUIET)
de Miguel Gomes

On raconte que...
Une petite précision pour commencer : au départ, je ne suis pas un immense fan de Miguel Gomes. J'avais eu un peu de mal avec Ce cher mois d'août (dans le bôô cinéma) puis avec Tabou, vu en avant-première à point d'heure au défunt festival Ciné-Paris (je ne me rappelle jamais exactement son nom) et même pas revu quand nous l'avons enfin passé dans le bôô cinéma (qui, entre nous soit dit commence par endroits à ne plus être si bôô que ça mais passons). Dans le premier je n'avais vu qu'un documentaire musical et lusophone assez indolent (voire ennuyeux) -mais je me rappelle qu'Hervé avait beaucoup aimé- et je me souviens que la profusion d'échos hyper-flatteurs concernant le deuxième, Tabou (qui n'avait été jusque là projeté qu'en festival(s)) si elle m'avait incité à faire l'effort de le voir (on m'en avait donné très envie) -vu mon peu d'enthousiasme pour le film en question (les deux films en un, à vrai dire)- m'avait refroidi quant à l'éventuel arrondissement des films de M.Gomez avec les angles de ma cinéphilie...
Et voilà (re-voilà) que ding ding dong et ding et ding et dong résonnent à nouveau à toute volée (pas du tout de bois vert, donc) les dithyrambiques extases critiques et cannoises, avec, d'ailleurs, un redoutable unisson : tout le monde dit avoir a-do-ré!, à propos de ce quand même  gros film (entre 6 et 7 heures) découpé en trois films-gigognes, sortant chacun à la fin d'un mois différent et successif de l'été 2015. Prudence, donc ? j'y suis, symboliquement, allé (à Besançon) pendant la fête du cinéma (qui coûte quand même désormais 4€ par film, hein ? où donc est le temps béni des années 80 et quelques où c'était gratuit...)

Une longue et bavarde préface pour entamer ce post, avant de vraiment entrer dans le film du sujet, exactement de la même manière que Miguel Gomes avec ses Mille et une nuits, dont on voit apparaître le film assez longtemps après le début du film (mais Apichatpongounet l'a fait, ne m'abuse-je ?). Ca commence avec, en voix-off, des ouvriers de chantiers navals qui évoquent la fermeture de ceux-ci. Il est aussi question de guêpes, de nids, de la façon de les éradiquer par le feu, et, donc, de pompiers, bien évidemment. Jusqu'à ce qu'il soit fait mention de Shéhérazade, et de sa technique de récit dans l'ouvrage qui a donné son titre au film mais qui -c'est précisé dès le générique- n'en est pas du tout une adaptation.
Suspens (tempête sous un crâne) : Allais-je donc ou non me mettre aussi à ding-ding-donguer ?

cloches

... et bien oui, plutôt. (si le oui n'est pas éclatant et en bronze massif, le film n'y est pour rien, ce sont mes yeux qui sont responsables, puisque j'ai hélas un peu piqué du nez, après avoir pourtant essayé de lutter de toutes les manières possibles.) J'aime beaucoup la façon dont M. Gomes s'y prend (et ne croyez pas que c'est parce qu'un des premiers chapitres s'intitule Histoire des hommes qui bandent, non, du tout). Il est vraiment très fort : il est question de chômage, d'appauvrissement, de dette(s), d'euros, de technocrates, et voilà qu'il se saisit énergiquement de cette pâte sociale a priori pas très ragoûtante (et plutôt indigeste) et se met à la pétrir avec une violente tendresse (ou une tendre violence, ça fonctionne aussi), à l'étirer à la trancher à la rouler à la débiter à la farcir à la rôtir bref à la façonner à la va comme je te pousse, à la faire sienne, en y ajoutant des trucs perso, possiblement disparates ou apparemment inadaptés (comme si lui venait l'envie de rajouter, au hasard... des dockers, du coq au vin, des morceaux de baleine, de la poudre de je-ne-sais-pas-quoi, dans les traditionnels et portugaisissimes  pasteis de nata pour voir ensuite qu'est-ce ça goûte. Et rectifier l'assaisonnement au cas où).
C'est du cinéma, du vrai cinéma, du cinéma politique, militant, polémique, mais aussi surtout du cinéma tout court. Et au long cours. Car Miguel Gomes a la bonne idée de mettre, au générique final, le contenu des deux chapitres suivants, et tous les sous-chapitres qu'ils contiennent, avec leur minutage précis. De quoi nous donner envie. Du cinéma qui se lit, qui se feuillette (on y revient, aux petits gâteaux portugais...) qui se dévoile, qui s'épanche, qui se donne la parole, qui s'interroge et tente aussi de se répondre. Du cinéma aussi social que fantasmagorique.

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25 juin 2015

p(l)an-p(l)an

LA RESISTANCE DE L'AIR
de Fred Grivois

Mardi, 18h15, bôô cinéma, salle 10 : j'étais tout seul pour la séance. Je venais pour Reda Kateb, bien sûr, annoncé comme tireur par le synopsis et énoncé comme victime par l'affiche (pas très belle d'ailleurs). Un mélange 30 % polar 30% portrait d'un personnage et 30 % chronique d'un couple (auquel on ne croit pas tout à fait, parce qu'on en voit surtout les acteurs, comme pour Guillaume Canet et Leila Bekthi dans La belle vie), et, par le fait 10% restants d'autre chose (la scène finale, par exemple). Un film moyen, pas plus honteux que la majorité des polars en circulation, mais auquel il manque la petite étincelle de génie qui le ferait crépiter et pétarader comme un feu d'artifice du 14 juillet. Un film un peu morne, un peu éteint, un peu grisâtre (le sentiment de manquer de lumière comme on manquerait d'air). Un peu atone. Un film où l'on a le sentiment que les personnages agissent parfois un peu incongrûment mais où tout se déroule plutôt prévisiblement. Reda Kateb y est, une fois de plus superbe (il est très fort, justement, pour jouer l'atonie, l'insignifiance apparente) en mec simple et grisâtre comme vous et moi (surtout moi hihi) avec ses petites lunettes et sa petite moustache , et des accès de violence aussi rares que remarqués. Et un sourire qui illumine tout (la très très jolie scène ou Johan Heldenberg lui apprend à être acteur et à jouer "cet argent, c'est tout ce qui me reste de mon père...").
Ah oui, le père en question est joué par Tchéky Kario, impressionnant en vieillard atrabilaire  libidineux et énurétique (tout pour plaire), tandis Pascal Demolon demolonise comme il faut dans le rôle de l'entraîneur JP, et que Ludivine Sagnier (qui, enfin, finit par être adulte) est hélas un peu sous-employée par un scénar qui la met un peu à l'écart. J'aime bien le grand belge, Johan Helderberg, dont j'ai déjà parlé plus haut, même si son personnage évolue, lui aussi, de façon prévisible (sauf qu'il disparaît du film de façon assez presdigitatoire). Et reste cette (drôle de) scène finale, acmé de l'atonie, qui aurait même pu durer deux fois plus longtemps, où on se plait à jouer à "devine un peu ce qui se passe dans la tête de chacun des personnages"... Idéal pour quitter le film en douceur (ou avec énervement, ça dépendra des gens).
(Vu le sujet, j'aurais du conclure avec une fine plaisanterie à propos du film, utilisant "faire mouche" et/ou "rater sa cible", mais à quoi bon...)

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(c'est drôle comme elle hausse le sourcil, non ?)

24 juin 2015

opium pour homme

IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE
de Sergio Leone

Non seulement c'était l'été mais voilà qu'on fêtait le solstice avec un événement de taille : la projection, dans le bôô cinéma, de la version "intégrale" (4h11, tout de même, mazette!) de ce dernier volet de la trilogie dite des "Il était une fois..." de Sergio Leone. Et la salle était plus que correctement remplie (une trentaine de personnes, re-mazette!). Je ne faisais pas trop le malin, puisque je n'avais encore jamais vu aucun film de lui (et je venais, au départ, surtout en militant, par crainte d'une salle vide ou presque) et surtout que j'en appréhendais un peu non la longueur (j'ai toujours de l'attirance pour les films à la durée "hors-norme") mais la violence (oui, c'est mon côté chochoton), d'autant plus que le copié-collé de critiques (pour la prog) m'avait appris que, notamment, y figuraient deux viols, genre de scènes (scènes de genre) qui me sont particulièrement insupportables.
Le film commence très sobrement, générique en blanc sur fond noir, sans musique, puis on a droit assez vite à un premier meurtre celui d'une femme, au revolver, par plusieurs individus patibulaires, qui cherchent "quelqu'un", suivi d'une scène de tabassage aussi violente que saignante (un gros homme au visage en sang attaché à un punching-ball est martyrisé par les mêmes individus patibulaires, qui cherchent le même quelqu'un, et vont finir par obtenir une réponse : "il" est chez un Chinois.
"Il" c'est Noodles, interprété par un magnifique De Niro (celui d'il y a trente ans, déjà), allongé en train de fumer de l'opium. Ambiance très Lotus bleu, décor et départ d'une scène anthologique, qui m'a fait immédiatement penser que j'étais devant un "grand film" : avec l'accompagnement répétitif et obsédant d'une sonnerie de téléphone, le réalisateur va mettre en place la structure temporelle complexe de son histoire, (celle de Noodles et de ses quatre (puis, assez vite, trois) amis), depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse, empilant et alternant alors, magistralement et sans effort pas moins de quatre strates temporelles (celle où il fume de l'opium, celle où il va chercher la valise à la consigne, celle où il va au cimetière, celle où il épie en cachette la demoiselle qui danse). (La chronologie du film, d'ailleurs, sucita, à la fin, quelques discussions sur les édifférentes époques, et, de ma part le questionnement sur le fait qu'il se termine exactement au même point temporel : dans la fumerie d'opium. pourquoi donc revenir au passé après être allé loin dans le futur, et tout aussi loin dans l'autre sens ?)
Et hop, on est happé, capturé, fasciné, et on n'en sortira pas (de cet état de sidération) pendant le plus de quatre heures que dure le film. Cette version est dite "intégrale" car y ont été intégrées 20 minutes supplémentaires retrouvées (en pas très bon état semble-t-il) dans les studios de Leone. (j'ai lu un peu sur le ouaibe l'histoire de ce film à durée très variable lors de ses sorties (et charcutages) successives (je devrais écrire "successifs" mais ça ferait trop bizarre).
Les mômes (on devrait dire "voyous" ou "mauvais garçons") du début vont grandir et devenir les gansters du milieu (du film), on suivra leur ascension en sachant, presque depuis le début, combien elle finira mal pour certains d'entre eux. Grandeur et décadence, etc.
C'est toujours Noodles ("nouilles", quand même...) qui le centre, l'épicentre de cette épopée. Celui qui a survécu, celui qui revient, celui qui cherche à comprendre qui l'a trompé, celui qui culpabilise, celui qui se souvient, celui qui regrette, celui qui tient bon... Leone est grand et De Niro est son prophète, pour parler bibliquement (et on ne serait pas si loin, finalement des Dix commandements, non ? Autant par la démesure technique cecilbdemillesque que par l'histoire racontée, d'ailleurs...) Le film est demesuré, (même si l'histoire en est, paradoxalement, assez simple, une fois que tout a été remis dans l'ordre) mais extrêmement virtuose dans sa construction (les passages d'une époque à une autre sont fascinants) et vous laisse dans votre fauteuil, aussi groggy qu'admiratif, tandis que morriconise le générique final.
De quoi me donner envie de voir, déjà, les deux autres films de cette trilogie...

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21 juin 2015

à paris 2 (les affiches)

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la plupart des films ont une affiche, certains en ont deux (ou plus) avec le même titre ou pas...

 

20 juin 2015

à paris...

lundi 15

arrivé à midi
Alissa a fait une tarte poireaux jambons sans gluten délicieuse

après je pars au cinéma :
CASA GRANDE
de Felipe Barbosa
****

Une solide chronique sociale brésilienne (masters and servants) doublée d'une chronique familiale (où dès qu'on devient un peu moins riche, les choses vont beaucoup moins bien), centrée autour d'un personnage d'ado pas du tout représentatif  des "héros" brésiliens "habituels" (il est pâlichon et plutôt grassouillet, ce qui le rend d'autant plus attachant). Moins esthétique que Les bruits de Recife, mais tout aussi revendicatif.

suivi de
FORT BUCHANAN
de Benjamin Crotty
***

... Un film, euh... juste improbable ? Des hommes et des femmes attendent leurs maris soldats en mission à Djibouti... Ca parle beaucoup (chiffons, parties intimes, jalousie et moyens de se consoler en l'absence des époux). Entre Le désert des tartares version pâmoison et La semaine de Suzette numéro spécial treillis. Puis on part à Djibouti rejoindre les  époux, et tout ne se passe pas forcément bien... Aussi fascinant qu'agaçant (une seule copie, semble-t-il, tout du moins sur Paris) un film flottantpeut-être pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions.

, (tous les deux au Luminor)

mardi 16 :

FIN DE PARTIE (UGC Les Halles)
de Tal Granit et Sharon Maymon
***

Une comédie noire, juive, troisième âge et hospitalière soins palliatifs et Alzheimer - ce nom ne sera d'ailleurs jamais prononcé dans le film - cela faisait tout de même une certaine accumulation de motifs de rejet... c'est effectivement très drôle et très noir au début, et puis les rires s'amenuisent ("Jusqu'à quel point peut-on encore en rire ?" il semble que les spectateurs avaient des "limites" différentes). Très bien pour commencer ce séjour. (j'aime les comédies noires juives et troisième-âge...)


MANOS SUCIAS (UGC Les Halles)
de Jozef Wladyka
***

Un film colombien au fil de l'eau, avec trois hommes dans un bateau (dont deux frères colombiens et noirs) chargés de convoyer une torpille remplie de drogue. Rien ne se passera, bien entendu, comme prévu. Ambiance virile et plutôt testostéronée (on y apprend notamment à danser le choque, qui consiste, pour le monsieur, à frotter son devant contre le derrière de la dame...), on y tue pas mal, de différentes façons, et c'est plus que plaisant à regarder (jeunes gens torse nu, ça n'est pas de ma faute...)...

LE SOUFFLE (MK2 Beaubourg)
d'Alezander Kott
****

Je ne l'avais pas prévu, mais j'ai vraiment bien fait d'y aller. Un film russe facile à exporter, parce que complètement muet (et donc sans sous-titres) et aussi magnifiquement filmé. Un père, sa fille, leur maison et leur camion, au milieu de la steppe. Deux prétendants d'ethnies différentes qui jouent au combat de cerfs, puis des militaires, des compteurs-geiger, et, in fine, l'explication du titre... Un film beau comme tout, dans la veine documentaire/poétique/romancée du cinéma kazakho-géorgien (la veine Oshashvili, ma préférée...)

LA BELLE PROMISE (MK2 Beaubourg)
de Suha Arnaf
***

Un autre israélien, un film de femme(s), presque une relecture yiddish de Cendrillon (la belle jeune fille dans la maison de la marâtre et de ses deux soeurs.) On tente de l'éduquer, de lui donner des manières, avant d'essayer de la refourguer lors de plusieurs mariages arrangés. Atmosphère étouffante (à l'intérieur) et compassée (à l'extérieur) car ces dames font partie du dernier bastion des bons catholiques friqués de la ville... Dominique m'avait prévenu qu'il valait mieux y aller un jour où on était de très bonne humeur. En effet.

(avec passages Canopée, puis à midi pause à St Michel pour le traditionnel sandwich basque en terrasse -en plus j'ai deux peintres alternativement sur leur échelle à à peine 1m de mes yeux, mais je réussis à ne pas sortir mon appareil-photo- je me perds ensuite en cherchant la rue Daubenton (et le métro Censier-Daubenton) et le cinéma La Clé, pour réaliser en y arrivant enfin que ce n'était pas du tout le film que je voulais voir (je me suis mélangé dns les titres et les résumés) et je repars donc voir si j'ai encore le temps et la possiblité de faire quelques photos aux halles - bien m'en a pris, 16h c'est une très bonne heure...-) et du coup je finis au MK2 Beaubourg

mercredi 17 :

une journée "tout UGC" (à part une pointe sur le coup de 13h jusqu'à la boulangerie du Marais où il y a des très bons sandwichs (et des jolis vendeurs, qui changent souvent)

VALLEY OF LOVE
de Guillaume Nicloux
*****

Celui-là je l'attendais espérément (encore plus fort que désespé) et j'y ai donc couru dès la séance de 9h (ce qui m'a rapporté le pressbook qui y était distribué). La bande-annonce m'avait donné très envie (la très belle musique y est de Charles Ives). Si, comme espéré Huppert y est Huppertissime, Depardieu, lui, est gigantesque. dans tous les sens. Autant elle joue peut-être un peu sur (ou : surjoue, déjoue, vous suivez ?) autant lui impressionne d'autant plus qu'il se cantonne dans un registre infra, ou quasi.. Isabelle, Gérard, le désert, le fils mort. Les lettres, l'amour... J'y ai pleuré à plusieurs reprises. J'y retournerai. Top 10, sans doute.


MUSTANG
de Deniz Ganze Ergüven
****

C'était le jour des sorties, et, dans l'ordre, ce film-là était le deuxième. Des jeunes filles turques subissent d'abord, puis tentent de se rebeller contre, l'oppression "habituelle" des femmes dans les civilisations moyen-orientales. Frangines sequestrées dans leur maison, comme une version turkish de Virgin suicides, (même si, finalement, il n'y en a pas tant que ça, des suicides, si tant est qu'être mariée de force à un homme qu'on ne connaît pas n'en soit pas un...) parce qu'elles se sont "frottées contre la nuque des garçon", ensevelies sous le poids des traditions  (promulguées par les hommes et entretenues par les vieilles) et cherchant, littéralement, à s'en sortir. C'est la plus jeune des soeurs qui est la narratrice (et il faut redire combien elles sont toutes mimi).

L'ECHAPPEE BELLE
d'Emilie Cherpitel
***

Celui-là c'est la bande-annonce, vue la veille, qui m'a tenté, où Clothilde Hesme, en couleurs et à cheveux courts, donne la réplique à un gamin, Léon (avec une bonne bouille et un belle justesse), qui s'est sauvé une fois de plus de l'orphelinat, et vient chercher refuge auptès d'elle. Un film léger et joli comme un papillon. (avec, en plus, une chanson de The National dans la BO...) J'ai un peu dormi au milieu et le générique final m'a appris que j'avais (heureusement ?) loupé F. Beigbeder (...) Et, au générique de fin une très jolie jolie version de Bella ciao à deux voies (la demoiselle et l'enfant). Sans compter que Clothilde H. a vraiment des yeux admirables.


L'EVEIL D'EDOARDO
de Duccio Chiarini
****

L'autre excellente surprise du jour, un film rital délicieux, autour d'un ado qui, un été avec son pote, a désespérément envie de baiser et cherche donc à approcher des jeunes filles dans ce but. Dialogues crus (j'adore), et un problème qu'on n'aborde pas souvent dans ce genre de teen-movie ritalo-estival : le jeune homme souffre d'un phimosis, et hésite à se faire opérer... On y apprend, que, à l'italienne, faute de demoiselles disponibles, on peut se consoler en baisant avec... un poulpe (tout frais pêché)! Succès garanti en société. N'est-ce pas un peu trop pour public averti pour figurer dans notre prochaine semaine italienne ?

jeudi 18:

LA REVELATION D'ELA
de Äsli Ozge
***

... Qu'il est loin le temps où les films turcs diffusés en France ne parlaient de pauvres paysans  avec leurs chèvres ou de gamins dépenaillés, songeais-je devant ce très contemporain portrait d'un couple vivant dans un super appart de la mort design qui tue et tout, où elle est artiste contemporaine et lui architecte. Couple qui bat un peu de l'aile (ça commence par une scène de rapport conjugal assez chaude, avec un joli papa plein de poils et de barbe, et une maman avec des seins et des tatouages -sur les hanches- visibles) et ça ne va pas aller en s'améliorant, tout ça parce qu'elle a peut-être surpris un appel de son mari à une créature (on n'en sera jamais sûr).C'est bien mais c'est vraiment très froid. (Et le turc est vraiment une langue que j'adore entendre, à défaut de la comprendre)

LA BATAILLE DE LA MONTAGNE DU TIGRE
de Tsui Hark
***

Je n'avais jamais vu de film de Tsui Hark et celui-là passait justement dans la bonne salle et au bon moment, et donc, j'y suis allé... Il me semblait que cela avait un certain rapport avec la violence, sans que je sache vraiment à l'avance s'il s'agissait de film de sabre, de kung-fu ou de yakuza... Bon, violent, ça l'est, incontestablement, mais c'est aussi visiblement très très bien fait, le récit de cette "bataille" est inséré comme une vignette "en costumes" dans un film ultra-contemporain. La scène d'attaque du village, (où 30 gentils viennent à bout de 250 méchants sur 300) vire quand même presque un peu longuette, malgré le chiadage des effets spéciaux, les giclures de sang au ralenti, et autres graphicisations de la violence. Ca m'a quand même un peu saoulé, à la fin, et du coup (! c'est le cas de le dire) je ne suis rien allé voir d'autre, après. 

vendredi 19 :

Malou a prévenu qu'elle serait là à midi, avec du boudin du Perche (de Longny, médaille d'or, même!), je vais donc voir à 9h
LES CONTES ITALIENS
de Paolo et Vittorio Taviani
**

Quelle déception! Autant j'avais adoré leur précédent César doit mourir, autant cette adpatation du Décaméron de Boccace me semble pénible et interminable (le film fait 1h55, j'ai l'impression qu'il en dure 4!). Une stylisation moyen-âgeuse pour des récits pas très intéressants (peut-être celui de l'abbesse est-il à peine plus palpitant, juste sans doute, je me connais, parce qu'on y entrevoit deux messieurs tout nus) dans une mise en scène paresseuse et anecdotique (Qui aime bien...).

Puis retour à l'appart, je retrouve Malou et alissa, et nous dégustons ce sublime boudin avec des pommes.
Puis début d'après-midi scrabble (j'adore jouer au scrabble avec Malou) suivi d'une soirée scrabble (entre les deux je serai retourné à St michel et aux Halles pour tenter -désespérément- de trouver un petit cadeau pour Elizabeth, en vain)

samedi 20 :

Mon train partant à 13h, j'ai le temps d'aller voir un film à la séance de 9h. j'emmène Malou à l'UGC Les Halles pour (re)voir
VALLEY OF LOVE
de Guillaume Nicloux
*****
qui me bouleverse autant (peut-être même plus) qu'à la première vision. (j'ai entretemps commandé un disque de Charles Ives avec le morceau Question without answer, qui est le "thème" du film, et constitue une certaine part de l'émotion que celui-ci me provoque. j'adore le début, lorsqu'Huppert est filmée de dos un long moment, puis de face mais à contre-jour, puis dans un couloir sombre, et finalement derrière le double écran d'une fenêtre et de ses lunettes de soleil, qu'elle finit par enlever. La scène dans le canyon me submerge littéralement d'émotion. Et le plan final sur Huppert, immobile sur son banc comme une statue, aussi.

15 juin 2015

france-cu dans le cerisier

COMME UN AVION
de Bruno Podalydès

Un film parfait pour ce mercredi après-midi quasi-estival.
J'ai toujours tenu en estime Bruno Podalydès (et son frère Denis) et je l'ai plutôt  fidèlement suivi depuis Versailles Rive gauche, avec beaucoup plus de hauts (Dieu seul me voit, Liberté-Oléron, Adieu Berthe) que de bas (je me souviens d'avoir été plutôt déçu par Bancs publics). Je l'associe, depuis Versailles Rive gauche, justement, (peut-être à cause de la présence de Tintin et des dessins d'Hergé) à un aspect "ligne claire", un esprit BD, avec personnages précisément dessinés (j'avais écrit destinés), et parfaitement coloriés, dialogues aiguisés, situations plus ou moins loufoques, bref un univers pas très éloigné de celui de Joost Swarte, de par la précision des détails (l'apparent réalisme) et l'omniprésence de l'humour (parfois acide). Mais jamais méchamment.
Bruno Podalydès réalise, et se met en scène, au centre, et c'est très bien. Il s'entoure de charmante façon (Sandrine Kiberlain, lumineuse, Agnès Jaoui, divinement mûrie, Vimala Pons, toujours aussi mimi) mais n'oublie pas les habituels comparses (Michel Vuillermoz et Jean-Noël Brouté, sans oublier, accessoirement, le frangin, Denis Podalydès -j'ai repensé très fort au bureau de vote au début de Dieu seul me voit-). Un personnage attachant, déjà quadra, bientôt quinqua, un peu écarquillé entre  rêves aériens (St Exupéry, l'aéropostale) et vie terre-à-terre, et qui va choisir une voie intermédiaire, le fil de l'eau, en découvrant que kayak est un palindrome.
Oui nos rêves sont immenses et démesurés, nos aspirations sublimes, et souvent hélas leur concrétisation (le passage à l'acte) les fait rétrécir au lavage, façon mouchoir de poche (existe-t-il d'ailleurs, au fait, un autre genre de mouchoir ???), comme si réaliser son rêve ne revenait, en fait, qu'à le formater (à le compacter, à l'étriquer). Le début est plan-plan, attachant mais plan-plan, mais on est de bonne humeur, de bonne volonté, et on suit donc notre Bruno P. sans rechigner (la modélisation 3d, l'anniversaire, les réunions, les discussions conjugales, tout ce qui est "avant" le kayak, mais notre intérêt se structure au fur et à mesure au fur et à mesure que se construisent l'embarcation puis le projet (c'est quand même l'objet qui impulse l'aventure. C'est délicieux et attendrissant, ce dernier pique-nique, cette ultime siestounette (avec Sandrine K, quand même!) avant le grand saut dans l'inconnu aventurier, la mise à l'eau (et le fait, donc, de s'y jeter,  littéralement). Bruno Podalydès pagaie sur sa rivière, et on le suit, enchanté. Jusqu'où ira-t-il... (c'est comme quand, gamin, j'avais eu mon 103 peugeot, et que, après m'être lancé sur les petites routes pendant au moins un quart d'heure, j'avais le sentiment d'avoir fait des centaines de kilomètres et d'aborder ainsi des terre parfaitement ignorées du reste des mortels, des villages qui n'existaient pas avant, qui venaient -plop!- de se matérialiser sur la carte, jusque parce que je les avais atteints) il n'en sait rien mais il y va.
Car là c'est un peu pareil, il a fait au moins... quatre kilomètres, et le voilà qui s'espère tout à fait ailleurs, à des années-lumière de son quotidien habituel, oui, Cortez au moins voire Magellan, le voilà qui aborde des territoires inconnus, en posant le  pied dans un genre d'auberge champêtre et joyeuse, au bord de l'eau, au milieu d'autochtones -la jeune fille, les peintres-bricoleurs, la patronne) tout plus réjouis(sans) les un(e)s que les autres, dont il va faire la connaissance, ainsi que, très vite,  celle des rituels locaux, le plus habituel (et festif) étant la dégustation de l'absinthe (comme on boirait de l'eau -ou presque-, avec le décorum nécessaire (la fontaine, le sucre, la cuillère), et les effets attendus. Un changement de rythme, de point de vue, d'idéal, de destination. Auquel il tente d'abord -mollement- de résister avant de décider -enfin- de s'abandonner et de se s'avouer délicieusement vaincu.
"Quand on voyage..." il faut ménager sa monture, certes, mais soi-même bien plus. Voyage minuscule, certes, sieste, farniente, repos, inaction, voilà un film qui pourrait être l'illustration quasi-parfaite de la vacance, la mystérieuse vacance, ce graal existentiel auquel j'aspire, autour duquel je tourne  (et que je tente vainement de définir) depuis bientôt quarante ans...
Et Bruno Podalydès fait ça excellemment, magnifiquement. En tant que personnage et aussi en tant que réalisateur. Ce film est un vrai bonheur, de tendresse, de drôlerie, de "retrouvons le vrai goût des vraies choses" mais sans en faire des tonnes, sans aucune démagogie racoleuse ni militantisme lénifiant (il y a, sous le sucre qui fond dans la cuillère, la légère amertume d'un certain vague-à-l'âme quadragénaire et discrètement spleenesque) il s'inscrit sans sourciller dans une incontestable modernité (il y est tout de même question de géo-localisation...) tout en exaltant des valeurs intemporelles. Vous souvenez-vous comme , il y a longtemps, un certain Alexandre avait réussi à être bienheureux ? Le Michel de ce film-ci ne serait pas très loin d'en prendre le chemin...
Un film dans lequel on se sent à l'aise (déjà, un film qui réussit à vous faire rire sur toute la longueur, ça n'est pas si courant) un film où on a envie de revenir, un film dont a envie de tout se rappeler, un film qui vous met le sourire plus grand que derrière les oreilles, un film qui fait du bien, quoi, un vrai port d'attache, vous dis-je!
(En plus, on a droit à une très jolie version de Vénus de Bashung, au ukulélé. Rien que pour ça...)

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13 juin 2015

archi

LA SAPIENZA
d'Eugène Green

Aïe aïe aïe.
Déjà que j'y allais en traînant des pieds (au souvenir échaudant du Pont des arts dont j'avais failli m'ensauver en courant et quitter la salle tellement tout cela m'insupportait) j'avais quand même décidé de re-tenter l'expérience Green, surtout aux dires d'Hervé qui l'avait déjà vu, l'avait trouvé très bien, et y revenait d'ailleurs. Surprise : il y avait dans la salle plus d'une trentaine de spectateurs (alors qu'on était à peine dix la veille pour Tu dors Nicole). Diantre ! Je me suis donc installé, et ça a commencé. Monteverdi, très bien. Et hop, les personnages commencent à s'exprimer en faisant consciencieusement toutes les liaisons et c'est c'est un peu fatiguant à l'oreille -je le savais pourtant et j'étais prévenu mais rien à faire ça m'énerve-. Ils sont de plus filmés face caméra et un champ /contrechamp (habituel en cas de dialogue) devient un plan face caméra suivi d'un autre plan face caméra, puis d'un autre si le premier interlocuteur souhaite répondre ou approfondir sa première assertion et ainsi de suite. Un peu comme si on avait demandé à des personnages de Rohmer de parler comme s'ils étaient dans un film de Bresson (ou de Straub).
C'est laborieux, c'est gourmé, c'est rigide et c'est prétentieux. C'est ça le théâtre baroque, m'a précisé Hervé (sauf que là, quand même, on est au cinéma, ne l'oublions pas). Un couple (lui architecte, elle psychanalyste) venu en italie pour que lui fasse un travail de recherche sur Borromini, un architecte italien (de la renaissance ?) échange... ils rencontrent un autre couple, de jeunes italiens (frère et soeur, lui voulant devenir architecte et elle, diaphane, souffrant d'un mal mystérieux). Le mari du premier couple prend sous son aile le frérot, et part faire avec lui la tournée des grands ducs églises, cathédrales et autres basiliques, avec commentaires ad hoc, tandis que l'épouse (un peu) délaissée reste au chevet de la soeurette, à la guérison de laquelle elle va d'ailleurs aider. Et à la fin chacun d'un couple retrouve sa chacune, et yop la boum la vie est belle, et Monteverdi, et générique de fin.
Je ne vais pas en dire plus de mal que ça puisque, je l'avoue, j'ai senti mes paupières me lâcher assez vite (et donc, je suis, sans doute, passé à côté de maintes  assertions et autres joliesses) et ne l'ai vu que morcelé, entrecoupé, essayant pourtant à chaque fois de reprendre pied, de m'arrimer dans l'éveil, mais rien à faire, pendant un certain temps, et j'en suis donc sorti, à la fin, plutôt grognon, en me disant que Green non non on ne m'y prendrait plus.
Pour la petite histoire, nous étions huit à discuter dans le hall, en sortant de la salle : quatre avaient adoré et quatre avaient détesté. Il ne faut pas dire "Je n'ai pas du tout aimé" mais "Ce cinéma-là ne me convient pas." Du tout.

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Ce post doit bien évidemment être lu à haute voix et de baroque façon en faisant toutes les liaisons surtout celles marquées en gras

6 juin 2015

correc'

TU DORS NICOLE
de Stéphane Lafleur

J'avoue que quand quelqu'un l'a mentionné à la dernière réunion de programmation, (Hervé, je crois), c'était la première fois que j'en entendais parler. Oui, toute première fois. Et les critiques que j'en ai lues ensuite m'ont vraiment donné envie d'y aller. Ce que j'ai fait, ce jeudi soir, à 18h30 dans le bôô cinéma (on était deux dans la salle). En ce jour de pré-canicule (ou d'ailleurs, la direction du bôô cinéma n'avait pas jugé utile de mettre la clim') c'était tout à fait... rafraîchissant (comme dans les pubs pour des chewing-gums hyper mentholés) de voir un film québécois en version originale, en joual sous-titré qui étincelle et qui crépite à chaque ligne (dans la différence entre ce qui est dit et ce qu'on lit, c'est un peu comme le portugais hihi), à la fois si proche et si exotique.
C'est bon de se laisser porter, dériver, au fil de l'été que vit cette adolescente (la Nicole du titre et de l'affiche), avec sa copine, son frère, les potes musicos de son frère, son collègue trisomique... dans un beau noir et blanc dense, le film avance, balance, découpé en séquences (en vignettes, musicalement on pourrait dire en morceaux ou en plages) scandé, par des noirs musiqués (ou pas). De la musique, il y en a beaucoup, dans ce film réalisé par un monsieur que je connaissais au préalable (encore merci à Gigis et Emma) comme chanteur et musicien (du groupe Avec pas de casque), de la musique, certes, celle, live, d'un groupe en répétition(s), (la formule de base : guitare / basse /batterie) mais aussi dans le tempo, l'écriture du film (j'ai pensé aux takes de Julio Cortazar, en n'étant toutefois pas sûr que c'était la bonne comparaison), la restitution d'une certaine nonchalance estivale, un je-ne-sais-quoi de nouveau, de frais et de désinvolte dans la conduite (l'apparente inconduite, plutôt) du récit, et la façon d'appréhender les personnages. D'inattendu. D'extrêmement agréable, pour les oreilles et pour les yeux.

J'ai vraiment beaucoup aimé ça. Ce personnage féminin en apparence lisse, comme flottant à la surface de la piscine des événements de cet été presque rohmérien (Conte d'été québecois), où les mots comptent (content) plus que les actes, et les objets (simples : un vélo, un antivol, une carte de crédit, une machine à coudre, une batterie) conditionnent, d'une certaine façon, les péripéties. Oh rien de bien dramatique ni trop violent : les liens familiaux, souvent pesants, les liens amicaux, parfois agaçants, les liens amoureux, flottants, émouvants, fluctuants, composent un maelstrom de courants parfois contradictoires qui s'enroulent et se déroulent, au milieu desquels Nicole se laisse vivre. Il y a des espoirs et des déceptions, des enthousiasmes et des contrariétés, des projets et des hypothèses, mais tout ça est délicatement léger, et crée un univers très particulier. Il est question d'amour, beaucoup (même si souvent les choses ne sont pas -ou mal- dites) mais il est aussi question d'argent, d'emploi, de remboursement, des détails terre-à-terre qui ancrent le film dans une indéniable réalité contemporaine (et diurne), mais heureusement qu'il y a la nuit (comme le chantait il y a fort longtemps le groupe Beau Dommage, tiens, des québecois aussi)... C'est encore plus  beau, tout ce qui se passe la nuit, quand, justement Nicole dort (ou pas). Des petites bulles oniriques et nocturnes éclatent plop! à intervalles réguliers et viennent iriser la trame du récit. Qui pourraient être oniriques. On reste le cul entre les deux chaises du vécu et du rêvé, et c'est très bien comme ça... Ce qui est réel pourrait fort bien ne l'être pas (ou le contraire).

Tous les personnages qui gravitent autour de Nicole sont attachants, parce que traités à la fois de manière très prosaïque (réaliste) mais avec pourtant toujours ce petit supplément d'âme, (un détail, une attitude, un certain éclairage) qui les colorie un peu différemment, qui les poétise, qui nous les rend plus proches. On ne sait pas vraiment quel âge a Nicole, un peu plus de la vingtaine, sans doute, mais cet étrange été pourrait bien être la métaphore de cet étrange moment où on cesse d'être adolescent pour devenir "autre chose", un passage (à gué) dans un vaste flux qui vous désoriente, une traversée qu'il est bon de ne pas faire seul(e) et où il faut bien s'aider, au cas où, avec les moyens du bord.

J'ai plusieurs fois repensé à It follows (sans doute à cause de la piscine, mais aussi de l'ambiance : des jeunes gens, dont pas mal de jeunes filles, un certain flottement, des parents presqu'absents, des rêves, des désirs et des passages à l'acte ou non), mais un It follows sans le background anxiogène et/ou horrifique. Juste en commun le sentiment d'étrangeté, de regard novateur. Tu dors Nicole en serait comme une cousine éloignée, n&b et québecoise. Avec le point commun incontestable, aussi, que ces deux films se côtoieront dans mon top 10 (ou 20, ou 17, ou 33 qu'en sais-je encore) 2015.

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(et du coup, je suis allé fouiller sur le ouaibe, j'ai découvert que Stéphane Lafleur avait réalisé deux films avant celui-là, Continental, un film sans fusil et En terrains connus, et je les ai achetés. Oui, oui, achetés!)

3 juin 2015

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et voilà, la saison 5 de Louie, c'est (déjà) fini...
8 épisodes seulement (les raisons de cette saison plus courte sont assez drôles, enfin celles que je viens de lire, si elles sont vraies, où il est question de décision hâtive après avoir fumé trop de marijuana...) mais 8 fois ce qu'on aime chez Louie (et c'est ce qu'on aime chez lui)

On l'avait quitté là...

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Et on le retrouve là :

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(huit images pour huit épisodes, mais je ne vous les ai pas mises dans l'ordre...)

C'est vraiment une série que je continue d'adorer, parce que, allez savoir comment, il réussit chaque fois à nous surprendre. Comme ça ne raconte rien de précis, on ne sait pas à quoi s'attendre. Parce qu'il nous fait -délibérément- peut-être un peu moins rire, mais qu'il est capable au contraire d'encore mieux nous émouvoir. Nous toucher. Mais toujours l'air de rien, sans en faire des tonnes. Au début, ce que j'adorais, c'était le côté stand up comedy, les vannes rentre-dedans, le politiquement incorrect, les blagues de cul, le pipi-caca, bref la provocation bon enfant mais toujours efficace. et le fait que tout ça venait de l'observation de sa vie, de la réalité, des détails du quotidien. Louie se regarde vivre, il se regarde vieillir, il se regarde ne pas être à la hauteur, il se regarde avoir l'air con parfois, et il nous le montre, simplement (en apparence). Clown triste ? il y a peut-être de ça, mais il est vraiment très très fort pour faire naître l'émotion, comme ça, au débotté, de passer sans prévenir d'un état à un autre, sans qu'on n'ait rien vu venir, pourtant... C'est le genre de série qu'on peut voir et revoir presque indéfiniment, sans se lasser, et pas obligatoirement dans l'ordre, (c'est d'ailleurs la seule, quasiment, que j'ai conservée dans mes documents) puisque, contrairement à la saison 4, chaque épisode est indépendant (sauf les deux derniers). Il y en a, bien sûr, qu'on aime plus que d'autres (et à l'intérieur même d'un épisode, des morceaux qu'on préfère aussi, c'est comme dans la vie, les "bons moments" et les moins bons).
Il y a vraiment des morceaux de bravoure dans chacun des épisodes (Untitled en est un à lui tout seul) et ils concernent en général un homme (pas forcément Louie) dans une situation inhabituelle... On pourrait successivement qualifier la série de féministe,  de lucide, de désenchantée, d'acide, de réconfortante, (le seul reproche que je pourrais faire est qu'elle est aussi très très hétéro, mais pas tout à fait dépourvue de sous-sous-texte-gay, -je suis très fort pour explorer, avec ma frontale et mon pic,  les galeries de mine du script à la recherche de filons enfouis de gayitude - mais disons que ça fait partie du charme... Louie est sans conteste mon rouquin / hétéro / new-yorkais / blanc préféré)

Les huit épisodes sont :
1) Pot Luck (Louie va à un repas de parents d'élèves)
2) A la carte (Louie et les femmes)
3) Cop story (Louie retrouve un ancien pote)
4) Bobby's house (Louie va à un enterrement)
5) Untitled (Louie fait des cauchemars)
6) Sleepover (Louie reçoit les amies de sa fille)
7) The road 1 (Louie et son chauffeur)
8) The road 2 (Louie à Minneapolis)

En plus, ce n'est pas vraiment la peine de commencer à attendre la suite, puisque'on ne sait même pas encore s'il y aura une 6ème saison ou pas...

31 mai 2015

toi et tes peut-être

L'OMBRE DES FEMMES
de Philippe Garrel

J'y allais... prudemment. Les deux derniers films vus de Philippe Garrel - Les amants réguliers et La frontière de l'aube - ne m'avaient pas -euphémisme- convaincu, et j'ai comme qui dirait un contentieux avec Stanislas Mehrar (il n'y est pour rien le pauvre, mais je n'ai aimé ni La captive ni Adolphe- mais en fouillant sur le ouaibe, je vois qu'il était aussi dans La lettre, et Un monde presque paisible, ce qui compense en quelque sorte.-) et j'y allais donc, je l'avoue, surtout pour Clothilde Courau.
Bonne nouvelle : Stanislas, on est réconciliés (et Philippe, aussi!), et Clothilde, je confirme! (et quand je pense que je n'ai découvert qu'au générique de fin à qui appartenait la voix du narrateur...) Oui, le film, en noir et blanc comme les deux suscités, est très beau. Très simple et très beau. Très beau parce que très simple, et vice-versa. Un mari, sa femme. La maîtresse du mari, l'amant de la femme, et c'est à peu près tout. Et de l'amour, bien sûr. Il la trompe, et c'est par sa maîtresse qu'il apprend que sa femme aussi a un amant. Ni Labiche ni Feydeau ni portes qui claquent ni amants en caleçon et fixe-chaussettes. L'heure est moins à la rigolade. Interrogations, hésitations, flottements. Stanislas Merhar incarne un personnage tout à fait conforme à l'image qu'on a de lui : un visage plutôt fermé, des cheveux un peu en pétard, évoquant une sorte de Dutronc jeune et blond mais sans le sourire (ni les lunettes noires, que voilà donc une comparaison idiote). Il y a dans ce visage opacifié une part de chagrin silencieux (mutique) assez impressionnante, à tel point que lorsqu'on le voit sourire (vers la fin du film) ça fait presque l'effet d'une déflagration.
Clothilde Courau joue à nu (et sans filet) et elle est, une fois de plus, parfaite. Sans maquilleur, sans coiffeur, elle joue, à la fois si simple et si précise qu'on en est tout retourné. Au début, ils sont pauvres, ils vivent et travaillent ensemble (il est cinéaste, elle lui sert d'assistante) et on peut supposer qu'il y a là de la part de Garrel une part de vérité, d'autobiographie, sans que cela devienne jamais pesant. A la fin, les revoilà qui parlent à nouveau cinéma et projets. Le film se structure et s'enracine peu à peu, l'ascèse un peu froide du début laissant progressivement la place à une certaine chaleur, comme un poulet tout maigrichon qu'on verrait au fil des jours grossir et se remplumer.
Et il a cette spécificité garrelienne d'être intemporel (atemporel ?) : à part quelques menus détails (il faut être attentif), il est presque impossible de le situer précisément dans le temps. comme si Garrel évoquait sa jeunesse en la transposant aujourd'hui. Un intermonde où, en 1970 on paierait en euros. Ou un univers plus contemporain où personne n'aurait de téléphone portable (quelle merveilleuse et reposante idée). Et il a l'intelligence de faire court, de parer au plus pressé. Couple, famille, adultère, sentiments, mais aussi cinéma, documentaire, résistance... il file droit, sans s'apesantir, ni s'apitoyer, d'ailleurs.
Sans conteste, mon Garrel préféré depuis pfhhhhhh... longtemps!

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