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lieux communs (et autres fadaises)
22 mars 2015

de quoi on parlait quand on parlait d'amour

BIRDMAN
d'Alejandro Iñarritu

Si Marie ne m'avait pas filé sa carte de ciné avec une place à utiliser le jour-même, je n'y serai peut-être pas allé. Je n'en avais pas plus envie que ça (il est arrivé qu'Iñarritu m'agace, l'affiche est très laide, les films à oscars bof, et surtout Michael Keaton en slip -c'est l'extrait que j'en avais vu-, bof-bof). Donc, merci à Marie, parce que j'y ai passé vraiment un sacré bon moment...
Au début, ça démarre comme une espèce de comète, de feu de bengale, de paroles, d'allées et venues dans un théâtre, et le sentiment que quelque chose me mettait un peu mal à l'aise, presque m'oppressait. Et j'ai fini par mettre le doigt dessus : il n'y avait aucun changement de plan visible, tout s'enchaînait, tac tac tac, sans aucune rupture (ni, donc, aucune respiration, et c'est ça qui me gênait, ce besoin d'oxygène. Si Hitchcock avait déjà fait ça pour La Corde, l'effet produit n'était pas du tout le même, on n'avait pas la sensation d'un film en apnée, asphyxiant quasi, tellement c'était plan-plan chez Hitch alors que là c'est quasiment cocaïné (survitaminé, en tout cas).
On a donc Michael Keaton, ex star de cinéma (il a tourné 3 films sous le déguisement de Birdman, et a refusé le quatrième), qui tente de (se) remonter sur les planches, à Broadway, en mettant en scène l'adaptation d'une nouvelle de Raymond Carver On prend le train en route, juste la veille de la première générale (visiblement, à Broadway, il y a toute une série de générales publiques avant la première) avant qu'un projecteur ne casse la tête d'un des quatre acteurs de la pièce, qui va être remplacé au pied levé par le copain (Edward Norton) d'une des actrices (Naomi Watts), un mec assez imbuvable qui va mettre assez vite le bazar dans cette ambiance déjà assez survoltée avant qu'il n'y intervienne. Tout le monde est -plus ou moins- énervé, et le fait donc savoir à Michael K -ses acteurs, donc, mais aussi sa fille, son ex-femme, sa nouvelle copine -qui lui annonce qu'elle est enceinte- Il y en a un qui reste zen, son avocat (Zach Galifianakis, en Jiminy Crickett barbu à lunettes et à poil doux, magnifique de sobriété), contrebalancé (la dualité ange/démon) par la voix qu'il entend régulièrement (et qu'il est le seul à), celle de Birdman, le personnage qu'il a autrefois glorieusement incarné, et qui vient lui donner des conseils, -un peu comme le chat dans The voices si vous voyez ce que je veux dire-.
J'aime les films qui parlent de théâtre (il y en a plein que j'adore, Vanya 42 ème rue, La fausse suivante, To be or not to be, par exemple) et j'aime aussi les films qui parlent de cinéma, tout autant. Birdman fait les deux, même s'il parle du théâtre plus frontalement que du cinéma. C'est en apparence un film sur le théâtre, mais c'est aussi -et plus profondément- un film sur le cinéma. (Broadway versus Hollywood), sur le star-system, sur les studios, sur les films de super-héros, sur la fugacité de la "gloire", et l'utilité -désormais indispensable, l'indispensabilité, donc- des réseaux sociaux, aujourd'hui.
Le choix des comédiens est plus que judicieux (Keaton avec derrière lui l'ombre de ses deux Batman, Norton avec sa réputation d'artiste duel, Naomi Watts en écho à Mulholland Drive -et dont j'apprend, par wikipedia, qu'Edward Norton est effectivement un de ses ex, (pardon pour les autres actrices dont je ne connais pas le nom), et... j'en remets une louche, Zach Galifianakis, plus que parfait dans le naturel et la simplicité).
On suit donc, dans le bruit et la fureur, Michael Keaton au centre et son cortège autour (pour parler cosmogonie, on aurait le soleil, peut-être un peu vieilli et refroidi, et son staff de planètes, comètes et satellites, se préparant à briller de tous leurs feux pour le jour de la première) bim bam, les couloirs, les coulisses, la scène, re-les couloirs, hop! sur le toit, paf! on redescend, zou! on remonte, whizzz! on entre et on ressort,  sans que le réalisateur ne nous laisse le temps de reprendre notre souffle (et j'avoue que j'étais tellement obnubilé par cette idée de plan-séquence que je me suis mis à surveiller de plus en plus attentivement l'apparition des fameuses coutures (il n'a pas pu tourner deux heures comme ça d'un seul coup sans reprendre sa respiration! (Sokourov est assez secoué pour l'avoir fait dans L'arche russe, mais il y avait une continuité, logique, topologique qui justifiait "le" long travelling qui constitue le film), ou, tout du moins, les respirations, les "appels d'air". On peut en trouver deux, simples et très visibles (les plans sur le ciel avec le passage du jour à la nuit, et vice-versa) et une troisième, (avec un plan de couloir vide, où finit par apparaître, me semble-t-il, Michael Keaton)... mais à la fin j'étais beaucoup trop pris par ce qui se passe -se joue- sur l'écran pour penser encore à disséquer la façon dont c'était fait. Après un petit passage à vide (disons, dans le cas présent, une légère baisse de tension et d'énervement) au milieu, un genre de léger sur-place, le film repart très fort, très très fort, de plus en plus haut, vous empoigne et ne vous lâche plus.
Iñarritu, ici, m'a, pour une fois, pleinement convaincu. C'est noir, c'est acide, c'est tendu, ça s'agite, ça lévite, ça gravite, ça virevolte, ça survolte, ça palabre, ça se cabre, ça tourne, ça entourne, c'est un peu comme le manège à la fin de L'inconnu du Nord-express, qui devient brindezingue et se met à tourner de plus en plus vite... on se cramponne, comme les gamins, on est en même temps étourdi et émerveillé, et on en redemande...
Quand ça ralentit et que ça finit par s'arrêter, on descend, on a les jambes un peu en coton, un peu la tête qui tourne, mais avec un sourire grand comme ça... Ca c'est de l'attraction!

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en voilà 3 différentes, ils ont choisi la plus  moche, me semble-t-il...

 

17 mars 2015

comme chien et chat

THE VOICES
de Marjane Satrapi

J'avais failli aller le voir à Paris,  lors de sa projection à l'Etrange Festival (ou il gagna d'ailleurs le Grand Prix...) mais je n'en ai finalement rien vu (de l'Etrange Festival, puisque je n'y étais pas). De Marjane Satrapi j'avais énormément aimé Persépolis, un peu moins Poulet aux prunes (dont me restent surtout Isabella Rossellini et de la fumée de cigarette) et donc, allez savoir, celui-là me faisait envie.
Je connaissais le pitch (un homme devient serial-killer en écoutant la voix de son chat) et j'en ai vu par hasard une scène dans une émission de ciné sur Canalsat (Ryan Reynolds dialogue avec la tête coupée de Gemma Arterton), qui ne me semblait pas tout à fait raccord avec le résumé du film, par son côté acidulé, clinquant, et quasiment rigolard.
Comme ça passait à Besac, qu'il y avait une unique séance en v.o quotidienne et qu'elle était justement programmée à l'heure où j'étais là (je dois dire que je m'étais un peu arrangé pour ça), et qu'en plus, Dominique m'avait filé sa carte 10 entrées (qu'elle avait du mal à solder), j'y suis donc allé.
Si le film est le portrait d'un schizophrène (meurtrier), il (le film) le devient aussi un peu à son tour  (schizophrène, beaucoup plus que meurtrier) par osmose/porosité. Si Jerry vit dans un univers joyeusement coloré, flashy, glamour, ripoliné, c'est juste l'effet que produisent les cachetons qu'il doit prendre régulièrement. (S'il les arrête, les choses deviennent catastrophiques, et, bien sûr, il va les arrêter, contre l'avis de sa psy...). Jerry dialogue régulièrement avec ses deux animaux de compagnie, un chat et un chien (c'est comme dans Tintin, quand le personnage est tiraillé, et dialogue avec ses deux doubles : le petit ange et le petit diable, perchés sur son épaule ; ici, l'ange c'est un bon gros chien gentil gentil, et le diable c'est une saleté de chat pervers, asocial, pousse-au-crime et j'en passe...) Jerry est schizo, mais il est aussi très lucide : il sait que les voix du chien et du chat ce sont ses voix à lui (d'ailleurs c'est le comédien lui-même, Ryan Reynolds, qui les fait toutes, avec en prime celle du cerf et du lapin-chaussette... oui oui il y a pas mal de bestioles dans le film!) mais il l'assume, comme deux garde-fous de chaque côté de la route au milieu de laquelle il s'évertue à marcher droit. Il y a quelques demoiselles zigouillées puis découpées (le film pourrait faire une jolie pub pour les magasins de bricolage et leur outillage varié), et il y a ce personnage... tourmenté (et c'est rien de le dire) que l'éclairage choisi par la réalisatrice rendrait quasiment sympathique et attachant. Avec un traitement graphique "ligne claire", lorgnant donc vers le comic, quelque part entre Dick Tracy de Warren Beaty, (mais qui s'en souvient ?) et The Grand Budapest Hôtel (on a vu pires références...)
Paradoxalement, donc, ce film, qui aurait pu donner quelque chose d'effroyable entre les mains de quelqu'un de plus mal intentionné (un Gaspard Noé, un David Lynch, un David Cronenberg, par exemple) reste relativement sage (il n'est interdit qu'aux moins de douze ans, autant dire, pour les ados, à ranger entre Bambi et La petite maison dans la prairie) en tentant de concilier, ce qui n'est pas si facile, les chemins souvent contraires de l'humour et de l'horreur (je repense à la prestation ahurissante de Kathleen Turner dans le délicieusement frappé Serial Mother, de John Waters, qui officiait somme toute quasiment dans les mêmes eaux...). Marjane Satrapi y apporte sa girly touch, tricotant l'étude de cas, le polar, la comédie, les objets tranchants, et même, oui oui ! la comédie musicale en touche finale (on aura  eu au préalable, joliment, l'animation en ouverture!)

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16 mars 2015

sixième de malher

LE DERNIER COUP DE MARTEAU
d'Alix Delaporte

J'avais bien aimé son précédent Angèle et Tony, surtout sans doute pour la présence tendrement massive de Grégory Gadebois, et le joli couple qu'il finissait par y composer avec Clothilde Hesme. Et bien là, c'est drôle, la réalisatrice a repris les deux mêmes acteurs, sauf qu'ils ne finissent pas par  constituer quoi que ce soit (la rencontre a eu lieu bien avant le début du film) : il est chef d'orchestre, elle a le cancer, et, entre les deux, un jeune homme : le fils qu'ils ont eu ensemble (il y a longtemps) et qui est en passe d'être sélectionné pour intégrer un centre de formation footballistique, et qui se trouve un peu chamboulé par le "retour" de son père en ville, la maladie de sa mère, le fait de devoir annoncer son recrutement, le manque de fric pour réparer la caravane dans laquelle ils vivent, les problèmes de bilinguisme du jeune fils des voisins, la féminité surchauffante de la "grande soeur" dudit fils, bref, il doit affronter tout ça en même temps, et c'est compliqué.
Lui qui ne jurait que par le foot, les maillots avec  les noms des stars, les jongles, l'entraînement, le voilà qui va se cogner frontalement à la "grande musique", via les répétitions de la Sixième de Malher, que son père dirige, et où il va s'insinuer comme le ferait un coin têtu (buté) dans un tronc énorme (Gadebois est vraiment imposant, en quasi-ogre barbu), au mileu d'une forêt qui le dépasse et le fascine progressivement de plus en plus.
Le film est plein de trajets, ceux du gamin, en stop le plus souvent, quelquefois dans la voiture des flics, et même, à la fin, dans celle de son père, d'allées et venues (de contre-allées en déconvenues...) de trajectoires aussi, la familiale (disjointe, avec son père, avec sa mère), l'affective (être grand frère ou presque, tomber amoureux, ou presque) la professionnelle (faire des choix pour l'avenir, les assumer), l'individuelle (affronter les choses en petit taureau les poings serrés), la collective (tableau sociétal : l'argent, la maladie, l'amour, etc.), toutes pistes que la réalisatrice suit plutôt bien, mais dont la multiplicité, le foisonnement, risquerait d'égarer un peu le spectateur lambda (que j'étais, à cette séance : imaginez, pas un film depuis quinze jours!).
Le début du film, formé d'une succession de plans très elliptiques le force d'ailleurs (le spectateur lambda) à être attentif, pour reconstituer les choses (qui est qui, et où est où), après ça s'arrange un peu, et on suit les différents fils en se posant quand même de temps en temps quelques questions. Portrait d'un adolescent, à ce moment particulier où on n'est déjà plus assez petit, mais pas encore assez grand, ce moment délicat où il faut savoir regarder de tous les côtés à la fois, et gérer tout ça aussi du mieux qu'on peut (mais fallait-il charger autant la mule du récit ? était-il indispensable que la maman soit cancéreuse ? et le papa chef d'orchestre ? et le fiston futur Zidane ?)
Un film sympathique, donc, (pour ce retour au monde du cinéma après quinze jours d'arrêt), d'autant plus que la réalisatrice a le tact (et l'intelligence) d'éviter les précipices gros comme une maison qui lui tendaient les bras : ni mort de la maman sur fond de soleil couchant et de Malher aussi, ni reconstitution de la cellule familiale à la dernière seconde et youp la boum, juste une chronique compliquée et simple comme la vraie vie, même si elle risque de ne pas me laisser grand-chose au bout du compte (à part la sympathie massive que je ressens pour G.G), mais n'est -ce pas le lot de presque tous les films ?

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19 février 2015

ne vous retournez pas

IT FOLLOWS
de David Robert Mitchell

Chez Metrop*litan (le distributeur du film), ils ont un(e) attaché(e) de presse qui frise le génie -celui (ou celle) qui a su orchestrer  (mettre en place) cette unanimité de trompettes critiques louangeusisissimes (excepté, grosso modo, Pierre Muratchounet, mais c'en était presque trop prévisible) mérite vraiment des applaudissements tout aussi unanimes, et, allons-y, une standing ovation. (Je viens de vérifier, il semblerait que c'est un (attaché) et qu'il s'appelle Pascal Launay). Clap clap donc.-
Du coup c'est vrai que j'en avais très très très envie, et que j'ai profité de ma pause dominicale au FICA (le dimanche ici, c'est l'hor-reur!) pour filer jusqu'à Besac pour le voir, malgré un avis téléphonique rapide mais plutôt refroidissant de Dominique, qui l'avait vu hier. Passant outre, j'y ai donc pourtant couru.
Vous ne pouvez pas ne pas connaître le pitch (allez, peut-être que vous avez été dans le coma pendant quelques mois.... alors c'est juste pour vous au creux de l'oreille) : une bande d'ados américains, dans une petite ville américaine typique (on s'attendrait presque à voir écrit dans le coin "Haddonfield, Illinois") est la proie de "croquemitaines" qui se transmettent (ou dont on se débarasse, au choix) en faisant l'amour. (Et il n'y a que celui -ou celle- qui est contaminé qui peut voir "ce" qui le suit et le harcèle -et espère le boulotter, ou un truc du genre).
Ca commence classique : nuit d'été, quartier résidentiel, porte qui s'ouvre et nymphette en nuisette qui s'enfuit dans les rues, qu'on retrouvera au petit matin sur la plage, morte. Et ça continue dans la même ambiance : on fait ensuite connaissance de l'héroïne, celle qu'on va suivre pendant tout le film, d'abord avec un jeune homme en train de faire crac crac, puis en position moins agréable lorsqu'elle se retrouve attachée sur une chaise par le jeune homme en question  qui lui promet de ne  lui faire aucun mal, mais qui doit quand même lui expliquer le problème en détail, pour qu'elle tente d'y faire face. L'héroïne, donc, qui tente de faire face, aidée de ses copains/copines, ami(e)s d'enfance, voisin(e)s, sa bande quoi. (Comme l'a fait remarquer un critique, il n'y a pratiquement ni adultes ni enfants dans cet univers-là : que des ados, un micro-univers d'ados, avec des inquiétudes d'ados, des réactions d'ados, mais beaucoup moins stupides et clichetonnés que la majorité des ados vus au cinéma dans les films d'ados pour ados (à la différence que le réalisateur a déclaré avoir voulu -enfin- faire un film d'ados pour les adultes...)
Le film est malin, il faut le reconnaître, traçant son petit bonhomme de chemin horrifique (très légèrement horrifique, je vous rassure : ni sadisme crade ni sanguinolerie gore ni tripaille glauque à la mord-moi-le saw, le film est juste interdit aux moins de 12 ans) et tout aussi légèrement fantasmagorique, en suivant une très bonne idée de départ, mais qu'on a ensuite le droit de trouver pas forcément toujours aussi hyper-bien exploitée que ça par la suite (on a toujours l'impression que le réalisateur "en garde sous le coude", qu'il pourrait sans problèmes aller plus loin, plus fort,  mais qu'il se contente de ça, même si c'est déjà très bien, alors que ça aurait  pu être très mieux.)
C'est vrai qu'il y a des lointains petits airs d'Halloween, comme un clin d'oeil amical et complice à Papy Carpenter (le décor, les protagonistes, et, progressivement et de plus en plus au fil du film la musiquette électronique et plutôt bien foutue qui enveloppe tout ça) mais sans "le" croquemitaine, figure une indivisible et matricielle du serial-killer, (résumé-type : un méchant psychopathe extermine toute une flopée de jeunes gens de façon(s) violente(s) et horrible(s)), puisqu'on en aurait plutôt ici un certain nombre (chacun le sien) pas vraiment horribles ni spécialement défigurés. Inquiétants. Lentement inquiétants. Juste, ils marchent. (ce qui laisse aux victimes potentielles le temps de prendre un peu d'avance). On serait plus dans un patelin à la David Lynch (qui veut la peau de Laura Palmer) plutôt qu'à la Wes Craven (quoique... des ados qui rêvent... peut-être... qu'ils sont en train de rêver... hmmm where are you Freddy ?  Ne manqueraient plus que le pull rayé et la main en fer... mais manquerait alors l'humour grinçant, le sarcasme, que ne pratique pas en apparence David Robert Mitchell).
Disons, répétons, que le réalisateur est un petit futé, qui a bien assimilé ses bases et ses références, et nous concocte un univers à la fois très déjà vu et rebattu, mais pourtant éclairé plaisamment avec sa petite lampe-torche individuelle, son pinceau lumineux perso, toiletté avec sa musiquette à lui, et qu'on y prend plaisir, sans qu'on sache vraiment sur quelle étagère pouvoir le ranger par la suite. Quel est le pourcentage de "sérieux" ? Moi qui suis extrêmement bon public (je pleure quand il faut pleurer, je ris quand, etc.) là je dois dire que je n'ai -me semble-t-il- pas du tout eu peur. Ou alors presque pas. Ces zombies-là sont plutôt minimalistes, et impressionnent plus par leur obstination, leur détermination, que par les effets spéciaux ayant contribué à leur apparence. Ils sont à la fois présents et singulièrement absents, inexpressifs. ils sont juste là, on n'y peut rien, c'est inévitable, ils finissent toujours par être là, par y arriver. Et ces pauvres ados n'ont pas grand-chose à y faire, à part fuir et/ou  tenter d'avoir des rapports sexuels (que voilà un dilemne cruel pour la prude et puritaine Amérique contemporaine : le cul comme remède à la possession fantastique... fallait y penser, non ? (mais bon Pierre M. trouve ça dégueulasse).
Les Inrocks ont trouvé ça sublime (et le disent en gros sur toute la largeur de l'affiche) Mais paresseux aussi (et cajoleur) -c'est dit en petit dans l'article- . On a un peu l'impression que tous les journalistes ont peu ou prou fumé la même moquette,comme s'ils n'étaient pas allés voir un film de djeunz qui se font agresser par une entité maléfique depuis... oh au moins 30 ans! et que du coup ils se sont tous mis à ronronner d'aise en faisant quasiment sous eux de bonheur...
David Robert Mitchell a sans conteste réussi son coup, et moi, je crois qu'il faut que j'y retourne, pour savoir vraiment ce que j'en pense, et essayer de voir ce que les autres y ont vu...

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... J'ai touché l"fond l'a piscine..." (air connu)

 

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18 février 2015

Les festivals se suivent... De retour de

Les festivals se suivent...

De retour de Clermont, j'ai enchaîné avec Vesoul (ça facilite les choses quand on y habite) : classiquement, sans accrédit', en payant scrupuleusement 71€ pour un "pass"... (oui oui j'ai ma conscience pour moi)

Un débit plus "modéré" qu'à Clermont (les enchaînements sont moins faciles, l'édition des places pour chaque séance est plus fastidieuse, l'énergie est -c'est vrai- sans doute un peu moins inentamée : si je suis bien là aux séances du matin (même si je m'y endors de temps en temps), je zappe par contre celles du début de soirée).


MERCREDI 11 :
10h : SUZHOU RIVER (Lou Ye) ***
14h : CHIEN ENRAGE (Akira Kurosawa) ****
16h : FILATURES (Yau Nai-Hoi) ***
18h : LE LOTUS ROUGE (Som Ock-Southiponh) **

JEUDI 12 :
10h : UNE NUIT DE GLACE (Que Wen) **
14h : RAINY SEASONS (Majid Barzegar) **
16h : DON'T THINK I'VE FORGOTTEN ( John Pirozzi) ****
18h : THE LAST STEP (Ali Mossafa) ****

VENDREDI 13 :
10h : AVANT L'AUBE (Balaji K.Kumar) ***
12h : ARE VAH! (Micha Patault) **
14h : HAPPY TIMES (Zhang Yimou) ***
16h : BETHLEEM (Yuval Admer) ****

SAMEDI 14 :
9h30 : LES MANUSCRITS NE BRÛLENT PAS (Mohammad Rasoulof) *****
14h : SONG OF THE PHOENIX (Wu Tianming)***
16h : EXIT (Chienn Siang) ***
18h : XIAO-WU (Jia Zhang-ke)***

DIMANCHE 15 :
9h45 : JE NE SUIS PAS LUI (Tayfun Pirselimoglu)****

LUNDI 16 :
10h : SUNEUNG (Shin Su-wong)***
14h : A CAPELLA (Lee Su-jin) ***18h : I AM NOT ANGRY (Reza Dormishian)***

MARDI 17 :
9h45 : ENTRE LE CIEL ET L'ENFER (Akira Kurosawa) ***13h45 : BLINDSHAFT (Li Yang)***
16h : PLEASE DO NOT DISTURB (Mohsen Abdolvahab)***
18h : UNE FAMILLE RESPECTABLE (Massoud Bakshi) ***

Six films iraniens, un turc, un israélien, j'ai fait dans le mâle à poil dur et à cil de gazelle. J'ai été surtout très... impressionné  par l'acteur anonyme qui incarne un tueur barbu à bonnet (et sans émotion ou presque) dans le très dur Les manuscrits ne brûlent pas. Il y a eu aussi les mineurs de Blindshaft, la très rapide QV de Xiao-Wu, et l'appétissant papa turc de Je ne suis pas lui (quand il a encore la moustache)...

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14 février 2015

chute de piano

LES JOURS VENUS...
de Romain Goupil

En entrant dans la salle je pensais "capital sympathie". Comment certains l'ont, et d'autre pas, et, surtout, combien ce n'est souvent ni justifiable ni mesurable. Juste l'avoir ou pas, c'est comme ça. Et, pour moi, Romain Goupil l'a. Totalement, inconditionnellement, indéfectiblement. Sans que je puisse réciter sa filmographie les yeux fermés en roucoulant d'aise (je me souviens juste d'Une pure coïncidence d'exquise mémoire) ni dresser la liste des éléments qui font que. La preuve (!) : je suis allé jusqu'à Besac pour voir son film (100 bornes a/r, tout de même), alors que la bande-annonce ne m'avait pas complètement convaincu (je trouvais qu'il y jouait un peu "faux"), film dont j'ai beaucoup de mal, allez savoir pourquoi, à me rappeler du titre.
Et à la sortie, j'étais joyeux comme un gamin, et j'avais juste envie de rester là et d'applaudir. Oui, comme un gamin (il faut dire que la scène finale s'y prête, et qu'il s'est tout de même gardé une cerise croquignolette sur son gâteau rouge (couleur de l'affiche).
Pour le fond (et la forme), j'ai un peu pensé au Prochain film de René Féret (autre cinéaste un peu de marge pour lequel je parlerais plutôt de "tendresse"...). Un cinéaste qui parle de lui ou de quelqu'un qui lui ressemble vraiment beaucoup, un projet de film, des amis, une famille, la vie de tous les jours, des soucis, des questions, des colères, des souvenirs... On prends du vrai, du faux, de l'inventé du fictionnel, on les détricote, on les rembobine, on les recompose, on les retresse... Une forme  un peu... informe(lle), un peu lâche, un peu vague, un genre de bout-à-bout presque désinvolte, ou Romain Goupil se filme, filme sa famille, ses amis, (les vrais) mais leur adjoint sa "banquière" (Valeria Bruni-T), sa "productrice" (Noémie Lvovsky), sa "co-listière dans l'assemblée de je-ne-sais-plus-quoi" (Marina Hands), des vraies-vraies gens et des vraies-fausses aussi, donc, tout ça parce qu'il a envie de raconter l'histoire d'un mec avec une caméra, parce qu'il a soixante ans passés (enfin, il est dans sa soixante-et-unième année) et souhaite visiblement faire une sorte de point (comme un peu ce que j'ai fait en septembre sur ce blog, genre "moi ma vie mon oeuvre que laisserai-je donc aux générations futures ?") sur sa vie, justement, sa carrière, ses projets, son engagement, ses amours, etc.
Sauf que c'est beaucoup plus léger drôle et sympathique que ce que j'ai l'air de vouloir écrire, si si!
Voilà, moi j'ai simplement trouvé ça très plaisant, très agréable, sans prise de tête, Goupil nous montre qu'il se moque de lui-même mais pas trop, sans trop se prendre au sérieux, ce qui semble provoquer de l'eczéma aux gens des Cahiaîs, entre autres. Alors qu'il n'y a visiblement pas de quoi fouetter (c'est drôle, j'avais écrit fêter) un "ex" (qu'il soit révolutionnaire, ou mao, ou trotskyste ou néo dissident de la gauche prolétarienne plus rouge que moi tu meurs ou que sais-je encore d'autre).
Ca m'a beaucoup plu, oui, voilà. Ce fatalisme rigolard, ce nombrilisme j'm'enfoutiste, cet optimisme désabusé comme qui dirait ça me touche... (je suis dans ma soixantième année !!!)

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11 février 2015

3 films à paris

oui quand on est retraité,fatalement, on prend du retard...
trois films vus la journée passée à Paris avant d'aller à Clermont :

SNOW THERAPY
de Ruben Östlund

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On m'en avait dit le plus grand bien, j'ai commencé donc par celui-ci. Une histoire de famille suédoise en vacances à la neige où les relations entre personnages vont être remises en question parce que le papa, à l'arrivée d'une avalanche, a tourné les talons pour se sauver, ne pensant qu'à sa petite gueule, au lieu d'essayer de protéger ses enfants et sa femme (qui s'en sont d'ailleurs très bien sortis sans lui...) Tempête dans un verre d'eau conjugal (et dans les couloirs d'un hôtel) un poil trop longuet à mon goût. Heureusement qu'on part ensuite skier en famille dans le brouillard puis qu'on monte dans un bus conduit par un chauffeur inexpérimenté. Mouais.

FOXCATCHER
de Bennett Miller
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Celui-là j'en avais envie, non pas seulement à cause des maillots de lutteurs et des positions ambigues que ceux-ci adoptent parfois pendant les matches, mais surtout à cause de la présence de Mark Ruffalo-chérichéri dans le rôle du frangin. Steve Carell est perversement inexpressif (et inexpressivement pervers) en milliardaire manipulateur, mais Channing Tatum aussi l'est, (dans le rôle du lutteur manipulé). "D'après une histoire vraie" n'est pas forcément pour moi un plus, au contraire. mais j'avoue que j'étais à la fin un peu perplexe (et qu'il a fallu que j'aille farfouiller à droite à gauche pour en savoir (réussir à en comprendre) un peu plus. Re-mouais.


LISTEN UP PHILLIP
d'Alex Ross Perry

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Celui-là, pour être franc, je n'avais au départ pas du tout prévu de le voir, (même son titre ne me disait rien) mais une affiche de pub dithyrambique dans le métro + le fait que je ne pouvais plus choper le Larry Clark pour des histoires d'horaires ont fait que j'y suis donc finalement allé (salle 37 ou 39 je ne suis plus sûr, en tout cas la toute dernière à l'UGC). Il y a Jason Schwartzman, il y a un entêtant parfum de David Lodge dans sa très drôle trilogie d'Un tout petit monde (universitaires, admirations, jalousies, bouquins, sentiments) et un indéniable estampillage "indépendanto-sundancien" (et un personnage qui m'a évoqué le Philip Roth de La Tache, mais je peux me tromper). Re-re-mouais.

9 février 2015

madame irma ?

Yessss...
Qui est-ce qui a remporté le Grand prix du jury en Selection Nationale cette année à Clermont ?

TON COEUR AU HASARD
de Aude-Léa Rapin

Prix ADAMI d'interprétation, Meilleure Comédienne (2015) - Julie Chevallier ,   
Mention Spéciale du Jury (2015) à l'interprète masculin Jonathan Couzinié ,   
Grand Prix (2015)

Eh eh... Ma boule de cristal en rosit d'émotion...

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8 février 2015

froides sueurs

PHOENIX
de Christian Petzold

Hitchcock avait adapté pour son Vertigo un roman de Boileau-Narcejac (D'entre les morts) que j'ai lu quand j'étais jeune, et Christian Petzold vient d'adapter pour son Phoenix un autre "vieux" polar français de la même trempe, Le retour des cendres, d'Hubert Monteilhet, que j'ai lu aussi quand j'étais jeune...
Une homme et une femme. Une femme morte. Un homme qui utilise une femme pour la faire ressembler à celle qui est morte. Il y a entre les deux histoires d'interrogeantes similitudes. Chez Hitch, c'était Kim Novak, dans les deux rôles, chez Petzold c'est -bien entendu s'en réjouiront -et bruyamment- certains- l'iconissime Nina Hoss.
Elle commence le film assez mal en point. Rescapée des camps,  elle est méconnnaissable, le visage couvert de pansements (ça n'est jamais bon signe, dans un film, un personnage -surtout féminin- avec le visage bandé).

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Elle est prise en charge par une amie, confiée à un chirurgien qui lui refait le visage "comme elle était avant", et, de retour dans sa ville, la voilà qui cherche son mari, dont on lui annonce pourtant qu'il l'aurait lui-même dénoncée et livrée aux nazis. Mari qu'elle retrouve dans un cabaret, le Phoenix, figuré à l'écran par un rectangle rouge. Un Johnny du genre "Fais-moi mal Johnny..." ou "Johnny tu n'es pas un ange..." Sauf qu'il ne la reconnaît pas. Mais décide de la "prendre en main". Pour essayer de la faire ressembler à sa (qu'il croit défunte) femme  (elle-même, donc), pour arnaquer les assurances et récupérer un gros paquet de fric (l'héritage de sa femme). Sauf qu'il trouve qu'elle ne s'y prend pas très bien et n'est pas trop ressemblante.
Le film opère une impressionnante condensation, comme si Hitchcock avait été réécrit par Pirandello, scénographié par Brecht, et filmé par Fassbinder. (Toutes références qui me sont ainsi venues pendant la projection). Sueurs froides, c'est évident, sauf que la motivation n'est absolument pas la même (l'amour fou d'un côté, la cupidité de l'autre). Brecht pour le contexte (Allemagne, après-guerre, misère, violence) un peu daté, stylisé, Pirandello pour les jeux de miroir sur l'identité et le modus operandi, et Fassbinder pour les mêmes raisons que Brecht, mais cinématographiques (Ah, Le mariage de Maria Braun...) et l'énergie sèche qui va de plus en plus irriguer le film, à partir de ce point de départ convenu ("théorique") et quand même assez invraisemblable), et cette mise en route laborieuse de la fiction, pour l'élever "en douceur" vers une scène finale (deux, même : la gare, puis la chanson) magnifique.
(J'avais arrêté là la rédaction de ce post il y a une dizaine de jours, avant de partir pour Clermont, et il serait difficile que je le continuasse ainsi, et je le livre donc en l'état.)

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(l'affiche française, que je trouve -pour une fois- plus judicieuse que l'affiche originale...)

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26 janvier 2015

"ce film n'existe pas encore"

REALITE
de Quentin Dupieux

Oh le plaisir! Oh le bonheur! Oh la jubilation! C'était  le premier film de la journée de prévisionnement à Lure, et ce n'était pas forcément celui dont j'attentais le plus. Après un Rubber que j'avais adoré, puis un Wrong en demi-teinte, et un Wrong cops encore en demi-teinte (on en était donc au quart-de-teinte), je ne savais pas trop à quoi m'attendre...
Le système Dupieux dès l'ouverture (de la chasse ?) se met en place : au départ un bout-à-bout de scènes qui n'ont rien à voir entre elles : un papa qui tue un sanglier pendant que sa fille l'attend dans la voiture, un animateur avec un costume de rat qui se gratte en questionnant son invité pendant une émission culinaire, un des cameramen de cette émission qui va présenter son projet de film d'horreur à un producteur, un grand monsieur barbu habillé en femme dans une jeep militaire qui s'arrête pour cueillir des fleurs...
Puis chacune des scènes se dérègle légèrement : dans le sanglier, il y a une cassette vidéo ; l'eczéma du présentateur semble imaginaire ; l'entretien entre le réalisateur et le producteur se fragmente et se recompose ; le grand monsieur jette les fleurs qu'il vient de cueillir devant la porte d'une maison où il vient de sonner...
Puis surgissent les interférences, entre les différents segments, et le film se dérègle encore légèrement plus : la petite fille et son papa sont dans un film regardé par le producteur, et pourtant ont croisé en voiture le grand monsieur habillé en femme qui est pourtant dans un rêve que ce monsieur raconte à sa psy, qui n'est autre que l'épouse de... Bon je ne vais pas faire mon Télérama et vous raconter toute la suite (ni toute la fin) mais tout ça va s'emberlificoter de plus en plus inextricablement (et jouissivement) : le "réel", le filmé, le raconté, le rêvé, l'imaginé, à tel point qu'à la fin on ne sait plus du tout qui est vraiment qui, qui filme qui et qui rêve de qui... Tout ça délicieusement nappé de "la musique qui rend fou" (Phil Glass, Music with changing parts) -dixit Jean-Luc-.
On peut s'amuser à (essayer de) compter, par exemple, combien il y a de films dans Réalité (ah, au fait, c'est juste le prénom de la petite fille, hein) et tenter de tracer un diagramme sagittal (ou un diagramme de Carroll -Lewis!- vous vous rappelez des maths modernes ?), sauf qu'on se rapprocherait plutôt, ici, de la folie douce, voire de la furieuse...
Contrairement à ses précédents films, Réalité est "rigoureusement" cohérent dans son incohérence (à moins que ce ne soit le contraire) et c'est pour moi, sans aucun doute, le meilleur film de son réalisateur. Et peut-être celui qui, grâce à la présence d'Alain Chabat, pourrait peut-être lui permettre (sans doute, je l'espère) de trouver son premier grand succès public (il le mérite!).
Pour citer Poe (ou Propaganda) : "Just a dream within a dream"... Mais à la puissance n (ou même n+x ?)

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