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lieux communs (et autres fadaises)
24 janvier 2015

entregent

MOMMY
de Xavier Dolan

"Les sceptziques seront confondzus..." disait la dame dans la bande-annonce, et j'aimais bien cette phrase, transcendée par cet ineffable accent québecois. Je l'étais (sceptique) puisque je n'y étais pas allé (voir Mommy), et je le fus (confondzu) parce que j'ai fini par y aller, mercredi, premier jour du Festival Télérama où, dans le bôô cinéma, on passe, cette année, tout. Les 16 films. Et puisque j'en avais tout vu, sauf le garçon et le monde et, donc, Mommy, les 3,50€ furent donc un bon prétexte pour y aller, ainsi que la perspective de le voir assis entre mes amies Manue et Catherine.

Deux heures et quart plus tard, me voilà assis à la fin du générique, remué par ce que je viens de voir, et agité par tout un tas de pensées. Oui, Xavier Dolan m'exaspère toujours autant, mais il faut reconnaître que tout ça est très bien fait. Bien conçu, bien réalisé, bien filmé, (avec toujours ce sens  aigu du réalisateur qui nous dit "regardez comme je sais bien filmer..."). Peut-être le fait que je ne sois pas un parent, d'une façon générale, ou une mère, plus précisément, fait qu'il y a là-dedans quelque chose que je ne pourrai jamais réussir à appréhender, de la même façon que, étant athée (ou agnostique) je ne pourrai jamais comprendre qu'un musulman ne puisse supporter la représentation du visage de son prophète. On est un peu dans le même genre de ferveur, quand je pense au visage de mes amies (Marie, Isabelle, Dominique, Fabienne...), comme il s'illumine lorsqu'elles parlent du film (et me vient alors le visage de Catherine Mouchet dans Thérèse...).
J'avoue que le premier quart d'heure, j'étais sur la défensive. S'habituer au flot de joual (les sous-titres sont bien utiles, quand le gamin se lâche), à la violence de chacun des deux personnages (la mère/le fils, oui voilà bien une problématique qui me restera - hélas ? - à tout jamais étrangère) principaux, au format carré, qui confine notre oeil de spectateur blasé habitué aux grands horizons du scope, à la répétitivité de l'alternance du rythme (méchant/gentil, calme/énervé), et puis paf! une scène de skate avec une morceau voix/piano (Craig Armstrong, si j'ai bien lu le générique) fait mouche (je me surprend à penser "ça c'est très bien, d'utiliser en accompagnement une musique qui a priori ne va pas du tout avec ce qui est montré..." et je me rappelle que Xavier Dolan est toujours très doué pour les bandes originales de ses films (j'ai adoré celle de Laurence, anyways alors que je n'ai pas aimé le film -oh cette grandiose séquence d'ouverture en caméra subjective sur A new error de Moderat...) , et cette idée de faire écarter le cadre par le gamin (et, bon, de tirer ensuite un peu sur cette corde, et c'est drôle de constater que beaucoup de spectateurs/trices ne s'en rendent pas compte, des changements de largeurs successifs, même moi, par exemple, je ne pourrais pas être absolument certain de celle de la dernière scène : wide or narrow ?), puis, un peu plus tard, cette très belle scène dans le karaoké, et ainsi de suite...
Oui oui je fais amende honorable : Mommy est un film fort, un excellent film (même si je ne le rangerais pas tout en haut de l'étagère en tant que film de l'année comme beaucou(e)p le firent dans leurs différents top 10 de 2014), et Xavier Dolan est un jeune homme aussi doué qu'il est exaspérant (et cela explique sans doute ceci.) Il faut lui reconnaître qu'il a la chance d'avoir un trio d'actrices/teurs extraordinaires, des stradivarius de l'acting (si les deux actrices sont vraiment bluffantes, on les connaissait déjà, on savait qu'elles étaient capables du meilleur, mais le môme, enfin, le jeune, est tout aussi magnifique, et ce d'autant plus que c'est la première fois qu'on le voit, et qu'il nous laisse, contrairement à lui, sans voix...) Il faut lui reconnaître, sans doute, tout autant, un sens du marketing, un don certain pour se vendre et (sur)vendre son film, et une roublardise  d'autant plus confondante qu'elle est déguisée en naïveté (il y a quand même quelques scènes que je rangerais entre racolage et putasserie, non ?)

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..et je ne peux résister au plaisir de vous citer les deux critiques qui n'ont pas succombé à la folie du ***** (cinq étoiles : magnifique et indispensable) :- le résumé d'écran large :
"Mommy se voudrait enlevé, coloré et pop. Mais Dolan accouche d'une souris cramoisie, hystérique et vulgaire."
- et l'article de critikat, ici, que je trouve plutôt juste et bien fichu, non ?

PS : ça y est Pépin, j'ai rempli ma part de notre contrat! et toi?

etoyenne

22 janvier 2015

mimi cracra

FIDELIO, L'ODYSSEE D'ALICE
de Lucie Borleteau

J'ai revu avec grand plaisir ce film vu à Paris fin 2014, dont l'héroïne, Alice (jouée par la magnifique Ariane Labed), bosse comme mécanicienne dans la marine (sur les gros bateaux, donc, et même dans les gros bateaux, plus précisément), oui, Alice est marin, et elle a donc quasiment deux vies : celle en mer ("ce qui se passe en mer reste en mer"), et l'autre, celle à terre. Et deux mecs, aussi. Celui qu'elle a à terre (un délicieux et rafraîchissant norvégien, le jeune homme touchant qu'on a déjà vu dans Oslo, 31 août)) et celui que le hasard va lui faire retrouver, dix ans après, sur le bateau où elle vient bosser, l'homme dont elle avait été (dont elle est toujours) "follement" amoureuse. Cet homme, il est joué par Melvil Poupaud. Et c'est un bonheur de voir qu'il n'a plus 12 ans, qu'il n'a plus 16 ans, ni même 18 ans, et arbore désormais, à l'âge adulte, une séduisante quarantaine mal rasée., une maturité tout à fait vraisemblable...
L'essentiel du film, comme l'essentiel de la vie d'Alice, se passe à bord du Fidélio, filmé avec beaucoup de justesse et de proximité. Les machines, le boucan, les tenues de travail, les coursives, les clopes, la réalisatrice n'hésite pas à mettre tout de suite les mains dans le cambouis (et avec un certain plaisir semble-t-il), farfouillant dans  les entrailles du bateau et de la grosse mécanique avec le même plaisir qu'elle ausculte les rouages (compliqués eux aussi) de la vie sentimentale et sexuelle d'Alice.
Comme suivant un certain tanguage (roulis ?) permanent, une instabilité assumée, un certain équilibre du récit se met en place, un va-et-vient entre les gens (la vie à bord), le décor (on pense au cargo spatial d'Alien) les mots (dits, écrits, lus, échangés...), le(s) corps aussi (Alice expérimente le plaisir de différentes façons possibles, mais non non détrompez-vous ce n'est ni Emmanuelle ni Les infortunes de la vertu, bien au contraire), toutes choses auxquelles la réalisatrice entremêle  une strate supplémentaire de narration : le journal d'un marin solidaire et suicidé, retrouvé par Alice à son arrivée dans sa cabine, qu'elle va lire tout au long du film (et qui va connaître ensuite plusieurs destinataires).
J'ai du mal à savoir exactement pourquoi j'aime autant ce film... un étrange phénomène d'identification se met en place, de métamorphose, d'incarnation. Ce vieux rafiot, ce  gigantesque corps métallique rouillé aux entrailles anxiogènes, cette paroi hors de proportions, bleue ici et rouge là, se fond progressivement avec le contenu même du récit, devient la façon de le raconter, ces coursives (étroites) qu'on parcourt, où l'on pourrait parfois se perdre, ces échelles pour y entrer (ou en sortir), ces passerelles jetées par la réalisatrice entre des lieux hétérogènes (comme le seraient des sentiments plus ou moins avoisinants avec des sensations plus ou moins proches), et, beaucoup plus que l'ensemble du bâtiment (peut-être trop imposant, ou sujet d'appréhension), ce qui devient important c'est ce qui, a priori, n'est justement pas important, les petites choses, les détails.
Lucie Borleteau a un sens inné du détail, et c'est ce que Fidélio (on notera  tout de même que le bateau donne son nom au film) pourrait être surtout : une revue de détail(s) à la précision touchante, troublante. Comme on inventorierait le contenu d'un tiroir (je le sais, je me suis déjà livré ici à ce genre d'exercice) plein à ras bord, des choses mélangées, des importantes, des futiles, des cruciales, des douces, des désagréables, qui, mises bout à bout pourraient apporter des précisions pour ébaucher quelques portraits, en creux, des différents personnages et de leurs relations, de la façon dont les fils de leurs histoires se croisent, se mélangent, interfèrent, font des noeuds, ou se cassent...
Sans parler de ce qui s'y dit (et montre, et fait), sur l'amour. Les amours, sans doute. Les différentes façons de l'envisager, comme ces parcours sur mer (orthodromie ou loxodromie) à propos desquels il nous est expliqué que la ligne droite n'est pas forcément le plus court chemin d'un point à un autre, alors, imaginez, la complexité du parcours affectif entre deux êtres...
Alice a le choix, Alice a les choix, et le luxe incroyable de ne pas être forcément obligée de choisir (c'est drôle, je me suis aperçu, en le revoyant, que j'avais complètement oublié cette fin ouverte, ce délicieux et insolent jeu des regards...) Quel beau portrait de femme en forme de bateau...

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19 janvier 2015

comme des bêtes

LES NOUVEAUX SAUVAGES
de Damian Szifron

Miam! Un film à sketches férocement noir qui nous arrive d'Argentine! (Qui aurait eu sa place dans notre Semana Latina 4, mais non le directeur du bôô cinéma en a décidé autrement, puisqu'il le passe cette semaine, en VF et en VO. Tant pis, dommage, car on n'a pas trop trop l'occasion de se gondoler avec la plus grande partie du cinéma sud-américain, il faut bien le reconnaître,j et cette bouffée de "comédie" aurait été la bienvenue...)
Deux heures, six histoires qui racontent que la vengeance est un plat qui se mange... à diverses températures. Un avion, un snack-bar, une voiture, une contravention, un accident, et un mariage. Voici les six lieux/prétextes/causes de chacune des  histoires. la première, celle qui ouvre le récit, est un peu à part, puisqu'on n'en verra jamais le protagoniste central, mais les autres fonctionnent sur le même thème (basique) : une "victime" (d'une injustice) qui souhaite se venger. Action / réaction. Et chaque récit est conçu comme une surenchère, à la fois dans sa logique interne mais aussi dans la place qu'il occupe dans le récit, l'importance étant donnée à la chute de chacun des segments (et l'ensemble pourrait évoquer, par son aspect bête et méchant, et violent, les délicieux et italiens Nouveaux monstres, (dans les années 70 et quelques, oui, oui, quand il y avait encore des dinosaures, et que les téléphones étaient des machins lourds avec des fils tortillonnés) et leur mauvais esprit -même si ceux-ci étaient -en apparence- moins violents.) L'ambiguité de la ressemblance avec Les nouveaux monstres est d'ailleurs entretenue par le titre français, alors que l'original n'évoquait que des Récits sauvages.
Bon, évidemment, on n'est pas dans un cinéma d'auteur esthète minutieux et que sais-je d'autre. L'important est ce qui est montré, beaucoup plus que comment ça l'est. C'est filmé avec énergie, on n'est pas là pour admirer la rigueur dans la composition des plans ou la sublimité des mouvements d'appareil. Du cinoche efficace, avec des cojones, qui devrait plaire au plus grand nombre (qui ira d'ailleurs le voir, je le crains, en version doublée hélas), nappé d'un humour jusqu'auboutiste (il y est très souvent question d'en arriver aux dernières extrémités) comme son aîné transalpin de jadis. Et il n'y a pas que les mecs qui se vengent! (Et, question violence, les femmes sont tout à fait à la hauteur!) Cette violence, c'est vrai, on y était tout de même habitués, elle est presque toujours présente dans les différents films sud-américains qu'on a pu voir ces dernières années (à quelques exceptions près...), et la voir ainsi utilisée à la louche, en tant que ressort comique, dans la surenchère et l'exagération -quoique oh si peu...-, a quelque chose de plaisant et d'assez joyeusement régressif.

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17 janvier 2015

pied-de-biche

PASOLINI
d'Abel Ferrara

C'était le dernier jour, la dernière séance, et justement la bonne heure... Je n'avais pas eu l'envie (ni l'occasion, ça tombait bien) de voir le dernier, avec Gros Gégé, mais celui-là si... La mort de Pasolini, pour moi, c'est d'abord et surtout cette scène magnifique de Journal intime de Nanni Moretti ("Je n'avais jamais vu l'endroit où Pasolini a été assassiné..."), avec le trajet en scooter et la jolie musique (de Keith Jarrett me semble-t-il).
Ferrara nous raconte la dernière journée de PPP, des faits, dans l'ordre chronologique, ce que l'on sait, d'abord, puis ce qu'il imagine, et c'est un Willem Dafoe tout à fait splendide qui l'incarne, de façon hallucinante (où le mot "incarnation" serait vraiment justifié).
On commence par le visionnage d'un extrait de Salo (une copie curieusement doublée en français, d'ailleurs), le film doit sortir prochainement, et il est question des réactions qu'il ne va pas manquer de produire, puis on va suivre Pasolini au fil des rencontre et des actions de cette dernière journée (une très belle critique dans Libé sur le fait que Ferrara ne filme que des "fins de quelque chose", dans tous ses derniers films).
Il est question de  mots, de parole, de création, au fil de cette journée : un roman en cours d'écriture, une interview à domicile avec un journaliste, un projet de film raconté dans un restaurant, Pasolini est présenté comme un auteur, un artiste, un "politique" aussi, d'une certaine façon, mais aussi comme un homme, juste comme un homme, avec des besoins d'homme, des relations d'homme qu'elles soient sociales, affectives ou sexuelles (concentriquement : les gens,  les connaissances, les amis, sa mère, et, bien sur, les ragazzi).
Ferrara réussit à rester très simple dans la forme, prudent presque, respectueux il semblerait.
"Scandaliser est un droit, être scandalisé, un plaisir." fait-il dire à son personage, en ayant, paradoxalement, l'extrême intelligence de, justement, ne pas cherche le scandale, l'esbrouffe, la provocation. Le paparazisme. Un beau portrait, d'une simplicité désarmante, excellemment soutenu (porté) par un Willem Dafoe exceptionnel.

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16 janvier 2015

chrono (pas si) logique

CAPTIVES
d'Atom Egoyan

Je suis Atom Egoyan depuis... longtemps (The adjuster est le premier de lui que j'ai vu, à l'Eldo à Dijon) Il n'y a finalement pas eu tant de films que ça depuis ! Et l'intérêt des débuts s'est progressivement dilué, jusqu'à disparaître complètement pour les derniers films. Mais là, allez savoir pourquoi, la bande-annonce, les paysages enneigés, l'aspect thriller paranoïaque (retors en tout cas), Ryan Reynolds, bref j'avais envie, et hop! je me suis lancé (une séance en VO aux Bozarts!) sans en lire aucune critique.
Une fillette est enlevée dans la voiture de son père pendant que celui-ci achetait des tartes cerise-rhubarbe dans un truck stop au milieu d'un nulle part enneigé. Plus tard, on comprend qu'elle est séquestrée on ne sait où (ni elle non plus) par un affreux et chichiteux pédophile (difficile de rendre un personnage plus insupportable d'emblée), qui l'utilise pour appâter de nouvelles jeunes victimes via internet.
Huit ans après sa disparition, son père n'a pas perdu espoir et continue la traque, espérant parvenir à la (re)trouver, après avoir pu brièvement la rencontrer au milieu d'un autre nulle part tout aussi enneigé. Il y a aussi sa femme, qui lui en veut toujours depuis huit ans d'avoir laissé perdre leur fille, et aussi une fliquesse noire, qui depuis huit ans aussi continue de s'intéresser à l'affaire, secondée par un autre flic blond et tough qui a eu visiblement une jeunesse tourmentée... (comme une piste de scénario dont le réalisateur se dirait Je l'utilise ? Je ne l'utilise pas ?)
Voilà grosso modo le tissu narratif du film que le réalisateur, hélas, s'ingénie à tordre, découper, recouper, empiler à la va-comme-je te-pousse, complexifiant encore une narration déjà au départ pleine de trous d'air et de zones d'ombre. Quel intérêt y a-t-il a ainsi mélanger exprès les strates temporelles, juste, pour, semble-t-il, le plaisir d'emberlificoter le spectateur?
Il y a toujours eu, chez Egoyan, plusieurs constantes, sur la forme (complexification plus ou moins gratuite de la narration) autant que sur le fond (une certaine fascination pour le mal, les différentes façons de le faire, la transgression des interdits, avec toujours l'apparence du "bien", du normal, du conforme, du rassurant ...). Là, le "cahier des charges" egoyanien est respecté, bien trop scrupuleusement même, avec une curieuse -et maladroite- accélération finale, une dernière ligne droite à toute berzingue où hop hop hop tout est soudain éclairci découvert arrangé réglé happy-endé, tellement vite d'ailleurs, que le réalisateur laisse arriver le générique final sans même se donner la peine de régler le sort d'un des personnages qu'on sait en pas trop bonne posture mais dont un autre personnage dit à son propos que "ça va s'arranger". Une ou deux minutes de plus, ça n'était pas grand-chose, et ça permettrait au spectateur de partir avec le sentiment que la boucle était bouclée, comme on dit. Là, c'est presque méprisant de la part du réalisateur, à la fois pour le spectateur et pour le personnage...

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L'affiche est réussie, la neige est cinégénique et Ryan Reynolds l'est tout autant...

6 janvier 2015

en corée encore

THE INTERVIEW
de Seth Rogen et Evan Goldberg

oui oui c'est mal je sais, et illégal en plus, mais je n'ai pas pu m'en empêcher : j'ai regardé The interview, suite à l'interminable et harassant battage médiatique qui entourait (préparait ? ) sa non-sortie ou pas. Je l'ai regardé sur mon nordinateur, tout d'abord dans une version insupportable où les sous-titres avaient été directement traduits de l'anglais tels que, mot à mot, genre goo*gle translate  -oui, insupportable- puis dans une version un peu mieux sous-titrée (mais, quel est donc l'équivalent français réel à "miel-bite", qui revient assez souvent dans les dialogues ?)

soyons franc, je n'ai pas hurlé de rire, d'accord, j'ai souri quelquefois, ok, j'ai baillé un peu quelquefois aussi, mais bon, ça se regarde, nonchalamment certes (un bon film pour un premier janvier, par exemple, avec les derniers restes de champagne qui s''éliminent lentement de vos neurones surchargés, et vous laissent avachi en peignoir sur le canapé en grignotant les derniers chocolats, l'esprit nappé d'une jourdelanière indulgence) mais ça se regarde, il y a beaucoup de choses bien pires et bien moins regardables

le couple Seth Rogen / James Franco, d'abord : là, question sous-texte gay, les deux n'y vont pas avec le dos de la cuillère (à miel-bite ?), et que je t'étreins, et que je te roule une pelle, et que je te hug, et que je t'articule muettement I love you, ohlala c'est vraiment des bons amis, c'est comme s'ils officialisaient officieusement le "couple de potes qui adorent jouer à poil ensemble mais qui sont pas pédés non non" qu'ils ont déjà survendu aux médias. Bon, ça, ça ne me gène pas du tout, bien au contraire, vous imaginez bien : Seth Rogen, je l'adore il me fait... beaucoup d'effet : le genre gros -et encore il a perdu du poids pour être conforme aux standards zhollywoodiens- nounours poilu, barbu, miam, par contre James Franco est beaucoup moins ma tasse de thé, surtout quand, comme ici, il compose, en force,  un personnage un peu concon horripilant, ceci dit il suffit que Sethchounet apparaisse à l'écran pour que les choses du coup deviennent beaucoup plus... regardables (oui oui, je ne suis pas objectif)

l'humour ? ça commence très bien avec la chanson de la petite fille coréenne, ensuite il y a comme un flottement avec l'"interview" d'Eminem (qui fait son coming out), mais ensuite, euh, le côté blagues de cul -et de choses qu'on met dedans-, de teub qui pue, et j'en passe, bref, le genre ado attardé qui a été jusque la marque de fabrique, sympathique et attendrissante dans les films de Seth R., ne me dérange pas certes mais c'est hélas pratiquement les seuls ressorts comiques qu'utilise le film, ce qui fait que, quand ça ne parle pas de branlette, d'anus ou de bite, on a le sentiment de s'ennuyer un peu

le scénar ? aïe... un interviewer vedette de la télé ricaine (Franco) et son producteur (Rogen) vont en Corée officiellement pour interviewer le dictateur Kim Jong Un (mais ils sont en réalité chargés par la CIA de l'assassiner au moyen d'une languette imprégnée de poison et transmise lors d'une poignée de mains). Tout va bien évidemment se gâter à cause de Franco (dont le personnage est vraiment très très con, la languette en question étant prise pour un chewing-gum par les gardes du corps dès la fouille des sacs à l'aéroport, et mâchouillée en tant que telle, obligeant la CIA à en renvoyer par drone express une autre, non, deux autres, qui seront réceptionnées à la James Bond par Seth Rogen, avec un gag -qui fait long feu- de chose à se carrer dans le trou de balle pour échapper à la fouille...)

on va ensuite suivre, parallèlement les roucoulades de Franco avec le dictateur (qui se trouvent mutuellement sympathiques et plein de points communs), et celles de Rogen avec une Garde-Rouge (qui va se révéler beaucoup plus ardente que ce que son attitude glaciale martiale laissait supposer)

On a le sentiment que les scénaristes se sont de moins en moins concentrés sur le scénario à partir de ce moment-là (ou ont commencé à fumer de plus en plus de cigarettes qui font rire), car le film va progressivement se déliter, patiner, surplacer, jusqu'à la fameuse interview qui donne son nom au film, et qui redonne au film un peu de vigueur (je n'ai pas dit rigueur) et d'énergie

pendant que Franco dit en direct ses quatre vérités à l'affreux dictateur, devant des millions d'auditeurs (les réactions desdits auditeurs, qu'ils soient coréens -militaires et peuple- ou américains -CIA ou marines- étant montrées au fur et à mesure de l'interview) se déroule dans le studio une bataille assez violente et de plus en plus gore entre ceux qui veulent arrêter la retransmission et ceux qui font tout pour que, justement, elle continue, et, on se rapprocherait, là, enfin d'une folie un peu gentiment furieuse

après, la fin du film, à vrai dire, on n'en a pas grand-chose à faire, même si on assiste à la mort du dictateur en question, mais c'est bien de rester jusqu'au bout parce que le générique de fin, par contre, avec illustrations à la façon propagande communsite est, lui, très réussi...

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mmmmh ils sont-y pas mimi ?

 

29 décembre 2014

groumph

MR TURNER
de Mike Leigh

Un Mike Leigh en costumes, très long (2h30), avec une bande-annonce alléchante (bon, plus forcément à la 74ème fois) et un Prix d'interprétation masculine à Cannes, autant de raison(s) pour qu'on se retrouve avec Emma à la séance de 15h25 au Victor Hugo.
Ce qui est très malheureux c'est que dès le début du générique, j'ai senti que je n'allais pas rester éveillé très longtemps, et j'ai donc papillonné pendant un certain nombre de scènes (et, c'est drôle, il y a un moment, clic! où on est réveillé, où l'on a son quota de somnolence, et à partir de là on voit le film sans problème jusqu'au bout.)
Donc Turner est un peintre anglais avec plein de prénoms, un peintre anglais que je connaissais pour ses toiles lumineuses à la limite de l'abstraction, mais rien de plus (je n'aurais même pas été capable de dire à quel siècle il vivait), il est incarné ici par Timothy Spall, un acteur souvent vu dans les films anglais, une trogne pourrait-on dire, jusqu'auboutistement bougon et ronchon, et grand spécialiste du grognement  (il passe une grande partie du film à ne répondre que par monosyllabes oursines (on a même l'impression parfois que le réalisateur a collé de véritables cris d'animaux) aux questions qu'on lui pose, et, quand il ne grogne pas, il gueule. Un personnage haut en couleurs (normal pour un peintre) mal dans sa peau (il se définit comme "une gargouille"), peut-être mal dans son époque, mais phénoménalement bien dans sa peinture.
Les biopics a priori ne m'intéressent pas plus que ça (surtout quand il s'agit d'une reproduction plutôt qu'une interprétation), les reconstitutions historiques encore moins (le souci du détail pfff quelle barbe) mais là, allez savoir pourquoi, je me suis laissé aller (à partir du moment où j'ai été réveillé, bien évidemment). Le film raconte la dernière période de la vie de Turner, sans doute pas la plus joyeuse (maladie et mort du père, rapports compliqués avec les gens, quasi-"disgrâce" picturale et moqueries, sa propre maladie, avec une seule chose qui vient littéralement enluminer tout ça : l'idylle avec une logeuse du bord de mer,  occasion de quelques scènes parmi les plus touchantes du film)
Mais, ce qui est (et reste) sidérant, c'est d'essayer de comprendre comment quelqu'un d'aussi terrien (pour ne pas dire bourrin) peut produire des choses aussi éthérées, aussi aériennes, aussi magnifiquement immatérielles. Le film a l'intelligence de suivre la même dualité, de la prolonger, en nous mettant le nez dans la trivialité  (la plus réaliste ) de l'époque accouplée avec un travail  louangeable sur la lumière (et il ne paraissait pas facile a priori de réussir à se mesurer équitablement avec le sujet -la lumière dans les tableaux de Turner-) et Mike Leigh a je pense superbement réussi son portrait, d'un homme et d'une époque, d'un homme dans son époque, aidé magnifiquement par le jeu de Timothy Spall.
Il y  a une scène absolument magnifique, où l'on voit Turner en train de peindre, un genre de combat, où il prend la toile à bras-le-corps, se mesure avec la matière, étend avec les doigts, crache même sur le tableau, à laquelle succède une matière grise et tourmentée, accidentée, accidentelle, dont on se dit d'abord qu'il s'agit de celle de la peinture réalisée au plan précédent, mais la caméra recule soudain, et nous sommes au milieu d'un paysage de montagne, avec Turner en train de marcher. Juste des rochers. L'interaction entre peinture et cinéma est véritablement bluffante, de même que la scène de la "déclaration" amoureuse de Turner à sa logeuse, assise devant la fenêtre, que turner complimente pour son "profil de déesse" et c'est la première fois dans le film ou quasiment qu'onl'entend articuler une phrase complète, posément, amoureusement. ca aussi, c'est magnifique.

(oh la la c'est bien de faire le ménage de temps en temps sur ce blog -cf hier le post sur A girl at my door- voilà que je retrouve cet autre po(s)t de confiture entamé, et, qu'après si longtemps, je ne sais plus trop comment le poursuivre, et que je vais donc, comme hier, le publier en l'état)

Mr. Turner (2014) Poster

27 décembre 2014

eau ferrugineuse

A GIRL AT MY DOOR
de July Jung

Oui oui, je le reconnais, je l'assume aussi : je suis un vieux gros pédé sectaire, et à ce titre je revendique que les films "de lesbiennes" m'ennuient souvent (aïe ma soeur va me taper), comme les films africains m'ennuient souvent (Zabetta va m'arracher les yeux), comme les films de mafia m'ennuient souvent (là tout un tas de zélés afficionados du Parrain et autres Affranchis vont me tomber sur le râble), et j'en étais donc un peu là de ces ronchonnages intérieurs à la moitié de A girl at my door. (le titre est assez juste, puisqu'il s'agit en quelque sorte d'un running gag, la girl en question venant souvent frapper à la door en question.)
Ca commençait plutôt bien (une policière from Séoul est mutée à la cambrousse, on découvre assez vite qu'elle est alcoolique et lesbienne, et elle recueille chez elle une fillette, qui est régulièrement battue par son père et sa grand-mère, eux aussi assez férocement alcoolos (dans les films coréens, c'est rien de dire que ça picole dur, on a l'impression que à tout instant, il y en a qui sont bourrés), qui est venue frapper chez elle la nuit, terrorisée, après un accident de moto qui vient de coûter la vie à ladite mère-grand.
elle héberge donc la gamine "pendant les vacances". Manque de bol, le père (bourré pratiquement d'un bout à l'autre du film) qui emploie des sans-papiers -et s'est fait à ce titre remonter les bretelles et taper sur les doigts par la policière alcoolique lesbienne- la dénonce aux autorités compétentes en l'accusant d'avoir abusé de sa fille. Et hop! La voilà coffrée. Et la gamine auditionnée par les "autorités compétentes" ne va rien faire pour arranger les choses...
Mais, paradoxalement, c'est à ce moment là que ça a commencé à devenir intéressant (en ce qui me concerne, hein, les critiques ont plutôt l'air de dire que le début c'est mieux, et la suite c'est moins bien...)

... et je suis désolé mais je retrouve beaucoup plus tard ce post commencé il y a longtemps et que je ne sais plus trop comment continuer (si c'était un pot de confiture, je n'aurais eu qu'à ôter les petits trucs de moisi, mais là, non, vraiment je ne sais pas...)

alors je publie tel que (ce qui n'est pas très professionnel, mais je ne le suis, justement, pas alors ça tombe plutôt bien) ce qui m'arrange plutôt bien finalement parce que je me souviens que je n'avais pas su, en sortant, exactement quoi en penser

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/f/f8/A_Girl_at_My_Door_poster.jpg

19 décembre 2014

absolution

CALVARY
de John Michael McDonagh

C'est le deuxième film du réalisateur (après L'Irlandais, avec déja dans le rôle-titre l'énorme, le magnifique, Brendan Gleeson, qui était aussi dans le film du frère du réalisateur, Bons baisers de Bruges -en compagnie de Colinchou "trop mes sourcils" Farrell-). Dans L'Irlandais, il incarnait un vieux flic asocial alcoolo et ronchon, forcé de faire équipe avec un black du FBI, dans une relecture de western à l'irlandaise aussi drôle (black) qu'épique, ici, il incarne un prêtre, un vrai prêtre à l'ancienne, en soutane, (sauf qu'il a une fille, qu'il a eu d'un précédent mariage, avant que son veuvage le pousse vers la prêtrise), un prêtre à qui un anonyme annonce, dans la scène d'ouverture confessionnale, qu'il l'exécutera le dimanche suivant, sur la plage, (on est bien sûr toujours autant en Irlande), en vertu du fait qu'il est un bon prêtre,  et qu'il semble  logique que ce soit un prêtre innocent qui paye pour la faute d'un autre (l'anonyme en question annonce qu'il a été abusé dans son enfance  par un prêtre pédophile qui depuis est mort et dont il ne pourra pas se venger).
On va suivre donc le padre (comme l'a surnommé un des personnages) pendant toute la semaine précédant le fameux dimanche on the beach, sa soutane claquant au vent de l'Irlande (toujours aussi belle et amoureusement filmée) comme la grand-voile d'une rustique, mais solide, embarcation du cru.
A la barre, Brendan Gleeson est magnifiquement splendide (à moins que l'inverse). Autant dans l'Irlandais il s'était complu à charger la mule dès l'ouverture du film, autant ici il nous livre un personnage d'une sobriété remarquable (dans tous les sens du terme au début, un peu moins par la suite). Au fil des jours qui passent et se succèdent (chacun est noté à l'écran) on le voit évoluer, rencontrer des gens,  (une femme battue, son amant black, un supérieur ecclésiastique, un collègue débutant, un flic gay, une fille dépressive...) et tenter de régler -ou d'éclaircir- les problèmes en cours qui effervescent dans le village (les autres et les siens propres), tandis qu'au fil des jours la menace initiale se précise et les actes de malversation à l'encontre du prêtre se multiplient.
On n'est pas dans Bernanos, ni  même dans Bresson ou Pialat. encore moins dans Mon curé chez les nudistes. L'angle d'attaque choisi par McDonagh n'est ni dans l'ascèse ni dans la gaudriole. peut-être juste dans le réel, le quotidien, le tout-venant. Ce prêtre est avant tout un homme, qu'on pourrait qualifier "de religion" mais tout autant "de terrain", et, dans un pays profondément religieux (avec tous les affrontements -sur le sujet- qu'on y a connus) il s'agirait quasiment d'un genre de bilan, un état des lieux, et d'une remise en cause (en question) du sentiment religieux, de ce que certains appellent foi, d'autres folie, d'autres encore foutaises...
Sauf que McDonagh, très malin, ne s'installe pas dans le cadre du document sociologique, ni du film à thèse, il nous la joue plutôt mi-thriller, mi-comédie noire, reprenant la recette du cocktail de l'Irlandais (1/3 de réel, 1/3 d'interrogation(s), 1/3 d'humour,  shakez bien le tout et servez dans un verre à Guinness - a pint-, assaisonné d'un trait d'amertume et rafraîchi aux embruns irlandais), avec un flingue -ou même deux- et ça se sirote avec grand bonheur (alterner l'humour et le noir comme la bière et le scotch dans le film.)
Ce qui est dommage, c'est que le film est passé pendant une semaine, mais avec juste une séance quotidienne, et un jour sur deux (soit... 3 séances, un régime genre bôô cinéma, non ?), ce qui s'appelle un peu quand même sabrer la carrière d'un film (L'Incomprise, la semaine précédente avait eu droit au même régime), tandis que, au hasard, tiens (!) ... Marie Heurtin jouit d'un régime projectionnel beaucoup plus... catholique (et a d'ailleurs attiré en masse, au dire du personnel, l'épiscopat diocésain (je ne sais pas si ça veut vraiment dire ce que je pense, mais j'aime la formule) local.
Qui aurait certes sans doute un peu plus grinçouillé des dents à la vision de ce Calvary pourtant pas si iconoclaste... Oui, les voies du Seigneur sont impénétrables hein (ouch!)

 437689
à la française...

006879
à l'irlandaise...

Moyenne

18 décembre 2014

lunettes noires

OF MEN AND WAR
de Laurent Bécue-Renard

Après le magnifique De guerre lasses (la guerre du point de vue des femmes) Laurent Bécue-Renard a donc réalisé le second volet de ce qu'il envisage comme une trilogie : la guerre encore, cette fois du point de vue des hommes. Pas n'importe quelle guerre ni n'importe quels hommes. Il s'agit de soldats américains de retour d'Irak et  victimes de syndromes post-traumatiques : si le physique est indemne, le mental en souffrance. Ces hommes ont vécu là-bas des trucs effroyables, qu'ils portent en eux,  dont ils n'arrivent parfois même pas à parler.
On les suit au Pathway home, un centre d'accueil (et de "rééducation" pour anciens combattants) lors de séances de groupe où chacun à son tour est appelé à prendre la parole s'il le désire, et à partager avec ses coreligionnaires le(s) trauma(s) qui l'habite(nt). C'est très émouvant de voir ces corps de soldats, de combattants (muscles, tatouages) conçus pour endurer, résister, soudain mis en échec  par leurs propres rouages intérieurs, et ces hommes se mettre à pleurer,  ou même être sur le point de vomir, à l'évocation de ce qu'ils ont vécu, parce que, justement, cette parole-là est, au sens propre, inexprimable.
Le film alterne les scènes de groupe, de thérapie, au Pathway home, et les moments familiaux privés, où chacun des soldats est filmé dans sa vie quotidienne, avec sa femme, ses enfants, s'en exprime, et le va-et-vient entre les deux états (le soldat en souffrance / le père de famille en voie de guérison) est d'autant plus impressionnant qu'à première vue, il est difficile de voir combien (et comment) ces hommes souffrent, cela n'est manifesté que par la parole (la leur ou celle de leurs proches.
Ils ont tué, volontairement ou par accident, d'autres êtres humains, amis ou ennemis, ils les ont vu mourir, et ce qui les hante désormais les a aussi profondément changés. Crises de violence, pétages de plombs, perte de contrôle, c'est désormais d'eux-mêmes qu'ils ont peur. Comment vivre, pouvoir envisager de continuer de vivre, avec ces choses épouvantables cadenassées à l'intérieur de soi , comment s'en défaire, comment s'alléger enfin de ce poids, se débarrasser du barda militaire, se reconstruire en tant qu'homme, père, mari, juste quidam, average guy ?
Le dispositif adopté par le réalisateur est aussi fort qu'il est extrêmement simple : la caméra est posée, elle est là, au milieu d'eux, près d'eux, présente, elle enregistre. Elle retranscrit. Et on suit sans que l'attention faiblisse ces hommes, pendant les deux heures vingt que dure le film, et c'est passionnant, c'est bouleversant, c'est révoltant aussi. La façon dont ces paroles individiuelles se provoquent, s'unissent, s'entrecroisent, s'entraident. L'armée, la guerre, les combats, les ennemis, la violence, la "virilité". Les dommages (causés), et les réparations (hypothétiques).
Ca m'a remis en tête ce que chantait Maxime Le Forestier, il y a longtemps, dans la chanson Parachutiste ...

275924
(encore une fois, une affihce plutôt laide, et qui dessert le film)

 

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