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lieux communs (et autres fadaises)
20 janvier 2009

zlotys

CONTE D'ETE POLONAIS
d'Andrzjev Jakimowski

Deuxième film polonais de la semaine, donc, mais, cette fois, la Pologne comme on a peu l'occasion de la voir : souriante et ensoleillée. Un gamin (adorable) et sa soeur aînée, dans un petit patelin, les journées d'été au rythme des jeux et des trains qui passent (le gamin joue beaucoup le quai de la gare), une mère seule, un père parti, mais tiens tiens ne serait-ce pas justement ce mec en costard qui vient tous les soirs prendre le train ? Quel coup de pouce faudrait-il donner au destin pour avoir  la chance de le savoir ?
Une chronique estivale et charmante donc, (le gamin et sa soeur y sont pour beaucoup), un peu nonchalante, construite sur la répétition (les pigeons pour le garçon, l'entretien d'embauche pour la fille), les rapports familiaux (frère/soeur, fils/père),et la notion de chance (la succession des hasards nécessaires (qu'on aide un peu parfois) pour parvenir à l'évènement attendu), avec en prime une assez irrésistible leçon sur lesrapports homme-femme vus par le biais de l'achat d'une voiture d'occasion (vous êtes plutôt Dodge ou coupé ?) Sympathique et réchauffant.

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16 janvier 2009

fenêtre

QUATRE NUITS AVEC ANNA
de Jerzy Skolimowski

Un film aussi singulier que magnifique. Une virtuosité de l'écriture filmique, de la réécriture constante du réel. Plutôt que le surréalisme, que les scènes d'ouverture peuvent évoquer, Skolimowski (ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de ses nouvelles... Je me souviens d'un splendide Travail au noir, il y a environ  -soupir...- vingt-cinq ans) pratique l'infraréalisme, grattant le cadre jusqu'à l'os, peaufinant chaque scène jusqu'à l'ascèse, épurant l'anecdote et rendant chaque image paradoxalement d'autant plus limpide qu'elle est souvent fort obscure.
Quatre nuits avec Anna est, comme son titre l'indique, un film nocturne. Un titre qu'il faut d'ailleurs prendre au pied de la lettre, tout comme lorsque le héros, sur la tombe de sa grand-mère, dit "Comme tu me l'avais conseillé, je vois une femme." Stricto sensu.
Leon (Arthur Steranko, extraordinaire d'humanité mutique) est amoureux d'Anna, qui a été victime d'un viol auquel il a assisté, impuissant, en revenant de la pêche. Comme il habite en face de chez elle, il l'observe, compulsivement, avant de s'introduire dans sa chambre par la fenêtre, quatre nuits de suite, juste pour la regarder dormir. Pourquoi ? Par amour, marmonnera-t-il, à la fin, au tribunal. Le récit n'est pas conduit linéairement mais progresse plutôt par bribes, par éclats, comme une vitre cassée qu'on tenterait de reconstituer. On zigzague de bribes en bribes, entre l'inquiétant, le grotesque, le pathétique, l'attendrissant.
Un univers étonnant, comme si des personnages de Kaurismaki évoluaient dans l'univers du Stalker de Tarkovski. Et la Pologne est toujours aussi riante et joyeuse. Tout est vieux, moche, froid et humide, on imagine que ça sent la clope et le chien mouillé. Tout est vieillot, un peu cassé, démantibulé. Comme l'histoire d'amour de Léon, comme sa vie tout entière, d'ailleurs. Il n'y a plus d'espoir, non non non. Mais qu'est-ce que c'est beau...

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11 janvier 2009

un grand angle mort

MOSCOW, BELGIUM
de Chris Van Rompaey

Une "comédie sociale flamande", hmmm... voilà  un intitulé a priori pas très... titillant, et pourtant, et pourtant! C'est la première fois je crois que je voyais un film en cette langue-là  et je dois dire que j'ai été plutôt séduit.
Un film qui commence au piano (j'ai toujours eu un faible pour ces musiquettes au piano solo mélancolique, aussitôt je sentirais presque la larmichette poindre) se poursuit à l'accordéon (re-je ne sais pas pourquoi, mais c'est un instrument qui m'émeut) pour se terminer en fanfare. Une dame fait les courses, cheveux défaits et l'air morose, avec deux de ses enfants, dans un supermarché (avec le piano qui musiquette mélancoliquement, donc) lorsque, sur le parking dudit supermarché, en faisant marche arrière, elle va heurter le parce-choc d'un gros camion jaune. Aïe! La dame dans la voiture, c'est Matty, la quarantaine, deux enfants, attendant un mari parti avec une petite jeune depuis bientôt six mois et ne sachant pas bien s'il va réintégrer ou non le domicile conjugal, et le monsieur dans le camion c'est Johnny, un hurluberlu barbu rouquin, dix ans de moins, dont la femme (il a son prénom tatoué sur le torse dans un coeur forever) s'est barrée avec son avocat et qui en a conçu une certaine amertume. Entre les deux, ça commence donc plutôt forte, sur les chapeaux de roue : vociférations, insultes, constat pas du tout à l'amiable et autres gracieusetés.
Et puis voilà que...
Il la rappelle, elle raccroche. Il vient chez elle pour lui réparer son coffre gratos (mais à mon avis pas que pour). Elle refuse d'abord, puis finit par l'inviter à manger (ce jour-là, c'est du boudin. On aura ainsi dans le film plusieurs scènes de repas, chacues plus ou moins bouffonnes, autour d'un plat typique -car Matty est une bonne cuisinière- boudin, carbonade, waterzooi... car le film est construit comme un calendrier, où les dimanches -et donc les repas dits dominicaux-  donnent le rythme) et, de fil en aiguille, ils iront prendre un verre, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle rentre à la maison avec son t-shirt à l'envers, sous l'oeil désapprobateur de son aînée (une ado rebelle, avec des faux airs de Cate Blanchett) qui ne voit pas cette histoire d'un  -justement- très bon oeil (mais qu'elle a plutôt joli, d'ailleurs.)
Matty est perplexe : elle attend / elle espère le retour de son mari, elle cède à Johnny en se disant que c'est une aventure sans lendemain, un coup d'un soir, mais hésite à le croire lorsqu'il lui dit qu'il l'aime, bref elle ne sait plus quoi faire. La situation se complique encore lorsque son mari -un bellâtre bien intentionné- lui fait part des antécédents juridiques de Johnny et de ses différents conjugaux (soutenu par l'adolescente) et tout devient soudain très compliqué. Souvent femme varie...  Elle va semettre à osciler, entre les deux mon coeur balance, entre folie et raison, entre popote et aventure, sans réussir à prendre une décision. Rajoutez à tout ça une paire de chaussures italiennes un peu trop petites, un fût de bière dans un pare-brise, deux assiettes de waterzooi renversées, un karaoké un peu embarrassant, et vogue la galère...
(Comme on est dans une comédie sociale, on sait -on espère- que l'amour le vrai finira par triompher, hein, on ne se refait pas, midinet on est né, midinet on reste...et, euh, on ne sera pas déçu ?) Le film a, dans tous les sens du terme, une bien jolie musique. Les dialogues sont affûtés (on rit au moins autant que l'on est attendri.) Et les deux interprètes principaux sont extrêmement attachants (j'y rajoute aussi l'ado rebelle qui réussira à surprendre tout son monde lors de la scène dite "du waterzooi"). Et puis, personnellement, j'ai toujours une certaine tendresse pour les cabines de bahut, vues de l'intérieur -surtout si le routier est assis à poil au volant, je n'invente rien même si c'est très fugace- mais ceci n'est pas vraiment un argument critique objectif, n'est-il pas ?)
Un film au diapason des plats qu'il évoque : une cuisine rustique, solide, des recettes ayant fait leurs preuves, (ne tablant donc pas sur l'originalité), aguerries, mais élaborées par un chef avec son coup de patte personnel, utilisant des ingrédients suffisamment goûteux, et les épiçant assez subtilement pour réjouir le palais le plus aguerri. Avec, en prime des conseils judicieux sur l'utilisation de la moutarde.

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7 janvier 2009

tanguer le bateau-eau

STELLA
de Sylvie Verheyde

Un film... attendrissant. Un joli film, sur une vie pas si jolie jolie. L'histoire d'une gamine, dans les années 70. Une gamine "pauvre" qui entre en 6ème dans un lycée de bourges (huhu moi aussi la même chose m'est arrivée, c'est p't'être pour ça que). Une gamine dont les parents tiennent un troquet (la maman, cafetière légère, ressemble à Sheila, et le papa, toujours un verre à la main, ressemble tellement à Benjamin Biolay que c'est lui-même!) plein de vie et de bruit, d'agitation et de poivrots, une gamine, donc, qui doit "gérer" sa vie toute seule. Se démerder, quoi. Une gamine avec une bouille enfantine où pointerait déjà une beauté botticellienne. Une gamine qui nous parle avec un discours intérieur (comme les affectionne mon ami Sylvain) étonnamment mature et qui semble parfois très - trop ?- écrit mais qu'on soupçonne, à juste raison je viens de le vérifier, d'être fortement autobiographique, une gamine qui grandit sous nos yeux, avec des problèmes de gamine (les copines, les profs, le bulletin de notes catastrophique, le premier amour, les vacances chez la grand-mère) immergée dans un monde d'adultes (le microcosme du troquet) qu'elle ne comprend pas forcément (et qui le lui rend bien, d'ailleurs.) Le portrait d'une femme en devenir, qui se construit  en réaction au personnage de sa mère (ou plutôt à la vie de sa mère) et, d'une certaine façon, grâce à son entrée au lycée. Une gamine qui découvre, grâce à sa copine Gladys, le pouvoir des livres, qui tremble d'émotion en découvrant Duras ("elle écrit pour moi, elle parle pour moi...) et commence ainsi à s'émanciper intellectuellement.
Le film est une sorte de voyage dans le temps (faire rejouer à des acteurs, en 2008, un univers furieusement seventies -quoique la reconstitution ne soit jamais trop appuyée- où, d'une certaine façon, je me retrouve, puisque j'étais grosso modo en 6ème dans ces années-là, et que, si on suit le raisonnement, Stella doit être à présent une bobonne, la cinquantaine permanentée (je suis moi-même un bobon, même si pas peroxydé) et -je fus fan de s-f- qui dit voyage temporel dit paradoxe temporel, dont le moindre n'est pas que, par exemple, le prof de français, cinquantain grassouillet et tâtillon, est le même Christophe Bourseiller qui jouait l'étudiant en duffle-coat amoureux de Danièle Delorme dans Un éléphant ça trompe énormément, d'Yves Robert, en 1976. Il devrait donc avoir 18 ans dans Stella, et pas le triple!
Un film qui sonne juste. Un film au rythme un peu indolent (et donc parfois un (tout petit) peu longuet, il y a c'est indéniable une distension, un creux dans la narration vers la fin, cf syndrome des fins successives) mais un film indéniablement attachant. Par la qualité de l'interprétation aussi (j'ai déjà évoqué Benjamin Biolay, qui livre une composition saisissante de père alcoolo et un peu largué, qui rivalise ici de cheveux gras pendouillants avec l'excellent Guillaume Depardieu (qu'on retrouve posthumement avec un plaisir mêlé d'émotion, tout à fait au diapason du film, en prince charmant zonard.) Un chouette film pour commencer 2009, donc.

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1 janvier 2009

poulain sous l'eau

HUNGER
de Steve Mc Queen

Un grand choc. Quand les lumières se sont allumées dans la salle (j'étais pourtant dans l'épouvantable salle 6 du Mk2 Beaubourg, grande à peine comme mon salon) je suis resté assis, comme sidéré. Silencieux. Il m'a fallu un petit moment pour reprendre mes esprits. J'étais pourtant prévenu, la copine avec qui j'étais aussi, que ça risquait d'être dur. Une seule certitude, en sortant,celle d'avoir vu un grand film. Où tout est pensé, maîtrisé, où tout fait sens.
J'avoue (à ma grande honte) que je n'avais jusque là jamais entendu parler du réalisateur (je me souvenais juste qu'il avait obtenu la Caméra d'or, parce que je suis un midinet et que je rate jamais la cérémonie de clôture du festival). Dès les premières images, on sait que ce gars-là est un cinéaste, un créateur, un vrai. Cadrages, composition et organisation des plans, mouvements de caméra, rien n'a été laissé au hasard.
Le film se découpe en trois parties, indissociables, et, dans mon esprit, je lui donnais la forme d'une pyramide (ou, mieux, d'un toit). Le premier pan, ascendant, est la "grève de l'hygiène et des couvertures" des prisonniers irlandais, et la riposte des (gardiens) anglais. Elle grimpe, impitoyablement, jusqu'à la pointe, sur laquelle on se tient en équilibre, pour la deuxième partie, un long plan fixe (le temps exactement de fumer trois cigarettes), entre Bobby Sands et le prêtre, l'instant où on bascule de l'autre côté, pour redescendre ensuite, tout aussi inexorablement, vers le point final, la mort de Bobby Sands.
Chacune des trois parties a son rythme et sa façon de filmer propres. Au début, il est question de violence, du corps dans ses manifestations les plus  terre à terre, les plus physiques : la crasse, la merde, la pisse des prisonniers, auxquelles viendront s'ajouter le sang les blessures et les coups provoqués par les gardiens  d'abord, par les flics ensuite. C'est très dur, à la façon d'un coup de poing dans le ventre, plusieurs fois j'ai cessé de regarder, mais je me raccrochais mentalement à "ce n'est que du cinéma, ce n'est pas vrai...". La caméra est comme affolée, elle va vient virevolte, tressaute. La violence est physique, visible, à travers la multiplicité des corps, tandis que très peu de mots sont échangés.
Après le meurtre du gardien (je n'ai pas pu m'empêche de penser à l'original d'Elephant)  on change de registre. La caméra s'immobilise quasiment, pour le long échange entre deux hommes assis, face à face, l'un torse-nu et l'autre en habit sacerdotal, de part et d'autre d'un cendrier qui va se remplir progressivement. La conversation n'est pas violente dans les faits, elle l'est juste par ce qui est annoncé, la détermination avec laquelle est exposée la décision de Bobby.
Quant à la troisième partie, la plus forte, la plus extrémiste, elle montre cette grève de la faim qui va mener Bobby à la mort. D'autant plus insupportable qu'elle est traitée avec une certaine "douceur" (je mets des guillemets à dessein, je ne sais pas si le terme convient vraiment). Où ce corps va progressivement s'affaiblir, s'amenuiser, s'anéantir (au sens strict) sans que cette fois, plus aucun mot ou presque ne soit prononcé. On a rarement vu une telle attention portée (au cinéma) au processus qui mène à la disparition d'un corps. La mort est décrite ici comme un processus clinique (à travers ses effets visibles), dans la lumière bleue froide et crue de cette chambre d'hôpital. Et dans une extrême solitude. L'extérieur devient abstrait, le corps s'efface, seule la mémoire reste vivante, jusqu'au dernier moment. Avec la rage en dedans.

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31 décembre 2008

prise multiple

LE PLAISIR DE CHANTER
d'Ilan Duran Coen

Comme l'a résumé Malou en sortant : "une comédie délicieuse". Pas inoubliable, non, mais délicieuse, ça c'est sûr. Ilan Duran Coen continue son entreprise de "réhabilitation" de la bisexualité, et ma foi ça n'est pas déplaisant. J'y allais pour Jeanne Balibar, et voilà qu'on me rétorque Nathalie Richard et Dominique Reymond, sans compter Marina Foïs (qui nous montre ses petits dessous) et Lorant Deutsch, parfaits en improbable (et le mot est faible) paire d'agents secrets en immersion dans un cours de chant, à la recherche d'une mystérieuse clé usb que d'autres espions aussi recherchent. Notamment, un nounours (très barbu et très poilu) et une petite pute (c'est comme ça qu'on l'appelle dans le film, et que lui-même aussi d'ailleurs) un tantinet exhibitionniste d'ailleurs, (je ne vais pas m'en plaindre) qui se promène à maintes reprises la quéquette à l'air (qu'il a, d'ailleurs, très agréable à regarder).
Tout le monde cherche cette clé, tout le monde couche un peu avec tout le monde, tout le monde essaie de tuer tout le monde, mais, surtout, tout le monde chante, tandis que passe au milieu, évanescente, évaporée, énamourée, la divine Jeanne B. (en chanteuse lyrique qui rêve de faire de la variétoche).
C'est très plaisant, avec des dialogues  très écrits (on a envie de dire "parfois trop"), les situations un peu moins mais ça n'a pas vraiment d'importance, (dans cette comédie d'espionnage, on serait plutôt à 3/4 de comédie pour 1/4 d'espionnage, et c'est très bien comme ça) même si le rythme s'essoufle un poil (un poil ? non, dans le film il y en a un sachet entier, de poils!) vers la fin et que la coda s'étire un peu, mais bon, c'est peut-être dur de tenir la note juste jusqu'au bout sans reprendre sa respiration, hein...

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31 décembre 2008

furoncle

SERBIS
de Brillante Mendoza

Enfin réussi à le voir, après un sacré parcours du combattant (1 cinéma / 1 jour / 1 séance, merci le Hautefeuille!) J'avais beaucoup aimé John-John, j'ai encore plus aimé celui-là, parce qu'il est encore plus dans mes cordes.(...)
Un cinéma à Manille, le Family (!), au nom qui pourrait sembler menteur étant donné le caractère des films qui y sont projetés, mais qui finalement se justifie plutôt puisque c'est toute une famille (multi recomposée) qui y vit et le gère. Et le film oscille entre ces deux pôles, ou plutôt imbrique ces deux trames, ces deux mondes, malaxe ces deux réalités jusqu'à ce qu'elles en soient étroitement entortillées. Le portrait de famille est un peu complexe (on a du mal parfois à rétablir les liens de parenté), en contrepoint idéal au dédale labyrinthique du lieu, un vieux cinéma porno délabré où tout ce petit monde se promène, se croise, se poursuit, se chasse.
J'ai toujours aimé les films qui se passent dans un cinéma (ah, Goodbye Dragon Inn...) et tout spécialement dans ce genre de cinéma (ah, la nostalgie...). C'est quelque chose de tellement particulier, ces mecs solitaires qui baisouillent en douce, à tâtons, dans l'obscurité. Vous ne pouvez pas vraiment comprendre si vous ne l'avez pas vécu. Le clandestin, l'intime, l'organique, juste à deux pas de la bruyante réalité sonore de l'extérieur. Le sexe furtif, un peu honteux, mine de rien. Au Family, il y a, en plus, des jeunes gens qui proposent leurs services (d'où le Serbis du titre) tarifés aux clients esseulés.
Brillante Mendoza persévère sur la voie entreprise dans John-John : un "cinéma-vérité", une caméra à l'épaule, mobile, fluide, comme aux aguets, qui ne perd pas une miette de ce qui se passe autour d'elle. Qui ne se détourne pas, qui ne se voile pas l'objectif, bien au contraire, sans fausse pudeur mais sans voyeurisme excessif non plus (que ce soit côté pile ou face, on n'ignorera ainsi rien de l'anatomie du projectionniste...)
On suit ainsi plusieurs histoires entremêlées, (d'inégale importance mais justement traitées sur le même pied d'égalité) sur l'espace d'une journée, en suivant les différents protagonistes, (le procès entre le père et la tante, le furoncle du projectionniste, le nettoyage des toilettes, le défilé des clients, l'irruption de la chèvre) jusqu'à ce que, finalement, le réalisateur décide, en quelque sorte, de retirer l'échelle, pour nous laisser là, en plan, orphelins dans le noir...
La bande-son, très travaillée, nous plonge dans un vacarme urbain de klaxons, de véhicules, de discussions, quasiment ininterrompu, comme si le cinéma, l'intérieur était devenu perméable aux manifestations sonores extérieures, comme si l'extérieur, prosaïque, venait constamment contaminer le désir, le fantasme. Et c'est bien le sens de cette image ultime, ou la réalité vient, littéralement, annihiler la fiction. Clap de fin et noir.

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(l'affiche est inutilement racoleuse me semble-t-il)

31 décembre 2008

fantoches

MISTER LONELY
de Harmony Korine

Entre ineptie et inertie. Une catastrophe, Harmony Korine ou pas (pourtant dieu sait si j'avais aimé son Gummo...) Un sosie de Michael Jackson rencontre un sosie de Marylin Monroe, mariée à un sosie de Charlie Chaplin et mère d'un sosie de Shirley Temple. Ensemble ils partent sur un île peuplée de sosies, qui organisent un spectacle de sosies... Ah oui, il y a aussi des bonnes soeurs qui sautent sans parachute d'un avion sous la conduite de Werner Herzog et atterrissent indemnes.
Tout ça pour un sosie de film, un semblant de cinématographe, pour lequel il est rageant de penser que le moindre cent ait pu être dépensé. Comme si Harmonychounet n'avait plus rien à dire, ou plutôt qu'il s'en fichait. Il ya là-dedans quelque chose de nunuche, et en même temps de frelaté.Tout ça sent son patronage à quinze pas, avec des interrogations métaphysiques à la petite semaine. Le film fait pratiquement deux heures et j'ai bien cru que j'allais y mourir d'ennui. J'ai cependant bien fait de rester jusqu'à la fin : les cinq dernières minutes sont superbes. Dommage que ce soient les dernières...

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30 décembre 2008

manger des limaces

LOUISE-MICHEL
de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

Poil à gratter. Ou comment la comédie escomptée se transforme en fable grinçante et caustique et acide. Bref, ça agace les dents, ça tord parfois un peu les boyaux. Et c'est, finalement, un film politique. Les réalisateurs ne font pas dans la dentelle, et tirent quasi sur tout ce qui bouge : les hommes et les femmes (et les autres), les jeunes et les vieux (même les bébés!), les malades, les cancéreux, les infirmes, les  nains, les patrons, les ouvriers... ça dégomme tous azimuts, dans un esprit typiquement grolandais, (quasiment fou-furieux, donc) avec, toutefois, un petit quelque chose en plus (ce qu'il faut pour passer d'un sketch à un film ?), appelons ça de la suite dans les idées.
Après un début grinçant (dans tous les sens du terme), les présentations sont assez vite faites. Des ouvrières licenciées décident de faire liquider leur patron. Le couple vedette tient ses promesses (Yolande Moreau épatante dans un rôle pourtant spécialement destroy, et  Bouli Lanners égal à lui-même : parfait). Une pauvre ouvrière et un tueur à gages nul s'en vont gaiement sur les routes... avec, ça et là, des apparitions de têtes connues (Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz, Philippe Katerine, Albert Dupontel -lui si vous voulez le voir il faudra vous armer de patience et attendre jusqu'à la fin du générique de fin-), au milieu d'un vivier humain typiquement grolandais : moche, bête et méchant.
Ca décape, ça tranche jusqu'à l'os, ça n'hésite pas à aller toujours jusqu'au bout (et même un peu plus loin), et, finalement -qui sait ?- ça pourrait finir par donner de bonnes et saines idées de révolte au petit peuple prolétarien et surexploité (là on n'est plus vraiment dans la fiction, n'est-ce pas ?) sauf que, comme dans les Idées Noires de Franquin (avec lesquelles le film n'est pas sans rapport), l'histoire, en gros, n'est hélas jamais finie.
Et si les deux compères nous collent un genre de demi happy-end à rebours, c'est aussi une façon de dire que, si on veut vraiment que ça change, faudrait peut-être relever les manches et y aller plus... radicalement ? Dommage, en tout cas, que l'image soit moche (les couleurs sont pisseuses, les éclairages idem). Mais, finalement, quand on y regarde bien, le monde est-il si joli-joli ?

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30 décembre 2008

atypiques

Cins films parisiens, donc (quatre en "rattrapage", et le premier en sortie nationale, trois que j'ai beaucoup  aimés, un que j'ai trouvé sympathique, et un qui m'a profondément barbé... faites vos courses!) qui ont en commun, à des degrés divers, d'appartenir à la catégorie qui donne son nom à cette chronique :

LOUISE-MICHEL
de Benoït Delépine et Gustave Kervern

SERBIS
de Brillante Mendoza

MISTER LONELY
d'Harmony Korine

HUNGER
de Steve Mc Queen

LE PLAISIR DE CHANTER
d'Ilan Duran Coen

(Je n'ai hélas pas pu voir ni SHOTGUN STORIES, ni L'ART DE LA PENSEE NEGATIVE, pour cause de passage un seul jour à une seule séance dans un seul cinéma... Snif!)

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