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lieux communs (et autres fadaises)
29 juillet 2017

corbs plorat

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ETE 93
de Carla Simon

Une journée cinéma au Victor Hugo, dans la salle 3. En premier, un film qui appartient à la famille pas si nombreuse des films tournés en catalan. L'histoire de Frida, une fillette, et de l'été qu'elle va vivre, justement, en 1993, dans la famille de son oncle, après le décès de sa mère.
Un beau personnage de fillette, un visage grave, des yeux noirs, une plus jeune (demi-) soeur blondinette, l'été, des jeux, le monde des adultes vivant et disant des choses qu'on ne .comprend pas forcément, des petits rites magiques, le souvenir d'une mère morte, et un film qui se termine juste la veille de la rentrée. Ne manquerait plus qu'un ritournelle écoutée sur un mange-disque ("Todas las promesas de mi amor si iran contigo mi olivideras mi olvideraaaaaas"), non ? Je n'ai pas pu m'empêcher de retrouver un certain parfum d'un des mes films préférés, le très cher Cria cuervos, de Carlos Saura (dont le titre de ce post est d'ailleurs la traduction en catalan), qui, comme celui-ci, trouvait d'autant plus de force qu'il était situé à hauteur d'enfant. A la bonne hauteur, ni trop mièvre ni trop théorique.
La gamine (Laia Artigas) est très impressionnante (comme avait pu l'être Ana Torrent en son temps), beau visage grave la plupart du temps, de temps en temps éclairé par un sourire. Ce fameux été 93, on le revit avec elle, au même rythme qu'elle (le spectateur n'en sait jamais plus que la fillette, et reconstituera l'histoire au fur et à mesure en fonction des éléments dont il dispose.) Elle n'a que ses armes de gamine pour trouver sa place, et les choses sont parfois difficiles, pour elle mais aussi pour les autres.
L'oncle la tante et la nièce qui deviennent les nouveaux parents et la nouvelle soeur, la grand-mère qui laisse échapper des choses qu'elle ferait mieux de garder pour elle, nouveaux repères, nouveaux lieux, nouvelles émotions, non tout n'est pas toujours rose pour Frida. Mais la réalisatrice, si elle la place au centre de son récit, ne l'idéalise pas non plus. Il y a des moments où , maman morte ou pas, on se dit qu'il y a des gifles qui se perdent. Les plans-séquences découpent le film en longues plages où les personnages (les fillettes notamment) prennent le temps de s'épanouir et les tensions de s'exacerber.

"L'enfance
Qui peut nous dire quand ça finit
Qui peut nous dire quand ça commence
C'est rien avec de l'imprudence
C'est tout ce qui n'est pas écrit..."*

L'enfance, dans tous ses états : la joie quelquefois, la tristesse souvent, les attentes, les espoirs, les désillusions, sans oublier, parfois, la violence. Un beau film d'enfance, un beau film d'été, un beau film catalan (on saisit au générique de fin que tout ça est autobiographique), bref un beau film tout court.
Un premier film très maîtrisé, des interprètes (les fillettes) au diapason (mais mmm le "nouveau papa" barbu est ma-gni-fi-que!), récompensé à Berlin.

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* Je la préfère chantée par Gréco que par Brel

 

28 juillet 2017

piqûres (de rappel)

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CREEPY
de Kyoshi Kurosawa

Juste deux petites séances dans le bôô cinéma. On y était donc, avec Catherine. La bande-annonce, inquiétante à souhait, nous y avait appâtés. (Revenir brièvement sur les critiques, qui racontent vraiment n'importe quoi, l'un parlant de choses qui n'existent pas (et que j'ai donc attendu en vain pendant tout le film) et l'autre spoilant à la truelle en deux lignes (exposant comme un fait établi ce que le spectateur est censé  mettre un petit moment à comprendre), lever les yeux au ciel en faisant pfffff..., et clôre ici le chapitre).
J'en savais donc hélas plus que je n'aurais dû, et ça m'agaçait un peu  (comme quand Télérama m'avait spoilé Les Autres en écrivant "comme dans Le 6ème sens" re pffff)  mais bon je  me suis laissé faire et j'ai plongé dans ce Creepy que le titre et l'affiche nous incitent d'ailleurs à prendre pour ce qu'il n'est pas vraiment. Manipulations, donc. Ce qui tombe plutôt bien puisque c'est le sujet du film.
Un flic (enfin, un ex-flic, qu'on a vu à l'oeuvre avec un serial-killer dans la scène d'ouverture) emménage avec sa jeune et souriante épouse dans une nouvelle maison. Leur "visite de courtoisie" pour faire connaissance avec leurs nouveaux voisins va leur faire rencontrer une voisine acariâtre d'un côté et un étrange bonhomme de l'autre. Cet étrange bonhomme est le Creepy du titre, on va s'en rendre assez vite compte. Sous des apparences de bonhomie et/ou de bizarrerie,  il cache d'horribles secrets, que le spectateur va découvrir peu à peu, tandis que commencent à se succéder les disparitions bizarres dans le quartier. 
Le film ne m'a pas entièrement convaincu, allez savoir pourquoi. Peut-être parce que je l'ai trouvé longuet. La bande-annonce est réussie parce qu'elle est montée nerveusement (c'est toujours drôle d'ailleurs de voir, après, comment sont goupillés ensemble des événements qui n'ont pas forcément de liens dans le film) elle raconte son histoire, elle fout les jetons, elle est efficace. Le film l'est moins. parce qu'il dilue sur la durée le même sentiment de malaise diffus..
Et surtout, ce qui me gêne le plus, c'est le nombre de questions qui restent sans réponse à la fin du film (je suis pourtant très bon public, en général, pour ce genre de truc, mais là, j'en avais trop qui me restaient sur les bras.)
En demi-teinte, donc. Je n'ai pas adoré autant que le MMonde, les Cahiaîs, ou Téléramuche
(en plus je reconnais que j'ai été négligent, et que j'ai laissé filer trop de temps entre la vision du film et la rédaction du post (déjà, c'était un signe.) Oui oui tout est de ma faute)
Dans le même registre (ou presque) j'avais été beaucoup plus impressionné par le très flippant  Borgen d'Alex Van Waremerdam

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21 juillet 2017

carillonneurs

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VISAGES  VILLAGES
d'Agnès Varda et JR

C'est toujours un peu délicat, ce cas de figure : aller voir un film alors que plusieurs de vos amis l'ont déjà vu, et vous ont fait savoir combien ils le tiennent en haute estime (c'est pour ça qu'en général j'essaie d'y aller le plus vite possible) : on est un peu inquiet, on se demande, on se dit et si? Et si je trouve que ce n'est pas si bien que ça ? Et si je suis déçu ? Suis-je donc si différent ?
Et puis ça commence, très vite, à la séance de 18h40 (! une première dans le bôô cinéma) et dans la salle 11 (celle avec les sièges qui s'allongent en transat) où une blonde vient s'installer juste à côté de moi avec sa copine, alors que le salle fait 400 places au moins... Mais je ne dis rien, je souris, je suis rempli de mansuétude... encore à mon inquiétude primale (et si? etc.) Et, dès le début, je sens que ça va me plaire, mieux, que ça va me faire jubiler (le truc qui monte au niveau du plexus, et les larmes aussi), et je me retrouve assez vite dans cet état intense où m'avait plongé, par exemple, Les rêves dansants (le film où des ados remontent une pièce de Pina Bausch).
J'avais pourtant souri en lisant, dans un premier temps,  les critiquettes assassines de plusieurs journaux (de mémoire Libé, Télérama et Les Inrocks, mais je peux me tromper) et l'indignation furibarde d'Hervé lorsque je lui en avais fait part. Si je me demandais, avant, de quel côté j'allais vien pouvoir me ranger, dès que le film a commencé, les choses étaient claires : sans hésiter, du côté d'Agnès V et de JR.
JR, je connaissais plusieurs de ses oeuvres sans savoir forcément que leur créateur se nommait ainsi (notamment celle avec le prêtre le rabbin et et l'imam qui font des grimaces, que j'avais d'ailleurs reproduite ici). Et sa démarche, comme du Pignon-Ernest démesuré, est de celles qui me touchent instantanément. Agnès Varda est de celles aussi qui me touchent beaucoup, même si pas à chaque fois aussi fort, et l'idée de les voir partir tous les deux sillonner la France à la rencontre des vrais gens dans un camion m'a fait faire un clin d'oeil mental à un autre photographe très aimé, l'ami Rayray (Depardon, bien sûr), même si la démarche n'est pas tout à fait la même.
C'est vrai que nos deux héros interprètent des voix off qu'on sent un peu très (trop ?) écrites, mais, puisque de jeu il est question, jouons le donc.
Comme un jeu de l'oie (ou de marelle) à travers la mémoire d'Agnès, accompagnée par JR, on roule, on cogite, on s'arrête, on visite, on recogite, on s'installe, on rencontre, on extrapole, et on laisse une trace. Et c'est extraordinaire comme ces deux-là réussissent à mélanger intimement le réel avec ce dispositif appelé art (ou l'art avec ce dispositif appelé réel).
Des mineurs, une jeune fille à l'ombrelle, Nathalie Sarraute, un agriculteur solitaire, un facteur, Guy Bourdin, les ouvriers d'une usine, une chèvre avec ses cornes, des femmes de dockers, la tombe d'Henri Cartier-Bresson (et celle de Martine Franck dont j'ai appris qu'elle s'appelait aussi Cartier-Bresson - Philou m'a fait un peu honte en me disant que même les gens qui ne s'intéressent pas à la photo le savaient-), la grand-mère de JR, et un bel absent ultime dont je vous laisse la surprise... beaucoup qu'on montre, certains dont on ne fait que parler, et parfois les deux. de ci, de là... Entre coq-à-l'âne et avatars et coquecigrues (juste pour le plaisir de placer ici ces mots) une sacré belle et riche promenade sur un double chemin : à la recherche du temps perdu, ou des moyens de le retrouver, mais aussi à la rencontre des gens (des vrais, les comme vous et moi) même si parfois avec une certaine candeur. Celle des enfants. Alors on dirait qu'on serait... Alors on dirait q'on ferait... Le grand jeune et la petite vieille, bras dessus bras dessous, qui se taquinent. Dont les silhouettes pourraient évoquer Don Quichotte photo et bah ça va être mal interprété si je la surnomme Sancha Pancetta cinéma ? Mais c'est juste très affecteux, affectueusement potache même (un peu comme parfois certains dialogues du film hihihi...)
Joueur, ludique, enjoué, (en)jeu de société, divin divertissement, des kilomètres et des années, bottes de sept lieues, passe-temps, bagatelle légère en apparence mais toujours ça et là discrètement voilée d'une plus ou moins (im)perceptible brume de nostalgie, mélancolie, appréhension, appelez ça comme vous voulez, bref le petit grain de sel qui en fait toute la saveur.
Un film magnifique, voilà, c'est dit, je peux dormir en paix.

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l'affiche

mais aussi :

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20 juillet 2017

un corbillard ne fait jamais demi-tour

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GRAND FROID
de Gérard Pautonnier

On a vu beaucoup beaucoup la bande-annonce dans le bôô cinéma, mais il y avait toujours des choses qui m'y plaisaient ou me faisaient encore sourire : Bacri, Dupont, Gourmet, Duquesne, des acteurs que j'aime bien, dans des rôles certes sans surprise mais grâce auxquels on se laisse porter et trimballer sans trop rechigner. Pourtant c'est en corbillard, et il fait un froid de gueux. Nos trois compères (les premiers de la liste) sont croque-morts, les deux premiers sous les ordres du troisième, patron d'une entreprise plus guère florissante. Située au milieu de nulle part, en face d'un restau chinois -tout aussi déserté, tenu par des belges.
Dès le départ, on baigne dans une ambiance pince-sans-rire, décalée, très réjouissante (et les dialogues, écrits -au petit poil- par l'auteur-même du roman que le film a adapté, Joël Egloff pour Edmond Ganglion & cie, en rajoutent encore à ce petit bonheur, certains répliques méritant de devenir cultes). Certes, pendant un certain temps temps, il ne se passe pas grand-chose, mais ce presque rien  suffit à notre plaisir, même si on sent derrière tout ça une certaine nonchalance, un certain relâchement, mais làcher ainsi ces quelques personnages au milieu de ces quelques décors (deux intérieurs : les pompes funèbres et le restau, mais le reste, en extérieurs tout aussi  splendidement hivernaux -ils ont été tournés en Pologne-) est absolument plaisant, dans un esprit de stylisation bd/ligne claire. Le spectateur prend possession des lieux, des personnages, des situations.
La deuxième partie du film est amorcée par "un redémarrage des activités" : il s'agit d'un défunt que ses proches (sa femme et son frère) souhaitent enterrer à un certain endroit (qui ne figure, hélas pas tout à fait sur les cartes dont disposent les conducteurs du corbillard. s'ensuit un trajet dans la neige et la glace de plus en plus congelé et surréaliste (qu'on avait deviné quand on a vu soixante-dix-huit fois la bande-annonce) où les choses ne se passeront pas vraiment comme c'était prévu, jusqu'à une troisième partie qui, elle, n'était pas absolument pas figurée, pour notre plus grand bonheur, dans cette fameuse bande-annonce, et où le film aborde un virage narratif supplémentaire.
Un film attachant, agréable, dont la nonchalance narrative joue peut-être un peu en sa défaveur. On ne s'y ennuie pas, on y sourit beaucoup, on apprécie l'humour à (grand) froid, bref on passe un bon moment. (J'allais écrire "juste un bon moment", mais, au milieu des comédiasses à la française thermoformées et interchangeables et lugubrement reproduites à la chaîne, c'est déjà énorme, non ?). (Et comme disait Quentin Tarentino, ou presque, "C'est trop cool un film avec des mecs en costard noir et chemise blanche...")

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19 juillet 2017

écran total

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SUNTAN
de Argyris Papadimitropoulos

Celui-là, je l'avais vu sur mon ordi, il y a quelques mois, lors d'un festival arte de cinéma européen on line me semble-t-il, et ça m'avait bien plu. Autant que peut "plaire" un film entre l'acide et l'amer, avec un zeste de cruauté et le reste de désillusion... Pas un film joyeux joyeux, donc, et pourtant très solaire : sea sex and sun à donf, au mois d'août, sur une île grecque. une île sur laquelle  exerce en tant que médecin local (il est venu s'y installer au début du film) Kostis, un petit bonhomme au physique de nounours (poilu, ventru, mal rasé, pâlichon), quarantenaire plutôt renfermé, pas très bavard, secret, dont l'intensité du regard pourrait d'ailleurs, provoquer dès le départ un léger malaise...
On l'a vu débarquer là, en hiver, s'installer, au milieu des 800 habitants que compte l'île, paisible et somnolente à cette saison, avant le grand rush du mois d'août avec l'arrivée des touristes, jeunes, bronzés, fêtards, insouciants, quéquette à l'air et sourires à dents blanches, plage le jour et teuf la nuit...
Kostis va faire la connaissance d'Anna, 21 ans, débarquée un matin dans son cabinet avec ses potes pour se faire soigner la jambe après un accident de moto, et plus rien ne sera comme avant... Le quadragénaire solitaire et mélancolique va se rapprocher de la bande d'Anna, se faire accepter par eux, sympathiser avec ces jeunes fêtards qui le voient comme le "bonhomme", à mi-chemin entre docteur et papa-gâteau...Oui, Kostis va se prendre (plus que) d'affection pour la jeune Anna, et je m'arrête là de la narration...
Je l'avais déjà vu, sur mon ordi, je l'ai déjà dit, et j'avais envie de le revoir en vrai, dans le bôô cinéma, sur un écran de quinze kilomètres. Et c'est vrai que ça en jette. (Bon, c'est vrai, j'avais le vague souvenir que c'était un FAQV, et ma mémoire ne m'avait pas trompé sur ce point...) Sauf que je ne me souvenais pas tout à fait que c'était aussi noir.
Le personnage de Kostis, sur lequel le réalisateur nous incite à nous interroger (à nous en inquiéter) dès les premières images, est, en ce qui me concerne, plutôt touchant (parce que, d'une certaine façon, prenons des gants... euh... je m'y retrouverais un peu, oui de loin mais quand même "obliquement", tiens) et, si je ne cautionne pas son évolution, je peux la comprendre (hum hum, un vieux qui tombe amoureux d'une jeunesse dont il a deux fois lâge tiens donc ça me rappellerait des trucs... smiley avec les joues roses et les yeux baissés).
Le film, je le redis, est amer (certains diront aigre, ça dépend des goûts), et si certains critiques ont évoqué Ulrich Seidl,  le réalisateur, lui, se réclamerait plutôt de Michel Houellebecq. Et il faut saluer la performance de l'acteur qui interprète Kostis (il s'appelle Makis Papadimitriou) qui livre une composition absolument saisissante, dans l'incarnation de ce pauvre gars d'apparence atone qui soudain se  prend à rêver tellement fort que ça finit par le réveiller...
Un grand coup de chapeau, donc (de bob, en l'occurence...) pour ce grand petit bonhomme...

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18 juillet 2017

faire sortir un génie d'une lampe

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LE CAIRE CONFIDENTIEL
de Tarik Saleh

Grand plaisir que de voir ce film dans mon Victor Hugo chérie, assis aux bonnes "places de vieux", entre mes amies Emma et Dominique... Comme un petit roi.
C'est rare de voir un film doublement primé à Sundance et à Beaune, mais on peut comprendre les raisons qui ont guidé ce double choix, ici et là.
Le Caire, Egypte, juste avant les événements qui ont rendu célèbre la Place Tahrir (un calendrier annonce régulièrement le décompte des jours)... Une chanteuse a été assassinée dans sa chambre du Hilton, une femme de chambre a vu sortir l'assassin mais a depuis disparu, et l'enquête est menée par un inspecteur pour lequel on n'éprouve pas, au début, la moindre sympathie, qui va découvrir que ça n'est pas si simple. Un postulat de départ plutôt classique (avec un enquêteur qui l'est à peine un peu moins), et l'affaire devrait être résolue en trois coups de narguilé, sauf que.
On est en Egypte, justement. Et la corruption semble être un sport national, une discipline dans laquelle tous se livrent une compétition féroce. Du flouze, du flouze, du flouze... on arrose à tous les étages. Et bien entendu à celui de notre héros gominé, Nourredine, qui va progressivement s'affirmer (normal c'est lui le héros) comme un  pourri certes, mais un chouïa moins pourri que tous ceux qui l'entourent, et que le réalisateur va ainsi nous rendre de plus en plus sympathique et attachant.
Cette corruption généralisée finit par donner la nausée : tous en croquent, chacun à son échelle, depuis le plus petit tout en bas jusqu'aux puissants tout là-haut là-haut. (rien de nouveau sous les palmiers).
Et la petite histoire du film va rencontrer la grande, (j'ai pensé à La bataille de Solférino), puisque le film se clôt sur un affrontement entre deux personnages, au beau milieu de manifestants de la Place Tahrir. la fin, d'ailleurs est plutôt cynique, mais... réaliste.
Le film a affolé la critique, à raison. Les lauriers sont mérités, même si la couronne finale est un peu lourde à porter pour la tête du cinéaste. L'acteur principal (Farès Farès) en mérite une bonne moitié, il faut le reconnaître

 

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l'affiche originale

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l'affiche française "initiale"

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l'affiche retouchée dithyrambique

 

17 juillet 2017

je suis un homme

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LES INITIÉS
de John Trengove

Décidément, entre l'Afrique du Sud et l'homosexualité, c'est une histoire tendue, une relation un peu douloureuse. Compliquée, en tout cas. Apres le cinglant Beauty (Olivier Hermanus, 2011), programmé en son temps dans le bôô cinéma, qui traitait du poids du tabou de l'homosexualité au sein de la population blanche, minoritaire,  de ce pays, voici (il était temps) l'autre versant de la montagne, évoquant le même thèmr, mais chez les Noirs... Et la situation y est aussi intenable, voire même encore davantage.
Il s'agit, au sein du peuple Xhosa,  d'un groupe d'instructeurs qui prennent en charge un groupe d'initiés, des adolescents qui vont accéder au statut d'hommes, après circoncision (ouch!) et cicatrisation de leur quéquette, lors d'un séjour entre hommes dans la montagne, où ces appendices virils feront l'objet de toutes les attentions (et le centre de presque toutes les conversations, (sans qu'on en voie jamais, d'ailleurs, la queue d'une. Les initiés n'est pas, contrairement à ce que j'avais naïvement pu croire, un FAQV) tellement tous ces mecs (les jeunes et les vieux) semblent n'avoir que ce mot-là à la bouche...)
Au sein de ce groupe multiforme, le réalisateur va suivre plus précisément trois personnages : Xolani et Vija -deux instructeurs- et Kwanda, l'initié dont Xolani est responsable, mis à l'écart du groupe pour différence de statut social ("fils de bourge"). On va apprendre très vite que si Xolani revient tous les ans dans la montagne, ça n'est pas pour les beaux yeux des intiés (quoique...) mais c'est pour y retrouver Vija, dont il est amoureux, et qui lui fait d'ailleurs l'amour assez rudement semble-t-il... Et la tendresse, bordel ?Mais la situtation va encore plus se compliquer lorsque le jeune Kwanda, qui avait déjà des soupçons, va les surprendre "sur le fait", tendrement enlacés endormis et nus au bord de la cascade...
C'est filmé, simplement, brutalement presque (oui oui un peu comme l'amour rude de Vija), n'y allez pas chercher les mêêêrveilleux paysages zafricains, ils n'y sont pas, par volonté délibérée du réalisateur. Il filme ces hommes juste dans les décors où ils évoluent, sans leur accorder plus d'importance que les personnages eux-mêmes ne leur en accordent. Ce sont les corps qui sont  au centre du débat (ce qu'on en fait et la façon dont on les montre)
Le film est très fort, en tout cas.

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16 juillet 2017

c'est triste de na pas être amoureux

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L'AMANT D'UN JOUR
de Philippe Garrel

Excellentissime nouvelle : L'amant d'un jour confirme ce que j'avais ressenti à L'ombre des femmes : après trois films qui ne m'avaient pas convaincu (La jalousie, La frontière de l'aube, Les amants réguliers) celui-ci m'a enchanté. Garrel, c'est bien connu, bichonne ses personnages de femmes (et, donc, les actrices qui les interprètent : ici, Esther Garrel (fille de) et déjà vue à plusieurs reprises -notamment en fille de noémie lvovsky dans Camille redouble...- et Louise Chevillotte, inconnue au bataillon puisque c'est son premier rôle, sont également, attentivement, voire même incandescemment, scrutées, caressées, filmées. Il y a a souvent aussi dans ses films deux personnages féminins qui s'affrontent, qui s'opposent (le femme et la maîtresse, la nouvelle maîtresse et l'ancienne maîtresse), ici la partition est un peu différente puisqu'il s'agit de la fille et de la nouvelle maîtresse du même homme (où l'on a beaucoup  de plaisir à retrouver l'excellent Eric Caravaca...). Autre point commun : elles ont le même âge (27 ans dans le film). la première débarque dans l'appartement paternel un soir de rupture amoureuse, la seconde habite dans ce même appartement depuis quelques mois.
Va se mettre en place une cohabitation amicale, sensible, avec beaucoup d'échanges à deux ou à trois, à propos de l'amour, de la fidélité, de la jalousie, du mensonge, du désir, sans qu'à aucun moment les dialogues -ou les situations- ne paraissent pesants ou sentencieux. Avec une élégante (et attachante) voix-off qui commente le récit de ces flux et reflux amoureux (leurs rebondissements et leurs saccades, leurs répétitions - il sera ainsi question de faire l'amour verticalement de la même façon, mais sans forcément les mêmes lieux ni les mêmes personnages- de leurs variations donc).
Oui, je me suis régalé, je n'en ai pas perdu une miette, la preuve, je n'ai pas fermé l'oeil une micro-seconde!

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15 juillet 2017

papaye

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SAINT GEORGES
de Marco Martins

Un film très fort. (Tiens, d'ailleurs je n'y ai pas dormi une seconde). Dès les premières images, je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec L'homme aux mille visages, vu la veille, dont je m'agaçais de l'esbrouffe pratiquée (revendiquée) par le réalisateur. Ici, rien de tel. La force du filmage est évidente, dès les premiers plans. Il y est vraiment question d'un regard, d'une identité filmique forte, d'une intensité qui ne se démentira pas, jusqu'à l'autre bout du film. Comme une note, qui serait tenue quasiment jusqu'à l'asphyxie. Une certaine volonté d'aller jusqu'au bout, toute en nerfs, en tension, trajets, en gros plans, en nuits poisseuses, en lumières urbaines dégueulasses, sur les talons du personnage principal, un presque-ex boxeur sur le déclin, prêt à prendre n'importe quel sale boulot de merde, dans un Portugal frappé (sonné) par la crise, et embauché comme "agent de recouvrement" (traduisez le mec à gros bras et à visage fermé qui intimide voire qui cogne les pauvres débiteurs à qui on vient pour la nième fois demander le règlement de leur dette et qu'il faut bien secouer un peu, acculer dans les cordes pour qu'ils sortent les biffetons).
Un mec à la stature imposante (et filmé en tant que tel, admirativement, presque, par le réalisateur) un mec de peu de mots mais qui est toujours en mouvement, que la mouise contraint à cohabiter chez son père avec son propre fils, tout en continuant d'essayer de faire revenir à la maison la femme qu'il aime (et la mère du gosse), une brésilienne qui survit à coups de petits boulots tout autant de merde.
Un grand bol de désespoir plein à ras bord d'une belle dignité fiévreuse.
Un film âpre, sec, brutal même, qui nous prend par le colback, nous secoue et nous malmène, mais en tout cas ne nous lâche plus. Et nous brosse la belle évolution d'un personnage complexe.

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14 juillet 2017

eurocks 2017

L'an dernier j'avais zappé, l'année d'avant j'avais fait 3 jours, et peut-être l'année encore d'avant aussi... Quand je n'y suis pas, j'ai envie d'y aller, et souvent quand j'y suis, ça me gonfle... (c'est toujours facile de trouver une raison : le nombre de gens, la chaleur, la pluie, le prix des bières, la qualité des concerts, l'état des toilettes, etc.). Cette année j'avais décidé a priori de ne pas y aller, et la programmation au début semblait me donner raison, quand est soudain sorti du chapeau, pour le dimanche, le nom de Bachar Mar-Khalifé, qui est un monsieur que j'aime vraiment beaucoup.
Du coup, j'ai réussi à décider Catherine de m'y accompagner, et nous nous sommes joints à l'attelage Manue/J-H qui, eux, avaient pris trois jours sur quatre. S'est joint à nous Pascal, qui, lui, n'y était pas allé depuis 25 ans (Catherine, elle, n'y était encore jamais allée). Nous sommes partis tous les cinq, direction le village où on peut se garer pas trop loin du site, joyeux et insouciants en apparence mais chacun en lui regardait avec inquiétude les nuages bas qui s'amoncelaient, puis ont commencé à donner de la pluie, qui ne s'est ensuite plus arrêtée. On se rapprochait, et il pleuvinait toujours. On est arrivé au village, on s'est garé, et on a sorti l'attirail, puisque la pluie s'entêtait : vestes de rando, capes cyclistes, ponchos imperméables, et nous voilà partis sous la pluie, mais toujours de bonne humeur. Arrivés à l'entrée du site (ou j'avais pris en photo, il y a trois ans, un groupe de jeunes gens torse-poil) crapahutait avec nous une foule compacte, en majorité imperméablisée et vulcanisée, bottée et plastiquée, même si certains mâles alpha paradaient  résolument en mode short et torse poil, (ah, jeunesse insouciante...) mais pas question de sortir l'appareil-photo.
La fouille à l'entrée fut succincte, et nous sommes entrés, (toujours en possession de tout ce qui était dans nos sacs respectifs) et nous étions juste à l'heure pour le concert à la plage du Group Doueh & Cheveu. les roadies installaient le matos, il pleuvait, la plage était déserte, et nous étions massés sous un arbre, serrés comme un troupeau d'animaux plaintifs, et ça pleuvait, et ça pleuvait. Je suis resté là avec Catherine, pendant que les trois autres allaient voir Run peu plus loin.
Le concert a commencé, il pleuvait toujours, j'envisageais morosement les heures à venir sous les auspices les plus sombres (comme je le leur ai dit plus tard, je me sentais à la limite extrême de ma "zone de confort"...) mais comme le concert était très bien, ça compensait un peu la flotte... A l'horizon est alors apparue dans le gris fuligineux une mince barre de ciel bleu (une "culotte de gendarme"), qui s'est mise tout doucement à grandir, au fil du concert. Je suivais des yeux la progression de cette barre bleue, l'espoir revenait infinitésimalement... Et voilà qu'un peu avant la fin, plocplocploc plocploc ploc, et puis        plus rien. Bonheur. Et imperméables de s'ôter, et soleil de revenir, et sourires de réapparaître...
Le ciel était bleu, j'ai même sorti illico l'appareil-photo pour immortaliser juste devant un touchant jeune homme torse nu avec un sac à dos ppikachu...Les trois autres sont réapparus, et Pascal nous a confirmé, via la météo sur son phone, qu'il ne repleuvrait plus, au moins  dans l'heure suivante... yesss! Nous sommes allés chercher notre première bière (et grâce à Manue j'ai obtenu "le" verre de l'année, merci Manue!) et nous sommes donc, avec Catherine, descendus tout au bord de la plage, contre les barrières, car le prochain c'était Bachar M-K, et  on avait envie d'être le plus près possible. Eux allaient voir Royal Blood.
On a attendu un peu, j'ai photographié les roadies au travail, on a récupéré entretemps Isa et Olivier qui eux aussi commençaient à sécher, et ça a commencé assez vite... Bachar Mar-Khalifé partageait la scène avec une chanteuse , et c'était ma foi très beau, percutant, oriental, enflammé, radouci, même si j'ai juste regretté que, du coup, il chante beaucoup moins que d'habitude. Le concert suivait son cours, mais les nuages à nouveau roulaient et menaçaient, et Isa nous a prévenus qu'il pleuvrait à 20h50. Ce qui s'est vérifié puisque tout un chacun s'est remis à déballer les impers les capes les ponchos les plastoches pour assister, tous protégés, à la fin du concert (qui s'est d'ailleurs terminé magnifiquement).
Mais bon, il pleuvait, inexorablement, le sol par endroit commençait à gouillasser, il s'agissait de monter à la scène principale pour Phoenix. On s'est arreté en chemin pour se sustenter un peu dans un machin sur-bondé, une assiette de charcuterie du haut-Doubs à un prix relativement abordable (comparé à celui de la bière : 8€ les 50cl!). La montée commençait à peine à devenir glissante t boueuse (cela n'allait faire qu'empirer au fil de la soirée) et nous sommes allés prendre notre traditionnelle place ("sous l'arbre avec les lumières rouges à gauche de la sono") pour assister au concert qui venait djà un peu de commencer. Je n'avais pas encore écouté le nouvel album de Phoenix (ni trop les autres, d'ailleurs) et donc j'ai trouvé ça plutôt agréable. Le dessus du terrain, le lieu de passage devant les banc sur lesquels je convoitais une place assise que j'ai d'ailleurs fini par obtenir devenait dangereusemnt boueux collant et glissant (mais je n'ai vu personne tomber). le concert a fini sur un morceau que j'ai trouvé extraordinaire, et s'est posé alors la question de notre avenir proche (et de plus en plus gouillasseux). on a d'abord réussi à descendre jusquau Beer Palace mais en commander une s'est avéré impossible, on est donc remonté, repassé devant les bancs (en glissant et en collant) pour redescendre la grande pente (de plus en plus encombrée) direction l'autre Beer palace, juste à côté de la GreenRoom et les autres sont allés voir Savage (moi je suis resté sur un petit ilôt métallique et stable, contre le pied d'un poteau, avec à la main une bière collective que je buvais d'abord à trois avec les filles puis tout seul). Je ne sais pas comment, mais le temps a finalement passé assez vite, les autres revenant de Savage m'ont repris et nous avons re-monté la pente (la pluie s'était en revanche arrêtée depuis un certain temps).
Le sol au-dessus semblait même avoir séché un peu, et nous avons repris notre place à gauche de l'arbre, sur un terrain relativement sec (par contre, tout en haut, devant les bancs c'était toujours aussi pire). Je savais par isa qu'ils étaient beaucoup plus devant, entre la scène et l'écran de gauche, mais on ne s'est plus revus ensuite... Arcade Fire, je ne connaissais pas plus que ça, et j'abordais donc le sujet avec curiosité, c'est effectivement une grosse machine à festivals, un méga-show hyper bien rôdé, où la majorité du peublic était chaleureusement conquise, et j'ai écouté ça avec intérêt, même si a un moment il a fallu que j'affronte le no-man's-land glaiseux du dessus pour me trouver absolument une place assise sur un banc, tant j'avais mal à mes vieilles jambes... La fin a été particulièrement belle, puisque pendant le dernier morceau le feu d'artifice qui marque la fin des Eurocks a commencé, tandis que le  chanteur d'Arcade fire continuait tout seul, à capella, sur la scène éteinte, accompagnant les pétarades pyrotechniques (sacré beau feu d'articie, d'ailleurs!)
Ne restait plus ensuite qu'à repartir, comme une grande partie des 30000 spectateurs de la journée...
Bye les Eurocks 2017!

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fin de Group Doueh & Cheveu

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le jeune homme avec le sac Pikachu

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les roadies

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Bachar Mar-Khalifé

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ravitaillement 1

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ravitaillement 2

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Beer Palace

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