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lieux communs (et autres fadaises)

20 novembre 2023

raoule, avec un e

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VOLEUSES
de Mélanie Laurent

Et hop! je rentabilise encore mon abonnement N*tflix : le soir suivant, un autre film. Re-canapé donc, pour, cette fois assister aux aventure d'un gang de filles (Mélanie Laurent, Adèle Exarchopoulos d'abord, rejointes par Manon Bresch) coachées par Marraine (Isabelle Adjani).
Et on change complètement d'univers : autant THE KILLER , vu la veille, était sombre froid et cynique, autant VOLEUSES est solaire, enjoué, déconneur. Le trio fonctionne d'enfer, et Adèle Exarchopoulos y est vraiment fabuleuse, une fabulosité de chaque instant, comme si elle avait encore plus lâché les fauves en elle que d'habitude. Un festival, un régal. D'autant plus qu'on a, pour assaisonner la sauce, côté mâles, Philippe Katerine (comme toujours aussi génialement idiot) en organisateur de casse et Félix Moati (toujours aussi mimi) en fournisseur d'armes.
C'est drôle, plein d'énergie, ça carbure à toute allure, ça envoie des vannes, ça chambre à tout bout de champ, et ça s'offre un épilogue ("quatre ans après...") qui fait se demander au spectateur "mais comment elle a fait ?", un épilogue tout plein de tendresse et de féminitude...
A voir absolument donc (si vous avez N*tflix hihi)
(Le film était numero un mondial des visionnages sur N*tflix la semaine de sa sortie)

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19 novembre 2023

silencieux (mais bavard)

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THE KILLER
de David Fincher

Bon, il y a eu un peu de battage sur tw*tter, et je me suis souvenu que j'avais toujours un abonnement à N*tflix, pour de pareilles occasions... J.'y suis donc allé.
Je l'ai regardé jusqu'au bout, assis sur mon canapé. Un polar, donc, divisé en chapitres, l'histoire d'un tueur à gages qui rate sa cible (chapitre 1) alors que pourtant tout était hyper bien préparé, et va en devenir une à son tour (chapitres suivants, où il va s'agir pour lui de dégommer tous ceux / celles qui veulent le zigouiller parce qu'il a failli. Tilda Swinton sera la dernière sur la liste, et elle racontera une histoire -le chasseur et l'ours- que je connaissais déjà hihi)
Le killer voyage beaucoup, à chaque fois sous un nouvel alias (ce mec a une collection de passeports hallucinante), prend l'avion, dort à l'hôtel, loue des voitures, (j'ai pensé à Isabelle Adjani dans MORTELLE RANDONNEE), fait son petit bizness de mort (il a une collection d'armes tout aussi hallucinante) avant de repartir vers de nouvelles aventures killeuses.
Il est interprété par  Michael Fassbender, qu'on a plaisir à retrouver (comme à chacun de ses films précédents, on sait que ça ne sera pas une partie de rigolade...).
C'est glacé, glacial, glaçant (et autres épithètes frigorifiantes à votre choix). Avec un discours intérieur (une voix off quoi) perpétuel, ressassant notamment son code de conduite (Respecte le plan / Anticipe, n'improvise pas / Ne fais confiance à personne /Demande-toi seulement : quel avantage j’en tire pour moi / Ne mène que le combat pour lequel on te paye -merci wikip*dia et Libé-). Par un mec qui se déguise en touriste allemand pour être sûr qu'on lui foute la paix. Et qui n'épargnera personne (bam bam! y en a un(e) qui clabote à chaque chapitre). Avant de retrouver sa chère et tendre pour prendre un bain de soleil sur sa chaise longue en République Dominicaine.
Un personnage assez déplaisant, mais, comme le précise David Fincher "La sympathie ne m'intéresse pas."

"Œuvre assez radicale, “The Killer” est au film de tueur à gages ce que “Jeanne Dielman” est à la figure de la femme au foyer : la lente et austère description d’un quotidien millimétré mais soudain perturbé par un grain de sable dans la machine, qui débouche sur un progressif et insupportable déraillement." (Les Inrocks)

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18 novembre 2023

calendrier des pompiers

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POUPOUPIDOU
de Gérard Hustache-Mathieu

Normal... Après avoir vu (sur les conseils de Dominique) POLAR PARK sur arte, (avec mon Guigui Gouix d'amour à moi que j'aime (encore un qui fait partie de mon HCV (harem cinématographique virtuel, lol), j'ai éprouvé l'envie de revoir POUPOUPIDOU, du même réalisateur, dont la série est une version étendue (avec des points communs et des différences.
Le plus sympathique, c'est de voir les deux héros (Jean-Paul Rouve et, donc, Guillaume Gouix) avec 12 années de plus au compteur (G.G en avait donc 28 à l'époque) sans qu'ils n'apparaissent trop trop changés.
Le pitch est toujours le même : un écrivain en panne d'inspiration débarque à Mouthe, un crime est commis, il va mener l'enquête, et essayer de commencer un nouveau roman. Bon, après, ça change : Rouve est toujours écrivain, Gouix toujours flix (mais il a pris du galon entre temps... Le film originel traitait d'une unique victime, qui, dans la série, se trouve être la deuxième d'une série (car serial-killer il y a aura...) On retrouve, en commun, Olivier Rabourdin qui, lui, change carrément de personnage : il était flic, le voilà à présent moine...
On retrouve aussi, en commun, (mais c'est moins important hihi) Bobby le chien empaillé avec un bandana jaune autour du cou...
L'intrigue change, prend de l'ampleur, des personnages nouveaux apparaîssent, et il est plaisant de constater que quelques scènes sont reprises quasiment à l'identique d'une version à l'autre...
Une seule petite déception : ne figure plus la scène dite "du calendrier des pompiers de Mouthe" (calendrier qu'on voit -private joke - affiché au mur chez l'ami de G.G) ni la jolie scène à QV (les deux scènes sont quand même très très courtes, hein... Il y a douze ans, je devais sans doute moins avoir l'occasion d'en voir, hihi).
Simplement on peut remarquer dans cette nouvelle version "longue" le soin apporté à la mise en scène (et les clins d'oeil récurrents au corps masculin, qui ne pouvaient pas me laisser indifférent, n'est-ce pas).
Dans la première version c'est Sophie Quinton (une actrice magnifique) qui jouait le rôle de la fausse Maryline, que le réalisateur faisait revivre vie ses carnets, tandis que dans POLAR PARK c'est India Hair (une autre actrice magnifique, mais dans un autre registre) qui tient la dragée haute à notre ami écrivain...

POUPOUPIDOU était un très bel essai (qu'hélas peu de gens ont vu à sa sortie, me semble-t-il) que POLAR PARK transforme (transcende) d'une fort agréable façon...
Et Guillaume G. est vraiment vraiment mimi. (mais j'aime bien aussi son copain, le légiste, et aussi son adjoint barbu qui chante... -dans POLAR PARK!)

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17 novembre 2023

héron pélicans et perruches

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LE GARCON ET LE HÉRON
de Hayao Miyazaki

Oh oh, il passe à Vesoul dans le bôô cinéma avec 2/3 de séances en VF et le reste en VO. Et je me disais que ça ne m'aurait pas extrêment dérangé de le voir en VF (MOI VOISIN TOTORO, découvert via Ecole et Cinéma, je ne l'ai pratiquement vu que comme ça, en VF).
Pour cette séance en VO de 15h30 nous étions deux dans cette très grande salle 11 (moi tout en haut et un autre spectateur presque tout en bas).
J'ai vu pas mal de films du sieur Miyazaki, j'ai été sensible à leur poésie, mais j'ai eu toujours une certaine résistance vis-à-vis de ses "monstres" : les vieillards boursouflés, qui reviennent souvent, et les créatures magiques.
Ici il va y en avoir pléthore (le film dure plus de deux heures, et il en est plein à ras bord, tellement que parfois ça déborde et ça submerge.) Je dois avouer que j'ai fini un peu par me lasser, et qu'une demi-heure de moins m'aurait laissé dans un état plus... léger.
Partout, des gens crient au génie, au sublime, au chef-d'oeuvre, se prosternent, déchirent leur chemise en signe d'adoration... Mouais. Je serai beaucoup plus modéré dans mon enthousiasme. A cause des monstres de Miyazaki, je l'ai écrit plus haut. Les vieux et les vieilles (déjà dit aussi), et, surtout, le pire : réussir à transformer un magnifique héron en gnome au gros pif rouge boursouflé (qui vit à l'intérieur).
L'histoire est plutôt très complexe (il est clair que ce n'est pas tout à fait un film pour les enfants), avec mort de la mère (ça, ça ne peut que me bouleverser) voyage initiatique, univers parallèles, grouillement et multiplication des assaillants, (une fois des pélicans, et l'autre des perruches) péripéties échevelées (et j'avoue que je ne me souviens déjà presque plus de la fin...)
Voilà, c'était très bien. Mais c'était pas géniâââââl, faut quand même pas pousser le bouchon trop loin hein. Un peu trop (auto-) référencé pour moi (qui ne connaît pas assez, en détail, l'oeuvre de Miyazaki). Bouillonnant, foisonnant, péripétant (comme péripéties, hein, pas comme péripatéticienne...) tonitruant, parfois boursouflé comme ses vieillardstrès riche, trop riche (si j'ose écrire saoulant je vais me faire taper... hein). Alors que, comme le chante Françoise Hardy dans LA SIESTE "Et moi c'qu'il me faut c'est d'la douceur..."
Je préfère retourner pour la centième fois me lover dans les bras de TOTORO, hein...

(mais si vous voulez en savoir -beaucoup- plus, je vous renvoie à cette très belle -et très fouillée- critique -

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le garçon

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les mamies

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(Belle-)Maman c'est toi, la plus belle du monde...

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un petit côté Alice, non ?

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le vilain Roi-Perruche

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les warawaras (eux ils ont trop mimis...)

 

16 novembre 2023

backroom

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THE OLD OAK
de Ken Loach

Bon a priori je n'en avais pas terriblement envie, mais Catherine a su me convaincre (par le seul fait qu'elle venait à la séance.
Ken Loach, c'est une longue histoire (depuis l'impressionnant FAMILY LIFE, terrible, en 1971, mais que je pense n'avoir vu qu'un peu plus tard...). Je l'ai suivi avec une certaine régulaité pendant toutes ces années, bon gré mal gré  (je me rappelle ainsi avoir terriblement dormi à LE VENT SE LEVE (2006), d'avoir adoré LOOKING FOR ERIC (2009), LA PART DES ANGES, (2012), THE NAVIGATORS (2001) , MY NAME IS JOE (1999), avec le charismatique Peter Mullan) alors que d'autres de ses films m'ont laissé moins de souvenirs...)
Et à Cannes il se disait que, à plus de 80 ans, il réalisait peut-être là son dernier film (d'ailleurs il n'est plus tout seul aux commandes...).
On connaît grosso-modo l'univers loachien : c'est très britton (ne manquent ni une tasse de thé ni une pinte (et les suivantes) au pub), il sera question de social (grèves, manifestations, licenciements) et aussi (c'est ça qui compte, d'amitié et/ou d'amour (c'est ça aussi qui compte grave...) sauf que ça ne finit pas toujours bien -hélas c'est un peu comme dans la vraie vie...-.
Un personnage hyper-attachant est au centre du film, TJ Ballantynes, (interprété par Dave Turner, qui appparaissait déjà ds le SORRY WE MISSED YOU du même Ken Loach, mais dans un rôle beaucoup plus fugace), patron du pub qui donne son titre au film. Un vieux pub, dans une vieille bourgade, avec des vieux habitués, qui jacassent autour d'une pinte. Une vieille routine, un peu mortifère, qui va être bouleversée avec l'arrivée -en bus- d'un groupe de réfugiés Syriens, et l'appareil-photo cassé d'une jeune Syrienne (le film s'ouvre, très joliment, par une série de photographies en noir et blanc, avec en off les dialogues qui vont avec), appareil-photo cassé à cause d'un grand con de britton qui ne voulait pas qu'on le photographie (mais, surtout, que le Syriens débarquent dans son patelin...)
La jeune fille s'appelle Yara, le vieux TJ buriné va sympathiser avec elle, et, ensemble, ils vont oeuvrer au rapprochement des deux communautés. Ca aura beaucoup à voir avec une certaine backroom (les gays aussitôt dresseront l'oreille, mais non non détrompez-vous ça n'a rien à voir...) la "pièce du fond" (derrière le pub de TJ) qui va devenir le coeur battant de cette (jolie) histoire, permettant habilement au scénariste Paul Laverty de brasser plusieurs thèmes loachiens (la grève des mineurs, la solidarité, l'aide aux déshérités, le racisme au quotidien, la cohabitation, les petites gens, les grands cons du cru) en y cristallisant en même temps toutes les rancoeurs et tous les espoirs.
Je me suis laissé totalement séduire par le film, et j'ai été particulièrement touché par deux scènes avec TJ qui se passent sur la plage, la première lorsqu'il raconte à yara comment il avait rencontré sa petite chienne (qui a un rôle important dans le film), et la seconde, qui se passe au même endroit et avec le même mood, où c'est cette fois une jeune fille dévalant le sentier côtier en criant qui va jouer le même rôle (voyez le film, vous comprendrez mieux...)
Après le Guédiguian de la soirée d'ouverture, (ET LA FÊTE CONTINUE!), qui "fait du bien", voilà le nouveau film de Loach, qui produit le même effet, et nous réchauffe sacrément bien! Thank you donc (ou plutôt, Choukrane..., ou, encore plus précisément شكرا)

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the backroom

 

14 novembre 2023

viscères

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DE HUMANI CORPORIS FABRICA
de Verena Paravel et de Lucien Castaing-Taylor

Deuxième film du Mois du Doc. A trois séances aussi puisque nous l'avons programmé en tandem avec NOTRE CORPS, de Claire Simon. J'ai cru que j'allais avoir droit à une séance privée mais est arrivée une dame qui, me semble-t-il, voit beaucoup de nos films... Deuxième film, bon, on était deux, et les réalisatrice / teur aussi, donc, numérologiquement, ça se tenait (je dois avouer que je suis régulièrement déçu par les audiences des films que nous programmons dans le cadre) de ce Mois du Doc.) Duo de réalisateurs à qui on doit l'impressionnant LEVIATHAN (2013, quand même) que nous avions programmé (peut-être même déjà dans le mois du Doc ?). Sur un bateau de pêche en pleine mer (avec le mal de mer et les éléments déchaînés qui allaient avec)
Un navire dans la tempête, c'est un peu ce à quoi on pourrait comparer le système hospitalier contemporain  qui constitue le thème de ce film-ci. Fort astucieusement, le film joue des différents niveaux d'"exploration d'un corps" : physique, littéral (les chirurgiens qui vont à l'intérieur du corps des patients) et métaphorique : état des lieux "sur le vif" d'un système hospitalier français, lui aussi en souffrance et montré tel que, sans prendre de pincettes, avec des praticiens "en action", qu'ils soient en train de pratiquer (des interventions) ou de les commenter. Des corps en souffrance.
On peut être un peu décontenancé au début du film, qui louvoie un peu avant de nous immerger franco dans le vif du sujet (scalpel en main). On suit d'abord un vigile, accompagné d'un chien, filmés nerveusement (on a déjà vu les deux réallisateurs à l'oeuvre sur LEVIATHAN, et on était vraiment dans le bateau, jusqu'au cou et même un peu plus haut...)
Ici, le résultat est moins immédiatement immersif (même si j'adore cette mise en jambes initiale, sauf qu'elle aurait tout à fait pu être le début d'un autre film, qu'importe...) On aborde ensuite le monde hopitalier (si je souviens bien) en plan fixe et derrière une vitre dépolie, où l'on écoute des infirmières parler, de ci, de ça, de leur travail, de leurs problèmes...
Ce que j'apprécie, c'est qu'il n'y a pas d'intertitres (c'est seulement au générique de fin qu'on découvrira toute la palanquée d'hôptaux, cliniques, et services hospitaliers divers) et qu'on suit donc, en observateur captif, la suite (l'alternance) des scènes, gens vus du dehors (dans les couloirs) ou du dedans (microcaméras embarquées, dont on suit le périple parfois en temps réel et en son direct, et (moment de déglutition) les scènes au bloc opératoires, filmées avec toute l'objectivité (la crudité) et la proximité nécessaires pour parfois vous pousser à mettre votre main devant vos yeux pour ne pas tout à fait voir (les deux moments les plus emblématiquement malaisants étant une césarienne -filmée de a jusqu'à z- et une intervention pratiquée sur un jeune homme auquel on visse une double série de boulons -et les deux tiges parallèles qui s'y insèrent - le long de la colonne vertébrale (ou de la moëlle épinière ?).
Il y a aussi moins viscéral, un contrepoint humain (deux mamies dont l'une accompagne l'autre trèèèès doucement le long des couloirs, et aussi ce monsieur, qui relève visiblement de psychiatrie, qui réussit à se faire libérer de sa chambre, et qu'on retrouvera à la fin en compagnie d'un, puis deux infirmiers, chargés de la lui faire réintégrer.
Les scènes de couloirs ont ceci de spécial qu'elles sont accompagnées par ce qu'on pense être reconnaître comme le cri d'un paon, répétitif, stressant à la longue, mais qu'on découvrira à la fin de la séquence issu de la bouche d'une patiente, qui souffre et qui le manifeste.
L'hôpital, quoi...
J'ai pensé à une autre scène d'hôpital qui m'avait parfaitement terrifié, celle de L'ÉCHELLE DE JACOB (à base de brancards, de roue qui  couine, de sous-sols labyrinthiques, de patients, qui n'était finalement pas si éloignée de la version "clinique" -et objective- que nous en donnent ici V. Paravel et L. Castaing-Taylor).
Un film impressionnant, malaisant, hyper-réaliste. Une immersion brutale (et partiale ?) vertigineuse dans un univers parfois déstabilisant qu'on n'a pas l'habitude de voir appréhendé de si incisive façon. Où les deux réalisateurs confirment l'acuité de leur regard.

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10 novembre 2023

ça a eu lieu

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A PAS AVEUGLES
de Christophe Cognet

Le premier film de notre rituel Mois du Doc (dont je trouve la programmation cette année particulièrement soignée). Trois malheureuses petites séances hélas pour lui (j'ai déjà évoqué le triste effet "vacances" produit chez le programmateur).
Un sujet particulièrement sensible (l'évocation de photos prises clandestinement dans les camps de concentration). Un film puissant et implacable, très intelligemment construit (on progresse de la périphérie vers le centre de l'horreur) qui s'ouvre et se clôt sur l'image de ce qu'on croit être des petits cailloux, mais qui se revèle être des fragments d'os de détenus qui remontent à la surface chaque fois qu'il pleut.
Un film sidérant. J'ai senti au début monter comme une crise d'angoisse, ça m'a atteint physiquement, (j'ai toujours été très éprouvé par tout ce qui a trait aux camps), et dans les dernières scènes, j'ai sentir monter la nausée, j'ai cru que j'allais vomir, tant ce qui est évoqué est insoutenable. Car il ne s'agit que d'évocation. Comme dit un intervenant à propos de photos qui viennent presque à la fin "Si une de ces femme avait un visage identifiable, cette image serait inregardable..."
Le film est très calme, à chaque scène des gens manipulent et commentent ces fameuses photographies, où ne figurent que des détenue(e)s, avec une gradation dans ce qui est montré (et l'endroit du camp où l'image prise se situe.)
Souvent il est question de reconstitution, de tenter de retrouver avec le plus de précision possible comment chacune de ces photographies a été prise...
Et chacune de ses séquences est "commentée" par des intertitres, en blanc sur fond noir, chacun apportant des précisions nécessaires.
Un film insupportablement fort. Nécessaire.

"Le film peut aussi être vu comme une série de dialogues à trois, où aux échanges entre le cinéaste et les historiens tente de répondre la cheffe opératrice s'interrogeant à son tour sur l'endroit où placer sa caméra ; filmé en pellicule, A pas aveugles insiste sur l'importance matérielle de situer ces images, alors que non seulement rien ne subsiste de ce qu'elles ont saisi, mais surtout rien de ce qui y figure ne nous est tout à fait concevable. Des bouleversantes photos de trois femmes dites "lapines" (cobayes) montrant à la caméra de Joanna Szydlowska les blessures qu'elles ont subies, aux terrifiants clichés pris par Alberto Errera depuis une chambre à gaz, Cognet et Bozon s'acharnent à reconstituer ces traces et à les mettre en place parce que le faire, comme l'affirme un carton final, équivaut à exprimer leur substance même : "ça a eu lieu"."  Cahiers du Cinéma

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9 novembre 2023

trois hommes dans un lit

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UN PRINCE
de Pierre Creton

Et voilà. Contrairement à mes principes, je vais sortir un dimanche soir pour voir un de "nos" films. Pourquoi ? Parce qu'il ne passait pas avant. Eh oui, dans le bôô cinéma, le programmateur a décidé que pendant les vacances scolaires, les spectateurs n'avaient le droit de voir que des courgeries, mais surtout pas les films que nous programmons... Certains films auront droit à entre vingt et trente séances par semaine, tandis que celui-ci n'en aura que trois : une ce soir, une lundi et une mardi, et basta. Même régime (sec) pour le premier film du Mois du Doc, A PAS AVEUGLES, qui n'aura droit lui-aussi qu'à 3 séances, deux le lundi et une le mardi. Et tout ça m'a mis dans un certain état de vénéritude. mais bon, dans le bôô cinéma, il semblerait que ce que le programmateur a décidé, personne d'autre ne peut (ou veut) le modifier...
Donc, UN PRINCE... J'ai chroniqué, il y a quelques temps, (ici), le précédent film de Pierre Creton, LE BEL ÉTÉ (2019), entraperçu à la sauvette (pléonasme, non ?) à Besac, et, un peu plus tôt, celui d'avant, VA,TOTO! (2017) -- que nous avions programmé nous-mêmes avec nos petites mains dans le bôô cinéma... Et je réalise que je pourrais reprendre ce que j'avais écrit sans presqu'en changer une ligne.
Tiens, déjà, il y a une image en commun (lapsus j'avais écrit en copain) entre UN PRINCE et TOTO, et quelle image!  : trois hommes -d'âges divers- couchés dans le même lit (et c'est même un plan-clé dans UN PRINCE : celui où le jeune homme se lève, tout nu, sort du champ, et est remplacé par le réalisateur lui-même, aussi nu mais beaucoup plus velu, qui vient prendre sa place -qu'on imagine toute chaude- sous les draps, tout ça filmé dans le reflet de l'armoire... Et c'est le temps qui passe...
J'avais oublié que dans VA, TOTO! eétait déjà en place  cette pratique des voix-off (et que, déjà, c'étaient certaines de ces voix amies qui officiaient : Françoise Lebrun, Grégory Gadebois, Mathieu Amalric, lui, y ayant été acteur) et qu'on retrouvait aussi déjà au générique Vincent Barré et Mathilde Girard, qui sont intervenus sur les  trois films (et semblent  faire partie de sa garde (très) rapprochée).
Comme Vincent Dieutre, Pierre Creton est un artiste / un bear / un gay / un intello (entourez le terme que vous préférez) qui met dans ses films des morceaux de sa vraie vie (et vice-versa), mais dans une manière encore plus chantournée que celle de Vincent D. (qui est pourtant, au départ le prototype de l'intello tourmenté ++). Histoires d'hommes, de corps, de désir, d'art (l'art et la manière, bien sûr), de culture, de travail de la terre, d'érudition, de pornographie (envisagée "intellectuellement" j'y reviendrai), bref un mélange qui me comble et me ravit. Un terreau fertile. Tout pour plaire (et prendre racine). Un film avec les pieds très dans la terre et la tête très dans les nuages.
Pierre Creton est presque sur tous les fronts. Il filme, mais il écrit (très souvent, le coffret dvd se compose d'un film et du livre qui va avec, du texte en surimpression, un genre de "discours intérieur" accompagnant chacun des personnages principaux (trois ici : Pierre-Joseph, Françoise et Alberto -et il me semble que vers la fin un quatrième a droit aussi à sa voix-off perso). Et j'aimerais beaucoup avoir le texte de ce film-ci : Françoise parle d'abord de Kutta, puis de Pierre-Joseph, Alberto parle de plantes et de Pierre-Joseph, et Pierre-Joseph parle de son rapport -le plus souvent désirant- avec les hommes qui l'entourent (il commence par évoquer la bite de son cousin, puis  celle de son père, dans une évocation aimablement crue qui peut paraître surprenante au premier abord, lorsqu'elle fait irruption dans le "discours intérieur" jusque là plutôt retenu, et des différents homme auxquels il a eu affaire, qu'il a désirés, et avec qui il a fait l'amour (C'est un monde merveilleux comme celui de Guiraudie, où il suffit de désirer un homme pour faire illico l'amour avec lui. Un mon de rêve.)

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Pierre Barray, Pierre Creton, et Vincent Barré


A la deuxième vision, cet après-midi, (j'étais assis à côté de Catherine) j'ai pensé qu'on pouvait (avec elle) tout à fait -vraiment- partager ce film, puisqu'elle aime autant les plantes (le végétal) que j'aime les hommes (le sexué), et que le film serait fait presqu'à 50/50 de l'un et de l'autre.
Un récit singulier, conçu comme un herbier fantasmatique où la sexualité (la sexualisation) viendrait comme par transparence (comme, dans le film, un dessin de plante révèle en-dessous, lorsqu'on le met à la lumière, une vigoureuse pornographie sous-jacente ("une belle plante" commentera Adrien.)
Un univers à la lisière du conte (pas trop au milieu des ronces), comme le précise un des personnages au moment de la construction de la cabane, qui fraterniserait avec celui d'Alain Guiraudie, où les mâles génèrent un genre de désir diffus qui se répand sur la campagne environnante, faisant de chaque autre mâle rencontré, quelque soit son âge (ça fait plaisir, que dis-je, très plaisir de voir qu'enfin les plus de 60 ans, les "jeunes séniors" (et même les un peu plus âgés) ont droit à une sexualisation, oui, une sexualité visible (chez Creton ils s'embrassent beaucoup), un univers où tous les hommes, qu'ils soient professeur de botanique, élève, propriétaire de serre, chasseur, apiculteur, sont tous, à la fois, désirants, désirés et disponibles...
Un récit attentif, polysémique (osons les grands mots, le récit s'y prête), avec des plans sublimes (j'ai déjà évoqué la scène de lit à trois, mais je pourrais évoquer la "disparition" de Kutta, ou même la scène de la battue, simplissime a priori mais d'autant plus fascinante (soutenue par la musique passionnante de Jozef Van Wissem).
Et je ne peux pas ne pas ranger ce film si particulier sur l'étagère de mes bibelots marquée "Top 10"

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ps : (cela me revient après coup) il est extrêmement rare d'entendre citer un extrait de Philippe Jaccottet dans un film qui n'est pas un documentaire sur lui. Philippe J. apparaît par la bande, avec des fleurs jeunes et une voix de chemin de fer, je crois.)

8 novembre 2023

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"Dès qu’on soutient le peuple palestinien on est antisémite.
Dès qu’on soutient le peuple israélien on est islamophobe.
Du coup j’ai décidé de soutenir la raclette. C’est bon la raclette."
(@audejavel79)

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"Vache-qui-rit,
vache à moitié dans ton lit" (François Morel & fils)

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"La poésie c’est chercher la réponse
La joie c’est savoir qu’une réponse existe
La mort c’est connaître la réponse" (Gregory Corso)

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"Il est des gens qui ne font rien pour être aimés et qui le sont pourtant, et d'autres qui font tout pour être aimés et qui ne le seront jamais." (Stig Dagerman, Tuer un enfant)

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merci Co! j'adore cette photo...

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"Il n'y a pas de norme. Tous les hommes sont les exceptions d'une règle qui n'existe pas." (Fernando Pessoa, Le Livre de l'Intranquillité)

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"On devrait toujours être légèrement improbable"  (Oscar Wilde)

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"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos, dans une chambre." (Blaise Pascal, Discours sur les passions de l'amour)
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"Le fondement même du discours interhumain est le malentendu." (Jacques Lacan, Séminaire III)
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"Vous ne devriez pas avoir peur de quelqu’un qui a une bibliothèque et qui lit beaucoup de livres ; vous devriez craindre plutôt quelqu’un qui n’a qu’un seul livre et qu’il considère comme sacré alors qu’il ne l’a jamais lu." (Friedrich Nietzsche)
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"On devrait toujours se voir comme des gens qui vont mourir le lendemain. C'est le temps qu'on croit avoir devant soi qui nous tue." (Elsa Triolet)

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"Le désespoir de toute manière n'est jamais une solution." (Philip K Dick)

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sur tw*tter, il y en a un qui se fait traiter de "placenta frotté à la couenne de teub"...

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4 novembre 2023

je reçois

Depuis un mois ou deux, oui, je reçois.
Je reçois des messieurs, seuls la plupart du temps. (mais il m'est arrivé récemment d'en recevoir deux à la fois,  pour ce qu'on surnomma vite un "café gourmand", même si, en pratique, le gourmand est arrivé d'abord et le café ensuite...)
Je reçois des messieurs dont j'ai auparavant fait la rencontre virtuelle sur un site ou un autre (je n'en utilise que deux).
On chatte d'abord, on salue, on évoque assez rapidement ce qu'on attend d'une rencontre, puis on échange des précisions physiques, anatomiques, et, assez régulièrement, si ça matche, on fixe un rdv, plus ou moins proche dans le temps (certains se sont concrétisés dans la demi-heure, d'autres ont pris la semaine, voire le mois, en fonction des contraintes des uns et des autres.
En général j'ai demandé une (ou deux) photo(s) avant, donc je sais plus ou moins à quoi ressemble celui qui va sonner... (J'ai pris pour habitude de ne pas recevoir celui qui refusait d'envoyer une photo ou d'échanger un numéro de téléphone -mais bon, un des deux items, ça passe quand même...-)
Ce sont, la plupart du temps, des hommes mariés (ce qui ne me dérange pas plus que ça, voire m'enchanterait plutôt) qui viennent là "entre la poire et le fromage" (entre la fin du travail et le retour à la maison), à la sauvette, grosso-modo comme ceux qui passent à peu près au même moment sur les parkings (visiteurs commerciaux ou pas). Pour décompresser. Mais à l'intérieur, en chambre, c'est plus douillet, plus cosy, surtout maintenant que l'automne est arrivé...
J'aime  passer un moment avec eux, m'occuper d'eux (ça, ça me fait très plaisir) et le rituel est assez souvent le même, une fois qu'ils sont entrés, après les échanges de politesses d'usage, je les conduis à l'autre bout de l'appartement, dans la chambre. C'est plus simple. Quoiqu'avec certains, moins pressés, il me soit arrivé de commencer par la cuisine, où l'on s'assied pour boire un café (et d'aucuns en profitent alors pour fumer une cigarette.)
Revenons à la chambre. On est là, tous les deux, on fait un peu la conversation (on fait diversion) on s'épluche. C'est souvent... dépassionné (et pour moi très plaisant), ce moment où le mec, assis sur le bord du lit, se déshabille, tandis que moi de mon côté je fais la même chose (ou pas). Certains (la plupart) gardent leurs chaussettes, et j'aime "la fin", le dernier geste,  quand tombe alors le caleçon, boxer, ou slip, qui les laisse alors dans leur plus aimable nudité. Avec leur "arme" apparente (qui n'est pas, le plus souvent, à ce moment, en état de majesté non, juste un zizi, qui pendouille simplement, avec la plupart du temps son petit buisson au-dessus.)
Je leur demande parfois si je peux en profiter pour les photographier (j'aime garder des traces), mais tous n'acceptent pas (c'est dommage.)
J'aime beaucoup les voir ensuite prendre leurs aises sur mon lit, dont j'ai défait et replié la couette, et les voilà allongés, vacants, offerts, découverts, tandis que je m'approche pour les entreprendre.
Il y a ceux qui viennent pour la première fois, plutôt rares désormais, ceux ne sont passés (encore) qu'une fois, -certains dont je me dis que je ne les reverrai plus -, ceux qui reviennent, ceux qui me sollicitent, me relancent, ceux dont j'attends le retour. J'ai un faible, bien sûr pour ceux que je revois, qui "font l'effort" de revenir, me montrant ainsi qu'ils en ont envie. Ca me flatte.
J'ai quelques critères qui m'aident à "faire mon choix" : le plus patent étant l'âge : je ne choisis pas de jeunôts (même si parfois j'en aurais envie et que certains se font pressants) , la cinquantaine me semble un bon âge (un bel âge), même si j'ai fait quelques exceptions pour quelques-uns qui ne l'avaient pas tout à fait atteinte... (allez, quarante-huit c'est presque comme cinquante, même si ça fait quasiment vingt ans de moins que moi...)
Je reçois donc, je "fais salon", depuis assez peu de temps. (Je m'étais  pendant longtemps refusé à donner mon adresse, je ne sais pas vraiment pourquoi, pour avoir la paix, dans doute). Et donc ça (ce sésame) m'a permis de côtoyer plus d'hommes pendant ces deux derniers mois que pendant pas mal d'années précédentes...
Dans ce nouvel appartement, mon lit n'avait connu jusque là, à part moi, que le corps de mon visiteur "habituel", celui qui passe régulièrement (depuis une dizaine d'années!) pour un moment tendre (et presque chronométré, cet homme-là n'a jamais beaucoup de temps) que j'apprécie d'autant plus qu'il est à chaque fois inattendu...
Et ça me plaît, de recevoir ainsi, ces hommes que j'ai choisis, et que j'aime chacun pour des raisons précises (pas les mêmes de l'un à l'autre d'ailleurs...).
Bon, mettons les choses au point, je n'en ai pas non plus reçu 50000, hein, je n'ai pas reconverti mon boudoir en BMC...
Mais bon, un certain nombre, déjà, avec souvent l'ajout d'un prénom masculin dans mon répertoire téléphonique. Une série de prénoms, de visages, de corps, d'attitudes, de préférences sexuelles et de façons de concevoir ce moment.
Avec une quasi-constante : quand le mec a joui, c'est fini.
L'effervescence des débuts, septembre, octobre, où ça se bousculait un peu au portillon, m'obligeant alors à tenir un genre de carnet de rendez-vous ("un carnet de bal" avait dit L.) s'est ensuite un peu calmée, l'ébullition a tourné au feu doux, mais dieu que tout ça est agréable (et que j'ai donc été stupide de ne pas me l'être accordé plus tôt...)

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