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lieux communs (et autres fadaises)

24 avril 2022

petrov, petrova, & petrov junior

LES PETROV, LA GRIPPE, ETC
d'Alexei Salnikov

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C'est un grand plaisir de cinéma (La fièvre de Petrov) qui m'a donné envie de lire le bouquin dont il était l'adaptation, que je viens de terminer et qui s'avère un grand plaisir de lecture (aussi grand que, par exemple celui généré par le Connemara de Nicolas Mathieu). Un roman multiple et foisonnant, frissonnant aussi puisque chacun des personnages a eu, a, ou aura la grippe (et la température qui va avec). Petrov (le mécano dessinateur de bd), Petrova sa femme (bibliothécaire,et, accessoirement, un peu serial killeuse), et Petrov Junior, leur fils (qui se contente, pour l'instant, d'être un enfant, avec tout ce que ça suppose d'interrogations, de jeux, de bouderies, de rigolades, d'impatiences, d'inventions, d'incompréhensions, de jeux vidéo et de yaourts pas à la cerise... Papa et maman sont séparés mais s'aiment toujours (c'est Petrova qui donnera le pourquoi de cette situation), et Petrov junior va de l'un chez l'autre, dans deux appartements où tout a été dupliqué pour qu'il n'en soit pas trop perturbé, le cher enfant...
Le film débute exactement comme le bouquin -on pourrait dire qu'il le suit fidèlement (Petrov dans le tram, Petrov dans le corbillard, etc.) -, reprend même carrément des lignes de dialogues, et on y retrouvera ensuite l'essentiel de ce qui est raconté dans le bouquin (y compris l'histoire de La fille des neiges, tournée en noir et blanc dans le film, et qui aura le privilège d'être l'ultime chapitre du bouquin). Le roman compte huit autres chapitres, tous consacrés à la famille Petrov... Et c'est une écriture dense, joyeuse, débridée, assez constamment drôle, parfois brutale, qui m'a fait marquer des pages (je déchirais à chaque fois un bout de mon marque-pages, qui rapetissait donc au fur et à mesure de la lecture), juste pour avoir la plaisir d'en recopier ici quelques passages :

""Toi aussi, quand tu seras grand, tu pourras écrire un livre", lui avait dit son père après avoir remarqué à plusieurs reprises l'incrédulité de son fils. Mais ces mots contenaient d'emblée deux affirmations on ne peut plus douteuses pour Petrov : premièrement, le fait que Petrov pourrait écrire un livre (à quel sujet ? comment ?) ; deuxièmement, le fait que Petrov grandirait. Certes, il n'était pas opposé à l'idée de devenir aussi énorme que les gens autour de lui, mais la phrase Dans vingt ans tu seras à peu près comme moi ne signifiait rien pour lui, ou signifiait plutôt Ce sera dans si longtemps que ce sera pour toi une éternité, autrement dit Tu ne deviendras jamais grand." (p83)

"Avant que Petrov junior n'ait eu le temps de se chausser, le doux copain blême sonna à la porte ; à en juger d'après la douceur du coup de sonnette, il avait dû faire un petit bond pour atteindre le bouton. Petrova lui proposa poliment du thé et des biscuits, mais il se contenta pour toute réponse de rougir en faisant non de la tête. Il était coiffé d'une formidable chapka à rabats en tissu imperméable bleu foncé, avec de la fausse fourrure blanche sur le front et à l'intérieur des rabats ; Petrova lui demanda où ses parents avaient acheté une chapka si extraordinaire (Petrov junior n'avait qu'un vulgaire bonnet en laine rouge), mais le petit copain blême ne savait pas - grâce à lui Petrova avait appris à poser des questions fermées auxquelles on pouvait ne répondre que par des hochements de tête silencieux, de gauche à droite ou de haut en bas." (p146/147)

"Petrov voulut contourner un trolleybus qui attendait à l'arrêt Académie-d'architecture, mais quelque chose lui dit de rouler lentement en le doublant, et son pressentiment ne le trompa pas -un étudiant rouquin et long comme une asperge, qui se hâtait de rejoindre son  école supérieure tant désirée en faisant des bonds de cerf sur la chaussée, manqua passer sous les roues de la voiture." (p253)

"Sa mère avait de drôles de représentations du travail viril : selon elle, un homme devait soit conduire un tracteur, soit battre le fer avec un maillet, soit faire de la manutention lourde soit être un chef qui gueule sur ses subalternes, mais si un homme passait sa vie à farfouiller dans la paperasserie, elle trouvait ça louche, elle considérait ce genre d'hommes comme des invalides parce qu'à ses yeux le refus de conduire un tracteur, de battre le fer ou de gueuler ne s'expliquait que par une invalidité pure et simple ; dans la conception de la mère de Marina, un homme devait rentrer du boulot dégueulasse de la tête aux pieds, sinon il ne s'agissait pas de travail, mais d'un passe-temps inutile et vain". (p302)

Et il y a même un chapitre entier (le 6, Petrov n'est pas un cadeau non plus) que j'aurais pu recopier quasiment in extenso tant j'y ai pris de plaisir (mais bon, 40 pages, c'est long à taper, surtout avec un seul doigt -ou deux-)

22 avril 2022

CMFUBJ (cinéma, cannes et ailleurs)

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Fenêtre sur cour

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no comment

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l'incendie d'un cinéma, il y a très longtemps...

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mort de David Freel, le chanteur et guitariste du groupe SWELL
(encore un peu de ma jeunesse qui s'enfuit...)

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la vierge parturiente de Brioude

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un Jésus nu

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un Anton Tchékhov colorisé

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j'adore leurs chapeaux...

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l'affiche de Cannes 22

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le prochain Woody Allen

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no comment

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Quinzaine des Réalisateurs Cannes 22

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Semaine de la Critique Cannes 22
(décidément cette année tout est très bleu...)

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20 avril 2022

nathanael je t'enseignerai la ferveur*

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ALLONS ENFANTS
de Thierry Demaizière & Alban Teurlai

Encore un beau film, vu au Beaux-Arts, alors que c'était évidemment, une fois de plus un film pour le Victor Hugo (effets collatéraux de l'éternelle guéguerre entre -vieux- exploitants rivaux) et donc dans la salle, à 14h, hélas, on était 4.
Le Lycée Turgot, à Paris, accueille des "jeunes de quartiers défavorisés" dans un détonnante section à dominante hip-hop. Une équipe de profs -et un proviseur- extraordinaires (d'habitude je fuis les films qui se piquent de pédagogie mais ceux-là m'ont laissé admiratif) pour un groupe de gamins qui ne le sont pas moins. Fort habilement (et pédagogiquement) le film se partage entre  les disciplines "essentielles"(scolaires) et la pratique du hip-hop, mais aussi entre les relations enseignants/élèves, autant que celles des élèves entre eux  (l'alternance, quoi), et a tout bon partout.
Une série de portraits bouleversants (chacun(e) des élèves se raconte, à sa façon, on les écoute, on les regarde vivre et surtout danser et c'est formidable.
La bande-annonce est .
Un film MAGISTRAL
(allocinoche m'apprend -me rappelle- que les deux réalisateurs n'en sont pas à leur coup d'essai dans le domaine du documentaire : ils ont déjà réalisé ROCCO en 2016 (hélas non vu), RELÈVE : HISTOIRE D'UNE CREATION en 2017 (sur et avec Benjamin Millepied) et l'extraordinaire LOURDES en 2018, qui m'avait parfaitement bouleversé (). Une trajectoire ascendante, qui réussit l'exploit de monter encore d'un cran dans l'excellence.)
Et pour les abonnés à N*TFLIX, ils y ont aussi réalisé MOVE, une série en 5 épisodes sur le monde de la danse...

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* je cite Gide mais c'est sans rapport avec le film ; je n'ai pas lu le bouquin, je connais juste cette phrase, et c'est juste le prénom d'un des protagonistes qui me l'a évoqué...

19 avril 2022

CMFUBJ de Pâques

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Rithy Panh retweeted 1

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Zvezdo retouitant Clémentine Mélois...

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en même temps

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fontaine...

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mais mais mais c'est le printemps dis donc!

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sur le tournage de Paris, Texas

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Rithy Panh retweeted 2

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18 avril 2022

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LA REVANCHE DES CREVETTES PAILLETÉES
de Cédric Le Gallo et Maxime Govare

Je devais voir  deux films cet après-midi-là, mais j'étais tellement réjoui en sortant de celui-ci que je n'ai pas eu envie d'en remettre une couche de quoi que ce soit d'autre sur le champ (en plus j'avais les yeux rouges et gonflés et tout mon rimmel avait dû couler). Le film m'a enthousiasmé, et même davantage : la scène finale est rentrée directement dans mon panthéon personnel des "100 choses qui me resteront du cinéma")
J'avais bien aimé le premier, avec quelques réserves quand même (), le fameux "peut encore mieux faire", mais, là, cette fois-ci, (les deux réalisateurs ont dû entendre ma prière) rien à redire ou presque, je me suis complètement laisser emporter, d'un bout à l'autre (et pas forcément -mauvais esprits que vous êtes si si je suis sûr que vous y aviez pensé- de la tête à la queue, pour filer la métaphore crevettesque).
Première excellente surprise, le film est beaucoup plus que la somme des extraits qui composent sa bande-annonce (très judicieusement conçue, multi-vue, et dont je ne me lasse toujours pas, cf "quelle chance d'avoir si peu de couilles..."), et s'implique beaucoup plus, à tous les niveaux, que le premier opus... On est dans le registre de la "comédie" (j'ouvre les guillemets) "grand public" (idem), et j'en rajoute une paire (de guillemets) "à message", et dans chacune des catégories, ça coche toutes les cases, c'est drôle, touchant, engagé, et oui à chaque fois ça fait tilt!

Tout démarre lors d'une escale en Russie  : l'équipe déjà connue, avec en plus un nouveau joueur tout juste recruté par le coach hétéro -qui n'a pas osé lui dire toute la vérité à propos de ladite équipe-, (le dit nouveau joueur est un beau rebeu tout vénère, trop homophobe pour que ça ne cache pas quelque chose moi je dis ça je dis rien clic clic...) l'équipe, donc, est coincée pour la nuit en attendant la correspondance pour les Gay Games de Tokyo qui ne partira que 24h plus tard,  et donc on va se les geler sur place, en compagnie de nos copines pailletées, au cours de la looongue nuit qui va suivre.
On a retrouvé chacun des membres (de l'équipe) chacun/chacune avec ses spécificités et/ou ses cachotteries (chacun/chacune a au moins quelque chose à cacher) dans l'hôtel où ils sont censés se confiner ("Ici l'homophobie est un sport national, alors on se met en mode furtif...") mais, crevettes oblige, certain(e)s ne vont pas pouvoir s'empêcher de sortir pour vivre leur "vie nocturne", et tout va, bien évidemment dégénérer, au-delà de toutes leurs espérances (et des notres aussi, du coup).
On est en Russie (et pour être encore plus -doublement- raccord avec l'actualité, le film, "en vrai", a été tourné en Ukraine), il va être question, suivant deux narrations parallèles, d'une paire de crevettes parties pour un rendez-vous grinder, et, de l'autre, d'un trio parti à la recherche d'une hypothétique boîte gay (et friendly), les crevettes restant(es) à l'hôtel pour y gérer leurs petites affaires internes sentimentales et plus si affinités.
On va faire la connaissance de gros russkoffs bourrins pur jus ("I love Grindr... to kick the gays"), des bons gros cons armés de battes de base-ball et autres joyeusetés,  et il s'en faudra d'un cheveu (enfin, d'une voiture de police) pour que ce beau monde ne soit victime d'un lynchage en règle...
Mais pour affronter un nouveau péril, bien plus sournois (et dégueulasse), celui de la "remise dans le droit chemin sexuel" dans un établissement (avec, pourtant, directrice qui parle français) qui ressemble énormément à une prison (et aussi, au réfectoire, à un certain clip de Mylène Farmer, ce qui n'a pas échappé à certains critiques, et à moi non plus huhu...)
La deuxième partie du film est donc consacrée à la fois à ceux qui sont internés, et à celles et ceux, qui, dehors, mettent sur pied un plan pour les faire évader... Et tout tient, tout tient merveilleusement, miraculeusement, on passe du rire aux larmes comme on changerait ses baskets pour des talons-aiguilles (où son slip de bain pour une robe du soir), du constat social pas jojo (le "guérissement" de l'homosexualité) au rocambolesque tout terrain, en passant par le mélodrame pur jus (le lac gelé).
Tout est bien qui finit bien, ceux qui devaient partir partent, celui qui devait coming-outer coming-oute, les couples s'accouplent, bref ça finit encore mieux que le premier, hein, où il y en avait quand même un -attention spoil- qui mourait à la fin, hein (mais bon même celui-là on le revoit -en hommage- à la fin de celui-ci...)
Et il y a cette scène finale que j'ai trouvée sublime, et qui emporte tout sur son passage...
Je le redis je suis sorti de là ENTHOUSIASMÉ...

J'aime trop cette façon de parler de l'homosexualité (de la gayitude, plutôt), sans en faire tout un plat, en construisant un récit autour d'un groupe où c'est elle qui est la "norme", dans un discours (apparemment) apaisé, ni hystérie façon La Cage aux Folles (avec le soupçon de mépris qui va avec) ni drame façon Mort à Venise (avec le découragement qui va avec), ni chronique politique façon Le droit du plus fort (et l'amertume qui va avec...)

Mais, comme le synthétise le journaliste du Nouvel Obs :
"Ce nouvel épisode combat avec une virulence joyeuse tous les ostracismes dont est encore et toujours victime cette communauté. Le rythme est inégal, mais la bienveillance militante règne. Et la mise en scène fait de beaux clins d’œil à Désenchantée, de Mylène Farmer. Reste que l’humour au ras du string et au second degré ultra-gay n’aura pas la même saveur ni la même valeur selon qu’on est homo, "friendly" ou nullement concerné."

Je n'aurais pas mieux dit...

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* Lesbiennes / Gays / Bi / Trans / Queer / en Questionnemment / Intersexe / Pansexuel / 2 Spirit / Androgyne / Asexuel /

15 avril 2022

god is god

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LE DISCIPLE
de Kiril Serebrennikov

Le premier film du réalisateur sorti en France (2016), mais jamais parvenu jusqu'à nos contrées provinciale. un film, qui plus est, qui n'existe pas en dvd, et dont j'avais boté la séance sur la page de mon calendrier. Retour au Kursaal,, encore à "ma" place, avec en plus le plaisir d'y avoir Mimi pour voisine.
Un film puissant, glaçant, terrifiant presque.  L'histoire d'un ado, (tête à claques) aussi sympathique, souriant et ouvert que le Benny de Benny's Video, de Mickael Haneke, (sauf que lui n'a pas de camescope mais une Bible) et qui soudain fait sa crise d'ado, vire mystique, ne lit plus que cette fichue Bible, qu'il cite régulièrement (les noms des auteurs de chaque citation s'inscrivent sur l'écran) à tout bout de champ, et qu'il veut mettre strictement en pratique. Absolument.
Tout commence parce qu'il ne veut plus aller aux séances de piscine (parce qu'il est écrit dans la Bible que les femmes ne doivent pas être en bikini), il y a même fait un scandale en sautant dans l'eau tout habillé. Sa mère, convoquée, rencontre "l'équipe éducative" (consituée en majorité de matrones), ne mâche pas ses mots, dans un grand accès maternel de mauvaise foi (cette même mauvaise foi qui, à la maison, pousse son fils à se retrancher dans sa chambre qu'il a sauvagement vidée -meubles jetés, papier arraché, fenêtres occultées- et convertie en cellule de moine, et à entamer avec sa mère un combat de citations bibliques, condamnant, par exemple, son divorce et la vouant aux flammes éternelles), protégeant son fils, maternellement, bec et ongles. Ce n'est pas sa faute à lui, c'est celle de tous les autres...
Le fils en question veut se mêler de tout, intervient dans les cours d'une jeune prof de biologie qu'il perturbe systématiquement (en se foutant à poil, en se déguisant en singe pour contester la théorie de l'évolution, en clouant au mur une croix gigantesque, toujours au nom de cette foutue bible, et se met donc en tête d'incarner un genre de petit christ local, affrontant les Marie-Madeleine pécheresses locales, mais, surtout en recrutant un disciple, le souffre-douleur local, lui-aussi, un ado avec une jambe plus courte que l'autre, qu'il va se mettre en tête de guérir en faisant un miracle... Mais les miracles, bien sûr, ça n'arrive que dans la bible, pas dans la réalité...
Pendant ce temps, la jeune prof de bio s'est elle aussi plongée à corps perdu dans la lecture de cette maudite bible, au grand dam de son copain le prof de sport, et les choses vont s'envenimer jusqu'à un genre de conseil de discipline où les matrones, contre toute attente (quoique, tiens, souvenez-vous du conseil de classe à la fin de Bad luck banging or loony porn, le molotov roumain de Radu Jude, qui était aussi le procès d'une jeune prof, même si pas pour les mêmes raisons), finiront par donner raison au jeune -et dangereux- illuminé (au nom du pouvoir de la sacro-sainte Religion et de Saint Poutine réunis).
Le film est russissime, le constat, hélas, l'est aussi. Sans appel. Et sans espoir. Entre le pope et la milice, comme entre le marteau et l'enclume. Allez grattouiller là-dedans, racler avec les ongles, pour y trouver un peu d'espoir.
On a déjà vu des ados perturbés au cinéma, mais celui-là restera spécialement mémorable. Froid dans le dos (normal, on est en Russie, et tout le monde en prend pour son grade, les estropiés, les gays, les Juifs, les profs de bio progressistes, tout ça sous le portrait du président à vie affiché sur les murs comme un Big Brother dont antisémitisme et homophobie seraient les deux mamelles).
Serebrennikov se fait les griffes.
Et, tiens, les Cahiaîs en ont presque rigolé :
"Le film est certes assez lourd, assez démonstratif, mais sa virulence satirique et laïque, non dénuée d’humour (…) permet d’exorciser cette menace toujours et de plus en plus vive d’un effondrement des socles de la vie en commun sous les coups de bélier du délire religieux."

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14 avril 2022

le tramway et l'escalator

Ce fut très compliqué de m'organiser pour voir les 3 films que j'avais envie de voir en me déplaçant un minimum, et, après mûre réflexion, le plus raisonnable me parut de venir en voiture samedi et d'en voir deux, de faire une pause le dimanche, et de revenir le lundi en bus pour voir le dernier...

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LA FIEVRE DE PETROV
de Kiril Serebrennikov

Ce film me fascine, je voulais en savoir (en comprendre) encore un peu plus, à tel point que j'ai fini par acheter le bouquin, bien qu'il ne fût pas complètement soldé, chez Gibertuche, bouquin dont j'ai commencé la lecture, et je ne pouvais donc que revenir le voir une nouvelle fois (je l'ai déjà vu deux fois dans le bôô cinéma, c'est excessif, sans doute, j'avoue, mais le cinéma est, il faut bien le reconnaître, ce que je vis de plus exaltant -en ce moment- huhuhu), m'installer à "ma" place au Kursaal,  retrouver l'ami Petrov, son ex-femme, son fiston, et constater que le film était extrêment fidèle au bouquin, au moins pour la mise en route (le tram / la virée en corbillard). Je suis toujours aussi passionné, fasciné, par la façon dont la trame temporelle est triturée, tourneboulée, autour de ce point central que constitue, pour Petrov,  la scène "primordiale" de la fête de Noël, (et surtout de la Fille des Neiges et de sa main froide), dédoublée par la fête où il doit emmener son fils, malgré sa grippe et celle de son rejeton.
Plus on voit le film et plus il se complexifie, plus on découvre de passages secrets entre les différentes scènes, les différents plans (les différents personnages), et plus ça devient vertigineux. Et c'est fascinant.

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CONTES DU HASARD (ET AUTRES FANTAISIES)
de Ryusuke Hamachi

La séance (je m'étais trompé d'une demi-heure) était à 18h30, ce qui m'a donné l'occasion de stabuler longuement dans le hall (qui se remplissait à vue d'oeil) et d'en profiter pour discuter un peu cinéma avec ma Mimi...
Heureusement que je suis rentré parmi les premiers dans la salle 3, car elle s'est remplie très rapidement (jamais je n'y avais vu autant de monde!) ce qui m'a donc, déjà, un peu crispé dès le début. j'ai même dû libérer le siège à côté de moi pour qu'une dame puisse s'y asseoir (don le mari faisait la même chose en même temps avec mon voisin de devant) J'ai gardé soigneusement mon masque, le film a commencé, j'ai pensé que j'allais me décrisper, mais j'ai trouvé que le son était ridiculement faible la plupart du temps (heureusement il y avait les sous-titres, et donc ce n'était pas si grave, et donc je n'ai pas jugé utile de me lever pour aller maugréer, puisque personne d'autre ne le faisait d'ailleurs (c'était peu-être juste moi qui deviens sourd... -envisageable-)
Le son n'était pas très fort, et, dans la première histoire, ça s'entendait, puisqu'il il s'agissait justement de gens qui parlaient (deux filles, puis une des filles avec un garçon -le garçon dont elles parlaient- puis re deux filles, puis etc.) Ca parle beaucoup beaucoup, et j'avoue que je ne ressentais pas la fascination éprouvée devant son précédent Drive my car. A cause principalement des conditions de ce visionnage. D'où déception, confirmée par la deuxième histoire, entre une jeune fille et un écrivain / prof de littérature, où ça ne fait à nouveau que parler. En toujours en  lieux clos (même si le second segment s'intitule La porte ouverte). Arrive alors la troisième histoire, et ô surprise, ô bonheur, voilà de l'air, des extérieurs, du mouvement. deux jeunes femmes qui se croisent sur des escalators en sens contraire, et refont chacune le trajet en sens inverse pour se recroiser à nouveau (c'est charmant), deux vieilles copines semble-t-il, qui se retrouvent et voilà qu'à mon corps défendant, vraiment, j'ai baissé les paupières, et manqué certains développements importants, quel dommage, il faudra donc que je revienne (dans quelques semaines) dans le bôô cinéma pour revoir le film, dans de meilleures conditions, et, surtout cette dernière histoire (pourtant une histoire que de filles!) que j'ai trouvée la plus réussie (ça m'étonne mais je suis bien obligé de reconnaître la vérité...).
A revoir impérativement, donc.

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12 avril 2022

cigarette et chocolat

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HISTOIRE DE MA FEMME
de Ildiko Enyedi

J'aime ça, un film sorti d'un peu nulle part, comme un lapin du chapeau d'on ne sait pas trop quel(le) magicien(ne), un film hongrois (en anglais), de presque 3 heures, en compétition à Cannes 2021 et passé complètement sous les radars, avec Léa Seydoux pourtant. Et le voilà pour une poignée de séances dans le bôô cinéma. Et donc je m'y suis rendu (assez comiquement la séance était annoncée à 13h27, il fallait donc être précis).
Un passage rapide par allocinoche me rafraîchit la mémoire : Ildiko Enyedi, la réalisatrice, nous a déjà présenté, il y a quelques années le très beau (et singulier) Corps et âme, où un couple se retrouvait la nuit en rêve sous forme animale (cerf et biche)... On reste à nouveau, ici, dans une problématique de couple : un capitaine de cargo (avec la barbe, le caban et la barbe idoines) en vient à parier avec son pote qu'il épousera la prochaine femme qui franchira la porte : coup de bol (comme le faisait remarquer Hervé dans son édito) c'est Léa Seydoux...
J'adore vraiment la première partie du film,qui alterne les deux moitiés de l'existence du capitaine : en mer avec ses marins (ambiance "virile", j'adore) et sur terre avec sa dulcinée. Froid et chaud, sec contre humide, "vrais hommes" et "petites femmes"...C'est un film "en costumes" (que je me serais laissé aller à dater "des années folles", alors qu'il semblerait qu'il soit plutôt situé à la la fin du XiXème, il n'est de toute façon pas précisément daté).
Au départ donc une histoire de couple, surtout (re)présentée du point de vue du mari  (le "ma" femme du titre), qui va, après cette première partie (terre/mer) éblouissante, poser un peu ses valises, lorsque le couple s'installe à Hambourg (et que le fringant capitaine se mue en gratte-papier sédentarisé. Il travaille, et commence à s'interroger sur ce que fait sa petite -et fringante, Léa Seydoux est, je le redis, absolument et constamment parfaite- épouse, tout au long de ces longues journées, pendant qu'il remplit des quittances et des quittances, et ce qu'elle peut bien faire de l'argent qu'elle lui réclame à chaque fois lorsqu'elle "sort"... le capitaine gamberge, et le voilà qui devient jaloux, un peu, beaucoup, passionnément, d'autant plus que réapparaît dans les parages (et souvent dans les jupons de sa femme), un gandin gominé, Mister Louis Garrel himself, idoinement veule en gommeux (il semble vraiment être l'incarnation de la définition du mot).
Le film prend alors ses quartiers mondains (les soirées, la musique, les raouts, j'aime toujours autant ce mot), et le couple devient le ring d'un combat, feutré au début, puis de plus en plus intense (où l'on rend coup pour coup), jusqu'à se hisser jusqu'à l'impensable, ou quasi, pour l'époque : le divorce. Et cette bataille conjugale finit par faire long feu (malgré le charme incandescent de mademoiselle Seydoux), la belle alternance du début (où les joies saines -simples- de la mer (des hommes, un bateau, un port de temps en temps) faisaient contrepoids avec les convenances et autres obligations (pesanteurs) terriennes. Le film s'étiole un peu, au diapason avec son personnage principal, le capitaine qui s'ennuie, la mer le reprend, il accepte une croisière vers l'Egypte pour s'y faire accompagner par sa femme qui dédaignera la proposition, évitera une catastrophe maritime, et reviendra au domicile conjugal où sa belle pense visiblement à tout à fait autre chose. Déception, incompréhension, trahison ? Les choses se précipiteront, et la situation se dénouera dans un train, où se retrouvera un dernière fois le fameux ménage à trois.
Le capitaine aura récupéré son dû, l'épouse avoué son méfait, le gandin tâché sa belle chemise blanche avec le sang de son nez, et les choses pourraient se terminer là.
Pas tout à fait. Cinq ans plus tard, on aura droit à un épilogue touchant, ou l'épouse volage mais tant aimée fera un dernier petit tour (un très joli plan) avant que de repartir dans les limbes de la mémoire. Et les trois heures auront passé sans qu'on s'en rende compte. Et on a envie de rester au chevet du capitaine inconsolable...

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11 avril 2022

main dans la main

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EN MÊME TEMPS
de Gustave Kervern et Benoït Delépine

J'en sors, avec un grand sourire.
On l'a finalement eu en sortie nationale, ce qui n'était pas initialement prévu.Ca fait un moment qu'on entend parler du film en promo (les réals et les acteurs) et je n'en avais que plus envie (oh oh Macaigne et Cohen collés, vous imaginez...) et donc j'y étais dès la première séance, à 15h45 (oui, dans le bôô cinéma les premières séances du mercredi ne sont dévolues qu'aux merdouillasses de gamins et/ou d'ados c'est comme ça...)
Kervern et Delépine je les suis depuis AALTRA, et j'ai tout vu (ou presque, sauf le film où Poelvoorde a une crête, oui c'est comme ça...) avec des "fortunes diverses", des bonheurs cinématographiques plus ou moins patents, on ne sait jamais à l'avance (mais j'ai le souvenir de quelques déceptions, peut-être dûes à la forme choisie -et revendiquée- de filmage des deux zigotos, où un point de départ du feu de dieu -ou de tous les diables- se ratatine parfois ensuite par désinvolture ou jem'enfoutisme ), mais bon ici, les curseurs sont au beau fixe. J'aime d'autant plus les gaillards qu'ils ont choisi -ici- une posture à priori intenable (deux mecs collés ensemble) et que pourtant ils la tiennent jusqu'au bout (et même au bout du bout).
Et quand je parle de position intenable, c'est au sens propre : deux politiciens (un de droite et un de gauche, un néo sarko et un écolo ramollo) se retrouvent collés ensemble, l'un derrière l'autre, la bite de l'un dans la raie des fesses de l'autre (ne vous inquiétez pas, on ne verra jamais rien), et vont passer la nuit comme ça. Devant, le vert mollasson, c'est Vincent Macaigne, et derrière, le droitier décomplexé c'est Jonathan Cohen, une sacré belle paire, qui fait des étincelles (Imaginez la Grande Vadrouille, avec Bourvil et de Funès dans la même position...).
Ce que j'aime chez K/D c'est qu'ils filment à hauteur de gens, de petites gens de vrais gens (mais mais, finalement, c'est masculin ou féminin ? Justement, tiens, ce film-ci se penche, autant que la position de ses héros le lui permet, sur les questions de genre : masculin / féminin, écriture inclusive, féminisme contre machisme, et suit son petit bonhomme de chemin, plan plan, parfois à un train de sénateur, mais avec toujours cette façon de filmage lo-fi, où régulièrement des choses sont tentées et des questions posées (tiens, pourquoi pendant toute le scène dite "de la tête de veau", est-il filmé derrière un poteau rouge ?), sans qu'elles appellent, d'ailleurs, forcément une réponse...
Il y a donc, d'un côté, nos deux bonhommes collés qui vont chercher plusieurs solutions pour ne plus l'être (et rencontrer plusieurs personnages pour ce, avec quelques rencontres, et donc quelques numéros d'acteurs.trices réjouissant(e)s, Thomas VDB en véto, François Damiens avec chapeau de cow-boy dans son diner délaissé, Laetitia Dosch aux huiles essentielles et aux ouvertures de chakras), et, de l'autre, trois "féministes" dans une voiture, dont celle (India Hair) qui les a facétieusement glués dans la backroom du FMI (la boîte glauque tenue par Yolande Moreau), et qui veulent leur remettre la main dessus (on n'est pas trop sûrs de savoir pourquoi). A noter que les deux réalisateurs font des caméos, l'un en restaurateur inconsolable et l'autre en photographe animalier.
Le film cahote mais il progresse, drapé dans son nihilisme bon enfant comme les deux zozos dans leur écharpe de maire, avec des accents à la Blier (celui de Buffet Froid ou de Tenue de Soirée) et les D/K dégomment, comme à leur habitude, tout ce qu'ils peuvent dégommer, et réussissent leur coup, en grande partie grâce à leurs acteurs.trices.
Et dans la mesure où, lors d'une scène furtive, il s'érige en visionnaire (celle de la pompe à essence, en arrière plan, où soudain les prix s'envolent, ça c'est quand même très fort...) on se prend (à deux mains) à souhaiter qu'il en soit de même pour tout le reste, (on est surpris de la tendresse (de la candeur ?) de leur plaidoyer final pro-féministe).
Un de mes K/D préférés.

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10 avril 2022

campari

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AZURO
de Matthieu Rozé

Tiens tiens, voilà que les hasards de la programmation nous jettent une nouvelle fois sur les rivages durassiens... Valérie Donzelli, Florence Loiret Caille, Thomas Scimeca, Yannick Choirat, que du beau monde, en maillot de bain sur l'affiche... Le film est l'adaptation des Petits chevaux de Tarquinia, dont le réalisateur a, si j'ai bien compris, repris tous les dialogues à la virgule près, mais en les dépouillant de leur pâmoison habituelle, et des tics agaçants non moins habituels rattachés d'ordinaire à leur diction -voix blanches, incarnées / désincarnées, etc.-.
Deux couples (dont l'un avec enfant(s)) plus une copine célibataire passent des vacances au bord de la mer dans un pays non précisé (méditerranéen mais on n'en saura pas plus, d'ailleurs les autochtones parlent une langue d'autant moins reconnaissable qu'elle n'existe pas réellement : "C'est un mélange de corse, d'italien, de croate, de grec. C'est une sorte d'esperanto estival." précise le réalisateur) et font donc  leur petite cuisine estivale (farniente, baignade, campari(s)), lorsque débarque, tel Neptune, dans leur crique, un beau barbu dans son beau bateau, qui va déclencher un certain bouleversement affectivo-sexuel au milieu de cette torpeur moite et alanguie.
Qui a envie de coucher avec qui, qui va coucher avec qui, qui trompe qui, en toile de fond de ces dialogues que Dominique a trouvés "datés" (le livre date de 1954) et peu intéressants (je savais qu'elle n'aimait pas le film, je l'entendais soupirer et bailler à côté de moi et ça m'a donc un peu gâché mon plaisir, même si je n'étais pas loin de le trouver, moi-même (le film) un peu ennuyeux longuet, elle m'a d'ailleurs confirmé à la sortie que si elle avait été seule elle serait partie...).
Je ne suis pas un Durassolâtre, bien au contraire, je l'ai déjà dit et répété (m'est soudain revenue l'expérience traumatisante d'un 10h30 du soir en été, de Jules Dassin, d'après la même Guigitte Duras, vu "par erreur" avec ma demi-soeur dans l'ancêtre du bôô cinéma, qui s'appelait d'ailleurs déjà le Majestic, où, -j'avais 10 ans-, je m'étais épouvantablement ennuyé, oui  Duras pour moi c'est une très longue histoire de soporification), mais la perspective de Duras dédurassisée aiguillait, forcément, ma curiosité.
Il y est question, beaucoup, d'amour(s), de vacances, d'excursions (il est question d'aller uhuhuh à Tarquinia pour y contempler ces splendides petits chevaux...) et, tiens, de flammes aussi (un incendie s'est déclaré derrière les montagnes et prend de l'ampleur au fil du film) C'est donc un film sur le rien (ou plutôt le presque rien) du sentiment amoureux estival et tutti quanti, bref d'une certaine oralité qui rend l'écrit vain (désolé -smiley avec les joues roses et les yeux baissés- je n'ai pas pu m'en empêcher...).
Je précise qu'en sortant du film, j'avais envie de lire le bouquin : je l'ai ensuite trouvé à l'Intranquille, je l'ai feuilleté, il était un peu plus gros que je n'aurais cru, j'ai lu un peu de la quatrième de couv', et je me suis dit que je risquais de m'ennuyer, je l'ai donc reposé...
Je me dis que, s'il était question de dédurassiser (désacraliser) la sacro-sainte musique de la Guiguitte, de le mettre "à plat" le réalisateur a tout à fait réussi son coup... Un peu (trop) rouge, un peu (trop) sucré, un peu (trop) amer : Campari vendredi dimanche pleurera...  (vous connaissez le proverbe).

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12__Patrice_Terraz

 

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