Bertrand TAVERNIER en, comme dirait BLOW UP "dix petites madeleines subjectives"
(1975)
Je ne l'ai aimé que plus tard... A l'époque de sa sortie (j'avais 19 ans) Noiret/Rochefort / Marielle c'était un peu des vieilles barbes et tout ça semblait un peu NQF (Nouvelle Qualité Française) pour ma toute jeune et fringuante cinéphilie... Mais j'ai fini par y venir!
(1976)
celui-là est affectivement relié aux "week-ends d'analyse cinématographique" qui venaient d'être mis en place à l'Ecole Normale par des profs (Gisèle et Jean Cordouan, Alain Kerlan), je me souviens du protocole d'analyse "situation initiale / situation finale", et d'une scène de viol quasiment d'Isabelle Huppert qui me mettait (et me met toujours) très mal à l'aise
(1977)
Celui-là c'était grâce à /à cause de Christine Pascal, que je venais de découvrir dans Félicité, le premier film qu'elle avait réalisé, et vue aussi dans La meilleure façon de marcher, de Claude Miller (où elle était déguisée en dompteuse lors d'une scène de bal masqué) qui avait co-écrit le film avec Tavernier, et jouait la jeune femme dont Piccoli tombait amoureux. il faudrait réhabiliter Christine Pascal...
(1980)
Celui-là m'avait touché par son sujet (une enseignante se tape une déprimounette), par Nathalie Baye, par le "Vous marinez chez vos harengs ?" de Gérard Lanvin, et par ce plan qui m'avait suggéré ce que pouvait être la mise en scène, où Nathalie Baye marche le long des quais, suivie par un travelling parallèle tout aussi rectiligne, mais qui va légèrement plus vite qu'elle, si bien qu'il finit par la dépasser et qu'elle disparaït de l'image "en douceur"
(1980)
celui-là c'était à cause de la S-F dont je lisais beaucoup à l'époque, (L'INCURABLE de D G Compton, collections Dimensions) du casting international, il me semble que le film m'avait un peu déçu (jamais revu depuis) mais cette histoire de caméra greffée à la place des yeux (d'Harvey Keitel) me fascinait à l'époque -et me fascine toujours autant-
(1981)
Un sommet. Sans doute mon film préféré de Tavernier, et pourtant il me semble que j'ai été un peu long à la détente pour aller le voir. Un casting où chaque acteur semble avoir atteint une sorte de perfection dans sa partition (Noiret, Huppert, Audran, Mitchell, Marchand, Marielle), le "arrête de m'ombrager" de Nono, la bordée d'injures de Huppert, et cette terrifiante bonhommie exterminatrice de Noiret (dont ce fut aussi un des grands rôles) avec son maillot rose et sa voix douce
(1984)
celui-là j'y suis venu par Emma, qui avait adoré le film et en citait une réplique ("Quand cesseras-tu d'en demander toujours plus à la vie, Irène ?") mais je n'en garde quasiment aucun souvenir (l'ai-je d'ailleurs vraiment vu ??)
(1992)
celui-là je l'avais adoré, et mis dans mon top 10 de l'année (je trouvais Lulu / Didier Bezace extraordinaire, et j'aimais cette chronique hyper-réaliste des flics au quotidien, par le petit bout de la lorgnette, le manque de moyens, le poids de la hiérarchie (j'avais appris le mot soum' (pour sous-marin) le petit nom des véhicules banalisée utilisés pour les surveillances)
(2007)
celui-là parce que Tommy Lee Jones, parce que le polar, mais parce qu'il marquait aussi ma "réconciliation" avec Tavernier, après quinze ans d'éloignement(s), de films pas vus (LAISSEZ-PASSER, CA COMMENCE AUJOURD'HUI), ou pas trop aimés, ou même détestés (L'APPÂT), bref un genre de retour en grâce (là)
(2016)
Un monument de culture de curiosité et de générosité, un constat de son amour immodéré pour le cinéma, et c'est très bien que ça soit son dernier film...
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(que tal à Toulouse ?)
SOLOS
de Joanna Lombardi Pollarolo
Venu du Pérou, un film... reposant. Dans le focus "le goût du rire" une chronique sympatoche sur quatre jeunes gens (une fille, Wen, et trois garçons), sur les routes péruviennes en camionnette, pour aller de village en village présenter des séances de cinéma gratuites à 19h sur écran géant gonflable, auxquelles personne ne vient ou presque. Il est question de cinéma, indépendant, et on comprend assez vite que "leur" film on n'aura pas vraiment l'occasion de le voir, à part en flou d'arrière-plan (ce qui est assez joli) et on les accompagne donc, dans leurs discussions, leurs rires, leurs délires, parfois leurs confessions, bref tout ça est assez agréable même si un peu anodin, gratuit (pour ce qui est de la couleur locale il sera une fois question de films "indiens", qu'une villageoise interviewée (car ils filment aussi les gens qu'ils rencontrent) avoue préférer, qui étaient projetés dans une salle municipale, qui a fermé sans préavis à l'arrivée du dvd, et aussi (rien à voir) de pisco, l'alcool local, pour une soirée de cuite à l'hôtel, sinon ces quatre jeunes gens ont des échanges comme pourraient en avoir beaucoup d'autres jeunes gens en el mundo.). Un perfecto film de festival (c'est surtout là que le film a été montré) qui parle d'un (sans doute) film de festival, et donc la boucle est bouclée ou presque, et c'est plutôt agréable... Un film sud-américain sans drame politique ou social en filigrane, ni autre enjeu dramatique que son propre déroulement, ça change. Et ça repose, oui...
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