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lieux communs (et autres fadaises)

21 janvier 2015

micro140

*

mon généraliste m'a envoyé consulter un gastro-entérologue
qui m'a rédigé une ordonnance de dermato
avant de m'aiguiller vers un urologue ou un dermatologue

*

il me semble que le fait d'être orphelin et célibataire
crée un rapport au monde plutôt... singulier

*
le turc est une langue
comme enveloppée de papier de soie

*

Ce dosage doit se faire à distance de toute cause d'élevation transitoire :
(effort physique intense, toucher rectal, bicyclette, rapport sexuel)
écrit en petit sur les résultats du PSA

*

des suppo au prix faramineux  non-remboursés
parce que considérés comme "de confort" :
suppos de satan ?

*

la douleur à peine quelques secondes par jour
ça devrait a priori être tout à fait supportable, non ?

*

"Scandaliser est un droit,
être scandalisé, un plaisir."

*

jusqu'à quel point suis-je ou ne suis-je plus Charlie?

*

 "Octavons..."

*
Bach était un employé municipal

*

chaque fois que je cuis des artichauts, je les oublie et ils crament

*

Courrier : Je pensais que c'était le nouveau Têtu,
mais ce n'était qu'un catalogue de voyages "spécial retraités"
envoyé par la MGEN

*

 

 

20 janvier 2015

des voeux magnifiques

(espérons que l'année sera à la hauteur)

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19 janvier 2015

comme des bêtes

LES NOUVEAUX SAUVAGES
de Damian Szifron

Miam! Un film à sketches férocement noir qui nous arrive d'Argentine! (Qui aurait eu sa place dans notre Semana Latina 4, mais non le directeur du bôô cinéma en a décidé autrement, puisqu'il le passe cette semaine, en VF et en VO. Tant pis, dommage, car on n'a pas trop trop l'occasion de se gondoler avec la plus grande partie du cinéma sud-américain, il faut bien le reconnaître,j et cette bouffée de "comédie" aurait été la bienvenue...)
Deux heures, six histoires qui racontent que la vengeance est un plat qui se mange... à diverses températures. Un avion, un snack-bar, une voiture, une contravention, un accident, et un mariage. Voici les six lieux/prétextes/causes de chacune des  histoires. la première, celle qui ouvre le récit, est un peu à part, puisqu'on n'en verra jamais le protagoniste central, mais les autres fonctionnent sur le même thème (basique) : une "victime" (d'une injustice) qui souhaite se venger. Action / réaction. Et chaque récit est conçu comme une surenchère, à la fois dans sa logique interne mais aussi dans la place qu'il occupe dans le récit, l'importance étant donnée à la chute de chacun des segments (et l'ensemble pourrait évoquer, par son aspect bête et méchant, et violent, les délicieux et italiens Nouveaux monstres, (dans les années 70 et quelques, oui, oui, quand il y avait encore des dinosaures, et que les téléphones étaient des machins lourds avec des fils tortillonnés) et leur mauvais esprit -même si ceux-ci étaient -en apparence- moins violents.) L'ambiguité de la ressemblance avec Les nouveaux monstres est d'ailleurs entretenue par le titre français, alors que l'original n'évoquait que des Récits sauvages.
Bon, évidemment, on n'est pas dans un cinéma d'auteur esthète minutieux et que sais-je d'autre. L'important est ce qui est montré, beaucoup plus que comment ça l'est. C'est filmé avec énergie, on n'est pas là pour admirer la rigueur dans la composition des plans ou la sublimité des mouvements d'appareil. Du cinoche efficace, avec des cojones, qui devrait plaire au plus grand nombre (qui ira d'ailleurs le voir, je le crains, en version doublée hélas), nappé d'un humour jusqu'auboutiste (il y est très souvent question d'en arriver aux dernières extrémités) comme son aîné transalpin de jadis. Et il n'y a pas que les mecs qui se vengent! (Et, question violence, les femmes sont tout à fait à la hauteur!) Cette violence, c'est vrai, on y était tout de même habitués, elle est presque toujours présente dans les différents films sud-américains qu'on a pu voir ces dernières années (à quelques exceptions près...), et la voir ainsi utilisée à la louche, en tant que ressort comique, dans la surenchère et l'exagération -quoique oh si peu...-, a quelque chose de plaisant et d'assez joyeusement régressif.

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18 janvier 2015

saindoux

UN REPAS EN HIVER
de Hubert Mingarelli

il n'y a pas que les films dans la vie...
Emprunté hier à Philou, ce petit (124 p) livre, qui m'a attiré l'oeil car il était posé en travers sur les autres livres du rayonnage de la bibliothèque dans l'entrée, comme une invitation, et dont le titre et le résumé m'ont donné l'immédiate envie de le lire, ce que je viens de faire, et qui me pousse  à en toucher quelques mots à mes lecteurs potentiels.
Philou m'avait offert, il y a quelques années, du même auteur, le très beau Quatre soldats (Prix Médicis 2003). Ici, ils ne sont que trois. Trois soldats allemands, qui demandent au commandant de pouvoir sortir du camp pour "en" ramener, plutôt que de devoir y rester  pour "en" exécuter. C'est l'hiver, un hiver très rigoureux, le froid est partout, les trois hommes partent dans la neige et la glace,  plutôt contents s'avoir "gagné" cette journée dehors, même s'il y fait un froid mortel. Presque par hasard, ils vont découvrir un jeune Juif, caché dans un trou en lisière de forêt, qu'ils prennent donc avec eux pour le ramener au camp. Ils vont s'arrêter dans une maison polonaise abandonnée, où ils vont tenter de préparer de quoi manger, un "repas", qui constitue toute la deuxième partie du roman (et lui donne, très justement, son titre).
Un univers uniquement masculin (et donc, me concernant, un éventuel sous-sous-texte gay, de la même façon, toujours dès qu'il s'agit d'un groupe d"hommes), des mecs qui doutent, la relation entre un père et son fils... Autant de points communs (de passages obligés) dans les différents romans d'Hubert Mingarelli que j'ai pu lire (ou simplement les quatrièmes de couv', ces belles menteuses). Une simplicité d'autant plus frappante qu'elle est au service d'une émotion particulière. Où l'économie des mots génèrerait une émotion inversement proportionnelle, et, s'il est assez rare tout de même que les larmes me viennent aux yeux en lisant (bien moins souvent, en proportion, qu'au cinéma par exemple), là, elles étaient au rendez-vous. Comme au terme d'une décongélation lente et progressive. Au début du roman tout est dur, froid, sec, cassant, brutal. Congelé à coeur. Et c'est comme si, en faisant monter lentement la température des corps, le feu allumé dans cette maison polonaise moche (et sa problématique : comment l'entretenir ?) réchauffait aussi les pensées de ces hommes, en train d'attendre devant le fourneau que la soupe cuise, dégelait par là-même leur humanité, à feu doux, et, c'est normal, l'émotion du lecteur.

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17 janvier 2015

je sème à tout va

(from Larousse)

Unanimité :
Accord complet des opinions, des intentions : Cette proposition a été votée à l'unanimité.

Unanimisme :
Sentiment unanime, accord complet, consensus.
Doctrine littéraire selon laquelle l'écrivain doit exprimer la vie unanime et collective, l'âme des groupes humains, et ne peindre l'individu que pris dans les rapports sociaux. (Cette esthétique fut particulièrement illustrée par Jules Romains.)

Fraternité :
Lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine ; sentiment de ce lien.
Lien qui existe entre les personnes appartenant à la même organisation, qui participent au même idéal.

Mobilisation :
Mise sur pied de guerre des forces militaires d'un pays par le rappel dans les armées de tous ceux qui sont désignés pour y servir en temps de paix.
Ensemble des dispositions prises sur le plan militaire, administratif, économique, etc., pour assurer dans un pays, en cas de menace, la sécurité et l'intégrité du territoire, ainsi que la vie de la population ; état de quelqu'un qui est mobilisé.
Action de rassembler et de dynamiser les énergies : La mobilisation de toutes les bonnes volontés.
Action de mobiliser ses propres facultés : Mobilisation de l'attention

Manifestation :
Action de manifester, fait de se manifester : Manifestation d'un sentiment.
Événement attirant un public relativement large (fête, festival, exposition, salon, etc.), organisé dans un but commercial, culturel, publicitaire ou de simple réjouissance : Manifestation artistique.
Rassemblement, défilé de personnes, organisé, en un lieu donné, sur la voie publique, ayant un caractère revendicatif ou symbolique. (Abréviation familière : manif.)

Politique :
Ensemble des options prises collectivement ou individuellement par les gouvernants d'un État dans quelque domaine que s'exerce leur autorité (domaine législatif, économique ou social, relations extérieures) : La politique économique de la France.
Méthode particulière de gouvernement, manière de gouverner : Politique libérale, autoritaire.
Moyens mis en œuvre dans certains domaines par le gouvernement : Politique de l'emploi, des prix.
Manière concertée d'agir, de conduire une affaire : La politique commerciale de la maison.
Manière prudente, fine, avisée d'agir : Ménager quelqu'un par pure politique.

Récupération :
Action de récupérer quelque chose, quelqu'un ; fait d'être récupéré.
Fait de reprendre à son profit un mouvement d'opinion, une action collective en les détournant de leur sens original.
Action de remplacer des heures de travail perdues par un temps de travail équivalent.

Caricature :
Représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l'exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique.
Image infidèle et laide, reproduction déformée de la réalité : Ce compte-rendu est une caricature de ce que j'ai dit.
Personne très laide, ridiculement accoutrée ou maquillée.

Stigmatiser :
Littéraire. Imprimer sur le corps de quelqu'un une marque indélébile à titre de châtiment : Jadis, on stigmatisait au fer rouge les condamnés.
Dénoncer, critiquer publiquement quelqu'un ou un acte que l'on juge moralement condamnable ou répréhensible : Stigmatiser les responsables de la mauvaise gestion économique.

Amalgame :
Alliage de mercure avec un autre métal.
Mélange d'éléments hétérogènes : Un étrange amalgame de gens.
Réunion dans un même corps d'unités de recrutement différent.

Peuple :
Ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels, des institutions politiques : Le peuple français. (Le peuple est, avec le territoire et l'organisation politique, l'un des trois éléments constitutifs de l'État.)
Communauté de gens unis par leur origine, leur mode de vie, leur langue ou leur culture : La dispersion du peuple juif.
Ensemble de personnes définies par la région qu'elles habitent : Le peuple des campagnes.
Familier. Grand nombre de personnes dans un endroit : Il y a du peuple sur la place.
Ensemble des citoyens d'un pays par rapport aux gouvernants (au singulier) : Être élu du peuple.
Le plus grand nombre, la masse des gens, par opposition à ceux qui s'en distinguent par leur niveau social, culturel ou par opposition aux classes possédantes, à la bourgeoisie : Un homme issu du peuple.
Familier. Tout le monde : Il ne faudrait pas se moquer du peuple !

moi, j'dis ça, j'dis rien...

 

17 janvier 2015

pied-de-biche

PASOLINI
d'Abel Ferrara

C'était le dernier jour, la dernière séance, et justement la bonne heure... Je n'avais pas eu l'envie (ni l'occasion, ça tombait bien) de voir le dernier, avec Gros Gégé, mais celui-là si... La mort de Pasolini, pour moi, c'est d'abord et surtout cette scène magnifique de Journal intime de Nanni Moretti ("Je n'avais jamais vu l'endroit où Pasolini a été assassiné..."), avec le trajet en scooter et la jolie musique (de Keith Jarrett me semble-t-il).
Ferrara nous raconte la dernière journée de PPP, des faits, dans l'ordre chronologique, ce que l'on sait, d'abord, puis ce qu'il imagine, et c'est un Willem Dafoe tout à fait splendide qui l'incarne, de façon hallucinante (où le mot "incarnation" serait vraiment justifié).
On commence par le visionnage d'un extrait de Salo (une copie curieusement doublée en français, d'ailleurs), le film doit sortir prochainement, et il est question des réactions qu'il ne va pas manquer de produire, puis on va suivre Pasolini au fil des rencontre et des actions de cette dernière journée (une très belle critique dans Libé sur le fait que Ferrara ne filme que des "fins de quelque chose", dans tous ses derniers films).
Il est question de  mots, de parole, de création, au fil de cette journée : un roman en cours d'écriture, une interview à domicile avec un journaliste, un projet de film raconté dans un restaurant, Pasolini est présenté comme un auteur, un artiste, un "politique" aussi, d'une certaine façon, mais aussi comme un homme, juste comme un homme, avec des besoins d'homme, des relations d'homme qu'elles soient sociales, affectives ou sexuelles (concentriquement : les gens,  les connaissances, les amis, sa mère, et, bien sur, les ragazzi).
Ferrara réussit à rester très simple dans la forme, prudent presque, respectueux il semblerait.
"Scandaliser est un droit, être scandalisé, un plaisir." fait-il dire à son personage, en ayant, paradoxalement, l'extrême intelligence de, justement, ne pas cherche le scandale, l'esbrouffe, la provocation. Le paparazisme. Un beau portrait, d'une simplicité désarmante, excellemment soutenu (porté) par un Willem Dafoe exceptionnel.

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16 janvier 2015

chrono (pas si) logique

CAPTIVES
d'Atom Egoyan

Je suis Atom Egoyan depuis... longtemps (The adjuster est le premier de lui que j'ai vu, à l'Eldo à Dijon) Il n'y a finalement pas eu tant de films que ça depuis ! Et l'intérêt des débuts s'est progressivement dilué, jusqu'à disparaître complètement pour les derniers films. Mais là, allez savoir pourquoi, la bande-annonce, les paysages enneigés, l'aspect thriller paranoïaque (retors en tout cas), Ryan Reynolds, bref j'avais envie, et hop! je me suis lancé (une séance en VO aux Bozarts!) sans en lire aucune critique.
Une fillette est enlevée dans la voiture de son père pendant que celui-ci achetait des tartes cerise-rhubarbe dans un truck stop au milieu d'un nulle part enneigé. Plus tard, on comprend qu'elle est séquestrée on ne sait où (ni elle non plus) par un affreux et chichiteux pédophile (difficile de rendre un personnage plus insupportable d'emblée), qui l'utilise pour appâter de nouvelles jeunes victimes via internet.
Huit ans après sa disparition, son père n'a pas perdu espoir et continue la traque, espérant parvenir à la (re)trouver, après avoir pu brièvement la rencontrer au milieu d'un autre nulle part tout aussi enneigé. Il y a aussi sa femme, qui lui en veut toujours depuis huit ans d'avoir laissé perdre leur fille, et aussi une fliquesse noire, qui depuis huit ans aussi continue de s'intéresser à l'affaire, secondée par un autre flic blond et tough qui a eu visiblement une jeunesse tourmentée... (comme une piste de scénario dont le réalisateur se dirait Je l'utilise ? Je ne l'utilise pas ?)
Voilà grosso modo le tissu narratif du film que le réalisateur, hélas, s'ingénie à tordre, découper, recouper, empiler à la va-comme-je te-pousse, complexifiant encore une narration déjà au départ pleine de trous d'air et de zones d'ombre. Quel intérêt y a-t-il a ainsi mélanger exprès les strates temporelles, juste, pour, semble-t-il, le plaisir d'emberlificoter le spectateur?
Il y a toujours eu, chez Egoyan, plusieurs constantes, sur la forme (complexification plus ou moins gratuite de la narration) autant que sur le fond (une certaine fascination pour le mal, les différentes façons de le faire, la transgression des interdits, avec toujours l'apparence du "bien", du normal, du conforme, du rassurant ...). Là, le "cahier des charges" egoyanien est respecté, bien trop scrupuleusement même, avec une curieuse -et maladroite- accélération finale, une dernière ligne droite à toute berzingue où hop hop hop tout est soudain éclairci découvert arrangé réglé happy-endé, tellement vite d'ailleurs, que le réalisateur laisse arriver le générique final sans même se donner la peine de régler le sort d'un des personnages qu'on sait en pas trop bonne posture mais dont un autre personnage dit à son propos que "ça va s'arranger". Une ou deux minutes de plus, ça n'était pas grand-chose, et ça permettrait au spectateur de partir avec le sentiment que la boucle était bouclée, comme on dit. Là, c'est presque méprisant de la part du réalisateur, à la fois pour le spectateur et pour le personnage...

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L'affiche est réussie, la neige est cinégénique et Ryan Reynolds l'est tout autant...

15 janvier 2015

je suis chori

samedi

Marche citoyenne ce samedi après-midi à Besac
J'y étais, avec Dominique et Emma. Une foule inhabituelle, insensée, incroyable,  entre 15.000 et 20.000 ont annoncé les organisateurs . La foule des grands jours, pourrait-on se réjouir.
Seulement, sur le trottoir, je regardais passer les gens, tous ces gens, et je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir des questions, comme ça, qui me trottinaient dans la tête. Pourquoi tous ces gens, pourquoi étaient-ils tous là, dans la rue ? Et moi, d'abord, hein ? (c'est Christine qui m'a fait me poser la question, ce matin, quand je lui ai parlé de la manif d'hier.) Pourquoi je suis venu ?
D'abord parce que je retrouvais mes amies Emma et Dominique à midi à l'Hermitage (et que manger à l'Hermitage un samedi midi est toujours spécialement un plaisir), parce que c'était une "marche citoyenne" (et donc pas une manifestation, même si ça en présentait pourtant tous les symptômes), parce que je voulais savoir à quel point "ça" serait suivi (et qu'en effet ça le fut!), parce que je voulais témoigner (manifester) mon soutien pour les dessinateurs de Charlie-Hebdo, et pour tous les autres, morts ce jour-là, victimes de la violence imbécile et zélée de deux connards de tueurs, se réclamant de dieu sait qui, parce que je voulais ressentir en quoi ce soudain amour vibrant universel et national (comme a dit Dominique, "aujourd'hui tout le monde s'aime...") était différent d'avant, et qu'est-ce que ça allait changer pour après, parce que je me disais que je ne pouvais pas ne pas être là (les seuls absents, grosso modo, étaient les malades et les FN -et encore pour ces derniers je ne suis pas du tout absolument sûr que...-), parce que j'espérais que quelqu'un, quelque chose, pourrait à ce moment me permettre de m'aider à répondre à mes doutes, concernant tout ça, tout cet emballement médiatique, politique, social, qui a succédé à ce désormais fameux mercredi 7 janvier.
Je suis sûr de peu de choses : c'est un événement qui m'a foudroyé, terrassé, cet assassinat injustifiable, dégueulasse. Des hommes fusillés, c'est déjà, par définition, insupportable. Alors encore plus quand ils sont désarmés, et quand la seule chose qu'on reproche à certains car d'autres sont morts qui n'avaient strictement rien fait, à part d'être là au mauvais moment), c'est d'avoir fait des dessins. Des dessins, oui! Peu importe que ce soit la tête du prophète ou le cul du président, juste des dessins. Ces dessinateurs, ce journal, je les connaissais depuis 1973 (mon premier numéro, ramené à la maison quasiment sous le manteau -sous le t-shirt, on était en août-...) j'adorais l'insolence, les gros mots, les bites, l'irrévérence, le politiquement incorrect, bref cette façon de flinguer tous azimuths, contre la connerie, contre les politiques, contre les religions, contre la police et l'armée, contre le nucléaire, contre la droite, contre la gauche aussi quand il le fallait... Et c'est vrai que je m'en suis par la suite un peu éloigné...
Et me voilà, sur le trottoir, à contempler le flot des Charlies qui passent, et à me demander si je suis vraiment normal de ne pas prendre part sans arrière-pensée(s) à cet enthousiasme unanimo-national ("marchons marchons qu'un sang impur...") dont je ne mesure pas tout à fait ni les raisons ni les effets. Oui c'est bien de marcher comme ça tous ensemble mains dans la main vers un univers radieux et bleu-blanc-rouge (y en avait pas déjà bôcou bôcou qui l'avaient fait, genre en 98 ? et ça a donné quoi , hein ? ca a duré quoi ?), c'est 'achement bien sur le coup, c'est sûr, ça réchauffe, ça rassure...
Et il y a quand même tous ces politiques, qui se bousculent pour être là, sur la photo, à côté du bodyguard sexy de Hollande (je n'invente rien), à se serrer les mains, les coudes (pour ne pas dire mieux) tous le regard sur la ligne bleue des vosges d'un avenir décidément radieux à l'unanimité de forces unies contre le terrorisme abreueueueueuve nos sillons...
je me disloque à 15h et quelques et je vais voir l'assez pas très bon film d'Egoyan (on est quatre dans la salle : Dominique me fait remarquer "tout le mond est à la Manif...") avec presque de vagues scrupules : Suis-je anti-social ? Non-citoyen, mécréant,  anti-anti-terroriste , pas dans le sens du poil , bref, pas assez Charlie ?

(et puis quelques jours passent)

mardi

L'actualité se fatigue et patine un peu sur le coup, on en parle un peu moins, un peu moins fort, un peu moins unanimement, et -enfin- quelques couacs s'élèvent, quelques sons de cloches autres, heureusement, même si certains m'indignent et me filent la gerbe. Tiens, tout le monde n'est plus tout à fait Charlie... Les rebeus, les juifs, les dessinateurs, les journalistes, les pros et les cons (tiens ça m'arrange bien de parler à l'anglaise, sur ce coup) les gays, on reprend un peu (juste un peu) ses esprits, ses marques, ses -même si imperceptibles- distances
Les spécialistes (du terrorisme, de l'anti-terrorisme, de la religion, de l'intégrisme, de l'anti-amalgame, de la discrimination, de l'unanimisme, de la myopie, de la différence entre halal et kasher) s'expriment, s'impriment, glosent dialoguent et s'invectivent, se disent et se contredisent, donnent leur(s) avis(s) et on n'y voit pas vraiment plus clair. Chacun recommence à avoir raison, même si quelques-uns murmurent "je ne suis pas tout à fait certains")
la couverture du Charlie de demain a fuité, je la trouve excellente. ils n'ont pas baissé la garde, ils sont restés cohérents, ils ne baissent pas les yeux, c'est juste parfait.
On annonce un tirage de un, puis de trois millions d'exemplaires...)

mercredi
je me suis pointé comme une fleur à 9h, j'aurais pourtant du être alerté par quelques sms et mails des copines... J'ai fait plusieurs marchands qui affichaient tous "plus de charlie-hebdo, revenez demain!", et j'ai juste encore une fois souri en pensant à tous ces millions de gens qui allaient (qui avaient voulu) acheter le premier Charlie de leur vie, et à leurs réactions devant ce qu'ils allaient y trouver...
Et puis Catherine m'a parlé des tweets de Swami Petaramesh et je suis allé jeter un oeil
il y a de plus en plus de gens qui se posent des questions, ça c'est plutôt bien, mais je n'y vois pas beaucoup plus clair, au contraire. Les chaînes de télé n'ont plus de brassard sur leurs logos, les spécialistes glosent tous azimuths,
Ici ce soir le bôô cinéma a organisé une projection de Caricaturistes, fantassins de la République, au profit du fonds de soutien à Charlie : 77 spectateurs (j'avais un peu rêvé un raz-de-marée mais non)
Juste ça ne me semble plus si important que ça, finalement, de l'avoir tout de suite, ce fameux nouveau numéro de Charlie, (c'est peut-être juste le fait de m'imaginer que je vais devoir me lever à 6h du mat' pour ça et ma paresse naturelle qui reprend le dessus), d'autant plus que Catherine P. a la gentillesse de me le transmettre en pdf dans la soirée.
Tiens ça fait déjà une semaine...
Tiens ça fait déjà une semaine...

10 janvier 2015

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8 janvier 2015

je suis charlie

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oui ce soir Je suis Charlie
j'ai appris les choses en début d'après-midi et je n'ai pas tout de suite compris de quoi il s'agissait vraiment. Juste les mots fusillade et Charlie-Hebdo. Puis le nombre de nouvelles, de minutes en minutes, m'a fait lire plus attentivement les articles. J'ai vu les mots 12 morts et les noms de Wolinski, Tignous, Charb, Cabu.
Assassinés par deux hommes cagoulés, armés de kalachnikov et de lance-roquette. Des mecs entraînés, visiblement. Qui ont commis froidement cette boucherie au nom de la vengeance du prophète.
J'ai passé le début de soirée à regarder les infos sur les différentes chaînes, puis tenter de regarder les journaux télévisés. je dis bien tenté de. TF1 a bien fait son putassier racolage habituel (j'avais l'impression d'être dans le film Night call), l'odeur du sang, la fange nauséabonde, la gourmandise des vautours qui presque se pourlèchent les babines, l'appel à la trouille, barricadez-vous et restez-ci pour regarder, "ils" n'ont peut-être pas encore fini,France 2 a été un poil plus digne, France 3 idem, tandis que, sur Canal, De Caunes ne savait pas trop sur quel pied danser, ni quel ton adopter, tandis que, juste après, Yann Barthez a été le plus juste, passant des images d'archive concernant chacun des membres de Charlie assassinés, et répétant juste ces mots "ils ont été assassinés ce matin".
Ces mots invraisemblables.
Assassinés. Ces hommes qui faisaient partie de notre vie, qui nous accompagnaient depuis si longtemps (j'ai commencé à acheter Charlie dans les années 70), ils ne dessineront plus, ils ne me feront plus marrer chaque mercredi matin ou presque en découvrant le une de Charlie-Hebdo. Ils sont morts parce qu'ils dessinaient, parce qu'ils s'exprimaient, juste. Un stylo contre une kalachnikov. On parle d'eux, on parle des deux flics exécutés eux-aussi, mais il y a encore six autre personnes, des anonymes, des gens de l'équipe du journal, je pense, on n'en a rien dit de plus.
J'ai pleuré en voyant ces images, j'ai pleuré aussi en voyant l'ampleur des manifestations qui ont suivi. Des milliers de personnes qui se sont retrouvées, à Paris, et dans les autres grandes villes aussi, qui tenaient leur pancarte "JE SUIS CHARLIE", des bougies, en silence. Calme et dignité. Solidarité aussi, envers chacune des victimes de l'attentat, et façon de dire, nous sommes unis, unis pour faire face. La récupération politicienne faisait hélas aussi partie du lot de ces réactions. Celle du "nouveau président" de l'U*MP, notamment, m'a spécialement levé le coeur (on ne change pas les habitudes) et j'ai zappé. Mais, plus tard, j'ai même regardé un morceau du discours de Hollande.
Attentat, attentat meurtrier. Le plus meurtrier en france depuis 1960. Ce qui est paradoxal, et les aurait fait sans doute marrer, les mecs de Charlie, c'est qu'ils vont être les objets d'une journée de deuil national, que pour eux les drapeaux vont être en berne trois jour, que la quasi-totalité du monde politique va venir défiler et se prosterner devant leurs dépouilles, alors que, de leur vivant, ils (ceux de Charlie) n'auront cessé de dénoncer la connerie, religieuse, politique, de batailler, de ferrailler, de dénoncer...
Malou, tout à l'heure au téléphone, me parlait d'"orphelins". Oui, c'est ça, c'est bien ça, comme si on avait perdu quelqu'un de la famille, quelqu'un de proche, de très proche, mais ça multiplié par un, deux, trois, quatre... Des frères, des complices, des amis proches. On est choqués, perdus, sonnés.
C'est pour ça que ça fait du bien de se retrouver sur cette place, à dix-huit heures, ce jeudi soir, il fait noir, il pleut, une forêt de parapluies, on se serre comme pour se tenir chaud, on se parle, on se rapproche, oui on se réchauffe, c'est le premier rassemblement citoyen, celui à l'initiative des syndicats, et demain soir il y en aura un autre, au même endroit, à l'initiative de la municipalité et du PS (ce qui ne s'est vraiment pas fait souvent sous nos contrées!), et dimanche , ecore un autre, semble-t-il...
On se retrouve, on se parle, on écoute la brève mais touchante intervention d'un syndicaliste, et j'ai encore les larmes aux yeux, sous la pluie, à la fois par la teneur des mots qui sont prononcés, et par le fait de partager ce moment, cette ferveur...

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