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lieux communs (et autres fadaises)

29 août 2022

best en djinn

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TROIS MILLE ANS A T'ATTENDRE
de Georges Miller

George Miller, pour moi, c'est, d'un côté, la saga MAD MAX (dont je n'ai vu, ou voulu voir, aucun des films) et de l'autre le dyptique autour de BABE LE COCHON (j'ai vu et adoré les deux), un sacré grand écart donc (avec, entre les deux, à mi-chemin, allocinoche me rafraîchit la mémoire, le plaisant LES SORCIERES D'EASTWICK (1987), que j'avais, à l'époque, adoré -même si quand même Nicholson en faisait des caisses).
Au générique, la réunion plutôt intriguante de deux noms : la très chère (et protéiforme) Tilda Swinton (à laquelle MUBI consacre un hommage), dernièrement vue chez Apichatpong, et le -de moi moins connu- Idriss Elba (qui est justement à l'affiche la même semaine dans un autre film très différent, avec ses gros muscles, BEAST, et qui, me montre allocinoche, a joué dans des centaines de films à gros muscles et à fort parfum de testostérone, que je n'ai pas vu, sauf son tout premier (1998), où on a le plaisir de le découvrir en boxer (en caleçon ?), et qui est, étrangement, français, BELLE MAMAN de Gabriel Aghion, dans l'impayable scène dans les toilettes (avec le délicat "comme des abeilles sur un pistil ?"), sur MARCIA BAILA des Rita Mitsouko, visible sur y*utube ici).
Bref ici Idriss joue un djinn. Enfermé dans une bouteille et libéré par une Tilda Swinton parfaite, comme toujours, ici en "vieille fille" universitaire et conférencière. Et seule. Le film est raconté par la jeune femme elle-même, et présenté comme un conte (avec son "il était une fois..." au début et presque son "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" à la fin. Oui, presque.).
Elle l'a libéré et donc il lui offre trois voeux, mais elle sait bien que cette histoire de trois voeux, justement, dans les contes, est toujours source d'ennuis, et, avant de se décider, propose donc au djinn de lui raconter son histoire... ce qu'il fait sans trop se faire prier (ça fait tellement longtemps qu'il est enfermé dans sa bouteille!)
Un conte, donc. Il faut jouer le jeu. Mille et une nuits, sultan, favorite, belles intriguantes, potentats sanguinaires, danse des sept voiles, on a tout ou presque... Tel une Shéhérazade infatiguable, le djinn raconte les différents chapitres de sa vie à une Tilda Swinton captivée, tous les deux en peignoir dans leur chambre d'hôtel devant un somptueux breakfast.
Et je me suis retrouvé, gamin, quand je dévorais la série des Contes et Légendes... mais on est, tout de même, adulte en tant que spectateur, et on voit, plus ou moins vers où le réalisateur va nous entraîner, et on attend, bien sûr, ce premier voeu que Tilda Swinton va formuler... Idriss Elba est magnifique, et on réalise que sous ses oripeaux surchargés et précieux de légende orientalisante, on est face à une bluette sentimentale comme, midinet, on les aime tant, et qu'il va -fatalement ?- être question d'amour, comme si on était face à  des (au hasard) Julia Roberts et Hugh Grant des romcom de la grande époque, sauf que George Miller y met beaucoup plus les formes (les effets spéciaux, je veux dire).
Une friandise (presque) coupable donc, mais à déguster la tête haute, et, éventuellement, des étoiles dans les yeux...

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28 août 2022

jean jacket

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NOPE
de Jordan Peele

D'abord, ça commence mal. pour cette première séance en VO (qu'il a fallu attendre une semaine), le film est délocalisé en salle 1 (la plus petite) et dès la première image c'est clair qu'il y a un problème : sur l'écran l'image apparait toute rikiki, bandes noires de chaque côté, mais aussi en haut et en bas. Dans la salle (nous sommes 8) personne ne moufte, je sors donc dans le hall pour prévenir un caissier qui me dit "qu'il va aller voir". Je reviens me rasseoir, j'ai visiblement loupé une scène importante, je ronchonne intérieurement, au bout d'un certain temps, l'image s'agrandit d'un coup, à donf', elle est désormais plein écran, les sous-titres sont à ras du bord, (j'ai peur qu'elle soit désormais trop grande, mais tant pis je regarderai le film comme ça jusqu'à la fin...)
D'autant plus mal à me mettre dedans que ça démarre sur des choses très différentes, qui ne semblent rien avoir à voir avec la bande-annonce : un singe qui pète les plombs sur le plateau d'une sitcom, et une frère et une soeur, dresseur de chevaux, sur un plateau de cinéma... On peut se sentir un peu perdu (surtout si en plus on a manqué une scène importante...)
Mais bon ça y est, c'est parti, le frère, la soeur, les chevaux, et on sait qu'il y a quelque chose en l'air, là-haut, caché dans ce nuage qui reste très immobile (trop immobile). Il y a aussi un cow-boy asiatique (ex vedette de sitcom), un vendeur de matériel audiovisuel curieux et geek, un vieux loup solitaire à qui on ne la fait pas, et... ce truc, ce machin-chose, là-haut, qu'on ne verra pas pendant très longtemps, mais qui commence à s'attaquer à tout ce qui bouge (que même des fois il se trompe)
Je précise pour certaine de mes amies qui craignait de tomber en pâmoison à la vision du film : il n'y a RIEN d'horrible (et/ou de gore), enfin, me semble-t-il. Mais un sacré film. Du vrai cinoche, quoi.
Et, ce qui est bien (encore mieux), c'est que, pour une fois, la bande-annonce ne raconte pas tout (au contraire) et laisse au spectateur tout le temps de gamberger, d'appréhender, de se crisper sur l'accoudoir (c'est ça qui est bon, non ?) Et donc laisse tout le loisir au spectateur potentiel de se construire "son film"... (et d'être en fin de compte un peu déçu, en tout cas désorienté, quand ça ne correspond pas vraiment...)
Oui, un sacré bon moment de cinoche, en tout cas...

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27 août 2022

CMFUBJ post quinze août

"Par les temps qui courent il faut savoir saisir le moindre instant de bonheur et l’apprécier. Évitons de trop réfléchir, ça ne sert à rien." (Stefan Zweig)

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(presque que des merveilles de tw*tter)

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il ne s'agit pas du tout d'une spirale!

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le cadre

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j'aime bien la tête du jeune homme au chapeau

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Sempé 1 (celui-là je ne connaissais pas)

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oh je vais m'abonner tiens!

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cette bonne vieille Terre

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et moi donc!

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Neil Young

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François Truffaut et Fanny Ardant

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Sempé 2 (un autre de mes favoris)

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no comment

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"Il est grand temps de rallumer les étoiles." (Guillaume Apollinaire)

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une belle affiche

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Jack Kerouac

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la scène finale de Rosemary's Baby
qui m'impressionne toujours autant

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"Rien de plus rare que de ne donner aucune importance aux choses qui n'ont aucune importance." (Paul Valéry)

26 août 2022

lanterne

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EVOLUTION
de Kornél Mundruczó

Rattrapage,  on pourrait dire.
J'étais allé voir le film au Victor hugo chéri à sa sorti, j'avais vu le premier segment  (plutôt éprouvant), le troisième (moins anxiogène) mais je n'avais pratiquement rien vu du milieu, à part les premières et les dernières images. Donc j'y allais surtout pour ce fameux segment central... J'étais très bien réveillé pour le premier, que j'ai donc revu en intégralité, j'étais très bien réveillé pour le troisième, que j'ai donc revu idem, mais mais mais hélas très mais, j'ai un (tout) petit peu repiqué du nez au milieu (mais vraiment un tout petit peu hein... Il s'agit d'une mère et de sa fille, la mère est très vieille, on apprend que c'est elle le bébé de la première partie, qu'elle a des problèmes de santé (une longue scène d'essuyage de caca), et le final aquatique est toujours aussi surprenant (j'espérais avoir des explications à son propos mais non...)
Un film, comme j'ai déjà dit malaisé / malaisant, que le réalisateur a conçu et réalisé avec son épouse... Un film qu'on pourrait, finalement qualifier d'optimiste, puisque, d'une partie à l'autre les choses vont un peu mieux (sont moins pire serait plus juste)
Le plus étonnant, c'était dans la salle : sont venus s'asseoir, à quelques minutes d'intervalle, deux couples d'ados (enfin, de jeunes, quoi) desquels j'étais prêt à jurer qu'ils s'étaient trompés de salle (surtout le dernier, avec une demoiselle et son copain casquette à l'envers et tenue streetwear de rigueur -et les baskets posées sur le siège de devant-) et qu'ils allaient se lever dès les premières images (un film hongros en VO qui évoque la Shoah, pensez donc...) Et bien je suis un idiot : ils sont restés jusqu'au bout, très sagement, (lui à commencé à chuchoter un peu ô très légèrement vers la fin, mais j'étais dans un étât d'acceptation et de mansuétude absolues, prêt à tout endurer, à tout leur pardonner, et je n'ai absolument pas réagi... Bravo les jeûnots, en tout cas!

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25 août 2022

ouïe ou non

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EN DÉCALAGE
de Juanjo Giménez

oh que voilà un film très curieux (un film très curieux, y a de l'écho, mais c'est fait exprès) qui nous est tombé des limbes cinématographiques en sortie nationale (mais non je viens de vérifier il est sortie le 3 août, on est donc dans la configuration habituelle S+2), dans le bôô cinéma, "programmation estivale", mais, curieusement juste pour 5 séances, et uniquement en VO tiens tiens...)
Un film qui induit un effet très particulier quand on en sort (la façon dont l'identification fonctionne, un peu comme, en sortant de GHOST DOG on marche comme Forrest Whittaker) oui, à l'image de l"héroïne -et du titre- on se sent décalé, d'une certaine manière oui c'est très curieux.
Déjà, l'héroïne, elle est ingénieuse (ou ingénieure ? ingénieresse ?) du son -au cinéma, oui- et travaille dans un studio, zvec un banc de montage (et des films ayant pour héros des ingénieurs du son, il n'y en a pas une palanquée : BLOW OUT de Brian de Palma, et l'étrange BERBERIAN SOUND STUDIO de Peter Strickland... ah, et aussi, mais dans un tout autre genre le LISBONNE STORY de ce bon vieux Wim W.) et clic clic cette dame (qu'on ne nommera que C au générique) est incarnée par Marta Nieto, vue il n'y a pas si longtemps dans le MADRE de Sorogoyen...) Moi, dès qu'il s'agit de voir (d'entendre, plutôt) un film en VO et en español, je suis prêt à toutes les compromissions du monde. Donc j'étais déjà plus que partant. Et là, figurez-vous que pour en rajouter encore à mon bonheur, j'étais seul dans la salle 11 (aux fauteuils assez étrangement inconfortables) SAUF QUE quand j'y suis entré, je pensais avoir dix minutes d'avance (pour la séance de 18h) alors que, ils sont joueurs, cette séance-ci était à 17h45 (j'ai vérifié -trop tard- sur le billet) et j'avais donc cinq minutes de retaed (j'ai manqué les toutes premières minutes du film, ce qui m'a légèrement agacé.).
Donc C. est décalée. Elle entend les choses après qu'elles se soient produites, comme un écho, ce qui la gêne bien sûr dans son travail (pour ce qui est de la post-synchronisation c'est plus que gênant) et donc va chercher à en savoir plus sur cette affection, qui devient de plus présente (et le décalage gagne en intensité) à la fois pour elle et pour le spectateur. Il est recommandé de voir le film ans une salle équipée d'un bon dispositif, les effets n'en seront que plus impressionnants...
Rt le réalisateur va nous faire monter à petits pas les marches d'un récit qui grimpe, mine de rien vers le fantastique. Un fantastique très feutré, intériorisé, rien de violent de sanglant ni de gore, non, juste des effets sonores (le montage-son est ultra-chiadé), on suit C. sur les traces de son passé (il sera même question dun magnétophone à cassettes, hihihi) avec une assez charmante pirouette finale, un genre de clin d'oeil (de clin d'oreille plutôt) et tout ça, merveille, je le redis, en español, quel bonheur...

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24 août 2022

contraception masculine

3 jolies photos dans Libé du 23 août pour illustrer un article sur ce thème (j'ai galéré pour récupérer celle du milieu)

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24 août 2022

ampoules

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THE HUMANS
de Stephen Karam

Il s'agit d'une sortie MUBI (comme l'avait été, en son temps, le très chéri FIRST COW). C'est le deuxième film du réalisateur (il a aussi signé pour le cinéma une adaptation de LA MOUETTE, de ce très cher Anton T.) et c'est aussi une adaptation, celle de sa propre pièces de théâtre. Une famille se retrouve dans l'appartement quasiment vide d'une des deux filles et de son copain -ils viennent juste d'aménager- pour le repas de Thanksgiving (nous sommes donc fin novembre).
Adaptation théâtrale donc, et on ne quittera quasiment jamais l'appartement en question, qui a l'avantage d'être sur deux niveaux, plutôt vieillot mais avec beaucoup de cachet, et, surtout très cinématographique. Un appart "dans son jus", où les ampoules ont tendance à griller les unes après les autres, dans un bâtiment qui produit d'étranges "bruits domestiques"...
J'étais content de retrouver, en tête de générique, celui qui incarne le père de famille, ce très cher Richard Jenkins, vu dans des films aimés (THE VISITOR) mais, surtout, découvert dès le 1er épisode de SIX FEET UNDER...
Le père, la mère, deux filles, le copain d'une des deux, et la grand-mère (qui perd la boule) dans sa chaise à roulettes. C'est très théâtral, certes, mais presque "a minima", la caméra prend visiblement beaucoup de plaisir à fureter dans tous les coins, explorer les espaces, s'attarder sur des détails parfois en très gros plan, poser d'intelligents cadrages, recadrages, surcadrages (l'espace sera vraiment utilisé au maximum) tandis que se déroule la comédie humaine de ces six personnages-là. Qui racontent leurs vies, leurs souvenirs, leurs rêves aussi, dans cet espace complexe (coins et recoins) plutôt judicieusement utilisé. Il est question de famille, d'amour, de vieillissement (et aussie de thérapie, de rupture, de légumes bio) dans ce décor réduit à l'extrême -le repas est presque un pique-nique-  cet appartement presque vide où on passe, élégamment d'un non-décor à un autre (des couloirs étroits filmé au grand-angle pour un rendu de perspective aussi déformé qu'étouffant.
On met peut-être un peu de temps à "se mettre dedans", au début, tant tout est fractionné, morcelé, il faut le temps que les choses se posent, s'articulent, que les pièces s'emboîtent de ce puzzle familial dont on n'aura pas forcément à la fin une vision complète... Qu'on en apprenne un peu plus sur chacune et chacun, ensuite ne reste plus qu'à savourer cette  rencontre, ce repas de famille, avec des moments de rien, des intertices, et d'autre où, à l'opposé, se jouent des choses très fortes.
Une très belle scène de montée de panique, juste avant que la porte ne se referme...
Un film à revoir, c'est sûr.

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22 août 2022

gabriella manzoni

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21 août 2022

claquettes

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LE CHIGNON D'OLGA
de Jérôme Bonnell

C'est grâce à Emma (elle a acheté le dvd et elle me l'a prêté) que j'ai pu voir ce premier film d'un réalisateur que j'aime beaucoup. Comme souvent chez lui, il s'agit -déjà- d'un film choral (carrément polyphonique!) où vont s'entremêler plusieurs histoires sentimentales d'un certain nombre de personnages.
Soit un père (Serge Riaboukine) en stand-by affectif après le décès de son épouse, sa fille (Florence Loiret-Caille), un peu larguée, qui se demande entre autres si elle est lesbienne ou pas et l'expérimente avec sa copine (Clotilde Hesme), son fils (Hubert Benhamdine, qu'on reverra par la suite surtout sur le petit écran) qui est amoureux d'Olga la libraire (qui donne son titre au film) mais qui traîne surtout avec sa copine qui fait des claquettes, Alice (Nathalie Boutefeu) qui elle a des problèmes sentimentaux avec Grégoire (Jean-Michel Portal), dont on entreverra le frère (Grégory Gadebois) à deux reprises. Il y a aussi Pascal (Marc Citti) un ami de la famille, et Nicole (Valérie Stroh) une vieille amie du papa... Beaucoup d'actrices / teurs qu'on connaît et qu'on aime (à part Hubert Benhamdine que j'étais un peu étonné de trouver en tête de générique parce que je ne le connaissais pas du tout) et qu'on est content de retrouver là, et, en plus si jeunes, et donc si attendrissants (le film date de 2001).
Julien, le fils, en pince vraiment pour sa libraire, dont il hallucine la présence un peu partout, au point d'élaborer des stratagème idiots pour qu'elle le calcule enfin (mais bon on ne devait pas dire ça en 2002). L'histoire de Julien et d'Olga c'est un peu l'ossature principale du film (un film où personne n'a de téléphone portable et où les prix sont en francs, quel ravissement, quel bonheur, quelle satisfaction...) mais il y a plein d'autres histoires qui se ramifient tout autour, à tel point que -premier film oblige- on a parfois le sentiment que c'est un petit peu trop rempli, à ras-bord, et du coup que certaines histoires sont traitées plus désinvoltement que d'autres... Mais c'est trop bien de baguenauder avec tous ces personnages (et, surtout, les acteurs qui les incarnent), dans ce qui pourrait être considéré comme un genre d'esquisse de J'ATTENDS QUELQU'UN, qui viendra six ans plus tard.
Ravissant.

aff


 

20 août 2022

(de) mauvaise vie

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LES NUITS DE MASHHAD
d'Ali Abbasi

Je connaissais le pitch, j'avais lu des critiques cannoises qui se plaignaient d'une "violence complaisante", mais je me souvenais du plaisir pris à son précédent -et étrange- BORDER et j'y suis donc allé à la première séance, celle de 18h le mercredi (pendant les ouacances, "nos" films, dans le bo cinéma, ne sont programmés qu'aux séances de 18h et 20h30, c'est comme ça, caca estival oblige...)
Violent, le film l'est (il y a deux ou trois scènes où je me suis caché les yeux derrière ma main oui oui), il est interdit aux moins de 12 ans (oui je suis une âme sensible) et nous conte l'histoire de Rahimi et Saheed. Elle est journaliste à Téhéran, lui père de famille pieux et pratiquant à Mashhad, ville sainte iranienne et lieu de pèlerinage. Sauf que ce n'est pas du tout QUAND HARRY RENCONTRE SALLY (à Mashhad). Elle est journaliste et lui serial killer (il étrangle des prostituées après les avoir ramenées  chez lui sur sa moto, je ne spoile rien puisque le spectateur le sait lui aussi très très vite). Elle enquête (enfin, elle essaie d'enquêter, car, en Iran rien n'est facile pour une femme seule -cf la scène de l'arrivée à l'hôtel-) sur lui et ils finiront par se rencontrer (il l'a ramenée chez lui un soir sur sa moto), elle payera de sa personne et lui se fera arrêter...
Ca pourrait faire l'objet d'un film (la traque / l'arrestation), mais, là, il reste encore une cinquantaine de minutes, on se demande qu'est ce qui va donc suivre, et c'est là que le film devient encore plus intéressant... Comme si tout ne faisait que commencer. Le procès du tueur devient un enjeu politique, et tous les barbus s'y mettent et unissent leurs forces, les gens manifestent en sa faveur, soutiennent qu'il n'a fait que son devoir, "purifier" la ville sainte, son fils passe à la télé pour parler de son père et exposer son modus operandi... Ali Abbasi, de façon assez narquoise, fait en sorte que le spectateur se crispe de plus en plus sur ses accoudoirs au vu des saloperies mises en jeu par les différentes "autorités" (barbues) en place, où il apparaît que tous es mâles se serrent les coudes et s'arc-boutent sur le pouvoir que leur confère le simple organe qu'ils ont entre les jambes. C'est ainsi, c'est la loi, c'est dégueulasse. Qu'ils soient imams, juges, anciens combattants, tous ils montent au créneau. Le spectateur bout, les nerfs se tendent au fil de cette deuxième partie, quand il réalise enfin, comme Saheed, qu'il a finalement été manipulé. (Par un revirement de situation qu'on ne comprend pas vraiment, mais qui nous rappelle, in fine, que l'histoire se passe en Iran (même si le film a été tourné en Jordanie) et qu'en Iran ça finit souvent comme ça..
Et le film résonne étrangement, après avoir vu LA NUIT DU 12, où il est aussi question de féminicide, d'hommes qui tuent et d'hommes qui jugent, et de la phrase " elle a été tuée parce que c'était une fille..."

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