525$
KAJILLIONAIRE
de Miranda July
De la même réalisatrice, on avait déjà programmé MOI, TOI, ET TOUS LES AUTRES (2005) -dont j'ai été infoutu de retrouver la critique sur ce blog-, que j'avais trouvé étonnamment agréable (agréablement étonnant). C'est à nouveau le cas. Une histoire de famille fonctionnellement dysfonctionnelle (à moins que ce ne soit l'inverse) : Maman (Debra Winger) et Papa (Richard Jenkins, découvert au cinéma dans le très beau THE VISITOR) forment avec leur fille Old Dolio (Evan Rachel Wood, qui livre ici une performance keatonesque) un trio d'arnaqueurs, qui ne vivent d'aileurs que par et pour l'arnaque. Ils "habitent" dans une sorte de hangar industriel des murs duqel suintent une espèce de mousse rose venue de l'usine à côté (dont ils ajournent sans cesse le paiement du loyer). Toujours sur la brèche pour trouver une nouvelle idée d'arnaque, un mouveau moyen de récupérer des dollars, de truander, d'obtenir des choses sans payer, les voilà qui prennent l'avion pour New-York avec le projet de monter une arnaque pour se faire rembourser les bagages de Old Dolio. Là ils sympathisent avec une jeune fille, Mélanie, et Old Dolio (qui, de toute façon, tire toujours la tronche) semble souffrir du fait de l'irruption de ce nouveau personnage dans leur trio... Le film va ensuite se cristalliser autour d'un chèque de 1575$ (le remboursement des bagages "perdus") et de la façon de le partager -ou pas- et du besoin d'amour familial soudain exprimé par Old Dolio, par rapport à ses parents, somme toute assez monstrueux... Le récit progresse par paliers successifs, et chaque nouvelle scène apporte une nouvelles (pas forcément bonne, enfin ça dépend pour qui) surprise. Comme des déflagrations successives qui viendraient secouer le récit. Il est tout de même question d'une certaine cruauté dans les rapports humains, mais tout ça est enrobé, paradoxalement, d'une certaine douceur, presque enfantine. Et font se questionner le spectateur : finalement, qu'est ce qui est vrai ? qu'est ce qui compte vraiment ? Qu'est ce qui compte, en fin de compte (pendant qu'en arrière-plan, une caissière, justement, additionne des chiffres jusqu'au montant -magique- q'on avait espéré) c'est l'amour. c'est l'amour mour mour... Etonnant, détonnant.
Il est juste dommage que si peu de gens aient fait le déplacement, aient fait l'effort d'avoir la curiosité de tenter l'expérience (on était 3 à la séance...)