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lieux communs (et autres fadaises)

27 mai 2023

le pigeon

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SHOWING UP
de Kelly Reichardt

j'avais eu la chance de le voir en prévisionnement grâce au GNCR et à Diaphana, sur l'écran de mon ordi, avec la mention "PROPRIÉTÉ DE DIAPHANA qui prenait tout le faut de l'écran) et donc il falllait absolument que je le revisse "en vrai" dans le bôô cinéma. 13h40, salle 1 (la plus petite), six spectateurs (dont, exceptionnellement Alain K. ce qui compte donc double), et me voilà réembarqué dans cette nouvelle expérience, après l'éblouissement de FIRST COW le film précédent de la réalisatrice, dont je ne me suis pas encore tout à fait remis...).
A priori, à la première vision, le film semblait "moins fort" : Michelle Williams (qui joue pour la quatrième fois avec Kelly Reichardt) interprète une artiste céramiste en train de préparer sa prochaine exposition (un des sens possibles du swowing up du titre). Ce qui est frappant, quand on revoit le film, c'est la façon dont elle tire tout le temps la tronche : on ne verra jamais l'ombre d'un sourire sur son frais minois.
La deuxième chose, c'est que le film, à première vue, pourrait être considéré comme ressemblant à son personnage principal : mal fagoté (allez, pas très bien fagoté) et pas très souriant non plus en apparence. Un film qui n'aurait a priori rien d'aimable mais, allez savoir, qu'on se plairait pourtant à aimer, c'est comme ça, ça ne se discute pas.
La demoiselle est artiste, céramiste, et elle travaille aussi dans une école d'art (dirigée par sa mère), dans les couloirs de laquelle on aura plaisir à se balader, à découvrir les oeuvres qui y naissent et les étudiant(e)s qui les conçoivent (ce qui m'a ramené bien sûr en 2005, au temps bienheureux des Bozarts -et du jeune homme en t-shirt vert, et toc).
Lizzie a pour propriétaire Jo, qui est encore plus charrette qu'elle (j'ai appris l'expression dans le film) puisqu'elle prépare deux expositions en même temps, et qu'elle n'a donc pas le temps de réparer la chaudière de Lizzie, ce que la Lizzie en question lui demandera pendant tout le film, avec de plus en plus d'insistance, voire de nervosité.
Comme si cette fichue chaudière était la chose la plus importante du monde pour elle.
Comme si tout ça ne suffisait pas, voilà qu'un pigeon à l'aile cassée (attaqué par le chat de Lizzie) va être recueilli par Jo, qui va lui faire un joli pansement impeccable et le mettre dans un carton pour qu'il se rétablisse (et le confier à Lizzie puisqu'elle est trop charrette...)
On fera aussi connaissance du père de Lizzie, dont la maison est occupée par un couple de vieux squatteurs professionnels, et aussi (surtout) de Sean, le frère de Lizzie, qu'on pourrait qualifier de mentalement fragile, et qui est interprété par John Magarro (le Cookie Figowitz de FIRST COW) qu'on reconnaît d'autant mieux qu'il a conservé la même apparence (excepté le chapeau) et dont j'ai eu grand plaisir à retrouver la voix caractéristique.Encore un personnage magnifique.
Le film se partage en deux, avant l'expo, et pendant l'expo. Fidèle à elle-même Lizzie est mal fagotée (allez, pas très bien fagotée) et elle tire un peu la tronche (il sera pas mal question de fromage...). on est d'autant plus scotché devant ce historiettes qu'on a du mal à reconnaître Michelle Williams (à des années-lumière, par exemple, de son rôle / personnage dans THE FABELMANS de Spielberg), qu'elle a vraiment  réussi à faire naître un personnage complètement -et parfaitement- autre. Et on l'en aime d'autant plus.

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26 mai 2023

dordogne

"fais de mon âme une branche, de mon corps un talus..."

Dordogne

L'ange déchu

Amours débutants

Col de la Croix Morand

La momie mentalement

 

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(1989)

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(1991)

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(1993)

+

Par mégarde (découvert ce jour!)

Jean-Louis Murat est mort hier à 71 ans... Me sont revenues des réminiscences, entre 1989 et 1993 surtout... (c'est surtout à ce moment que je l'ai aimé...).
Ces trois albums-là, surtout, intensément écoutés (ooooh et on fumait pas mal à l'époque je me souviens aussi, à la maison bleue...)
Je me souviens d'avoir offert à Fabienne F. le maxi de "Amours débutants" parce qu'elle le trouvait beau (Murat)
Je me souviens d'avoir gagné un cd d'inédits pour les nouveaux abonnés des inrocks, et d'avoir été déçu parce que Dordogne n'y figurait ps, contrairement à ce qui avait été annoncé
Je me souviens que j'étais un peu agacé par le "vierge espace", dans Amours débutants
Je me souviens que j'avais enregistré une version live de Dordogne où le présentateur disait en intro "des chansons qui sont de belles hémorragies, écoutez c'est très fort et ça s'appelle Dordogne..."
Je me souviens que ce morceau figure au début de la face b de la K7 intitulée "Red mix" (Oui, on fumait pas mal, d'où le titre hihi)
Je me souviens que j'avais été un peu étonné qu'il fasse un duo avec Mylène Farmer, Regrets, mais que j'aimais beaucoup le morceau (et le clip aussi)

Pour moi Dordogne est sans doute une des plus belles chansons que je connaisse.
une autre version (dans "Murat en plein air")
(des souvenirs de nuits d'été, de piscine, de pétards, d'"écouter dans le noir")

ps : sans oublier une reprise magnifique (supérieure à l'original, que pourtant je trouve très bien) de MARIE-JEANNE (créée en français par Joe Dassin) (dans une compilation en hommage à Joe D.)

 

26 mai 2023

la créature

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JEANNE DU BARRY
de Maïwenn

Ira ? ira pas ? Je suis passé par toutes les phases de l'hésitation, et, ce qui a finalement emporté ma décision, c'est juste le fait que le film était projeté en avant-première, à 20h15, dans le bôô cinéma, en même temps qu'il l'était en ouverture du Festival de Cannes. Pas besoin de smoking ni de tapis rouge ni de montée des marches, et hop! nous les manants les gueux les serfs les va-nu-pieds, les obscurs les sans-grade, on pouvait, pendant deux heures, vibrer au diapason des belles dames en robe du soir pleines de paillettes et des producteurs à lunettes noires et à gros cigare (oui, j'ai une vision assez simpliste du public des soirées d'ouverture cannoises...), bref on se sentait... privilégié (et ceci pour la modique somme de 5€!)
On était à la 4 (la même salle que la soirée Emmaüs), et il y avait tout de même un peu de monde (une trentaine, je dirais)... au générique de début, il y a du beau linge dans la distribution (mais j'avais cru comprendre qu'il était surtout question de Maïwenn (la favorite) + le Roi Johnny Depp (dont je me suis demandé jusqu'au bout le pourquoi de la chose : pourquoi engager un american actor pour incarner un roi français, hein ? (A part que
1) il coproduit le film (qui a coûté bonbon), c'est déjà un argument recevable, et
2) peut-être que Maïwenn fantasmait de faire des galipettes avec ce cher Johnny -quoique de ce point de vue là le film est étonnamment sage : à peine quelques bisous et puis s'en va, la seule saillie un peu... vigoureuse étant filmée hors-champ, et n'étant même pas le fait du roi mais du Duc de Richelieu si je ne m'abuse, et encore han han han et fondu au noir...)
Donc, Jeanne "du Barry", au départ fille du peuple, sans manières et sans particule, se retrouve propulsée, par le bon vouloir du Roi ("il est ardent" confiera Laporte, son valet personnel à tout faire, incarné par le splendide Benjamin Lavernhe, vraiment excellent dans ce rôle...) en plein milieu de Versailles et de sa faune (la famille royale, les courtisans) ainsi que de sa stricte étiquette...
Je ne suis pas très "film en costumes", encore moins du genre "Si Versailles m'était conté...", mais j'ai tout de même quelques notions : Marie-Antoinette de Sofia Coppola, La mort de Louis XIV d'Albert Serra, Les jardins du Roi d'Alan Rickman,  sans oublier (et surtout) les films d'animation de Walt Disney, oui, surtout Cendrillon... pour ce qui est des perruques, des froufrous, des maquillages, des escarpins. Le cahier des charges en est ici respecté, (presque trop, serais-je tenté de dire...). L'ennui c'est qu'on a deux univers qui cohabitent : les têtes d'affiche sont "vraisemblables" tandis que, par exemple, pour ce qui est de la famille royale (les trois soeurs) on tombe dans une outrance quasi disneyenne (on ne peut pas ne pas penser aux soeurs de Cendrillon.)
On suivra donc l'ascension de la Du Barry, et la descente qui suivra, immanquablement (the rise and fall of...) La voix-off (car voix off , gentiment pédagogique comme dans les contes) nous apprendra ainsi (à moi en tout cas) qu'elle a été guillotinée un peu après Louis XVI et Marie-Antoinette, (mais que faisait-elle donc encore là ?).
Bref on a vu le film, comme les Cannois(e)s smokingués et robedusoirés, et il s'avère que c'était plutôt pas mal du tout (en tout cas beaucoup mieux que ce que je m'étais imaginé...) On ne va donc pas faire la fine bouche, n'est-ce pas, et ne pas bouder notre (royal) plaisir.
Maïwenn s'aime (à tout vent) et on prend un certain plaisir à la voir interpréter (avec des hauts et des bas) un personnage qui a tout de même, au début, la moitié de son âge, comme une gamine qui jouerait à la princesse pour de faux (ou pour de semblant). Et cultiver l'art agaçant de ricanasser comme une cruchasse. Mais intelligente, cultivée, toujours avec un livre à la main (même dans sa baignoire)...
On a le sentiment qu'elle essaie de nous faire passer un message, qu'elle serait au cinéma ce que la Du Barry fut à la cour de Louis XV : une frondeuse, une femme affranchie, rebelle, faisant fi des règles, piétinant les conventions, lançant les modes, et que c'est pour cette raison qu'elle est à la fois devant et derrière la caméra (sur tous les fronts), oui, c'est incontestable, non seulement la demoiselle s'aime, mais aime qu'on l'aime (mais n'est-ce pas notre lot à tous ?). Ok, on l'aime, mais on est en même temps un peu triste(s) pour India Hair (ridiculisée), Pascal Greggory (idem), Noémie Lvovsky (sous-employée), Pierre Richard, Patrick d'Assumçao (idem) -tiens si j'ai bonne mémoire ce dernier n'était-il pas déjà un médecin au service de Louis XIV chez Serra ?- ... Et il y a même, au début du générique, Robin Renucci que je n'ai même pas vu, ou reconnu, dans le film...
bon, c'était le film d'ouverture (en grande pompe), voilà...

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elle se la pète un peu quand même , non?

 

25 mai 2023

rosalind & julia

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ETERNAL DAUGHTER
de Joanna Hogg

Un film gothique, du brouillard, un hôtel sans clients, de la nuit, une mère et sa fille (plutôt une fille et sa mère) toutes deux jouées par l'intense Tilda Swinton, (pour les plus observateurs -les plus curieux-, les deux personnages figuraient dans THE SOUVENIR, de la même réalisatrice, où seule la mère était jouée par Tilda S.), une réceptionniste pas très coopérative, un chien qui n'arrête pas de se sauver, et qu'on doit chercher la nuit, un anniversaire, où sera soudain révélé, mine de rien, ce qu'on appréhendait depuis le début du film...
Je ne devrais pas en principe écrire grand-chose de plus sur ce film puisque j'y ai, hélas, beaucoup dormi (surtout dans la première partie) mais ce que j'ai vu je l'ai plutôt bien aimé (soooo british), et Tilda Swinton est excellente, comme d'habitude...

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23 mai 2023

les feuilles mortes

(un article que j'ai trouvé magnifique -particulièrement le dernier paragraphe allez savoir pourquoi- ce jour dans le supplément Cannes de Libé)

"Le jour où Aki Kaurismäki fera un mauvais film, on saura qu’il n’y a plus d’espoir pour rien ni personne, mais ce jour n’est pas arrivé. On peut même s’estimer heureux qu’il ait refait un film tout court (et il l’est), après avoir dit «adios» au cinéma, déclarant en 2017 : «Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin.» Phrase très grave et très drôle, ce mélange kaurismäkien de solennité et d’humour dans l’économie de mots, qui sonnait vraiment comme une réplique d’un de ses 18 longs métrages de fiction – en comptant celui-ci, présenté en compétition à Cannes. Arrêter le cinéma pour commencer à vivre. Rechuter, sans perdre de vue l’objectif. Le cinéma est peut-être un art, mais c’est aussi une addiction. Est-ce un hasard si Kuolleet Lehdet, en français les Feuilles mortes, raconte en partie l’histoire d’un homme qui décide d’arrêter de boire pour commencer enfin à vivre ?

En partie, parce qu’il raconte aussi l’histoire d’une femme qui prend le risque de retrouver le sourire. Bouleversements liés à leur rencontre, qui connaîtra quelques adversités et embûches de mélodrame, d’ici à ce que l’amour triomphe. Qui connaissait la décision du cinéaste finlandais de prendre sa retraite, à 60 ans comme il se doit, peut supposer, en découvrant le film, une raison à cette reprise du travail. Le récit a lieu en février-mars 2022, daté par les actualités que les personnages entendent passer, chacun chez soi, à la radio tout au long du film : donnant des nouvelles des premières semaines de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, en particulier des bombardements touchant des civils. "Maudite guerre", dit Ansa – avec ses 1 340 km de frontière commune avec la Russie, le traumatisme de deux guerres avec l’URSS tentant d’envahir son territoire, la Finlande et sa population se trouvent ces temps-ci à l’avant-poste de l’inquiétude.

Le monde du précariat

Les Feuilles mortes donne l’impression d’avoir été écrit et tourné sous l’impulsion de cette peur et de cette impuissance d’auditeur entendant, ce que confirme la petite note d’intention sublime, et bien sûr blagueuse, par laquelle l’auteur présente son film : "Même si j’ai acquis aujourd’hui une notoriété douteuse grâce à des films plutôt violents et inutiles, mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir en l’autre, en la nature et dans tout ce qui est vivant ou mort et qui le mérite." Une séquence montre Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen, le Bastien Bouillon finlandais) penser tendrement l’un à l’autre alors que la bande-son déroule, dans le poste, les décomptes des atrocités. Pas pour mettre l’accent sur quelque insouciance coupable, sur la dissonance entre un amour naissant et une guerre, au contraire : c’est ici le seul antidote, et si Kaurismäki cite Chaplin, donnant son nom au chien adopté par Ansa, c’est qu’il a dû revoir le Dictateur.

Annoncé comme le quatrième volet "perdu" de sa fameuse "Trilogie du prolétariat" (Ombres au paradis, 1986, Ariel, 1988, et la Fille aux allumettes, 1990), les Feuilles mortes a lieu, trois décennies plus tard, dans le monde du précariat, suivant ses personnages se faire virer sans ménagement de leurs emplois temporaires successifs, décrivant à chaque fois en peu de mots et de signes les situations qui leur sont faites par un capitalisme sans garde-fou ni droit du travail, autre contrepoint et obstacle à l’idylle qui tente d’avoir lieu entre eux. Le principal étant que Holappa – dont ni l’aimée ni le film ne connaîtront le prénom, n’apprenant même son nom que très tard – boit systématiquement, mécaniquement, ce qu’Ansa ne peut supporter (apprendre pourquoi, c’est la comprendre, voir un peu plus clair dans sa tristesse). Il arrêtera, se redonnant une vie et lui en proposant une. D’autres péripéties l’attendent, rythmées par beaucoup de chansons (plusieurs sont d’Olavi Virta, le grand chanteur de tango finlandais, dont la reprise de celle de Prévert et Kosma donne son titre au tout).

L’art de la litote et du surlignage

Pour faire filer tout ça, limpide, en direction de la fin du film, Kaurismäki peut compter sur le ton qu’on lui connaît, cocasse et mélancolique jusque dans chaque plan à la fois ultra-lisible et mystérieux, dans chaque demi-réplique à la fois insignifiante et décisive, ordinaire et hilarante. Art à la fois de la litote et du surlignage, donc paradoxal, mais qui s’explique par ce qui le provoque et le soutient : il n’y a que les sentiments qui comptent, ils sont le matériau et la visée de chaque seconde de film, or il n’y a rien de plus insaisissable et de plus schématique à la fois, de plus complexe à vivre et de plus bête à dire qu’un sentiment. Pour ce faire, les petits éléments de langage du cinéma classique, le jukebox des tropes du mélo, de l’amour, du visage derrière la pluie sur les vitres, marchent à plein tube sur nos affects, sur notre mélancolie pleine de distance et de larmes, tout ça à ras bord. Mais ce qui gagne, c’est la légèreté à toute épreuve donc la détestation discrète et résolue de tout ce qui veut passer en force, dans les films, dans la vie, chez les hommes ("un dur ça ne chante pas", tant pis pour lui), c’est la très bonne raison pour laquelle, bien qu’il ne donne aucun gage direct de trahison de l’hétérosexualité sur le plan manifeste, et qu’il ne figure donc pas dans sa sélection cannoise annuelle du meilleur film LGBTQ +, on donnerait à Kaurismäki la "Queer Palm"." (Luc Chessex)

En compétition. Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen… 1h21.

(Sortie prévue : 20 septembre 2023)

 

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21 mai 2023

après-midi très malle (très bien)

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AU REVOIR LES ENFANTS
de Louis Malle

1987... j'avais 31 ans. Je me souviens d'une soirée-tarot avec Thierry G. (non, pas toi Riri la Gâchette,calme-toi, l'autre!) chez les parents de Sandrine B., mais aussi de Cérémonie des César, où le film avait triomphé (7 César!) et nous avec. Je me souviens qu'on aimait beaucoup ce film, pour différentes raisons. (...) Et, par exemple, la petite phrase "Y a des loups dans cette forêt ?" nous était restée en tête. Je me souvenais de Julien Quentin (l'alter ego de Louis Malle dans ce récit autobiographique) et de Jean Bonnet (qui s'appelle en réalité Jean Kippelstein), je me souvenais des confitures, de la mère de Julien, du marché noir avec Joseph, le boîteux qui travaille aux cuisines (et de l'excellent François Négret qui l'incarnait), de cette belle histoire d'amitié entre deux gamins en ces temps pas faciles, et de la bouleversante scène finale dans la cour du pensionnat (avec ce "Au revoir les enfants" qui donne son titre au film, avec cet ultime échange de regard entre les deux garçons, et ce petit geste de la main...).Je dois dire que j'étais déjà très ému, pour ne pas dire bouleversé, avant que le film commence, c'est dire le pouvoir émotionnel de ce film est encore intact, presque 35 ans après.

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089
LACOMBE LUCIEN
de Louis Malle

Un autre film qui se passe en 1944, juste quelques mois après AU REVOIR LES ENFANTS, film que je me souvenais ne pas être allé voir en salle (en 1974 j'avais d'autres niaiseries en tête...), je pensais l'avoir vu, beaucoup plus tard, sur l'écran de mon ordinateur, mais je n'en avais vu, en fait que les cinq dernières minutes (qui sont bucoliquement trompeuses). Il est question ici aussi, de Boches et de collabos, de dénonciations, d'arrestations, d'assassinats... Le personnage principal, qui donne son titre au film, est un jeune acteur non professionnel. Qui atterrit dans la police allemande un peu par hasard, sans l'avoir vraiment cherché (après avoir tenté de faire partie de la résistance et de ne pas avoir été accepté...)
Voilà Lucien Lacombe doté d'un costume neuf (avec pantalon de golf), d'une carte de la gestapo et d'un flingue. Et d'un pouvoir tout aussi neuf que son costume, qu'il exerce un peu dans tous les sens, comme un gosse avec un nouveau jouet. Il est tombé amoureux de France, la fille du vieux tailleur juif qui lui a cousu son costume sur mesure, et veut se l'approprier. Il s'en arroge le droit.
Il est arrivé là un peu par accident, le premier soir on l'a fait boire, pour le faire parler, et il livre aux miliciens l'identité du chef du réseau résistant du coin, un instituteur prénommé  Robert, qui sera aussitôt arrêté et torturé. Et Lucien, sans sourciller (et sans non plus d'états d'âme) va explorer son nouveau domaine. Milicien, collabo, gestapiste. Mais, pour lui, il est surtout, désormais "quelqu'un". C'est tout ce qu'il demandait. Il en jouit, il en profite, sans savoir tout à fait jusqu'à quel point il peut aller.
Le film est cinglant, dans ce portrait minutieux qu'il dresse d'un salopard (et le film d'ailleurs, à sa sortie, en 1974 avait provoqué un tel tollé -de tous les bords politiques confondus- que le réalisateur s'en était du coup exilé aux Etats-Unis.
Et, ironiquement le seul souvenir que j'en avais était cette dernière scène, ces dernières minutes, bucolique, verdoyantes, apaisées (elle se lave dans la rivière, lui est allongé dans la prairie et la regarde en mâchonnant un brin d'herbe, les seules cinq minutes de paix du film, avant que ne s'inscrive sur l'écran l'annonce de l'arrestation et de l'exécution de Lucien Lacombe, fin 1944.

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18 mai 2023

martin y eugenio

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HAWAII

de Marco Berger

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(oui, j'adore ce film...)

17 mai 2023

compagnons

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LE CHANT DES VIVANTS
de Cécile Allegra

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Ce film, c'est aussi, d'abord, une belle soirée. Organisée à l'initiative d'EMMAÜS 70, en partenariat avec notre association. On a démarré à la salle 2 du bôô cinéma, mais il y avait tellement de monde qu'on a dû finalement changer de salle (à la 4) où ont été accueillis plus de 140 spectateurs.
La projection du film était suivie de celle d'un court-métrage, d'une dizaine de minutes, où la réalisatrice, face caméra, s'adressait aux spectateurs pour évoquer les conditions de tournage du film, le projet, et l'association LIMBO à qui on doit ce magnifique projet. Puis d'un ciné débat (ou questions/réponses) en présence des responsables d'EMMAÜS 70. Ce qui est un peu dommage c'est que l'échange à propos d'EMMAÜS  n'a pu avoir vraiment lieu, car les gens étaient encore sous le coup du film, véritablement impressionnant (et, comme on peut le voir sur l'affiche,  soutenu par beaucoup beaucoup de monde), et du coup ont posé davantage des questions sur le film que sur le fonctionnement d'EMMAÜS (qui pourtant avait amené beaucoup de monde, salariés, bénévoles, et compagnons...).
En tout cas, ça a donné l'envie à tout le monde de renouveler l'expérience...

17 mai 2023

famille (d'accueil)

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LA FILLE D'ALBINO RODRIGUE
de Christine Dory

Celui-ci (vu juste après HAWAII) nous est un peu tombé du ciel, dans notre programmation, je n'en connaissais rien à part que la jeune Galatea Bellugi en partageait l'affiche (la tête d'affiche, plutôt, car sur l'affiche elle est seule) avec l'excellente Emilie Dequenne (dans un rôle... inhabituel).
Une jeune fille, Rosemay, avec son sac à dos, débarque à la gare de Metz, s'étonne que son père ne soit pas venu la chercher ni ne réponde au téléphone, se débrouille (en bus / à pied) pour rallier la maison paternelle (on apprend que son père est brocanteur), où elle entre par la porte de derrière (elle sait où est cachée la clé), ne trouve personne, s'installe, causant au milieu de la nuit une belle frayeur à sa mère qui vient de rentrer avec son frère... Le frère disparaît assez vite, et la mère est d'abord évasive à la question "Où est mon père ?" posée par Rosemay, avant de lui annoncer qu'il a eu un malaise et a été hosptalisé...
La jeune fille va mettre toute son énergie pour répondre à cette question et aller "jusqu'au bout de ce qu'elle pouvait faire...". Un film dans une ambiance très dardennesque (les services sociaux, les familles d'accueil, le besoin d'argent, les rapports compliqués avec la famille, avec la justice, avec la société en général), plutôt glaçant, mais extrêment solide dans sa démonstration et ses propos.
Le personnage de Rosemay n'est, d'ailleurs, pas sans rapport avec celui, en son temps, d'une certaine Rosetta, de par la puissance de sa détermination et l'utilisation qu'elle fera de tous les moyens possibles pour parvenir au but qu'elle s'est fixée : retrouver son père.
Et, face au couple de lionnes mère/fille, il ne faudrait pas oublier Romane Bohringer et Samir Guesmi, excellents en parents de famille d'accueil (et le contrepoint chaleureux et affectif qu'ils représentent).
Dommage que le film soit sorticomme ça un peu à la sauvette, sans tambour ni trompette, un peu désespérément, on peut dire, il méritait mieux. (Le titre n'en est pas non plus follement attractif).

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16 mai 2023

beuh, chamallows et guitares hawaiennes

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HAWAII
de Mélissa Drigeard

Je connaissais déjà un film avec le même nom, celui de Marco Berger, (sorti direct en vidéo en 2014, et que j'aime toujours autant : je viens de le revoir ce matin, et je m'en suis régalé...) Là, rien à voir ; je ne connaissais pas ce film avant que je voie Nicolas Duvauchelle dans EN APARTE, venu en faire la promo juste avant sa sortie... Une troupe d'amis (Bérénice Béjo, Elodie Bouchez, Eye Haïdara , Emilie Caen pour les "elles", et Manu Payet, Nicolas Duvauchelle, Pierre Deladonchamps, Thomas Scimeca et (ce très cher) William Lebghil pour les "ils", excusez du peu voilà une distribution qui dépote...) se réunit, comme tous les ans, une semaine dans l'hôtel que l'un d'eux (Manu P.) tient à Hawaïi. Seulement cette année-là, au début du film, l'annonce soudaine sur tous les médias d'un missile tiré par la Corée du Nord, et fonçant, justement, sur Hawaï, génère des scènes de panique, et, surtout, chacun croyant sa dernière heure venue, se livre à certains aveux plus ou moins embarrassants. et que l'heure suivante, justement, quand il est annoncé qu'il s'agissait d'une erreur, et que personne n'est mort, il va s'agir pour chacun / chacune de gérer lesdites confessions ou attitudes...
Le titre résume l'ambiance du film (j'aurais pu ajouter en sous-titres "cocktails coucheries et chantilly") et donne le ton, la matière, la consistance, de cette comédie... mollassonne, mais pas déplaisante (je ne vais pas bouder mon plaisir, hein, il y a des situations, et des répliques, bien senties et  qui m'ont fait rire) mais bon pas non plus inoubliable.
Un "film de potes" (que certains ont rapproché des Petits mouchoirs de Guillaume Canet, mais je dois avouer qu'à aucun moment de la projection je n'ai eu cette idée, hein...)
Le plaisir qu'on a à suivre les actrices, et (je suis partial), les acteurs compensant les faiblesses (facilités, fainéantises) du scénario, avec une mention spéciale au délicieux William Lebghil -ce mec est vraiment excellent-, et une autre (je ne suis pas objectif) à Thomas Scimeca (des Chiens de Navarre) qui nous gratifie de quelques QV (ça fait toujours plaisir à regarder).
Un détail curieux (et qui ne joue pas en faveur du film) c'est que le jour de sa sortie il était impossible ou quasiment de trouver des critiques presse (comme si le film n'avait pas été montré au préalable) et d'ailleurs à l'heure actuelle, on en trouve encore très peu sur allocinoche...

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