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lieux communs (et autres fadaises)

23 avril 2023

lecture dominicale

(Le Libé des écrivains)
Retraites : le roman national est à nous
par Nicolas Mathieu

"Chaque récit choisit ses faits et organise la possibilité d’une résistance contre d’autres récits, ceux de l’adversaire, du pouvoir par exemple. Un jour, l’historien fera son tri. En attendant, l’écrivain est l’artificier de cette arme-là. Il peut notamment essayer de dissiper l’enfumage de la communication et du storytelling pour sauver un peu de la réalité de nos vies et fonder les ripostes futures. Il peut tenter de raconter cette histoire à dormir debout qu’est la réforme des retraites.

Cette réforme promise depuis des lustres nous arrive début 2023, portée par le gouvernement d’Elisabeth Borne, et par cet homme que nous ne connaissions pas, Olivier Dussopt, curieux personnage, si peu taillé pour son office, socialiste réformé devenu ministre, gominé à plat, visage de judoka, diction monocorde, et qui surprend dès le premier abord par son regard fébrile, oblique, voltigeur, son sourcil haut placé, presque implorant, cette mine qui rappelle Agnan et tant d’autres premiers de la classe que nous avons croisés et qui, tous, nous ont émus par leur ardeur à bien faire. Le voilà qui s’avance dans l’arène avec ses dossiers et une écharpe pour se garder d’une éventuelle trachéite. Quel étonnant spectacle. Son apparente douceur, peut-être, doit désarmer de possibles émeutiers. On ne sait pas.

Son argumentation en tous les cas est connue : il est impératif de repousser l’âge légal de départ à la retraite faute de quoi c’est la ruine, l’abîme par la dette, la risée des copains au Conseil de l’Europe, le mécontentement des marchés financiers. En face, l’opposition se cabre aussitôt. Les enragés de LFI, les patients crotales de l’extrême droite qui n’ont même plus besoin de se mettre en colère, les grillardins du PC, l’écologie qui s’inquiète de la carrière de Mbappé et une foule d’experts, démographes, politistes, économistes, font tous barrage. La réforme est inopportune, injuste, dispensable. Des grèves s’organisent. Très vite, la situation s’emballe. Il faut dire que le pays sort tout juste de deux années de crise sanitaire et que l’inflation a déjà pris la population à la gorge. Tout cela alors même que des concentrations de fortune inédites éclaboussent chaque jour les pages des journaux. Le corps social est à fleur de peau. Au bistro, dans les usines, à la piscine, dans les raffineries, les open-spaces on vit somme toute assez mal le fait d’écoper de deux ans ferme.

Recours systématique à la ruse

Obstiné comme une bête de somme, le gouvernement, avec son semblant de majorité, poursuit néanmoins son effort et psalmodie ses éléments de langage : solidarité, progrès, justice. Les chiffres ne mentent pas. Olivier Véran promet même un rebond épidémique si d’aventure les forces productives venaient à gripper.

Ce comportement de rouleau compresseur n’est pourtant pas si surprenant. Il suffit de se rappeler que ce projet terrible, qui va lourdement affecter des millions d’existences, est dès l’origine une machine infernale glissée presque en contrebande dans un «projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale», ce qui permettra de le faire passer quoi qu’il arrive, au forceps si nécessaire. Et c’est là un des aspects les plus frappants de cet épisode. Le recours systématique à la ruse, l’absence de vergogne, le savoir-faire techno. Tout le temps que va durer cette mascarade, on sentira à la manœuvre des ingénieurs de la chose publique aussi bien instruits que peu scrupuleux. Ceux-ci feront jouer tous les rouages, administratifs, légaux et institutionnels. Leur maîtrise s’illustrera comme jamais dans ces quelques semaines de manigances historiques.

Heureusement, en regard de cette adresse des cabinets, l’impréparation et la gaucherie des porte-voix fait presque antidote. A l’Assemblée et sur les plateaux de télé, on voit jour après jour leurs arguments démolis et leurs «contre-vérités» mises au jour. Car du côté du pouvoir, on ment, souvent et sans jamais répondre de ses fautes. Il suffit d’un «j’assume» salvateur et vogue la galère.

Une baïonnette dans les reins

Pourtant, cette obstination gouvernementale ne va pas sans une drôle d’impression de contrecœur. Et sans vouloir exonérer la Première ministre et ce malheureux Dussopt de leurs responsabilités dans cette pantomime, il faut admettre qu’ils nous inspirent un je-ne sais-quoi de sympathie. Car tout au long de cette séquence quelque chose dans leur attitude chagrine. Ils ont beau plaider, faire le job, essuyer les postillons de la mélenchonie et répéter partout les mêmes conclusions alarmantes, leur concert sonne faux. A les voir, on dirait qu’ils montent au front une baïonnette dans les reins. La conviction n’y est pas. Les fils du marionnettiste ruinent l’illusion.

Les choses avancent tout de même, cahin-caha, et le Sénat finit par pencher du côté de la réforme. Gérard Larcher, considérable et lustré, sous des dehors patelins de moine trappiste, est un tacticien habile. Il a su mener sa barque, prenant soin toutefois, malgré son sens du sacrifice, de préserver le régime spécial des sénateurs. Ouf ! A l’Assemblée en revanche, le débat ne prend pas du tout le même chemin. On compte les voix, on les recompte. Il continue d’en manquer. Alors, ce pouvoir si mal élu, vacillant de naissance et mal aimé dès le départ, emprunte la seule voie qui lui semble praticable : le 49.3.

Dès lors, nous changeons de monde.

C’est à partir de là que la chronique prend une ampleur presque tragique. Car il n’est plus seulement question des retraites, mais de la démocratie. On ne conteste plus seulement une politique, mais un règne. Le récit, à cet instant, doit changer de ton, car si tout demeure légal, plus rien n’est juste et sous ses dehors réguliers, le pouvoir vient brutalement de changer de physionomie. Sous l’effet du scandale énorme que constitue ce passage en force, le drap qui recouvrait sa mécanique intime est tombé. Sa nature est à nu, le vernis a pété, la brute est sous nos yeux. On a compris qu’elle est en mission, murée dans ses certitudes. Elle ne fera pas de cadeaux.

Un système par éclipses

Aussitôt, des brûlantes questions fusent dans des millions de têtes. Et si les dés étaient pipés ? Et si nous n’étions souverains que par exception, par moments, en principe seulement ? Et si notre démocratie, au fond, n’était qu’un système par éclipses, et qu’entre deux élections bien balisées on n’avait que faire de notre avis ?

Ce vieux pays républicain est pris d’un vertige. Les rues aussitôt se gonflent de mécontents. La France, dans sa plus grande part, enrage. C’est que ce président-là, élu grâce au renfort de voix adverses pour faire obstacle à l’extrême droite, sait plus que tout autre que son programme n’a jamais fait l’objet d’un large assentiment, encore moins d’une adhésion majoritaire. Tout le monde le sait. Il n’y a plus guère que ses proches, la portion la plus convaincue de son électorat – et la gauche poulidorienne (toujours prompte à se mettre dans la roue du pouvoir) pour prétendre qu’il est dans son bon droit, qu’il a reçu un mandat clair pour mettre à exécution un programme en se passant du vote des députés.

A ceux-là, on explique qu’ils font fausse route et que d’ailleurs la démocratie ne réside pas seulement dans l’isoloir, mais qu’elle vit aussi par le syndicat, l’association, la grève, les pétitions, la presse, les recours, l’opinion, le référendum, etc. Oui, une démocratie n’est pas que la représentation d’un peuple, mais aussi un peuple tel qu’il se présente. Las, plus personne n’écoute.

Méthode Sarkozy revisitée stroboscope

Mais le plus fou est encore à venir. Le Président, manifestement impatienté par ce peuple qui s’obstine à ne pas être à la hauteur, le tance, injurie les manifestants, accuse les syndicats. Il s’invente dépositaire exclusif de toute légitimité. On croit rêver. La surdité est à son comble, l’aveuglement radical. L’exécutif fait bip-bip sur son orbite lointaine. Pour finir, dans une allocution lunaire de plus, digne d’un Skype de PDG de multinationale, le même président admet que sa réforme n’est pas acceptée et passe sans transition au nouvel agenda du Comité Exécutif Central : 100 jours pour réparer la France tous azimuts. Le déluge d’annonces va suivre, souvent recyclées. L’idée est simple : saturer les canaux et les citoyens, forcer le pas, imprimer le rythme, c’est la méthode Sarkozy revisitée stroboscope. Rendez-vous le 14 juillet. D’ici là, de toute façon, on aura eu Roland-Garros, le Tour de France et les incendies. Les Français, Inch Allah, seront passés à autre chose.

Depuis le 49.3, la démocratie française a une gueule de dystopie. La République bourgeoise telle que sous Guizot (mais désormais entrepreneuriale et techno) est ressortie de l’abîme comme une Atlantide, gouvernant à son idée, à coups de décrets, juchée sur son quart de peuple, infirme comme jadis, avec pour béquilles sa police guère subtile et l’étai résolu des grands intérêts.

Ils oseront, vous verrez

Et nous voilà nous, incrédules, au bord du gouffre climatique, matraqués et tenus, aux mains de maîtres qui nous font cette drôle de guerre, avec des institutions ébranlées, des juridictions d’exception entrées dans le droit commun et une extrême droite aux portes de l’Elysée. Car le pire est là sans doute. Dans quatre ans, la colère libérée par cette forfaiture légale s’exprimera avec une amplitude qui fera passer les black blocks pour d’aimables ambianceurs d’Ibiza. Et ce pouvoir qui a tant fait pour que le pire advienne ira alors dire que la faute revient à ses adversaires, tous populistes, sapeurs de démocratie, précurseurs du fascisme. Ils oseront, vous verrez.

Pour un écrivain ou une écrivaine qui s’intéresse à son temps, c’est un moment d’effarement et de bascule. Le réel est devenu si caricatural qu’on ne sait plus par quel bout le prendre. Chaque jour apporte son lot d’aberrations ; il suffit de lire Pif, Playboy ou Têtu. Face au renversement du langage, à la falsification galopante, à l’énorme besoin de mots qui se fait jour pour décrire l’époque et réduire l’hégémonie de sa bêtise particulière, on se demande quoi faire, quels moyens employer.

Ce que nous pouvons faire, c’est ça : raconter. Que nos récits infusent. Ils feront un jour le ridicule de ceux qui aujourd’hui se prennent pour des hommes d’Etat et ne sont souvent que les managers de l’entreprise France. Que nos phrases fassent honte dès maintenant aux magouilleurs de légitimité, aux laquais perpétuels, à la brutalité qui brise nos révoltes. Que nos textes interdisent le passage du temps et forcent sans cesse à revenir sur ce qui nous a été volé. La pilule amère ne doit pas passer. Surtout, nos mots peuvent dénuder n’importe quel roi, fût-ce a posteriori. Et d’ici là, ils donneront une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Le roman de ce pays s’écrit aujourd’hui à l’encre de leur volonté piétinée."

(Nicolas Mathieu, in Le Libé des écrivains, publié le 21 avril 2023)

 

23 avril 2023

stylo quatre couleurs

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DE GRANDES ESPÉRANCES
de Sylvain Desclous

C'est Emma, finalement, qui m'a convaincu. Les films qui traitent de politique politicienne, tactiques, manoeuvres, candidats, premier ministre, Elysée, projets de loi, ENA, magouilles et contre-magouilles, en général ça ne me passionne pas... Là, on est en plein dedans, et pourtant je m'y suis intéressé. Pourtant l'histoire n'est pas a priori follement originale : une jeune fille brillante, pleines d'idées (et sans doute, aussi, d'ambition(s), d'où les grandes espérances du titre) est prise sous son aile par une ancienne secrétaire d'état (ambitieuse elle-aussi), intéressée par son cursus et ses idées, qui l'embauche dans sa garde rapprochée (qu'on pourrait situer, politiquement, plutôt à gauche) devenue députée "Madame la Députée", fait-elle préciser), avec un poste de Madame la Ministre  au bout de la lorgnette.
La jeune, c'est Rebecca Marder, la plus agée c'est Emmanuelle Bercot (toutes deux impeccables), avec, au centre du débat, une usine dont les ouvriers réclament le contrôle plutôt que le démantèlement et les licenciements envisagés. La jeune fille est très forte, et redoutablement pugnace. tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de la politique politicienne (et on commencerait d'ailleurs un peu à baîller) s'il n'y avait une toute autre histoire qui se mettait en place : celle entre la jeune fille et son cher et tendre (lui aussi, ENA et compagnie, avec en plus un papa très riche, ce que la jeune fille n'a pas) : tout allait bien  dans la politique politicarde jusqu'à ce que, suite à un incident en Corse, qui s'est soldé par la mort d'un autochtone (son copain s'est comporté comme une chiffe molle, c'est elle qui s'est emparée du fusil de l'autochtone, et, un peu par hasard, lui a tiré dessus. Et l'a tué) tout n'aille plus si bien que ça. On met ça dans s poche et son mouchoir par-dessus ? On est deux, on se serre les coudes et on va s'entraider ? Tut tu pouet pouet, que nenni... Et on va suivre les trajectoires soudain divergentes de ces deux tourtereaux politiques, lui incarnant (c'est Benjamin Lavernhe qui s'y colle pour ce rôle peu gratifiant) tour à tour la lâcheté, la couardise, la veulerie, jusqu'à basculer dans la saloperie pure et simple... La blanche colombe et le noir corbeau.
On suit Rebecca Marder de a jusqu'à z, depuis les roucoulades corses du début jusqu'à l'affrontement final, corse lui-aussi... Et elle crée un personnage fascinant, parfaitement ambigu, (elle passe son temps à mentir, c'est une seconde nature chez elle, mais toujours de la plus naturelle -et exquise-des façons), adans ses relations complexes avec son entourage (celle avec son ex-petit ami, celle avec la députée, et, last but not least, celle avec son père (Marc Barbé y est comme d'hab', excellent).
Un film agréable, habile, manipulateur, à l'image de son héroïne, dont on est sûr qu'elle ira loin, la bougresse, avec ses grands yeux candides...

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22 avril 2023

de ci de là (cahin-caha...)

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(tout à été capturé sur tw*tter ces derniers jours)

21 avril 2023

niveau suivant

(Le Libé des écrivains)

Education nationale : un petit train de mesures en route vers rien
par Laurent Binet

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Quelque peu déséquilibré par la réforme des retraites, le chef de l’Etat peut continuer son travail de sape des institutions, en s’attaquant désormais à ce qu’il reste de l’enseignement public.
par Laurent Binet

A l’occasion du Festival du livre de Paris, les journalistes de Libération cèdent la place à des auteurs et autrices pour écrire sur l’actualité. Pour cette 16e édition du Libé des écrivains depuis 1987, ils sont 50, avec Giuliano da Empoli, auteur du Mage du Kremlin (Gallimard), en tant que rédacteur en chef. Retrouvez tous les articles de cette édition dans notre dossier spécial.

Macron vit sa présidence comme un jeu vidéo : il a une quête à accomplir (l’uberisation ou la thatchérisation de la France, pour aller vite), et des niveaux à franchir. Le niveau «réforme des retraites» a été difficile, il y a perdu beaucoup de points de vie, mais il l’a finalement passé, avec un certain sang-froid, en s’appuyant sur un triple calcul. Un, la Ve République lui offre tous les outils nécessaires pour agir sans entrave institutionnelle. Deux, la stratégie pusillanime des syndicats s’entêtant à espacer les journées de mobilisation lui permet de tenir, puisqu’elle lui permet d’échapper au blocage du pays. Trois, la complicité des LR, dont il sait qu’ils ne censureront jamais un gouvernement appliquant la politique libérale dont ils ont toujours rêvé, lui assure en dernier recours une majorité absolue à l’Assemblée. Restent les affaires courantes : les manifs. Et son seul pari, au fond, se résume à ce vieil adage : l’intendance suivra. (Avec toutefois, cette petite variante : l’intendance, dans la France Macron, se résume à la police. LBD contre casseroles : pour l’instant, ça se gère.)

Le niveau suivant devrait poser moins de problèmes : achever la destruction d’un édifice déjà en ruine, l’éducation nationale. Blanquer y aura en temps et en heure apporté sa contribution spectaculaire avec la réforme des lycées et Parcoursup, qui auront eu le double mérite d’être à la fois des usines à gaz anxiogènes et des entreprises de désorganisation et démoralisation générale. (Le bac en mars, quelle idée de génie !) Dès lors, mis à part continuer les fermetures de classe à bas bruit, que reste-t-il à faire ? Rien, ou presque. Ce pour quoi Macron et ses crypto-chicago boys excellent : faire semblant. Alors allons-y pour les annonces habituelles. Au son des casseroles, demandez le programme. Que se passe-t-il dans la tête du pauvre Pap Ndiaye, obligé de faire la potiche pendant que Macron nous balance son petit train de mesures ?

Ce qu’ils racontent n’a aucune importance, parce que leur parole n’a aucune valeur

Les mesures, donc. Pour commencer, la grande absente : pas de hausse du point d’indice (gelé depuis la préhistoire mis à part un léger déblocage l’an dernier). Avec une inflation pour l’année en cours de bientôt 6 % et une perte de salaire du corps enseignant de 28 % entre 1982 et 2018, dont acte. Le reste : un, augmentation de tous les profs de 100 à 230€ nets, avec salaire plancher à 2 076€. On attend sans impatience le debunkage du type de celui qui a été effectué pour les mythiques retraites planchers à 1 200€. Oui bon, peut-être pas tous les profs. Mais une grosse majorité. Beaucoup. Enfin quelques-uns. Une poignée. Douze. (Rappelons que pour la retraite à 1 200€, on était passé de plusieurs millions de bénéficiaires supposés à 30 000.) Deux, prime d’attractivité de 100 à 150€ pour les jeunes profs et prime d’indemnité de suivi de 100€ pour tous les profs. Après tout, 100 balles et un mars, la recette avait fini par calmer les gilets jaunes. Et le meilleur pour la fin : Trois, l’inévitable pacte. Travailler plus pour gagner plus : des forfaits de 18 à 24 heures annuelles pour remplacer des collègues absents au débotté ou autres tâches diverses. («En Allemagne, ils passent le balai dans leurs classes, on vous dit !») Pour une rémunération de 1 250€ par 24 heures (défiscalisées naturellement), c’est-à-dire moins bien payées que le sont actuellement les heures supplémentaires ordinaires (dites HSA).

En politique, il ne faut pas réfléchir en termes de personnalité mais en termes de structure. Macron est une structure néolibérale : capable de lâcher des milliards en cas de crise sanitaire mondiale quand il s’agit d’éviter l’effondrement brutal de toute la société, mais augmenter les salaires de fonctionnaires ? Plutôt crever. Il n’y a aucune raison pour que ça change et d’ailleurs, si les éditorialistes faisaient preuve d’un peu moins de naïveté ou de complaisance, ils sauraient décoder : quand le gouvernement souhaite nous éblouir de sa libéralité (que dis-je ? de sa munificence !) il parlera toujours de rémunérations, jamais de salaires. Des primes, des «indemnités de suivi», des heures supplémentaires (défiscalisées) qui permettent d’éviter des recrutements ou des créations de postes, oui. Des vacataires, des contractuels, autant qu’on veut. Mais des CDI, surtout pas, alors des fonctionnaires… Ce que racontent Macron et son ministre à Ganges n’a aucune importance, parce que leur parole n’a évidemment aucune valeur. On peut sans trop prendre de risque deviner ce à quoi aspire la structure néolibérale (ce qu’elle fantasme mais qu’elle prépare aussi déjà, sans doute) : le prof auto-entrepreneur (ce statut de l’enfer inventé par Sarkozy). Effondrement des candidats au concours, profs recrutés par job dating et formés en trois jours… Voilà les sujets qui mériteraient d’être débattus, commentés et critiqués sur les chaînes d’info continue. Mais pendant ce temps, sur BFM, on couvre le déplacement du président au collège Louise-Michel de Ganges : «Il est en train de signer un maillot de l’OM. Le président est fan de l’Olympique de Marseille. — C’est bien de le préciser aussi !» (Véridique.)

 

20 avril 2023

toucher

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BRIGHTON 4TH
de Levan Koguashvili

De fil en aiguille... C'est en venant voir LES ÂMES SOEURS que j'ai appris l'existence de ce film... J'aime bien les réalisateur dont le nom se finit par -Shvili : Kosashvili (MARIAGE TARDIF, CADEAU DU CIEL, Ovashvili (LA TERRE EPHEMERE, KHIBULA, et j'ai même trouvé une réalisatrice : Ekvtimishili (EKA ET NATIA). J'aime le cinéma géorgien (dont le précurseur en france fut ce très cher Iosseliani, même si son nom ne finit par par -shvili : Iosselianishivili?)
BRIGHTON 4TH est très géorgien, même si l'essentiel du film se passe à New-York. Où un père géorgien ex champion de lutte, Khaki (joué par Levan Tedaishvili, un vrai ex-champion de lutte) part à New-York pour voir son fils Soso, qui fait croire à sa famille qu'il fait des études de médecine alors que c'est juste un joueur compulsif, qui vient de jouer et de perdre l'argent pour son futur mariage, et doit de l'argent à des gros mafieux russes pas très aimables du tout...
Le début du film (devant un match de foot anglais) est plutôt surprenant puisqu'il se concentre d'abord sur un premier homme (lémotif gueulard) avant d'en suivre un deuxième (celui qui veut l'affronter), avant de parvenir à Khaki, qui est le vrai héros du film, mais sans qu'on le sache encore...
Match de foot, entraînement de lutte, on est dans un contexte virilo-sportif (sportivo-viril ?) pas du tout désagréable - pour moi en tout cas, je précise que j'ignorais complètement ce que j'allais voir, que les choses soient claires), et je me suis dit que Dominique, à côté de moi, allait peut-être s'ennuyer.
J'aime les films géorgiens, et j'aime les personnages des films géorgiens. Spécialement ceux comme Khaki, un gros nounours qui a l'air très doux, comme ça, qui a le sens de la famille, qui aide son frère, puis son fils, qui paie de ses économies d'abord, de sa personne ensuite...
Un film plutôt mélancolique, mais sans en faire étalage, avec des hommes qui jouent, des hommes qui boivent, des hommes qui se battent et des hommes qui chantent. Un film justement mélancolique (et, bien sûr, mélancoliquement juste). A propos de cet environnement originel, et de celui recréé presqu'à l'identique à des milliers de kilomètres. L'effet diaspora, et les illusions qu'il entretient...
Une belle surprise. pleine de tendresse bourrue (juste comme j'aime, bien sûr).
(et avec de jolis BAB -barbus à bonnets- comme j'aime, tout autant).

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19 avril 2023

ma classe

1 (il est question d'écrire un roman, ce que (?) m'a conseillé, mais je réalise que à chaque fois c'est pareil, j'écris deux ou trois pages et je m'arrête, (quelqu'un d'autre acquiesce et me dit que pour lui-aussi c'est pareil) j'ai donc une idée, celle de mettre ces trois débuts bout à bout pour en faire une continuité)

2 dans une pièce où j'ai déjà filmé une ou plusieurs scènes (les murs sont lambrissés) je me dis que je refilmerai d'autres scènes ici. je l'explique aux gens qui sont dans la pièce (il y a notamment mon voisin du dessus)

3 j'ai avec moi un genre d'écran de contrôle, plat, de 5 cm sur 4, (il ressemble, en fait, plutôt à celui de ma chaudière, mais là je m'en sers plutôt pour l'appareil-photo) jusque-là je n'avais vu qu'un seul affichage, l'habituel, mais en bidouillant des touches un peu hasard je m'aperçois  que j'ai accès à plusieurs affichages successifs (et complexes, incompréhensibles) que je n'avais encore jamais vus jusque là, notamment, à un moment, j'ai appuyé sur un truc et l'écran est devenu deux fois plus grand, je ne sais pas à quoi ça sert ni comment le faire revenir à son état initial

4 c'est après un repas, avec, notamment Malou et Dominique. je réalise que j'ai perdu le "chargeur" (?) de mon appareil-photo (c'est comme un bloc d'alimentation, noir, assez massif) que j'avais apporté, et Dominique ne se rappelle plus ce qu'elle en a fait... je fouille donc partout, partout, dans les placards, dans les buffets, au-dessus des armoires (il y a plein de bazar partout...) Je leur explique que si je ne l'ai pas, je ne pourrai plus faire de photos, ni de calendriers-photos pour l'année prochaine
tout le monde cherche (il y a vraiment un bazar invraisemblable dans cette pièce) tiens, au-dessus d'un buffet, il y a des vieux appareils-photos et tout un bazar de petit matériel et je dis en riant "ah je crois bien qu'on se rapproche..."
en passant devant un coin de meuble, Dominique me dit que Malou a reconnu ce coin, que je l'avais déjà photographié
et c'est là que je réalise que je ne suis plus du tout sûr de l'avoir apporté avec moi, ce "chargeur", que je n'avais apporté avec moi que l'écran de contrôle, et je vais aller dans mon appartement vérifier si l'appareil-photo et le "chargeur" y sont bien

5 Dans la cour de l'école, il y a pas mal de monde, en train de jouer  (des ados, des adultes) c'est un jour férié, et les gens en profitent, je me dis que je vais monter chez moi (mon appartement est au premier étage) et en profiter pour prendre des photos de ces jeunes gens qui s'amusent...
mais il n'y en a pas que dans la cour, il y en a aussi dans l'entrée du bâtiment, qui est d'ailleurs très vaste, et plantée d'une herbe haute et dense, très verte, comme une pelouse, où pas mal de gens sont allongés, souriants, comme à la plage
et ça continue dans les escaliers, envahis par l'herbe aussi, avec toujours autant de gens installés, je continue de monter, en ronchonnant, et en élevant un peu la voix, incrédule
sur le palier il n'y a plus d'herbe, mais il y a beaucoup de monde qui se presse, une foule dense, curieuse, au milieu de laquelle je reconnais notamment un de mes anciens élèves (qui a toujours sa tête d'enfant)
je pousse la porte, en suivant les gens, et je me retrouve dans la classe de Catherine, je vois que sur son calendrier c'est écrit en gros 1er MAI, , je lui demande, "Et tu ne dis rien ?", et elle me répond, avec le sourire "Non, je ne dis rien...". Tous ces gens dans sa classe, ça n'a pas l'air de la déranger.
Je continue, je vais essayer de (re)trouver ma classe, j'avance dans un couloir, je passe devant (dans) des salles successives, mais je ne reconnais rien, c'est comme la topologie du bâtiment avait changé, je ne m'y retrouve plus,
en passant jevois posé par terre un sac plastique vertavec mon nom et mon prénom écrits en gros, et en majuscules, et juste à coté un autre sac, presque identique avec écrit dessus en plus petit les mots "absurdement suicidé" (ou quelque chose d'approchant, je me dis que c'est une (mauvaise) plaisanterie que quelqu'un a dû me faire lors de mon départ en retraite
je continue d'avancer et j'arrive dans les toilettes, très vastes (un peu comme celles de l'Ecole Normale) je vois passer plusieurs atsem, Armelle, qui me sourit (elle me reconnaît), puis , notamment, Maria, qui passe tout près de moi sans s'arrêter
je discute avec un mec (qui est venu remplacer dans notre école) en lui disant que je ne retrouve pas ma classe, il me dit qu'elle est juste après, (le couloir tourne à angle droit et on ne voit pas plus loin), je lui dis que ce n'est pas possible, que ma classe n'avait pas un accès direct aux toilettes, et lui m'assure que si si elle est là

(ce rêve a été reconstitué à l'envers : j'ai d'abord écrit le paragraphe 5, puis le 4, etc., je les ai numérotés ensuite)

17 avril 2023

porquerolles

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L'ORIGINE DU MAL
de Sébastien Marnier

Ca faisait un moment que j'avais envie de le voir... le programmateur du bôô cinéma nous l'a refusé à plusieurs reprises ("c'est moi qui décide..."), le Festival Téléramuche ne l'avait pas sélectionné, nicht les César, et donc plus que mes yeux pour pleurer. Et voilà qu'il passe sur C*nal+. (et que je peux y accéder) l'aubaine! Et donc je me le mate aussitöt...
Laure Calamy, Dominique Blanc, Dora Tillier, Suzanne Clément, Céleste Brunnquell, Véronique Ruggia Saura... non pas 5 femmes autour d'Utamaro (rien à voir) mais bien six femmes , non pas pour l'assassin, mais autour de Jacques Weber, le patriarche richissime mais qui pourrait ne plus avoir toute sa tête, et dont la fortune en fait saliver plus d'un(e). Six femmes, donc, six "personnages", (l'épouse, la fille, la petite fille, la bonne, la fille cachée, la copine de la fille cachée) dans un film que les critiques ont qualifié de "vénéneux", à juste titre, certain(s) allant jusqu'à le situer entre Chabrol et De Palma, toujours à aussi juste titre.
Un scénario retors, pour un polar pervers, dont on ne peut finalement pas dire grand-chose sans risquer de spoiler. Disons juste que la jeune femme jouée par Laure Calamy, ouvrière dans une usine de poiscail, prend son courage à deux mains pour appeler son père, qui l'a visiblement abandonnée dès sa naissance, et pour le rencontrer...
Et la caméra précise de Sébastien Marnier suit avec attention ce qui pourrait être un genre de combat de mantes religieuses dans un vivarium... En n'oubliant pas de rouler tout de même, c'est de bonne guerre, le spectateur dans la farine de ce qu'il "croit...". Il y aura ainsi, au fil du récit, quelques "surprises" scénaristiques (dont une au moins -la première- que je n'avais pas du tout vue venir) pour ce polar qui n'hésite pas à aller "jusqu'au bout", mais pas forcément -hihi- le bout que vous auriez envisagé (la dernière scène est un modèle d'efficacité).
Tout le casting est au diapason (avec des applaudissements nourris pour toutes ces dames, chacune parfaitement aux petits oignons dans sa performance, mais notre ami Weber, qu'on croirait sorti de la dernière saison de EN THERAPIE, est tout autant digne d'éloges) et, donc, un film hautement recommandable.

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14 avril 2023

cannes 2023 conférence de presse

En compétition officielle:

Club zero par Jessica Hausner

The zone of Interest par Jonathan Glazer

Fallen Leaves par Aki Kaurismaki

Les filles d’Olfa (Four daughters) par Kaouther Ben Hania

Asteroid City par Wes Anderson

Anatomie d’une chute par Justine Triet

Monster par Kore-Eda Hirokazu

Il sol dell’avvenire par Nanni Moretti

La Chimera par Alice Rohrwacher

Kuru otlar ustune (Les herbes sèches / About dry grasses) par Nuri Bilge Ceylan

L’été dernier par Catherine Breillat

La Passion de Dodin Bouffant par Tran Anh Hung

Rapito par Marco Bellocchio

May December par Todd Haynes

Firebrand par Karim Aïnouz

The old Oak par Ken Loach

Banel et Adama par Ramata-Toulaye Sy (Premier film)

Perfect Days par Wim Wenders

Jeunesse par Wang Bing

 

Dans la catégorie Un certain regard:

Film d’ouverture: Le règne animal, de Thomas Caillet avec Adèle Exarchopoulos et Paul Kircher

Los delinctuentes de Rodrigo Moreno

How to have sex de Molly Manning Walker Walker (premier film)

Goodbye Julia par Mohamed Kordofani (Premier film)

Crowrã (The Buriti Flower) par João Salaviza et Renée Nader Messora

Simple comme Sylvain par Monia Chokri

Los Colonos (Les Colones / The Settlers) par Felipe Gálvez (Premier film)

Augure (Omen) par Baloji Tshiani (Premier film)

The Breaking Ice par Anthony Chen

Rosalie par Stéphanie Di Giusto

The new boy par Warwick Thornton

If only I could hibernate par Zoljargal Purevdash (Premier film)

Hopeless par Kim Chang-hoon (Premier film)

Terrestrial Verses par Ali Asgari et Alireza Khatami

Rien à perdre, par Delphine Deloget (Premier film)

Les meutes par Kamal Lazraq (Premier film)

 

Dans la catégorie séances spéciales:

Retratos fantasmas (Portraits fantômes/Pictures of Ghosts) par Kleber Mendonça Filho

Anselm (Das rauschen der Zeit/Le bruit du temps, Anselm Kiefer) par Wim Wenders

Occupied City par Steve Mcqueen

Man in Back par Wang Bing

 

Dans la catégorie Cannes Premières :

Le temps d’aimer par Katell Quillévéré

Cerrar los ojos (Fermer les yeux) par Victor Erice

Bonnard, Pierre et Marthe, par Martin Provost

 

Dans la catégorie Séances de minuit

Omar la Fraise, par Elias Belkeddar

Kennedy par Anurag Kashyap

Acide par Just Philippot

 

Hors compétition:

Killers of the Flower Moon par Martin Scorsese

The Idol par Sam Levinson

Cobweb par Kim Jee-woon

Indiana Jones et le cadran de la destinée (Indiana Jones and the Dial of Destiny) par James Mangold

 

(en rouge, c'est moi qui souligne ce qui me fait envie)

et mon tiercé de tête ce serait
VICTOR ERICE
AKI KAURISMAKI
NURI BILGE CEYLAN

11 avril 2023

micro 203 (spécial pâques)

"De tout, il restera trois choses. La certitude que tout était en train de commencer. La certitude qu'il fallait continuer. La certitude que tout serait interrompu. Faire de l'irruption, un nouveau chemin. Faire de la chute, un pas de dance. Faire de la peur un escalier." (Pessoa)

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(Simone...)

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"– Vous allez bien ?
– Quelle drôle de question. Bien sûr que non !" (La maman et la putain)

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"Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?" (Günther Anders)

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"Bien sûr qu’il ne faut pas aimer, mais j’étais déjà au courant. Il ne faut pas, non plus, mourir du cancer, mais cela peut arriver. Je t’aime." (René Fallet)

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"Contribuer à discréditer définitivement le monde de la réalité." (Salvador Dalí)

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""J’ai fait quatre avant-premières, Clichy, Gennevilliers, Abbeville et Orléans. Cinq, cinq, sept, trois." Spectateurs ? ! Oui. "T’étais à Cannes, t’as l’impression que t’es devenu une rockstar, mais c’est faux ! Le cinéma d’auteur indépendant français c’est chaud de ouf."" (Martin Jauvat, réalisateur, à propos de son film GRAND PARIS)

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(curiosités juridiques) "Est placée en détention dans l'attente de son jugement la patiente de 72 ans qui débranche plusieurs fois le respirateur artificiel de sa voisine de chambre d'hôpital car le bruit l'agace, la victime ayant dû être réanimée." (Mannheim (Allemagne), 1er décembre 2022)
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"Penche-toi sur ton passé, répare ce que tu peux réparer, et tâche de profiter de ce qui te reste." (Philip Roth)

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"Quand tu n'es pas là, je suis absent." (Paul Valéry)
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"Oui, voilà, c'était la solution de ses problèmes. Elle mit ses chaussures et son manteau, s'assura qu'elle avait ses clefs et de l'argent. Une fois dehors, elle vérifia que la porte était bien fermée. Elle descendit l'escalier et sortit dans la nuit, se mit en quête d'un allié sur lequel elle pouvait toujours compter, quoi qu'il arrive.
Le chocolat." (Ian Rankin, La Colline des Chagrins)
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regardé des couvreurs travailler sous la pluie
ou
entrevu des couvreurs travailler sous la pluie
ou
observé des couvreurs travaillant sous la pluie

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je fais en ce moment des rêves de mauvaise qualité, dont la matière, trop fragile, se déchire immanquablement lorsque'au réveil, je tente de la tire (la dérouler) pour la retranscrire

*

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 *

"Nous sommes la preuve du contraire
les coups de pied dans la portière (...)
Nous sommes des cartes bleurs bloquées
nous sommes des rendez-vous ratés"
(Martin Luminet)

*

Nous, nous sommes la preuve du contraire
Les coups de pieds dans la portière
https://lyricstranslate.com/fr/martin-luminet-monde-lyrics.html
Nous, nous sommes la preuve du contraire
Les coups de pieds dans la portière
https://lyricstranslate.com/fr/martin-luminet-monde-lyrics.html
Nous, nous sommes la preuve du contraire
Les coups de pieds dans la portière
https://lyricstranslate.com/fr/martin-luminet-monde-lyrics.html
8 avril 2023

les mains dans l'eau la nuit

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AMORE MIO
de Guillaume Gouix

C'est vrai, j'ai un peu insisté pour l'avoir, pour qu'on le programme. Avec en même temps un léger frisson : quand on projette le premier film réalisé par un/une acteur/actrice qu'on aime beaucoup, on risque la désillusion, la douche froide, le tombage de haut (je me rappelle avec tristesse le ratage catastrophique du pourtant très attendu MERVEILLES A MONTFERMEIL de la très aimée Jeanne B.)
Bon, mais là, il s'agissait de mon Guigui d'amour, Guillaume Gouix  (comme acteur, je l'ai à chaque fois beaucoup aimé, pour ne pas dire adoré : GASPARD VA AU MARIAGE, LES CONFINS DU MONDE, ATTILA MARCEL, ALYAH, MOBILE HOME...) donc j'étais plein d'espoir, d'autant plus que les critiques lues caressaient plutôt dans le sens du poil...
Un film "de filles", de soeurs plutôt, Alysson Paradis et Elodie Bouchez. Pourquoi donc Alysson ? je n'ai pas eu à googler très loin pour avoir la confirmation de ce que mon petit doigt m'avait soufflé : parce que c'est sa copine, voilà! Et la paire qu'elle consitue avec Elodie Bouchez (qu'on vient juste de voir en tandem avec Adèle Exarchopoulos, dans le très beau JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES) fonctionne du feu de dieu. Deux soeurs qui se retrouvent à l'occasion d'un enterrement (auquel elles n'assisteront d'ailleurs pas) et qui vont partir en vadrouille, dans la voiture de l'une des deux, avec le fiston de l'autre (la blonde avec les racines, jouée par Alyssa P.) après que son jules soit parti ( "avec la participation de" Félix Marithaud, qqu'on verra juste deux fois). Avec une vague destination : "vers le sud"... Se barrer pour (peut-être) se retrouver.
Le film est tout de suite fascinant (j'ai pensé à Cassavetes, que je ne connais pas très bien, mais au Cassavetes dont se réclamait Jean-françois Stévenin) : parce que filmé dans  ce format presque carré comme pas mal de films qu'on aime (1.33 précise Guigui en interview),  parce que filmé très près, voire très très près, avec une caméra très mobile, pour essayer de coller à ce qui se passe, parce que dialogué de façon assez brute ("nature"), parce que filmé aussi à toute vitesse, jusqu'au bout, sans prendre de gants ni souvent le temps de respirer... C'est une virée, et le réalisateur nous entraîne avec lui, à sa suite (on serait les casseroles attachées à une voiture de mariés, ça roule vite, ça saute, ça s'entrechoque, mais on reste toujours accrochés, même si des fois déstabilisés. Caméra embarquée, voilà, c'est ça.
Un film aussi loin des films de deuil habituels que des road-movies tout aussi habituels. Guillaume Gouix prend le contrepied, sale gosse, fait à sa façon et on aime ça. Le film zizague, déjante, éclabousse, freine parfois brutalement. Mais jamais ne nous perd. Et finit par abandonner ses personnages presque "en lieu sûr". Au soleil. Une magnifique scène de pâtes à l'encre de seiche, avant que de les (nous) laisser sur la plage.
Une très belle réussite. (pourtant, avec mon oreille gauche défaillante, il y a plusieurs scènes où je n'ai pas tout à fait saisi les paroles -ç'aurait été du moldave que je n'aurais pas compris mieux...- sans que ça nuise pourtant à l'immense plaisir que j'ai pris au film.)
Une très belle claque.

 

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