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lieux communs (et autres fadaises)

25 mars 2023

chaussures neuves

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POET
de Darezhan Ormibayev

Deuxième film du Festival Diversité, en tandem cette semaine avec DAYS (3 séances chacun). Ca fait plaisir d'avoir des nouvelles de ce réalisateur kazakh qu'on suit depuis son tout premier film (KAÏRAT, 1992), mais qui n'en avait plus donné depuis L'ETUDIANT (2014, presque dix ans, donc). Le cinéma kazakh est cher à mon coeur, nous envoyant régulièrement des perles comme, récemment, LA TENDRE INDIFFERENCE DU MONDE ou A DARK DARK MAN.
Le film évoque deux vies (deux époques aussi). D'abord Didar, le héros "contemporain", un poète (qui écrit et a publié plusieurs recueils) et  Makhambet Utemisov, un autre poète, assassiné en 1846 (mais qu'on suivra davantage à titre posthume).
Ils sont rares, les films à parler de poésie (ou de poète) de façon réaliste (je pense bien sûr au splendide PATTERSON de Jim Jarmusch, et allocinoche parcouru me donne soudain très envie de voir UN JEUNE POETE, de Damien Manivel), sans pathos ni misérabilisme ni lyrisme exacerbé (le poète maudit, les ailes de géant, tout ça...)
Didar est de ceux-là. Il écrit, et il partage ses mots avec ceux qui le veulent (et, ne nous leurrons pas, ils sont peu...) Didar écrit par besoin, dans sa vie "habituelle", il galère un peu, petit employé, il a des chaussures en mauvais état, et voilà qu'on lui permet d'en racheter de nouvelles (et même, tiens, une voiture -il se déplace à pied-, séquence assez drôle où il va essayer une Cadillac, et où le vendeur lui dit "Vous reviendrez quand vous aurez de l'argent..."), en rédigeant la biographie d'un "homme de pouvoir" local (c'est un point commun des films kazakhs, le constat sur la corruption endémique des potentats locaux, qui ne pensent qu'à une chose : le fric). En même temps que les scrupules de Didar, on suit l'odyssée de la sépulture du poète assassiné (et les tribulations de la caisse contenant ses ossements). 
Comme dans la plupart des films kazakhs (je vais parler comme au ficâââ) si les petits chefs sont pourris, les paysages sont mêêêrveilleux, sans pourtant que ceci ne compense forcément cela...) d'ailleurs mon petit doigt me dit (et j'ai des raisons de le penser) qu'il risque fort d'y figurer, l'année prochaine, au programme du prochain...
Encore un film qui m'a énormément plu (et faisait donc bien la paire avec DAYS), avec dedans un petit plus qui me touche tout particulièrement : les rêves que fait Didar, et que le réalisateur nous livre.

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24 mars 2023

vive l'amour

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DAYS
de Tsai Ming-Liang

Oh oh. J'en suis sorti tout tourneboulé (c'est ce que j'ai dit à Hervé au téléphone en sortant). Son précédent LES CHIENS ERRANTS m'avait laissé sur une note de désespoir profond et persistant -et excessif- (je garde cet ultime plan-séquence sur un homme, de dos, sous la pluie, en train de regarder on ne sait pas quoi, pendant de trèèèès longues minutes) disons que le film ne m'avait pas totalement convaincu (et m'avait même presque amené à me questionner sur le cinéma de TM-L : ne serait-il pas parvenu à un point de non-retour, too much ?)
J'ai vu passer (sur MUBI ? sur ARTE ? un court-métrage intitulé THE NIGHT, que je n'ai pas, dans un premier temps, regardé jusqu'au bout, tant il m'avait semblé... vide. Je viens de vérifier, c'est sur MUBI, ça dure 20 minutes et je l'ai regardé jusqu'au bout avec, cette fois, intérêt et, oui, fascination, tant ce court-métrage complète parfaitement le long.)
J'ai exagéré, j'ai dit à mes copines ce midi qu'il y avait en tout 5 plans-séquences, mais il y en a en réalité 46! Pour la plus grande partie des plans fixes, parfois sans personne, parfois avec un personnage, immobile, avec ou sans son, ou en train de faire quelque chose, parfois deux, avec ou sans son aussi. Il n'y a d'ailleurs que deux noms d'acteurs au générique de fin, les autres sont juste des passants.
Deux personnages, donc, deux hommes : un vieux qui a mal au cou (Lee Kang-Sheng, l'acteur fétiche du réalisateur, qui le filme depuis... son premier film, LES REBELLES DU DIEU NÉON (1992)), et un jeune qui va lui faire du bien (Anong Houngheuangsy, jeune homme dont c'est la première apparition au cinéma). Deux hommes dans la ville, et filmés en tant que tels : chacun dans son plan-séquence, d'abord. Isolément. Puis ensemble, dans deux plans-séquences (un en intérieur/nuit, l'autre en extérieur/nuit) avant que -chacun pour soi est reparti dans l'tourbillon d'la vie- de regagner chacun leurs plans-séquences respectifs (quelques billets et une boîte à musique auront changé de main).
Il n'y a plus, me semble-t-il, cette insistance sur le désespoir absolu qui plombait LES CHIENS ERRANTS (ou bien alors me suis-je habitué ?). Le réalisateur semblerait vouloir faire davantage preuve de neutralité. La caméra est posée, le cadrage est choisi, et ça tourne. un certain temps. d'aucuns diront trop. C'est parfaitement fascinant, hypnotique comme chez le cousin Apichatpong. Il s'agit d'un genre de cinéma de l'extrême, de l'extrémité. Du bout du bout.
Le générique de début (calligraphié sur fond blanc, en symétrie de celui de THE NIGHT, qui l'est sur fond noir) précise que le film a été intentionally unsubtitled (intentionnellement non sous-titré). Le spectateur n'en sera pas gêné tant les dialogues en sont parcimonieux.
TM-L a d'ailleurs inséré dans le film une séquence strictement "documentaire" où l'on suit Lee Kang-Sheng qui marche au milieu de la foule, une minerve au cou, et la main appuyée sur la joue, suivant elle-même une autre séquence où le même est soigné (son dos et son cou) avec un système de plaques chauffées et d'aiguilles...)
Chacun des plans-séquences, oui, prend son temps c'est vrai (les gens pressés fuiront), et chacun génère (recèle) sa propre beauté (et sa fascination propre). Certains m'ont fasciné, d'autres ému, d'autres agacé, d'autres encore laissé indifférent. Il s'agit d'expérimentation.
La scène entre les deux hommes est parfaitement magnifique les scènes, (d'abord le massage, puis la douche, puis la chambre), puisqu'elle contiennent des changements d'axe, et donc de plan, en même temps très sensuelle et très pudique. même si -excessivement ?- longue, et celle qui suit (dite "de la boîte à musique") me touche et m'émeut tout autant (peut-être même encore plus ?).
Où serait justifiée l'expression "Le tout est supérieur à la somme des parties".
Bref (!), presque à ma grande surprise, j'ai vraiment adoré ça...
Pour information, le film est visible encore quelques temps sur arte tv (), ainsi que, , RIZI, une brève rencontre avec le réalisateur à propos du film.
Top 10

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20 mars 2023

micro 202 (spécial printemps)

(toutes les citations viennent du compte de Marie-Laure Dagoit, weekend poetry (@poetry_weekend, sur tw*tter), qu'elle en soit vivement remerciée!)

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"Ceux qui brûlent les livres finissent tôt ou tard par brûler les hommes." (Primo Levi)

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"Je ne sais lequel est le plus poète, de celui qui écrit ou de celui qui lit" (Jean Cocteau)

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"Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant." (Bernard de Fontenelle)

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"Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu'au printemps passé. La réalité n'a pas besoin de moi. J'éprouve une joie énorme à la pensée que ma mort n'a aucune importance." (Fernando Pessoa)

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"Qu’était-ce – cette façon de brûler, de s’étonner, de ne jamais pouvoir faire autrement, de sentir la douce, la profonde, la rayonnante montée des larmes ? Qu’était-ce ?" (Rainer Maria Rilke)

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"Nous étions l'illusion qu'on nomme souvenir." (Yves Bonnefoy, Une pierre)

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"Il m'est encore plus difficile de régler mon humeur que mes comptes." (Jules Renard, Journal)

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"Les coups de fouet guérissent vite. La mauvaise conduite, elle, s'enracine." (The River)

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"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon." (Gustave Flaubert, Madame Bovary)

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"Ce n'est pas dans la nouveauté, c'est dans l'habitude que nous trouvons les plus grands plaisirs." (Raymond Radiguet, Le Diable au corps)

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"- VLADIMIR: “Nous sommes heureux.”
- ESTRAGON: “Nous sommes heureux. (Silence). Que faisons-nous maintenant, maintenant que nous sommes heureux?”" (Samuel Beckett)

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"La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste." (Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer)

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Tenue de soirée, de Bertrand Blier

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"Et puis, il est doux de se croire malheureux, lorsqu'on n'est que vide et ennuyé." (Alfred de Musset)

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(ficâââ^)

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"Le désespoir est mon état normal. Il faut une violente distraction pour m'en sortir. Et puis, je ne suis pas naturellement gai. Bas-bouffon et obscène tant que tu voudras, mais lugubre nonobstant. Bref la vie m'emmerde cordialement, voilà ma profession de foi." (Gustave  Flaubert)

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(projet de locomotive atomique, 1955)

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"Ça m'est égal, de manquer ma vie. Je ne vise pas. Je tire en l'air, du côté des nuages." (Jules Renard, Journal)

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"Mon cœur bat doucement comme un souvenir." (Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable)

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"Qu'est-ce que l'enfer ? Je raisonne ainsi : c'est la souffrance de ne plus pouvoir aimer." (Fédor Dostoïevski, Les Frères Karamazov)

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"J'aime mieux les êtres qui saignent. J'aime les forts, bien sûr, mais pas tout à fait les forts. J'aime les forts au regard tremblant - tremblant d'amour." (Jean-René Huguenin, Journal)

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"Le juste milieu. Quelque part entre s’en foutre et en crever. Entre s’enfermer à double tour et laisser le monde entier entrer. Ne pas se durcir, mais ne pas se laisser détruire non plus. Très difficile." (Romain Gary)

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18 mars 2023

un texte de nicolas mathieu

(envoyé par Thierry G. via Wh*tsapp)

UN TEXTE QUE J'AI ECRIT POUR Mediapart.
(intégralité du contenu pour les non abonnés)

https://vu.fr/hCoT

"Aujourd’hui, à l’issue de cet épisode lamentable de la réforme des retraites, que reste-t-il d’Emmanuel Macron, de ce pouvoir si singulier, sorti de nulle part, fabriqué à la hâte, « task force » en mission libérale qui a su jouer du rejet de l’extrême droite et de la déconfiture des forces anciennes pour « implémenter » son « projet » dans un pays où si peu de citoyens en veulent ? Que reste-t-il de ce pouvoir, de son droit à exercer sa force, à faire valoir ses décisions, que reste-t-il de sa légitimité ?  

Bien sûr, au printemps dernier, des élections ont eu lieu, des scrutins ont porté un président à l’Élysée, des députés à l’Assemblée, une première ministre a été nommée, un gouvernement mis en place. Tout cela a été accompli dans le respect de la loi. Les institutions ont fait leur lourd travail de tri, d’établissement, et assis sur leurs trônes ces maîtres d’une saison.

Bien sûr la République est toujours là, avec ses ors, son ordre vertical, sa police, son droit, ce roi bizarre à son sommet, une Constitution qui exécute ses caprices, des fondations qui plongent dans deux siècles et demi de désordres et de guerres civiles. La machine tourne, légale, indiscutable aux yeux des juristes, chaque rouage à sa place, placide sous le drapeau.

Mais la légitimité, elle, n’est pas d’un bloc.

Elle se mesure, se compare, se soupèse. Que dire d’un président élu deux fois mais sans peuple véritable pour soutenir sa politique de managers, de faiseurs de fric et de retraités distraits, son régime de cadres sup et de consultants surpayés, un président élu deux fois avec les voix de ses adversaires, qui l’ont moins soutenu qu’utilisé pour faire obstacle au pire, un président qui n’a même pas eu droit à un quart d’heure d’état de grâce en 2022 ?

Que dire d’une Assemblée sans majorité, arrivée un mois plus tard et qui dit à elle seule, par ses bigarrures, toute la défiance d’un pays, le refus large, immédiat, d’un programme, et des lemmings présidentiels qui s’étaient largement illustrés pendant cinq ans par leur suivisme zombique et un amateurisme qui aura été la seule vraie disruption de leur mandat ?

Que dire d’un gouvernement qui porte des réformes auxquelles il croit à peine, qu’il fait passer au forceps du 49-3, qui cafouille et s’embourbe, infoutu de discipliner ses troupes, incapable d’agréger les alliés qui lui manquent ?

Que dire de ce pouvoir assis sur une noisette d’assentiment et qui gouverne comme après un plébiscite, méprise les corps intermédiaires, la rue, les salariés, l’hôpital, l’école, reçoit en pleine crise sociale Jeff Bezos pour le médailler alors qu’il n’aura pas daigné entendre ceux qui l’ont porté là ?

Ce pouvoir, qui ne peut considérer le bien commun qu’au prisme de la performance collective, qui a substitué les nombres aux vies, qui confond dans sa langue de comité exécutif le haut, le bas, la droite, la gauche, le prochain, le lointain, qui ment sans honte et croit tout surmonter en « assumant », ce pouvoir est légitime comme la terre est plate, c’est-à-dire relativement à la place d’où on le regarde. Il est légitime comme je suis zapatiste, c’est-à-dire fort peu. Il est légitime comme Nixon après le Watergate, c’est-à-dire de moins en moins. Il est légitime mécaniquement, en vertu des textes et de la solidité de nos institutions, mais il a perdu ce qui donne vie à la vraie légitimité politique en démocratie : un certain degré d’adhésion populaire.

Et ce dernier passage en force, ce 49-3 qui était prétendument exclu, s’il ne l’empêche pas de demeurer en place et de mener ses politiques, achève de le discréditer tout à fait.

De ce pouvoir, nous n'attendons désormais plus rien. Ni grandeur, ni considération, et surtout pas qu’il nous autorise à espérer un avenir admissible. Nous le laissons à ses chiffres, sa maladresse et son autosatisfaction. Plus un décret, une loi, une promesse ne nous parviendra sans susciter un haussement d’épaules. Ses grandes phrases, ses coups de menton, nous n’y prendrons plus garde. Ce pouvoir, nous le laissons à ses amis qu’il sert si bien. Nous lui abandonnons ses leviers, qu’il s’amuse. Son prestige n’est plus et nous avons toute l’histoire pour lui faire honte.

Pourtant, malgré la consternation que nous inspire la situation actuelle, on rêve d’attraper par le bras un député ou une sénatrice, un directeur de cabinet ou une ministre, pour lui demander, dans un couloir, dans un murmure, un regard :

« Vous rendez-vous compte ? Êtes-vous seulement conscients de ce que vous avez fait ?

Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ?

Avez vous pensé à ces corps pliés, tordus, suremployés, qui trimeront par votre faute jusqu’à la maladie, jusqu’à crever peut-être ? Avez-vous pensé au boulevard que vous avez ouvert devant ceux qui prospèrent sur le dépit, la colère, le ressentiment ? Avez-vous songé à 2027 et aux fins de mois dans les petites villes, les quartiers, aux électeurs hors d’eux et aux amertumes meurtrières, au plein d’essence et à la difficulté d’offrir des vacances à ses gosses, à ces gens si mal soignés, à ces enfants qui ne seront ni médecins ni avocats parce qu’en première ils n’ont pas pris la bonne option ?

Ces femmes dans les hôtels qui récurent les chiottes et font les lits, ces ouvriers en trois-huit, ces conducteurs en horaires décalés, les routiers, les infirmières, les assistantes maternelles, celles et ceux qui font classe à des enfants de 3, 4 ou 5 ans, les petites mains dans les papeteries, les employées dans leurs open spaces, stressées jusqu’à la moelle, déclassées par chaque nouvelle génération qui sait mieux le numérique et la vitesse, les hommes qui mourront tôt et leurs veuves, ces copains aux yeux lourds qui trinquent au bistrot après douze heures de taf, en bleu de travail, de la peinture ou du cambouis sur les pognes, et les femmes qui prennent le plus cher, une fois encore, parce que mères, parce que femmes, ces milliers de gens qui font des cartons dans les entrepôts Amazon, y avez-vous pensé ?

Avez-vous vu que, comme vous, ils n’ont qu’une vie, et que leurs heures ne sont pas seulement les données ajustables d’un calcul qui satisfait votre goût des équilibres et les exigences arithmétiques des marchés ? Savez-vous qu’ils vont mourir un peu plus et de votre main et qu’ailleurs, l’argent coule à ne plus savoir qu’en faire ? Avez-vous pensé à ce monde sur lequel vous régnez et qui n’en pouvait déjà plus d’être continuellement rationné, réduit dans ses joies, contenu dans ses possibilités, contraint dans son temps, privé de sa force et brimé dans ses espérances ?

Non, vous n’y avez pas pensé. Eh bien ce monde-là est une nappe d’essence et vous n’êtes que des enfants avec une boîte d’allumettes. "

Nicolas Mathieu

18 mars 2023

(fin de rêve)

en passant  en voiture dans une rue pas très large et surtout mal éclairée, e suis passé trop près d'une voiturette garée sur la gauche et j'ai cassé son rétro
je m'arrête et je sors (au lieu de m'enfuir lâchement) pour voir si je peux discuter avec son propriétaire et voir comment on s'arrange
justement, j'étais devant la cour d'une maison et une personne (ou plusieurs) en sort(ent), j'essaie d'expliquer la situation
il y a beaucoup de monde dans cette maison, toute une famille, je discute surtout avec le père, il est question de remplir un constat, il me fait comprendre que la voiturette en question est celle de sa fille, assise à côté (qui a un peu une tête de trisomique)
l'ambiance est plutôt détendue, pas du tout hostile (je me dis juste que je vais sûrement perdre mon bonus) mais il y a vraiment beaucoup de monde dans les deux pièces de cette maison
la situation est assez embrouillée, les choses n'avancent pas vite
à un moment je suis dans la pièce à côté, où sont attablées des adolescentes assez bruyantes, l'une d'entre elles tient un bloc de feuillets publicitaires sous plastique (format à l'italienne), à mon nom, (qui devait être dans mon sac précédemment), et en riant beaucoup, me demande si elle peut en récupérer un (je ne comprends pas ce qui la fait tant rire), je déchire le plastique transparent, ça n'est pas très facile d'en extraire un feuillet (je suis un peu embêté parce que je me dis qu'elle va connaître mes coordonnées), elle finit par me prendre le bloc des mains pour en tirer elle-même une feuille
de retour dans l'autre pièce avec le père de famille qui est, bizarrement accroupi (ou vu en plongée), en train de se rhabiller, tout en me faisant remarquer que je ne me suis même pas excusé, pour la voiturette

quelque chose m'avait fait comprendre que j'étais en train de rêver, et donc que cette histoire de voiturette et d'accident c'est du pipeau, je suis soulagé

mais je reçois un sms (à la fois écrit et vocal) sur mon appareil-photo, c'est le garage qui m'informe que, contrairement à ce qu'ils m'avaient annoncé, ma voiture ne sera pas prête à dix heures

donc je ne suis pas en train de rêver, et ça m'énerve, d'autant plus que, alors que je suis en train de marcher, mon appareil-photo/téléphone à la main, dans une toute petite ruelle assez sombre, j'entends un bruit de petits trucs qui tombent (notamment des roulements à billes) de mon appareil, parce que j'ai dû oublier de le refermer, je me penche et j'essaie de ramasser toutes les petits pièces métalliques (vraiment minuscules) qui en sont tombées (en me disant que je ne pourrai jamais remonter ça comme il faut, et que je ferais peut-être mieux d'en racheter un nouveau), mais je ramasse tout ce que je peux (notamment une minuscule bille de roulement)

de nouveau dans une grande pièce, très lumineuse, très haute de plafond, avec beaucoup de gens à l'intérieur, avec beaucoup de tables, je suis assis à une table et je discute avec des mecs (le petit barbu au bout de la table, juste à côté de moi, parle de cuisine (ou de pâtisserie) avec un autre et j'interviens dans la conversation en le chambrant gentiment, en disant qu'il est retombé dans les vieux clichés (stéréotypes) : les femmes à la cuisine et les mecs qui font des trucs de mec

j'ai tendu la main sous la table, et j'ai touché le paquet du mec assis à côté de moi, je sens la bosse chaude sous ma main, il a l'air un peu étonné, se laisse faire, mais me dit qu'on ne peut pas faire ça là, m'indiquant avec ses yeux qu'il vaut mieux aller "là-haut"

je suis dans la rue (ça ressemble à l'angle du Bvd St michel, avec l'auvent rouge), il y a une femme brune devant, sur le trottoir, qui fume, et me dit que mes résultats sont arrivés, je demande si je peux aller les chercher tout de suite, mais elle me fait comprendre qu'il vaut mieux passer plus tard, ce que je lui propose

j'ai laissé tomber mon appareil-photo, je le ramasse, et je remarque qu'il a changé de forme (il est plus plat et plus allongé)

13 mars 2023

deux films avec zaza

(les hasards de la programmation font que sortent cette semaine deux films avec Isabelle Huppert, dans des rôles très différents (d'un côté à l'autre de l'arc-en-ciel de l'interprétariat) : rousse frisée dans l'un et blonde diaphane à mèches dans l'autre.)

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MON CRIME
de François Ozon

Ficââââ remballé, hop! Retour à la vie normale (et le plaisir de retrouver des salles vides ou presque). Celui-là je l'avais raté en avant-première du Festival Téléramuche (j'avais théâtre) et donc allons-y et ce dès la première séance.
Ozon tourne pas mal, et ça ne matche pas forcément à tous les coups (mais je viens de regarder sa filmo et je dois reconnaître que si, souvent quand même dans l'ensemble). Après un Peter Von Kant fassbinderien, nous voici dans un Paris des années 30 et une vieille pièce de théâtre (le réalisateur nous indique ses sources -et ses intentions- dès le début avec un rideau rouge très Au théâtre ce soir...) pour une comédie en costumes et à froufrous : deux demoiselles (Rebecca Marder et Nadia Trezkiewicz, qui étaient toutes deux en lice pour le Cesar du meilleur espoir féminin) partagent un -pauvre- appartement, l'une aspirante actrice, l'autre avocate débutante, et c'est à l'occasion du procès de la première (qui s'est accusée d'un crime qu'elle n'a pas tout à fait commis), défendue par la seconde, que leur vie à toutes deux va changer.
C'est assez plaisant, ça virevolte, les bons mots fusent, d'autant plus qu'on reconnaît, en face d'elles, un certain nombre de seconds rôles "à couilles" (Fabrice Luchini, Olivier Broche, Daniel Prévost, Michel Fau, Jean-Christophe Bouvet, André Dussolier, sans oublier un très plaisant Dany Boon -avec l'accent marseillais-), jusqu'à ce que se manifeste, enfin, la grande Zaza (si vous êtes très attentif, vous pouvez la voir, très fugacement, au début du film, quand Madeleine sort de la maison du méchant producteur libidineux) qui vient réclamer son dû, et ses 300 000 francs (allez voir le film et vous saurez pourquoi...)
Ozon s'amuse, ses comédiennes aussi (ses comédiens idem, d'ailleurs) et le spectateur se laisse mener par le bout du nez (ou tirer par le bout de l'oreille, ce qui revient au même) Du théâtre revendiqué donc, et ce, jusqu'au bout, avec en plus à l'intérieur, bonne pioche,  une deuxième couche de cinéma (le réalisateur d'est amusé à insérer de délicieux films en noir et blanc pour illustrer les propos de ses personnages...
Huppert joue une vieille gloire du muet (on est dans les années trente) qui cherche à remonter sur scène (Sunset Bvd n'est pas loin, mais en plus joyeux...), et, théâtre oblige, tout est bien qui finira bien (pas forcément pour tout le monde) et la série finale de unes des journaux est parfaitement irrésistible...

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LA SYNDICALISTE
de Jean-Paul Salomé

Le lendemain, à 13h30, j'ai retrouvé Emma pour le second film. Alors là ça rigole beaucoup moins. Avec pourtant un point commun, pour deux films pourtant extrêmement différents : à nouveau un crime qui "pose problème", et duquel va découler un procès où une femme sera jugée... (je n'en dirai pas plus)
Madame Huppert est Maureen Kearney, la syndicaliste du titre, qui s'occupe des intérêts des travailleurs, et notamment ceux d'AREVA, dirigée à ce moment-là (on est sous le quinquennat de Sarko) par Anne Lauvergeon (les gens portent leurs vrais noms, même s'ils sont incarnés par des acteurs) interprétée par une impressionnante Marina Foïs. Côté distribution, on a ici aussi du beau linge : le toujours juste Grégory Gadebois incarne (confortablement) le mari de Zaza (Gadebois / Huppert c'est vraiment une belle idée de couple!), Yvan Attal le méchant  (et colérique) successeur de Mariana Foïs à la direction d'Areva, Pierre Deladonchamps le flic chargé de l'enquête, François-Xavier Demaison le pote syndicaliste... bref plein de jolis fils dorés dans la chatoyante étoffe de cette narration, un peu vampirisée, il faut le reconnaître (mais impérialement) par Isabelle H. (On repense un peu à son rôle de "vraie personne" (juge)  -et ses gants rouges- dans L'IVRESSE DU POUVOIR de Claude Chabrol). Elle est magnifique, difficile de le dire autrement : cheveux blonds, chignon hitchcockien, rouge à lèvres, boucles d'oreilles, lunettes, elle nous fait le show, le grand show, et on ne peut pas s'empêcher d'être bluffé. Cette façon grandiose de nous la jouer toute simple. Je dois avouer que, au début du quinquennat Hollande, j'avais eu vaguement vent de cette affaire (je connaissais les noms d'Areva, de Lauvergeon, d'EDF, de Montebourg) mais vraiment vaguement. 
Jean-Paul Salomé (dont le dernier film, LA DARONNE, était déjà construit autour de la même actrice, même si pas tout à fait sur le même ton) nous en fait un thriller, deux heures sous tension, avec une construction qu'on ne peut que qualifier d'habile. Là aussi, on passe un bon moment de spectateur (moi, pas de problème : il faut être tendu, je suis tendu à donf), avec, à la sortie, encore des questions plein la tête...
Efficace et réussi, donc.

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12 mars 2023

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THE RIVER
d'Emir Baigazin

Via MUBI, je découvre un nouveau film de l'auteur (kazakh) du malaisant DES LECONS D'HARMONIE (2013). Un film minimaliste, par son décor et sa thématique : une famille, père, mère (qu'on voit assez peu) et cinq garçons, dans l'ordre décroissant (dont une paire de jumeaux) dont le père a confié l'éducation à l'aîné de la fratrie. Ca rigole pas (et il y a même parfois des coups de fouets, mais hors-champ. ) Frangins qui travaillent (chacun semble avoir sa tache assignée), mais qui jouent aussi (chaque chose en son temps), comme des garçons, selon les principes d'une éducation (paternelle) assez stricte. Ils sont tous habillés pareil, couleur sable, et l'univers autour d'eux est de la même couleur, minéral et très sec. Et au milieu coule une rivière... La rivière semble un endroit très attirant, d'autant plus qu'a priori interdit (mais on n'en est pas sûr).
C'est très pictural, minutieusement cadré,  théâtral aussi (souvent ils se parlent, immobiles, sans se regarder), plutôt hiératique.
C'est un jeune cousin qui va venir semer un peu la zizanie au milieu de cette fratrie, bouleverser cette routine quodienne bien établie, en apportant avec lui, lors d'une visite, une tablette...
Au début du visionnement, j'ai noté "un film qui n'a d'autre horizon que sa propre étrangeté".
C'est fascinant, et en même temps un peu décevant, dans cette manière de tenir le spectateur à distance. L'intrigue est mince, mais elle fonctionne.
Magnifiquement distant.

 

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10 mars 2023

pigeon vole

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SHOWING UP
de Kelly Reichardt

Quel bonheur mais quel bonheur de voir, comme ça, en avant-première (le film sortira début mai) le nouveau film de Kelly Reichardt!  (merci le GNCR, et merci Memento). Après le western (le sublime FIRST COW) Kelly Reichardt (toujours assistée de Jon Raymond) au scénario) aborde l'art et ses environs. On suit Lizzie, une céramiste (Michelle Williams, qui réussit la prouesse de ne pas se ressembler, surtout après THE FABELMANS), qui prépare une expo prochaine de ses oeuvres, de touchantes sculptures féminines. Elle bosse aussi dans un genre d'école d'art qu'on surprend dans son fonctionnement quotidien. Et Lizzie donc, est montrée dans son environnement proche et les soucis qu'il suscite, de tailles et de formes diverses (un chat roux, une logeuse qui met de la mauvaise volonté à réparer la chaudière, un pigeon à l'aile cassé, un frère "instable") qu'elle est amenée à gérer (de façon plus ou moins éfficace).
Le film est à l'image des créations de Lizzie, fragile, délicat, exquis. Avec, en plus, (mais c'est très personnel) l'immense plaisir de revoir John Magaro (l'inoubliable et doux Cookie Figowitz de FIRST COW) dans le rôle de Sean, le frère de Lizzie (qui lui, a quasiment gardé la même apparence que dans son film précédent, la barbe, en tout cas, qui lui va si bien...)
En plein Ficâââ, ça fait du bien, un soir, comme ça de changer d'air. Mon Dieu que cette femme est touchante. Et que son portrait est réussi.

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Capture d’écran (50)

Capture d’écran (49)

Capture d’écran (48)

Capture d’écran (47)

9 mars 2023

j'ai crevé l'oreiller

034 bis (j'ai la flemme de tout renuméroter)
L'AMITIÉ
d'Alain Cavalier
sortie prévue : 26 avril 2023

(entregent : les prévisionnements GNCR)
Oh, un nouveau film d'Alain Cavalier! Avec sa petite caméra, il continue de filmer ce qui lui plaît. Ici, il s'agit de trois portraits d'amis (un peu dans la continuité de ses PORTAITS XXL de récente mémoire). C'est plaisant, c'est attachant, c'est touchant. Un cinéma de détails, de gros plans (et je cite une fois de plus mon Jankelevitchounet chéri) de "je ne sais quoi et de presque rien(s)", trois portraits, trois rencontres, trois hommes. Trois fois quarante minutes qui font un film de deux heures et quelques. Trois univers présentés dans la continuité (ce qui a son importance), sans césures, comme trois paragraphes consécutifs d'un même récit.
Comme d'habitude, Cavalier s'amuse, via le viseur de sa caméra. Il se fait plaisir, échange avec ses amis, et nous fait, du coup, plaisir aussi. On a toujours été touché, à chaque fois, de recevoir un nouveau chapitre de ce journal filmé commencé il y a belle lurette. Cavalier est une belle personne, il n'y a pas à dire... Et ses amis sont nos amis, cela va sans dire aussi. Boris Bergman (parolier de Bashung (on apprend que Cavalier avait envisagé un film sur le "duo" Bergman/Bashung) et sa compagne Massako, Maurice Bernard, producteur de THERESE, et sa compagne Florence Delay, et Thierry Labelle, acteur dans le très beau (et rare) LIBERA ME (1993) , coursier, et son épouse Malika. Chacun saisi dans son espace personnel, son quotidien, ses petites histoires. (Il y a aussi, outre le plaisir de dialoguer, comme très souvent dans les portraits de Cavalier, celui de manger. Plaisir(s) de bouche.
Un cinéma du peu, de l'entre soi, des choses simples (y compris, et surtout, des plaisirs), qui se regarde à l'identique : simplement. Pudique et touchant. Le premier soir, je n'avais regardé que le premier tiers, celui consacré à Boris Bergman, et j'en avais été moyennement convaincu. Appréhendant peut-être de m'ennuyer dans les deux suivants. Boris Bergman parle et rit fort, le suivant, Maurice Bernard, est beaucoup moins rock'n'roll, et sans doute plus attachant. Plus en finesse peut-être. Et le troisième, Thierry Labelle (dont le portrait est, semble-t-il, un peu plus court que les deux autres) termine le film en simplicité et en beauté. Les trois hommes sont très différents, leur seul point commun est l'amitié qui les lie au réalisateur. Une amitié d'hommes, un peu secrète, un peu pudique. Oui, touchante.

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Capture d’écran (41)

thierry

Capture d’écran (39)

maurice

Capture d’écran (42)

boris

8 mars 2023

double séance amère

(beaucoup trop tard pour chroniquer ces deux films vus il ya une quinzaine de jours et que j'ai pourtant bien aimés, donc je les mentionne...)

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